NAÖXI PATTE-ACEREE ~ Il a 24 ans, comme Kalÿxi.
C’est un jeune homme qui a de l’importance pour la jeune femme qui le voit comme un frère et comme un ami précieux. C’est le seul qui a compris ce qu’elle traversait. Il l’a épaulé, soutenu quand elle en avait besoin. Ils se connaissent depuis si longtemps… Pourtant Naöxi aimerait qu’il y ait plus mais il n’a jamais osé en parler à son amie. Il a trop peur d’être rejeté. Mais ce n’est pas grave, son amitié passe avant tout !

HALOXI CROC-DE-BELLROC ~ Il a 24 ans. C’est le frère jumeau de Kalÿxi.
C’est lui qui a tué ses parents et qui s’est enfui comme un lâche juste avant son banissement. Pour Kalÿxi, ce fut un véritable choc et un déshonneur total envers le clan et sa propre famille. Honteuse et perdue, la jeune femme s’est construit une image plus solitaire, plus froide. Mais elle déteste son frère de tout son cœur et si jamais me chef de Clan lui ordonnait de retrouver et de tuer son frère, elle le ferait avec plaisir. L’image de son jumeau la hante chaque nuit et à chaque fois, Kalÿxi n’a qu’une idée en tête : le torturer à mort jusqu’à ce qu’il la supplie d’arrêter. Ensuite elle lui donnera la mort qu’il mérite tant.


 

Pourquoi?

Je me souviens parfaitement de cette journée.
Père et Haloxi étaient partis chasser.
J’étais non loin du camp lorsque mère vint s’asseoir à mes côtés, la mine inquiète. Au début, elle resta silencieuse, se contentant de me regarder dorloter l’arc que je m’étais fabriquée. Son silence m’inquiéta rapidement.
« Maman, qu’est-ce qu’il y a ? »
Ses yeux verts s’accrochèrent aux miens avec crainte et elle posa sa main sur la mienne. Un frisson me parcourra l’échine, j’avais un mauvais pressentiment.
« Je sais que ça va être difficile à croire mais… Kalÿxi… tu dois te méfier de ton frère. »
Les sourcils froncés, je m’apprêtais à lui rétorquer que je n’avais rien à craindre d’Haloxi quand celui-ci apparut avec Père, les bras chargés de gibiers. Mère se leva rapidement, se dirigeant d’un pas mal assuré vers son mari tandis que mon frère s’avançait vers moi, le sourire aux lèvres.
« Tu aurais dus venir Kalÿxi, c’était génial ! »
Il commença  à raconter ce qu’ils avaient fait dans la forêt. J’écoutais avec attention mais une petite partie de moi se posait une question : qu’avais-je donc à craindre de mon jumeau ? On ne pouvait rien se cacher tant nous étions étroitement liés l’un à l’autre. Le soir venu, Mère se coucha tôt. Je devinais aisément qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas mais je n’eus pas le temps d’y réfléchir car Père commença à me réprimander pour mon désintéressement à la chasse.
« Ecoute papa, je sais que ça te ne plait pas que je ne vienne pas avec vous mais… si ça peut te faire plaisir je viendrais demain, d’accord ? »
Père accepta et on partit se coucher. Haloxi m’attendait sur mon lit, une étrange expression sur le visage. Les mots de mère me revinrent soudainement en mémoire et je devins plus prudente, plus distante.
« Qu’est-ce que tu veux ? » Il se lève et s’approche de moi. Mon instinct me hurle de m’éloigner, comme si quelque chose d’affreux allait se produire. S’arrêtant devant mon regard anxieux, il me demande : « ça ne va pas ? » Un frisson me prend de nouveau l’échine, je recule. « Tu veux quoi Haloxi ? Je suis fatiguée et j’aimerai bien me coucher ! » Ma voix est autoritaire, légèrement tremblante. Je n’aime pas le regard que mon jumeau me lance et tout mon être me hurle de me méfier. Mais qu’est-ce qu’il lui arrivait ? On était lié, certes, mais cette façon de m’observer était presque… obscène. Sa main se leva, caressant ma joue tendrement. « Je voulais juste parler un peu avec toi. Mais ce n’est pas grave, on parlera plus tard… » Il s’éloigna alors de moi, me laissant seule avec mes pensées. J’étais perdue.

Le lendemain, je suis partie avec Père à la chasse. Il m’avoua, une fois loin dans la forêt, qu’il prévoyait un délicieux repas pour fêter notre 16e anniversaire à moi et mon frère, mais qu’il avait besoin de moi pour chasser ce que mon frère adorait. Un sourire éclaira mon visage avant de me concentrer sur ce qu’on avait à faire.
Une fois la chasse terminée, Père commença à discuter. Il me demanda si j’aimais bien chasser avec lui et si ma vie au sein du clan me plaisait.
« Et bien… dans l’ensemble tout va bien papa. J’adore chasser avec toi et je m’excuse de ne pas venir plus souvent ! » Il rigola et m’ébouriffa affectueusement les cheveux avant de rentrer au campement.
Durant la soirée, Mère sortit hors du camp, en compagnie de Père qui semblait anxieux. Haloxi étant avec ses amis, j’ai décidé de suivre mes parents, curieuse de savoir ce qui se passait. Cachée derrière un grand arbre, je les écoutais, non sans me sentir un peu coupable.
« Tu as remarqué, n’est-ce pas ? Je n’aime pas ça du tout. Il faut qu’on fasse quelque chose. »
« C’est vrai que j’ai remarqué mais… ne crois-tu pas que c’est à Kalÿxi de décider ? Je suis certain qu’elle l’a remarqué aussi et qu’elle ne se laissera pas faire pour autant. »
« Oui mais… je ne peux pas restée comme ça à rien faire ! Et tu as vu comme moi : il sait que nous le savons. On doit se méfier nous aussi. »
« Certes. On reste sur nos gardes. Et on je veillerai personnellement à ce que notre fille soit protégée de lui. Tu veux que je prévienne le chef de clan ? »
Je n’eus pas le temps d’en savoir plus, un bruit sourd vint perturber la conversation. M’élançant pour rentrer au campement, je me repassais la discussion de me parents en boucle. Qu’avais-je donc remarqué qui me demanderait de choisir ? J’étais un peu perdue mais lorsque mes parents sont rentrés, je me suis composée un visage calme et joyeux pour leur éviter du stress en plus.

Ce n’est que plus tard dans la nuit que je compris enfin ce qui se passait au sein de notre famille.
Je me suis levée, incapable de trouver le sommeil. Attrapant mon arc et quelques flèches, je me suis dirigée hors du camp pour aller dans la forêt. J’avais besoin de me fatiguer et j’ai commencé la traque de quelques proies. Ce n’est que tôt le matin que je suis rentrée au camp, épuisée et plus sereine que la veille. Mais quand je suis arrivée… mon frère était là, couvert de sang. Et à ses pieds, les corps sans vie de nos parents. Pétrifiée et incapable de dire quoi que ce soit, j’ai simplement regardé avec horreur mon jumeau qui me souriait tristement.
« Je devais le faire Kalÿxi. Pour nous. Tu sais, ils voulaient nous séparer. Mais il est hors de question qu’on me sépare de toi ma chère sœur. Tu veux que je te dise pourquoi ? »
Sa voix avait un petit quelque chose d’écœurant. Il commença à s’avancer lentement. Instinctivement, j’ai reculé. S’arrêtant à même pas 1 mètre de moi, Haloxi fronça les sourcils.
« Pourquoi est-ce que tu t’éloignes ? J’ai fait ça pour toi, bordel ! POUR TOI !  PARCE QUE JE T’AIME !!!»
Un claquement puissant a retenti. Je l’ai giflé avec toute la force qui me restait. Surpris, mon jumeau tomba sur les fesses.
« Parce que TU M’AIMES ? Te fous pas de ma gueule espèce de taré ! T’es mon frère et jamais je ne t’aimerai pour autre chose que ça ! Comment as-tu pu oser faire ça !!! »
Nos cris avaient attirés certains membres du clan qui, voyant les corps de mes parents, alertèrent le chef de clan tandis que deux hommes s’emparèrent de mon frère pour l’emmener plus loin. Anéantie, désemparée, perdue, je ne vis pas tout de suite que le Chef était là. Il me demanda ce qu’il s’était passé. « Mon frère. Il est complètement taré et accessoirement, il est amoureux de moi. Nos parents avaient prévu de vous prévenir de ses intentions contre moi et parce qu’ils voulaient me protéger de sa folie, Haloxi les a tué… » Impossible de retenir plus longtemps mes émotions, je me suis éloignée du Chef pour aller pleurer mon désespoir, loin du camp. J’ai pleuré, encore et encore, sans savoir comment m’arrêter. Mes larmes coulaient, intarissable, tandis que Naöxi venait pour me ramener auprès du clan. Incapable de tenir sur mes jambes, mon meilleur ami me porta jusqu’au campement. Durant tout le trajet j’ai sangloté contre son épaule. Mais avant même d’arriver, je suis tombée dans les ténèbres que mes émotions et ma fatigue avaient engendré.

Je ne me suis réveillée que quelques jours plus tard. Naöxi m’expliqua que durant mon « sommeil forcé », le Chef avait puni Haloxi pour avoir tué deux membres du clan. Sa punition ? Mon ami n’osa pas trop me dire ce qu’il s’est passé mais apparemment mon frère devait se passer d’une main en moins. Il m’expliqua aussi qu’avant même d’être banni Haloxi avait réussi à s’enfuir. Choquée, j’ai demandé à Naöxi d’arrêter de me parler et de me laisser un peu seule pour réfléchir. En plus d’avoir tué nos parents, mon frère aussi s’enfuir ? La colère a soudainement envahi tout mon être. Mais j’avais aussi honte. Honte de cet enfoiré qui n’avait pas assumé son geste.


Griffe d'Argent

Il me fallut plus de six mois pour me remettre de la mort de mes parents.
Naöxi m’aida petit à petit à reprendre une vie normale, mais dans mon cœur tout était différent. Je suis devenue indifférente aux autres. Plus froide, plus distante, sans aucune envie de me lier aux gens. Le clan m’avait vu changé, et le Chef me convoqua finalement pour passer l’Epreuve. Je m’étais entraînée dur avec mon père, je ne pouvais pas salir sa mémoire en échouant. Mon Epreuve : ramener la tête d’un Smilodon mâle. Perplexe d’abord, je n’avais pas bronché et le jour-même, je suis partie à la recherche du fauve.

Pendant trois jours, je n’ai cessé de traquer l’animal dont la présence se faisait rare. Nuit et jour, je cherchais encore et encore, avec tous les indices à ma disposition. Au bout du quatrième jour, j’ai enfin repéré les traces d’un félin. La traque commençait vraiment maintenant.
Ce jour-là, je ne pensais pas sauver la vie d’un homme et pourtant…

QUATRIEME JOUR.
Je cours, encore et encore. Les traces que je suivais m’emmenaient près d’un coin d’eau rare où seulement quelques arbres maigres semblaient décorer l’endroit. De là où je me trouvais, je pouvais apercevoir une silhouette animale, celle de la créature que je recherchais ardemment. Alors que je m’approchais discrètement, j’entrevis ce que le Smilodon faisait. Un homme semblait à terre, les yeux fermés et … totalement immobile. L’animal le reniflait et se léchait les babines, prêt à entamer son repas. Sa patte se tendit en un coup mortel. Je n’ai pas hésité une seconde de plus. Arc bandé, je lâchais la flèche qui s’enfonça dans la patte du fauve qui se retourna, grognant dans ma direction avant de se précipiter vers moi avec l’intention de me manger aussi. D’un bond rapide, je me suis installée sur son dos pour lui décocher une seconde flèche dans la nuque. Puis une troisième avant de sauter, atterrissant près de l’inconnu qui ne respirait plus. Une dernière flèche s’installa entre les deux yeux de l’animal qui s’effondra de tout son poids. Vérifiant qu’il était bien mort, je me suis précipité vers le blessé inconscient. J’ai tapé contre sa poitrine avant de lui donner un peu d’air. Encore et encore, jusqu’à ce qu’il reprenne légèrement conscience.
« Hey, vous m’entendez ? »
Ses yeux se sont à peine entrouverts mais ça répondait à ma question. Maintenant qu’il vivait, je pouvais m’occuper de décapiter le Smilodon. Avant ça, je l’ai dépecé, je lui ai arraché une canine puis j’ai mis sa tête dans un gros sac. Une fois tout cela fait, j’ai porté comme j’ai pu l’okanaki jusqu’au campement afin qu’il soit soigné correctement.

Une fois rentrée, j’ai présenté la tête au Chef de clan pour lui montrer ma réussite à l’Epreuve.
« Voilà une bien jolie tête que tu m’apportes là Kalÿxi. »
Je lui ai raconté ce qu’il s’était passé à la petite oasis. D’un hochement tête, il accepta mon histoire et m’accorda la réussite indéniable de l’Epreuve. Désormais j’étais une chasseuse et j’en pouvais être fière.
Quelques heures après, je portais le surnom de « Kalÿxi Griffe d’Argent. »


Et maintenant?
Aujourd’hui, je suis une chasseresse talentueuse qui rêve de faire partie des guerriers entraînés par le Chef. Cela fait quelques temps d’ailleurs que j’y réfléchis, sans vraiment osé faire le premier pas. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir de bonnes relations avec notre chef. Même si, il y a peu, j’ai refusé une tâche assez importante. Je m’en souviens très bien, c’est comme si ça s’était passé hier.

Ce jour-là, je suis rentrée de la chasse assez tôt. Naöxi m’attendait à l’entrée du campement, anxieux. Connaissant mon ami depuis très longtemps je n’ai pas mis trop de temps pour savoir ce qui le rendait si anxieux : le chef désirait me voir.
Pas du tout stressée, je suis entrée dans la demeure du Chef, curieuse de savoir ce qu’il me voulait. En me voyant arrivée, un petit sourire satisfait s’afficha sur son visage avant de reprendre un expression imperturbable.
« Bien. J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi. »
Sans attendre de réponse de ma part, il m’expliqua la raison pour laquelle il m’avait fait venir. Car depuis quelques temps, sa fille Lëxi s’était enfuie du campement. La raison de cette fuite avait été évidente pour moi : elle craignait pour sa vie lorsque son frère vint au monde. Même si je n’étais pas vraiment liée à elle, j’avais été la seule à ne pas m’être moquée lorsqu’elle est revenue avec le ligor qu’elle aurait dut tuer. Et aujourd’hui, son propre me demandait d’aller la chercher ?
« Je refuse. »
Ma réponse était courte et parfaitement claire. Du regard je pouvais sentir une question silencieuse de la part du Chef qui m’observait toujours.
« C’est simple : c’est de votre faute à vous si elle est partie. Vous l’avez élevé comme si c’était un homme, vous en avez fait un prince respecté. Et le jour où elle se montre, fière et certaine que vous accepterez son choix de domestiquer une créature aussi puissante, vous lui asséner le coup de grâce en la déshéritant ! Elle qui avait fait tant d’efforts pour vous plaire, vous rendre fier… Vous et le clan devez assumer l’erreur de lui avoir fait subir d’horribles choses durant ces dernières années ! Il est donc hors de question pour moi d’aller la chercher. Surtout si c’est pour la torturer quand elle arrivera. Croyez-moi Chef, je vous admire et je vous respecte, mais vous avez fait une erreur, assumez vos actes. »
Le saluant respectueusement, je me suis retirée, la gorge serrée par l’émotion.

Ce jour-là, j’ai prié pour que Lëxi aille bien et qu’elle soit en sécurité.