Ayla ne se souvient plus de rien avant ses cinq ans, aussi ne se souvient-elle plus de ses parents biologiques ni de ceux qui auraient pu l’élever au cours de ses premières années. En revanche, la guérisseuse Ëyhka qui l’a recueilli et élevé a occupé une importance centrale dans sa vie, jusqu’à sa mort. Elle était à la fois la mère, la guérisseuse a bravé les interdits du Clan en recueillant Ayla, le professeur, l’amie chère. Femme remarquable à bien des égards, elle deviendra le modèle et le mentor de la petite orpheline Mésorianne. Sa mort dans l'inondation qui ravagea le Clan provoqua une grande culpabilité chez Ayla, puisque celle-ci venait de lui sauver la vie dans un accouchement difficile.

Le chemenn du Clan, Morgrem, était le père d’Ëyhka et devint donc le grand-père d’Ayla. Né avec des malformations, il aurait dû normalement être abandonné tout bébé, mais les circonstances avaient voulu qu'il fût autorisé à vivre. Encore enfant, il avait recueilli un jeune loup blessé et l'avait soigné avant de le laisser retrouver les siens. Cet animal qui symbolisait en quelque sorte la divinité des Okanaki, la déesse Eliwha, devint en quelque sorte le protecteur du Clan. A la suite de ça, il avait été choisi comme apprenti par le chemenn. Bien que les pouvoirs de Morgrem – et ses difformités – furent tels que les autres membres de son clan le vénéraient tout autant qu’ils le craignaient, il fut touché par cette enfant trouvée et pratiquement sans ressources, qui suscitait crainte ou appréhension chez les autres membres du Clan ; si bien qu'entre Ayla et Morgrem s'établirent une complicité certaine, des rapports étroits entre un substitut de père et sa fille. La jeune femme a appris de nombreuses sagesses de vie grâce à cet homme qui avait autant de bonté que de bon sens et de pragmatisme. Ce fut lui qui lui enseigna qu’il y avait dans le monde bien plus que les yeux ne peuvent voir.

Puis il y eut Jolan, son âme-sœur, l’homme qui a été le premier à voir la beauté en elle, qui a réussi à l’apprivoiser puis à atténuer le dégoût profond d’elle qu’elle avait ainsi que sa culpabilité. Il lui a montré de nombreuses choses sur ce peuple dont elle était originaire. Ils ont appris à vivre ensemble, à s’aimer, ils ont échangé leur savoir, leurs croyances. Ensemble, ils ont été hors-la-loi puis parias, pris beaucoup de risques, et pourtant, ils étaient forts et tellement vulnérables à la fois. C’est grâce à lui qu’elle comprit ce qu’était une famille.

Désormais privée de son mari, ses enfants sont tout pour elle. Elle les défend avec sa vie telle une lionne protégerait ses petits, raison pour laquelle elle fut surnommée ainsi.  Ils sont tous les trois blonds comme les blés, comme l'était leur père. Jacen, est son fils aîné. Aujourd’hui âgé de neuf ans, il a des yeux d'un bleu profond, comme ceux de Jolan. Intelligent et courageux, il est très protecteur vis-à-vis de ses cadets, semblant vouloir remplacer la présence de leur père. Plus discrète et introvertie, Leöna a sept ans et des yeux verts, comme sa maman. Elle a disparu il y a moins de sept jours dans des circonstances mystérieuses. Enfin, Nayan, le petit dernier, âgé de celui trois ans a des yeux vert clair qui lui donnent un air rêveur, mais il est en réalité très observateur. Il a une ouïe plus fine qu'eux et une passion pour imiter les cris des animaux, notamment les chants des oiseaux.

Ayla avait cinq ans lorsqu’elle se retrouva séparée des siens et de la vie qu’elle avait connue. Nue et incapable de se nourrir, elle erra pendant plusieurs jours sans savoir où elle allait, jusqu'au moment où, après avoir été attaquée et grièvement blessée par un smilodon, mourant de faim, d'épuisement et de ses plaies qui s'infectaient, elle s'effondra presque morte.

Alertée par les oiseaux charognards qui tournoyaient au-dessus de l'enfant inconsciente, la guérisseuse d’un clan Okanaki vivant non loin de là, Ëyhka, trouva la petite abandonnée et la ramena chez elle pour la soigner. Elle mit à profit ses grandes connaissances des herbes médicinales et ses techniques pour soigner la petite fille et la ramener à la vie. Quand elle reprit conscience, l'enfant fut choquée en voyant que ses sauveurs étaient physiquement très différents de ceux qu'elle connaissait. Beaucoup plus petits, d’une peau plus sombre que ceux qu'elle avait connu et vêtus de peaux de bêtes, ils la fixaient avec un mélange de curiosité et d’appréhension.

Que vennait faire une petite Mésorianne ici ? Où se trouvaient les siens ?  Viendrait-il la réclamer ? Les accuserait-on de l’avoir enlevé ? Persuadés qu’ils allaient s’attirer le mauvais œil s’ils recueillaient un enfant qui n’était pas des leurs, le Clan était presque unanime sur le fait qu’elle ne pouvait rester. Malgré les vives oppositions d’Ëyhka qui s’était déjà attachée à l’enfant et prenait sa vocation de guérisseuse très au sérieux, ils s’apprêtaient à l’abandonner à son sort dans la nature lorsqu’ils furent stoppés par le chemenn du Clan.

Ce fut grâce à Ëyhka  et à ce vieil homme du nom de Morgrem qu’Ayla eut la vie sauve ce jour-là, et ce fut sans doute les deux personnes qui comptèrent le plus pour la jeune rousse, pendant longtemps. Ce fut eux qui lui enseignèrent les règles de la vie communautaire, leurs rites, leurs peurs, leurs audaces.  Ayant récemment perdue une fille du même âge, Ëyhka voyait dans la découverte et le sauvetage de la petite fille un signe. Elle demanda alors au chef du clan la permission de l’adopter, ce à quoi il finit par céder lorsque le chemenn leur assura qu'ils devaient respecter la vie et ne pouvait condamner ainsi un enfant innocent. Mais il fallut plus de temps pour qu’elle soit considérée comme membre du Clan, même si elle ne le fut vraiment jamais complètement, toujours regardée comme une étrangère.

Ce fut donc parmi les Zelonï qu’Ayla grandit, non sans difficulté. Sa différence physique était son principal handicap. Plus élancée, plus forte, une chevelure de feu… Ils la disaient « laide », comme s’ils parlaient d’une défiguré, et même sa mère de substitution ne pensait pas qu’un homme du Clan puisse un jour vouloir d’une femme comme elle, ce qui l’encouragea d’autant plus à la désigner comme apprentie, à lui transmettre son savoir de manière à faire d’elle une membre indispensable du Clan et ainsi de la protéger.

Alors que les années passaient, Ayla les surprenait par sa puissance de raisonnement qui lui permettait de s'adapter, de réagir rapidement et de ne plus être totalement dépendante de son environnement.  Avec les années, elle dépassa rapidement les autres membres du Clan en taille, en savoir, en détermination. Elle s'opposa souvent à leurs coutumes, enfreignit leurs règles comme lorsqu’elle commença à chasser en secret à l’âge de onze ans, persuadée de pouvoir ainsi les aider suite à une saison mauvaise qui mettait en péril le Clan. Elle avait simplement observé en secret les chasseurs, ramassé une arme, appris à l'utiliser, seule. Le Clan songea plus d’une fois à la supprimer, la considérant comme de plus en plus dangereuse, mais ce fut la protection du chemenn et de la guérisseuse qui réussit à la sortir d’embarras.

Cependant, lorsqu’elle eut quatorze ans, elle fit la rencontre d’un Mésorian mortellement blessé et lui sauva la vie. Ce fut ainsi que débuta une idylle interdite entre les deux jeunes gens. Le Mésorian en question, du nom de Jolan, avait été traqué après avoir été piégé et injustement accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis. Elle ne savait cependant pas tant de choses que cela sur son passé qui semblait le peiner et le remplir d'amertume.

Jolan était différent d’elle, du Clan, et pourtant il ne cessait de l’émerveiller, de lui faire découvrir des parts du monde qu’elle n’aurait jamais imaginé, de la faire rire… Auprès de lui, elle ne se sentait plus laide, trop grande, trop maladroite… Elle se sentait bien, tout simplement, et elle ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de se produire, ne pouvant pas s’imaginer que quelqu’un puisse la voir de cette manière, comme une femme, une belle femme qui plus est.

Ayla avait quinze ans lorsqu’elle tomba enceinte. Cela fit un grand bruit au camp mais désireuse de protéger son aimé, elle refusa de révéler l’identité du père. Ce fut aussi la grande surprise pour Jolan, une heureuse surprise. Il lui demanda alors de venir avec lui, de quitter le Clan pour qu’ils élèvent ensemble leur enfant. La jeune femme ne pouvait pas encore se résoudre, et ce n’était pas que par loyauté envers le Clan mais parce qu’elle allait laisser derrière deux personnes qui comptaient beaucoup pour elle.

Peu après avoir mis son enfant au monde, un petit garçon, et non sans avoir failli y perdre la vie, leur secret fut découvert et au même moment un grand malheur se produisit, une inondation, qui fit de nombreux morts parmi les membres du Clan et causa notamment le décès d’Ëyhka. Mortifiée, Ayla passa en jugement et cette fois-ci, Morgrem la condamna également, lui disant que les lois du Clan avaient été bafouées et que puisqu'elle avait choisi un Mésorian, elle devait retourner auprès du peuple de ses origines.

La jeune femme fut alors bannie et on la marqua sur l’épaule. Elle était désormais devenue une paria, une criminelle, elle et son enfant, et lorsqu’elle fut jetée de l’endroit où elle avait grandi, personne ne lui accorda un regard ni une parole. Le cœur lourd de la perte de sa mère adoptive puis par la haine et le dégoût qu’elle avait lu dans les yeux du chemenn,  Ayla finit cependant par retrouver Jolan avec qui elle réussit à vivre pendant plusieurs années.

Deux ans après leur premier enfant, Jacen, ils eurent une fille qu’ils appelèrent Leöna, puis quatre ans encore après, un fils à qui ils donnèrent le nom de Nayan. Ensemble, ils étaient heureux, et avec une telle famille c’était plutôt comme s’ils étaient bénis plutôt que maudits. Pourtant, comme l’avait prédit le chemenn à la jeune femme, ce moment n’allait pas durer et des temps difficiles s’annonçaient.

La petite famille s’était sédentarisée dans une caverne et vivait principalement de la chasse, de la cueillette et de la pêche. Ils avaient même réussi à apprivoiser des animaux, dont un jeune smilodon qu’ils appelèrent Köru. Cependant, suite à des crues abondantes et à la destruction d’une partie de leur habitat, ils durent migrer et ce fut en voyage qu’ils tombèrent sur des Okanaki chasseurs d’humains. Ils réussirent alors à enlever Ayla et ses trois enfants mais peu de temps plus tard, Jolan réussit à les libérer, non sans y laisser la vie.

Seule, bien que plus ou moins accompagnée de Köru, Ayla erra à travers les steppes désolées pendant un an, protégeant toujours farouchement ses trois enfants, non sans difficulté. Heureusement, Jacen gagna rapidement en maturité et en responsabilité et pouvait ainsi prendre soin de ses cadets lorsque sa mère était à la chasse. Cependant, sept jours avant le début de notre histoire, Leöna disparut, en pleine nuit. A présent, Ayla est à sa recherche et rien ne la fera s’arrêter tant qu’elle ne l’aura pas retrouvé, où qu’elle soit.