La nuit avait été agitée. Très agitée, même. Calliopée n'avait pas eu un seul moment de repos. Elle avait passé la nuit entière avec l'un de ses riches clients qui adorait la faire prendre son pied durant de longues heures, et adorait qu'elle se laisse faire. C'était plutôt agréable, cela ne faisait aucun doute, mais non pas moins épuisant pour autant.

Durant la matinée, elle avait en plus du enchaîner avec un autre homme, et puis un troisième. Au final, elle devait probablement avoir veillé depuis non loin d'un jour entier, et en fin de matinée elle tombait de fatigue. Fort heureusement pour elle, ses implications lui avaient valu une après midi et une soirée complète de congé, de quoi se reposer de ses prouesses. Elle s'était fait couler un bain au lait d'ânesse bien chaud juste après son déjeuner. Se prélasser dans ce liquide aux effluves de rose détendait chacun de ses muscles et plongeait Calliopée dans un profond état de détente. Fermant les yeux, elle savourait cet instant de bien être après avoir tant travaillé.

Elle resta ainsi dans son bain durant de longues minutes avant de se décider à en sortir. N'enfilant que son déshabillé en soie sauvage récemment acquise grâce à son travail, la jeune femme tira ensuite le rideau et s'installa confortablement sur son lit. S'allongeant avec grâce sur son lit et se glissant sous les draps frais qui caressaient ses jambes. Elle s'endormi assez rapidement, laissant son esprit voguer jusqu'à sombrer totalement dans les abysses les plus profondes d'un sommeil réparateur.

Les brumes du sommeil s'estompèrent pourtant quelques temps après cela lorsqu'une voix douce tenta de réveiller la jeune femme. Elle entendait, mais refusait d'ouvrir les yeux. Se roulant d'avantage dans les draps, elle espérait que l'intruse sortirait rapidement mais cette dernière ne semblait pas décidée à la laisser dormir. Elle reconnu la voix de Prama, et fut certaine de la personne lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux.

« On en a tué pour moins de ça, tu le sais ? »

Péniblement, la fille de joie se redressa et s'adossa à la tête de lit, dévisageant sa domestique. Elle avait quelque chose de particulier ce jour là, ce n'était pas dans l'habitude de Prama de déranger Calliopée lors de ses congés. Peut être y avait-il un problème avec Dregan ? Non, peu probable. Elle n'afficherait pas ce sourire béat ni cette joie visible de vivre. Calliopée sourit à la torkos.

« Que t'arrive t-il Prama ? J'espère que tu as une raison valable de m'avoir réveillée, tu sais comme moi que je n'ai pas eu une nuit des plus calmes. »

Calliopée bougonna légèrement, mais elle accepta avec plaisir la tasse de thé tendue par Prama. Elle en bu une gorgée, et la chaleur du liquide lui fit un bien fou. Elle assista ensuite à des allées et venues troublantes de la part de sa domestique. Elle l'avait réveillée et maintenant, c'était comme si elle gagnait du temps. Elle avait piqué sa curiosité... Qu'avait-elle bien à lui dire ? Alors qu'elle s'approchait de nouveau du grand lit, Calliopée s'empara des mains de la jeune femme.

« Cesse de gesticuler et viens en au fait Prama. Ca ne te ressemble pas d'être aussi nerveuse, tu commences à m'inquiéter. »

La jeune femme finit alors par annoncer qu'elle avait un secret. Calliopée tendit alors les oreilles, elle raffolait des petits secrets des autres, c'était d'ailleurs un de ses plaisirs de son métier. Soutirer des informations aux hommes après les avoir contenté. La putain soupira intérieurement. Elle avait eu beau tenter de contacter le commandant de la garde et de demander des informations à son sujet, depuis quelques temps elle n'avait plus aucune nouvelle de lui. Elle en souffrait, bien sûr, il ne faisait aucun doute qu'elle s'était attachée plus que de raison au jeune homme. Elle secoua la tête. Bécasse, cela lui apprendrait à se laisser aller à la sentimentalité. Une fois de plus, Prama se leva pour vérifier que personne ne les espionnait. Calliopée fronça les sourcils. Etait-ce vraiment si secret que ça ?

Lorsque la torkos lui annonça qu'elle avait revu le père de son fils et qu'elle avait passé la nuit avec lui, Calliopée haussa les sourcils. C'était ça son super secret ?

« Eh bien Prama, c'est une bonne nouvelle ça ! D'autant plus que ton ptit bout a besoin d'un père, c'est évident. Alors la flamme est rallumée entre vous ? J'ai toujours pensé que la plupart des relations sexuelles qu'avaient les torkos n'était que pour le plaisir charnel, je ne me doutais pas que tu étais liée à ce garçon mais vu la manière dont tu réagis à cela, il est évident que tu tiens à lui. Alors raconte moi, cette nuit, c'était comment ? »

Calliopée était curieuse de savoir ce que sa domestique allait lui dévoiler. Elle avait toujours adoré les histoires sexuelles des autres. Elle se complaisait ensuite dans le fait d'être la plupart du temps plus douée que les autres femmes. Et de pouvoir satisfaire avec une pratique incroyable les hommes dont elles parlaient. Mais évidemment, il n'en était pas de même dans cette situation là. Elle était simplement ravie pour son amie.

Calliopée était légèrement déçue par la non réponse de la jeune femme à propos de la nuit qu'elle avait passé avec son amant, mais la déception laissa rapidement place à la surprise. Elle allait... Quoi ? Calliopée en lâcha sa tasse sur ses genoux, se brûlant au passage avec le liquide chaud. Elle se leva précipitamment et ôta son déshabillé afin de cesser le contact. Elle s'empara ensuite du drap qui recouvrait le lit, ne se préoccupant pas de Prama durant quelques secondes. Elle s'enroula dans le tissu et se retourna, désormais bien réveillée.

« Partir ? Tu as l'intention de disparaître au nez et à la barbe d'Hélios ? As tu perdu l'esprit Prama ? Je comprends que tu veuilles une vie meilleure pour ton fils mais votre race a été réduite en esclavage, et quitter son maître sans son consentement est un délit. »

Pour être honnête, la fille de joie était partagée. D'un côté, elle considérait le travail des torkos comme normal auprès de la race mésorianne, et l'entendre lui confier qu'elle voulait rompre ses devoirs envers la maison de plaisir l'irritait profondément. Mais d'un autre côté, Prama était son amie et elle comprenait qu'elle cherche à protéger son fils. Elle lui rappelait Irvhin qui avait du s'enfuir également pour une vie meilleure. Bien sûr, les situations étaient vraiment différentes, il n'y avait même aucun point commun. Excepté qu'en s'enfuyant avec son homme, Prama deviendrait une fugitive. Comme Irvhin. Une hors la loi. Comment imaginait-elle la suite ? A moins de ne rejoindre une cité libre, il ne faisait aucun doute que rester aux Roses d'Orion était la meilleure des solutions.

Calliopée resta silencieuse quelques temps, se contentant de regarder Prama sans rien dire. Que devait-elle faire ? Aider son amie, ou être fidèle à ses convictions et prévenir Hélios de la situation ? Il y a quelques temps, elle avait déjà trahi son peuple en aidant ce groupe de hors la loi et faisant un deal avec eux. Elle s'en était voulu, même si elle était soulagée que son ami soit désormais protégé. Après tout, Dregan ne méritait-il pas de vivre une vie libre ? Et Prama, ne le méritait-elle pas ? Si Calliopée avait été la maîtresse de Prama, elle lui aurait probablement rendu sa liberté, mais que pouvait-elle faire à son niveau ?

« Comment imagines tu la suite Prama ? Si tu t'enfuis de l'établissement, il ne fait aucun doute que les hommes d'Hélios te chercheront. Tu sais aussi bien que moi comment il est, et ça serait dangereux pour toi comme pour ton fils. Je me doute que ton amant te protégera, mais pour combien de temps ? Réfléchis bien, préfères tu pour ton fils une vie de servitude auprès de sa mère, ou une vie de servitude avec une mère derrière les barreaux, ou pire que ça ? Et même si tu réussis, tu as tout ici. Un toit au dessus de ta tête, de la nourriture trois fois par jour, l'hygiène. Si vous allez dans une cité libre, penses tu réellement que ton enfants pourra grandir avec un tel luxe ? »

Calliopée n'avait pas encore décidé si elle aiderait son amie ou si elle aiderait l'homme qui l'avait prise sous son aile depuis toutes ces années. Elle essayait donc de dissuader la jeune femme de s'enfuir, même si elle doutait fort de sa capacité à faire changer la torkos d'avis.

Calliopée se saisit de la robe que lui tendait sa domestique, et alors qu'elle la passait, elle réfléchissait à ce que Prama venait de lui annoncer. Les inquiétudes de Calliopée avaient surement sonné comme un reproche aux oreilles de la torkos, mais la vérité c'était que la mésorianne s'inquiétait pour son amie. Elle voyait mal comment elle pourrait s'enfuir avec son fils, Hélios s'en apercevrait immédiatement et contacterait les élites aussi sec. Habillée, Calliopée soupira et reposa ses fesses sur le lit comme le lui avait demandé Prama. Elle regardait la jeune femme dans les yeux.

« Je me doute que tu n'es pas une idiote, Prama. Je suis simplement inquiète... Tu sais que je n'aime pas les enfants, mais je me rends bien compte que tu veuilles le protéger, après tout c'est ton fils. Mais comment pensez vous vous enfuir ? En pleine nuit ? Et où comptez vous aller ? Si vous restez sur cette île vous risquerez de vous faire attraper. Et si vous comptez quitter l'île, comment comptez vous vous payer la traversée ? »

La fille de joie bombardait littéralement son interlocutrice de questions sans réellement s'en apercevoir. Elle aurait aimé trouver les mots pour faire changer son amie d'avis, mais cela semblait plutôt mal parti. Calliopée se leva et alla s'adosser à l'immense fenêtre en pied de sa chambre. Elle allait encore une fois perdre une personne qu'elle appréciait. Les débuts avec Prama avaient été difficiles, mais avec le temps la mésorianne avait réellement appris à apprécier le caractère fougueux et gonflé de sa domestique. Et voilà qu'elle voulait la quitter. Irvhin aussi, avait du a quitter pour sa propre sécurité. Quant à Miguel, elle n'avait plus aucune nouvelle de lui. Etait-ce son métier le fond du problème ? Ou bien peut être était-ce elle même le problème. Elle se rendis compte à cet instant qu'elle enviait ses amis. Ils osaient faire quelque chose d'intéressant de leur vie, ils voyaient du monde, prenaient des risques. Oh, bien sûr, Calliopée adorait toujours autant son métier et elle n'avait aucunement l'intention de le quitter. Mais l'adrénaline et l'excitation qu'elle avait ressenti face au danger lorsqu'elle avait vécu cette petite mésaventure sur les quai plusieurs lunes auparavant lui manquait. Elle avait envie de plus que ça.

Calliopée tourna la tête vers son amie qui n'avait pas bougé de la chambre, et qui affichait toujours cet air déterminé. Elle soupira et esquissa un sourire triste.

« Je comprends, Prama. Mais je dois déjà m'inquiéter pour Irvhin depuis qu'il s'est enfuit. Je ne veux pas m'inquiéter pour toi aussi. Si tu le veux, je demanderai à Hélios de t'accorder l'affranchissement. Bien sûr, ça ne t'apportera pas grand chose de plus que de t'enfuir en pleine nuit, mais au moins tu ne risqueras pas les élites, et ton fils non plus puisqu'il n'a pas encore l'age d'être asservi. Hélios le laissera partir avec toi j'en suis sûre. »

« Prama, tu sais très bien que Hélios ne peut rien me refuser... Je saurais le convaincre, même si je dois en payer ensuite le prix et travailler dix fois plus dur. C'est trop dangereux pour toi, et pour Dregan de vous enfuir et de devenir hors la loi. Je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose. Si vous faites ça je... »

"Je" quoi ? Pensait-elle réellement être capable de trahir son amie la plus proche pour simplement la garder auprès d'elle ? Le danger était réel si elle s'enfuyait ainsi sans crier gare. Mais pourrait-elle trahir sa confiance ? Prama était la dernière petite lueur bienfaitrice dans la vie actuelle de Calliopée. Même sa condition commençait à l'agacer depuis quelques temps. Elle ne serait probablement pas capable de rester bien longtemps dans cette situation, elle avait besoin de nouveauté, de changement, de danger. Finalement, elle enviait Prama d'avoir la possibilité de s'enfuir avec son amour. Car les deux amours de la fille de joie ne donnaient plus aucune nouvelle à cette dernière. L'un, élite, injoignable depuis plusieurs lunes. Rien n'était plus difficile que l'attente et l'incertitude alors qu'elle s'était enfin laissée aller cette fameuse nuit à l'aiguiller sur les sentiments qu'elle pouvait éprouver pour lui. L'autre, torkos désormais en fuite. Un homme qu'elle avait sauvé, un homme qu'elle avait aimé le temps d'une nuit. Un homme pour qui elle pourrait tout faire, elle s'était même alliée à un groupe de hors la loi pour lui permettre de s'enfuir et de sauver sa tête. Un homme pour qui elle éprouvait des sentiments si forts. Amoureux ? Non. Une amitié pure et fusionnelle. Il lui manquait tellement.

Calliopée regarda la torkos dans les yeux, tentant par un regard de lui faire changer d'avis, de protester. Elle n'était pas réellement sure de la raison pour laquelle elle voulait la faire rester, ou même la faire affranchir par Hélios. Etait-ce pour son propre bien ? Pour ne pas rester seule, pour ne pas avoir à quitter une personne de plus ? Ou bien pour la jeune femme qui avait sa vie devant elle et qu'elle souhaitait aider plus que tout. Subitement, elle pris Prama dans ses bras. Ca n'arrivait jamais, elle n'était pas du genre à câliner les autres, pas même pour les réconforter. Mais en cette situation, elle avait l'impression qu'on lui arrachait un morceau d'elle. Une lueur qui l'empêchait de céder à la panique.

« Prama, ne me quitte pas je t'en prie. »

Calliopée se laissa guider par Prama et accepta avec plaisir la nouvelle tasse thé qu'elle lui offrait. Il était vrai que les vertus du thé étaient prouvées, et une fois de plus cela lui permettait de se calmer et de relativiser. C'était vrai qu'elle se sentait abandonnée depuis quelques temps, mais était-ce une raison pour être égoïste et empêcher son amie de changer de vie ? Après tout si elle lui en avait parlé c'était parce qu'elle lui faisait confiance. Elle n'avait pas le droit de l'en empêcher, ni de la trahir.

Elle leva brusquement la tête lorsque la jeune femme évoqua Irvhin et Miguel. Bien sûr, cela la travaillait mais l'entendre à haute voix rendait le tout tellement réel qu'un élan de tristesse la gagna d'avantage. Elle s'agaça cependant d'entendre la trokos évoquer son avenir au sein des Roses. Elle fronça les sourcils.

« Prama, tu sais aussi bien que moi que je ne quitterais ce métier pour rien au monde. J'aime mon travail, et il est hors de question que j'en change. Je pensais avoir été suffisamment claire à ce sujet avec toi. »

Son ton était sec. Elle avait beau adorer la jeune femme et y être vraiment très liée, elle ne pouvait supporter que l'on sous entende qu'elle quitterait un jour les Roses d'Orion. Certes, elle commençait à avoir envie de plus que ça, mais cela n'impliquait pas forcément de quitter le métier qui la faisait vivre et dont elle savait être plus que douée. Pour sûr, jamais elle ne quitterait les Roses. Le seul qui aurait éventuellement pu semer le doute dans son esprit était Miguel, et encore, si elle l'avait envisagé - ou du moins si l'idée lui avait vaguement effleuré l'esprit - elle était bien vite redescendue sur terre depuis qu'il ne lui donnait plus de nouvelle et qu'elle ne le voyait plus. Elle était une fille de joie, et elle mourrait fille de joie.

Elle soupira, se concentrant pour ne pas laisser son esprit voguer trop longtemps. Ce n'était pas le sujet, ce qui importait à cet instant c'était avant tout Prama et ce qu'elle avait annoncé à la mésorianne. Ce qu'elle envisageait, ce qu'elle était prête à faire comme efforts et comme sacrifices en retardant au maximum son départ alors que tout ce qu'elle souhaitait c'était libérer enfin son fils et le laisser vivre sa vie libre. Cela touchait la jeune femme, et elle se radoucie aussitôt. Elle déposa la tasse sur la table de nuit et pris les mains de Prama.

« Je suis touchée, Prama. Vraiment, je n'ai pas envie que tu t'en ailles... Mais je ne peux pas te demander de te priver pour moi. J'espère ne pas me réveiller un jour et ne plus te voir auprès de moi, du moins pas tout de suite. Mais si l'occasion se présente à toi et au père de Dregan, il faut que tu la saisisses... Ne te préoccupe pas de moi, je m'en sortirais même si te perdre aussi sera difficile... Y a t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous aider ? »

Calliopée ne put se retenir de lever les yeux au ciel. Elle n'avait jamais vraiment pris le temps d'expliquer à son amie ce qui la liait aux roses et à quel point Hélios avait été présent et attentionné envers la putain. Envisager quitter cet établissement n'était tout simplement pas possible pour elle, mais elle préféra ne pas relever. Après tout, ce n'était pas le sujet de la conversation.

Calliopée soupira. Elle ne pouvait l'aider, très bien. Elle s'en sentait toutefois inutile et encore une fois mise de côté, mais elle comprenait le choix de la torkos. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était lui promettre de ne pas signaler son absence immédiatement le moment venu. Après tout, Hélios s'en apercevrait peut être même tout seul.

« Très bien, si c'est là la seule manière de vous aider je ferais en sorte que l'on ne remarque ton absence que le plus tard possible. »

La jeune femme serra à son tour les mains de son amie. Elle n'avait jamais réellement aimé les adieux, et encore moins les adieux sentimentaux mais elle devait bien admettre que Prama lui manquerait, et qu'elle lui était reconnaissante de tout ce qu'elle avait pu faire pour faire en sorte que la fille de joie se sente bien dans sa chambre. C'était le rôle des domestiques, certes, mais ce n'était pas pour autant une raison pour dénigrer leur travail ou considérer cela comme totalement juste et normal. Après tout, il y avait plus d'une domestique dans la maison close qui ne faisaient pas autant attention aux détails que Prama pouvait le faire avec Calliopée.

La jeune femme rompit le contact de leurs mains et se leva. Cet entretient la rendait de plus en plus triste et pensive sur son état actuel. Elle tourna le dos à Prama avant de la congédier.

« Tu me manqueras aussi, Prama. Mais n'en parlons plus, je risquerais de changer d'avis en ce qui concerne ma position sur ton départ. Laisse moi à présent je te prie. »

Ses paroles ne se voulaient pas froide ni déplaisantes, elle était simplement triste et blessée de devoir encore se séparer d'une personne à qui elle était liée. Elle attendit que la torkos sorte de la chambre pour s'affaler sur son lit, sur le dos, la tête pleine de pensées diverses. D'abord il y avait eu Irvhin. Ensuite, Miguel ne lui avait plus donné de nouvelles, elle se demandait même s'il était encore vivant. Et maintenant, Prama la quittait aussi. Etait-ce elle qui faisait fuir les gens ? Devait-elle trouver ça normal de consacrer sa vie à un métier qui lui plaisait, sans aucune autre finalité ? Chacun s'en retournait vers d'autres aventures, et elle les trouvait cinglés de refuser à ce point une vie rangée. Mais était-ce encore le cas ? Depuis sa rencontre quelques lunes plus tôt avec ce fameux Ellhrann, elle avait cette espèce d'excitation dans les entrailles. Elle avait fait quelque chose de mal en l'aidant et en marchandant avec lui, elle en avait pleinement conscience. Du moins, quelque chose de mal d'un point de vu mésorian. Et pourtant elle avait apprécié marchander avec cet homme là, elle avait apprécié lui fournir des denrées. Et elle espérait réellement avoir l'occasion de le revoir. Si elle avait à l'époque refusé de lui confier des renseignements pouvant mettre en branle les élites, la situation avait bien changé. Elle regrettait de ne pas avoir saisi l'occasion de mettre un peu de piquant dans sa vie. Elle ignorait ce que le hors la loi aurait pu lui demander, mais l'idée de devoir soutirer des informations à des hommes puissants par le biais d'une partie de jambes en l'air lui plaisait bien. Après tout, ne pouvait-elle pas vivre d'aventure tout en continuant son métier de putain ? Maintenant qu'elle y réfléchissait sérieusement, elle devait bien admettre que... Si.

Fin du RP