Difficile de résumer les instants, magiques et douloureux, que nous avons partagés. Grâce à lui, j'ai compris que j'étais un être humain à part entière, que certaines personnes pouvaient m'aimer pour ce que j'étais. J'ai aussi appris que certains êtres étaient beaux et purs. Hygérie a voulu que nous nous séparions. C'est un déchirement que je tente encore de surmonter. Mais grâce à lui, je suis devenu une meilleure personne. Je garde précieusement l'anneau qu'il m'a donné, et je le regarde ou l'effleure chaque fois que j'ai besoin de soutien... 

Notre rencontre a été fortuite, comme la plupart de celles que j'ai pu faire. J'avais besoin d'une Escorte, son Maître lui cherchait une bonne famille. J'admire sa franchise et sa force, le fait qu'elle ait su s'épanouir dans sa servitude. J'apprécie cette faille qu'elle m'a montrée. Et son attitude protectrice, même si je ne devrais pas la prendre pour argent comptant, probablement. J'espère que nous parviendrons à bâtir une relation de Maître à Escorte suffisamment équilibrée et solide. Que je parviendrai à lui inspirer cette loyauté dont j'ai besoin, désespérément...

J'avais entendu beaucoup de rumeurs, sur le Doyen d'Îleval. Sur sa cruauté, sa froideur, son amour des femmes de petite vertu. J'ai découvert qu'il était tout cela, mais bien plus. Un homme doux, tendre. Avec des pensées bien au-delà de son temps. En avance. J'ai senti une connexion avec lui. Il m'a touché. Mais c'est interdit, nous le savons tous deux. Il est le Doyen, nous sommes Mésorians, nous sommes des hommes... Mais j'aimerais le revoir.

Je l'ai revu, mais cela s'est mal terminé. Je le savais, et pourtant, pourtant, j'avais espéré. Je l'aime toujours, je crois, pourtant, quelque part, je le déteste. Si seulement j'avais pu le mériter... Si... Si...

Jamais je n'aurais dû l'approcher, elle est la sœur de l'homme que j'aimais et qui m'a rejeté. Et pourtant, nous sommes si semblables, à bien des points, que je lui ai fait la plus folle des propositions. Nous nous comprenons, je crois. Et sa fragilité me touche étrangement, moi qui le suis déjà tant. J'ai envie de la protéger comme je n'ai pu défendre ma relation avec Samaël. Comme une seconde chance, et pourtant bien plus que ça, un espoir de rédemption et de quelque chose de nouveau..? 

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Je suis sa doublure. Je le trouve parfait, tout ce que je ne pourrai jamais être. Je l'envie, je le déteste, même, parfois. J'aimerais le voir mort et prendre sa place véritablement. J'ai plus de chances de succomber avant lui, cela dit. Je l'aime. Il est une part de moi. Ou moi une part de lui, je ne sais pas. Comment peut-il être aussi parfait?

La plupart du temps, je ne le comprends simplement pas. Ses décisions, ses attitudes. Parfois, il m'effraie, purement et simplement. De temps à autre, je me demande s'il regrette. Ponctuellement, j'aimerais le tuer de mes mains. Rarement, je l'aime et le respecte. N'a-t-il pas trouvé un sens à ma vie, après tout? Et pire encore, un sens à ma mort?

Nous ne nous sommes pas rencontrés sous les meilleurs auspices, je dois l'admettre. Peu de temps après la mort de sa sœur, pour une négociation sur son contrat de fiançailles... Et tout d'abord, sous la pâle lueur du soleil levant, je l'ai trouvée froide, rude, vulgaire, violente. Ensuite, lorsque nous nous sommes revus dans le soleil couchant, de part et d'autre de cette salle de musique, je l'ai trouvée douce et sensible. Je ne sais toujours pas quoi en penser, vraiment...

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Tout avait pourtant bien commencé. Mais j'étais en mission. Encore. Toujours. Et j'ai dû jouer Anselme. Je l'ai blessée, je crois. Je ne vois pas comment elle pourrait ne pas me détester après ce que je lui ai dit. Elle avait l'air tellement fragile. Tellement désespérée. Tellement effrayée par l'idée d'être reconduite auprès des Mésorians. C'est une Sang-Perdue. Je m'en contrefiche. Si nous nous revoyons à nouveau...

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