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 Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]

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MessageSujet: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime16/6/2015, 20:21

Le soleil se levait à peine, pourtant le Chemenn du clan Chilchaki était déjà éveillé. Assis face au feu qui brûlait au centre de sa tente, il fixait les flammes sans les voir. Des heures qu'il était levé. La même chose tous les matins, depuis plusieurs décades. Depuis l'avalanche, en vérité. Wakumbë peinait à s'endormir, et veillait jusqu'à des heures déraisonnables, tout en se levant à l'aube. C'était comme si le sommeil le fuyait... ou bien était-ce lui-même qui fuyait les mauvais rêves ? Difficile à dire. Comme chaque matin, le jeune homme se glissait hors de sa couche, et ranimait le feu pour chasser la froideur de la yourte et éviter les élancements dans sa cuisse en voie de guérison. Précaution inutile, toutefois, mais cela lui permettait au moins de se réchauffer.
Levant les yeux du brasero, le regard du jeune homme buta contre une couture apparente sur la toile de la yourte. Souvenir de l'avalanche, qui lui rappelait à quel point le clan avait été dévasté. De nombreuses tentes avaient été détruites : les Chilchaki avaient les compétences nécessaires pour bâtir de nouvelles yourtes, toutefois cela s'avérait difficile quand vos outils disparaissent sous dix pieds de neige. Les tentes les moins amochées avaient pu être rafistolées, mais plusieurs Okanakis partageaient désormais le même toit en attendant de nouvelles ressources. Il faudrait abattre des arbres, couper les troncs pour modeler les poutres, tanner des peaux, les coudre... cela prenait un temps fou. Sans compter qu'il neigeait sans discontinuer depuis plusieurs décades, ce qui ne facilitait pas les choses. De sorte que les événements avaient obligé plusieurs Chilchaki à se mettre à la collocation. Ce n'était pas une mauvaise chose, après tout : cela évitait la solitude à ceux qui avaient besoin d'une épaule ou d'une oreille attentive. Wakumbë avait proposé de partager sa tente, évidemment, mais on avait refusé en prétextant que le Chemenn n'avait pas à se sentir concerné par ce problème. De toute manière, personne ne semblait avoir assez de cran pour oser vivre sous le même toit que le jeune homme. Cela ne l'avait pas gêné au départ : il s'accommodait assez bien de la solitude. Wakumbë regrettait simplement de ne pouvoir aider comme il le souhaitait.

Mako ne mit guère longtemps à arriver, aussi ponctuel qu'à l'accoutumée. Comme tous les matins, le jeune cultivateur passait à l'aube chez son ami de toujours afin de partager le petit déjeuner avec lui. En vérité, le jeune homme à la tignasse brune utilisait ce prétexte pour préparer le repas et ainsi faciliter la vie à Wakumbë, qui avait souffert de son handicap pour un grand nombre de taches quotidiennes. Il n'avait rien demandé à son ami, cela s'était fait naturellement, d'un accord tacite. Et même depuis que le Chemenn guérissait et réussissait à boitiller un peu, Mako continuait à passer quelques minutes avant de rejoindre ses potagers. Il travaillait d'arrache pied pour permettre au clan de se nourrir convenablement. La catastrophe avait ravagé leurs cultures, et le clan avait migré de quelques kilomètres vers l'Est pour s'éloigner des montagnes, redoutant une autre avalanche. Ils avaient tout abandonné derrière eux, ou presque. L'avalanche avait tué plusieurs rennes, ce qui leur offrait de la viande, mais certains n'avaient pas encore les dents assez fortes pour mastiquer cette chair coriace. Alors Mako travaillait, œuvrant toute la journée pour offrir des repas suffisants aux jeunes enfants ou aux vieilles personnes. C'était dans ce genre de situation que le cultivateur se révélait être un homme d'une efficacité stupéfiante. Wakumbë ne comprenait pas pourquoi son ami s'entêtait à venir tous les matins : était-ce pour lui offrir un peu de compagnie, ou plutôt pour lui permettre de parler ? Le Chemenn écoutait les autres toute la journée sans jamais s'autoriser à exposer ses propres terreurs. Pourtant, être enfermé dans la caverne de longues heures sans lumière avait laissé des séquelles. Wakumbë redoutait l'obscurité et était agacé de constater que l'angoisse le taraudait quand sa tente était plongée dans le noir. De cela, il n'en avait parlé à personne, moins par fierté que par humanisme. D'autres souffraient bien plus que lui, il n'avait aucun droit de se plaindre.

A son arrivée, Mako lui souhaita le bonjour en s'attelant aussitôt à la réalisation du petit-déjeuner. Wakumbë protesta et fit mine de se lever en assurant qu'il était tout à fait capable de se débrouiller, maintenant, mais le cultivateur rétorqua aussitôt d'un air sévère :

 « Tu as entendu Elina. Mieux vaut éviter tout effort inutile à ta jambe. Tu n'as pas voix au chapitre mon vieux, alors arrête un peu de te prendre pour un Torkos.»

C'était dit d'un ton bourru, mais Wakumbë ressentit une bouffée d'affection pour son ami. Celui-ci revint bientôt à ses côtés en lui tendant un bol, et le jeune homme frissonna pour une raison obscure en reconnaissant le présent de Niila. La jeune potière venait le voir tous les jours elle aussi, pour changer ses bandages et ainsi enlever une charge de travail à la soigneuse du clan. Wakumbë avait vite appris à apprécier ces moments en tête à tête. Niila paraissait quelque peu distante ces derniers temps, mais il ne s'en alarmait pas : ils avaient tous vécu un choc, et lui-même savait qu'il avait moins le cœur à rire. Le Chemenn n'en attendait pas moins les visites de son infirmière improvisée avec une grande impatience. Elles étaient comme une fenêtre ouverte sur un paysage plus ensoleillé et plus doux.
Assis face à face, Mako et Wakumbë mangeaient en silence, parlant quelques fois, appréciant simplement leurs présences mutuelles. A un moment, la conversation amena le cultivateur à mentionner le dicton du clan Chilchaki, et le Chemenn fronça aussitôt les sourcils. Le froid est juge. Il n'appréciait pas que l'on relie cette phrase à l'avalanche.

Le froid est juge, mais ce n'était pas le gel qui avait tué tous ces innocents. Une catastrophe naturelle comme il en arrive partout, tout le temps : un hasard malheureux plutôt qu'une véritable sentence divine. Quand les membres du clan mentionnaient l'avalanche, c'était toujours avec des tremblements dans la voix et une expression de crainte mêlée à de la tristesse et à autre chose. Autre chose que Wakumbë avait finalement décrypté comme étant de l'admiration. Devant l'injustice de la nature, le Chemenn préférait se taire, garder son avis pour lui. Mais une chose était sûre, ce n'était certainement pas le froid qui avait décidé du sort des sept Chilchaki enfouis sous les décombres.
Le scepticisme du jeune homme le poussait à ricaner quand il entendait les discours révérencieux de ses pairs. Il croyait en la magie et aux dieux, évidemment. Mais n'étant pas natif du clan Chilchaki, sa relation envers l'hiver et ses pouvoirs était différente, moins assurée. Il se pliait aux coutumes du clan sans pour autant y mettre autant de ferveur que les autres. Dans le fond, il trouvait un peu exagéré de penser que le froid puisse être personnifié, et qu'on puisse le tenir pour responsable de leurs malheurs. C'était la nature, et voilà tout. Pas besoin de chercher une autre explication derrière tout ça. S'il y avait bien quelque chose qui mettait le jeune homme en rogne, c'était d'entendre les Chilchaki se sentir responsables du décès prématuré d'un parent ou d'un ami : il se sentait obligé de les rassurer, de leur promettre qu'ils n'étaient pas les causes de ce drame, et n'avaient rien à se reprocher. Le moindre péché n'entraînait pas une punition. Voir Elina se reprocher la mort de sa mère parce qu'elle avait soit-disant trahi sa confiance en oubliant de guérir l'entorse de son renne était ridicule. Absurde, même. Malgré tout, Wakumbë comprenait que certains puissent ressentir le besoin de trouver une explication à ce cauchemar, et le respectait. Chacun supportait la tristesse et la peine comme il le pouvait. Et il n'y avait certainement pas de remède miracle.

Lui-même avait eu beaucoup de chance de s'en sortir en un seul morceau. Le pieu qui avait transpercé sa cuisse avait évité de peu l'os et les artères. Elina n'avait pas manqué de lui faire remarquer sa veine, précisant que cela tenait presque du miracle. Mais pour être honnête, Wakumbë s'en moquait. La douleur des autres déteignait sur lui, comme toujours, si bien qu'il souffrait à travers eux et que cela revenait au même. Parfois, il regrettait même de ne pouvoir prendre leur peine ou leurs blessures pour les décharger de leurs fardeaux. Pour une raison inconnue, il se sentait presque coupable de guérir aussi bien. Ses côtes fêlées n'étaient plus qu'un souvenir, un hématome à peine visible sur son flanc. La plaie à sa jambe s'était refermée, du moins en surface. Il pouvait désormais marcher, bien que sa blessure le fasse boiter et se rappelait toujours à lui à la moindre sollicitation. La douleur était surtout présente à son réveil et le soir. Perdre sa mobilité le rendait furieux. Wakumbë avait l'impression d'être aussi infirme qu'un vieillard et cela le mettait hors de lui, de sorte qu'il refusait de rester aussi calme et immobile qu'il l'aurait du. Elina râlait, mais il s'en contre-fichait. Hors de question de rester inactif.

Mako se hâta d'achever son petit déjeuner, et demanda au Chemenn s'il avait besoin de quoique ce soit. Évidemment, le principal intéressé secoua négativement la tête, et l'autre lui fit les gros yeux avant de lui répéter de se modérer. Puis, Mako lui souhaita une bonne journée et prit congé.

Resserrant les doigts sur le bol qui dégageait une agréable chaleur, Wakumbë l'approcha de son visage et souffla sur le breuvage encore fumant. Dehors, le soleil se levait, décorant le ciel de lézardes pourpres ou orangées. Niila n'allait pas tarder. Il avait hâte. Le jeune homme avait vite pris goût à ces rendez-vous quotidiens. Ils ne duraient qu'une poignée de minutes, mais c'était de loin le meilleur moment de la journée. Tous deux parlaient un peu, échangeaient de pâles sourires, parfois même un baiser furtif, bien que ce soit plus rare. Mais Wakumbë n'avait pas le sentiment que leur relation se dégrade. Le simple fait d'être proche de Niila, de passer du temps à ses côté, de la voir, lui suffisait amplement. Ce n'était pas l'idée d'une relation qu'il aimait : c'était la jeune femme. Ils pouvaient très bien passer le reste de leur vie sans parler ni se toucher, ça lui était égal. Tant qu'elle restait là, auprès de lui. Sans qu'il en ait conscience, Niila était devenue pour Wakumbë une véritable drogue, comme la condition de son bonheur.
Achevant de vider son bol, le jeune homme étouffa un bâillement de fatigue et se redressa. Il remarqua que Mako avait fait fondre de la neige dans un broc, assez proche pour qu'il puisse s'y rendre en sautillant. Ce qu'il fit, sans aucune grâce, et en s'empêchant de grimacer. Rincer son visage acheva de le réveiller et lui fit du bien. Wakumbë alla jusqu'à glisser ses doigts mouillés dans ses cheveux pour en chasser les quelques nœuds. Ayant repris une apparence plus humaine, il se sentit mieux et regagna sa couche près du feu. Là, il reprit le travail de reprisage qu'il avait commencé la veille : plusieurs toiles avaient été déchirées par l'avalanche, mais étaient récupérables. Ayant perdu la plupart de ses pierres d'Eliwha et ses parchemins – rien que d'y pense, cela le mettait en rogne – Wakumbë avait du trouver un autre moyen de s'occuper. La couture, on pouvait en dire ce qu'on voulait, ça permettait quand même de vider la tête tout en occupant les mains. Mais malgré ça, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d’œil en direction de l'entrée de la tente de temps à autre, comme pour guetter la visiteuse qui devait arriver d'ici peu.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime17/6/2015, 09:10

Lorsque Niila ouvrit les yeux, ils se posèrent instantanément sur Khilmari, déjà affairé à préparer leur petit déjeuner. Elle se redressa lentement sur sa couche sans quitter son père des yeux. Son père...Savoir qu'on avait été adopté était une chose qu'elle vivait bien, avant l'avalanche. A présent qu'elle se souvenait de son ancien clan, de sa famille, son humeur était devenue plus morose et plus déprimée.
Mais ce changement de caractère n'était pas lié seulement aux souvenirs, les événements récents l'accablaient tout autant. Les Chilchakis avaient essuyé beaucoup de pertes, physiques comme morales et chacun prenait sur lui pour panser ses blessures quelles qu'elles soient.
Niila ne faisait pas exception et presque par réflexe, elle leva vers son visage ses doigts bandés. Le traitement était efficace, sa peau avait retrouvé sa couleur d'origine et ils avaient désenflés. Le plus dur pour la jeune femme restait la perte de sensation. Le bout de ses doigts demeurait insensible, ni au chaud, ni au froid, ni au moindre contact. C'était comme toucher le monde avec un bâton.

Son père tourna son visage vers elle alors qu'il achevait de déposer les deux bols fumants sur leur table.

- Bonjour, comment tu te sens aujourd'hui ? Tes doigts ?

Elle sombra dans son regard à nouveau, y devinant une peine qu'il cherchait pourtant à dissimuler sous ses yeux sombres grandement cernés.
Pour lui aussi, cela avait été difficile. Non content de devoir aider à déblayer les tentes, il avait en plus du subir la perte de sa fille, lancée à la recherche de son amour perdu au milieu de l'avalanche. Khilmari avait eut peur pour elle et depuis son retour, il rechignait à la quitter. Pourtant, il ne se ménageait pas lui-même, chassant plus que nécessaire afin de reconstruire les réserves, mais il ne partait plus des jours durant. Chaque soir, il revenait à la yourte pour s'assurer que Niila était bien là et en bonne santé, autant que faire se peut.
La jeune femme en était autant touché que gênée.
Ces mêmes questions qu'il lui répétait inlassablement, chaque jour depuis qu'elle s'était évanouie à son retour avec Wakumbë. Chaque jour, depuis qu'elle lui avait révélé se souvenir de son passé. Ils en avait discuté mais lorsque Khilmari lui avait demandé ce qu'elle comptait faire alors, Niila n'avait su que répondre.
Elle était aussi fatiguée que perdue et ne préférait pas y réfléchir dans les jours à venir.

- Je vais bien, mentit-elle comme chaque jour depuis l'incident. Je n'ai plus mal aux doigts.

Vu la tête qu'affichait son père, il ne s'attendait pas à ça. Elle savait bien qu'il ne parlait pas de la douleur mais plutôt de son toucher. Elle s'en voulu alors de lui mentir et finit par se lever en soupirant.

- C'est bon papa, je vais bien.

Elle posa sa main sur son épaule avant de s'installer à ses côtés et lui offrit un sourire timide. L'avalanche semblait les avoir éloigné autant que rapproché, leur relation avait évoluée, devenant bien plus mature, se basant sur la confiance mais aussi sur la crainte d'être à nouveau séparés.
Ils déjeunèrent paisiblement, puis la jeune femme entreprit de se débarrasser de ses bandages qui n'avaient plus de raison d'être. Elle pourrait bientôt se remettre à la confection d'argile, mais en serait-elle seulement capable sans aucune sensation de toucher ?
Alors qu'elle voulait aider son père à débarrasser, il lui indiqua ne pas avoir besoin d'elle et l'informa par la même occasion qu'il n'irait pas chasser aujourd'hui. Il devait aider à la reconstruction de certaines yourtes encore. La fête du solstice s'en verrait certainement chamboulée, mais c'était une tradition importante pour les Chilchaki et malgré les pertes, les festivités auraient lieu.

Niila se leva et entreprit de natter ses cheveux en une lourde tresse épaisse sur le côté. Elle avait voulu les couper, comme pour marquer une deuil ou bien une renaissance. En réalité, elle ne savait pas pourquoi elle avait voulu les couper mais elle l'avait souhaité, tout simplement. Khilmari s'y était fermement opposé, arguant qu'elle aurait besoin de ses cheveux longs pour le solstice. Elle s'était inclinée alors.
Le chasseur ne posa aucune question, il savait bien qu'elle se rendait chez le Chemenn. Il ignorait cependant ce qu'ils trafiquaient tous les deux mais l'idée d'un amour platonique lui avait effleuré l'esprit. De ce qu'il connaissait des deux jeunes gens, il n'y avait pas grand chose à craindre. Il avait raison.
Niila se sentait soulagée de savoir que Wakumbe guérissait bien, bien qu'elle le trouvât alors renfrogné la plupart du temps. Lui aussi était fatiguée et lui aussi avait besoin de temps.
Ils se voyaient chaque jour, mais n'avait pas reparlé ensemble de leur séjour dans la caverne, les souvenirs étant peut-être trop vifs dans leurs esprits à tous deux. Niila n'avait pas même abordé le sujet de sa mémoire retrouvée, elle redoutait la réaction du Chemenn.
Allait-il la juger ?

Elle repoussa ses sombres pensées et sortit de sa tente après avoir enfilé un manteau et salué son père, lui promettant de revenir manger avec lui le midi.
Le froid fouetta son visage, rosissant instantanément ses joues alors qu'elle traçait un sillon dans la neige la menant jusqu'à la tente du Chemenn.
Devant les pans de peau, elle s'annonça puis pénétra à l'intérieur en retirant sa capuche.
Wakumbë était encore attablé et lorsqu'elle le vit, un sourire tendre se dessina sur ses lèvres. Le simple fait de le voir lui mettait du baume au coeur et elle ne put s'empêcher d'inspirer un peu plus profondément, comme pour calmer son palpitant déjà légèrement excité.

- Salut, souffla-t-elle avant de pendre son manteau sur le portant non loin de l'entrée. Je vois que tu as déjà mangé, et si on regardait ta blessure ?

Ce n'était pas une surprise, le Chemenn déjeunait avec son ami Mako depuis leur retour. Elle ne comprenait pas vraiment ce qui les liait autant mais ne pouvait que se réjouir de ne pas savoir Wakumbë seul. Elle possédait son père, lui le silence.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime19/6/2015, 12:20

Il n'eut pas longtemps à patienter avant l'arrivée de Niila. Affairé, il reprisait l'un des pans de toile lorsqu'une voix familière le tira de son ouvrage. L'air encore un peu égaré, le regard flou, il souffla sur une mèche qui avait glissé devant son visage. Un sourire sincèrement heureux illuminait son visage, chassant les ombres qui l'assombrissaient ces derniers jours. C'est d'une voix empressée qu'il invita la jeune femme à entrer, et ses yeux pétillèrent quand elle apparut. Il en était toujours ainsi : chaque matin, le rituel se répétait sans qu'il ne parvienne à s'en lasser. Comme toujours, Niila le saluait, tapotait ses pieds sur le pas de l'entrée, avant de déposer sa veste. Et lui la regardait faire, presque hypnotisé. Ce n'était rien, pourtant, mais si une autre femme avait reproduit ces simples gestes, l'effet n'aurait pas été le même. Wakumbë dévorait Niila des yeux sans s'en rendre compte. Sa présence lui mettait du baume au cœur, elle chassait la douleur et l'inquiétude comme le feu repousse les ombres. Constatant qu'il ne pouvait la lâcher des yeux, la jeune femme lui sourit, et il lui répondit de même. Ce n'était pas grand chose, mais ça valait mieux que toutes les paroles réconfortantes de tous ses amis. Peut-être était-ce égoïste et injuste. Mais il s'en fichait. Avec elle, il était bien.

Pourtant, loin de se prendre pour un joyau ardent, Niila demeurait humble, presque inconsciente de tout ce qu'elle représentait. Pas seulement pour lui, mais également pour Khilmari. C'était comme si tous ceux qui aimaient la jeune femme tombaient irrémédiablement sous son charme et devenaient dépendants de sa présence, de ses sourires. Wakumbë ne parvenait pas à décider s'il en était de même pour tout le monde, ou si Niila en avait le monopole. Peut-être que le phénomène était courant chez tous ceux qui s'aimaient sincèrement. Mamaka avait du ressentir la même chose à l'égard de Joboma, et les autres couples du clan ne devaient pas méconnaître ce sentiment non plus. Mais le vivre était différent que l'imaginer, et Wakumbë avait parfois l'impression que l'affection que Niila et lui se portaient était unique et n'appartenait qu'à eux. Ils la cultivaient comme une fleur délicate. Niila était la personne qu'il avait attendu si longtemps sans le savoir.

– Salut », lui répondit-il presque timidement.  « Comment ça va ? 

Il disait la même chose tous les jours, et Niila lui répondait pareillement. Leurs salutations ne variaient jamais. Wakumbë était sincère lorsqu'il s'intéressait à l'état de la jeune femme, mais celle-ci s'entêtait à répondre un « oui, merci » très sage, quoique un peu secret et distant. Au début, il en avait été inquiet, avant de réaliser que lui-même taisait la plupart du temps ses états d'âme. Le jeune homme s'inquiétait pour Niila. Quelque chose en elle s'était brisé lors de l'avalanche, et ne pas réussir à trouver quoi le rendait fou. Toutefois, il refusait d'interroger son amie, préférant attendre qu'elle lui en parle quand elle l'aurait décidé. Ses doigts semblaient avoir bien guéri, ils avaient déjà meilleure allure. Ceci, au moins, était rassurant.

Le Chemenn repoussa la toile qu'il était occupé à rafistoler, avant d'étendre sa jambe blessée de manière à ce que Niila puisse l'approcher. A force de subir ces soins tous les jours, Wakumbë en avait rapidement eu marre d'ôter son pantalon tous les matins. D'une part, il restait assez pudique et se déshabiller devant Niila le faisait piquer un fard à chaque fois, et d'autre part, l'action de se dévêtir ranimait les élancements dans sa cuisse. Alors une nuit où il ne parvenait pas à trouver le sommeil, le jeune homme avait eu l'idée de modifier un vieux pantalon. Il avait fendu la jambe gauche du vêtement sur la longueur, avant d'ajouter des boutons sur les coutures, comme sur un gilet. Le travail était grossier et inélégant car s'il savait coudre le jeune homme était loin d'être un expert, mais au moins il n'avait plus à basculer sur le dos et grimacer en enlevant son pantalon.
Aussi put-il déboutonner le vêtement jusqu'à mi-cuisse, où se trouvait sa blessure.

La plaie s'était refermée depuis plusieurs jours, de sorte que cela faisait longtemps qu'il ne trouvait plus ses bandages imbibés de sang. Toutefois Wakumbë devinait que la blessure mettrait du temps à totalement guérir, car le muscle avait été touché. Elina lui concoctait un cataplasme à base de plantes, que Niila appliquait à l'endroit de l'ancienne plaie. Le Chemenn ne savait pas trop comment ça fonctionnait et n'avait pas osé embêter la soigneuse, d'autant plus qu'elle avait beaucoup à faire en ce moment. Il devinait plus ou moins que le mélange réduisait les douleurs tout en accélérant la régénération du muscle, quelque chose comme ça.

Tandis que Niila récupérait ce dont elle allait avoir besoin dans un tiroir  Wakumbë baissa les yeux sur sa jambe. Une cicatrice blanchâtre et grossière marquait sa cuisse à l'endroit où le pieu l'avait pénétrée. Le tracé rappelait un peu la forme d'une étoile, telle qu'elle aurait été dessinée malhabilement par un jeune enfant. La peau était encore fine et sensible à cet endroit. Niila revint avec son matériel, et s'assit en face de lui. Plusieurs secondes s'écoulèrent en silence, sans qu'aucun d'eux ne dise quoique ce soit.

– Hem... sinon... que comptes-tu faire aujourd'hui ?

Cela non plus, ce n'était pas grand chose. Mais Wakumbë s'en fichait.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime21/6/2015, 21:14

A chaque fois que Niila se retrouvait seule avec Wakumbë, la même sensation prenait place dans son corps. Une myriade de petits papillons voletant dans son estomac. Elle n'y pouvait rien, l'effet était immédiat. Pour remédier à cela ou plutôt pour le lui camoufler, elle souriait doucement, évitant ainsi de parler.
Si au début ce genre de sensation l'avait dérangé n'y étant pas habituée, elle s'en était accommodé et désormais, elle appréciait ce ressentis. Il était la preuve que le Chemenn importait à son coeur.
Après ce qu'ils avaient vécu, un immense sentiment de soulagement la gagnait dès qu'elle l'apercevait mais là encore, elle taisait son ravissement de le savoir en vie.
Blessé, il semblait pourtant bien se remettre, même si visiblement, se retrouver temporairement handicapé jouait sur son caractère, lui donnant ombrage quotidiennement.

Niila tentait par tous les moyens de lui redonner le sourire autant que possible, lui comme tous les autres Chilchakis étaient des rescapés. Et si le Froid les avait épargné, alors il fallait s'en montrer digne et vivre chaque jour pleinement. C'est dans cette optique qu'elle visitait son ami chaque jour, mettant de côté ses propres pensées obscures et sa crise d'identité.

- Je vais bien merci, répondit-elle machinalement à sa question tout en récupérant ce dont elle aurait besoin pour traiter sa plaie.

Armée de tout le nécessaire, elle s'agenouilla à ses côtés tandis qu'il avait porté sa blessure à nue par un savant stratagème mis en place par ses soins.
La cicatrice serait visible mais pas aussi impressionnante que Niila l'aurait pensé. Sa forme en étoile lui donnait une caractéristique très particulière.

- Je pense rester avec toi jusqu'au repas de la mi-journée si tu le veux bien, j'ai promis à Khilmari de rentrer manger avec lui. Il a...du mal à me voir m'éloigner de la tente.

Elle n'ajouta rien sur l'état psychologique de son père adoptif. Wakumbë songerait surement que l'Okanaki était inquiet après que sa fille eut disparu trois jours complets suite à l'avalanche, mais la vérité c'est que Khilmari s'inquiétait en sus que Niila ne quitte le clan. La jeune femme se perdit quelques instants dans ses pensées avant de s'occuper avec plus de minutie du bandage de la plaie.

- Tu as vu ? La cicatrice forme une étoile, dit-elle tout bas. Tu aurais voulu le faire exprès que tu n'aurais pas réussi.

Durant ses nuits passées, elle y avait vaguement songé, comment pouvait-on se faire volontairement une telle blessure dans le but de se scarifier. Ce n'était pas son domaine, elle n'avait pas trouvé.
Elle sourit avec affection. Celui qu'elle avait longtemps surnommé le garçon aux cheveux couleur d'étoiles porterait désormais une nouvelle marque de cet astre fétiche.

L'insensibilité de ses doigts lui fit relâcher la bande alors qu'elle était sur le point de l'attacher et comme si tout était le plus normal du monde, elle s'y reprit donc une nouvelle fois.

- Et toi ? Qu'as-tu prévu aujourd'hui ? demanda-t-elle à son tour.

Non pas que le silence devenait pesant, ils en avaient l'habitude, ils se complaisaient dedans, mais parce que depuis l'avalanche les journées se ressemblaient toutes.
Réparer, recoudre, préparer, consoler...le Clan s'épuisait à se remettre de ses pertes, mais le Froid ne leur laissait pas le choix. Agis et vis.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime23/6/2015, 23:12

Tandis que Niila s'agenouillait à ses côtés, Wakumbë sentit le frisson caractéristique sinuer le long de son échine. Cette sensation était désormais familière, de sorte qu'il n'en fut pas surpris. De plus en plus, son corps s'accordait à son esprit lorsqu'il s'agissait d'apprécier la présence de la petite potière. Potière qui, depuis l'avalanche, avait semble-t-il abandonné son argile. Bien sûr, Wakumbë n'en avait pas été étonné au début : il fallait laisser le temps à ses doigts blessés de se remettre du grave traumatisme causé par le gel. Mais les jours avaient passé, Elina avait assuré que les doigts de Niila ne couraient plus aucun danger et, effectivement, la jeune femme avait fini par retrouver l'usage de ses mains. Pourtant, de temps à autre, Wakumbë apercevait comme une grimace presque invisible, à peine un pli amer au coin des lèvres de sa compagne, à peine un regard frissonnant par quelque chose d'imperceptible. Mais cela était si léger, si furtif, qu'il n'était pas certain que cela soit réel. Après tout, il pouvait très bien l'inventer sans s'en rendre compte : le jeune homme s'inquiétait suffisamment pour le rétablissement de Niila qu'il était bien capable d'imaginer le pire pour fonder ses craintes. Alors il haussait une épaule, souriait, et passait à autre chose. Niila n'avait peut-être pas touché à l'argile depuis sa convalescence, mais la période était difficile et ses journées mouvementées, et il y avait bien plus important à faire que s'amuser à la poterie. Et puis, de toute manière, si Niila avait quelque problème que ce soit avec ses doigts, elle lui en parlerait. De cela, Wakumbë en était persuadé. Tous deux étaient suffisamment proches désormais pour se livrer l'un à l'autre et trouver chez chacun une épaule sur laquelle se poser, une oreille attentive pour être entendu.

Aussi se contenta-t-il de sourire lorsque la jeune femme répondit à l'affirmative à sa question de pure forme. Il ne remarqua pas le ton machinal et automatique que Niila avait utilisé sans y penser. Le même ton qu'il prenait lorsqu'il mentait pour rassurer ses proches.
Le Chemenn fut particulièrement ravi d'apprendre que la jeune femme passerait toute la matinée en sa compagnie. Son cœur bondit dans sa poitrine, l'emplissant d'une douce chaleur. Il ne pouvait jamais prévoir combien de temps Niila resterait avec lui : parfois, elle passait juste le temps de s'occuper de ses bandages, d'autres jours elle s'asseyait à ses côtés et ils passaient des heures entières à parler en se frôlant à peine. Wakumbë espérait toujours secrètement qu'elle reste longtemps, mais se refusait à être demandeur. Il savait que Niila affrontait quelque chose depuis l'avalanche, ou plutôt il le devinait. Lui-même avait parfois besoin de solitude et de silence pour mettre les choses au clair. Wakumbë ne voulait pas précipiter les choses ou la mettre mal à l'aise en lui proposant de rester déjeuner, par exemple. De toute manière, à force, Niila devait savoir que sa tente lui était toujours ouverte et qu'elle pouvait rester ou passer autant qu'elle le voulait. Quand elle lui faisait l'honneur et le plaisir de partager un repas en sa compagnie, Wakumbë avait le sentiment que tout était à sa place. Les heures de l'après-midi s'égrenaient alors, et c'était comme si Niila partageait vraiment son toit. Elle devenait plus qu'une simple invitée. Quelque part, cela lui faisait plaisir. Il n'arrivait pas encore à comprendre comment ni pourquoi, et n'essayait même pas. Il n'avait encore jamais ressenti ça auparavant.
Ainsi Wakumbë jubila-t-il intérieurement quand il entendit que Niila resterait encore quelques heures. S'efforçant de masquer son euphorie, le jeune homme hocha sagement la tête pour acquiescer. Mais ses yeux pétillaient avec un peu trop d'éclat pour que cela passe inaperçu.

Et il y avait Khilmari, bien sûr. Le père adoptif de Niila semblait s'être beaucoup rapproché d'elle depuis quelques temps. Wakumbë imaginait que le chasseur avait été mort de peur à l'idée de perdre sa fille quand elle était partie plusieurs jours dans la montagne pour le secourir, lui. Un moment, le Chemenn s'était senti mal vis-à-vis de cet homme qu'il appréciait autant qu'il l'admirait. Khilmari et lui n'avaient pas échangé trois mots depuis son retour. Wakumbë craignait d'avoir fait quelque chose de travers, ou que le chasseur lui en veuille pour une raison toute simple : il pouvait avoir le sentiment que ce jeune blanc bec lui volait sa fille. Jusqu'ici, Niila n'avait été proche de personne d'autre hormis son père. L'irruption du Chemenn dans leurs vies avait été soudaine. Alors quand il croisait Khilmari, Wakumbë se faisait tout petit et avait la désagréable impression d'être de nouveau un gamin pris en faute par un adulte. S'il y avait bien quelque chose qu'il ne souhaitait pas, c'était que les choses se passent mal à ce niveau là. Si jamais c'était le cas... et bien, Khilmari lui casserait la figure sans trop de peine. Mieux valait ne pas trop y penser. Son statut de Chemenn ne le protégerait peut-être pas d'un papa protecteur et jaloux. Alors, quoiqu'il puisse souhaiter, Wakumbë faisait passer Khilmari avant lui. C'était aussi en partie pour ça qu'il ne demandait plus à Niila de rester après ses soins. Il ne voulait pas donner l'impression de garder la jeune femme rien que pour lui. Son père l'aimait aussi.

Tiré de ses pensées par la voix chuchotante de Niila, Wakumbë tressaillit et baissa les yeux sur sa cuisse mise à nu. Un instant, il ne vit que la cicatrice disgracieuse qui marquait sa peau, puis sa forme caractéristique lui apparut. Un sourire fanfaron étira ses lèvres tandis qu'il répondait d'un ton faussement prétentieux :

– Ma chère, c'est ce qu'on appelle le talent !

Le regard plein d'affection, il coula ses yeux sur le visage de Niila qui, concentrée, s'affairait à achever de bander sa cuisse. Wakumbë ne remarqua pas quand ses doigts tressaillirent et comme si elle en perdait le contrôle. La pâleur veloutée de la nuque de la jeune femme offrait un contraste saisissant avec sa chevelure sombre, et cela était bien plus intéressant que le mouvement de ses mains.

– Je ne sais pas trop. » Répondit-il à sa question sans quitter sa nuque des yeux, les joues chaudes. « J'ai quelques petites réparations à faire, mais ce n'est pas urgent. Ces toiles ne seront pas utiles tant que les nouvelles yourtes ne seront pas montées, de toute manière », ajouta-t-il en désignant les tissus dans un coin de la pièce. Cela ne lui plaisait pas : Wakumbë détestait se sentir inutile. « Et je ne pense pas que quelqu'un vienne me voir aujourd'hui. Les gens vont mieux et préfèrent occuper leurs mains plutôt que me parler, maintenant. »

Le clan se remettait de ses blessures, même celles qui étaient invisibles. De moins en moins, les gens venaient lui parler pour affronter leurs peurs ou leurs peines. Mais lui aussi guérissait. Bientôt, il pourrait marcher. Peut-être pas par lui-même, peut-être avec une canne, et sa démarche ne serait pas aussi triomphante qu'autrefois, mais c'était mieux que rien. Cette idée lui était agréable, mais il espérait seulement que Niila continuerait à passer aussi souvent même quand il n'aurait plus besoin de soins.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime30/6/2015, 09:04

Niila achevait le bandage et le contempla un court instant, satisfaite. Même sans réelle sensation de la pulpe de ses doigts, elle arrivait à agir et à faire ce qu'on lui demandait. Restait la poterie. Oh elle pourrait aisément fabriquer de nouveaux bol, assiettes et plats, mais les émotions à les confectionner seraient déstabilisante. Son plaisir restait dans le ressentis du grain de l'argile entre ses doigts, pas dans la fabrication en elle-même. Aussi, par peur peut-être, elle n'avait rien tenté et évitait l'argile comme la peste.

- Voilà, je pense que d'ici quelques jours tu n'auras plus besoin que je vienne bander ta plaie. Pense à demander son avis à Elina demain, dit-elle simplement en joignant ses mains sur ses cuisses.

Sa posture assise à genoux laissait présager qu'elle ne bougerait pas avant un moment, installée de la sorte, elle pouvait converser longtemps. Enfin converser...dire qu'elle pouvait rester dans cette posture longtemps était déjà plus approprié.
Ne sachant quoi faire de ses doigts, elle saisit le tissu de son pantalon, l'air de rien.
S'ils avaient gagné en proximité avec le désastre, ils n'en restaient pas moins deux êtres timides et peu démonstratifs. Parfois, ils échangeaient un baiser, parfois une caresse, mais leurs esprits étaient trop occupés par la restructuration du Clan que par un désir amoureux à assouvir.

Parfois Niila aurait souhaité plus de chaleur, mais elle était inquiète à l'idée que Wakumbë pusise se douter que quelque chose avait changé. Elle ignorait où ils en étaient tous les deux, ni ce qu'il pourrait se passer dans un avenir proche. Ce dont elle était certaine à contrario, c'est qu'elle était perdue. Après avoir retrouvé la mémoire, quantité de questions s'étaient imposées à elle, des questions auxquelles elle n'avait nulle réponse.
Elle en avait discuté avec Khilmari, et le chasseur était terrorisé à l'idée qu'elle puisse quitter le clan.
Bien qu'elle n'ait pas poussé ses idées aussi loin, elle n'avait pas indiqué non plus qu'elle n'y songeait pas.

- Aujourd’hui, ils remontent deux yourtes. Hier, on m'a demandé de me remettre à la poterie. Beaucoup de vaisselle doit être remplacée. Je serais surement à la rivière cet après-midi du coup. Dans les jours à venir, il va falloir préparer la fête aussi, refaire les stock de farine, de sève, et de tout ce dont nous aurons besoin. Certains partent pour Ileglace dès demain matin.

Elle frissonna, subitement écrasée par toutes ces corvées, tout ce que le clan dépensait d'énergie pour se remettre. Certains y arrivaient mieux que d'autres et elle sentit une larme rouler sur sa joue pâle.
Surprise, elle l'essuya d'un revers de manche avant de porter son regard clair et humide sur Wakumbë accompagnée d'une expression tourmentée.

- Je ne sais pas quoi faire, bredouilla-t-elle. Wakumbë...

Ses épaules se convulsèrent sous les sanglots bien trop puissants pour sa carrure frêle et elle baissa son visage vers le sol, bien incapable de soutenir les yeux azur du Chemenn.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime5/7/2015, 20:53

Niila eut bientôt achevé son bandage et s'autorisa un sourire satisfait. Baignant toujours dans la béatitude agréable qui accompagnait chacune des visites de la jeune femme, Wakumbë ne put s'empêcher de trouver sa moue parfaitement adorable. Oh, il était bien conscient qu'il devenait gâteux. Exactement tout ce qu'il avait toujours trouvé ridicule chez les autres. Parfois, quand il cherchait à s'endormir après avoir passé plusieurs heures en compagnie de Niila, le Chemenn se remémorait leurs moments et se trouvait bien bête. Avoir un retour sur son comportement désuet et horriblement gnangnan l'agaçait. Mais bon. Cela ne l'empêchait pas de retrouver les mêmes sensations le lendemain...

Pourtant, le jeune homme ne tarda pas à descendre de son petit nuage. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'atterrissage fut difficile. Il guérissait. Jusqu'alors, il n'avait pas vu sa guérison d'un mauvais œil, mais la vérité le frappait en pleine face : il guérissait, et bientôt, Niila n'aurait plus besoin de lui rendre visite tous les matins pour changer ses bandages. Est-ce que cela signifiait qu'ils se verraient beaucoup moins ? Certes, la jeune potière pourrait toujours passer même sans cette raison, mais... Wakumbë avait parfois le sentiment qu'elle avait hâte de partir, qu'elle s'obligeait à rester à ses côtés. Débarrassée de ses devoirs d'infirmière à domicile, Niila pourrait très bien négliger ses visites. Mal à l'aise, le Chemenn se racla la gorge et remua les orteils tout en reboutonnant sa jambe de pantalon, se débrouillant pour ne surtout pas croiser le regard de son amie. Il s'en voulait d'être aussi égoïste. Mais le fait était là : une boule d'angoisse était née au creux de son ventre. Hors de question d'en parler à Niila, évidemment. Elle pourrait le détester de ressentir tout ça. Wakumbë hocha la tête quand la jeune femme lui suggéra d'en toucher deux mots à Elina. Avec un peu de chance, il pourrait soudoyer sa vieille camarade pour qu'elle mente à Niila et ainsi faire en sorte qu'elle continue à venir panser sa plaie tous les jours... ou était-ce aller un peu trop loin ?

Dans son désarroi, il prêta à peine attention à ce que disait la jeune femme. Le Chemenn comprit un mot sur deux, faisant mine d'écouter. Il n'avait pas envie qu'elle parle du clan et de ses occupations. Il voulait qu'elle se taise, qu'elle lui laisse le temps de rassembler son courage pour qu'il puisse lui avouer tout ce qu'il avait sur le cœur. Pour qu'il puisse expliquer le vide que son départ faisait naître tous les jours, et comment son retour le lendemain comblait ce gouffre. C'était pourtant bien simple. Wakumbë n'imaginait plus sa vie sans Niila.

Mais quelque chose dans la voix de la petite potière retint son attention. Ses intonations avaient changées, devenant tremblantes et moins assurées. Étonné malgré lui, le Chemenn leva les yeux et croisa le regard embué de la jeune femme. Sa détresse le saisit comme un coup de couteau dans la poitrine. Que s'était-il passé, enfin ? Pourquoi est-ce que Niila semblait si... brisée ? Si à moitié elle-même ? Ne pas savoir le rendait fou. Ne pas oser poser les bonnes questions, encore plus.

Niila essuya ses yeux humides d'un revers de manche en reniflant d'un air piteux. Puis elle lâcha une phrase, et celle-ci dut lui demander un effort considérable, car elle fondit en larme aussitôt après. Pris de court, Wakumbë resta immobile une seconde, avant d'attirer la jeune femme contre lui, mortifié. Elle posa sa tête contre son épaule et il l'enlaça avec douceur, lui offrant un abri de ses bras. Lui-même effleura le sommet de son crane avec son menton. Cette position empêchait Niila de voir ses yeux. Et c'était très bien comme ça. Wakumbë savait que ce qu'elle y aurait lu ne l'aurait pas rassurée du tout. De gros sanglots secouaient Niila, comme si tout ce qu'elle avait enduré dernièrement demandé à sortir, ne pouvant plus être contenu dans son corps qui paraissait aujourd'hui bien fragile.

Wakumbë ne pouvait pas être insensible au chagrin de la petite potière. En plus d'être l'un des deux hommes qui aurait donné sa vie pour elle, il était aussi son meilleur ami. Endosser ce rôle n'était pas évident à cet instant précis, pourtant le Chemenn se força à mettre de côté ses propres tourments pour se consacrer totalement à ceux de Niila.

– Allons, ma Niila », commença-t-il d'une voix qu'il voulait rassurante, mais qui tremblait un peu elle aussi. « Je suis sûr que Mamaka te trouvera une occupation si tu vas la voir pour lui demander quoi faire !

Wakumbë caressait le dos de la jeune femme sans s'en rendre compte tandis que ses pensées filaient à toute vitesse. Il savait qu'il avait raté quelque chose d'important, mais il n'arrivait pas à savoir quoi et se sentait stupide. Dans tous les cas, il ne voyait pas vraiment pourquoi Niila se mettait dans un état pareil pour si peu : ça arrivait à tout le monde d'être désœuvré et de ne pas savoir comment se rendre utile. Il n'y avait pas de honte à ça ! Évidemment, la situation était particulière, Niila était à cran depuis quelques temps. Et les gens à cran craquaient parfois pour pas grand chose. Surtout les femmes, régulièrement et après un certain nombre de décades. Il se rappelait avoir été très intrigué par ça étant gosse, et avoir finalement reçu un début de réponse détaillée par Elina. Et puis ses oreilles étaient devenues toutes rouges, et il était parti avant la fin des explications, horriblement gêné, pendant que l'adolescente se payait sa tête. Peut-être que Niila traversait l'une de ces périodes actuellement ?

Maladroitement, le jeune homme essuya les pommettes de la jeune femme pour effacer le sillon laissé par ses larmes.

– Les choses sont difficiles ces derniers temps, je sais bien. Ce qui est arrivé... ça nous a tous secoué. Mais bientôt, tout ça sera derrière nous. Il va y avoir la fête du solstice, et puis on va migrer un peu vers le sud. Qui sait, on ira peut-être même jusqu'aux Îles Jumelles cette année !

Du bout des lèvres, il embrassa la tempe de la jeune femme.

– Tu n'es pas toute seule, ma Niila.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime18/7/2015, 10:03

Avec douceur et attention, le Chemenn chercha à la consoler. Il laissa flotter dans l'atmosphère bien trop lourde, des paroles qu'il voulait apaisantes face à la détresse de la petite potière.
Niila resta silencieuse dans sa tentative de calmer ses sanglots et de trier ses pensées. Elle comprit cependant que les mots utilisés plus tôt, avaient été interprété au premier degré par Wakumbë. Il pensait qu'elle ne savait pas quoi faire de ses journées, pas qu'elle ignorait quoi faire de sa vie maintenant qu'elle avait retrouvé la source de ses origines.
Pouvait-elle lui en parler ? Comprendrait-il ses hésitations ?

Plus que les mots, ses caresses et son contact tout simplement la rassuraient et soulageaient ses maux, d'une certaine mesure.
Elle ferma les yeux quelques instants, s'immergeant dans sa chaleur douce et dans son apaisement. Il baisa sa tempe et ajouta quelques paroles réconfortantes, ce qui sécha définitivement les larmes de la jeune femme. Son corps restait secoué de spasmes liés à ses sanglots désormais silencieux, mais le rythme de ces derniers s'était largement calmé.
Ses larmes ne coulaient plus, et ses joues redevinrent roses après qu'il les eut essuyé d'un revers de son pouce avec la délicatesse qu'elle lui connaissait.

- Je le sais bien, répondit-elle doucement à sa dernière remarque. Khilmari et toi êtes là...mais...

Oserait-elle lui dire ? Elle ne souhaitait pas l'importuner avec ses problèmes, lui même avait une quantité phénoménale à gérer. Wakumbë possédait très certainement ses propres démons, n'étant pas natif du clan lui non plus. Pourtant, il écoutait sans râler les épanchements sans fins des autres Chilchaki et n'usait jamais d'un mot plus haut que l'autre.
Niila ne pouvait que sourire doucement face à cet homme qui avait volé son coeur, sans même avoir cherché à le faire.
La nature leur avait offert ce cadeau à tous les deux, alors pouvait-elle tout gâcher en lui parlant de ses doutes ?

Elle leva ses yeux vers lui, incertaine. Sa bouche s'entrouvrit mais nul son ne sortit, elle hésitait encore et finit par détourner le regard pour le reporter sur la peau tannée qui jonchait le sol sur lequel ils étaient assis. Elle glissa ses doigts entre les siens, comme pour se donner du courage et déglutit lentement, armée de cette force qu'il lui transmettait par son simple contact.

- Je...l'avalanche...commença-t-elle d'une voix tendue. J'ai déjà vécu cela.

Sa main se crispa légèrement sur celle du Chemenn.

- Je...enfant, nous étions entrain de migrer lorsqu'une avalanche nous a surpris. Mon clan...ma mère...mon propre nom. J'ai tout perdu ce jour là. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, cette nouvelle catastrophe a ravivé ma mémoire éteinte.

Sa voix se perdit dans ses pensées tandis que le silence imbibait la tente.

- J'ignore, ce que je suis censée faire à présent. Dois-je continuer à vivre de la sorte, ou reformer mon clan disparu...Je ne sais pas quoi faire...

Elle ravala une nouvelle montée de larmes avant d'oser enfin regarder le jeune homme dans les yeux.
Avec un sourire légèrement forcé et triste, elle reprit :

- Je suis navrée de t'importuner avec cela.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime19/7/2015, 15:01

Niila se détendait petit à petit entre ses bras, ce qui le rassurait. Le menton posé sur le crane de la jeune femme, Wakumbë fixait un point invisible, promenant son index le long du dos de son amie. Comme toujours lorsque Niila faisait face à de la peine, il reprenait ses manies habituelles. Une façon comme une autre d'extérioriser son stress sans paraître angoissé ou mort de frousse. Peu à peu, les sanglots de la frêle demoiselle s'espacèrent. Il croyait l'orage passé lorsqu'elle reprit la parole, pourtant un petit mot vint le troubler. « Khilmari et toi êtes là...mais... » Pourquoi ce « mais » ? Qu'était cette chose qui empêchait Niila d'être totalement rassurée ? Inquiet, habité par l'intuition que quelque chose d'important allait être dit, Wakumbë sentit son attention se décupler. C'était comme si ce « petit quelque chose » de différent qu'il avait remarqué chez Niila ces derniers temps sans parvenir à mettre le doigt dessus allait enfin être expliqué. Le jeune homme fut étonné de constater que son propre cœur s'était accéléré face à l'attente qui précédait cette grande révélation. Il avait désormais hâte que Niila parle.

Lentement, elle se dégagea pour pouvoir lui faire fac. Il fut horrifié de constater que ses yeux étaient pleins de larmes. Hésitante, la jeune femme ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, avant de la refermer. Au supplice, Wakumbë souffla :

– Niila, je t'en prie...

Mais probablement ne l'entendit-elle pas. Il n'était même pas certain de l'avoir dit tout haut. Finalement, leurs doigts s'entrelacèrent, et cela finit par la convaincre.
L'avalanche n'était pas sa première fois. Wakumbë n'en était pas surpris : après tout, les avalanches ne se produisaient peut-être pas tous les jours mais elles n'étaient pas rares non plus. Un Chilchaki pouvait très bien en affronter plusieurs au cours de sa vie. Il suffisait de jouer de malchance. Lui-même en avait déjà vue une auparavant, de bien moindre envergure que celle-ci toutefois, et qui n'avait fait aucun blessé. Dans son clan natal. Wakumbë chassa ce souvenir et plongea son regard dans celui de Niila.

Bientôt, les mots furent audibles, et c'était comme si le voile posé sur la réalité se levait petit à petit. La vérité se montrait enfin sous son véritable visage, délaissant les masques et les déguisements que l'incertitude lui imposait auparavant. Wakumbë eut le sentiment de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Jamais encore Niila ne lui avait parlé de son passé. Il s'était toujours dit que c'était car elle ne s'en rappelait rien, et mentionner son amnésie ne devait pas être agréable. Après-tout, lui-même se faisait plutôt discret sur sa vie d'avant les Chilchaki. Entendre la jeune femme décrire son enfance et ce dont elle se souvenait était surprenant. Et triste.
Mais elle se souvenait. Comment pouvait-elle se souvenir ? Elle avait tout oublié. Mais manifestement, l'avalanche avait ravivé des souvenirs enfouis dans sa mémoire. Comme si, inconsciemment, Niila avait fermé la porte de son passé pour ne plus avoir à le supporter. Etait-il si douloureux ? Si son clan avait été décimé par une avalanche, la fillette qu'elle était autrefois avait certainement du voir des choses horribles. Wakumbë n'osait imaginer quel cauchemar la petite fille avait du vivre. Sincèrement désolé, il coula ses yeux dans ceux de Niila et crut y voir la lueur terrifiée qui les avait peut-être animés des années plus tôt.

Incapable de dire quoique ce soit, le jeune homme serrait les mains minuscules de Niila dans les siennes. Il espérait que ce simple contact suffirait à transmettre tout ce qu'il ressentait. Que fallait-il dire dans ce genre de situation ? Wakumbë n'avait jamais été à l'aise lors des deuils. Et d'une manière ou d'une autre, la situation s'en rapprochait. Niila était endeuillée de son amnésie, et devait faire face à la renaissance de souvenirs horribles. Durant tout ce temps, ils étaient demeurés dans un coin de sa tête, comme la braise survit sous la cendre. Sans trop savoir pourquoi, Wakumbë commençait à les détester. Peut-être aurait-il mieux valut rester ignorant. Peut-être l'amnésie était-elle préférable à la mémoire.

Niila parla à nouveau, et ses mots le déchirèrent comme elle était déchirée entre deux vies. Mais l'une d'elles s'était éteinte sous l'avalanche. Pourtant, c'était celle-là même qui menaçait l'existence de la Niila d'aujourd'hui. Reformer son clan ? Pour aller où ? Wakumbë doutait qu'aucun membre du clan ait survécu au cataclysme. Malgré tout, il comprenait. Niila n'avait pas eu le temps de faire le deuil de son passé : il avait disparu subitement, avalé par l'amnésie. Elle n'avait pas eu l'occasion de tirer un trait sur son ancienne vie, ses anciens amis, sa mère. Son ancien prénom. Quel était-il ? Mais non, cela n'avait aucune importance. Le temps n'avait pas pu faire son œuvre, contrairement à lui, de sorte que tout ça lui revenait en pleine figure sans prévenir. Ramenée à la vie, son ancienne existence n'en était que plus réelle. Difficile de voir à quel point sa recherche était vaine. Wakumbë comprenait tout ça. Quand lui-même avait rejoint les Chilchaki un peu contre son gré, son premier désir avait été de rebrousser chemin pour retourner auprès des siens. Puis les lunes étaient passées, il s'était fait une raison, avait réalisé que son foyer était ici désormais. Niila n'avait pas eu la chance de suivre tout ce processus, de sorte qu'elle restait coincée à la première étape. Et cela le terrifiait. Une question le tenaillait comme une récente blessure au fer rouge : « Et si elle partait ? »

Il était prêt à la suivre au bout du monde, à l'accompagner dans sa recherche, à quitter le clan Chilchaki s'il le fallait. Mais ses responsabilités l'en empêcheraient. Wakumbë savait comment tout ça allait terminer. Niila partirait à la recherche de sa mémoire et des siens, et lui resterait là, immobile, forcé de la regarder partir. Il aurait tant voulu la soutenir dans son pèlerinage, lui offrir une épaule réconfortante. Devenir l'ami qu'il désirait être. Mais agir ainsi, c'était courir le risque de la perdre. Alors égoïstement, Wakumbë lâcha les mains de Niila et les posa sur ses épaules encore frissonnantes, avant de déclarer d'une voix ferme :

– Ils sont morts. Ton passé est mort. Tes souvenirs ne te montrent pas la réalité telle qu'elle est aujourd'hui. Ton enfance est partie, ainsi que tout ce qui constituait ta vie d'avant. A quoi cela servirait-il de partir à la recherche d'une chimère ? Tu te ferais du mal et tu perdrais ton temps inutilement. Alors réfléchis un peu et comportes-toi comme une adulte.

Mais ses lèvres restèrent closes. Voilà ce qu'il aurait du dire pour la forcer à rester. Voilà ce que n'importe qui d'autre à sa place aurait dit. Mais pas lui. Wakumbë savait ce que ressentait Niila, et il se sentait incapable de lui parler de la sorte, car lui-même n'aurait pas supporté qu'on lui dise tout ça à l'époque. Cela aurait peut-être été efficace, mais Niila souffrait suffisamment pour ne pas avoir besoin de rajouter un discours aussi blessant. Alors il resta muet. Les mains toujours posées sur les épaules de la jeune femme, Wakumbë finit par répondre d'une voix douce mais assurée :

– Je sais. Mais ta vie est ici maintenant, ta vie est là, avec nous. C'est nous ton clan, tes amis tu les as ici. Tu ne parles peut-être pas à grand monde, peut-être penses-tu être seule, mais tu sais aussi bien que moi que les Chilchaki sont fraternels. Ils t'aiment en silence, Niila. Si tu partais... tu leur manquerais beaucoup. Tu nous manquerait atrocement. Parce qu'on a besoin de toi, pas seulement pour reconstruire de stupides tentes, mais parce que tu fais partie de la famille. Nous ne sommes peut-être pas ton clan d'origine, mais nous sommes ceux qui t'avons vu grandir, qui t'avons vu devenir une femme, qui t'avons montré le monde. Ces gens t'aiment comme si tu étais leur propre fille. Regarde Khilmari. Un étranger agirait-il comme ça ? Je comprends que tu puisses vouloir en avoir le cœur net, avoir besoin de ça, vouloir partir sur les traces de ceux qui t'aimaient autrefois. Alors prends trois hommes avec toi, pars faire ton deuil, brûler des corps que tu ne trouveras pas, mais s'il-te-plaît reviens-nous ensuite. Reviens.

C'est le gémissement de Niila qui l'obligea à s'interrompre. Sursautant, Wakumbë remarqua que ses doigts étaient crispés sur les épaules de la jeune femme et entraient douloureusement dans sa chair. Il eut un mouvement de recul et serra les poings en fixant la jointure de ses doigts. Au fur et à mesure de son discours, sa voix avait perdu sa douceur pour devenir pressée et vibrante. De colère ou de peur, il n'aurait su le dire. Son cœur battait la chamade, tambourinant dans sa poitrine comme s'il cherchait à en sortir. Relevant les yeux vers Niila, il lut son égarement, et cela le terrifia.

– Reviens et reste vivre avec moi.

Les mots étaient sortis sans prévenir, trahissant son désir le plus secret. La simple idée que Niila puisse partir ne faisait que l'accroître. Il voulait qu'elle vive à ses côtés, voulait sentir sa présence au quotidien.
Alors sans réfléchir, il saisit les mains qu'elle gardait crispées sur ses cuisses, et posa son front sur ses doigts tremblants. Le Chemenn lâcha d'une voix presque suppliante :

– Reste.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime2/8/2015, 10:40

Wakumbë relâcha ses mains et immédiatement, la panique gagna la jeune femme. Non, ne me lâche pas songea-t-elle vivement, mais peut-être qu'elle avait été trop loin, peut-être qu'il ne voulait plus supporter ce genre de fardeaux. Elle sentit son coeur se serrer tant et si bien que son souffle en fut coupé l'espace d'un instant et sa vue se brouilla, manquant d'air. Ses doigts aggrippèrent le vide dans une ultime tentative de le retenir, de s'excuser en vain. Elle l'avait perdu et avec lui, un intense sentiment de vide naquit au creux de son ventre.
Du moins, c'est ce qu'elle croyait.

S'il l'avait lâché, ce n'était que pour mieux poser ses paumes tièdes sur ses frêles épaules, pour mieux tenter de capter son regard dans le sien, mais aussi pour leur imposer le silence.
Les atmosphères paisibles et silencieuses leur avaient toujours mieux convenues, parfois Niila se plaisait à songer que tous deux n'avaient nul besoin de la parole, ils se comprenaient d'un regard, d'un mouvement. Elle voyait en cela un aspect unique à leur relation et s'il était évident qu'ils s'aimaient, leur façon de l'exprimer différait de bien des couples.
Elle resta donc à le contempler sans un mot, le laissant digérer et réfléchir à ses dernières paroles et attendant son verdict avec appréhension.
Ils se savaient tous deux terriblement affectés par l'avalanche et par les jours qui en avaient résulté. Le sauvetage de Wakumbë avait mis à mal leur santé physique et psychologique, et ils s'en relevaient tous deux lentement et peut-être pas si sereinement que celà.
Restaient les doutes, les actes manqués, les souvenirs ravivés et l'assurance qu'ils n'oublieraient jamais. Jamais.
Enfin, il parla et Niila écraquilla légèrement les yeux au fur et à mesure que le jeune homme avançait dans ses propos. La panique le gagnait et par écho, Niila aussi se sentait submergée par une sensation de précipitation, elle aussi voulait lui dire les mots justes, mais elle n'avait jamais été douée pour cela. Aussi, elle le laissa parler sans intervenir une seule fois, mais finit néanmoins par souffler un lent gémissement devant la crispation des doigts du chemenn sur ses épaules. Il lui faisait mal, mais cette douleur n'était rien en comparaison à celle qui émanait de ses mots,  de son ton et de ses gestes. Wakumbë souffrait visiblement et les remords de Niila apparurent. Elle aurait dû ne rien dire et garder pour elle ses angoisses. Tout, tout mais pas de souffrance pour Wakumbë.

Egarée, ne sachant plus comment redresser la situation, elle conserva son silence et leva vers lui un regard éperdu lorsqu'il lui demanda de revenir et de rester à ses côtés.
La peur autant que l'espoir vibrait dans sa voix et elle ne voulait pas le décevoir plus mais dans l'immédiat, ce qu'elle souhaitait le plus au monde, c'était de le rassurer.
Ses doigts fins remontèrent le long de la nuque du chemenn. Elle caressa alors machinallement son dos à travers le tissu qui le recouvrait et repoussa la peine liée à l'absence de sensation à travers la pulpe de ses doigts, mais l'heure semblait être aux aveux et aux vérités, alors peut-eêtre était-il temps de tout dire.

- Non je n'irais pas, commença-t-elle doucement le regard dans le vide. Ce n'est pas de deuil dont j'ai besoin, mais seulement de savoir qu'elles étaient leurs moeurs, leurs habitudes, comment j'ai grandit. Wakumbë...comment pourrais-je construire mon futur en ignorant ce qui a forgé mon passé?
Mais..je vais le laisser de côté dans l'immédiat. Comme tu le dis si bien, le Clan Chilchaki est ma famille, Khilmari mon père et toi...mon aimé. Je ne pourrais jamais vous abandonner. Cette avalanche nous à tous secoué et je vais faire de mon mieux pour qu'elle ne devienne qu'un mauvais souvenir. Je m'occuperais de mes problèmes après. Et toi...ne songe pas une seule seconde que je pourrais partir sans toi. Je reste Wakumbë, je ne vais nulle part.


Elle se pencha en avant, recouvrant sa tête et le haut de son dos par son propre corps, comme s'ils pouvaient former à eux deux un coccon parfait. Une chrysalide aurait peut-etre été plus exacte et de cette nymphe naîtrait certainement le plus beau des cadeaux.
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime3/8/2015, 11:23

La simple idée qu'elle puisse partir le hantait. Un dicton disait que c'était lorsqu'on s'apprêtait à les perdre que l'on s'apercevait à quel point on tenait aux choses ou aux gens : il se vérifiait très bien ici. Wakumbë savait qu'il aimait Niila, de cela, il en était convaincu. Cela faisait plusieurs décades déjà qu'il avait cessé de se mentir pour embrasser l'honnêteté. Mais il n'avait jusque là pas su à quel point. Aujourd'hui, il savait ce qu'il était prêt à sacrifier pour la garder à ses côtés, et il y avait quelque chose de terrifiant dans cette constatation.

Avant de connaître Niila, Wakumbë avait vécu dans un monde bien réglé, avec la certitude que ses devoirs se résumaient à son rôle de Chemenn, et que ses seuls amis étaient Mako, Mamaka et Kiliane Beausentier, la Mésorianne qu'ils avaient accueillie quelques temps. Les choses en étaient autrement désormais, puisqu'en quelques lunes, Niila avait tout balayé par sa simple présence. Malgré tout demeuraient quelques barrières : son rôle de Chemenn était la plus grande. Wakumbë aurait volontiers tout envoyé balader s'il l'avait pu. Il espérait simplement que Niila comprenait sa position et ne lui en voudrait pas trop.
Niila était la première, dans tous les sens du terme : la première femme qu'il ai jamais aimé, et la première femme du clan, celle qui surpassait toutes les autres à ses yeux. Elle était tout pour lui, et le jeune homme savait, sentait qu'il ne supporterait pas de la perdre.

Aussi, lorsqu'elle effleura son dos du bout des doigts, Wakumbë fut aussitôt suspendu à ce contact. Un frisson agréable sinuait le long de sa colonne vertébrale, là où les doigts de Niila traçaient un sillon de feu sur sa peau, à travers le tissu de ses vêtements. Ce simple contact l'apaisa aussitôt, et il sut qu'elle ne partirait pas. Niila n'était pas assez cruelle pour se rapprocher ainsi juste avant de le quitter. Elle en était incapable.
Les mots qu'elle prononça ne firent que confirmer ce qu'il savait déjà. Au fond d'elle-même, Niila savait qu'il disait vrai. Sa famille était ici, parmi les Chilchaki, et partir à la recherche de fantômes ne l'aiderait nullement à se rappeler plus que de simples bribes. Le discours de la jeune femme sonnait juste : quoi de plus naturel que vouloir se souvenir de son foyer, des mots, des gestes qui nous ont aidé à grandir ? Si Niila avait tout oublié de son passé, celui-ci l'avait en partie faite telle qu'elle était maintenant.

Son cœur eut un sursaut. Son aimé. Oui, c'était ce qu'il était aujourd'hui, même s'il peinait encore quelques fois à remplir ce rôle aussi bien qu'il le devrait. Un pâle sourire étira ses lèvres tandis qu'elle le rassurait du mieux qu'elle le pouvait, en lui assurant qu'elle n'irait nulle part. Nulle part sans lui. Alors, cela était réciproque, finalement. Il se demandait parfois s'il allait trop loin, si Niila ressentait les choses aussi fort que lui. Il avait sa réponse.

Wakumbë sursauta quand elle se pencha à son tour pour le recouvrir. Elle posa sa tête sur son dos, l'enveloppant de sa chaleur. Ce n'était pas désagréable, simplement surprenant : Niila n'était pas la plus démonstrative, d'habitude. Peut-être que la situation changeait la donne.
S'abandonnant à sa présence, Wakumbë ferma les yeux. Plusieurs minutes s'écoulèrent de la sorte, tandis qu'ils se protégeaient du monde. Au bout d'un moment, Niila se redressa, ce qui lui permit de faire de même. Il se passa une main dans ses cheveux, et leur longueur l'étonna. Tout à coup, il eut envie de les couper, de se débarrasser de cette masse qui ne correspondait plus à ce qu'il était devenu, à ce qu'il devenait. Refoulant ces pensées, le jeune homme se racla la gorge tout en essayant de dissimuler son sourire. Niila restait. Et de toute évidence, elle avait accepté de vivre à ses côtés, de partager sa vie, ses matins, sa tente.

Entreprenant de couvrir une tartine de pain noir avec de la gelée de baies, Wakumbë demanda sans quitter ses mains des yeux, fort concentré :

– Te souviens-tu du nom de ton ancien clan ? Je pourrais interroger quelques connaissances, leur demander si elles en ont entendu parler. Certains de nos contacts ont même pu côtoyer le clan, connaître ses traditions... ils t'apporteraient les détails et les images dont tu as besoin. Je peux en parler à Mamaka, si tu le souhaites.

Ayant achevé de couvrir la tartine, il la tendit à Niila. Il avait dit ça d'un ton détaché, pour que ce soit le moins gênant possible. Peut-être que mentionner tout ça sur le ton de la conversation était la solution. Peut-être que faire comme si ce n'était pas grand chose rendrait tout ça plus facile, plus accessible pour eux. Mais ils auraient tout le temps d'en parler quand Niila aurait emménagé avec lui. Wakumbë eut une pensée pour Khilmari : comment réagirait-il à cette nouvelle ? Aussitôt, cette question en amena une autre. Niila l'avait-il mis au courant de sa mémoire retrouvée ?

– Tu en as parlé à Khilmari ?
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MessageSujet: Re: Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila]   Le calme après la tempête [PV Wakumbë & Niila] Icon_minitime25/8/2015, 08:45

Le moment passa, le temps suspendu reprit sa course et Wakumbë comme Niila revinrent dans la réalité et ce qu'elle impliquait. Manger pour commencer. Tous deux se souriaient toujours comme si leurs lèvres étaient faites pour cela puis le Chemenn reprit le premier contact avec la réalité en préparant une tartine de pain. Niila l'observa en silence.
Le jeune homme représentait vraiment son point d'ancrage dans son univers et elle se rendit compte avec violence à quel point il était devenu le centre de tous ses intérêts.
Ce qu'il faisait, ce qu'il disait, tout était de la plus haute importance, comme si ses sens décuplaient ses ressentis. Tartiner un simple bout de pain lui sembla la meilleure chose à faire dans cette situation.

Il reprit la parole cependant la coupant dans ses réflexions, parlant avec légèreté. Elle finit par baisser la tête et par regarder ses mains dont les doigts s'emmêlaient sur ses cuisses. Elle se souvenait du nom de son clan, tout comme de son propre nom mais au delà de son besoin de connaissance les concernant, elle avait également peur, très peur de ne plus arriver à être simplement Niila lorsqu'elle saurait. Le clan accepterait-il Porenn aussi facilement ? Wakumbë pourrait-il l'aimer comme il aimait Niila ?
La jeune femme se sentait noyée, submergée par les questions et les réponses qu'elles pourraient trouver et cela l'angoissait.

Toujours sans mot dire, elle récupéra la tartine qu'il lui tendit et le remercia d'un sourire un peu triste mais bien présent. Son regard se porta ensuite sur la gelée brillante qui recouvrait la mie et elle mordit dans son petit déjeuner.
A la dernière question qu'il lui posa, elle hocha gravement la tête, termina de mâcher sa bouchée qu'elle avala avant de reprendre le regard dans le vague.

- Il s'en est rendu compte tout de suite après l'avalanche. Avant même que je ne décide de partir à ta recherche, Khilmari à su. C'est pour ça qu'il ne voulait pas que j'y aille au début, il pensait que je ne reviendrais pas.
Mon père me connait bien
, acheva-t-elle avec un léger sourire.

Ses traits se firent cependant plus graves et elle reporta alors son attention sur le Chemenn, tandis que ses doigts triturait le reste de sa tartine lentement.

- Je préférerais éviter d'en parler au Clan dans l'immédiat. Nous avons déjà suffisamment de choses à faire et..la fête du Solstice approche également.

Une façon pour elle, de dire qu'elle ne voulait pas les déranger avec ses propres problèmes, mais l'exprimer avec des mots était trop compliqué pour la jeune femme.
Elle mordit une nouvelle fois dans sa tartine et mâcha lentement. Comment allait-il réagir à tout ça ? Lui en voudrait-il pour une raison quelconque ?
Elle se souvint subitement d'une chose importante qu'elle devrait faire en fin d'après-midi.

- Il faudra que je passe voir Houlann avant de rentrer chez moi ce soir, elle doit me donner quelques peaux pour Khilmari.

Elle finit d'engouffrer sa tartine et se frotta les mains l'une sur l'autre dans l'air pour se débarrasser des miettes.
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