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| A l'abordage ! |Sujet privé| | |
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| Sujet: A l'abordage ! |Sujet privé| 27/1/2015, 21:06 | |
| Rappel du premier message :Notes : Etant donné qu'on va être pas mal sur ce rp, je propose d'établir un ordre plus au niveau de la logique que chronologique si ça vous va. En sachant que si Gallien intervient, ce ne sera pas tout de suite, et que Rhaas apparaîtra plutôt en milieu je pense. J'ai posé les bases, ainsi que la date après évaluation des distances de navigation et des lieux où vous êtes passés avant, surtout n'hésitez pas à me signaler si je dois changer quelque chose ! Je savais pas trop comment trouver le bateau dooooooonc, je mise sur le hasard ou si quelqu'un reconnaît un truc /BUS/ BREF ! Et sur ce... Let's goooooo ! 36ème jour d'Automne - Port clandestin quelque part sur les côtes d'Îleval. Lorsqu'elle avait fui le camp de la meute, Khalee était dans un tel état qu'elle n'avait pas songé à demander plus que de foutre le camp. Réaction légitime mais toutefois irréfléchie, puisqu'elle n'avait à ce moment-là toujours aucune idée du chemin qu'elle devrait suivre pour prendre un bateau vers Opale.
Après avoir couru avec Nova jusqu'à ce que la nuit tombe, elle s'était finalement arrêtée pour tenter de remettre ses idées en place. Rien n'y faisait, et si la présence du kaasar de l'ombre suffisait en général à l'apaiser, cette fois-ci les maux étaient trop grands pour être soignés par un abus de fourrure. Les deux jours suivants, elle s'était contentée de chasser pour se nourrir entre les crises de larmes qui la fatiguaient. Le lendemain, un membre de la meute était venu la trouver, avec toute la prudence du monde, pour finalement lui indiquer où se rendre. Elle avait bien songé à passer ses nerfs sur lui, mais elle savait que rien ne suffirait à éteindre la flamme de la rage qu'elle ressentait contre le véritable instigateur de son mal être. Il avait décampé bien vite, sans même lui dire qui lui avait demandé de lui livrer l'information qui lui permettrait peut-être de rentrer... là où elle avait fui il y a de cela des années. Quant à savoir si ce qu'il lui avait dit était fondé, elle n'avait de toute façon aucune autre façon de procéder. Ainsi, plusieurs jours durant, elle avait suivi la route imprécise, déambulant en ruminant, en essayant de faire taire ses pensées.
C'est comme ça qu'elle se retrouva aux abords d'un port clandestin, en quête de trouver le fameux bateau qui accepterait de lui faire traverser la mer jusqu'à Opale. Aucune certitude que le capitaine accepterait cela dit, mais elle n'avait pour l'instant pas d'autre alternative qu'essayer.
Seulement trois navires trônaient là, mais il y en avait suffisamment pour qu'elle risque de se tromper. Elle observa les vaisseaux tour à tour. Aucun ne ressemblait à celui qu'on lui avait décrit.
Cet enfoiré s'est foutu de moi, j'le savais...
Nova inclina sa tête touffue en guise d'interrogation, prenant soin de rester à proximité de la sang perdu, l'environnement dans lequel ils se trouvaient n'était pas des plus rassurants. Khalee dissimula davantage son visage sous sa cape, passant les doigts sur les marques à son cou, vestige d'une douleur gravée à même sa chair.
Lorsque quelqu'un la bouscula dans la foule, elle eut le réflexe de sortir le poignard qu'elle avait emporté lors de sa fuite. L'ombre maladroite avait continué sa route, et elle se mit à observer l'arme, s'égarant dans ses pensées. Et dire qu'elle aurait pu le tuer avec cette lame, elle avait eu sa nuque à porter de bras, et pourtant, elle n'avait pas eu le courage de le faire. Non, elle s'était contentée de le menacer, comme si elle s'était attendue à autre chose. Mais à quoi exactement ? Elle soupira. En attendant, elle n'avançait pas. |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 14/5/2015, 14:42 | |
| À bord du Joyau Ardent Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point, ne cessait de se demander Eve en surgissant sur le pont. En un clin d'oeil, elle analysa la situation, comprit leurs forces et leurs faiblesses, et saisit sa chance. Drake venait d'apparaître à son tour et d'exciter l'équipage quand elle avança de quelques pas, lentement mais sûrement, comme un prédateur encercle sa proie.
- Si tu avais vraiment été envoyée par la Meute, Ellhrann t'aurait transmis un message pour nous, et tu saurais très précisément ce que nous trafiquons sur le Joyau, affirma-t-elle sans paraître douter une seule seconde. Ton ignorance prouve tes mensonges, Torkos.
Car toute sang-mêlée qu'elle soit manifestement - et selon Drake - Eve ne la reconnaîtrait pas comme une fille d'Eliwha. Pas en ces circonstances. Pas alors qu'une flèche menaçait l'un de ses hommes. Elle croisa le regard de Kobalt, sûr de lui et déterminé, puis revint sur la jeune femme ridiculement menaçante au milieu d'un équipage complet de forbans armés jusqu'aux dents. À peine un geste esquissé lui suffit à rassurer le Torkos sans même en avoir l'air alors qu'un pas de plus venait la placer directement entre son Capitaine et l'intruse, mine de rien.
- Chacun de nous est prêt à mourir pour les autres, mais est-ce ton cas ? Abat Kobalt et vous mourrez tous deux, ton chien et toi.
Elle ne parlait même pas d'Eden qui, au fond, n'était pour rien dans cette situation désastreuse. Victime des circonstances, elle aurait mérité de s'en sortir, mais à présent que la blonde avait choisi la voie de la violence, ils étaient tous contraints de la suivre. Elle ne sortait toujours pas ses lames pourtant. Peut-être restait-il un espoir de ne pas céder à la tentation. L'espoir était plus que mince, compte tenu de l'état de l'équipage qui venait de toucher terre après des jours au travail en mer, mais elle voulait tenter sa chance.
- Tu peux encore choisir de partir comme tu es venue, nous te laisserons descendre à terre ainsi que le kaasar sans rien tenter contre toi.
Ses doigts avaient esquissé un nouveau signe discret à l'adresse d'Ikka, un Okanaki particulièrement vif qui disparut en une seconde par dessus le bastingage pour aller rassembler ceux de l'équipe bleue qui étaient à terre. Deux autres membres de l'équipage avaient commencé à s'affairer dans les cordages. Le bateau bruissait de toute façon et regorgeait de pirates prêts à en découdre. Qui remarquerait ces quelques mouvements furtifs et anodins ? Ils étaient à peine décelables, tout comme son geste suivants, qui avait pour but d'ordonner à Kobalt de se jeter à terre en protégeant Eden si jamais les choses tournaient mal. Allez savoir pourquoi, voir cette mésorianne au milieu d'une bagarre qui ne la concernait pas et où elle finirait sans le moindre doute blessée voire pire, ne lui plaisait pas vraiment. Ils ne maltraitaient pas les innocents à bord du Joyau, même si l'état de la jeune femme ne plaisait pas en leur faveur.
Pour l'heure, elle fixait l'étrangère aux cheveux de paille tout en gardant un oeil sur le kaasar. Maudite bête qui accompagnait chacun des événements de sa vie ! Elle eut envie de passer ses trois doigts sur sa cicatrice mais s'en abstint. Chaque geste devait être mesuré et surtout pas menaçant. Dans le même temps, elle devait pouvoir se saisir de ses armes en un clin d'oeil si nécessaire. Elle gardait donc le regard concentré sur la blonde, étudiant les postures de son corps, le jeu de ses muscles, l'expression de ses yeux et de ses traits. Au moindre signe, elle bondirait. Personne ne menaçait impunément son foyer et sa famille.
- Le choix est tien, insista-t-elle avec douceur mais fermeté.
Comme les autres, elle était prête à mourir pour ce navire et n'importe quel membre de son équipage. Si la flèche de l'étrangère pouvait se diriger vers elle au lieu de Kobalt, elle en serait satisfaite. Même cet irascible Torkos méritait sa vie et elle savait par quoi il était passé avant d'arriver parmi eux.
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 15/5/2015, 11:11 | |
| D'abord, un regard rempli de mépris à l'attention du pirate quand il la qualifie de putain de sang mêlée. Puis un coup d’œil en direction de leur prisonnière lorsque celle-ci la somme de fuir avant qu'il ne soit trop tard. Fuir ? Oui, ç'aurait été la chose la plus raisonnable à faire. Mais Khalee n'avait jamais été raisonnable. Comment pourrait-elle regarder son reflet dans l'eau d'une rivière si elle abandonnait cette femme à un sombre destin ? Elle ne souhaitait l'emprisonnement tortueux de maux physiques et psychologiques à personne, pas même à ses pires ennemis. Mieux valait mourir dans ces cas-là. Il était hors de question qu'elle la laisse ici, qui qu'elle soit.
A la première remarque de l'okanakie, la sang perdu esquisse un sourire indescriptible en coin. Que sait cette exilée des terres de la meute ? Que connait-elle ne serait-ce qu'un peu d'Ellhrann comparée à elle qui a failli partager la mort avec lui ? Qu'elle la traite de menteuse si elle le voulait, Khalee n'avait rien à leur prouver.
Ellhrann n'a pas jugé nécessaire de me délivrer un message à vous transmettre. Sûrement jugeait-il vous faire assez confiance pour qu'il n'y en ait pas besoin, répondit-elle d'abord sans la moindre once de panique à leur attitude hostile.
Et s'il est au courant de vos trafics, cela ne m'étonne guère qu'il ne m'en ait pas touché mots. Lui est bien placé pour savoir qu'il y a des faits que je ne tolère pas, quelque soit la race, ajouta-t-elle d'une voix suggestive.
Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre que la mesorianne était retenue captive, contre sa volonté, et qu'elle ne recevait pas les traitements particuliers que l'on réservait à ses hôtes. Elle abaissa sa flèche menaçante pour s'approcher un peu plus d'Eve en un mouvement neutre, comme si elle souhaitait qu'elle seule entende ses prochaines paroles.
Explique-moi plutôt comment une exilée de son clan peut prétendre à lécher les bottes d'un mesorian qui est prêt à dénigrer les siens sans le moindre regret. N'avez-vous point de valeur morale même en tant que pirates ?
Elle marqua un arrêt, avant de reprendre, toujours sur un ton calme.
Nous ne sommes pas si différentes, toi et moi, fille d'Eliwah. Tu es prête à mourir pour ceux qui t'ont donné refuge, je suis prête à mourir pour mes convictions.
Elle recula ensuite de quelques pas, et regarda un à un chaque pirate dans son champs de vision, le dernier insistant sur Drake, pour lui faire comprendre qu'elle était bien décidée à ne pas repartir du navire sans la mesorianne.
Il semble que nous soyons dans une impasse, Capitaine. Peut-être serait-il plus judicieux d'épargner à vos hommes les affres de la souffrance, se permit-elle de conseiller.
Nova la rejoignit, se tenant à ses côtés.
Que le silence m'étreigne si telle est la volonté de Bersok. Le jour où je craindrai la mort n'est pas arrivé, énonça-t-elle bien plus bas en posant la main sur la garde de son poignard. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 15/5/2015, 13:16 | |
| À bord du Joyau Ardent Chaque instant qui passait les rapprochait inexorablement de l'affrontement dont l'issue serait sans aucun doute fatale pour plusieurs d'entre eux, à commencer par l'étrangère et son kaasar. Plusieurs dizaines de pirates les tenaient en joue, armés d'arcs, d'épées ou d'armes diverses. Qu'espérait-elle donc pour ne pas saisir l'opportunité qui lui avait été offerte ? Eve lui avait pourtant ouvert une belle porte de sortie.
Elle ne reviendrait pas pour ce qui concernait la Meute. Elle avait acquis la certitude qu'Ellrhann ne leur avait pas envoyé directement la jeune femme. Les dieux seuls savaient ce qui s'était passé entre eux mais jamais Ellrhann n'eut envoyé cette femme sur le Joyau en sachant qu'elle ne pourrait supporter ce qu'elle risquait d'y voir ou entendre. ils avaient beau avoir leurs propres idéaux de justice et combattre eux-mêmes les plus sanguinaires des pirates de l'Archipel, ils n'en restaient pas moins des forbans aux yeux du monde et étaient recherchés comme tels.
- Je pourrais te détromper, orpheline de Bersok. Je pourrais te raconter bien des choses. Mais je n'en vois pas l'intérêt puisque nos désirs divergent quant à l'issue de cette journée, répondit-elle donc avec le même calme froid.
Elle regrettait sincèrement d'en arriver là mais comment pourraient-ils mettre fin à cette situation autrement qu'en éliminant la menace qui pesait sur eux ? Cette femme ne manquait certes pas de témérité mais elle était folle si elle pensait pouvoir s'en sortir indemne face à un équipage complet de pirates armés. L'équipe à terre commençait à revenir à bord, ils seraient bientôt au complet. Or, les pirates étaient excités, ils avaient besoin d'action, et Drake détestait par dessus tout qu'on ose mettre à mal son autorité à bord.
- Nous ne tirerons pas les premiers, affirma la petite Okanakie, signifiant par là un ordre strict à son équipage.
Drake l'avait laissée gérer jusque là et elle espérait qu'il ne la ferait pas mentir à présent. Quoi qu'il advienne, elle se trouverait entre la flèche destinée à son Capitaine et lui. Si un affrontement devait éclater, ce serait du fait de l'étrangère, espérait-elle. Ils étaient peut-être des pirates aux yeux du monde entier, mais ils n'attaqueraient pas comme des brutes une femme seule et son animal alors qu'ils étaient si nombreux autour d'elle.
Sa main mutilée se leva machinalement et elle effleura la cicatrice qui traversait ses lèvres de ses trois doigts gantés de cuir fin. Elle ne pouvait s'empêcher de faire ce geste souvent, même si elle s'était retenue jusque là, surtout quand elle réfléchissait aussi intensément. Mais là, elle avait beau se creuser la tête, elle ne voyait pas d'issue favorable à cette situation et son cœur en était serré. Quelque chose lui disait avec certitude qu'elle aurait pu s'entendre avec cette étrangère en d'autres circonstances. Les écorchés vifs se reconnaissent entre eux et parviennent parfois à se supporter pour un bout de chemin.
- Renonce à cette folie, plaida-t-elle encore. Quitte notre bord et pars sans te retourner, nous oublierons jusqu'à ton apparence.
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| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 17/5/2015, 10:22 | |
| Le vent s'engouffrait dans ses cheveux qui claquaient comme un étendard, flottant dans le sillage de sa course. Rhaas courrait depuis que le cheval qu'elle avait volé s'était effondré, éreinté par le train d'enfer que sa cavalière lui imposait. Combien de temps cela faisait-il ? Une heure ? Deux ? Plus encore ? La Torkos avait perdu le fil. Seule demeurait la colère sourde qui grondait dans sa poitrine, si forte qu'elle en faisait oublier la douleur de sa respiration sifflante. Son corps fatigué demandait un temps de repos, mais la jeune femme refusait de lui accorder. Comme toujours, son esprit restait plus fort.
Ses pieds avalaient le sol qu'elle foulait à peine, portée par une énergie nouvelle. Plusieurs fois, elle s'était demandée comment elle réagirait en apprenant où trouver sa maîtresse. Dans les rêves que l'Escorte s'efforçait de refouler, elle s'imaginait souvent sur le point de libérer Eden de ses ravisseurs. Elle ressentait alors haine, rage, ainsi que la désormais familière soif de vengeance qui l'animait à chaque instant. Pourtant, alors qu'elle n'avait jamais été si proche du but, Rhaas ne ressentait rien d'autre qu'un calme froid. Oh bien sûr, elle était en colère. Furieuse et prête à tout, même au pire. Seulement la peine, la peur et la rage qui faisaient d'elle une bête sauvage avaient laissé place à une détermination farouche. Des dizaines de jours qu'elle attendait ce moment. Rhaas était prête à l'accueillir les bras ouverts, et refusait de gâcher quoique ce soit. Maintenant qu'elle avait trouvé Eden, hors de question de rater cette opportunité. Elle n'était pas certain de pouvoir y survivre.
De boule de nerfs, l'Escorte s'était muée en machine calculatrice et prudente. En approchant de l'endroit que ses sources lui avaient indiqué, Rhaas prit soin de rester à couvert à l'orée d'un bosquet. Tapie, elle avança en silence, courbée en deux, reproduisant les techniques que ses amis Okanakis lui avaient enseigné des années plus tôt. Sa mémoire musculaire se révélait particulièrement utile. Instinctivement, elle se laissa guider jusqu'au bord de la falaise et jeta son regard en contrebas. Une trentaine de mètres sous ses pieds s'étendait la mer, brutale, agrémentée de quelques rochers mortels. Les vagues se fracassaient sur la roche en rugissant et décoraient la surface noire de la pierre d'une écume blanche et froide. Rhaas s'approcha davantage, prenant le temps d'observer le moindre détail. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand ses yeux se posèrent sur ce qu'elle guettait depuis si longtemps. Le bateau était là, amarré dans un port clandestin invisible pour celui qui ne sait pas où chercher. La sensation d'être proche du terme de son périple s'accrut, et la jeune femme prit une grande inspiration avant de reculer d'un pas ou deux, retournant à l'ombre des arbres.
Inutile de penser à sauter de la falaise : si la hauteur ne la tuait pas, les roches en contrebas s'en chargeraient. A un autre moment, Rhaas se serait contentée de se ruer sur le bateau de ses ennemis en hurlant, satisfaite de pouvoir enfin déverser toute la rage emmagasinée au fil de sa quête. Mais cet instant était trop important pour qu'elle laissa sa haine tout gâcher. Mieux valait faire preuve de prudence : elle avait attendu une trentaine de jours, elle pouvait bien attendre quelques minutes de plus. Certes, la prudence et la patience n'étaient pas des attributs que l'on trouvait couramment chez les Torkos, au contraire. Mais Rhaas avait suffisamment d'empire sur elle-même pour passer outre sa nature. C'est pourquoi la jeune femme déchira le bas de sa tunique déjà usée, et l'enroula autour des paumes de ses mains. Tandis qu'elle se préparait, elle se remémorait quelques bribes de sa rencontre avec Samaël Delenol. Savoir qu'elle n'était pas la seule à vouloir faire payer à ceux qui avaient enlevé Eden la rassurait. Découvrir que d'autres pleuraient la disparition de sa maîtresse avait été moins agréable. Mais Rhaas s'était ravisée : le Doyen d'Îleval était un homme bon, comme il en restait peu. Eden avait bien le droit de lui confier son affection. Elle-même mettrait simplement plus de temps à lui faire entièrement confiance. Il restait un homme, après tout. Achevant d’enrubanner ses mains, l'Escorte roula des épaules pour les assouplir, obéissant à un tic inconscient. Puis elle sortit de l'ombre des fourrés et s'assit au bord de la falaise, avant de se laisser glisser dos à la mer pour se rattraper au dernier moment. Ses mains agrippaient des prises naturelles dans la roche, et ses pieds ne tardèrent pas à trouver où se positionner eux aussi. C'est ainsi qu'elle commença sa descente.
Le vent qui l'avait auparavant rafraîchie dans sa course continuait son jeu, lequel se faisait dangereux. Les bourrasques s'engouffraient sous ses habits, se glissant entre elle et la paroi de la falaise, s'amusant à risquer de la faire chuter. La chute serait mortelle, assurément, ce qui conférait à la progression de Rhaas un aspect macabre. Malgré le danger, la jeune femme poursuivait son avancée. Ses mains trouvaient inlassablement la moindre saisie dans la paroi, et lorsque la nature était insuffisante, l'Escorte allait jusqu'à frapper la roche de ses poings afin d'élargir une prise. Les jointures de ses doigts la lançaient et saignaient à travers les bandages de fortune, pourtant Rhaas ne ressentait pas la douleur. Une force, une détermination supérieure l'animait.
Rhaas n'étaient pas de ceux qui se lançaient dans des missions sauvetages pour le plaisir ou pour prouver leur grandeur d'âme. Tout le monde souffrait, inexorablement, car la vie était faite ainsi. Il n'y avait nulle honte ou regret à avoir à mourir égorgé dans son sommeil : quelqu'un s'était simplement montré plus fort, plus malin que vous. Mais quand lesdits plus forts abusaient de leur pouvoir, les choses étaient différentes. C'est pour cela que Rhaas était si peu émue par la mort (pourtant sanglante et particulièrement horrible) de Marco, et pourtant rendue si furieuse par l'enlèvement d'Eden. S'il y avait bien une chose que la jeune femme ne supportait pas, c'était que les plus forts profitent de leur position pour rendre plus faibles ceux qui leur étaient déjà inférieurs. La mort, oui, l'esclavage, le viol ou l'emprisonnement, non. Ceux qui gardaient les plus faibles sous leur emprise sans leur offrir délivrance ou repos. C'étaient eux, les vrais monstres.
C'est dans cet état d'esprit que Rhaas acheva sa descente. Toujours animée par cette colère froide et implacable, la jeune femme jeta un œil en contrebas : l'eau n'était plus qu'à trois mètres, et il n'y avait aucun rocher contre lequel elle risquait de s'écraser. Prenant une grande inspiration, l'Escorte sauta délibérément. Bien qu'elle s'y soit préparée, la froideur de l'eau lui fit un choc. Rhaas faillit ouvrir la bouche de surprise et se retint de justesse tandis qu'une froide torpeur s'emparait de ses muscles. Elle s'obligea à donner un grand coup de pied pour remonter à la surface, et aspira une goulée d'air. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas nagé. Mais à nouveau, son corps prit le relais et retrouva bien vite les réflexes pas totalement oubliés. Prudemment, la jeune femme nagea en direction du bateau qui mouillait une ou deux centaines de mètres sur la gauche. Quand elle fut trop proche, Rhaas plongea, préférant se faire discrète et profiter de l'effet de surprise. De temps à autre elle revenait à la surface pour prendre une grande inspiration, avant de disparaître à nouveau dans l'eau rendue trouble par le ressac et l'écume.
Approcher du bateau ne fut pas difficile, le plus ardu étant de maintenir sa trajectoire malgré les vagues qui la déviaient de son objectif. Quand Rhaas fut tout près du bateau, elle jugea plus prudent d'éviter le côté du navire donnant sur le ponton de fortune : l'équipage pouvait être en train de charger des caisses de vivres ou de poudre, mieux valait éviter de se faire repérer aussi bêtement. Aussi la jeune femme préféra-t-elle poursuivre sur sa lancée et s'infiltrer sur le navire par le côté donnant sur l'océan, là où personne ne risquait de la voir grimper sur le flanc du bateau. La coque du navire était recouverte de planches qui s'entrelaçaient pour assurer sa solidité, et permettaient du même coup une escalade aisée. Ses vêtements étaient lourds car gorgés d'eau, et les bourrasques glacées sur sa peau trempée la firent frissonner et claquer des dents, pourtant Rhaas ne ressentait par cet inconfort. Avec une aisance déconcertante compte tenu des circonstances, l'Escorte escalada la coque du navire, se jouant de la gravité comme un chat grimpe sur un chêne. Le brasier grondait toujours dans sa poitrine, ce qui lui donnait la sensation de ne pas être seule.
Alors qu'elle arrivait au niveau du bastingage, Rhaas entendit quelqu'un passer sur le pont. La jeune femme se colla contre la coque et attendit que le pirate ne la dépasse, avant de sauter par dessus la rambarde. Elle se réceptionna avec souplesse et put saisir le pirate avant de lui briser la nuque en silence. L'homme n'eut le temps de se débattre ou pousser le moindre cri. Jeter le corps par dessus bord ne fut pas difficile, et le bruit qu'il fit en percutant la surface de l'eau fut atténué par les hurlements du vent. Rhaas balaya alors les alentours d'un coup d’œil : une pile de tonneaux la protégeait des regards indiscrets, de sorte qu'elle put avancer sans peur. A la recherche des cales où Eden était certainement retenue prisonnière, Rhaas avait tiré une hache de jet de sa ceinture, et serrait son manche si fort que ses jointures palissaient. Elle était si proche... Au moment où elle parvenait près de l'entrée de la cale, la jeune femme fut stoppée net par des voix. Tendant l'oreille, elle distingua au moins quatre personnes : deux hommes et deux femmes. Pas celle d'Eden. Pourtant, en écoutant leur conversation, Rhaas comprit de quoi il retournait, de sorte que son sang ne fit qu'un tour. Elle était bien au bon endroit. Enfin, elle l'avait retrouvée. Mue par un instinct irrépressible, elle sortit de sa cachette.
Plusieurs personnes lui tournaient le dos, vêtues comme des bandits. Une Torkos lui faisait face, avec à ses côtés une bête sauvage qui ne devait pas l'être tant que ça. Mais l'attention de Rhaas fut entièrement retenue par la femme qu'un mastodonte maintenait devant lui. L'Escorte reconnut aussitôt la crinière brune et fauve de sa maîtresse : la poussière et la saleté atténuait ses reflets auburns, mais l'Escorte l'aurait reconnue n'importe où. Rhaas avait imaginé ce qu'elle s'attendait à ressentir au moment où elle retrouverait Eden. Elle s'était imaginée prise d'une folie meurtrière, abattant ses geôliers sans remord, avec plaisir, s'en délectant, même. Elle ne s'attendait certainement pas à lâcher un sanglot, ni à être prise de tremblements. Découvrir que ses efforts n'avaient pas été vains avait quelque chose de surréaliste, d'insoupçonné. La jeune femme dut se retenir pour ne pas tomber à genoux, et se reprit bien vite en lançant sa hache de jet. Mais son corps la trahissait, et son geste fut malhabile, peu assuré : la hache ne blessa pas mortellement l'homme qui retenait Eden prisonnière. L'individu poussa un cri en lâchant la Mésorianne, cherchant sur son dos l'origine de la douleur qui le tiraillait, et trouva la hache sur son omoplate. Immobile, Rhaas dut s'obliger à adopter une posture menaçante et luter contre cet instant de faiblesse, tirant son épée de sa ceinture, saisissant une autre hache de jet dans sa main gauche. Refusant de regarder Eden pour éviter de chanceler à nouveau, Rhaas garda les yeux fixés sur les pirates qui lui faisaient désormais face. En d'autres occasions, elle les aurait peut-être salué par un gracieux et sarcastique « Bonjour messieurs ! » Mais elle était trop retournée pour faire preuve d'humour. Aussi se contenta-t-elle de rendre leur regard mauvais aux pirates. Il devait y en avoir d'autre : ces trois là n'étaient pas assez nombreux pour manœuvrer un tel bateau. Sûrement cachés dans les haubans, à observer ce qui se passait sous le pont. C'était surprenant que Rhaas soit toujours debout et pas encore criblée de flèches. Peut-être attendaient-ils l'ordre de leur capitaine.
Avisant la Torkos qui la fixait d'un drôle d'air, de l'autre côté du pont, la jeune femme lâcha sans sourire :
« Je prends ceux de gauche, tu prends ceux de droite ? »
Surtout, ne regarde pas Eden. Ne la regarde pas. Pas maintenant. |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| 17/5/2015, 11:29 | |
| Le sujet est mis en stand By pour l'instant. J'invoque le droit de Pourparlers |
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| Sujet: Re: A l'abordage ! |Sujet privé| | |
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| | | | A l'abordage ! |Sujet privé| | |
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