« Juste quand je commençais à m'intéresser à vous autres, humains ».
 
Ulquiorra se souvint alors de ce qu'il avait ressenti lors des quelques échanges qu'il avait pu avoir avec Orihime. Toujours très froids, c'était dans sa nature d'aller droit au but sans montrer aucun sentiment. Il tendit à nouveau le bras vers Orihime tandis que ses ailes se décomposaient doucement. Il ne serait bientôt plus qu'un tas de cendres sur le toit de Las Noches.
 
« Est-ce que je te fais peur, femme ? » demanda-t-il à Orihime avec un fond de tristesse dans sa froideur habituelle. Il ne pensait pas qu'un être humain puisse l'intéresser et l'intriguer à ce point. Cette femme, debout devant lui semblait dévastée et terriblement triste. Mais elle ne semblait pas avoir peur. Pas plus que la première fois qu'il lui avait posé la question. « Je n'ai pas peur » répondit doucement la jeune femme, avant de tendre elle aussi la main vers l'espada. Le bras de ce dernier se transforma en cendres à son contact. Sans hésiter, elle hurla.
 
« Bouclier des deux cieux ! Repousse l'énergie ! » les deux petites fées s'envolèrent instantanément des barrettes bleues de la jeune fille pour entourer Ulquiorra d'un champ de résurrection lumineux. Certaines des plaies de l'espada commençaient déjà à se refermer.
 
« Orihime ! Qu'est-ce que tu fous ? Hurla Ichigo avec rage.
- Que fais-tu, femme ? demanda sans émotions le quadra
- Je sais ce qu'il représente pour le Hueco Mundo, je sais qu'il est sous les ordres d'Aizen, et je sais parfaitement qu'il est le quatrième espada le plus puissant et qu'il représente une menace ! cria la jeune fille, les larmes aux yeux. Mais je refuse de laisser Ulquiorra mourir ! »
 
Une ombre. Un silence. Une obsession. Cette femme le fascinait chaque seconde un peu plus. Il l’observait à travers la lueur orangée du bouclier des deux cieux. Elle pleurait en silence, et dans ses yeux brillait une lueur qu’il ne connaissait pas encore. Ulquiorra porta son poing fermé au niveau du trou prenant la place de son cœur. S’il n’avait pas été un Arrancar, s’il n’avait tout simplement pas été un Hollow, il aurait sans doute pu comprendre ce sentiment étrange qui commençait à l’envahir doucement. Cette chaleur, cette présence. Était-ce donc cela… l’amour ? Mais comment était-ce possible ? Et qu’est-ce que cela impliquait ? Un Arrancar n’était pas conçu pour les sentiments. Un Arrancar n’avait tout simplement pas de cœur. Aizen les avait créés pour une seule raison : raser la Soul Society. Rien de plus, rien de moins. Alors pourquoi ? Il effleura du bout des doigts la cage de protection. Cette dernière se brisa à son contact, en un millier de petites parcelles orangées. Ses ailes, ses jambes, son bras gauche, tout cela était désormais comme neuf. Il avait toujours été fasciné par le pouvoir d’Orihime.
 
« Sotte » chuchota-t-il avant de se tourner vers Ichigo, le doigt pointé vers ce dernier prêt à lancer un Cero. La jeune rousse s’avança doucement vers les deux hommes et posa avec douceur ses mains sur le bras blanc de l’Espada. Ce dernier frémit à son contact. Ses grands yeux verts regardaient la jeune femme avec profondeur. Il soupira avant de baisser son bras et de fermer ses paupières.
 
« Qu’est-ce qu’un cœur… ? Qu’est-ce qu’une âme… ? » demanda doucement Ulquiorra avec un certain désespoir dans sa voix. Orihime porta la main du quadra à son imposante poitrine. Il ouvrit les yeux avec une certaine surprise. Il sentait battre en elle quelque chose. Ce cœur dont les humains étaient tellement dépendants. Il n’avait auparavant jamais senti quelque chose de semblable. La jeune femme posa sa main au niveau du trou béant qui ornait la poitrine d’Ulquiorra, toujours impassible. Il n’avait encore jamais eu de moment aussi intime de toute sa vie. Orihime s’approcha doucement de lui.
 
« Le cœur… C’est ce que tu sens vibrer dans ta poitrine à cet instant » murmura-t-elle avant d’approcher son visage de celui de l’Espada et de déposer un baiser doux, pur et passionné sur ses lèvres.

Au commencement était l'Épice. Ou plus exactement les épices, toutes en un seul point concentrées, unies, mêlées plus étroitement qu'elles ne le pourront jamais. Du néant où flottait l'Épice s'est extraite l'Eau primordiale, et de la rencontre de l'Épice et de l'Eau naquit toute vie. Car en faisant corps avec l'Eau, l'Épice devint le Sang; Sang premier, Sang sacré, dont est fait tout ce qui vit et ce qui ne vit pas.

Le Sang se fit Homme et il se fit Roche, il se fit Lumière au plus aqueux, Ombre au plus épicé; il se fit Feu et il se fit Glace.

Il se fit Plein et il se fit Vide, et il donna naissance à ce monde.

L'Épice donna a chacun et selon chacun une part d'elle-même, toujours différente. Alors naquirent parmi les humains des être particuliers, si semblables et si lointains de tous à la fois, parfois indiscernables au coeur des foules, parfois n'ayant plus rien d'humain.

Humains ou non, le même Sang formait leur chair, et si vous suivez à notre suite les pas de ces petites épices, peut-être aurez-vous un avant-goût de la saveur primordiale...

- La dernière fois qu'une déesse est venue me voir, j'ai eu des poux dans mes cheveux pour trois jours! Dis-je à Coralia, une villageoise qui avait accepté de déplacer ses meubles d'acajou pour l'occasion.

-Pauvre chou! Mais qu'as-tu fait pour t'attirer ses foudres? Me demanda-t-elle avec son sourire rempli de compassion.

- Je lui ai offert un sac rempli de cailloux au lieu de bijoux, en guise de cadeau. Répondis-je en indiquant à ses frères l'endroit où aura lieu le festin. Ceux-ci déposèrent la table, les chaises et le panier rempli d'aliments prêts à cuir.

- Eury... Je crois qu'elle n'a pas apprécié ton sens de l'humour. Pourquoi n'as-tu pas pensé à lui offrir des froufrous ou bien des joujoux? À la limite, un matou aurait fait l'affaire.

- Coralia... Je vis dans une forêt, on y trouve des voyous s'amusant à lancer des roches sur des hiboux tandis que le glouglou de leur ventre les rappels de remplir leur panse. N'oublions surtout pas les nounous de ses chenapans qui oseront s'aventurer dans la forêt afin de les ramener en les tirant par les oreilles s'ils refusent de coopérer...

- C'est bon, j'ai compris, tu n'as pas les moyens. La prochaine fois, mentionne-le au lieu d'en faire toute une histoire. Bon, je te laisse. Tu as un repas à préparer.

Elle quitta la forêt avec ses frères, me laissant seule avec ses meubles et victuailles pour ce repas. Par chance, quelques dryades avaient accepté de me donner un coup de main. J’étais loin d’être une bonne cuisinière. Quelques minutes plus tard, les aliments étaient enfin prêts à être cuits. Manquait plus qu’un joli petit feu que je m’empressais d’allumer. Seulement, je n’avais pas pensé qu’une étincelle allait faire un joli feu de camp des meubles que mon amie m’avait prêté.

-Zut ! Mais où sont les Naïades quand on a besoin d’elle? Pensai-je un peu trop fort, en tombant à genoux sur le sol, découragé.

Heureusement pour moi, Poséidon arriva juste à temps pour éteindre ce petit brasier qui aurait très bien pu mettre feu à la forêt entière. Me relevant prestement, je fis une révérence maladroite tout en étant rouge de honte. Croisant son regard, je ne pus m’empêcher de lui dire :    

- Au menu ce soir, de la truite calciner! Je veux dire, de la truite argentée…

C’est exactement après ce petit discours que tout le monde arriva en même temps…