A la conquête des hauteurs - Fin d'été 1648  

Aujourd'hui, je me lançais à la conquête des hauteurs d'Epieux. Mes frères m'avaient défié, ils pensaient que je n'étais pas capable de gravir la montagne. Et bien ils se trompaient totalement et j'allais leur prouver. Pendant qu'ils profitaient de la ville, j'étais venue seule jusqu'au massif montagneux. Je n'avais même pas pris Esperando avec moi, c'était beaucoup trop dangereux pour lui, je ne voulais pas prendre le risque qu'ils se blessent par ma faute. J'étais partie très tôt à l'aube pendant que mes frères dormaient encore à points fermés, leur empruntant certaine de leurs affaires. Mes vêtements de femme ne permettaient pas ce genre d'activité, je serais beaucoup plus à l'aise dans les leurs. Puis, ils n'allaient tout de même pas m'en vouloir pour ça, ils auront tout le temps de se sentir mal quand ils comprendront où je suis. J'allais leur montrer qu'une femme pouvait être tout aussi capable qu'un homme.

Depuis, notre enfance ils n'avaient eu cesse de me rappeler que j'étais une fille, soit que j'étais plus faible qu'eux. Enfin, pour moi c'était juste une excuse qu'ils le donnaient pour pourvoir rester entre eux, même si nous sommes proches, il m'arrive souvent de me sentir seule. Je me sentais parfois rejetée, car je n'étais pas née en tant qu'homme, combien de fois j'avais souhaité devenir l'un des leurs pour pourvoir rester avec eux. Et ainsi, ne plus être la petite fille qu'il faut toujours protéger. Je leur avais pourtant démontré dans le passé que j'étais capable de faire autant de choses qu'eux, mais ça ne semblait jamais les convaincre. Alors, depuis je n'avais eu cesse de me mettre dans des situations périlleuses pour une femme, au grand désespoir de mon père. Je m'en sortais toujours, mais souvent avec des blessures, mais cela importait peu puisque je savais qu'un jour j'arriverais à leur prouver ma valeur.

Peut être que ce jour était enfin arrivé. Ils allaient voir de quoi j'étais capable, je n'allais pas rebrousser chemin, sinon je me sentirais trop honteuse au point d'être incapable de leur faire face.

Je ne pensais pas mettre autant de temps pour arriver, en même temps j'aurais dû le prévoir, que je risquais de mettre plus de temps à pied qu'à cheval. A présent, mes frères avaient dû remarquer mon absence et le mot que je leur avais laissé. A l'heure actuelle, ils devaient sûrement être en chemin, mais quand ils arriveront je serais déjà en train d'escalader cette montagne.

Je pouvais noter, une petite différence climatique entre ici et la ville, il faisait nettement plus voir et le temps était assez brumeux. J'avais du mal à voir ce qui se passait devant moi, je faisais donc attention à où je posais le pied, pour éviter de déraper sur une pierre. C'est en partie à cause de cette grande étendue grise, que je n'avais pas remarqué que quelqu'un était là. Je fus donc surprise d'entendre une voix qui ne sortait de je ne sais où, tournant la tête pour voir d'où cela provenait. Je finis par apercevoir une silhouette dans ce brouillard. De ce que je pouvais distinguer, je pouvais deviner que c'était un Mésorian en raison de sa grande taille.

"- C'est à moi que vous parlez ? " dis-je en regardant autour de moi, je n'avais pas forcément l'habitude qu'on m'appelle "la mignonne". Vu qu'il n'y avait personne d'autre que moi, j'en conclue que c'était vraiment à moi qu'il s'adressait. Je lâchais un petit soupir. "- Tsss ... La mignonne ? Franchement, vous n' avez pas trouvé mieux pour interpeller une femme, je trouve cela un peu trop familier à mon goût ."

Je m'approchais un peu plus de lui, pour pouvoir voir complètement son visage, j'aimais savoir à quoi ressemblait mon interlocuteur. Je vins donc me planter devant lui, en croisant les bras autour de ma poitrine.

"- Non je ne me suis pas perdue. Je compte bien escalader cette falaise "