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 C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]

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Chemenn du clan Chilchaki
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MessageSujet: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime16/6/2015, 23:33

La neige tombait en lentes et gracieuses arabesques, avant de se déposer délicatement sur le sol immaculé. Le paysage était recouvert d'une épaisse couverture, laquelle paraissait douce et moelleuse. Mais les Chilchaki n'étaient pas dupes et connaissaient les dangers d'un tel temps, de sorte que chacun s'activait, insensible à la beauté du décor qui l'entourait. Les chaînes d'Epieux dressaient leurs cimes dentelées vers le ciel, certains pics allant jusqu'à disparaître dans le manteau nuageux. Dans les bois alentours, des sons résonnaient à intervalles réguliers, signe que les bûcherons avaient repris leur ouvrage malgré le mauvais temps : ils ne pouvaient plus se permettre d'attendre. L'avalanche avait tout emporté sur son passage, outils, ressources et matériaux, obligeant les membres du clan à tout reprendre à zéro. Se donnant le temps de bien faire les choses, chacun avait pansé ses plaies, attendant quelques jours pour que l'horreur se fasse plus petite. Prendre de la distance permettait de garder le contrôle de la situation. Le premier réflexe avait été de quitter le pied des montagnes, bien sûr, pour s'installer dans une plaine à l'écart. Là, ils avaient pu se remettre en selle peu à peu, attendant le retour d'un ciel plus clément. Mais lorsque ce n'était pas la pluie qui rendait le sol boueux et inconfortable pour les bâtisseurs, de violentes bourrasques rendait leur travail inutilement difficile. Comme si les choses n'étaient pas assez délicates ! Finalement, Mamaka Chouette-Blanche, la Cheffe du village, avait décidé qu'attendre davantage serait courir le risque de voir arriver l'hiver sans y être bien préparé. Les artisans s'étaient donc mis au travail, chacun œuvrant vite et bien, faisant au mieux pour redorer le blason du clan et redonner un visage à celui-ci, réparant les dégâts de l'avalanche.  Les bûcherons dans la forêt, les tisserandes sous les yourtes, les cultivateurs aux potagers, les chasseurs partout alentours.

Mais les ressources manquaient : seuls quelques arbres malingres poussaient dans la forêt, là où les Chilchaki préféraient de loin des chênes ou des pins solides. De plus, la plupart de leurs outils  avaient disparu, les laissant les mains vides. Oh, couper ces arbres serait faisable, bien sûr, car c'était sans compter la détermination de ces petits hommes au cœur brave ! Mais cela prendrait du temps. Plusieurs lunes, peut-être, pour achever la construction des yourtes manquantes. Un temps non négligeable, si loin dans le Nord.
Une poignée de Chilchaki était partie en direction des villes et villages Mésorians alentours, espérant pouvoir y trouver de l'aide. Ils n'avaient plus rien à troquer, et devraient se contenter de l'âme généreuse des plus compatissants. D'autres s'étaient tournés vers leurs confrères Okanakis, mais sans savoir exactement où se trouvaient les clans voisins. Ils ne seraient probablement pas de retour de si tôt.

En raison de sa convalescence, Wakumbë ne pouvait guère aider, ni aux champs ni dans les bois. Aussi se contentait-il des menus travaux : couture, mais surtout écoute et patience. Plusieurs Chilchaki avaient perdu un proche, un parent dans cette avalanche, et nombreux étaient ceux qui vivaient encore, terrifiés à l'idée que le cataclysme puisse se reproduire. Les avalanches comptaient parmi les dangers de la montagne, bien sûr, mais cela restait tout de même choquant. Voir sa maison et tous ses biens disparaître, emportés par un torrent de neige vorace, n'avait rien de plaisant. En tant que Chemenn, Wakumbë offrait une oreille attentive à ceux qui le désiraient, compatissant à leur peine, rassurant les plus inquiets, distribuant réconfort et espoir à tout le monde. Travail éprouvant, peut-être, mais gratifiant. Voir les sourires apparaître, même faibles et pâles, voir les regards briller un peu, c'était la meilleure récompense du monde. Le jeune homme en oubliant les élancements dans sa cuisse qui guérissait – mais si lentement !

Les jours passaient horriblement vite : il leur semblait qu'ils n'auraient jamais le temps de tour faire avant l'arrivée de l'hiver. Et Eliwha savait qu'il arrivait tôt, dans cette région de l'Archipel. La pire chose qui pourrait leur arriver serait de se retrouver piégés au cœur d'une toundra... au moins, les montagnes leur offrait une sorte de rempart face aux bourrasques glacées charriant la neige. La plaine où ils avaient trouvé refuge était ouverte à tous les vents. La sécurité contre le confort, en quelque sorte...

Ce jour-ci, Wakumbë n'en pouvait plus de rester enfermé sous sa tente, et avait décidé de sortir prendre l'air. Il s'était déniché un bâton de bonne taille lui permettant de s'en servir comme d'une canne grossière, et ainsi pouvoir marcher sans avoir l'air trop ridicule. Cela causait des douleurs dans sa cuisse blessée, certes, mais au moins il était dehors et se déplaçait tout seul. Tout plutôt que se sentir comme un infirme. Il avait retrouvé l'un des éleveurs de rennes près de l'enclos provisoire, où étaient rassemblées les bêtes ayant survécu à l'avalanche. Ils en avaient perdu un bon nombre. L'éleveur le salua comme il se doit, avant de commencer une conversation plus naturelle. L'homme, qui répondait au nom de Fandor, lui donna des nouvelles des bûcherons qu'il voyait régulièrement passer devant l'enclos.

– Les choses vont mal, Chemenn. Les arbres sont mauvais et faibles, les hommes sont fatigués. Nous n'iront pas bien loin comme ça.
– Ne sois pas si hâtif dans ton jugement, Fandor. Il reste encore de nombreuses décades avant l'hiver, et puis ceux d'entre nous qui ont rejoint nos voisins ou les Mésorians ne sont pas encore rentrés. On nous apportera l'aide dont nous avons besoin.
– J'aimerais bien savoir comment tu fais pour garder le moral, grogna l'homme d'un air peu convaincu.

Mais le fait était que Wakumbë lui-même n'en menait pas large. Rassurer ses pairs lui demandait un effort surhumain. Levant les yeux vers le ciel bas et gonflé de nuages blancs, il poussa un soupir qui trahissait son inquiétude. Son regard descendit à la hauteur des bois, et il distingua quelque chose apparaître à travers le couvert des arbres : quelque chose de mouvant. Intrigué, il plissa les yeux pour mieux voir, avant de les écarquiller en comprenant ce qui approchait du campement.

– Ne brûle pas le corps avant d'avoir vérifié le souffle, mon ami. Notre chance pourrait tourner. Regarde ce qui arrive !

Une charrette ! Une véritable charrette, faite de bois, avec quatre roues, tirée par un yelko dont le souffle chaud s'élevait en volutes dans l'air glacé ! Une charrette, et pleine à craquer, à en juger les formes à demi cachées sous la toile tendue sur le chargement pour le protéger des intempéries. S'il l'avait pu, Wakumbë aurait couru en direction de ce cadeau qu'Eliwha leur offrait. Quittant l'air béa de Fandor, le jeune homme ne put que faire quelques pas, boitillant sur sa jambe valide, ne sentant même plus les élancements dans sa cuisse. Sa liesse n'eut plus de limite quand il reconnut le visage de la personne qui conduisait l'attelage. Kiliane Beausentier en personne ! Difficile de passer à côté cette tignasse facilement reconnaissable. Le cœur gonflé de gratitude, Wakumbë leva un bras pour la saluer de loin. Il n'avait osé espérer un tel miracle.

– OHÉ ! KILIANE ! cria-t-il, incapable de contenir sa joie et son soulagement. Son amie venait. Elle venait, et elle allait tous les sauver.
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime19/6/2015, 17:04

Chaîne des Épieux – 63e jour d’automne 1650
  J’étais encore à Belhovre lorsque je reçus le courrier de mes domestiques d’Épieux me faisant part de la rumeur : une avalanche avait frappé le clan Chilchaki. Ils n’avaient guère plus d’informations, et je n’avais aucune idée du temps que la nouvelle avait mis à m’atteindre, ou encore des dégâts exacts qu’ils avaient eu à subir, mais je savais une chose : je devais les rejoindre au plus vite. Aucun navire ne devait faire route vers Épieux ce jour-là, mais quelques gallions suffirent à convaincre un capitaine en partance pour Îleglace de faire le détour.
  Si je m’étais écoutée, je me serais lancée à leur recherche sitôt à terre, mais heureusement, Praraag était là pour me tempérer avec son pragmatisme habituel. À quoi leur servirais-je en débarquant ainsi les mains vides ? À rien. Ils avaient sans doute besoin de vivres, de matériel, de quoi se soigner et reconstruire… Des choses que je pouvais leur fournir aisément, et qui leur seraient infiniment plus utiles que ma simple présence. Les préparatifs me semblèrent prendre une éternité, mais je savais que c’était surtout mon inquiétude qui parlait, et qui me rendait tout sauf objective ; mon amie, avec son efficacité habituelle, remuait ciel et terre et dépensait sans compter pour faire avancer les choses aussi vite que possible.
  Pour ma part, je l’aidais autant que je le pouvais bien sûr, c’est-à-dire assez peu, et je passais la plupart de mon temps à tourner en rond à me ronger les sangs en me sentant parfaitement inutile. Praraag essayait de me rassurer, arguant que les Chilchakis connaissaient la montagne et le froid, que c’était leur milieu et qu’ils y étaient préparés… Ce qui n’aidait que modérément. Certes, elle était dans le vrai, mais une catastrophe naturelle restait une catastrophe et, préparés ou pas, pouvait causer des dommages considérables. Elle-même, d’ailleurs, n’était pas réellement convaincue par ses propres paroles. Des gens étaient morts, nous le savions toutes les deux, il n’y avait guère de doute à avoir à ce propos ; les seules inconnues étaient combien, et qui…
  Finalement, tout fut enfin prêt, et je pus me mettre en route, avec une charrette remplie pleine de denrées hétéroclites : nourriture, outils, vêtements chauds — dont certains seraient sans doute un peu trop grands, mais enfin ils pourraient sans doute servir — couvertures, ustensiles de soin… en somme tout le matériel qui avait pu être rassemblé en si peu de temps. Ça me semblait bien peu, mais trouver davantage aurait signifié attendre encore, et je ne pouvais pas me le permettre. Pas alors que j’ignorais tout de leur état, pas alors que des vies étaient peut-être encore en jeu. J’avais de quoi parer au plus urgent, le reste pourrait leur être apporté plus tard s’ils avaient besoin d’autres choses. Une bâche en toile, qui saurait probablement se montrer également utile au campement, protégeait le tout, et Praraag avait réussi à me trouver un yelko — pourtant assez rares sur cette île — pour tirer l’attelage. Des chevaux auraient certainement été plus rapides, mais également moins sûrs dans cet environnement périlleux. Et surtout, infiniment moins utile une fois sur place : le yelko pourrait leur servir d’animal de bât pour aider à reconstruire, après quoi ils sauraient faire bon usage de son cuir et sa viande.
  Le trajet, encore une fois, me parut interminable, d’autant que je n’avais personne avec qui parler pour me distraire et tromper le temps. J’avais bien envisagé de demander à quelques domestiques de m’accompagner — des bras supplémentaires n’auraient sans doute pas été de trop — mais, malgré les années, je ne pouvais toujours pas me résoudre à voyager avec qui que ce soit. Pataclop suivait sagement, en longe derrière l’attelage, et Monsieur Moustache, après quelque temps à marcher à ma hauteur, avait décidé que ce climat n’était vraiment pas pour lui et que le sol couvert de neige ne convenait pas à ses coussinets délicats, aussi avait-il fini par monter sur la charrette pour y dormir tranquillement, indifférent aux tourments qui m’agitaient. Je ne savais pas exactement où le clan avait établi son campement, mais ça n’avait rien d’un problème : il me suffisait de suivre la direction indiquée par ma boussole. Je n’avais pas besoin de faire le moindre d’efforts pour que mes pensées restent fixées sur les Chilchakis ; en vérité, j’étais bien incapable de penser à quoi que ce soit d’autre…
  Sans savoir exactement depuis combien de temps je cheminai, je finis par tomber sur ce que je cherchai, dans une vallée sur laquelle je débouchai en sortant du couvert des arbres. Mon cœur se serra à la vision du campement, bien misérable à côté de ce à quoi mes visites m’avaient habituée. Ils avaient commencé à reconstruire, avec le courage que je leur connaissais, mais il était manifeste qu’ils avaient été durement touchés. Les silhouettes qui s’activaient de tous côtés me semblaient tristement peu nombreuses…
  Mon nom crié résonna, me tirant de ma contemplation morbide, et mon cœur manqua un battement alors que je reconnaissais la voix qui m’interpellait. Sans encore oser y croire, mon regard glissa jusqu’à trouver la silhouette familière agitant le bras avec enthousiasme, sa chevelure couleur de neige chassant les derniers doutes qui pouvaient subsister. Avec un soulagement infini, je répondis à son geste.

« WAKUMBË ! »

  Il était vivant ! Je me sentais un peu coupable de ressentir une telle joie alors que d’autres, je le savais, n’avaient pas eu sa chance ; mais à cet instant précis, je n’avais qu’une chose en tête : mon ami avait survécu. Dès que je fus assez proche, je bondis de la charrette et me précipitai vers lui pour le prendre dans mes bras, le soulevant même du sol emportée par mon élan, dans une position bien peu digne d’un Chemenn. Heureusement pour lui, je n’avais pas la force de le maintenir ainsi plus de quelques secondes, aussi retrouva-t-il bien vite la terre ferme et sa dignité.
  Entre temps, la réalité m’avait rattrapée et, si le soulagement était toujours présent, l’inquiétude et la tristesse l’avaient rejoint, aussi c’est avec un ton bien plus grave que je repris la parole.

« Je suis venue dès que j’ai su… Je me suis dit que quelques petites choses pourraient vous être utiles. »

  La dernière phrase avait été prononcée d’un ton un peu plus léger, et l’ombre d’un sourire étirait mes lèvres alors que je désignai d’un mouvement de tête la charrette laissée un peu plus loin.

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime4/7/2015, 10:01

Un soulagement sans nom l'emplissait tandis qu'il se ruait vers son amie. La douleur dans sa cuisse n'était plus qu'un lointain souvenir tant la liesse prenait le dessus. Le reconnaissant, Kiliane bondit hors de sa charrette et courut vers lui à son tour. A plusieurs reprises, Wakumbë manqua de tomber en perdant l'équilibre tant la neige était épaisse sous ses pieds. Il s'en fallut d'un cheveux pour qu'il s'affale lamentablement dans la poudreuse. Toutefois sa dignité ne fut pas pour autant préservée, puisque dès qu'elle en eut l'occasion, Kiliane le saisit et le fit tournoyer comme un enfant.

Sous le coup de la surprise, le Chemenn en lâcha sa canne de fortune. Si la situation avait été différente, il aurait pu être vexé que la Mésorianne le porte de la sorte. Mais il avait tant besoin d'un visage ami et souriant, tant besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer un moment, que la gêne passait au second plan. Kiliane semblait si heureuse et soulagée de le voir que le jeune homme comprit qu'elle s'était fait du soucis à son sujet, et cela lui fit chaud au cœur. Au lieu de se débattre en protestant, Wakumbë laissa donc la jeune femme le porter, et appuya le front contre son épaule, les yeux clos.

Lorsque, enfin, Kiliane lui permit de regagner la terre ferme, Wakumbë voulut lui donner une tape amicale dans le dos, mais celui-ci était trop haut, aussi se contenta-t-il d'étreindre son bras en la regardant droit dans les yeux. Un sourire sincère égaya son visage quand il posa le poing sur son torse en s'inclinant légèrement, à la mode des Okanaki.

– Il est bon de te revoir, mon amie. Ta présence ici nous réchauffe le cœur après tout ce que nous avons vécu ces derniers jours.

Incapable de retenir sa curiosité, Wakumbë trottina jusqu'à la charrette. Il parvint à se hisser sur le rebord d'une roue, grimaçant quand sa jambe blessée se rappela à lui. Mais il s'en fichait. Ce qu'il y avait à l'intérieur de la charrette était bien plus important !
Les mains tremblant sous le coup de l'espoir et de l'excitation, le Chemenn souleva la bâche qui protégeait le chargement. Le souffle coupé par la surprise, Wakumbë ouvrit de grands yeux stupéfaits. Jamais encore il n'avait vu un tel trésor. A cet instant précis, même les plus belles pierres d'Eliwha lui auraient paru dénuées d'intérêt et bien fades comparées à ce qui s'offrait à sa vue.

Couvertures, haches, scies, lainages, couteaux, vêtements, vivres : tout ce dont ils manquaient était là. Wakumbë comprit que son amie Mésorianne n'avait pas hésité à sacrifier une part de son argent pour leur venir en aide, et tout à coup, ses yeux s'embuèrent. Malgré les années qui passaient, le jeune homme restait sensible à la bonté dont certaines personnes faisaient preuves. C'était cette solidarité, cette empathie qui lui paraissait le bien le plus précieux.

S'efforçant de masquer son émotion, Wakumbë s'essuya les yeux d'un revers de manche comme si de rien n'était, avant de pousser un sifflement d'admiration :

– Et ben ! C'est Eliwha qui t'envoie !

Prenant soin de rabattre la bâche avant de sauter au pied de la charrette, le Chemenn rejoignit son amie. Son regard suffisait à exprimer toute sa gratitude. De toute manière, il pensait bien que Kiliane n'attendait aucun remerciements. Peut-être même les aurait-elle refusés.

Mais déjà, le vent se levait et soufflait fort dans la vallée. Frissonnant, Wakumbë serra les bras autour de sa poitrine et leva les yeux au ciel : un seul coup d'oeil lui apprit qu'il ne tarderait pas à neiger à nouveau. Mieux valait mettre le contenu de la charrette à l'abri avant que les bourrasques ne s'intensifient. Hélant Fandor qui s'approchait, intimidé et curieux à la fois, le Chemenn lui demanda en souriant de conduire la charrette auprès de la tente où était rangé tout ce qu'ils avaient pu sauver de l'avalanche. Ils n'avaient pas encore pu faire le tri ou redonner à chacun ce qui lui appartenait avant la catastrophe, mais cela n'était pas nécessaire : chacun venait se servir en fonction de ses besoins. Et les Chilchaki étaient assez altruistes pour se priver de quelque confort afin que les ressources aillent aux plus nécessiteux. Les quelques femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées disposaient des couvertures, par exemple. Jusqu'ici, le clan s'en tirait bien. Mais de jour en jour, la fatigue gagnait même les hommes les plus robustes, et Wakumbë était inquiet de voir leurs cernes s'agrandir, mangeant leur bon visage. L'arrivée de Kiliane était un véritable miracle.

Après que Fandor eut serré les mains de la Mésorianne en la remerciant du fond du cœur, le Chemenn tira son amie par la manche pour la conduire jusqu'à sa tente.

– Ça va péter », se contenta-t-il de dire pour explication, désignant le ciel du menton. « J'aimerais autant éviter que tu te transformes en glaçon, ça ferait mauvais genre. »

Pensant au lait de renne qu'il pourrait réchauffer sur le feu, Wakumbë garda le silence quelques instants. Leurs pas crissaient sur le tapis de neige fraîche, et déjà les premiers flocons s'échouaient sur leurs capuches. Au bout d'une minute ou deux, le Chemenn se tourna vers son amie, ne sachant trop quelle attitude adopter :

– Kiliane, je ne sais vraiment pas quoi dire. C'est énorme ce que tu fais pour nous, merci. S'il y a quoique ce soit que je puisse faire pour toi... Nous avons envoyé des éclaireurs sur les territoires Mésorians pour chercher de l'aide, l'un d'eux était chargé de te prévenir. Vous avez du vous rater de peu.

Mal à l'aise, Wakumbë finit par grimacer lorsqu'il appuya par mégarde sur sa jambe douloureuse. Il pesta contre lui-même et s'obligea à utiliser sa canne de fortune. Voilà. Il avait l'air d'un vieillard. Il secoua la tête en ricanant, s'efforçant de ne pas paraître trop amer :

– Ouais. Ben, je crois qu'on peut dire que c'était une grosse avalanche, hein ?
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime11/7/2015, 17:18

Chaîne des Épieux – 63e jour d’automne 1650
  Wakumbë semblait presque aussi ému de voir que je l’étais. C’est d’ailleurs sans doute la seule raison qui le poussa à accepter mon étreinte sans grogner comme il l’aurait fait en temps normal de se voir soulever comme un fétu de paille ; mais à cet instant, sa fierté était bien le cadet de mes soucis, et sans doute des siens aussi. Une fois les retrouvailles effectuées et le moment quelque peu apaisé, un semblant de dignité nous revint, et les salutations qui suivirent furent un peu plus protocolaires, quoique non moins chaleureuses.

« Il est bon de revenir aussi. Même si j’aurais préféré des circonstances moins sombres… J’espère que ce que je vous ai apporté réchauffera plus que vos cœurs. »

  Je l’observai en souriant, amusée de sa curiosité, alors qu’il trottinait vers la charrette, mais il s’affadit lorsque je remarquai sa grimace, et la faiblesse discrète de sa jambe. Il était blessé… Je ne relevai pourtant pas, devinant que ce n’était pas un sujet qu’il lui plairait d’aborder. S’il voulait m’en parler, il savait qu’il pouvait. Et puis il parvenait toujours à marcher, c’était donc que ça ne devait pas être trop grave.
  Dérangé dans sa sieste, Monsieur Moustache descendit de son lit improvisé en grondant légèrement quand l’Okanaki déplaça la bâche. À voir son hésitation lorsqu’il se réceptionna au sol, il était tout sauf ravi de constater que l’enquiquinante couche de neige était toujours là. Je le gratifiai d’une caresse pour le consoler, mais mon attention était avant concentrée sur la réaction de Wakumbë. Il ressemblait à un enfant qui aurait trouvé un trésor ! Il tâcha de dissimuler son émotion, et je fis mine de ne rien remarquer, mais je le connaissais suffisamment pour me rendre compte à quel point il était ému, et j’en fus heureuse. Même dans ces circonstances sombres, procurer autant de joie à quelqu’un de cher était toujours un bonheur. À son commentaire, je me contentai de répliquer d’un ton taquin :

« Ou Hygérie…»

  C’était une vieille plaisanterie entre nous que de chercher à avoir le dernier mot quant à laquelle de nos déesses respectives était responsable de tel ou tel événement, même lorsqu’il était évident qu’aucune des deux n’était impliquée. Je me souvenais plus comment ce petit jeu avait commencé, mais nous ne manquions jamais de le poursuivre.
  Le vent me sembla se lever alors que Wakumbë interpellait un Okanaki qui se tenait non loin — Fandor, me semblait-il ? — qui s’approcha sans se faire prier. Je le saluai à son tour et répondit à ses remerciements avant de lui confier Pataclop pour suivre mon ami qui déjà me tirait par la manche, souriant à sa remarque.

« Oh comme tu y vas, je suis sûre que je ferais un très joli glaçon ! Mais c’est vrai que je préférerais éviter… »

  Le silence s’installa pendant que nous marchions, et j’eus le temps d’observer plus attentivement le campement en pleine reconstruction, mais toujours marqué par la dévastation qui l’avait frappé. Alors que nous approchions, j’essayais d’évaluer les dégâts, de repérer des visages connus. Je m’étais imaginée mille et un scénarios tous plus catastrophiques les uns que les autres depuis que j’avais appris la nouvelle, et si la réalité ne rattrapait pas mes pires craintes, il n’en était pas moins évident que le drame les avait frappés durement, et les avait mis dans une situation plus que difficile. Au moins je n’étais pas arrivée trop tard, et ce que j’avais apporté les aiderait à se remettre sur pieds. C’était un bien maigre réconfort, mais c’était mieux que rien.
  Wakumbë me remerciait d’ailleurs de “ce que je faisais pour eux”, et je ne pus m’empêcher de rouler des yeux au ciel, avant de répondre d’un air ennuyé :

« Il aurait mis du temps à me trouver, j’étais à Belhovre quand j’ai entendu la nouvelle. Tu sais que j’ai raté la foire agricole pour venir ? Et j’avais une invitation pour un bal chez le Doyen d’Îleval demain. Tu te rends compte du nombre de contacts et de clients potentiels qui me passent sous le nez pendant qu’on discute ? Je secouais doucement la tête et fis mine de lui donner un coup de coude dans l’épaule, mais qui ne fut guère plus qu’un effleurement, avant de retrouver un mince sourire et de reprendre : Arrête donc de raconter n’importe quoi. Ça n’a rien d’extraordinaire, j’aide comme je peux c’est tout. Je vois dois bien ça. Vous m’avez quand même sauvé la vie, au cas où tu l’aurais déjà oublié. »

  Cette dernière remarque était à moitié une plaisanterie ; si je n’oubliais pas que j’avais effectivement une dette envers eux, ce n’était pas vraiment la raison de ma présence. D’ailleurs, j’aurais certainement fait pareil si j’avais appris qu’un autre clan se trouvait dans cette situation — quoiqu’avec moins d’empressement et d’inquiétude, sûrement — j’avais les moyens d’aider, il me semblait normal de le faire. Mais ce n’était pas n’importe quel clan ; c’était les Chilchakis. Ils ne m’avaient pas seulement sauvée, ils s’étaient également occupés de moi, m’avaient acceptée parmi eux, ils étaient presque comme une seconde famille pour moi, même si je ne leur avais jamais dit — et ne leur dirais probablement jamais — en ces termes. Et chez moi, on n’abandonne pas sa famille.
  Encore une fois, je ne commentai pas quand il trébucha et se décida à prendre appui sur une canne pour marcher, ne voulant pas mettre en avant sa blessure. Sa remarque en revanche me tira un sourire amer, et mon regard se perdit de nouveau sur le campement alors que je lâchai d’un ton redevenu grave :

« On dirait bien… Je ramenai mon regard sur mon ami pour l’interroger pour la première fois depuis mon arrivée. Comment vous vous en sortez ? »

  Posée comme ça, la question me paraissait souverainement idiote, mais je n’arrivais pas à trouver mes mots pour poser les bonnes questions — je n’étais d’ailleurs pas sûre de savoir lesquelles l’étaient ou pas — je n’osais pas le questionner plus en détails sur les dégâts et les pertes qu’ils avaient subies, parce que je n’étais pas sûre qu’il soit prêt à en parler, et probablement aussi en partie parce que j’avais peur de la réponse…
COMMENTAIRE(S) HORS-RP :
puce3 Je me suis permis de prendre quelques libertés sur la relation entre Wakumbë et Kiliane, j’espère que ça ira ! Si jamais ça ne convient pas — ça ou quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs —, n’hésite pas à me le signaler ! Smile

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime19/7/2015, 13:01

Comme il fallait s'y attendre, Kiliane rejeta ses remerciements d'un revers de main peu concerné. Elle avait toujours été comme ça, à penser aux autres sans rien attendre en retour. Lui-même fonctionnait sur ce principe, et c'était en partie cela qui les avait rapproché et permis de bien s'entendre malgré les a priori négatifs du Chemenn. Wakumbë n'insista pas, sachant pertinemment que montrer trop de gratitude mettrait son amie mal à l'aise.

Malgré la gravité des événements récents, tous deux bavassaient sur un ton léger, s'autorisant même quelques plaisanteries. Cela faisait du bien au jeune homme, qui appréciait de pouvoir bavarder enfin avec quelqu'un qui n'avait pas connu le même traumatisme. Parler à Kiliane, qui n'avait pas eu à affronter l'avalanche, c'était un peu comme prendre de la distance avec tout ça et devenir y étranger avec elle. Peut-être était-ce futile, mais ça avait le mérite d'amoindrir un peu le poids qui pesait constamment sur ses épaules.

– Oui, et bien désolé de te faire rater quelques contrats si juteux ! » rétorqua-t-il avec un sourire en coin.  « Tu sais à quel point je me sens concerné par le commerce et l'économie Mésorianne. » Cette fois, son sourire était clairement hypocrite. Pour toute réponse, Kiliane lui donna un coup de coude bourru dans l'épaule, ce qui le fit doucement rigoler. En raison de sa grande taille, elle n'osait jamais vraiment le bousculer. La seule fois où elle l'avait vraiment fait, il avait fini enfoui sous un tas de neige tandis qu'elle le fixait de toute sa hauteur, poings sur les hanches et regard victorieux. Dans le fond, ce statu quo lui convenait plutôt bien. Après tout, Wakumbë n'avait jamais été doué pour la bagarre, mais sa fierté masculine l'empêchait de l'avouer haut et fort.

Au moment où Kiliane lui rappelait qu'elle ne faisait que leur rendre la pareille puisqu'ils lui avaient prêté main forte eux aussi, le Chemenn ne put s'empêcher de s'esclaffer :

– Par Eliwha ! La meilleure chose qu'on ait jamais faite ! Je vais bénir ce jour tous les matins. Le seul inconvénient, c'est que tu sois « toi », bien sûr. Si tu avais pu être une Okanakie comme tout le monde, et être un peu plus futée, ça aurait été parfait. Mais bon... j'imagine qu'on ne peut pas tout avoir...

Il répondit à son regard assassin par l'air angélique qu'il gardait pour les grandes occasions.
Pourtant, malgré le ton léger que prenait la jeune femme, Wakumbë sentait son regard analyser les restes du campement. Ses yeux se posaient sur les tentes qui présentaient encore les traces de l'avalanche, sur les rares Chilchaki grelottants qui osaient mettre le nez dehors sans équipement adéquat. Puis vint la question qu'il attendait et redoutait à la fois. Il l'attendait car il savait que Kiliane finirait par la poser de toute manière, il ne s'était jamais fait d'illusion à ce sujet. Mais il la redoutait car il n'était pas certain de pouvoir mentir de manière assez convaincante à son amie. Wakumbë s'efforça de répondre le plus sincèrement possible, sans prendre un air trop sombre :

– On s'en sort. Les Chilchaki sont solides et ne manquent pas de courage.

Cela était parfaitement vrai. Chaque jour, Wakumbë était impressionné par la force de caractère et la ténacité des hommes et femmes qu'il côtoyait. Il était fier de pouvoir affirmer être l'un d'entre-eux. Parfois, il se demandait si un autre clan s'en sortirait mieux dans la même situation. Il n'était pas sûr de ça.
D'un ton calme, sans toutefois regarder Kiliane dans les yeux, fixant un point invisible devant lui, Wakumbë poursuivit :

– Nous avons perdu plusieurs d'entre-nous, mais les choses auraient pu encore plus mal tourner. Il nous reste des rennes, des tentes, et Mamaka a réagi suffisamment vite pour nous permettre de nous reconstruire et rassembler ce qu'on pouvait. Ensuite on a migré vers les plaines par prudence, au cas où ça péterait à nouveau.

Malgré tous ses efforts, il avait évoqué leurs pertes d'un ton trop froid et atone, comme s'il comptait à voix haute. Jamais cela ne paraîtrait naturel.
Wakumbë s'autorisa une pause, mais le silence de Kiliane trahissait les questions qui lui brûlaient sans doute les lèvres : « Combien ? Et qui ?»

– Sept. Aucun que tu comptais dans tes amis. Tu avais rencontrée la mère d'Elina, je crois...

Sa voix commençait à trembler, aussi se hâta-t-il de changer de sujet. Lui-même n'avait jamais été particulièrement proche des sept Okanakis disparus, mais les Chilchaki étaient une grande famille. Perdre l'un d'entre-eux causait aux autres une peine sincère même s'ils ne se connaissaient pas assez pour se considérer comme des amis.
Ils arrivaient auprès de sa tente, et sans s'en rendre compte le jeune homme pressa le pas.

– Sinon moi, ça va, j'ai eu de la veine. Je me suis juste retrouvé bloqué dans une grotte quelques heures, puis Niila est venue me chercher... » En mentionnant le nom de la jeune femme, Wakumbë ne put s'empêcher de sourire avec tendresse. Expression qu'il chassa bien vite en se raclant la gorge. Rougissant, il ajouta rapidement :  « Bref, une jambe à rafistoler, une ou deux côtes à réparer, c'est tout. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, tu vois.

Pour la première fois depuis un moment, Wakumbë leva les yeux vers son amie et sourit d'un air brave et confiant qui masquait tant bien que mal sa tristesse. Kiliane le connaissait assez bien, elle ne serait sans doute pas dupe. Mais bon, au moins, il avait essayé...
Arrivés devant sa tente, le Chemenn s'écarta pour laisser son amie rentrer la première, retenant le pan de toile qui bouchait l'entrée. Puis il entra à son tour, réveilla les braises avant de pousser du pied le bazar qui encombrait le sol près du feu, s'excusant pour la pagaille qui régnait dans la pièce. Des toiles qu'il achevait de recoudre, notamment.
La veille, Mako lui avait apporté un peu de menthe ramassée dans la vallée. Wakumbë mit de l'eau à chauffer et prépara les plantes pour en faire des infusions, installé face à son amie. Le feu réchauffait agréablement ses doigts engourdis par le froid.

– Désolé, je crains de ne pas être un hôte de marque aujourd'hui. J'espère que tu aimes toujours ça, ce n'est pas grand chose.

Il semblait bien loin, le temps où ils pouvaient déguster du jus de baies ou du vin chaud, assis sur des coussins ou des tapis moelleux ! L'avalanche avait tout pris. Mais leur amitié subsistait cependant, et Wakumbë savait que la jeune femme n'en prendrait pas ombrage.

– Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? Ça fait un moment qu'on ne t'avait pas vue dans le coin.

******************************
NOTE HRP : Ton dernier post était parfait, pas de problème ! ^^ J'ai pris quelques libertés moi aussi (au niveau de la bagarre amicale xD) Juste une petite chose : est-ce que à un moment du rp Kiliane pourrait avertir Waku de la mort du Mâss et tout ? Histoire qu'il soit mis au courant des événements et qu'il puisse partir à Opale ensuite pour le couronnement et tout ! Merci beaucoup !
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime2/8/2015, 17:29

Chaîne des Épieux – 63e jour d’automne 1650
  D’une certaine façon, je trouvais rassurant de constater que Wakumbë arrivait encore à plaisanter, même après ce qu’il avait traversé. Ce n’était pas comme si “rien n’avait changé”, bien sûr, mais le voir me lancer des piques comme il l’avait toujours fait était une preuve qu’il était toujours lui-même, que l’épreuve ne l’avait pas brisé. C’était aussi une façon, du mois je l’espérais, d’alléger son fardeau, aussi modestement que ce soit, même si ce n’était que pour quelques instants. Aussi je ne me fis pas prier pour en rajouter, et rétorquer d’un ton plein de fausse modestie :

« C’est que personne n’est parfait. J’ai déjà tellement de qualités, les dieux n’auraient pas pu m’en donner plus sans risquer que je leur fasse de l’ombre. Et puis si j’avais été plus futée, quel drame ça aurait été ! Imagine, j’aurais pu avoir assez de jugeotte pour éviter de devenir ton amie, et alors qu’est-ce que tu serais devenu, je te le demande ? »

  Mais les plaisanteries n’avaient qu’un temps dans ces circonstances, et la conversation finit par revenir sur des préoccupations plus tangibles… Je me contentai de hocher la tête quand il commença à répondre à ma question. Oui, les Chilchakis étaient solides, je n’en avais jamais douté ; ils avaient survécu à la catastrophe, ils sauraient aller de l’avant, se reconstruire, peu importe le temps qu’il leur faudrait. Il en fallait plus pour les abattre. Mais ils avaient tant perdu… Et c’était de cela que je m’inquiétais à cet instant, sans oser le demander explicitement.
  Mon ami dut le sentir, car je n’eus pas à essayer de préciser ma question pour qu’il développe davantage sa réponse. Il me fit un état des lieux d’un ton froid et mécanique, qui aurait pu passer pour de l’indifférence, mais je savais que c’était tout le contraire. Ma gorge se serra à l’évocation de ceux qui avaient péri, et une nouvelle fois Wakumbë devança la l’interrogation que je n’osais formuler.
  Sept. Ce nombre me paraissait énorme. Une pensée fugitive lui fit correspondre mes parents et mes frères et sœurs. Sept. Mais Wakumbë avait raison : ça aurait pu être bien pire. Je répondis d’un hochement de tête à sa question qui n’en était pas vraiment une, la mine affligée. Je n’avais pas beaucoup connu sa mère, mais j’avais eu l’occasion de côtoyer pour le moins assidûment Elina au moment de mon arrivée, quand elle s’était occupée de moi, et nous avions fini par devenir assez proches.
  Je sentais des larmes brûler mes yeux, mais je les retins. Wakumbë avait besoin de soutien, pas d’une personne supplémentaire à consoler. Si lui pouvait se montrer fort alors qu’il s’agissait de sa famille, je me devais d’en faire de même, ne serait-ce que pour lui. Il m’y aida d’ailleurs en reprenant la parole, me donnant autre chose sur quoi focaliser mes pensées. Je ne me sentais pas assez vaillante pour le relever sur le moment, mais la manière qu’il eut de rougir en mentionnant la jeune femme qui était venue le chercher ne m’échappa pas. Je cherchai mentalement à mettre un visage sur ce nom, mais, malgré mes visites aussi régulières que possibles, je n’avais pas fréquenté personnellement tous les membres du clan, et je ne parvins pas à resituer celle dont il me parlait.
  Avec l’ombre d’un sourire, je répondis à sa conclusion d’un ton qui se voulait moqueur, même s’il manquait de conviction avec ma voix enrouée par l’émotion.

« Oh, mais je ne m’inquiétais pas ; je sais bien qu’il faut plus que ça pour se débarrasser de toi. »

  Un mensonge éhonté, mais à peine plus que celui qu’il venait de me servir ; je le connaissais bien assez pour deviner qu’il minimisait ce qu’il lui était arrivé, tout comme pour lire la tristesse qu’il dissimulait tant bien que mal derrière son sourire bravache. Mais, pour cette fois, je n’en dis rien et fis semblant de le croire, lui rendant tant bien que mal un sourire sur le même ton.
  Nous étions arrivés à sa hutte, et, comme à chaque fois, je dus me courber pour entrer. C’était toujours inconfortable, mais j’avais fini par m’y habituer. Le plus simple était encore de m’asseoir au plus vite, et de ne plus me lever si je pouvais l’éviter. Ce qui m’avait ennuyé au début, ayant envie d’aider mes hôtes si possible, mais je m’étais vite rendu compte que j’étais davantage une gêne qu’autre chose, avec ma grande taille.
  Je laissais donc Wakumbë s’occuper de débarrasser un peu et de préparer les infusions, tout en jetant un regard circulaire sur le décor. Le désordre ne me dérangeait pas — j’avais connu bien pire, et j’étais surtout très mal placée pour juger… — mais il mettait en exergue tout ce qui avait été perdu, tout ce qui manquait même pour la vie de tous les jours. Je chassai rapidement ses pensées lorsque Wakumbë s’excusa de la façon dont il me recevait, et j’y vis une occasion de refouler un peu la tension qui s’était installée depuis qu’il m’avait fait l’état des pertes du clan. Affichant mon air le plus sérieux, je posai une main sur son bras, tout en lâchant aussi solennellement que possible :

« Wakumbë, je suis désolée d’être celle qui t’annonce ça mais… tu n’as jamais été un hôte de marque. Est-ce que tu as déjà goûté ta cuisine ? C’est un désastre. Je parvins à maintenir mon air grave pendant quelques secondes, avant de craquer et d’afficher un sourire amusé, reprenant plus sincèrement : Ce sera très bien, idiot. Tant que je ne trouve pas d’yeux en train de flotter dans mon infusion, je suis une invitée comblée. »

  Il s’agissait d’une référence à une anecdote que je lui avais raconté quelques années plus tôt, mais dont je me doutais qu’il ne l’avait pas oubliée. Certains clans avaient des traditions assez étranges… et difficiles à comprendre pour les étrangers. Même si je m’efforçais de toujours les respecter, il y avait certaines choses pour lesquelles j’avais du mal à faire bonne figure.
  La chaleur du feu commençait à se répandre dans mon corps, en une sensation bien agréable après avoir cheminé plusieurs jours dans la neige, et je commençais à me détendre. Monsieur Moustache, habitué à Wakumbë et sachant qu’il était le bienvenu, nous avait suivi et s’était installé près de nous, apparemment soulagé d’être enfin au sec. J’entrepris de lui gratter le crâne, et il ferma les yeux en ronronnant. Je ne m’interrompis pas quand mon ami m’interrogea sur mon activité récente, me contentant de ramener mon regard sur lui en haussant doucement les épaules.

« Oh moi tu sais, la routine. Je passe mon temps sur les routes, sauf quand Praarag arrive à m’attraper pour m’obliger à m’occuper de clients. J’étais sur Belhovre dernièrement, j'ai rencontré un nouveau clan. »

  Je lui parlai un peu des Maustes, de la façon dont il m’avait accueillie et des possibilités que j’en avais vues d’une future collaboration, mais je ne m’étendis pas autant qu’à mon habitude. Non pas que le sujet ne m’intéressait pas, au contraire, mais j’en voyais un autre à aborder, qui me semblait bien plus passionnant. Aussi, dès que j’eus couvert l’essentiel, je lui lançais avec un air mutin :

« Mais toi aussi, tu as des choses à me raconter. Ne crois pas que je ne t’aie pas vu rougir tout à l’heure. Parle-moi un peu de cette Niila ! »
COMMENTAIRE(S) HORS-RP :
puce3 Pardon pour le délai ! J’espère que la réponse ira. Si quoi que ce soit ne convient pas, comme d’habitude, il suffit de me le dire et j’éditerai ! Smile
puce3 Je ne savais pas exactement l’âge d’Elina, ni si elle était déjà soigneuse à l’arrivée de Kiliane, donc j’ai conjecturé. Si ça ne va pas, dis-le moi et j’éditerai.
puce3 Je ne me suis pas trop appesantie sur les Maustes parce que le RP est en cours, et que je ne sais donc pas exactement ce qu’il va se passer, ni comment, mais considère qu’elle lui raconte l’essentiel de sa rencontre et lui en parle pendant plusieurs minutes.

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane]   C'est l'histoire d'un boiteux et d'une géante... [Wakumbë & Kiliane] Icon_minitime3/8/2015, 10:00

Il était agréable de parler librement avec Kiliane, et de plaisanter en lui renvoyant les piques bien senties qu'elle lui expédiait. Avec le temps, cela était presque devenu un réflexe entre eux : ils se charriaient souvent, mais même un aveugle aurait vu que cette manie était à la hauteur de leur affection. Plutôt que de reconnaître qu'ils s'appréciaient, tous deux préféraient se balancer des vacheries à la figure. Chacun sa méthode...
Quand Kiliane susurra que si elle avait été plus maligne elle aurait évité d'être son amie, Wakumbë roula des yeux effarés et porta une main à son front, prenant un air excessivement dramatique :

– Oh pitié ! Ne parlons pas de malheur !

Puis il avait parlé du clan, de l'avalanche, et le visage de Kiliane s'était fermé. Wakumbë la connaissait assez pour deviner les questions qui la hantaient, à chacun des plis qui barraient son front. Dévorée par l'inquiétude, la Mésorianne retenait tant bien que mal ses interrogations, craignant peut-être de lui soutirer des détails douloureux. Alors, pour lui éviter d'avoir à demander, Wakumbë lui avait tout raconté. Les pertes, la peur, l'angoisse de ne pas passer l'hiver. Ce faisant, il avait retrouvé sans y prendre garde l'expression distante qu'il affichait toujours pour annoncer des mauvaises nouvelles. Mettre de la distance entre la réalité et lui, c'était un peu comme si elle devenait moins... réelle. Instinctivement, il repensa à la première fois qu'il avait effleuré la magie des pierres, et un grand vide naquit dans sa poitrine. Il aurait donné n'importe quoi pour se perdre un moment dans les flux d'énergies, pour s'échapper du monde qui le persécutait. La magie des flux lui montrait la véritable beauté des choses. Parviendrait-elle encore à réitérer cet exploit, maintenant que tout n'était plus qu'obscurité et tristesse ? Un frisson sinua le long de son échine. Mieux valait ne pas penser à ces choses là. Ils ne s'en tiraient pas trop mal, compte tenu des circonstances...

Retrouvant une voix normale, Kiliane le charia sur sa résistance, ce à quoi Wakumbë lui répondit par un sourire en coin, tout en remuant l'infusion sur le feu. Il avait volontairement évité de s'appesantir sur son sort, ne souhaitant pas alarmer son amie. Les faits étaient bien différents, toutefois : il guérissait peut-être bien de ses blessures, mais la peur le rongeait depuis qu'il s'était retrouvé enfermé dans cette grotte. L'obscurité, surtout. Il peinait à s'endormir sans lumière, mais préférait garder ces détails pour lui. Cela finirait sûrement par passer avec le temps. Du moins, il l'espérait.

Quand Kiliane le vanna sur la qualité de ses petits plats, Wakumbë eut une exclamation outrée, et tapota sa main avec la cuillère en bois, prenant un air menaçant et excessivement viril :

– Tu ne sais pas à qui tu parles, femme. Prends garde à tes mots si tu v...

L'objet était encore recouvert de l'infusion, et l'eau bouillante gicla sur sa peau, lui arrachant un cri de surprise et le coupant dans sa tirade : en un réflexe, le jeune homme lâcha la cuillère et porta son doigt à sa bouche pour calmer la brûlure. Kiliane en profita évidemment pour se payer sa tête, mais le jeune homme prit soin de l'ignorer, rassemblant les miettes de sa dignité. Pourquoi fallait-il qu'il se ridiculise toujours en présence de son amie ? Cela commençait à devenir humiliant. Finalement, le rire de la jeune femme fut contagieux, et Wakumbë finit par rigoler avec elle. D'un côté, cela faisait du bien d'être aussi insouciant.

– Voilà pourquoi je me débrouille toujours pour que ce soit Mako qui cuisine quand j'ai des invités, avoua-t-il quand il se furent calmés.

Le « gros chat » de Kiliane les avait suivis sous la tente. Monsieur Moustache qu'il s'appelait, quelque chose comme ça... Un nom assez humiliant pour l'animal, mais plutôt approprié : le fauve ne paraissait pas très dangereux quand on avait la chance de compter parmi les amis de sa maîtresse. Wakumbë ne put s'empêcher de passer ses doigts dans la fourrure du « gros chat », comme il s'entêtait à le désigner. Il écouta la réponse de la Mésorianne, lui jetant un regard entendu quand elle avoua ne s'intéresser aux contrats que lorsque son amie Torkos l'y contraignait. Wakumbë et Kiliane avaient toujours partagé une passion pour les voyages et l'aventure. Quelque part, il enviait son amie d'être aussi libre de ses mouvements. S'il n'avait pas été Chemenn, et bien... mais non, inutile de penser à cela. C'était injuste pour les Chilchaki.
Elle lui parla longuement des Maustes, le clan où elle avait passé un certain temps avant de retrouver les îles du Nord. Wakumbë n'avait encore jamais entendu parler de ce clan, et apprécia les détails fournis par son amie. Les Maustes semblaient amicaux et accueillants, de sorte que la curiosité du Chemenn s'accrut au fil du récit de Kiliane. Un clan, c'était une culture, des traditions à découvrir. Quelle chanceuse que cette fichue Mésorianne !

Puis, aussi soudainement qu'elle était apparue en haut de la colline, Kiliane changea de sujet. Wakumbë mit un moment à comprendre, l'esprit encore occupé par les images que le récit de son amie avait fait naître. Aussi, quand il réalisa que quelque chose clochait, le jeune homme bafouilla quelques mots indistincts, complètement perdu. Mais le nom de Niila le ramena bien vite sur le droit chemin : il ne put s'empêcher de rougir tant il était bizarre d'entendre le nom de cette personne sortir de la bouche de Kiliane. Jusqu'ici, il s'était débrouillé pour qu'on ne cause pas trop sur son dos à ce sujet là, même si les Chilchaki étaient bavards et avides de détails croustillants. Le tout dans une bienveillance extrême, bien entendu. Mais Wakumbë aimait bien qu'on lui fiche la paix sur certaines choses. Surtout que Niila ne semblait pas particulièrement aimer ce genre de rumeurs, elle non plus.

– Par Eliwha ! s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel, exaspéré. Tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi !

S'ensuivit un silence durant lequel Kiliane le fixa sans sourciller. Finalement, ce fut lui qui craqua le premier. Secouant la tête, il se mordilla l'intérieur de la joue, réfléchissant à la meilleur manière d'aborder le sujet. Ne voyant aucune autre option que l'honnêteté la plus franche, il poussa un gros soupir et marmonna :

– Je suis amoureux.

Comme il l'avait à peine chuchoté, il fut obligé de le répéter, plus fort. Bon sang. Ça devenait vraiment gênant. Devinant que Kiliane voudrait sans doute en savoir plus, Wakumbë poursuivit, les yeux dans le vague, le visage apaisé :

– Elle est intelligente, elle est humaine, et elle est essentielle. Elle fait ressortir le meilleur de moi-même.

Une poignée de secondes s'écoula, après quoi il fronça les sourcils, osant à nouveau regarder son amie :

– Ouuuh, c'était moins niais quand je le pensais. Désolé de te faire subir ça. Il faut dire que ce n'est pas trop ton genre, hein ? Madame la solitaire. Il faudrait que tu penses à te marier et à pondre deux ou trois enfants tu sais, Hygérie ne va pas être contente.

Une manière comme une autre de légèrement faire dériver le sujet de la conversation. Wakumbë n'était pas contre le fait de parler de Niila à ses amis, il le faisait même régulièrement avec Mako. Il n'était simplement pas certain que ce soit le cas de Kiliane, et préférait ne pas trop s'avancer pour éviter de se retrouver dans une situation gênante. Si elle posait des questions, il y répondrait avec plaisir, mais hors de question qu'il s'attarde de lui-même sur le sujet.

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Chaîne des Épieux – 63e jour d’automne 1650
  Ma petite pique eut encore plus que l’effet escompté, puisque mon ami monta sur ses grands chevaux et entreprit une tirade outrée et menaçante… Qui fut toutefois bien vite interrompue par sa propre maladresse. Sans pouvoir me retenir, sans doute autant en réponse à la tension qui nous tenait tous deux depuis mon arrivée qu’à la cocasserie de la scène, j’éclatai alors de rire, et la dignité bafouée dans laquelle il tentait de se draper en m’ignorant royalement ni fit qu’augmenter mon hilarité.
  Comme je me doutais qu’il le ferait, il finit par craquer et se mettre à rire à son tour, et pendant un temps il n’y eut d’autres sons dans la yourte que nos voix entrecoupées et nos souffles haletants. Nous finîmes toutefois par nous calmer, mais c’est d’une fois toujours quelque peu hachée que je répondis à sa remarque.

« Tu fais bien… »

  La conversation reprit un tour plus calme, et je souris avec amusement au regard entendu qu’il me lança lorsque je mentionnai les clients dont je devais bien parfois m’occuper. Il savait très bien que ce n’était pas ce qui m’intéressait dans ce métier que je m’étais choisi, tout comme je savais qu’il partageait ma passion des voyages — quoi que lui pût moins en profiter que moi, les Chilchakis ne migrant pas autant que la plupart des autres clans.
  Je lui parlais donc des Maustes que j’avais récemment rencontrés, sachant à quel point il serait intéressé, mais j’abrégeai davantage le sujet qu’à mon habitude, ce qu’il ne sembla pas remarquer. Pour tout dire, il sembla plus que pris de court par mon brusque changement de sujet, ce qui était d’ailleurs à moitié volontaire : de cette façon, il n’avait pas l’occasion de trouver un moyen de dévier la conversation. Je répondis à son exclamation avec un petit sourire moqueur :

« Je vais me gêner !»

  Malgré ses récriminations, je savais bien que s’il n’avait vraiment pas envie d’en parler, il me l’aurait fait savoir, aussi je ne m’inquiétai pas d’empiéter sur son intimité. La suite de ses paroles me tira un sourire plus sincère, joyeux. Je n’avais pas envisagé que ses sentiments soient déjà aussi forts et nets, bien que j’eusse dû m’en douter : il n’était pas du genre à batifoler, et cette jeune femme était, à ma connaissance, la première à trouver grâce à ses yeux ; elle devait donc être tout à fait spéciale.
  C’est d’ailleurs l’impression qui en ressortait en l’écoutant parler d’elle. Il y avait quelque chose de surprenant à le voir ainsi, foncièrement différent de l’image qu’il renvoyait d’habitude, mais j’étais heureuse pour lui. De toute évidence, cette Niila lui faisait du bien et comptait énormément pour lui. Lorsqu’il s’excusa de “me faire subir ça”, je voulus lui assurer qu’il n’avait pas de quoi, mais il continua à parler et à la place je me contentai de grimacer légèrement, avant de répliquer sur le même ton qu’il avait eu un peu plus tôt :

« Ah non, cette fois c’est toi qui ne vas t’y mettre ! Je croirais entendre ma mère. Si c’est pour me faire sermonner là-dessus je ferais aussi bien d’aller la voir, elle fait ça bien mieux que toi… »

  C’était en effet notre point de dispute majeur depuis quelques années, qui revenait d’ailleurs de plus en plus fréquemment à mesure que le temps passait. Le pire était que c’était également une chose à laquelle je pensais de moi-même, je n’étais pas foncièrement en désaccord avec ma mère sur le fond, je ne supportais simplement pas son insistance et la pression qu’elle me mettait.
  Mais bien entendu, tout ceci ne regardait que moi, et le pauvre Wakumbë n’avait rien à y voir ; contrairement à ma mère, je ne lui en voulais pas vraiment d’aborder le sujet. Malgré tout, je ne me retins pas d’afficher un air boudeur alors que je lui répondais.

« Pour commencer, il faudrait déjà que un homme capable de me supporter et de supporter que je parte en vadrouille plus de la moitié de l’année. Tu reconnaîtras que ce n’est pas le genre de choses qu’on trouve sous le sabot d’un cheval. D’ailleurs, je ne sais même pas comment m’y prendre pour le chercher. Mon air bougon s’était effacé au fur et à mesure que je parlais, et, ayant soudainement une nouvelle idée en tête, il fut remplacé par une mine malicieuse alors que je continuais : Mais je t’en prie, éclaire-moi de ta sagesse, ô grand Chemenn, et enseigne-moi donc comment faire. Par exemple, comment as-tu trouvé ta perle rare, toi ? »

  Le changement de sujet n’était sans doute pas des plus subtils, mais il me faut reconnaître que j’étais bien plus intéressée par ses histoires de cœur que par l’inexistence des miennes — dont je ne voyais de toute manière guère ce qu’il pouvait y avoir à en dire —, aussi étais-je tout à fait prête à me contenter de ce manque de finesse.
COMMENTAIRE(S) HORS-RP :
puce3 Encore une fois, toutes mes excuse pour le délai ! >_< J’espère pouvoir retrouver un rythme plus régulier désormais…
puce3 Les réactions de Kiliane que tu as mentionnées dans ton post allaient très bien, aucun souci ! Smile J’espère que ma réponse te conviendra également.
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