C'est un fameux trois-mâts [Asthan + Elkrin]

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Bruchen était un Mésorian que ces semblables aurait qualifié de "petit", à la barbe fourni, et à la peau tannée par le soleil su sud. Il arborait un air grave alors qu'il suivait du regard ses hommes transporter avec hâte la marchandise jusqu'au Matelot . Comme à chaque fois, il sentit grandir en lui un sentiment d'excitation ... Il ne pu empêcher un sourire de naître dans sa barbe bouclé. Il sentait la tension qui régnait parmi son équipage. Les caisses étaient pleines de produits de la contrebande. Il en tirerait un bon prix au marché noir ... A condition qu'il ne se fasse pas prendre par la garde.
Mais cela faisait une vingtaine d'année qu'il magouillait. Il connaissait les "trucs". Il avait installé sa cache hors des terres du Domaine, de sorte qu'il ne craignait pas vraiment d'être pris sur terre. En mer c'était pas la même chose, les bateaux des élites patrouillaient régulièrement. C'est pour ça qu'il avait choisi un jour avec le ciel chargé pour son voyage vers Opale... Avec une tempête en vu, il y avait moins de chance que les bateaux Élites patrouillent. A cette pensée le contrebandier eut un sourire plus franc que jamais. Il le sentait bien cette transaction. Il allait se faire beaucoup d'argent ! Et peut être même qu'il se payerait les services d'un bon menuisier pour refaire la coque de son Matelot . Oui c'était une bonne idée ... Il se frotta le menton avec un air pensif quand un jeune mousse l'interpela :

-Mon Cap'tain ! Mon Cap'tain !

Bruchen fronça les sourcil contrarié, et tourna les yeux vers le jeune Jehan. Le mousse avait seize ans à peine, le nez tout moucheté de tache de rousseur et une toison rousse coiffait son front largue. Par l'air futé pour dire vrai, et Bruchen avait l'habitude de ses interventions inutiles... Ainsi s'apprêtait-il à le reconduire sèchement avant même d'avoir entendu ce qu'il avait à lui dire, mais lorsqu'il ouvrit la bouche et vit ce que Jehan tenait fermement il la referma aussi sec. Ses sourcils se froncèrent alors presque assez pour se toucher.

-C'est quoi "ça" ? Demanda-t-il.

-J'l'ai trouvé rodant autour du bateau Mon Cap'tain ! Annonça fièrement le mousse. Pour peut il aurait remuer de la queue comme un chien ... Pensa Bruchen. Mais il avait d'autres préoccupation que la conduite ridicule du mousse, car le "ça" en question était une adolescente ... Une Torkos vraisemblablement ...

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Le ciel était sombre mais l’air était doux. Depuis la veille, Elkrin était sortie de la forêt et avait longé les quelques villages mésorians qui se dressaient sur sa route pour arriver aux bords de mer.

Le vent frappait son visage, et l'odeur de la mer emplissait ses poumons. La mer s'écrasait sur les falaises, et Elkrin resta assise quelques minutes face à la cette grande étendue d'eau.

Une centaine de mètres plus loin, la jeune affranchie apperçue un navire, amarré sur le rivage, qui semblait prendre la mer dans les heures qui suivraient. La jeune affranchie descendit sur la plage, s’approcha du bateau, et se demanda comment elle était sensée faire pour réussir à s’inviter sur le bateau.
Elle avait dans sa besace quelques pièces que M.Delbane avait offertes à son père en ces deux anciens jours de remerciements, mais elle ne savait pas si cela suffirait.
Elle était occupée à examiner le bateau sous toutes les coutures lorsqu’elle sentit qu’on l’attrapait par la manche. Ne cherchant pas à se dégager du drôle de rouquin qui l’avait attrapé, même si elle savait qu’elle en avait la force, elle se laissa mener devant un homme, qui semblait être le capitaine du bateau, comme l’appelait ce jeune homme qui se trouvait donc apparemment être un mousse.
Intimidée devant cet homme robuste à la barbe fournit, elle inclina la tête en signe de respect et de salutation.

« J’observais votre bateau qui a l’air fort bien bâtit, et je dois avouer que si votre destination n’est autre que l’île Opale, j’aimerais me rendre utile sur votre navire. Je possède quelques sous…»

Elkrin sortit d’une poche de sa besace 6 ridicules piécettes de bronzes et les tendit vers le capitaine du bateau.

« Je peux aussi faire la cuisine, le ménage, ou ce qu’il faudra pour que vous acceptiez de me prendre sur votre embarcation… »

La jeune torkos avait été quelque peu présomptueuse, mais elle espérait surtout que le capitaine ne soit pas raciste, car le simple fait qu’il n’aime pas les Torkos pourrait la ramener directement au point de départ.
Cet homme paraissait tout de même sympathique, mais Elkrin espérait que les apparences ne soient pas trompeuses.

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Bruchen fronça les sourcils une énième fois et son visage se froissa comme si il avait été confronté à une odeur particulièrement désagréable. Il n'en était rien, en réalité ses matelots auraient pu vous expliquer que cette mimique reflétait sa réflexion face à une décision qui le rendait hésitant.

D'un côté il ne voulait pas de "rat" sur son bateau. Pas de personnes susceptibles de "trop parler". D'un autre cette fille n'était qu'un gamine et une torkos. Elle avait un anneau de liberté, mais ces gens là avaient été dressé à obéir, et jeune comme elle était si elle possédait déjà un anneau, c'est bien qu'elle devait bien travailler ? Non ?

Il se gratta la barbe, et continua de réfléchir en la regardant. Après un long moment, il arriva à cet accord avec lui même : il la prendrait, la laisserait aider aux tâches, car des mains en plus ça se prend toujours, mais s'arrangerait pour qu'elle tombe "accidentellement" à la mer avant l'arrivée à Opale. Oui, ce plan était parfait : des corps en mer il y en a des tonnes... D'une main avide il attrapa les piécettes.

-D'accord, mais pas d'entourloupe Gamine. Je dépose là bas et je veux plus entendre parler de toi. Et tu participeras aux tâches pour aider l'équipage.Ordonna-t-il.

-Jehan te montrera là ou tu auras le droit d'aller sur le bateau, ce que tu dois faire et il gardera un oeil sur toi. Ajouta-t-il.

Le mousse semblait ravi. Bruchen ajouta :

-Maintenant filez aider les autres à charger la cargaison, au lieu de rester planter là comme des huitres !termina-t-il séchement.

Jehan sursauta, puis il tira Elkrin par la manche pour lui montrer ce qu'ils devaient faire. Maintenant que le capitaine avait autorisé la jeune femme à participer au voyage, il semblait avoir oublier qu'une minute plus tôt il l'avait brutalisé.

-Moi c'est Jehan Se présenta-t-il. Remarque bien inutile car le capitaine Bruchen avait déjà énoncé son identité mais il avait au moins trouvé un moyen pour engager la conversation.

-C'est comment que tu t'appelles Demanda-t-il avec un réel intérêt alors qu'il se faufilait entre les autres matelots pour arriver dans la grotte fendant la falaise où était caché les caisses remplis de marchandise. Il en souleva une et en montra une autre à Elkrin.

-Faut emmener ça sur le bateau. Expliqua-t-il.

Invité

Un léger sourire se dessina sur le visage d’Elkrin. Elle allait prendre la mer et quitter l’île pour la première fois de sa vie.
Elle inclina la tête une nouvelle fois.

« Merci beaucoup ! »

Elkrin ne perdit pas plus de temps et suivit le jeune mousse. Il avait l’air d’avoir manqué complètement d’éducation, mais le capitaine avait l’air de l’avoir prit sous son aile.

« Moi c’est Elkrin. »

Elle regarda l’immense amas de caisses et de sacs. Sans se poser plus de questions sur ce que contenaient ces paquets, Elkrin prit son courage à demain, se chargea rapidement de nombreuses caisses et aida le reste de l'équipage à finir de mettre les marchandises dans la cale du navire. La jeune affranchie exécuta cette corvée sans trop de peine, car sa force supérieure à la normale lui permit de porter de nombreuses choses avec facilité.

Enfin tout fut chargé et la jeune affranchie gravit la sorte d'échelle et se hissa sur le pont. Elle remarqua qu'elle ne pouvait aider au départ du bateau. Elle laissa donc les marins s'en occuper et, Jehan étant occupé lui aussi, elle se glissa à l'avant du bateau et profita de la légère houle et du vent marin, en attendant qu'on lui assigne quelques tâches.

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Le Matelot n'était pas un grand Navire. Il était petit mais ses voiles prenaient bien le vent. Il fendait les eaux rapidement et c'était ce que Bruchen lui demander : d'aller vite.

En mer, certains membres de l'équipage ne manquèrent pas jeter à la nouvelle des regards soupçonneux. Sa présence avait été tolérée par le capitaine, et c'était bien pour ça qu'on ne l'avait pas encore jeté par dessus bord, mais le mépris était bien là. A par pour Jehan qui lui semblait ravi d'avoir de la compagnie qui se rapproche de son age. Son visage piqué par ses tâches de rousseur était fendu d'un sourire depuis qu'ils avaient embarqué. Cette attitude un peu rêveuse ne manqua pas de lui rapporter une ou deux claques derrière la tête : "Fait attention où tu marches", "Rêvasse pas le mousse !", "Accélère tu crois qu'on à que ça à faire ?", lui assénait-on avec exaspération. Mais il n'en prit pas ombrage, il était habitué à ce genre de réflexion.
Quand il eut fini de vérifier les attaches de la cargaison, il grimpa jusqu'à la proue et rejoignit la nouvelle. Il s'avança et s'adossa au bastingage en prenant un air dégagé.

-Tu es d'jà monté sur un bateau ? Lui demanda-t-il. La mer, c'était l'un de ces sujet de conversation favoris.

-Tu vas voir, le Matelot l'tient bien les vagues ! Ajouta-t-il non sans fierté.

Dans le ciel, les nuages commençaient à s’amonceler. Le mousse fronça les sourcils en voyant cela... Il n'aimait pas la pluie, ça gâchait le paysage... Le vent qui venait de se lever faisait danser sa tignasse rousse.

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Elkrin sentait qu'elle n'était pas à sa place sur ce bateau. Elle était une des seules filles, et de plus, elle n'était pas d'une race qui lui permettait, dans son cas, de fréquenter les mésorians.
Heureusement le jeune mousse, Jehan, qui avait a peu près son âge, lui tenait compagnie, et la jeune torkos oublia vite les regards pesants.
La jeune affranchie se passa une main dans les cheveux.

"C'est la première fois que je pars en mer... J'étais montée une fois à bord d'un bateau à Belhovre, mais il était à quai. Et, naviguer c'est... impressionnant ! Je ne m'attendais pas à de telles secousses, mais le vent marin est très agréable. Contrairement à ce que je pensais, je n'ai même pas le mal de mer !"

Elkrin s'était emportée, égayée par la brise et la houle.
Elle n'avait pas le mal de mer, certes, mais elle sentait que son estomac commençait à durement encaisser les fortes vagues qui s'enchainait.
Malgré tout, il était vrai que ce navire tenait bien la route, le capitaine le faisait naviguer avec beaucoup de souplesse, et le bateau escaladait toutes les vagues, et l'écume s'écrasait durement sur la coque.
Confiante, elle commençait à trouver ces montées et descentes amusantes. Tandis que le ciel noircissait, elle tourna la tête vers Jehan, souriante. Mais le mousse n'affichait pas exactement la même expression, car son visage le montrait plutôt inquiet. Il n'avait pas l'air crispé, mais le temps ne semblait pas le laisser indifférent.

"Il y a un problème ?"

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"Il y a un problème ?"

-J'ai reçu une goutte. Expliqua la mousse avec un air bougon.
-Un bateau, faut toujours le tenir, même quand y pleut. Ajouta-t-il pour lui faire comprendre qu'elle ne devait pas espérer pouvoir s’abriter en cas d'orage. Il s'empressa quand même de sourire pour ne pas la rendre maussade à cette idée. Et pour changer de conversation il ajouta :
-Moi quand j'ai commencé, j'avais le mal de mer ! Et ça finissait par passer c'était une fois à terre que j'avais le mal de terre ! Raconta-t-il en riant de sa propre mésaventure.
-Et tu as pas pensé à te proposer de bon pour faire partie de l'équipage ? Voulu-t-il savoir non sans un grand espoir qu'elle lui confit que oui, l'idée de rejoindre pour de bon le Matelot lui avait effleuré l'esprit. Toujours appuyé au Bastingage il la regardait avec des yeux pétillants, mais avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre, Le Matelot heurta quelque chose. La coque eut un gémissement, et le bateau tangua violemment sur le côté dans un fracas inquiétant il retomba sur une vague qui venait de s'écraser contre sa proue. Jehan, prit par surprise, passa par dessus bord et le "plouf" de sa chute fut masqué par les cris de l'équipage :

-ON A HEURTE QUELQUE CHOSE ! Beugla une des seules femmes de l'équipage.

-Tout le monde va bien ? Demanda le second au visage anxieux.

-PUTAIN DE MERDE ! Vociféra un troisième. UN SERPENT DE MER ! AUX ARMES !

En effet entre les vagues, l'on pouvait entrevoir une forme sinueuse et sombre... Sur le pont tout le monde s'activait, et l'on dégainait les harpons et arbalètes à la hâte. L'animal ne fit pas son timide longtemps... Lentement, il sortit la tête de l'eau, et bientôt il dominait le petit navire en posant des sifflements qui n'avaient rien de rassurent...

MP: J'ai envoyé un message a Asthan il va pouvoir intervenir ^^

Invité

« JEHAN ! »

Son cri s’était perdu dans le bruit des vagues et le brouhaha de l’équipage. Le bateau tanguait. Elkrin s’accrochait aux balconnières, et essaya de se frayer un chemin parmi les marins agités.

« Captitaine ! Capitaine ! »

La jeune torkos se faisait malmener par les vas et vient de l’équipage et elle dut commencer à jouer des coudes pour parvenir au meneur du bateau, sur un étage plus élevé.

« Capitaine ! Jehan est tombé ! Il est tombé à l’eau ! »

Le capitaine l’avait à peine entendue mais il semblait surtout préoccupé par quelque chose d’autre. Elkrin se tourna vers le point que paraissait fixer le capitaine. L’affranchie aperçut alors la bête. Un serpent de mer. Bien plus imposant que ce que raconte les livres. Bien plus effrayant que le montre les images. Bien plus… Bien plus gros…
Elkrin redescendit sur le pont principal et se saisit d’une des dernières armes. Mais un marin passa, lui arracha des mains et la poussa. La jeune torkos glissa, s’agrippa de justesse de nouveau aux balconnières, et fixa l’eau, espérant apercevoir Jehan, espérant qu’il sache nager.
L’énorme reptile des mers accentuait la houle et le bateau ne cessait de tanguer de plus en plus fort.
Elkrin avait voulu aider et on l’avait repoussée. Elle ne pouvait plus rien faire à part laisser ce bateau se faire réduire en miettes par le Serpent.
Elle se laissa tomber contre la barrière tout en restant accrochée.

« Jehan… » Sanglota-t-elle.

Elle se sentait tellement faible. Elle voulait disparaitre, se cacher dans un trou. Elle n'avait même pas eu le temps de le voir tomber, elle n'avait pas pu le sauver.

Courageusement elle se leva, et alla chercher sa besace dans une caisse encore en place. Retournant se caler contre une balconnière, elle sortie sa sphère de lumière et l’accrocha solidement au cordon qui lui servait de ceinture. Elle garda sa besace sur elle, même si celle-ci l’encombrait, puis, tout en essayant de ne prendre aucuns risques, elle chercha un harpon. Elle en trouva une mais elle se retourna et vit que les marins tiraient dans le vide. La bête était tellement féroce qu’une flèche ne lui faisait même pas le mal d’une épine.

Elkrin était désespérée. Elle avait quitté Belhovre tout ça pour mourir ?

Capitaine des Erre-au-Vent

Enfin, Asthan reprenait la mer !
Voilà plusieurs mois qu'il tournait en rond sur l'île d'Opale. Aussi, lorsqu'un riche Mésorian, propriétaire d'un bateau mais incapable de le faire naviguer, avait cherché à recruter des matelots pour aller à Ileval, Asthan avait sauté sur l'occasion. Avec ses quatre mercenaires, il s'était engagé pour cette mission somme toute de routine, même si le temps était couvert et qu'ils risquaient d'affronter un orage. Bah ! A quoi servait de partir à l'aventure s'il n'y avait aucun risque ? Et puis, le Mésorian payait bien.

L'embarcation tenait plus du petit bateau de plaisance que du grand navire. Pas le genre de rafiot à tenir sur du long voyage, mais pour une traversée de quatre heure, ça ferait largement l'affaire.
Tandis que le commanditaire s'était enfermé dans sa cabine, à vomir son déjeuner dans une bassine, Asthan et ses acolytes profitaient de l'air du large.

Avec son long manteau, son revolver à la ceinture et son bandeau sur l'oeil gauche, Asthan avait tout d'un pirate. La longue vue qu'il sortit pour observer l'horizon ne fit qu'accentuer cette impression. Cette pensée le fit sourire, jusqu'à ce qu'il voit au loin quelque chose qui le fit froncer les sourcils, avant de se retourner en appelant d'une voix inquiète :

Enguerrand !

Son second le rejoint rapidement à l'avant du bateau, et prit la longue-vue qu'il lui tendait.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Ça mon vieux, c'est le début des emmerdes.
- On dirait un serpent de mer, non ?
- C'est ça.
- Et il est en train d'attaquer un navire, non ?
- C'est ça.

Enguerrand baissa la longue-vue et regarda Asthan quelques instants. Un silence s'installa, tandis que le chef des Erre au Vent, le visage impassible, fixait la direction où le navire était probablement en train de se faire broyer.
Les deux hommes se connaissaient bien. Enguerrand se doutait de ce que son ami avait en tête. Mais il posa tout de même la question.

- Et donc ?
- Et donc on attend. On attend et on prie pour que la bestiole soit suffisamment rassasiée pour pas venir vers nous après. On n'est pas équipés pour l'affronter de toute façon.
On attend, on reste à distance, on assiste au spectacle, et on ira récupérer après ce qui est récupérable.

Il n'allait pas risquer sa vie et celle de ses hommes pour sauver un navire qui était déjà foutu. Même en donnant toute la puissance du petit bateau de plaisance, ils n'arriveraient jamais là-bas à temps... et à temps pour quoi, de toute façon ? Pas de canon, pas de harpon, que dalle. Contre des pirates, ils auraient pu se débrouiller, mais il n'y avait rien à faire contre la nature.

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Une avalanche de flèches fusa vers l'animal, mais toutes ricochèrent contre ses écailles robustes. Dans un sifflement furieux, le serpent s'enfonçant dans l'eau, provoquant une vague qui manqua de faire chavirer le Matelot. Quelqu'un avait beuglé : "Accrochez vous !!!", mais bien trop tard... Les cris précédèrent de peu le bruit assourdissant des corps plongeant dans l'eau tiède. S'en suivi un silence. Court. Étrange. Ceux tombés en mer, avaient ressorti la tête, et terrorisés, demandaient à ce qu'on les remontent. Ce qu'on s'empressa de faire en leur lancer des cordes. Bruchen, lui fixait la surface avec un œil mauvais.

-Où tu te caches la Saleté ? Marmonna-t-il pour lui même.

L'eau en effet était devenue étrangement calme ... Mais le capitaine ne croyait pas à la chance d'avoir effrayé l'animal. Ces bêtes là n'avaient pas peur. Elles attendaient le bon moment pour vous couler... Comme si sa malchance n'avait pas été suffisante, une pluie fine se mit à tomber...

-Faut filer ! Ordonna-t-il à son second.

-On a pas encore remonter tout le monde mon Cap'tain. L'informa celui ci.

-J'ai dit ON DÉGAGE ! Qu'on laisse les autres à l'eau, avec un peu de chance ils occuperont assez le serpent ! Répondit-il sèchement. Il vit la désapprobation dans le regard du second, mais celui ci eut la présence d'esprit de ne pas l'exprimer à voix haute. Il se contenta de hocher la tête et d'aller distribuer ses ordres. Mais Bruchen n'était pas au bout de ses surprises. L'un des marins venait de jaillir des cales : il avait de l'eau jusqu'aux genoux.

-Capitaine ! On a prend l'eau La coque ... Un trou... Des trous ... L'informa-t-il le visage déformé par la panique. Bruchen resta là un moment, sans rien dire, comme si il n'avait pas compris... Puis lentement, on visage se décomposa, comprenant que c'était bel et bien fini... Le Matelot s'enfonçait lentement main sûrement dans l'eau... Il le sentait sous ses pieds : la flottaison n'était plus...
-Par toutes les ailes d'Hygérie.... S'entendit-il murmure d'une voix blanche. Le marin se tenait toujours face à lui. Attendant visiblement un ordre, peut être celui qui l'autoriserait à aller détacher les canots de sauvetage, mais le capitaine se contenta de dire d'un voix sans timbre :
-On va tous y passer...
Pas franchement de quoi rassurer l'équipage.
-Il reste les canots mon Cap'tain. Lui rappela le matelot plein d'espoir.
-Il va nous cueillir comme des fruits sur une branche base...Continua Bruchen sur ce même ton étrange. Mais oui ... Les Canots. Puisqu'il nous reste plus que ça... Il y avait une résignation sinistre dans cet ordre... A voir faire dresser les cheveux sur la tête. La pluie, elle, continuait à tomber.

-ON PREND L'EAU, AUX CANOTS ! ORDRE DU CAPITAINE ! Se mit à beugler le matelot au pantalon mouillé.

On s'activa alors. Tous étaient angoissé par l'absence du serpent. Tous se demandaient quand il reviendrait... Mais tous s'accrochaient à l'espoir qu'ils pouvaient encore s'en sortir.
Alors que les canots étaient mis à la mer, on fit monter les femmes de l'équipage en premier. Mais lorsqu'Elkrin se présenta, Bruchen se contenta de lui dire :
-Non pas de place pour toi, tu as qu'a nager, et prier. Joignant les gestes à la parole il l'attrapa et la jeta par dessus bord, tout simplement.

Invité

D'un coup Elkrin s'écrasa dans l'eau. Sa besace, remplit de couettes et habits imbibés, la tirait vers le fond. Elle attrapa son couteau au dernier moment, l'accrocha dans sa ceinture et se défit de son sac qui s'enfouit dans les profondeurs de la mer.

En pataugeant elle se maintenait à la surface de l'eau, mais sa tête ne cessait de de s'ensevelir sous les flots, et la jeune affranchie luttait pour pouvoir respirer.
Elle avait été jetée sauvagement, sans même qu'on lui laisse une chance. Il était évident qu'elle n'arriverait pas à survivre. L'eau était tiède, mais Elkrin ne savait presque pas nager.

De plus, l'angoisse. L'angoisse, la peur se faisait de plus en plus envahissante. La jeune torkos sentait de vague mouvement d'eau un peu plus bas, et imaginer la bête ondulant sous ses pieds ne faisait que lui faire perdre toute concentration et la ramenait encore une fois sous l'eau.

"A L'AIDE !"

A quoi bon, la quasi totalité des marins étaient eux aussi dans l'eau, et l'autre moitié était dans les canots, mais n'avaient aucunes envies de l'aider.

Avec chance, Elkrin remarqua une petite caisse qui flottait à quelques mètres. Elle mit de longues minutes à l'approcher et lorsqu'elle l'atteignit, elle vida son contenu et se hissa dessus. Elle était encore dans l'eau mais flottait légèrement.

Encore dans une situation critique. Elle avait l'impression de regretter à chaque instant d'avoir quitter Belhovre. Si elle mourrait ? -ce qui était totalement certain à présent- elle aurait été affranchie pour ça ? Quelle déception. Et quelle mort stupide. La fatigue s'empara d'elle. Elle était tellement désespérée qu'elle se laisserait presque couler.

Elle tâta sa ceinture et se rappela qu'elle avait sauvé sa sphère de lumière. Quelle gâchis. Ce superbe objet allait tomber avec elle dans les profondeurs.
La jeune affranchie se laissa bêtement bercer par les vagues tandis qu'elle dérivait tout doucement.

Invité

C’était un bien triste spectacle auquel venaient d’assister, Asthan et Enguerrand, impuissants, tandis que les trois autres mercenaires s’efforçaient de maintenir l’embarcation à une distance raisonnable du massacre. De là où ils étaient, ils n’avaient qu’une visibilité limitée de la scène, mais l’un comme l’autre se doutaient aisément de l’issue qui attendait ce pauvre équipage. A la vue de ce bateau en péril, il ne fallut pas attendre longtemps pour que l’esprit d’Enguerrand recommence à diffuser les images de ce fameux jour. Celui où l’océan avait eu sa mère et avait bien failli l’avoir aussi. Mais le mésorian fit en sorte de reléguer une nouvelle fois les souvenirs au second plan et se contentait d’attendre. Bien qu’il aurait souhaité pouvoir faire quelque chose, il approuvait la décision de son chef et savait tout comme lui, qu’il n’y avait rien à faire.

La bête semblait finalement avoir disparu et le navire avait l’air de disparaître sous les vagues. Après quelques minutes le petit bateau de plaisance changea de cap sous les ordres d’Asthan pour se rapprocher du navire condamné, dans l’idée de voir ce qu’ils pourraient récupérer. A mesure qu’ils avançaient la silhouette du bateau s’enfonçait irrémédiablement. Pendant que son ami observait l’épave et s’assurait que leur embarcation suivait la bonne trajectoire, Enguerrand scrutait la surface de l’océan. Il aperçut alors quelques débris dérivants légèrement à droite du cap qu’ils suivaient. Quelques caisses, des morceaux de bois, et puis… Un homme ? Ou peut-être une femme.

- Asthan ! ASTHAN ! Quelqu’un à la mer ! Légèrement à tribord ! s’écria aussitôt le second des Erre au vent.

Le mésorian s’était précipité pour attraper une longue corde dont il fixa une extrémité sur le bord de l’embarcation. Le calme habituel de l’ancien élite s’était envolé, laissant place à des gestes brusques mais réfléchis. Le reste de l’équipage s’organisait pour réduire la vitesse du bateau mais ce dernier avançait encore trop vite et Enguerrand fut rapidement assez proche pour distinguer clairement une jeune femme dérivant sur une caisse.

- RALENTISSEZ ! On va la dépasser !

Ils arrivaient déjà au niveau de la rescapée et Enguerrand voulu lui lancer l’autre extrémité de la corde qu’il avait préparée. Mais était-elle encore consciente et aurait-elle seulement la force de s’agripper à la corde ? La volonté de sauver cette femme prenant le dessus sur tout le reste, le mercenaire attacha finalement l’extrémité de la corde autour de sa taille. Il cria pour prévenir qu’il sautait puis sans attendre de réponse, plongea par-dessus bord.

La mer courbée était l’une des plus chaudes de l’Archipel, Enguerrand n’eut donc pas de mal à s’habituer à l’eau. Cependant la houle était particulièrement forte et compliquait fortement la nage. Il fallut plusieurs secondes au mésorian pour atteindre la jeune rescapée. Elle semblait encore consciente mais devait être extrêmement affaiblie. D’un bras il attira la Torkos contre lui et essaya de lui parler pour s’assurer qu’elle ne perde pas connaissance.

- Ne t’inquiète pas, tu seras bientôt au sec. Lui dit-il avec une voix rassurante, avant de regarder en arrière si ses équipiers étaient prêts à les remonter.

Invité

Sa gorge était sèche et elle sentait qu'elle s'affaiblissait de plus en plus. Se maintenir sur ce débris lui demandait tant d'effort qu'elle ne se sentait plus pouvoir continuer bien longtemps. Les yeux plissés à cause du soleil, Elkrin essayait de savoir depuis combien de temps elle se trouvait là. Cela lui semblait durer une éternité.

D'un coup elle sentit qu'on l'attrapait. Pendant un court instant, son sang se glaça dans ses veines, elle croyait qu'elle ne tarderait pas a être enfouie sous l'eau.
Puis elle entendit la voix d'un homme qui semblait rassurante. Elle tenta de deviner les traits de l’énergumène. Allure soignée. Même dans l'eau il portait une coiffure qui laissait deviner ses origines. Un mésorian ? Pourquoi la secourait-il ? Elle avait pourtant l'air d'une torkos, pure et dure, et elle semblait monopoliser l'urgence du sauvetage.
On la fit monter sur un bateau. Elle se sentit déposée à terre, elle entrouvrit les yeux, qui jusqu'à présent étaient presque clos, et aperçue une petite bande de matelots qui apparemment, eux n'étaient pas mésorians.

Elle était sauvée. Elle avait survécu. Elle avait bien cru qu'elle serait laissée là, à mourir sur une planche. Mais elle était en vie. Et elle devait cette chance à cet homme.

Spoiler:

Capitaine des Erre-au-Vent

Asthan observa la bataille de loin, ou plutôt le massacre, grâce à sa longue vue. De longues minutes s'écoulèrent, et le navire au loin finit par sombrer dans la mer. Les cris des matelots s'atténuèrent peu à peu, pour ne laisser que le silence. Il y avait peu de chances pour qu'il y ait des rescapés, et ce n'est pas ce que cherchait le chef des Erre-au-Vent en demandant à ses compagnons d'avancer le bateau vers les débris du navire infortuné.
Avec un peu de chance, c'était un navire marchand, et l'on pourrait récupérer quelques denrées avant qu'elles n'aient toutes coulées au fond.

Il observait les débris sans rien repérer de probant, lorsqu'Enguerrand hurla pour indiquer qu'il avait repéré un homme à la mer. Asthan tourna sa longue vue dans la direction indiquée par son second, et aperçut en effet un corps accroché à une caisse qui flottait tant bien que mal à la surface houleuse de la mer. Ce fut Tysha qui pensa à jeter l'ancre pour ralentir le bateau de plaisance, et les deux Torkos tendirent la voile contre le vent pour faire freiner l'embarcation.

Asthan leva les yeux au ciel et poussa un soupir légèrement exaspéré en voyant Enguerrand se jeter à l'eau. Il murmura :

Sérieusement ?

Avant de rejoindre les trois autres sur le pont, là où Enguerrand avait attaché la corde.
Ils ne purent qu'observer le sauvetage, et attendre que le Mésorian ait rattrapé la silhouette humaine. La houle était trop forte pour qu'il puisse la ramener aisément, surtout si l'autre était inconscient ou déjà mort.
Asthan détacha la corde du bastingage, et tendit son extrémité à ses camarades.

Allez, aidez-moi à les remonter.

A force d'efforts conjugués des deux Torkos et de l'Okanaki, Enguerrand fut bientôt sur le bateau, et put déposer sa prise sur le pont.
Asthan vit alors qu'il s'agissait d'une jeune femme, une gamine Torkos, au vu de la couleur de ses yeux et de l'anneau qu'elle portait au majeur.
Génial. Mais qu'est-ce qu'ils allaient bien pouvoir en faire ? Si encore ce bateau avait été le leur, ça n'aurait pas été un problème. Mais Asthan n'était pas sûr que leur riche commanditaire apprécierait de recevoir un nouveau passager à bord.
Il se tourna vers Enguerrand tout en désignant d'un geste du pouce la cabine derrière lui.

Bien, monsieur le héros. Je te laisse aller voir le patron et lui expliquer la situation.
Jargh, remets le cap sur Ileval. Tysha, tu me remontes l'ancre. Folkar, occupe-toi de la voile.

Il retenait sa colère du mieux qu'il pouvait. Ne jamais s'engueuler devant les hommes. Même si Enguerrand et lui n'étaient pas toujours d'accord, ils ne le montraient jamais aux autres. Il discuterait plus tard avec le Mésorian, pour tenter de comprendre ce qui lui était passé par la tête.
En attendant, il fallait s'occuper du poisson qu'il avait repêché. Asthan, à présent seul avec elle, retira son long manteau pour recouvrir le corps trempé et grelottant de la petite Torkos, puis s'agenouilla à côté d'elle, attendant qu'elle reprenne pleinement connaissance.

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mp : je rep rapidement je passerais sous sans-visage pour le boss

Sous la pluie fine, les vagues de la mer courbée commençaient à amplifier leur roulis. Le Matelot continuait à ballotter tout en s'enfonçant paresseusement dans les eaux sombres.

Brachen, regardait son équipage agglutiner dans les canaux d'un œil vide. Même jeter la petite Torkos à l'eau ne lui avait pas suffit pour défouler la frustration qu'il ressentait. Un cri perçant le fit sursauter, puis dresser les cheveux sur la tête : Les eaux s'étaient de nouveau ouvertes sur le corps sinueux du serpent. La suite fut aussi rapide qu'effrayante : un lourde vague générée par les ondulations du serpent balaya les canaux, et les retourna sans mal . Les tentatives de fuites ne furent qu’exciter d'avantage l'animal qui fondit sur les hommes aussi promptement qu'un kaldrog sur un troupeau de mouton. Bientôt, les eaux se teintèrent en rouge... Les cris laissèrent place au silence...

Le calme était revenu. Le serpent parti. Et il ne restait du bateau que quelque caisses flottantes ...
Il n'avait pas eu de survivant. Seuls, restait quelque caisses flottantes, et le pourpre entachant les vagues pour attester du « crime ».

Invité

Enguerrand était rapidement remonté sur le bateau, grâce aux efforts de ses camarades. Après avoir déposé délicatement la jeune Torkos sur le pont, il porta enfin attention au reste de l’équipage. Il savait qu’il avait agi sur un coup de tête et que son action ne faisait pas l’unanimité mais il n’en avait rien à faire, la jeune fille était saine et sauve. Le mésorian était complètement trempé mais ça n’avait pas l’air de le préoccuper et même après un petit plongeon en mer, son allure et sa coiffure étaient toujours impeccables.

Suite aux ordres de son capitaine, Enguerrand jeta un dernier coup d’œil à la rescapée avant de se diriger vers la cabine du patron. Il était soulagé de voir qu’elle semblait reprendre progressivement connaissance. Il aurait préféré rester à ses côtés mais il savait qu’elle était entre de bonnes mains avec Asthan, même si ce dernier ne devait pas approuver ce sauvetage. Le mésorian n’avait pas cherché à discuter les ordres de son ami, ce n’était pas le moment, mais il était sûr que son chef lui en reparlerait plus tard. Il avait bien senti que celui-ci était contrarié et qu’il réclamerait des explications.

Enguerrand arriva devant la cabine de leur commanditaire. Le chef des Erre au vent, avait raison sur un point, ils étaient payés pour une mission et il allait falloir justifier ce contretemps à leur patron. De plus, ce n’était pas leur bateau, et c’était donc au propriétaire de décider du sort de leur nouveau passager. Il toqua à la porte de la cabine, se demandant quelle allait être la réaction de leur commanditaire. Le mercenaire n’avait pas eu beaucoup de contact avec celui-ci et n’avait donc pas encore eu le temps de cerner le caractère du personnage. Il se disait cependant que ça ne devait pas être un mauvais homme, et il comptait bien sur sa diplomatie pour expliquer la situation en douceur. Après avoir entendu l’homme lui dire d’entrer, Enguerrand poussa la porte et pénétra dans la cabine.

- Excusez-moi de vous déranger monsieur. Je voulais simplement vous avertir que nous avions eu un léger contretemps. Dit-aussitôt le mercenaire en fixant le propriétaire du bateau.

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C'est un fameux trois-mâts [Asthan + Elkrin] Dwarf_10

Solaron Dagatan
57 ans
Riche commerçant Mésorian "légèrement" enrobé.

Pourquoi n'avait-il pas écouté sa fille ? Elle lui avait pourtant dit : "Papa tu n'as plus l'age pour cela ! Tu as navigué de ton jeune temps, mais ton estomac a vieilli lui aussi". Et lui, têtu comme toujours avait repoussé la remarque en lui disant que le corps n'oubliait jamais la mer.
Il avait acheté ce bateau, parce que il avait toujours rêvé de pouvoir naviguer "librement". Il avait toujours rêvé de vivre comme une sorte ... d'épopée marine. C'était tout apprété de ses plus beaux vêtements qu'il était venu mettre le pied sur son navire, tout près a se pavaner fièrement sur la reine mer...
Mais voilà...C'était sans compter le mal de mer que lui avait prédit sa fille... Il avait vomit pour la première fois à peine la côté quitté et depuis, il n'avait pas quitté sa cabine ou il y restait soit allongé, soit en train de dégobiller soit les deux en même temps.
Dans l'endroit régnait une odeur acide de bile, et lui de tenait au milieu, plus pâle qu'un cul d'épelien* en plein hiver. Il grogna en entendant quelqu'un frapper.
-Entrez... Commanda-t-il faiblement.

-Un contre temps ? C'est à dire ? Demanda-t-il d'un coup plus anxieux. Au dessus de son seau de Vomit il se redressa un peu alerte :

-Mon bateau va bien ? Nous n'avons rien percuté pourtant ? Est-ce des pirates ? Ho non pas des pirates ! Questionna-t-il presque en proie au désespoir. Vraiment ce voyage était l'un de ses pires idées jamais eu !

*Epelien : Habitant d'épieux

Invité

Après être entré dans la pièce il ne fallut pas longtemps à Enguerrand pour remarquer que cet homme avait le mal de mer. A vrai dire n’importe qui l’aurait remarqué tout de suite tant l’homme semblait nauséeux. Les mercenaires savaient que leur commanditaire n’était plus à l’aise avec la navigation mais Enguerrand ne pensait pas qu’il serait malade à ce point. Sinon il lui aurait conseillé de rester sur le pont, car rester enfermé dans une cabine n’était certainement pas bon pour le mal de mer.

Le mercenaire se promit de lui faire la réflexion après, mais pour le moment il réfléchissait à la formulation la plus adaptée pour résumer la situation. Lorsqu’il parla de contre-temps, le commanditaire sembla démesurément anxieux et Enguerrand tint à le rassurer aussitôt.

- Oh non non ! Rien d’aussi inquiétant, je vous rassure.

Le second des Erre au vent marqua une courte pause avant de poursuivre :

- En fait nous sommes passés à proximité d’un navire ayant coulé durant la tempête et nous avons pu repêcher une personne ayant survécu au naufrage. Une jeune Torkos semble-t-il.

Enguerrand avait volontairement omit de parler du serpent de mer pour éviter d’accentuer l’inquiétude de son interlocuteur. Il ne put ajouter beaucoup plus d’informations sur la fille qu’ils avaient repêchée car c’était tout ce qu’il savait pour le moment.

- Je tenais donc à vous tenir informé de la situation. Peut-être désirez-vous venir rencontrer cette personne ? Ajouta-t-il en scrutant l'autre mésorian, se demandant comment celui-ci allait réagir à ce qu’il venait de lui annoncer.

Invité

Le soleil trônait haut dans le ciel mais Elkrin restait trempée, encore allongée sur le pont de ce qui semblait être un petit navire. Les images se faisaient claires et Elkrin regarda autour d'elle. L'homme qui l'avait sauvé n'était plus là, mais un autre homme, les sourcils froncés, se tenait près d'elle.
Il n'avait pas l'air mésorian, mais n'avait pas l'air torkos non plus. Un Okanaki ? Que pourrait bien faire un okanaki et un mésorian sur le même bateau, entourés d'un équipage d'apparence lui aussi mélangé ?

Elle tourna doucement la tête et vit que le bateau du fameux Bruchen s'était fait broyé une deuxième fois, et que ce qu'il en restait se noyait maintenant dans la mer. Elle ne voyait aucunes formes de vie à la surface, du moins pas humaine. Elle détourna les yeux de ce spectacle, et ferma les yeux quelques secondes pour tenter d’effacer ces images de son cerveau. Était-elle la seule survivante ? Elle espérait que quelques marins s'en soit sortis, et préféra continuer de croire naïvement que Jehan avait survécu.

La gorge de la jeune affranchie était encore sèche et une goutte de sueur coula sur sa tempe tandis que sa tête ne cessait de tourner.
Elle s'accrocha tant bien que mal à la rambarde qui surplombait la mer et s'assit contre celle-ci. L'homme en face d'elle était quelque peu singulier, il portait un cache oeil, et son air contrarié inquiéta la jeune Torkos.
Pourquoi l'avaient-ils sauvée ? Elkrin n'arrivait pas bien à décrypter les expressions sur le visage de cet homme et des quelques autres membres de l’équipage, et l'affranchie espérait avoir été sauvée par des gens plus accueillants que le capitaine de l'ancien bateau.
Si ils l'avaient sauvée, ce n'était surement pas pour la tuer par la suite. Elkrin planta donc son regard dans celui de l'homme en face d'elle. Elle voulait prouver qu'elle était sans défense et complétement honnête.

Si elle le pouvait, elle leur rendrait service. Si ils ne voulaient pas d'elle, alors la Torkos espérait pouvoir être déposée dans un port sur l'île d'Opale.
En seulement quelques semaines, elle avait déjà vécu beaucoup de choses. Elle sentait son cœur s'emballer. Quand elle y repensait, c'était ça, ce qu'elle avait toujours voulu, vivre comme les choses viennent, rencontrer des gens, comme elle avait rencontré Jehan et Kenaï. Elle devait simplement faire la bonne impression, pour être acceptée, et peut-être pourrait-elle faire un bout de chemin sur ce bateau pour atteindre Opalgöor. Elle devait oublier l'ancien bateau et ce qu'elle y avait vécu. Elle devait aller de l'avant et continuer.

"Je m'appelle Elkrin. Elkrin Selrok. Et vous, qui êtes-vous ?"

Elle avait senti le courage remonter dans sa poitrine. Malgré son faible état physique, Elkrin voulait montrer qu'elle n'avait pas peur, et que son jeune âge ne faisait pas d'elle une enfant.

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Solaron Dagatan
57 ans
Riche commerçant Mésorian "légèrement" enrobé.

Solaron fut soulagé d'entendre que son navire était sauf, mais son soulagement fut de courte durée car Enguerrand venait de lui annoncer que si ce n'était pas le sien c'était celui d'un autre... Il ne pu s'empêcher d'imaginer un instant les corps bleus des noyés flotter sur la mer agité, et la vision le fit vomir une nouvelle fois dans un râle rauque. Mais dans l'horreur de se drame, on trouvait une lueur d'espoir : une rescapée.

-La pauvre enfant ! S'écria, le riche Mésorian avec compassion.

-Elle doit être traumatisée ! Ajouta-t-il.

-Donnez lui tout ce qu'il faudra ... Occupez vous d'elle. Ordonna-t-il avec sérieux. une part de lui ne pouvait s'empêcher de penser que cette enfant aurait pu être sa propre fille à un age plus précoce.

-Ne la faite pas venir ici... Je ne saurez lui imposer la désagréable odeur de cette cabine après son calvaire... Occupez vous d'elle, je montrais la voir une fois en tenu convenable... C'est à dire dans une tenue dépourvu de vomit.

-Et ramenez nous à terre... Avec cette tempête, je ne veux pas que l'on coule aussi ! Ordonna-t-il.
[

Invité

Enguerrand fut soulagé par la réaction du vieil homme. Il semblait encore plus compatissant qu’il l’avait imaginé et avait l’air d’approuver le sauvetage de la jeune fille. Il n’y avait donc pas besoin de débattre plus longtemps. Le mercenaire écouta sagement les consignes du riche mésorian puis lui répondit d’un ton confiant :

- A vos ordres ! Et ne vous inquiétez pas, cette jeune fille est entre de bonnes mains et votre bateau aussi.

Il lui sourit puis ajouta :

- Vous devriez quand même essayer de sortir un peu sur le pont pour prendre l’air, ça atténuera peut-être votre mal de mer.

Après avoir terminé sa phrase, Enguerrand se retourna puis quitta la cabine pour rejoindre Asthan et la jeune rescapée. Il arriva à leur niveau juste après que celle-ci se soit présentée à l’okanaki. Ce dernier n’eut pas le temps de lui répondre, interrompu par l’arrivée du mésorian.

- Bon, la situation est clarifiée avec le patron. Il veut simplement qu’on s’assure qu’elle aille bien et qu’on arrive à destination sain et sauf. Expliqua Enguerrand.

- Parfait. Je vais aller aider Jargh à maintenir le cap, la mer est toujours aussi agitée. Je te laisse donc t’occuper d’Elkrin. Répondit Asthan en désignant la jeune fille d’un signe de tête. Puis il partit rejoindre le torkos au gouvernail.

Le second observa le chef des Erre au Vent partir. Ce dernier semblait toujours contrarié par l’action impulsive du mésorian mais il s’était quand même montré bienveillant envers la torkos se dit Enguerrand en remarquant que le manteau d’Asthan recouvrait le corps de la jeune fille. Il s’accroupit en face d’elle, à la place précédemment occupée par l’okanaki. Elle semblait avoir repris des forces, à la grande satisfaction du mésorian. Il la fixa puis dit :

- Eh bien bienvenue à bord Elkrin.

Il lui adressa un sourire plutôt rassurant. Par rapport à Asthan, le mésorian devait certainement avoir l’air plus accueillant et moins effrayant.

- Je suis Enguerrand, le second de cet équipage.

- Et l’okanaki un peu flippant qui était là s’appelle Asthan. Ajouta Enguerrand en plaisantant.

Il essayait de mettre à l’aise la jeune fille, se disant qu’elle n’avait certainement pas dû passer les meilleures heures de sa vie pendant ce naufrage et qu’elle devait se sentir un peu perdue au milieu d’inconnus, surtout avec un équipage aussi hétéroclite que le leur.

Spoiler:

Invité

Le drôle de personnage fut interrompu par l’homme qui lui avait sauvé la vie. Elkrin se sentit étrangement et soudainement plus à l’aise. En effet, il émanait de ce mésorian une incontestable bienveillance.

De ce qu’avait entendue Elkrin, sa présence sur ce bateau ne gênait pas l’homme qui dirigeait le navire, et l’accueil que fit Enguerrand la conforta dans l’idée que les personnes sur ce bateau ne lui seraient pas hostiles. L’homme qui lui avait prêté son manteau s’appelait donc Asthan. Elkrin n’arrivait pas à déterminer quel statut avait le mésorian et l’okanaki l’un par rapport à l’autre, mais une sorte de fraternité semblait se dégager d’eux.

Enchantée, Enguerrand. Je… Merci de m’avoir sauvée, merci pour tout. Je suis désolée d’être un fardeau pour vous et votre équipage. Si vous acceptez, je peux me rendre utile, en quoi que ce soit.

Tout en s'adressant au mésorian, elle avait incliné la tête sous forme de respect et de remerciements. Elkrin se sentait terriblement gênée de se retrouver à être comme un poids pour les marins. Elle ne voulait surtout pas être remarquée ou déstabiliser l’équipage, même si ces mélanges de cultures l'intriguait fortement.

Elle se défit du manteau et le tendit à Enguerrand. Son visage avait retrouvé ses couleurs, et la jeune affranchie se sentait assez en forme pour pouvoir se mouvoir et aider le mésorian.

Invité

Enguerrand écouta parler la jeune Torkos, se disant que les remerciements n’étaient pas utiles car pour lui c’était normal de l’avoir aidée. La situation lui rappela une nouvelle fois le naufrage de sa mère. Si seulement quelqu’un avait été capable de la sauver elle aussi. La vie du mésorian aurait sans doute été très différente. Il concentra à nouveau ses esprits sur la jeune fille et lui répondit en la tutoyant, instinctivement :

- Tu n’as pas besoin de me remercier, on est simplement passé au bon moment. Et puis ne t’inquiète pas, tu n’es pas un fardeau. Ce bateau est assez grand pour un passager en plus. Tu ferais mieux de te reposer encore un peu après ce qu’il t’ait arrivée.

Il pensa à leur commanditaire qui était certainement encore en train de vomir dans sa cabine. Au final il n’était pas tellement plus utile. Il sourit une nouvelle fois à la Torkos et attrapa le manteau qu’elle lui tendait. Il est vrai qu’elle semblait aller mieux et qu’elle devrait être capable d’aider mais ils étaient assez nombreux pour faire naviguer le bateau, alors autant qu’elle se repose encore.

Mais alors qu’ils parlaient, le temps ne s’était pas calmé. Au contraire, des rafales de vent, et une mer toujours agitée continuaient de malmener le bateau qui peinait à maintenir sa trajectoire. A ce moment, une nouvelle rafale frappa de plein fouet la voile de l’embarcation qui se détacha partiellement. Le mésorian se retourna et se leva aussitôt.

- Mince ! Il faut aider Folkar à la voile ! Je vais avoir besoin de toi finalement. Dit-il en regardant la jeune fille.

Il se précipita vers le mat et attrapa une des cordes qui étaient reliées à la voile et qui s’étaient détachés.

- Il faut qu’on refixe ces cordages !

Invité

La mer agitée inquiétait la jeune torkos qui voyait les vagues grossir de plus en plus. Pour une première journée en mer, il semblerait que la nature veuille lui faire subir toutes sortes de péripéties.

Enguerrand avait décliné son offre mais s'était ravisé. L'équipage s'affairait bruyamment sur le pont et quelque chose avait enfin décidé le second du navire à la faire participer à toute cette agitation.
Elle suivit Enguerrand et rattrapa un des cordages que lui indiqua le marin. Elle observa ses gestes et tenta de les reproduire au mieux.
Des éclaboussures jaillirent de part les côtés du navire, néanmoins, ni l'équipage ni Enguerrand ne parurent se soucier des événements. Un temps comme celui là paraissait normal, la jeune torkos détacha donc son regard de la mer et se concentra sur sa tâche. Rapidement elle attrapa les dernières cordes et les refixa.

Enguerrand continua de donner quelques tâches à Elkrin, que celle-ci s’appliqua de faire.

Enfin toutes les importantes manœuvres avaient l’air d’avoir été faites, et tous les problèmes avaient l’air d’être résolus. Elkrin en profita donc pour poser enfin la question qui lui trottait dans la tête depuis quelques minutes.

Excusez-moi, mais quelle est votre destination ?

» Deux trois précisions
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» Les défis d'Asthan

C'est un fameux trois-mâts [Asthan + Elkrin]

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