Il y a tout un monde que je dois visiter alors laisse moi partir s'il te plaît

Début de printemps - An 1648

« Je t'en prie »

Ma voix suppliante et en même temps déterminé. Le regard qu'il me lançait était réellement exagéré. Je ne demandais pas grand chose en vérité seulement un peu de liberté. Je ne comprenais pas son refus, je ne comprenais pas ses raisons. Je n'arrivais pas à le comprendre tout court. Il ne me semble pas que je demande quelque chose de compliqué, je veux seulement voyager, voir du pays et accessoirement découvrir l'habitat des plantes d'Archipel. Seulement cela fait plusieurs jours et je suis là à supplier qu'on me laisse partir comme si j'avais encore une dizaine d'année. Ne pourrait-il pas comprendre que pour mon métier, pour faire ce que j'ai envie j'ai besoin de bouger ? Nan bien sur, il ne voit que la sécurité.

« Mais tu te rends compte si jamais il t'arrivait quelque chose je deviendrais quoi moi dans tout ça ? »

« Mais je sais me battre bon sang, je ne suis pas totalement démunie. Je suis pas une idiote finis. J'ai encore l'impression d'être une enfant en t'entendant. »

« C'était plus facile lorsque tu l'étais encore. »

Je le vois s'affaisser et cela me fait peur. Je m'approche de lui tranquillement et lui met la main sur les épaules. Je peux comprendre qu'il ait peur, je peux comprendre qu'il n'ait pas envie de me laisser partir parce que je ne suis jamais partit, que je suis toujours rester avec lui et aussi que je suis petite et que je semble fragile. Seulement je suis débrouillarde et j'ai envie de parcourir Archipel pour découvrir les plantes, en apprendre plus sur elle et peut être pouvoir recréer leur environnement sur épieux. Je doute que cela soit possible pour certaine, mais j'aimerais tellement pouvoir le faire. Seulement voilà des jours qu'il s'oppose à mon départ. Je suis encore trop jeune et trop fragile, voilà ses arguments. Pourtant je ne me sens pas plus fragile que cela. Contrairement à ce qu'il pense je suis forte, je me suis toujours entraîné, j'ai poussé mon corps au delà du raisonnable parfois pour acquérir cette agilité et cette maîtrise de mes dagues courbes. Seulement voilà, visiblement pour lui ce n'est pas suffisant.

« Papa, je peux comprendre tes inquiétudes, mais je ne peux pas rester là à vendre seulement les plantes d'épieux. Les gens attendent de moi un service particulier, un service que je ne pourrais leur fournir que si j'en apprends plus sur les diverses plantes d'Archipel. Je pourrais peut être recréer l'habitat des plantes et donc je n'aurais plus besoin de parcourir le monde pour les chercher. Écoute-moi je t'en prie. J'ai besoin de bouger, de voir autre chose, de comprendre le monde pour pouvoir ensuite me fondre dans la société. »

« Mais et si... »

Je savais ce qu'il allait dire, je le savais parfaitement parce que nous en avions déjà parlé. Le journal de ma mère donnait des indications très précises sur son clan, la façon de le trouver et il avait peur de m'y voir y retourner. Je savais parfaitement qu'il serait brisé si je choisissais de retourner dans le clan qui aurait dû me voir naître, mais il savait une chose aussi : j'avais besoin de savoir et ce savoir il ne pouvait pas me l'apporter, ce n'était pas possible pour lui. Cette discussion aussi avait été quelque peu houleuse. La peur de me perdre se faisait très présente dans son esprit, il avait tenté de s'y faire des années durant mais rien n'y avait fait. Il avait eu beau se dire et se répéter que de toute façon viendrait un moment où j'aurais besoin de savoir et donc un moment où je devrais m'en aller pour connaître la vérité et tout un tas d'autre chose, il n'arrivait pas à se faire à l'idée que je doive partir pour savoir qui je suis vraiment. Sa peur de l'abandon était trop présente bien trop présente pour qu'il se rende compte d'une chose importe, une chose qui faisait de nous une famille, peu importe d'où je venais, j'étais sa fille.

« Regarde moi je t'en prie. »

Il planta doucement son regard dans le mien et finalement je repris la parole.

« Dit moi, t'ai-je déjà donné une raison de penser que je n'allais pas revenir ? Tu es ma famille, celui qui m'a élevé, celui qui m'a chérit durant toute ces années. Tu es mon père, peut importe qu'on soit du même sang ou non, tu es celui vers qui je reviendrais toujours parce que pour moi tu es ma famille. Seulement j'ai besoin de savoir, pour comprendre qui je suis, ce que sont les okanakis et pourquoi ma mère est morte, je dois partir et trouver des réponses que tu ne pourras jamais me fournir. »

Je m'arrêtais un instant, puis repris tranquillement.

« Je te promets ou te jure, enfin tout ce que tu veux une chose : je reviendrais toujours ici parce que c'est ici qu'est ma vie et qu'elle l'a toujours été, depuis mes deux ans. Alors cesse de t'inquiéter. »

Je vis naître un sourire sur ses lèvres j'avais l'impression qu'il comprenait enfin ce que je voulais ou plutôt qu'il acceptait le fait que je parte loin de lui, mais que je reviendrais toujours quoi qu'il puisse arriver. Car tout ce que j'avais dit été vrai, ma famille c'était lui désormais, j'avais seulement besoin de mettre le doigt sur celle que j'étais pour arrêter de n'être qu'une moitié d'Oka ou une moitié de Méso. J'en avais assez de ne jamais savoir qui j'étais réellement. Je retenais donc mon souffle attendant sa réponse et finalement il finit par reprendre la parole.

« C'est d'accord, mais tu feras bien attention et je veux que tu revienne le plus possible. Pas question de rester des mois sans nouvelle je te préviens. Si tu ne peux pas revenir envoie au moins des courrier t'as compris ? »

« J'ai très bien compris »

Et je lui sautais au cou, trop heureuse qu'il ait choisis de me faire confiance, qu'il ait compris que je reviendrais et que je ne le laisserais pas. C'est dans cette optique que j'ai entrepris par la suite mon itinéraire de voyage.