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| A l'abordage ! |Sujet privé| | |
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| Sujet: A l'abordage ! |Sujet privé| 27/1/2015, 21:06 | |
| Rappel du premier message :Notes : Etant donné qu'on va être pas mal sur ce rp, je propose d'établir un ordre plus au niveau de la logique que chronologique si ça vous va. En sachant que si Gallien intervient, ce ne sera pas tout de suite, et que Rhaas apparaîtra plutôt en milieu je pense. J'ai posé les bases, ainsi que la date après évaluation des distances de navigation et des lieux où vous êtes passés avant, surtout n'hésitez pas à me signaler si je dois changer quelque chose ! Je savais pas trop comment trouver le bateau dooooooonc, je mise sur le hasard ou si quelqu'un reconnaît un truc /BUS/ BREF ! Et sur ce... Let's goooooo ! 36ème jour d'Automne - Port clandestin quelque part sur les côtes d'Îleval. Lorsqu'elle avait fui le camp de la meute, Khalee était dans un tel état qu'elle n'avait pas songé à demander plus que de foutre le camp. Réaction légitime mais toutefois irréfléchie, puisqu'elle n'avait à ce moment-là toujours aucune idée du chemin qu'elle devrait suivre pour prendre un bateau vers Opale.
Après avoir couru avec Nova jusqu'à ce que la nuit tombe, elle s'était finalement arrêtée pour tenter de remettre ses idées en place. Rien n'y faisait, et si la présence du kaasar de l'ombre suffisait en général à l'apaiser, cette fois-ci les maux étaient trop grands pour être soignés par un abus de fourrure. Les deux jours suivants, elle s'était contentée de chasser pour se nourrir entre les crises de larmes qui la fatiguaient. Le lendemain, un membre de la meute était venu la trouver, avec toute la prudence du monde, pour finalement lui indiquer où se rendre. Elle avait bien songé à passer ses nerfs sur lui, mais elle savait que rien ne suffirait à éteindre la flamme de la rage qu'elle ressentait contre le véritable instigateur de son mal être. Il avait décampé bien vite, sans même lui dire qui lui avait demandé de lui livrer l'information qui lui permettrait peut-être de rentrer... là où elle avait fui il y a de cela des années. Quant à savoir si ce qu'il lui avait dit était fondé, elle n'avait de toute façon aucune autre façon de procéder. Ainsi, plusieurs jours durant, elle avait suivi la route imprécise, déambulant en ruminant, en essayant de faire taire ses pensées.
C'est comme ça qu'elle se retrouva aux abords d'un port clandestin, en quête de trouver le fameux bateau qui accepterait de lui faire traverser la mer jusqu'à Opale. Aucune certitude que le capitaine accepterait cela dit, mais elle n'avait pour l'instant pas d'autre alternative qu'essayer.
Seulement trois navires trônaient là, mais il y en avait suffisamment pour qu'elle risque de se tromper. Elle observa les vaisseaux tour à tour. Aucun ne ressemblait à celui qu'on lui avait décrit.
Cet enfoiré s'est foutu de moi, j'le savais...
Nova inclina sa tête touffue en guise d'interrogation, prenant soin de rester à proximité de la sang perdu, l'environnement dans lequel ils se trouvaient n'était pas des plus rassurants. Khalee dissimula davantage son visage sous sa cape, passant les doigts sur les marques à son cou, vestige d'une douleur gravée à même sa chair.
Lorsque quelqu'un la bouscula dans la foule, elle eut le réflexe de sortir le poignard qu'elle avait emporté lors de sa fuite. L'ombre maladroite avait continué sa route, et elle se mit à observer l'arme, s'égarant dans ses pensées. Et dire qu'elle aurait pu le tuer avec cette lame, elle avait eu sa nuque à porter de bras, et pourtant, elle n'avait pas eu le courage de le faire. Non, elle s'était contentée de le menacer, comme si elle s'était attendue à autre chose. Mais à quoi exactement ? Elle soupira. En attendant, elle n'avançait pas. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 28/4/2015, 23:28 | |
| À bord du Joyau Ardent De toute évidence, cette journée resterait dans ses souvenirs comme l'une des plus pénibles de sa vie. Tout et tous concouraient à lui rendre la vie impossible. La loi de l'emmerdement maximal, songeait-elle en grinçant des dents sur la dunette. Drake lui-même avait sa part de responsabilité dans son état d'énervement actuel. Sa manière de lui jeter le problème de l'étrangère dans les bras ne lui ressemblait pas toutefois, et elle comprit qu'il s'isolait volontairement pour régler des affaires plus graves encore. Le sort d'Eden, peut-être ? Avec leur passagère à bord, il allait être nettement plus difficile de se débarrasser de la prisonnière proprement. Cependant, s'il avait mentionné le nord, ce n'était pas sans raison et elle saisit instantanément quels étaient ses projets. L'idée du nord et d'Îleglace amena un souvenir dans son esprit mais elle s'empressa de le chasser. Elle n'avait approché des grands lacs qu'une seule fois mais une étrange pudeur l'avait retenue d'aller plus avant. De toute façon, ça ne l'aurait pas aidée.
Le Capitaine rassuré par sa réponse était redescendu vers sa cabine et il ne lui restait plus qu'à gérer la nouvelle venue qui ne devait pas être ravie, pour sa part. L'Okanakie avait dans l'idée qu'attacher son Khaasar n'allait pas lui plaire du tout et qu'elle serait mécontente qu'ils fassent un détour par le nord avant de revenir vers le sud. Mais après tout, elle pouvait aussi bien descendre au prochain port et trouver une autre embarcation. Ou même choisir de ne pas venir avec eux, ce qui serait un immense soulagement pour eux tous. En attendant, il lui incombait de s'occuper de l'installer. Enfoiré de Drake ! Elle redescendit donc de la dunette et allait approcher de l'étrangère quand son oreille capta les braillements de cette folle d'Eden. Aussitôt en alerte, elle désigna l'étrangère aux deux pirates les plus proches.
- Elle reste ici avec sa bête, j'ai quelque chose à régler en bas.
Ce n'était pas une question ni une suggestion. À eux de se débrouiller pour éviter que l'une ou l'autre des deux créatures descende jusqu'à la cale où elle s'apprêtait à aller faire taire cette andouille de mésorianne. À son attitude et ses mots, on pouvait croire qu'elle allait simplement prendre des dispositions pour accueillir les deux passagers. Quelques instants plus tard, elle avait atteint la coursive et fut frappée par l'odeur ferreuse de sang qui lui envahissait les narines. Pourquoi Eden hurlait-elle comme une démente qu'elle avait soif alors qu'elle était manifestement blessée ? Il y avait quelque chose d'étrange dans tout cela, son instinct ne pouvait pas la tromper. Pourtant... Que pouvait bien faire une mésorianne affaiblir et enchaînée à fond de cale ? Elle déverrouilla la porte donc et poussa le battant, une main sur la poignée d'un tolohok. La pièce était dans la pénombre mais elle voyait bien qu'Eden n'était pas à l'endroit où elle devait être.
- Qu'est-ce que tu trafiques, grande saucisse ? Tu veux que je t'assomme pour t'apprendre à me déranger ?
Rien ne bougeait et pourtant, elle entendait le souffle de la jeune femme, elle savait qu'elle était là, juste à côté. Quel démon la poussa à franchir le seuil et avancer dans la pièce, elle ne le saurait sans doute jamais mais elle le fit pourtant. Son instinct de chasseuse en alerte l'informa immédiatement du changement de rythme de la respiration de la prisonnière et du mouvement d'air. Elle bondit mais pas assez vite cependant pour éviter complètement l'attaque. L'un des poings serrés d'Eden l'atteignit à la tempe et elle recula jusqu'à heurter une pile de caisses avec laquelle elle s'effondra.
- Putain de journée ! Eut-elle le temps de songer avant de fermer les yeux.
Elle ne perdit pas connaissance heureusement, mais elle était sonnée et il lui fallut un moment pour se remettre debout et s'élancer à la suite d'Eden qui avait profité de sa faiblesse passagère pour s'élancer dans la coursive vers l'échelle qui la mènerait à l'entrepont puis au pont supérieur. En temps normal, elle l'aurait certainement rattrapée rapidement mais elle était ralentie par son étourdissement et Eden galvanisée par sa motivation. C'est pourquoi, elle se fendit d'un cri, elle aussi, pour prévenir l'équipage.
- Arrêtez-la !
Finalement, elle allait peut-être tuer la prisonnière de Drake elle-même avant qu'ils aient pu la débarquer à terre.
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 29/4/2015, 07:07 | |
| Sauve ta vie...
Eden patientait, sagement, le coeur tambourinant dans sa poitrine, le souffle court. Qu'était-elle entrain de faire ? Une connerie vraisemblablement, mais une connerie qui pourrait peut-être lui sauver la vie. Elle ne souhaitait pas s'en prendre à l'Okanakie, la seule ayant eut un comportement correct avec elle, mais de tout l'équipage, la petite personne serait bien la seule à ressentir un coup porté sur la tête non? Les autres ne sentiraient qu'un vague choc tant la Mésorianne était faible de nature. Un coup porté sur la tête, par Hygérie, Eden n'avait jamais frappé quiconque et la simple idée d'agir de la sorte la mortifiait. Mais l'adrénaline la galvanisait et elle devait saisir cette opportunité. Si elle pouvait assommer Eve et s'enfuir, elle pourrait se jeter hors du bateau. Les jambes libres, elle pourrait nager. Oui, elle pouvait faire tout ça. Elle le devait.
La porte s'ouvrit et le souffle de la jeune femme se suspendit, prête à frapper. La douleur était toujours présente mais plus diffuse et ses mains jointes en poing l'aidaient à maintenir son poignet brisé. Elle ne faisait plus attention à l'odeur du sang qui enivrait ses sens et qui semblait au contraire la pousser à agir.
Eve n'entra pas directement, elle l'interpella d'abord puis finit par passer la porte. Peut-être avait-elle sous-estimé la Mésorianne, la jugeant trop faible ou trop peureuse pour tenter quoique ce soit. Elle aurait eut raison si la jeune femme n'était pas persuadée à ce moment là d'avoir une chance de retrouver sa liberté. Les poings s'abattirent, manquant leur cible dans sa totalité, mais ils la touchèrent suffisamment pour faire tanguer l'Okanakie afin que Eden se faufile dans la coursive, presque soulagée de ne pas avoir blessé la pirate.
-Qu'on me donne la force, murmura-t-elle en prière alors que ses pas désorientés lui faisaient traverser le couloir.
Elle courait, courait pour sauver sa vie en entendant la voix d'Eve s'élever derrière elle, demandant aux autres de l'arrêter. La panique, la peur mais aussi un étrange sentiment indéfinissable lui soufflaient que tout serait bientôt fini. Oui, d'une façon où d'une autre, sa séquestration s'achèverait là. Elle ne serait plus captive, elle ne serait plus attachée, peu importe de se faire cueillir par la mort, cela serait toujours plus enviable qu'un viol ou que de la torture.
- Faites que ce soit rapide, bredouilla-t-elle à nouveau lorsque sa main valide agrippa le premier barreau de l'échelle menant sur le pont.
Elle pu alors sentir les effluves marines de l'air portées par le vent et ces odeurs de liberté lui donnèrent un second souffle. Un dernier regard derrière son épaule et elle aperçut Eve sur le point de la rattraper. Désolée, elle était vraiment désolée, car si sa fuite réussissait, c'est l'Okanakie qui en serait responsable. Mais à ce moment là elle n'avait plus le temps de s'en inquiéter, elle grimpa avec beaucoup de difficulté, étouffant des gémissement de douleur dès que son poignet se trouvait malmené mais...elle devait sortir, elle devait s'enfuir!
Le pont lui apparut enfin et elle se hissa tant bien que mal dessus, se traînant presque au dessus des barreaux de l'échelle. C'est alors qu'on l'agrippa par les cheveux. Une poigne forte qui ne laissait aucun doute sur l’échec de son évasion. Elle serra les dents puis leva un regard vers son nouveau tortionnaire. Non pas lui... Le Torkos qui avait tenté de la violer quelques jours auparavant la fixait, un vague sourire sur les lèvres. Eden relâcha un hoquet de surprise et la peur lui fouaillât à nouveau les entrailles, une peur panique, une peur qui s'inscrivit sur ses traits bien trop pâle de n'avoir pas vu la lumière du jour depuis longtemps. Elle n'osa pas imaginer à quoi elle devait ressembler, les cheveux en bataille, le visage émacié, affublée de cette chemise d'homme sale et de.... Comme si cela avait une importance quelconque...de ce qu'elle pouvait apercevoir avant de ne plus pouvoir détacher ses yeux agrandis du Torkos, nul Elite ne foulait le pont. Elle était perdue.
Le Torkos lui souffla au visage, un air mauvais :
- Comme on se retrouve...
Il la hissa un peu plus à sa hauteur se servant de la poigne sur ses cheveux et à nouveau Eden serra les dents de douleur et de peur. Les yeux agrandis, elle les plissa lorsqu'il glissa son visage dans son coup et la huma comme si elle n'était qu'un appétissant en cas. Elle tâcha de se débattre de sa main valide, le repoussant en posant sa main à plat sur son torse puissant, mais rien ne semblait le faire bouger. Misérable, Eden finit par abandonner et il la reposa alors au sol, la tenant fermement devant lui avant de lancer à Eve :
- Je la tiens! |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 1/5/2015, 14:13 | |
| A l'inflexion de l'okanakie et à la posture de Nova, Khalee comprit que son compagnon avait perçu quelque chose dont elle ignorait encore l'existence. Elle pensait avoir rêvé en entendant un écho infime et étouffé s'échapper de la cale, mais peut-être ne l'avait-elle pas inventé au fond. Jaugeant les deux pirates qui obéirent à l'ordre de la seconde, la sang perdu ne broncha pas, et croisa les bras en attendant de voir ce qui allait se passer. Le kaasar quant à lui venait de positionner sa patte d'une façon différente sur le pont, et plissait de nouveau le museau en humant l'air.
Quelque chose ne collait pas, et elle doutait fortement que l'okanakie soit partie lui préparer une chambre comme le font les hôtes. Pas de principe de bienveillance sur le navire, c'était des pirates après tout. Nova s'agite, pour une fois, c'est lui qui se montre le moins patient. Elle sait qu'il a flairé quelque chose, et tente de l'apaiser en enserrant ses doigts dans son pelage de nuit colorée.
Ses yeux dévient sur un point aléatoire, quand elle se retourne vivement à l'entente de la violence qui surgit non loin d'elle. Elle détaille la femme qui vient de faire son apparition, prisonnière entre les mains d'un torkos qui ne semble rien avoir de bon comme attention à son égard. Elle ne bouge pas pour autant, mais sent déjà son cœur s'alourdir à la vue de ses blessures. Cette femme est mal en point, elle fait partie de leur peuple, et pourtant, elle se revoit des années en arrière à sa place. Elle sait qu'elle ne doit pas s'en mêler, mais quelque chose rugit déjà au fond de ses entrailles.
Sa main se serre sur la garde du poignard quand son tortionnaire referme la prise sur ses cheveux pour lui faire arquer le cou. Il glisse son nez contre la peau blafarde de la mesorianne et la renifle comme un immonde prédateur qui s'apprête à ne laisser qu'une carcasse sans vie sur le sol. Intérieurement, la sang perdu se sent déjà partir dans les ténèbres de ses souvenirs, les bourdonnements de colère grondant dans ses oreilles.
Je savais que quelque chose ne tournait pas rond ici... murmure Khalee pour elle-même.
Son regard croise celui de Nova, tandis que le torkos a relâché du lest sur la mesorianne, mais la retient toujours fermement. Ni une, ni deux, le kaasar grogne et fait reculer les deux pirates qui les encadrent, permettant à la sang perdu de saisir son arc. Elle encoche une flèche, et avance jusqu'à se retrouver à deux mètres derrière la grosse brute.
Soit tu la lâches, maintenant, soit je ferai un trou si grand dans ton crâne qu'il faudra des jours à l'équipage pour ramasser les morceaux de ce qu'il te reste de cervelle sur le pont, menace-t-elle.
Mais l'okanakie refait déjà son apparition, et Khalee continue de tenir en joug le torkos malgré le regard noir qu'elle lance à la fille d'Eliwah.
Je ne suis pas certaine que le chef de la meute sera content d'apprendre ce que vous trafiquez sur ce putain de navire. Va chercher ton chef, qu'il ordonne qu'on relâche cette femme, ou vous risquez d'avoir de très gros problèmes, je te le garantis... prévient-elle d'un ton mauvais. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 12/5/2015, 21:54 | |
| À bord du Joyau Ardent Drake pouvait être exécrable dans ses accès d'impatience, mais après tout, personne ne touchait à ce qui lui appartenait. Le Joyau Ardent était sien et quiconque bravait ce débat connaissait les conséquences. Tout ce vacarme ne l'avait pas rendu plus aimable lorsqu'il resurgit de sa cabine, le front lourd et mâchoires serrées. Il avait entendu les derniers mots de la sang-mêlée.
"C'est c'que j'vous ai toujours dit..." - la voix de Drake fut suffisante pour faire taire les exclamations des pirates, "Ne jamais faire confiance aux blondes. Elles mordent trop."
Les rires hargneux de ses congénères résonnèrent, mais le torkos qui tenait la prisonnière resta silencieux comme un rat. Une flèche d'okanaki, si proche, était presque sûre de transpercer la peau matée et reluisante du forban. Lorsque Drake sortit ses épées, les pirates lâchèrent des hululements unanimes et des grognements menaçants. Elle pouvait être une okanakie et une torkos, mais Drake avait des corsaires de tous les peuples; il comptait sur les quelques archers pour faire l'intrus reculer. Il suffisait d'un certain son, d'un sifflement, pour donner l'ordre.
"Les affaires de la Meute sont entre moi et son chef. Qu'est-ce qu'une putain de sang-mêlée comme toi en aurait à faire?"
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 13/5/2015, 14:32 | |
| Le poids de sa défaite l'accablait douloureusement. Eden avait échoué et sa vie risquait de s'achever ici, sur le pont de ce rafiot qu'elle détestait et qu'elle rêvait de voir brûler. La colère et la frustration l'animaient avec fièvre, mais le Torkos ne la maintenait que trop bien, broyant ses bras dans son dos en une poigne solide. Elle aurait aimer lui cracher au visage et lui hurler toutes les insultes du monde, mais elle ne pouvait rien faire, seulement assister impuissante, à sa lente agonie. Après sa tentative de fuite, l'équipage n'allait certainement pas s'encombrer d'une prisonnière aussi récalcitrante. Son acte venait peut-être, de sceller son avenir à une mort certaine.
Pourtant, un grognement inquiétant attira son attention, ainsi qu'un mouvement dans son dos. Elle ne pouvait pas vraiment se retourner mais aperçu du coin de l'oeil une jeune femme accompagné d'un. était-ce un Kaasar ? La sublime créature à l'aspect agressif l'impressionna par sa beauté et par sa posture provocante, mais aux paroles de la femme, elle comprit que la menace ne venait pas du quadrupèdes. Qui était cette femme qui subitement, prenait des risques pour l'aider elle?
Eve venait d’apparaître à nouveau et la tension devint palpable. La mine sombre, l'okanakie observa les scène en silence tandis qu'Eden se sentait prise entre deux feux. L'espoir fou naquit à nouveau en elle, éveillant ses veines à grand renfort d'une adrénaline retrouvée et armée de ces frémissements internes, elle patienta à nouveau, face aux menaces de la femme. C'est alors que l'assassin de Marco refit surface sur le pont. Instinctivement, sa mâchoire se serra et elle tenta de se dégager un instant mais elle se ravisa vite. Eden ne pouvait gagner ce combat. Alors qu'il s'avançait, se moquant délibérément de celle qu'il finit par appeler "sang-mêlée", l'équipage s'anima à travers des cris d'animaux et des rires dédaigneux.
- Fuyez avant qu'il ne soit trop tard, souffla Eden à son alliée du moment, vous n'imaginez pas de quoi ces assassins sont capables.
De panique et de peur, sa voix monta dans les aiguës et aussitôt, le Torkos lui plaqua une main sur la bouche en la ramenant un peu plus serrée contre lui.
- La ferme! ordonna-t-il.
Et sous la contrainte, elle s'exécuta. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 14/5/2015, 14:42 | |
| À bord du Joyau Ardent Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point, ne cessait de se demander Eve en surgissant sur le pont. En un clin d'oeil, elle analysa la situation, comprit leurs forces et leurs faiblesses, et saisit sa chance. Drake venait d'apparaître à son tour et d'exciter l'équipage quand elle avança de quelques pas, lentement mais sûrement, comme un prédateur encercle sa proie.
- Si tu avais vraiment été envoyée par la Meute, Ellhrann t'aurait transmis un message pour nous, et tu saurais très précisément ce que nous trafiquons sur le Joyau, affirma-t-elle sans paraître douter une seule seconde. Ton ignorance prouve tes mensonges, Torkos.
Car toute sang-mêlée qu'elle soit manifestement - et selon Drake - Eve ne la reconnaîtrait pas comme une fille d'Eliwha. Pas en ces circonstances. Pas alors qu'une flèche menaçait l'un de ses hommes. Elle croisa le regard de Kobalt, sûr de lui et déterminé, puis revint sur la jeune femme ridiculement menaçante au milieu d'un équipage complet de forbans armés jusqu'aux dents. À peine un geste esquissé lui suffit à rassurer le Torkos sans même en avoir l'air alors qu'un pas de plus venait la placer directement entre son Capitaine et l'intruse, mine de rien.
- Chacun de nous est prêt à mourir pour les autres, mais est-ce ton cas ? Abat Kobalt et vous mourrez tous deux, ton chien et toi.
Elle ne parlait même pas d'Eden qui, au fond, n'était pour rien dans cette situation désastreuse. Victime des circonstances, elle aurait mérité de s'en sortir, mais à présent que la blonde avait choisi la voie de la violence, ils étaient tous contraints de la suivre. Elle ne sortait toujours pas ses lames pourtant. Peut-être restait-il un espoir de ne pas céder à la tentation. L'espoir était plus que mince, compte tenu de l'état de l'équipage qui venait de toucher terre après des jours au travail en mer, mais elle voulait tenter sa chance.
- Tu peux encore choisir de partir comme tu es venue, nous te laisserons descendre à terre ainsi que le kaasar sans rien tenter contre toi.
Ses doigts avaient esquissé un nouveau signe discret à l'adresse d'Ikka, un Okanaki particulièrement vif qui disparut en une seconde par dessus le bastingage pour aller rassembler ceux de l'équipe bleue qui étaient à terre. Deux autres membres de l'équipage avaient commencé à s'affairer dans les cordages. Le bateau bruissait de toute façon et regorgeait de pirates prêts à en découdre. Qui remarquerait ces quelques mouvements furtifs et anodins ? Ils étaient à peine décelables, tout comme son geste suivants, qui avait pour but d'ordonner à Kobalt de se jeter à terre en protégeant Eden si jamais les choses tournaient mal. Allez savoir pourquoi, voir cette mésorianne au milieu d'une bagarre qui ne la concernait pas et où elle finirait sans le moindre doute blessée voire pire, ne lui plaisait pas vraiment. Ils ne maltraitaient pas les innocents à bord du Joyau, même si l'état de la jeune femme ne plaisait pas en leur faveur.
Pour l'heure, elle fixait l'étrangère aux cheveux de paille tout en gardant un oeil sur le kaasar. Maudite bête qui accompagnait chacun des événements de sa vie ! Elle eut envie de passer ses trois doigts sur sa cicatrice mais s'en abstint. Chaque geste devait être mesuré et surtout pas menaçant. Dans le même temps, elle devait pouvoir se saisir de ses armes en un clin d'oeil si nécessaire. Elle gardait donc le regard concentré sur la blonde, étudiant les postures de son corps, le jeu de ses muscles, l'expression de ses yeux et de ses traits. Au moindre signe, elle bondirait. Personne ne menaçait impunément son foyer et sa famille.
- Le choix est tien, insista-t-elle avec douceur mais fermeté.
Comme les autres, elle était prête à mourir pour ce navire et n'importe quel membre de son équipage. Si la flèche de l'étrangère pouvait se diriger vers elle au lieu de Kobalt, elle en serait satisfaite. Même cet irascible Torkos méritait sa vie et elle savait par quoi il était passé avant d'arriver parmi eux.
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 15/5/2015, 11:11 | |
| D'abord, un regard rempli de mépris à l'attention du pirate quand il la qualifie de putain de sang mêlée. Puis un coup d’œil en direction de leur prisonnière lorsque celle-ci la somme de fuir avant qu'il ne soit trop tard. Fuir ? Oui, ç'aurait été la chose la plus raisonnable à faire. Mais Khalee n'avait jamais été raisonnable. Comment pourrait-elle regarder son reflet dans l'eau d'une rivière si elle abandonnait cette femme à un sombre destin ? Elle ne souhaitait l'emprisonnement tortueux de maux physiques et psychologiques à personne, pas même à ses pires ennemis. Mieux valait mourir dans ces cas-là. Il était hors de question qu'elle la laisse ici, qui qu'elle soit.
A la première remarque de l'okanakie, la sang perdu esquisse un sourire indescriptible en coin. Que sait cette exilée des terres de la meute ? Que connait-elle ne serait-ce qu'un peu d'Ellhrann comparée à elle qui a failli partager la mort avec lui ? Qu'elle la traite de menteuse si elle le voulait, Khalee n'avait rien à leur prouver.
Ellhrann n'a pas jugé nécessaire de me délivrer un message à vous transmettre. Sûrement jugeait-il vous faire assez confiance pour qu'il n'y en ait pas besoin, répondit-elle d'abord sans la moindre once de panique à leur attitude hostile.
Et s'il est au courant de vos trafics, cela ne m'étonne guère qu'il ne m'en ait pas touché mots. Lui est bien placé pour savoir qu'il y a des faits que je ne tolère pas, quelque soit la race, ajouta-t-elle d'une voix suggestive.
Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre que la mesorianne était retenue captive, contre sa volonté, et qu'elle ne recevait pas les traitements particuliers que l'on réservait à ses hôtes. Elle abaissa sa flèche menaçante pour s'approcher un peu plus d'Eve en un mouvement neutre, comme si elle souhaitait qu'elle seule entende ses prochaines paroles.
Explique-moi plutôt comment une exilée de son clan peut prétendre à lécher les bottes d'un mesorian qui est prêt à dénigrer les siens sans le moindre regret. N'avez-vous point de valeur morale même en tant que pirates ?
Elle marqua un arrêt, avant de reprendre, toujours sur un ton calme.
Nous ne sommes pas si différentes, toi et moi, fille d'Eliwah. Tu es prête à mourir pour ceux qui t'ont donné refuge, je suis prête à mourir pour mes convictions.
Elle recula ensuite de quelques pas, et regarda un à un chaque pirate dans son champs de vision, le dernier insistant sur Drake, pour lui faire comprendre qu'elle était bien décidée à ne pas repartir du navire sans la mesorianne.
Il semble que nous soyons dans une impasse, Capitaine. Peut-être serait-il plus judicieux d'épargner à vos hommes les affres de la souffrance, se permit-elle de conseiller.
Nova la rejoignit, se tenant à ses côtés.
Que le silence m'étreigne si telle est la volonté de Bersok. Le jour où je craindrai la mort n'est pas arrivé, énonça-t-elle bien plus bas en posant la main sur la garde de son poignard. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 15/5/2015, 13:16 | |
| À bord du Joyau Ardent Chaque instant qui passait les rapprochait inexorablement de l'affrontement dont l'issue serait sans aucun doute fatale pour plusieurs d'entre eux, à commencer par l'étrangère et son kaasar. Plusieurs dizaines de pirates les tenaient en joue, armés d'arcs, d'épées ou d'armes diverses. Qu'espérait-elle donc pour ne pas saisir l'opportunité qui lui avait été offerte ? Eve lui avait pourtant ouvert une belle porte de sortie.
Elle ne reviendrait pas pour ce qui concernait la Meute. Elle avait acquis la certitude qu'Ellrhann ne leur avait pas envoyé directement la jeune femme. Les dieux seuls savaient ce qui s'était passé entre eux mais jamais Ellrhann n'eut envoyé cette femme sur le Joyau en sachant qu'elle ne pourrait supporter ce qu'elle risquait d'y voir ou entendre. ils avaient beau avoir leurs propres idéaux de justice et combattre eux-mêmes les plus sanguinaires des pirates de l'Archipel, ils n'en restaient pas moins des forbans aux yeux du monde et étaient recherchés comme tels.
- Je pourrais te détromper, orpheline de Bersok. Je pourrais te raconter bien des choses. Mais je n'en vois pas l'intérêt puisque nos désirs divergent quant à l'issue de cette journée, répondit-elle donc avec le même calme froid.
Elle regrettait sincèrement d'en arriver là mais comment pourraient-ils mettre fin à cette situation autrement qu'en éliminant la menace qui pesait sur eux ? Cette femme ne manquait certes pas de témérité mais elle était folle si elle pensait pouvoir s'en sortir indemne face à un équipage complet de pirates armés. L'équipe à terre commençait à revenir à bord, ils seraient bientôt au complet. Or, les pirates étaient excités, ils avaient besoin d'action, et Drake détestait par dessus tout qu'on ose mettre à mal son autorité à bord.
- Nous ne tirerons pas les premiers, affirma la petite Okanakie, signifiant par là un ordre strict à son équipage.
Drake l'avait laissée gérer jusque là et elle espérait qu'il ne la ferait pas mentir à présent. Quoi qu'il advienne, elle se trouverait entre la flèche destinée à son Capitaine et lui. Si un affrontement devait éclater, ce serait du fait de l'étrangère, espérait-elle. Ils étaient peut-être des pirates aux yeux du monde entier, mais ils n'attaqueraient pas comme des brutes une femme seule et son animal alors qu'ils étaient si nombreux autour d'elle.
Sa main mutilée se leva machinalement et elle effleura la cicatrice qui traversait ses lèvres de ses trois doigts gantés de cuir fin. Elle ne pouvait s'empêcher de faire ce geste souvent, même si elle s'était retenue jusque là, surtout quand elle réfléchissait aussi intensément. Mais là, elle avait beau se creuser la tête, elle ne voyait pas d'issue favorable à cette situation et son cœur en était serré. Quelque chose lui disait avec certitude qu'elle aurait pu s'entendre avec cette étrangère en d'autres circonstances. Les écorchés vifs se reconnaissent entre eux et parviennent parfois à se supporter pour un bout de chemin.
- Renonce à cette folie, plaida-t-elle encore. Quitte notre bord et pars sans te retourner, nous oublierons jusqu'à ton apparence.
COMMENTAIRE(S) HORS RP :
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 17/5/2015, 10:22 | |
| Le vent s'engouffrait dans ses cheveux qui claquaient comme un étendard, flottant dans le sillage de sa course. Rhaas courrait depuis que le cheval qu'elle avait volé s'était effondré, éreinté par le train d'enfer que sa cavalière lui imposait. Combien de temps cela faisait-il ? Une heure ? Deux ? Plus encore ? La Torkos avait perdu le fil. Seule demeurait la colère sourde qui grondait dans sa poitrine, si forte qu'elle en faisait oublier la douleur de sa respiration sifflante. Son corps fatigué demandait un temps de repos, mais la jeune femme refusait de lui accorder. Comme toujours, son esprit restait plus fort.
Ses pieds avalaient le sol qu'elle foulait à peine, portée par une énergie nouvelle. Plusieurs fois, elle s'était demandée comment elle réagirait en apprenant où trouver sa maîtresse. Dans les rêves que l'Escorte s'efforçait de refouler, elle s'imaginait souvent sur le point de libérer Eden de ses ravisseurs. Elle ressentait alors haine, rage, ainsi que la désormais familière soif de vengeance qui l'animait à chaque instant. Pourtant, alors qu'elle n'avait jamais été si proche du but, Rhaas ne ressentait rien d'autre qu'un calme froid. Oh bien sûr, elle était en colère. Furieuse et prête à tout, même au pire. Seulement la peine, la peur et la rage qui faisaient d'elle une bête sauvage avaient laissé place à une détermination farouche. Des dizaines de jours qu'elle attendait ce moment. Rhaas était prête à l'accueillir les bras ouverts, et refusait de gâcher quoique ce soit. Maintenant qu'elle avait trouvé Eden, hors de question de rater cette opportunité. Elle n'était pas certain de pouvoir y survivre.
De boule de nerfs, l'Escorte s'était muée en machine calculatrice et prudente. En approchant de l'endroit que ses sources lui avaient indiqué, Rhaas prit soin de rester à couvert à l'orée d'un bosquet. Tapie, elle avança en silence, courbée en deux, reproduisant les techniques que ses amis Okanakis lui avaient enseigné des années plus tôt. Sa mémoire musculaire se révélait particulièrement utile. Instinctivement, elle se laissa guider jusqu'au bord de la falaise et jeta son regard en contrebas. Une trentaine de mètres sous ses pieds s'étendait la mer, brutale, agrémentée de quelques rochers mortels. Les vagues se fracassaient sur la roche en rugissant et décoraient la surface noire de la pierre d'une écume blanche et froide. Rhaas s'approcha davantage, prenant le temps d'observer le moindre détail. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand ses yeux se posèrent sur ce qu'elle guettait depuis si longtemps. Le bateau était là, amarré dans un port clandestin invisible pour celui qui ne sait pas où chercher. La sensation d'être proche du terme de son périple s'accrut, et la jeune femme prit une grande inspiration avant de reculer d'un pas ou deux, retournant à l'ombre des arbres.
Inutile de penser à sauter de la falaise : si la hauteur ne la tuait pas, les roches en contrebas s'en chargeraient. A un autre moment, Rhaas se serait contentée de se ruer sur le bateau de ses ennemis en hurlant, satisfaite de pouvoir enfin déverser toute la rage emmagasinée au fil de sa quête. Mais cet instant était trop important pour qu'elle laissa sa haine tout gâcher. Mieux valait faire preuve de prudence : elle avait attendu une trentaine de jours, elle pouvait bien attendre quelques minutes de plus. Certes, la prudence et la patience n'étaient pas des attributs que l'on trouvait couramment chez les Torkos, au contraire. Mais Rhaas avait suffisamment d'empire sur elle-même pour passer outre sa nature. C'est pourquoi la jeune femme déchira le bas de sa tunique déjà usée, et l'enroula autour des paumes de ses mains. Tandis qu'elle se préparait, elle se remémorait quelques bribes de sa rencontre avec Samaël Delenol. Savoir qu'elle n'était pas la seule à vouloir faire payer à ceux qui avaient enlevé Eden la rassurait. Découvrir que d'autres pleuraient la disparition de sa maîtresse avait été moins agréable. Mais Rhaas s'était ravisée : le Doyen d'Îleval était un homme bon, comme il en restait peu. Eden avait bien le droit de lui confier son affection. Elle-même mettrait simplement plus de temps à lui faire entièrement confiance. Il restait un homme, après tout. Achevant d’enrubanner ses mains, l'Escorte roula des épaules pour les assouplir, obéissant à un tic inconscient. Puis elle sortit de l'ombre des fourrés et s'assit au bord de la falaise, avant de se laisser glisser dos à la mer pour se rattraper au dernier moment. Ses mains agrippaient des prises naturelles dans la roche, et ses pieds ne tardèrent pas à trouver où se positionner eux aussi. C'est ainsi qu'elle commença sa descente.
Le vent qui l'avait auparavant rafraîchie dans sa course continuait son jeu, lequel se faisait dangereux. Les bourrasques s'engouffraient sous ses habits, se glissant entre elle et la paroi de la falaise, s'amusant à risquer de la faire chuter. La chute serait mortelle, assurément, ce qui conférait à la progression de Rhaas un aspect macabre. Malgré le danger, la jeune femme poursuivait son avancée. Ses mains trouvaient inlassablement la moindre saisie dans la paroi, et lorsque la nature était insuffisante, l'Escorte allait jusqu'à frapper la roche de ses poings afin d'élargir une prise. Les jointures de ses doigts la lançaient et saignaient à travers les bandages de fortune, pourtant Rhaas ne ressentait pas la douleur. Une force, une détermination supérieure l'animait.
Rhaas n'étaient pas de ceux qui se lançaient dans des missions sauvetages pour le plaisir ou pour prouver leur grandeur d'âme. Tout le monde souffrait, inexorablement, car la vie était faite ainsi. Il n'y avait nulle honte ou regret à avoir à mourir égorgé dans son sommeil : quelqu'un s'était simplement montré plus fort, plus malin que vous. Mais quand lesdits plus forts abusaient de leur pouvoir, les choses étaient différentes. C'est pour cela que Rhaas était si peu émue par la mort (pourtant sanglante et particulièrement horrible) de Marco, et pourtant rendue si furieuse par l'enlèvement d'Eden. S'il y avait bien une chose que la jeune femme ne supportait pas, c'était que les plus forts profitent de leur position pour rendre plus faibles ceux qui leur étaient déjà inférieurs. La mort, oui, l'esclavage, le viol ou l'emprisonnement, non. Ceux qui gardaient les plus faibles sous leur emprise sans leur offrir délivrance ou repos. C'étaient eux, les vrais monstres.
C'est dans cet état d'esprit que Rhaas acheva sa descente. Toujours animée par cette colère froide et implacable, la jeune femme jeta un œil en contrebas : l'eau n'était plus qu'à trois mètres, et il n'y avait aucun rocher contre lequel elle risquait de s'écraser. Prenant une grande inspiration, l'Escorte sauta délibérément. Bien qu'elle s'y soit préparée, la froideur de l'eau lui fit un choc. Rhaas faillit ouvrir la bouche de surprise et se retint de justesse tandis qu'une froide torpeur s'emparait de ses muscles. Elle s'obligea à donner un grand coup de pied pour remonter à la surface, et aspira une goulée d'air. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas nagé. Mais à nouveau, son corps prit le relais et retrouva bien vite les réflexes pas totalement oubliés. Prudemment, la jeune femme nagea en direction du bateau qui mouillait une ou deux centaines de mètres sur la gauche. Quand elle fut trop proche, Rhaas plongea, préférant se faire discrète et profiter de l'effet de surprise. De temps à autre elle revenait à la surface pour prendre une grande inspiration, avant de disparaître à nouveau dans l'eau rendue trouble par le ressac et l'écume.
Approcher du bateau ne fut pas difficile, le plus ardu étant de maintenir sa trajectoire malgré les vagues qui la déviaient de son objectif. Quand Rhaas fut tout près du bateau, elle jugea plus prudent d'éviter le côté du navire donnant sur le ponton de fortune : l'équipage pouvait être en train de charger des caisses de vivres ou de poudre, mieux valait éviter de se faire repérer aussi bêtement. Aussi la jeune femme préféra-t-elle poursuivre sur sa lancée et s'infiltrer sur le navire par le côté donnant sur l'océan, là où personne ne risquait de la voir grimper sur le flanc du bateau. La coque du navire était recouverte de planches qui s'entrelaçaient pour assurer sa solidité, et permettaient du même coup une escalade aisée. Ses vêtements étaient lourds car gorgés d'eau, et les bourrasques glacées sur sa peau trempée la firent frissonner et claquer des dents, pourtant Rhaas ne ressentait par cet inconfort. Avec une aisance déconcertante compte tenu des circonstances, l'Escorte escalada la coque du navire, se jouant de la gravité comme un chat grimpe sur un chêne. Le brasier grondait toujours dans sa poitrine, ce qui lui donnait la sensation de ne pas être seule.
Alors qu'elle arrivait au niveau du bastingage, Rhaas entendit quelqu'un passer sur le pont. La jeune femme se colla contre la coque et attendit que le pirate ne la dépasse, avant de sauter par dessus la rambarde. Elle se réceptionna avec souplesse et put saisir le pirate avant de lui briser la nuque en silence. L'homme n'eut le temps de se débattre ou pousser le moindre cri. Jeter le corps par dessus bord ne fut pas difficile, et le bruit qu'il fit en percutant la surface de l'eau fut atténué par les hurlements du vent. Rhaas balaya alors les alentours d'un coup d’œil : une pile de tonneaux la protégeait des regards indiscrets, de sorte qu'elle put avancer sans peur. A la recherche des cales où Eden était certainement retenue prisonnière, Rhaas avait tiré une hache de jet de sa ceinture, et serrait son manche si fort que ses jointures palissaient. Elle était si proche... Au moment où elle parvenait près de l'entrée de la cale, la jeune femme fut stoppée net par des voix. Tendant l'oreille, elle distingua au moins quatre personnes : deux hommes et deux femmes. Pas celle d'Eden. Pourtant, en écoutant leur conversation, Rhaas comprit de quoi il retournait, de sorte que son sang ne fit qu'un tour. Elle était bien au bon endroit. Enfin, elle l'avait retrouvée. Mue par un instinct irrépressible, elle sortit de sa cachette.
Plusieurs personnes lui tournaient le dos, vêtues comme des bandits. Une Torkos lui faisait face, avec à ses côtés une bête sauvage qui ne devait pas l'être tant que ça. Mais l'attention de Rhaas fut entièrement retenue par la femme qu'un mastodonte maintenait devant lui. L'Escorte reconnut aussitôt la crinière brune et fauve de sa maîtresse : la poussière et la saleté atténuait ses reflets auburns, mais l'Escorte l'aurait reconnue n'importe où. Rhaas avait imaginé ce qu'elle s'attendait à ressentir au moment où elle retrouverait Eden. Elle s'était imaginée prise d'une folie meurtrière, abattant ses geôliers sans remord, avec plaisir, s'en délectant, même. Elle ne s'attendait certainement pas à lâcher un sanglot, ni à être prise de tremblements. Découvrir que ses efforts n'avaient pas été vains avait quelque chose de surréaliste, d'insoupçonné. La jeune femme dut se retenir pour ne pas tomber à genoux, et se reprit bien vite en lançant sa hache de jet. Mais son corps la trahissait, et son geste fut malhabile, peu assuré : la hache ne blessa pas mortellement l'homme qui retenait Eden prisonnière. L'individu poussa un cri en lâchant la Mésorianne, cherchant sur son dos l'origine de la douleur qui le tiraillait, et trouva la hache sur son omoplate. Immobile, Rhaas dut s'obliger à adopter une posture menaçante et luter contre cet instant de faiblesse, tirant son épée de sa ceinture, saisissant une autre hache de jet dans sa main gauche. Refusant de regarder Eden pour éviter de chanceler à nouveau, Rhaas garda les yeux fixés sur les pirates qui lui faisaient désormais face. En d'autres occasions, elle les aurait peut-être salué par un gracieux et sarcastique « Bonjour messieurs ! » Mais elle était trop retournée pour faire preuve d'humour. Aussi se contenta-t-elle de rendre leur regard mauvais aux pirates. Il devait y en avoir d'autre : ces trois là n'étaient pas assez nombreux pour manœuvrer un tel bateau. Sûrement cachés dans les haubans, à observer ce qui se passait sous le pont. C'était surprenant que Rhaas soit toujours debout et pas encore criblée de flèches. Peut-être attendaient-ils l'ordre de leur capitaine.
Avisant la Torkos qui la fixait d'un drôle d'air, de l'autre côté du pont, la jeune femme lâcha sans sourire :
« Je prends ceux de gauche, tu prends ceux de droite ? »
Surtout, ne regarde pas Eden. Ne la regarde pas. Pas maintenant. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 17/5/2015, 11:29 | |
| Le sujet est mis en stand By pour l'instant. J'invoque le droit de Pourparlers |
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