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 La naissance du destructeur

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La naissance du destructeur Profil10

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MessageSujet: La naissance du destructeur   La naissance du destructeur Icon_minitime11/2/2019, 23:25

La naissance du destructeur ACT I.

Une forêt sombre, sous le ciel d’une nuit sans lune, dans un passé lointain.




La naissance du destructeur Aza10


Au sein de la pénombre brillait une lumière vacillante : un simple feu de camps repoussait bien difficilement la noirceur environnante. Les arbres, d’une taille majestueuse, projetaient des ombres sur le maigre bivouac qui s’était installé là : une jeune femme, assise au bord du feu, les jambes repliées contre le torse, fixait d’un oeil morne les mouvements oscillants des flammes…

Sa tenue, qui avait dû être belle un jour, n’était aujourd’hui guère plus que des haillons. Son visage était crotté de terre et trahissait une fatigue évidente… D’ailleurs, si l’on s'attardait sur son physique, il y avait bien des choses en plus de sa lassitude apparente qui sautaient aux yeux. Le teint de sa peau tout d’abord, parsemé de reflets dorés, aurait pu la rattacher aux Héliotes vénérant Jojoka, le Dieu de la lumière et du soleil, mais ses lèvres noires révélaient un métissage avec le peuple Khorleau vénérant Morro, le Dieu de la mort. Une sang-perdu donc, qui possédait un dernier attribut des plus surprenants : si son oeil droit était d’une couleur brune des plus communes, la gauche était, lui, aussi pourpre que le sang que ses veines charriaient.

Derrière elle, une nouvelle silhouette fit son apparition entre les arbres, celle d’un homme âgé qui n’avait, lui, ni les lèvres noires, ni le teint solaire, mais qui comme elle possédait un regard hétérochrome, fait d’une pupille rouge alors que l’autre était verte. Sa démarche boitillante témoignait d’une blessure reçue récemment à la jambe droite. S’approchant de la jeune femme, il lui tendit une poignée de baies.

-Aza ? L’interpella-t-il en agitant sa main devant le regard égaré de la Sang-perdu. Tiens, j’ai ramassé ça pour toi… Il faut que tu manges. Ajouta-t-il. La jeune femme ne sembla pas réagir plus que cela. Alors, patient, il resta la main tendue, attendant qu’elle le décharge de son présent. Ce ne fut qu’après un long silence qu’elle consentit à lever les yeux pour croiser son regard, ignorant royalement la nourriture tendue.
-Pourquoi ont-ils fait ça, Vazhä ? Pourquoi ? Questionna-t-elle d’une voix vibrante d'amertume.
Le dénommé Vazhä, comprenant qu’il était inutile d’insister, soupira et se laissa lourdement tomber à côté d’elle. Il étendit sa jambe meurtrie, non sans une grimace de douleur, et picora une baie en lui répondant d’un ton chagrin:
-Pourquoi poses-tu des questions dont tu connais la réponse Aza ? Tu sais ce qu’on a fait, mieux que personne d’ailleurs.

Aza eut un reniflement dédaigneux.  

-Accorder l'Échange aux Sang-perdu ? C’est pour ça qu’ils nous ont massacrés, qu’ils ont tués même les enfants et les malades ?!  

Si le ton dont elle avait fait preuve était venimeux, la réponse de Vazhä elle, fut prononcée dans un grand calme.

-Oui, je pense que c’est pour ça.

-Mais comment peux-tu dire une chose pareille ?! Et comment peux-tu rester aussi placide ! C’est toi qui m’a offert l’Echange ! Tu sais très bien ce qui m’attendait si tu l’avais pas fait ! Jojoka aurait demandé mon sacrifice à mes quinze ans et Morro n’aurait pas bougé une aile contre ça. Zhäa a été le seul à vouloir m’offrir un avenir et un Dieu ! C’est pour avoir fait preuve de compassion qu’ils se sont vengés de lui ?! Cracha Aza avec indignation.

Malgré la ferveur du discours de la jeune femme, Vazhä resta d’un grand calme.

-Je reste calme parce que je suis un Apolyte, Aza, et que c’est comme ça que le Créateur nous a fait, résistant aux émotions. J’ai pleuré mes proches hier, aujourd’hui la peine est passée et je peux la remplacer par la réflexion. Comme tu es une Apolyte ajoutée, cela prendra plus de temps pour toi, mais l'Échange a fait de toi une enfant de Zhäa et tu verras que la douleur finira par s'atténuer pour toi aussi. Tu pourras alors analyser plus justement la situation. Tu verras que nous avons commis une faute. L’Echange nécessite qu’on lui sacrifie quelque chose pour répondre au Souhait. Quand ta mère t’a amené à nous, elle le savait. D’ordinaire, les gens qui viennent demander l'Échange le font pour gagner quelque chose de plus abordable que le rattachement à un Dieu : la chance, la richesse ou encore la santé...  Mais quand ta mère est venue pour nous présenter ton cas, son souhait était de t’offrir un Dieu pouvant t’aimer même en qualité de Sang-perdu. Pour ce faire, nous avons dû sacrifier les liens qui t’unissaient à Jojoka et Morro et nous avons utilisé l'énergie générée pour te rattacher à Zhäa et faire de toi une ajoutée. Les Sang-perdu sont tabous pour les Dieux… Aucun d’eux n’est autorisé à les revendiquer. Ce que nous faisions pouvait était dangereux, mais c’était la volonté de Zhäa… Celle d'accueillir tous ceux qui souhaiteraient l’aimer. Après toi, d’autres Sang-perdu sont venus grossir nos rangs, nous avons toujours eu peur de la réaction des autres Dieux… Mais elle a tardé à venir, et nous avons fait l’erreur de nous croire dans notre bon droit. Nous avions ouvert une porte que nous ne pouvions pas refermer… Ce qui devait arriver est arrivé, après les Sang-perdu ce sont des Sang-pur qui se sont présentés à nous, ceux qui étaient insatisfaits de leur Dieu, qui voulaient en changer, contre les règles du Créateur… Nous, nous les avons exaucés, sans voir la menace… Et voilà ce que cela nous a coûté… Aujourd’hui, notre peuple est mort et notre Dieu est déchu.

Acheva-t-il, non sans fatalisme, en terminant la dernière baie. Aza lui jeta un regard furibond en répliquant  :  

-Leurs enfants les quittent et c’est nous qu’ils punissent ?! C’est injuste et tu le sais très bien !  

Sans répondre à la colère, Vazhä se fit pédagogue.
-Ce n’est pas aussi simple… Un peuple pour un Dieu, c’est la règle du Créateur… Connais-tu la légende du Yutën-Lohkk ?

-Cette fable sordide sur la fin du monde ?

Cette fois, la réplique fit hausser un sourcil dépréciateur à Vazhä qui la corrigea :

-Ce n’est pas une fable, mais un texte sacré… Il dit que la fin du monde commencera le jour où cette première règle sera oubliée… Les autres Dieux ne nous ont peut-être pas puni pour leur avoir volé leurs membres, mais pour préserver la Création de la fin vers laquelle les nôtres la condamnaient. L’idéal de Zhäa nous a aveuglé ma soeur… Il nous a écarté de la vraie Vérité : ce monde ne nous appartient pas, mais nous en sommes responsables. Ses règles sont les poutres qui le tiennent en une pièce unique, ceux qui les fragilisent, portent atteinte à son intégralité… Notre Dieu nous a mené sur la mauvaise voie et aucun de nous n’a eu le courage de s’y opposer. Pouvons-nous pleurer nos morts et crier à l’injustice, alors que nous connaissions tous la légende du Yutën ?

-Qu’es tu en train de me dire Vazhä ? Que nous méritions de nous faire massacrer ?! Que nous sommes responsables ?! Dois-je comprendre que si tu pouvais faire les choses différentes tu le ferais ..?  

La tension venait de monter d’un cran mais Vazhä ne se défila pas face à la question.
-Il est inutile de refaire le passé, quand la seule plume dont on dispose est celle qui écrit le futur, Aza, mais si tu veux vraiment que je te réponde, oui, je regrette mes agissements passés. Si j’avais le pouvoir de changer les choses, si je pouvais sauver les nôtres en revenant dans le passé, je ne t’accorderais pas l'Échange.

En entendant ses mots Aza sauta sur pied, fusillant du regard son “frère”.
-Monstre… Tu laisserais Jojoka me sacrifier ?

-Oui… Évidemment, j’en porterais la tristesse et le regret, mais cela passerait, Comme toujours. Et les miens seraient sauvés. Quand à toi, si tu avais vraiment compris ce qu’il en est d’appartenir à un peuple, tu saurais que tu n’aurais aucun droit de le sacrifier pour une volonté individuelle.

La jeune femme, outrée et blessée, porta sur l’homme un regard flamboyant de mépris.
-Si tu n’étais pas un Maître changeur Azhä, si je craignais pas de blesser et de trahir MON dieu par ce geste, je te tuerais ! Ici et maintenant !

Avec lenteur, l’homme se redressa et poussa un soupir :
-Tu pourrais le faire oui… Mais ça ne changerait rien aux faits. Je suis aussi fertile que tu es stérile, si nous sommes les seuls survivants, comme je le crains, notre fin marquera la fin des apolytes. Zhäa errera pendant encore plusieurs centaines d’années avant de nous rejoindre. Et notre monde, qui perdra son Dieu de la destruction, ne pourra jamais se reconstruire.  

Après cette réplique, un silence de mort tomba. Les deux ultimes survivants du dieu Zhäa se jugèrent du regard. La tension était palpable... Et comme pour y répondre, un orage éclata. Un éclair zébra le ciel, déchirant le silence de son fracas lugubre.
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