Ethel et Hector Calcin : Riches propriétaires de l’auberge les Jardins de Belhovre, ils sont morts alors qu’Eden n’avait que 22 ans, lui léguant donc par la force des choses, l’affaire familiale. Eden aimait beaucoup ses parents. Son père était quelqu’un de droit, honnête et très bon commerçant. Ses connaissances en mathématiques l’aidèrent beaucoup dans la gestion de l’affaire et au fil des ans, il pensait toujours à ajouter un nouveau livre dans la collection de la maison. Ethel sa mère, lui apprit tout ce qu’une femme doit connaitre sur elle-même et sur l’homme en général. Douce et maligne, elle a su se faire une place dans ce monde, grâce à ses talents de séductrices. Talents qu’elle à vraisemblablement transmis à Eden autant par la génétique que par l’apprentissage.
Eden ne peut être que reconnaissante envers ses parents chéris, ils lui manquent chaque jour, et il ne se passe pas une semaine sans qu’elle n’aille se recueillir sur leur tombe commune.

Marco Darcis : Son amant depuis neuf ans. Ils se connaissent depuis qu’Eden à 14 ans, mais leur amour n’a pu s’exprimer clairement que lorsque Eden s’est offert à lui, à l’aube de ses 19 ans. Marco était alors marié, il l’est toujours. Mais c’est avec Eden qu’il partage sa couche dès qu’il le peut. Eden l’aime du plus profond de son cœur, mais avec le temps, cet amour a mûrit. Et aujourd’hui, elle ne le voit plus comme un caprice d’enfant, mais bien comme une relation durable, du moins tant qu’elle le souhaitera. Leur passion continue de se consumer lentement.
Seule Rhaas est au courant de leur union.

Rhaas : Son esclave. Bien qu’elle ne lui ait jamais dit, Eden apprécie beaucoup Rhaas. Au-delà du fait qu’elle soit utile, elle éprouve un sentiment de pitié pour la jeune femme qui pourrait peut-être se développer en amitié sincère. Elle ne connait pas le passé de Rhaas et ne cherche pas à le connaitre. Si un jour l’esclave éprouve le besoin d’en parler, elle le fera. Mais Eden doute fort que ce moment ne survienne. Rhaas connait toutes les petites combines de sa maîtresse, même celles qui sont « illégales », après tout, elle a été achetée pour cela. Faire en sorte que la Mésorianne puisse obtenir tout ce qu’elle souhaite, par la ruse ou par la force.

(b]Calliopée Kanpios /b] Une catin dont elle a entendu parler à travers quelques confidences sur l'oreiller. Elle est douée d'après ce que raconte les clients. Aucun n'a eu l'audace de les comparer..du moins devant elle, mais elle se doute que les hommes doivent le faire. Tous les hommes le font. Alors sa jalousie s'est accrue pour cette femme dont elle ignore toute l'histoire, et puis l'idée lui est parvenu une nuit. Si elle pouvait la recruter, alors sa clientèle doublerait forcément.

Samaël Delenol: L'homme pour lequel elle a sombré. Alors qu'elle se croyait sereine dans sa petite vie bien remplie, ce client si particulier lui a offert quelques heures de plaisir inégalé mais pas que : à travers ses mots, Samaël à donné une autre façon de voir la vie à Eden et depuis, elle a revu ses ambitions à la baisse et ne vend plus son corps.

 

Comment a-t-il osé ? Comment a-t-il pu me faire ça à moi ? Sans trouver de réponse à mes questions, je sanglote comme une enfant, emmitouflée dans mes couvertures. Ses paroles résonnent dans ma tête, encore et encore, cette scène ne cesse d’être réinterprétée dans mon cerveau. La porte de ma chambre s’ouvre et j’entends des pas légers, ma mère très certainement. Sans lever la tête, je la sens s’assoir sur le bord de mon lit et poser une main apaisante sur ma tête brûlante de tristesse.

- Eden…

Je me tourne et pose un regard rougit par les larmes sur le visage souriant de ma mère. Ces traits apaisants m’achèvent et je me jette contre elle, m’agrippant à sa taille et déversant toute ma peine sur ses cuisses.

- Tu le désires tant que cela…finit-elle par soupirer.

Et sans répondre, je hoche la tête contre elle. Ses vêtements sont mouillés par ma faute mais je m’en moque.

- Ne soit pas triste de ne pas être son épouse. Tu aurais peut-être été déçue qui sait ? Marco s’absente souvent pour les affaires de sa famille, tu aurais peut-être finit seule et isolée dans leur grande maison. Et le temps passant, la vieillesse vous rattrapant, tu te serais lassé de lui.

Mes sanglots s’arrêtent presque automatiquement et je relève la tête vers ma mère en affichant un air complètement incrédule. Si ses paroles étaient censées me réconforter, cela n’a pas du tout fonctionné.
Ma mère soupire à nouveau, en me regardant comme si j’étais une pauvresse dénuée de cervelle.

- Tu peux encore avoir Marco, commence-t-elle.

Et sur ses mots elle se lève puis tire sur les rideaux afin de laisser entrer la lumière du jour. Je me redresse sur mon séant, ne comprenant toujours pas où elle veut en venir.

- Pas en tant que son épouse bien entendu, mais en tant que son amante, finit-elle avec un petit sourire.

- Mère ! C’est immoral.

Je suis outrée. Comment ma propre mère peut me proposer cela. A mon âge, devenir l’amante de Marco, alors que nous n’avons échangé que de simples baisers.
Elle revient se placer derrière moi et commence à me brosser les cheveux, après m’avoir tendu un linge humidifié dans le broc de ma chambre. Je me le passe sur le visage, cela fait un bien fou.

- Et comment crois-tu que j’ai eu ton père ? dit-elle en riant. La situation était un peu différente certes, ces parents n’avaient pas encore choisi d’avenir pour lui, mais cet endroit lui appartenait déjà. Je l’ai séduit et pas qu’avec des mots.


Elle marque une pause, me laissant le temps de digérer ces informations.

- Tu es cultivée et plutôt jolie. Cela serait facile pour toi, je peux t’apprendre. Et je ferais en sorte que ton père ne cherche pas à te marier.

La proposition était alléchante, avoir Marco pour moi. Je devrais le partager oui, mais j’aurais le meilleur de lui. Son amour et sa fougue. Elle devrait se contenter d’avoir ses absences et son manque d’entrain à accomplir sa besogne d’obtenir un héritier. Sans un mot, notre accord tacite était conclu.
Mère m’enseigna tout ce que je devais connaître sur les hommes et leur anatomie. Comment les contenter, comment leur donner du plaisir, comment les charmer, je buvais ses paroles et entrainement. Ce que je trouvais immoral et dégradant à l’origine, m’apparut soudain comme naturel et intéressant. Ma mère s’arrangeait pour me faire apparaître dans tous les lieux où Marco se rendait. Et je m’appliquais à me rendre désirable à souhait. Je voyais bien que Marco m’observait, qu’il était parfois subjugué par ma présence, mais je ne cédais jamais à mes envies et me contentais de le saluer avant de mieux disparaître.
C’était dur, mais cela paya.

Un soir, je fis la connaissance d’un homme dont j’ai oublié le nom. Il était de sortie seul, sa femme étant bloquée à la maison, par une grossesse avancée. Je passais alors la soirée en sa compagnie, sans oublier de virevolter entre les autres invités pour ne pas faire remarquer l’intérêt qui s’embrasait dans ses yeux. Marco était là également, et je pouvais facilement lire la jalousie sur son visage. Je n’en savourais que mieux ma soirée. Les heures passant, l’envie de mon partenaire jeu se fit plus pressante et je fini par m’offrir à lui, dans l’intimité de l’auberge.

A mon réveil le lendemain matin, l’homme était parti, remplacé par ma mère qui m’apportait un petit déjeuner composé de pain frais mais aussi d’une mixture dégoûtante, censée purifier mon corps. Elle me fit faire mes ablutions avec minutie, la propreté et l’hygiène étant sacré chez nous. J’en fis un rituel par la suite.

- Maintenant que tu sais ce que c’est, va prendre Marco, commença-t-elle. Autre chose…

Elle sortit de sa poche un collier de perles.

- Un petit présent de ton client de la nuit.

Un client ? Etais-je entrain de devenir une catin ? Ces femmes immondes sans aucune morale qui offrent leurs corps contre de l’argent ? Le dégoût s’afficha sur mon visage.

- Il barbote dans un bain à l’heure actuelle. En plus de ton petit cadeau, il a payé pour une nuit à l’auberge. C’est un client. Un client spécial. Si tu sais les choisir, tu pourrais nous faire gagner plus d’argent et plus d’influence aussi.

Savoir les choisir. Bien entendu, des hommes riches ou de haut rang qui savent tenir leur langue. Des hommes sur lesquels je peux avoir un pouvoir et un moyen de pression. Cela me plaisait.

Pendant de nombreuses années, j’offrais donc quelques services supplémentaires à quelques clients. Personne n’en sut jamais rien en dehors de ma mère. Mon père pensait que l’auberge gagnait en notoriété parce que les clients étaient satisfaits. C’était la vérité d’une certaine façon. Mes bons clients m’en envoyaient d’autres si bien que mes nuits n’étaient jamais tranquilles. Je voyais toujours Marco dès qu’il revenait à Belhovre. Son bateau à peine amarré, il courait jusqu’à moi pour venir prendre un bain. Du moins était-ce la version qu’il donnait à sa femme. Il ne pouvait la rejoindre sans avoir effectué des ablutions correctes.
Ainsi et à ce jour, il n’a toujours pas d’héritier. Il ne m’en parle pas, le sujet de son couple est tabou. Mais j’ai de sérieux doutes quant à ses essais. Lorsque je croise sa femme en ville, je peux lire sur ses traits une lassitude et fatigue qui ne traduisent pas des nuits enflammées, mais plutôt des nuits à attendre que son mari ne revienne.

Et puis, lors d’un voyage, le bateau qui transportait mes parents ne revint pas. Je me trouvais seule à gérer l’établissement, sans les conseils de mes deux mentors. Pendant quelques temps, je me sentis perdue, incapable de maintenir l’affaire à flot et je la voyais déjà sombrer, comme le bateau de mes parents.

Je ne prenais plus de clients spéciaux, et ne voyait plus Marco durant un temps. J’avais besoin de faire le point, sur moi, sur mon avenir.
Je rencontrais Rhaas à ce moment là, et l’achetais. Elle représentait ce qu’il me manqua le plus à cette période. Une personne solide, sur laquelle me reposer. Nous apprîmes à nous connaitre et très vite, je lui offrais toute ma confiance et lui racontais tout. Convaincu de sa loyauté, j’en fis mon bras droit et l’aurais libéré mille fois si cela ne signifiait pas qu’elle doive quitter la ville. J’étais incapable de me passer d’elle, de vivre sans elle.

Je repris pied, plus rapidement que je ne l’aurais cru, et notre activité continua de prospérer. Les clients vont et viennent, reviennent même souvent. Des clients de tout horizon. J’ai bon espoir qu’un jour les Jardins de Belhovre connaîtrons le succès qu’ils méritent, et nous n’y seront pas pour rien.

J'abandonnais l'idée d'embaucher Calliopée après l'avoir rencontré. Nos visions des choses étaient bien trop éloignées et je savais que même avec du temps, elle ne correspondrait pas à mes attentes, ni mêmes aux filles qui travaillent déjà pour moi.