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| Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] | |
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InvitéInvité
| Sujet: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 19/2/2014, 18:39 | |
| Il y a quelques années, dans le bordel d’Îleval…
Par une belle matinée d’été, un rayon de soleil s’infiltra par le vieux volet en bois de la chambre et vint réveiller la jeune domestique. Les paupières encore alourdies par le sommeil, Prama se redressa lentement sur son lit et pivota de manière à se retrouver assise sur le bord de son lit, les pieds posés au sol. Ses mains se placèrent sur son visage pour le masser doucement et tenter ainsi de l’aider à se réveiller en douceur. Un peu plus bas, le petit être qui s’était amusé à remuer en plein milieu de la nuit, la réveillant de nombreuses fois, semblait calme. La jeune Torkos enveloppa alors son ventre arrondi d’un bras et de l’autre s’appuya sur le bois de lit pour se redresser. Plus sa grossesse avançait, plus elle s’étonnait de la fatigue qu’elle pouvait ressentir à faire des gestes des plus banals. Et dire qu’elle n’en était qu’à la moitié…
Prama ouvrit sa fenêtre et poussa le volet grinçant pour laisser pénétrer une lumière aveuglante dans la pièce accompagnée d’une légère brise qui lui plaqua les cheveux sur le visage. Après les avoir décollés un à un de ses yeux qui commençaient à s’habituer à la luminosité, elle se pencha par la fenêtre pour jeter un œil à l’horloge au bout de la rue.
« Merde, je suis en retard ! »
Rentrant, précipitamment la tête, elle alla se débarbouiller en vitesse et enfila avec difficulté sa tenue de travail, une simple robe beige avec une ceinture nouée sous les seins. Depuis sa prise de poids, elle ne rentrait dans presque plus rien et lorsqu’elle y arrivait, elle priait pour que le tissu ne lâche pas quand elle se baissait. Bien qu’elle n’avait aucune idée du sexe de l’enfant qu’elle attendait, elle était persuadée qu’il ou elle ne serait pas un petit gabarit, héritage paternel à ne point douter.
Aujourd’hui, il fallait qu’elle aille faire les chambres dont elle était responsable, même si la perspective de devoir soulever des draps pour les secouer par la fenêtre lui faisait mal au dos d’avance. Pourtant, elle n’oserait jamais s’en plaindre, son maître n’étant déjà pas ravi d’avoir une nouvelle bouche à nourrir en route. Puis il y avait aussi sa fierté de Torkos, pas question de pleurnicher sur des tâches aussi simples en temps normal. Alors Prama descendit à la laverie pour récupérer un tas de draps propres, croisa d’autres domestiques déjà au travail qui lui jetaient alternativement des regards attendris ou dédaigneux. La domestique passait sans y prêter attention, n’aimant pas être le centre d’attention ou l’objet de ragots, bien qu’inévitables.
Les bras chargés de linge de chambre, Prama gravit précautionneusement les marches de l’escalier menant aux chambres des catins dont elle s’occupait. Une fois le palier atteint, elle vérifia qu’il n’y avait rien qui indiquait que la chambre était occupée, toqua et enclencha la poignée de la porte. Une fois à l’intérieur et après avoir vérifié sa propreté, elle posa le linge immaculé sur une table. D’un pas vif elle alla ouvrir la fenêtre près du lit et entreprit de commencer à défaire le lit avant de s’arrêter brusquement. La Torkos avait entendu un bruit dans son dos, de l’eau lui semblait-il… Se retournant et penchant légèrement la tête, elle aperçu derrière le paravent non déplié une blondinette dans son bain qui ne semblait pas gênée le moins du monde par la présence de Prama dans la pièce.
« Pardon ! Je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un. »
Dérangée par le manque de pudeur de la jeune femme et son je-m’en-foutisme apparent, Prama s’approcha et tira le paravent pour cacher le spectacle qui aurait ravi plus d’un homme.
« Tu pourrais quand même mettre une pancarte sur la porte ! C’est pas compliqué, ça ne prend pas beaucoup de temps et ça nous rendrait service à toutes les deux. »
Non pas que le corps de la mésorianne soit désagréable à regarder et, dans une autre situation, Prama n’aurait probablement rien fait de plus que de lever les yeux au ciel et quitter la pièce. Mais la fatigue des nuits écourtées et les hormones qui déconnent lui donnaient envie de se prendre le bec avec quelqu’un. Et malheureusement pour Calliopée, c’était sur elle que ça venait de tomber... |
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| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 22/2/2014, 22:43 | |
| Les doux rayons du soleil matinal baignaient la chambre de Calliopée dans une lueur chaleureuse et apaisante. Toujours au fond de ses draps, la jeune femme sortait doucement d'un sommeil réparateur. Hélios lui avait apprit la veille qu'elle aurait sa matinée de libre, ces derniers jours elle avait beaucoup travaillé et avait rapporté bon nombre de pièces et son patron avait donc décidé de lui accorder un peu de répit dans son rythme harassant. Il l'avait laissée dormir, et la jeune femme saurait le remercier.
Les oiseaux chantaient joyeusement à travers la fenêtre ouverte, et la demoiselle se sentait apaisée. Elle décida de prendre un peu soin d'elle et, profitant du répit qui n'était que trop rare dans son métier, se prépara un bain bien chaud dans lequel elle glissa une lichette d'huile pour la peau. Elle n'avait même pas demandé à une domestique de le lui préparer, elle n'avait envie de voir personne. Rester enfermée dans ses appartements et profiter de la sérénité d'un bain chaud et réparateur, et des bruits légers d'un matin d'été paisible. Elle ne prit même pas la peine de mettre en place le paravent qui séparait sa chambre en deux lorsqu'elle faisait sa toilette lorsqu'elle se glissa délicatement dans l'eau chaude. Elle ferma les yeux. Elle se sentait si bien ainsi.
Plongée dans ses pensées, elle n'entendit même pas la lourde porte de sa chambre s'ouvrir, ni la domestique entrer et défaire ses draps. C'est lorsqu'elle ouvrit la seconde fenêtre de sa chambre que Calliopée fut tirée de sa rêverie. Elle n'avait même pas pensé à poser une pancarte sur la porte. Elle se redressa légèrement afin de découvrir qui était entré. Ça ne pouvait pas être Hélios, ce dernier n'aurait pas pris la peine d'ouvrir la fenêtre et n'aurait pas été si silencieux. Lorsqu'il entrait dans sa chambre, c 'était toujours avec bruit et toujours en lui parlant fort et vite. La fille de joie reconnu rapidement l'intruse. En effet, il n'y avait que peu de domestique enceinte aux Roses d'Orion, et il s'agissait donc forcément de Prama. Prama... Elle ignorait pour quelle raison, mais la torkos n'étais jamais agréable avec la jeune femme. Froide, directe, elle ne s'encombrait pas de sentiments et c'est d'ailleurs de cette manière qu'elle s'adressa à elle lorsqu'elle se rendit compte ne pas être seule. Calliopée n'était pas du genre à être pudique, et ça ne l'ennuyait pas qu'on la surprenne dans son bain. Après tout, elle savait son corps désirable et envié, elle n'avait pas à le cacher. Et puis c'était un bordel, après tout. Des femmes nues, il y en avait dans chaque chambre. Outrée, Prama étira sans douceur le paravent devant la putain. La matinée avait pourtant si bien commencée...
« Il n'y a pas de mal, tu sembles bien plus gênée que moi. Pourtant tu ne t'es surement pas retrouvée en cloque par magie, inutile de faire ta vierge effarouchée. »
Elle soupira et plongea la tête sous l'eau. Elle resta ainsi en apnée quelques secondes. La mauvaise entente qu'il y avait entre les deux jeunes femmes commençait à lui peser. Après tout, Prama était chargée de s'occuper de Calliopée et elles se croisaient souvent. De plus, la putain trouvait que sa domestique était très courageuse, elle était enceinte depuis quoi... Cinq mois ? Et elle travaillait encore, n'avait pas demandé à Hélios un congé lorsque son ventre avait commencé à devenir imposant. Elle la trouvait forte, et était persuadée que les deux jeunes femmes pourraient bien s'entendre. Déterminée à s'expliquer avec Prama, Calliopée sorti la tête de l'eau et sorti de son bain. Elle se plaça juste derrière le paravent, de façon à ce que la Torkos n’aperçoive que sa tête.
« Prama, puis-je savoir pourquoi tu es si virulente avec moi ? Ai-je fait quelque chose qui ne t'a pas plus et qui aurait pu te faire croire que je n'étais qu'une gourgandine à qui tout est dû et qui se fiche de ceux qui l'entourent ? » |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 23/2/2014, 23:24 | |
| Le pouce et l’index massant ses yeux fermés, la domestique tentait de se calmer. Voir quelqu’un dans son bain, ça n’avait rien de vraiment grave… Puis, depuis le temps qu’elles se côtoyaient, elle savait bien que Calliopée était dotée d’un caractère bien à elle. Pourtant, rien n’y faisait et sa mauvaise humeur semblait vouloir s’installer durablement. Alors, lorsque la jeune catin lui envoya une pique –certes bien trouvée-, la colère grimpa en flèche et la Torkos tendit les doigts vers le paravent qui les séparait. Une petite pression et il finirait sur la tête de la mésorianne, l’assommant avec un peu de chance… Malgré tout le plaisir qu’elle y aurait pris, Prama ne fit rien. Une belle bosse sur la crâne ou pire, des éraflures, casseraient surement le charme de la favorite du maître et les gains du bordel s’en verraient très certainement affectés dans le mauvais sens... Un geste aussi idiot lui coûterait bien plus cher que de simples remontrances, elle le savait. Alors elle se contenta de ronchonner quelques mots :
« Ça n’a rien à voir ! Mais contrairement à toi, je ne trouve aucun plaisir à montrer mon cul à qui le veuille. »
Allaient-ils la lâcher un jour avec se grossesse ? Qu’y avait-il de si étrange ? Ce n’était pas comme s’il n’y avait pas de gamins qui traînaient à l’étage du personnel avec leurs mères trop occupées par leurs clients. Elle n’était certainement pas la première à tomber enceinte dans le bordel mais oui, c’était une domestique… Et alors, les Torkos ont l’habitude de tester leurs partenaires avant d’envisager un futur avec eux, ce n’est pourtant pas une pratique méconnue des autres peuples. Mais non, fallait qu’on la regarde de travers ou qu’on lui envoie ce genre de remarques en pleine tronche assez régulièrement. Et ça, elle en avait par-dessus la tête et le traduisait de plus en plus par des regards meurtriers.
Voulant fuir la pièce au plus vite, Prama se redirigea vers le lit duquel elle arracha avec hargne les derniers draps qui résistaient et, du même mouvement, les fit pendre par la fenêtre pour les secouer vigoureusement. Quand elle ramena le tout à l’intérieur, elle entendit Calliopée dire quelque chose dans son dos. Essoufflée, elle s’en rapprocha pour poser le tas de linge sale près de la porte de la chambre.
« Hum ? »
Pourquoi était-elle agressive envers la fille de joie ? Parce qu’elle l’énervait avec sa façon d’être, sa petite mine suffisante et son manque de savoir vivre. Parce qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse gâcher sa vie à s’enfermer dans un bordel et devenir un vulgaire bout de viande pour des dizaines d’hommes… Parce qu’elle aurait aimé être à sa place et vivre sa vie sans l’ombre d’un maître planant au dessus de sa tête. Lui avait-elle fait quelque chose de mal ? Non, pas directement en tous cas. Alors la détestait-elle ? Non, pas au fond d’elle même.
Pourtant Prama ne dit rien. Les yeux grands ouverts, elle avait enveloppé son ventre dans ses mains comme pour apaiser la douleur qui lui brûlait l’intérieur. Le bébé ! Prise d’une soudaine panique, elle tira fortement la chaise attenante à la table qui fit un bruit très désagréable pour s’y asseoir doucement avant que ses jambes ne la lâchent sous les tremblements de peur. Elle n’aurait jamais du forcer pour remonter les draps qu’elle avait secoués… Toujours terrifiée, elle remonta sa robe pour vérifier qu’il n’y avait pas de sang. Malheureusement pour elle, en remontant sur sa cuisse ses doigts tombèrent sur un liquide chaud qui, après un rapide coup d’œil confirmèrent ses craintes.
« No…on. Paas ça, pas… mainte…nant. »
La Torkos inspirait et expirait de grandes bouffées d’air pour tenter de calmer la douleur malgré la panique qui commençait à la gagner. Ça y est, elle allait le perdre… Jamais elle ne verrait ce petit être naître… |
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| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 25/3/2014, 16:36 | |
| La réaction de Prama ne se fit évidemment pas attendre. Elle semblait vraiment agacée. Cependant, le moins qu'on puisse dire c'était que la putain également commençait à être agacée. Elle avait choisi son métier, était-ce réellement une raison pour venir le lui reprocher sans arrêt ? En quoi était-ce honteux de vendre ses charmes ? Ce n'était qu'un échange de bon procédés entre deux adultes, voilà tout. Elle s’empara d'un déshabillé en soie posé près de son bain et s'approcha de la Torkos les bras croisés.
« Si mon métier te dégoutte à ce point là, pourquoi ne demandes tu pas à Hélios de te vendre à un commerçant ennuyeux à mourir qui vend des breloques ? J'en ai plus qu'assez que l'on vienne me juger. Le sexe et la sensualité sont les choses les plus agréables de e bas monde, pourquoi devrais-je être honteuse d'avoir choisi cette voie ? Tant qu'il y aura des hommes insatisfait, il y aura des filles de joie, ainsi va la vie. »
Car après tout, si les femmes serraient un peu moins les fesses, le métier de putain n'aurait plus de raison d'être.
« Avoir le pouvoir sur un homme est tellement parfait, que tu ne le comprennes pas c'est une chose, mais je te serais grée de ne pas juger de cette manière ma profession. On dirait que tu me confonds avec une de ces gourgandines de la basse ville qui fait le tapin à la sorti des tavernes. Je mange du caviar, pas du pain sec. »
Calliopée soupira. Le jour où les gens comprendraient la différence entre sa position et celle de ces femmes là, les maisons closes seraient peut être considérées comme autre chose qu'un nid à fesses faciles. Peu importait, finalement. Alors qu'elle semblait vouloir répliquer, Prama se crispa tout à coup. Elle se tint le ventre et de la sueur commençait à perler sur son front. La putain, décontenancée, ne sut pas immédiatement ce qui lui arrivait. Puis elle vit du sang couler le long de la jambe de sa domestique. Et ses couinements presque inaudibles. Il s'agissait du bébé, sans aucun doute.
La jeune femme se précipita vers la Torkos et la poussa avec douceur vers l'immense lit à baldaquin de la chambre. Peu importait leur dispute, elle ne pouvait tout simplement pas la laisser comme ça.
« Prama, ça va aller, ne panique pas ça va empirer. Respire doucement et allonge toi. »
Pendant que la torkos s'installait, la putain s'empara d'un linge propre qu'elle trempa dans l'eau chaude de son bain avant de le placer sur le ventre arrondit de sa domestique pour soulager ses contractions. Elle s'installa ensuite à côté d'elle et essuya la sueur de son front avec un pan de son habit et fit doucement des allez retours avec sa main sur le ventre de la jeune femme tout en essayant de la calmer.
« Chut, ça va aller. Respire profondément, calme toi tu ne vas pas le perdre. Inspire et expire à fond. » |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 29/3/2014, 23:36 | |
| Les yeux clos et le visage barré par la douleur qui ne semblait vouloir cesser, Prama restait immobile sur la chaise. Elle n’entendait plus, n’écoutait plus, les bribes de mots qui parvenaient à ses oreilles n’avaient plus de sens. Rien de ce qui se passait autour n’avait désormais d’importance. Il fallait juste qu’elle respire, qu’elle souffle à un rythme régulier pour contrôler le feu qui lui dévorait les entrailles. Sa colère s’était évanouie, remplacée par une peur ankylosante.
Non. Des mains qui l’agrippent doucement, on la fait se déplacer malgré les plaintes qui s’échappent de ses lèvres. Elle rouvre des yeux humides qui se fixent sur son ventre alors qu’on l’allonge sur le lit. Une grimace se dessine sur son visage quand elle réalise qu’elle va devoir refaire le lit avec la sueur et le sang. Mais ce n’est pas le moment de penser à ça ! Prama soupire, elle s’agace elle-même. Après quelques vaines tentatives, la Torkos bascule son bassin et fléchit les genoux pour prendre appui sur l’édredon. Enfin la position lui convient, la douleur s’apaise de manière infime.
« Je fais ce que je peux… »
Répond-elle dans un filet de voix, sans trace d’agressivité contrairement à leurs précédents échanges. Pourtant la peur est toujours là, elle la tient à la gorge et continue de resserrer son étreinte. Pourquoi maintenant ? Tout s’était bien passé jusqu’à aujourd’hui et voilà qu’un simple effort de trop allait lui faire perdre son bébé. Une fichue dispute sans intérêt ? C’est ça qui allait l’empêcher de voir sa petite bouille dans quelques mois. Jamais !
Non. Ne te laisse pas faire. Sa main glissa le long des draps et agrippa –un peu trop fort surement- la main de la fille de joie qui tentait de garder son calme.
Non. Ne te laisse pas faire. Tu ne vas pas le perdre. Les premiers mois, elle avait hésité. Pouvait-elle garder cet enfant ? En était-elle capable ? Serait-elle une bonne mère ? Elle qui n’y connaissait rien, elle qui était seule. Sa mère n’était plus là, elle aurait pu lui expliquer, lui donner des conseils et l’accompagner pendant sa grossesse… Mais la vie en avait décidé autrement. Cette douleur, était-ce un test ? Fallait-il qu’elle montre qu’elle avait chassé cette idée depuis longtemps ? Que même dans un bordel, même sans père, elle voulait donner une chance au petit être qui grandissait dans son ventre ? Le regard empli d’une profonde détresse, elle tourna la tête vers Calliopée.
« Est-ce que tu crois que c’est parce que je serais une mauvaise mère ? Est-ce que c’est pour ça que je vais le perdre ? »
Ses yeux rougis laissent perler quelques larmes sur ses joues.
« J’ai pensé à… A… Enfin, tu as compris… Est-ce que ça fait de moi quelqu’un d’horrible ? »
Prama ne réfléchit plus, le filtre entre ses pensées et ses paroles semble avoir disparu. Elle qui fait habituellement attention à ce qu’elle dit, qui trie ses paroles et ne parle pas beaucoup d’elle-même et encore moins de ce qu’elle pense, la voilà en train de partager ses doutes avec celle qu’elle aurait voulu frapper quelques minutes auparavant.
Non. Ne te laisse pas faire. Tu ne vas pas le perdre. Tu veux cet enfant. Une autre douleur lui transperce les tripes comme si on lui plantait une lance. Elle retient un hurlement en se mordant les lèvres et en broyant la main de la jeune femme.
« J’ai peur… Je t’en prie, reste avec moi… »
De la détresse, profonde et destructrice, voilà tout ce qui émanait de la peut-être future ex-maman. Celle qui lui faisait face était désormais son unique bouée de secours. |
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| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 21/4/2014, 17:55 | |
| La peur de Prama était tellement présente et évidente que Calliopée ne savait pas comment faire en sorte qu'elle se calme. Elle était nulle avec les relations humaines, ne savait jamais comment calmer quelqu'un de paniqué, surtout pas une femme dans cette situation. Calmer un homme énervé ou en colère était chose aisée pour elle, mais là elle se demandait bien de quelle manière elle allait bien pouvoir apaiser la jeune Torkos. Un instant, elle pensa à son patron. Hélios pourrait surement l'aider, il était un homme d'expérience et avait surement vu plus souvent qu'à son tour une putain mettre au monde à bâtard, et toutes les complications qu'une grossesse pouvait engendrer.
La jeune femme se leva, mais Prama lui serra avec force le bras. Il était vrai que malgré sa taille, la domestique restait une Torkos et possédait donc une force accrue. Elle serrait si fort que cela faisait mal à Calliopée, elle aurait surement une marque le lendemain. La putain serra les dents et posa sa main sur celle de Prama.
« Ne t'inquiète pas Prama, tu ne vas pas le perdre et je reste avec toi. Le fait que tu te questionnes sur le fait que tu serais une bonne mère prouve que tu le seras sans aucun doute. Tu te soucis de tes capacités, tu te remets en question et c'est précisément pour cela que tu seras une bonne mère, n'en doute pas. La peur n'est pas néfaste, et le fait que tu ais pensé à t'en débarrasser n'est pas une faiblesse ni une raison suffisante pour t'empêcher d'enfanter comme prévu. »
La voix de la jeune femme se voulait douce, rassurante mais elle ignorait si cela était efficace. Il était évident que la domestique était terrorisée, peu de chance que ces mots soient très efficaces... D'autant plus que Calliopée ignorait totalement de quoi elle parlait, elle laissait simplement son coeur s'exprimer en espérant que cela ferait mouche et que sa domestique reprenne son calme et que tout ceci cesse. D'un geste, Calliopée dégagea son bras.
« Prama, laisse moi aller chercher de l'aide, tu n'es surement pas la première jeune femme en ces murs à porter un enfant, elles sauront sans aucun doute mieux te prendre en charge que moi. Je m'en voudrais tellement si le pire arrivait sans que je ne puisse agir efficacement... »
Peu à peu, la peur commençait à envahir également le coeur de Calliopée. Comment est on sensé réagir, faire face à ce genre de situation ? Une chose était sure, elle n'était pas la plus qualifiée pour ça et elle devait absolument trouver de l'aide. Elle posa une main rassurante sur le front de la jeune Torkos et esquissa un sourire se voulant rassurant.
« Ne t'inquiète pas, je ne te laisserais pas tomber. Je ne quitterais même pas cette chambre. »
Sans attendre la réponse de Prama, Calliopée se leva et se précipita vers la porte de ses appartements qu'elle ouvra avec précipitation avant de crier.
« S'il vous plait, que quelqu'un vienne m'aider ! Prama est en train de faire un malaise, venez vite ! » |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 27/4/2014, 18:15 | |
| Des mots restaient des mots, et dans un autre contexte, Prama aurait probablement secoué la tête en lui suggérant de ne pas lancer des affirmations sur un sujet qu’elle ne maîtrisait pas. Et ce, même si c’était dans le but de rassurer quelqu’un. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien de pire que de donner des faux espoirs. Sur le moment ça peut sembler une bonne idée mais à la fin, quand la personne se rend compte que tout était déjà joué d’avance, la déception n’en est plus que plus grande et la blessure plus profonde. C’est un peu comme rajouter des barreaux à l’échelle où celle-ci est perchée pour la faire tomber de plus haut… Pourtant, à ce moment là, être rassurée par n’importe quel moyen, c’est tout ce que désirait la Torkos. Et c’est exactement ce que tentait de faire Calliopée au plus grand soulagement de la femme enceinte.
« Calliopée ? »
La jeune fille de joie avait quitté son chevet. Prama tourna alors difficilement la tête vers la tignasse blanche qui s’éloignait, comme si la fin de son tourment ne dépendait que de celle-ci. De l’aide, elle en avait besoin, c’était évident. Elle était loin d’être la première femme à attendre un enfant dans le bordel mais peut être la première esclave. Ses mains se posèrent délicatement sur son ventre arrondi tandis qu’elle attendait le retour de Calliopée.
¤¤¤¤¤¤ Tout le bordel était désormais réveillé et chacun avait déjà commencé ses tâches. Il y avait toujours beaucoup à faire avant l’arrivée des clients. On entendait les portes s’ouvrir régulièrement, quelques fenêtres se faisaient emporter par le vent pour s’écraser contre les murs de la bâtisse dans un gros craquement, des haussements de voix remontaient parfois d’en bas quand une esclave faisait tomber quelque chose et était réprimandée. A cela se mêlaient le chant de quelque oiseaux ayant élu domicile sur les tuiles rouges du bordel et quelques mélodies sifflotées par des catins pendant leur toilette.
« S'il vous plait, que quelqu'un vienne m'aider ! Prama est en train de faire un malaise, venez vite ! »
Une voix résonna sur le palier et deux jeunes esclaves qui s’occupaient des chambres voisines pointèrent le bout de leur nez. Après s’être regardées quelques instants sans rien faire, l’une d’elles se décida à aller chercher Targa, la plus vieille esclave du bordel qui avait assisté à plus d’un accouchement entre ces murs. Parce qu’après tout, si Prama avait un souci, c’était certainement lié à son polichinelle dans le tiroir. L’autre, piquée de curiosité, s’approcha de la chambre de la favorite du maître.
« Qu’est-ce qui lui arrive à l’autre ? »
L’esclave qui venait d’arriver à la hauteur de Calliopée toujours dans l’encadrure de la porte pour tenter de voir à l’intérieur de la pièce. Elle n’avait jamais beaucoup apprécié Prama, la trouvant toujours hautaine voire méprisante. Elle avait bien ris en la croisant le jour où elle était allée informer Hélios qu’elle était enceinte, cette fois là elle n'avait pas fait sa maligne la pauvre petite !
« Elle nous fait un p’tit malaise pour ne plus travailler, c’est ça ? »
L’esclave s’amusait à cracher son venin devant la fille de joie ayant remarqué que Prama et celle-ci ne s’entendaient pas beaucoup. C’était toujours simple et très distrayant de s’amuser des malheurs des autres…
Dans son dos, on entendit l’escalier grincer. L’esclave remontait en vitesse suivie de Targa qui peinait un peu, sa jeunesse étant déjà derrière elle. |
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| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] 17/6/2014, 18:16 | |
| Le bordel s'agitait, des curieuses venaient pointer le bout de leur nez à travers l'embrasure de la porte, certains chuchotaient, beaucoup retournaient à leurs préoccupations de l'instant une fois leur curiosité satisfaite. Et puis il y avait cette Torkos dont Calliopée avait oublié le prénom. Qui regardait la scène l'air amusé, et puis qui regarda la putain l'air amusé avant de balancer une phrase insultante et médisante. Probablement pensait-elle que Calliopée cracherait son venin à son tour, mais la seule réaction qu'elle eut la surpris elle même. Son poing se colla dans la mâchoire de la domestique qui vacilla sous le choc. Ce n'est pas la faible puissance de la frappe de la jeune femme qui la secoua, mais plutôt cette réaction.
« Tu as quelque chose à ajouter ? Non ? Alors je pense que tu peux retourner travailler. »
La torkos, toujours sous le choc, tourna la tête et se dirigea vers une chambre voisine. Les autres regardaient Calliopée avec des yeux ronds. Elle était habituellement si douce et féminine, cette réaction ne lui ressemblait tout simplement pas. Et pourtant, elle était réellement inquiète pour Prama qui, malgré son ventre bien rond, continuait à travailler là où certaines demandaient un congé pour une petite foulure de la cheville.
Le jeune femme fut tirée de ses pensées par une vieille femme employée elle aussi comme domestique qui la bouscula pour entrer dans la chambre pour examiner Prama qui était toujours sur le lit. Calliopée ignorait si elle avait vu le magnifique coup de poing que la jeune femme avait ascené à la femme qui l'avait insultée, mais pour être absolument honnête elle s'en fichait. La seule chose qui comptait, c'était de stopper les contractions de la jeune femme. Calliopée n'y connaissait absolument rien, et elle se contenta de s'assoir à côté de sa domestique tandis que la vieille s'afferait à tenter de la calmer à son tour.
« Prama, tu es trop stressée tu vas te détendre. Si tu ne te calmes pas, tu vas perdre ton bébé. Alors tu vas respirer doucement, tu vas inspirer à fond et tu vas souffler doucement. Calliopée, apportez moi de l'eau fraîche pour son visage. »
Targa était une femme autoritaire et directe. La putain le savait, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir bafouée d'être ainsi réquisitionnée par une esclave. Peut être fallait il éviter d'inverser les rôles, non ? Elle allait répliquer mais un regard de Prama suffit à la faire taire et s'exécuter. Les paroles de la vieille torkos semblaient faire mouche, sa respiration saccadée semblait se calmer quelque peu. Il était vrai que c'était bien souvent elle qui accouchait les autres putains du bordel lorsqu'elles avaient la négligence de se faire engrosser.
« Mademoiselle Kanpios, Monsieur Orion vous demande. »
Calliopée tourna la tête vers la porte et aperçu la jeune torkos qu'elle avait frappé quelques minutes plus tôt afficher un sourire satisfait après avoir prononcé ces mots. La fille de joie soupira avant de quitter la pièce, laissant Targa s'occuper de Prama. Elle reviendrait la voir plus tard, espérant que sa domestique ne perdrait pas son enfant. Pour l'heure, elle allait surement devoir s'expliquer auprès de son patron...
FIN |
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| Sujet: Re: Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] | |
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| | | | Tu es insupportable, soyons amies ! [Calliopée] | |
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