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InvitéInvité
| Sujet: Proxénète 11/5/2014, 19:05 | |
| Proxénète.
Il y avait quelque chose de dérangeant dans ce mot. Agressif, il vous raclait la gorge et roulait d'une façon presque obscène sur la langue. Abysse n'avait pas même osé en demander la signification. L'aubergiste avait craché ce mot avec toute l'aversion et le mépris dont elle était capable. Détournant l’œil, elle avait même conseillée à l'étrangère de s'en méfier. La jeune femme avait accepté le conseil, acquiesçant silencieusement et avait rejoins la chambre qu'elle lui louait. Elle avait passé de longues heures accoudée à la fenêtre qui donnait sur la cour intérieure. Une chambre propre et presque luxueuse en comparaison de ce qu'elle avait pu connaître.
C'était d'un pas décidé qu'elle avait rejoins la grande maison du propriétaire, quelques heures avant la réception. Affable, l'homme parlait avec forces de mimiques et de manières, empruntant des attitudes qui ne lui allaient guère. Il avait beaucoup de femmes sous sa responsabilité remarqua-t-elle. A sa première visite, il avait pris soin de l'accueillir dans un salon privé et elle ne s'en était guère aperçue. A présent, elle ne pouvait s'empêcher de croiser les regards vides de ces femmes. Elles semblaient si lasses et désabusées. Quelques unes possédaient un regard noir troublant. Des Torkos, lui avait-on expliquée. La condition même de ce peuple l'intriguait.
Issue d'un peuple où la liberté était le premier don que l'on recevait, elle ne pouvait concevoir l'existence de ces hommes. Ils étaient forts, fiers parfois et pourtant si obéissants. La plupart d'entre eux semblaient s'accommoder sans aucune gêne de leur condition. Pourtant, elle rêvait de les interpeller, les questionner, les secouer et remuer leurs tripes. Mais elle ne savait rien, elle ne connaissait rien. Et par dessus, elle craignait d'offenser les Mésorians.
Elle lisait alors qu'elle attendait dans ce qui semblait être un vestibule ; du moins c'est ainsi que les Mésorians aimaient appeler ces pièces. Le propriétaire allait la recevoir lui avait-on répondu. Prenant son mal en patience, elle s'était donc armée de sa distraction favorite ; tentant d'oublier pour un instant les regards intrigués qui se posaient sur elle. Ces domestiques n'avaient certainement jamais vu d'aussi près une Okanakis, sans nul doute. |
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| Sujet: Re: Proxénète 14/5/2014, 21:44 | |
| Le bruit avait rapidement couru parmi les domestiques du bordel : le maître organisait une réception dans sa demeure et cherchait des bras supplémentaires. Il n’en avait pas fallu beaucoup plus pour que les curieux pointent le bout de leur nez devant le bureau d’Hélios afin d’offrir leur aide. L’homme, loin d’être naïf, savait parfaitement ce qui lui valait tout cet enthousiasme et en avait renvoyé la plupart à leurs taches habituelles. Ce soir là, il recevait des invités de qualité et ne pouvait s’embarrasser de domestiques qui, trop curieux de découvrir sa demeure, ralentiraient les préparatifs. En réalité, il avait déjà décidé de qui il aurait besoin pour la journée et Prama faisait partie de la liste. La domestique avait protesté en lui indiquant que ce jour là elle était chargée de garder les enfants et qu’aucun autre esclave n’avait le temps de le faire à sa place. Passablement agacé qu’on lui dise non, il avait fini par hausser les épaules en lui disant de les prendre avec elle.
C’est ainsi que Prama se retrouva dans la maison du maître avec son fils et trois autres enfants dont le plus vieux n’avait que six ans. La journée s’annonçait fatigante. La Torkos réussit à leur trouver un coin dans la cuisine où ils pourraient rester tranquillement, sans gêner les adultes tout en restant à portée de vue. Enfin, ça c’était pour le meilleur des scénarios...
* ** Les petites têtes brunes et blondes dépassaient légèrement de la table alors qu’elles guettaient le passage des adultes. Ils ne devaient pas être repérés ou leur mission échouerait et on les renverrait bien vite dans les cuisines où ils n’avaient rien le droit de faire. La grande maison dans laquelle ils se trouvaient était bien trop intrigante pour rester inexplorée. Qui sait, peut être trouveraient-ils un trésor caché ? Guidés par Victor, le plus âgé de la bande, ils tentaient de se déplacer avec discrétion sous les tables recouvertes de grandes nappes blanches sur lesquelles ont installait les décorations. Tout se passait pour le mieux jusqu’au moment où l’un d’entre eux trébucha et se cogna sur le pied de la table la faisant tanguer dangereusement au point d’en faire tomber une pile de couverts. Paniqué, le petit groupe fit demi-tour et s'élança vers la porte qui les ramènerait de là où ils venaient. Malheureusement pour eux, le bruit avait attiré l’attention et un domestique fit son entrée dans la pièce, faisant s’éparpiller les enfants apeurés.
Le petit Dregan se retrouva ainsi séparé du groupe et se réfugia sous la première nappe qu’il croisa. Ils l’avaient laissé derrière les traîtres ! Qu’allait-il faire, abandonné sous cette table alors qu’on ne cessait de passer ? Le petit bonhomme n’en menait pas large et les larmes commencèrent même à lui picoter les yeux. De son côté, sa mère avait finit par remarquer la disparition des enfants et s’était mise à leur recherche quand elle avait entendu le bruit de métal s’écrasant sur le sol. La domestique avait rapidement retrouvé les trois petits mésorians et cherchait désormais son fils. Ce dernier avait fini par se décider à sortir de sa cachette pour passer une porte laissée entrouverte. Ses yeux d’enfant s'écarquillèrent quand il l'aperçu : la petite dame aux cheveux blancs, comme Calliopée l’amie de maman. Fasciné, il s’approcha d’elle sans qu’elle ne s’en aperçoive, trop occupée par la lecture de son livre, et s’arrêta juste à côté. Sa petite main potelée attrapa une longue plume qui pendait de sa surprenante tenue et tira dessus. Quelle était douce pensa-t-il alors qu’il se chatouillait le bout du nez avec.
« Dregan ? Dregaaan ? Où est-ce que tu es ? »
Le petit garçon s’immobilisa un instant, entendant la voix de sa mère se rapprocher. |
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| Sujet: Re: Proxénète 31/5/2014, 19:20 | |
| Debout, oscillant d'un pied sur l'autre, Abysse était plongée dans sa lecture. Ce fut au détour d'une rime qu'une main curieuse et habile vint tirer une des plumes qui ornait son habit. La jeune femme ne s'en rendit pas compte immédiatement, se furent des appels au loin et le gloussement d'un enfant qui la tirèrent définitivement de sa lecture. Elle se redressa, cherchant du regard l'innommable chapardeur et tomba nez à nez avec un jeune garçon qui ne devait guère dépasser la dizaine. Mais ce qui l’interpella plus que de raison, ce fut son œil noir. Des abysses profonds et insondables qui vous renvoyaient votre propre image. Alors qu'elle se penchait légèrement pour se mettre à la hauteur de l'enfant, elle perçut de nouveau les appels. Elle échangea un regard complice avec l'enfant. Les mots n'avaient guère d'utilité dans de telles situations. Il mit un doigt devant la bouche, lui intimant le silence. La jeune femme lui répondit par un sourire malicieux avant de glisser quelques mots à son oreille. - Je ne dis rien et tu me rends cette plume.L'enfant acquiesça à contrecœur. Abysse se redressa et fit volte-face dans un élan. Une jeune femme qui devait dépasser de peu la trentaine venait de faire irruption dans la pièce. Son regard alla de l'Okanaki à l'enfant. Une moue qui se voulait sévère vint se dessiner sur son visage d'une douceur exquise. Abysse échangea un regard en biais avec l'enfant et haussa des épaules. - Tant pis, tu la gardes.L'enfant, ne se faisant guère prier, dissimula la plume dans son dos et rejoins d'un pas vif la jeune femme qui les regardaient sans comprendre. Elle posa une main sur son épaule, dévisageant Abysse. Cette dernière inclina légèrement le buste, les saluant de façon bien théâtrale. - Enchantée, je me nomme Abysse.- Spoiler:
Je suis terriblement désolée pour le temps que j'ai mis à répondre. J'avais beau avoir un peu de temps libre, je n'arrivais pas à me motiver pour répondre. J'ai honte.
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| Sujet: Re: Proxénète 12/6/2014, 23:27 | |
| Le petit Dregan s'était brusquement figé en voyant l'étrange petite femme sortir le nez de son livre pour se tourner vers lui. Il n'aurait pas du rire, elle l'avait repéré. Catastrophe. Et cette voix qu'on entendait, il n'y avait pas de doute, c’était bien celle de sa mère. Et d'ailleurs, vu son timbre de voix, elle ne devait pas être de très bonne humeur. Double catastrophe. Le jeune Torkos pensait déjà à ses pauvres petites fesses quand elles rencontreraient la main de maman. Aïeuh.
Les yeux noirs de l'enfant croisèrent ceux de l'inconnue qui s'était penchée vers lui puis se dirigèrent vers la plume. Est-ce qu'elle allait se fâcher aussi ? Non. Ca n'avait pas l'air. Bizarre. Mais tellement chouette.
« D'accord... »
Le marché ne lui plaisait pas beaucoup, il l’aimait bien cette plume. Il en voulait une toute pareille maintenant pour la montrer aux autres enfants et les rendre un peu jaloux...
Malheureusement pour les deux complices, l'échange fut interrompu par Prama qui pénétra dans la pièce passablement agacée. Traverser la maison pour retrouver le petit fuyard qui semblait s'amuser à jouer à cache-cache avec elle ne la faisait pas beaucoup rire. Elle n'avait pas de temps à perdre, les préparatifs étant encore loin d'être achevés, puis elle s'inquiétait pour Dregan, à trois ans on est très maladroit et des aimants à problèmes.
« Dre... AH ! Te voilà enfin petit monstre ! Tu ne vas pas me dire que tu ne m'entendais pas t'appeler depuis tout à l'heure !? »
Prama plissa les yeux, elle connaissait son fils par cœur et sa petite moue quand il avait peur qu'elle remarque une de ses bêtises.
« Hum. Qu'est-ce que tu caches ? »
« Rii..ien... »
Le petit bonhomme devint rouge pivoine et se tourna brusquement vers l'Okanakie à la recherche d'une quelconque aide de sa part. Sa mère en profita pour récupérer ce qu'il cachait précieusement dans son dos avant de lever la tête vers la jeune femme à la quelle elle n'avait jusque là pas vraiment prêté attention. La Torkos la contempla quelques instants sans rien dire, complètement fascinée par l'exotisme qui s'en dégageait.
« Enchantée. Je suis Prama et voici mon fils Dregan. »
L'esclave se rapprocha de l'inconnue pour lui rendre la plume dont la provenance ne faisait plus aucun doute tandis que Dregan croisait les bras fort mécontent qu'on lui retire son trésor.
« Il me semble que cela vous appartient. Toutes mes excuses, il est encore jeune et fait beaucoup d'idioties. J'espère qu'il ne vous a rien pris d'autre. »
Prama attrapa le petit par l'épaule et inclina la tête en direction de l'Okanakie.
« Qu'est-ce qu'on dit ? »
« Pardon Madame... »
La mère se baissa et récupéra son fils dans ses bras, prête à aller lui faire rejoindre les autres enfants.
« Est-ce que vous attendez quelqu'un ou avez besoin de quelque chose ? »
La Torkos lui était redevable d'une certaine façon, l'Okanakie aurait pu crier, attirer des escortes et là, elle aurait eu des soucis. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Proxénète 20/6/2014, 19:19 | |
| Il ne fit plus aucun doute quant au rôle de la jeune femme une fois que celle-ci eu sermonné l'enfant. Abysse retint un léger sourire bien qu'amusée par la situation. Elle ne voulait en aucun cas offenser la jeune mère. Et lorsque celle-ci posa enfin un regard sur l'Okanaki, elle ne put s'empêcher de tressaillir. Ses yeux la troublaient. D'une intensité et d'une profondeur sans égales, ils vous renvoyaient un reflet évoquant. Abysse n'avait pour ainsi dire jamais eu l'occasion de faire face à un véritable Torkos. Et voilà qu'elle dévisageait avec rudesse cette jeune femme menue qui n'avait rien de fragile, ni dans ses attitudes ni dans son regard.
Ses yeux allèrent de la plume qu'on lui tendait au regard troublant de la mère. Elle plissa légèrement les yeux, sa bouche empruntant une moue rieuse. D'un geste de la main, elle refusa l'objet qu'on lui tendait. Il ne lui appartenait déjà plus. Elle haussa les épaules.
- Oh ce n'est rien. Détrompez-vous, cette plume ne m'appartient guère. Le jeune Dregan me la présentait simplement et je le félicitai sur ses goûts en la matière.
Elle lui décocha un sourire espiègle.
- J’attendais en effet le maître des lieux. Mais sans doute pouvez-vous m'aider.
Elle avait conscience de s'exprimer avec sans doute trop de précautions et de manières. Elle craignait tellement d'offenser toute personne qu'elle croisait, trop peu avertie des mœurs citadines, qu'elle en faisait toujours trop. Et puis, le face à face avec une véritable Torkos la laissait davantage désemparée. A défaut de savoir comment s'adresser à elle, elle la traitait à la façon de ces nobles Mésorians pour qui elle dansait. Dans le pire des cas, elle passerait pour quelque personnage original.
- En fait, je fais partie des artistes invités pour la soirée. |
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| Sujet: Re: Proxénète | |
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