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 Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]

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MessageSujet: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime29/11/2014, 23:30

Une lame dans un vol de vautour, Été 1648  


C'était en se pinçant avec panique les lèvres que Telmir finit par mettre un pied dehors, le cœur au bord des lèvres. Sans sa bonne condition de physique naturelle à sa race de torkos, elle aurait probablement tourné de l'oeil après trois mètres franchi en dehors des murs rassurants de la maison. Mais Telmir, a défaut d'être courageuse, était résistance, et si les vertiges la prirent rapidement, elle continuait néanmoins inlassablement son voyage vers la ville. Les raisons pour lesquelles la jeune esclave se sentait mal à l'aise à l'extérieur étaient bien évidemment connues de tous. Mais c'était aussi pour cette raison qu'elle n'avait pas suivit les autres esclaves, pendant qu'ils accompagnait le maître des lieux, alors que ce dernier voyageait à Belhovre chez un ami à lui. Il restait que les grabataires et les enfants, et de tout ceux qui restaient, c'était la seule encore capable de se déplacer jusqu'en ville pour faire une paire de course pour le retour d'Armand Wessels. Une perceptive qui ne l'enchantait absolument pas, pour l'euphémisme.

Bien emmitouflée dans sa large toge d'un brun pas frais, ni son accoutrement, si sa longue chevelure dans son dos ne l'aidait à supporter la chaleur estivale. Suant à grosse goutte, le visage habilement masquée par un une lourde écharpe, sa tenue contrastait, comme toujours, violemment avec le reste des passants, beaucoup habillés en adéquation avec la saison. Au moins bien enfermée chez elle, il n'y avait personne pour la juger quand elle ne portait qu'une simple tenue en tissu léger, Cela ne l'empêchait pas d'épargner les yeux de son maître en s'écartant gentiment du chemin ou ne travaillant jamais dans la même salle où il était. Une habitude qu'on lui avait fait prendre, et qui maintenant était tellement ancrée chez elle que cela était devenu un automatisme. Elle ne se posait même plus de questions, il fallait qu'elle se dérobe aux regards des mésorians, et elle le faisait sans discuter, et même avec grande joie. Sauf que sur le chemin, il y avait des mésorians. Beaucoup de mésorians. Et il fallait traverser leur chant de vision. Sa grande taille n'était pas un avantage, et elle espérait que la sobriété de ses vêtements soient assez pour passer inaperçue. Le seul ennui qui restait, était que dans cette petite ville, la condition de la torkos avait déjà était aperçu, et les résultats n'avaient guère était encourageant pour la jeune femme de revenir ici. Bien sûr, elle savait que personne n'accordait d'importance à une simple esclave, bien heureusement pour elle, sinon elle serait déjà devenu comme un animal dans un zoo. Mais la simple idée de revoir des visages dégoûtes si elle avait le malheur de faire glisser son capuchon et son écharpe sur son nez, ne lui plaisait pas, et même la plongeait dans l'angoisse. Les mains serrées sur son panier, elle essaya d'ignorer les vertiges qui l'envahissait, pour se concentrer sur la route vers le village. Le maître rentrait demain, il n'était pas concevable de l’accueillir avec une réserve quasi vide, sous prétexte qu'elle avait été trop couarde pour faire des courses.

Arrivée en ville, son attitude changea encore. La faisant rentrer sa tête entre ses épaules, et fixant le sol avait intensité, encore plus si quelqu'un passait à côté d'elle. Fort heureusement, les rues étaient quasi désertes à cette heure ci, et mise à part quelques gamins torkos flânant, il n'y avait rien de bien menaçant pour elle. Et c'est pourtant ce qui suffit.

L'un d'entre eux avait été le témoin direct d'une maladresse de Telmir, alors qu'elle était sortie avec une autre esclave de la maison et il semblerait qu'il ait une très bonne mémoire, car la jeune torkos reçu un impact dans son dos. Elle se tourna par réflexe, pour voir que le dit gamin, qui devait toucher à ses 13 ans, avait décidé de lui jeter des pierres et encourageant ses amis à faire de même. Arguant qu'elle avait une tête de monstre, supposant que c'était une raison suffisante pour se montrer hostile et en allait jusqu'au châtiment corporel. Tellement habituée par ça, elle n'arrivait même pas à se dire que la situation était parfaitement injuste. Cela ne m'empêcha pas de froncer les sourcils, mécontente. Mais que pouvait-elle faire de toute façon ? Elle était juste une esclave, même devant d'autres esclaves elle n'aviat pas le droit de se défendre. Même face à de simples enfants. Et si cela dégénererait, c'était elle, la responsable, avec sa sale tête et ses vétements immondes. Même en grandissant elle n'échapperait jamais à la cruauté, qu'elle vienne des enfants ou non.

Les pierres se faisaient de plus en plus grosse. L'une lui entailla la tête, une autre lui heurta la tête de plein fouet. Mais Telmir se tourna, et continua sa route. A défaut d'être courageuse, elle était résistante.

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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime30/11/2014, 14:23

Arpenter les rues Mésoriannes une nouvelle fois suscitait d'étranges sentiments à l'affranchit qu'il était. Les regrets, la nostalgie mais aussi un sentiment particulier de plaisir et de satisfaction. Un rêve avec un arrière-goût cauchemardesque. Il avait juste là, s'étalant devant lui dans une multitude de couleurs, de sons et d'odeurs, la ville lui ouvrait ses rues. Ses pavés, ses rumeurs et sa vie grouillante, bruyante. Le Torkos inspira doucement, captant les odeurs de la rue, les parfums, l'eau stagnante dans les rigoles, les pâtisseries, les fruits et les légumes… peut-être se laisserait-il tenter par quelques achats. Son solde était encore intouché et il conservait jalousement ses économies. Cela lui permettrait de payer les soins de Déméter lorsque ce serait nécessaire. Comme aujourd'hui. Le maréchal-ferrant avait exigé qu'il montre patte blanche avant d'accepter de s'occuper de la jument mais il l'avait fait avec rigueur et efficacité. Si la méfiance avait été là en premier lieu, dès que Lorki avait tendu une main contenant la somme juste, la relation entre le maréchal et son client s'était assouplie et était même devenue presque agréable. L'homme complimenta l'animal dont il s'occupait, ses attaches fines et fortes, son regard clair et intelligent, sa robe soyeuse et parfaitement entretenue. Lorki n'avait rien à voir là-dedans, bien évidemment, même s'il aurait pu prendre le compliment pour lui-même puisqu'il était celui qui s'occupait d'elle chaque jour que le Créateur faisait mais le Mésorian n'avait d'yeux que pour Déméter. Il ne complimentait pas les soins du Torkos, il complimentait la bête d'exception qu'il avait sous les yeux.
Philippe ne s'était intéressé à lui que lorsque l'affranchit avait prit la parole d'un ton détaché, observant les gestes minutieux du Maréchal.

- Vos compliments lui vont droit au cœur, M'sieur.

Il n'était pas exactement attentif à l'intérêt de ses mots, se contentant d'exprimer ce qu'il savait être une vérité. Ou plutôt sa vérité. Pour lui, Déméter parlait, à sa façon, c'était à lui de retransmettre oralement, rien de plus. La jument souffla par les naseaux et remua légèrement la tête, changeant d'appuis.
Lorki ne remarqua pas le regard mitigé du Maréchal-Ferrant. Toute son attention était dirigée sur les gestes précis du professionnel. C'était la première fois qu'il avait l'occasion de regagner une ville Mésorianne depuis… depuis la mort de son maître. La pensée désagréable lui tordit les lèvres mais il ne parvint pas à détourner le regard des mouvements de Philippe, le Maréchal. Il n'était pas un forgeron, il ne savait même pas manipuler l'acier pour le modeler mais savoir comment mettre ou remettre des fers, lorsque l'on possède un cheval, peut toujours s'avérer utile. Lui qui ne voulait pas ajouter un merdier monstre dans sa tête profitait de la moindre occasion pour accumuler des connaissances inutiles et superflu. Pourquoi se priver d'une bonne raison de revenir sur les terres Mésoriannes s'il en avait l'occasion ?

L'entretien prit fin au bout d'un long moment. Lorki ne s'était pas éloigné de la maréchalerie, s'installant sur un tabouret à distance respectueuse pour ne pas déranger l'homme. Amarok pesait dans son dos mais c'était un poids devenu familier, aussi naturel que le poids de son bras ou de sa tête, l'intégralité de son corps c'était ajusté à ce membre supplémentaire. Il n'en revenait toujours pas du fait que l'arme était une Lame Éternelle. Il lui arrivait encore de s'asseoir près de son feu de camp et de poser la lame sur ses genoux pour en contempler l'éclat surnaturel et le tranchant inaltérable.
Lorki quitta les lieux d'une démarche calme et tranquille, tenant Déméter par la bride tandis qu'il déambulait dans les rues de la ville. Les nouveaux fers claquaient sur les pavés mais c'était un son devenu familier, plus clair maintenant qu'ils avaient été changés. La sellerie était neuve mais il devinait que les fers n'avaient pas été changés lorsqu'on lui avait confié la jument, probablement plus un oubli qu'autre chose.

Alors qu'ils approchaient d'un quelconque marché, Déméter poussa son bras du bout du nez pour attirer son attention. Il releva les yeux pour interroger la jument du regard mais celle-ci était intéressée par tout autre chose. Curieux, il s'immobilisa et suivit le regard de sa monture pour découvrir une scène plutôt désagréable. Il grommela et s'approcha d'une démarche vive, la jument le suivant d'un bon pas. Sans lâcher la bride de sa compagne, il tendit le bras et intercepta une pierre grosse comme son poing. Le poids était important et nul doute qu'elle aurait fait des dégâts si elle avait atteint sa cible. En prendre conscience créa un nœud dur et impitoyable dans sa poitrine tandis que son expression se durcissait. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus arboré le masque de l'Escorte mais il revint naturellement tandis qu'il prenait la parole d'une voix traînante, faisant sauter la pierre dans sa paume.

- C'est pas très sympa ça.

Son intervention avait au moins eut le mérite d'interrompre les jets de pierre. À vrai dire, les petits merdeux s'étaient figés, prit en flagrant délit. Il les écrasa d'un regard et les vit se recroqueviller sur place. Son expression n'était pas mauvaise ou dangereuse, il n'exprimait même pas toute son envie de leur botter le cul. La pierre et son poids dans sa paume lui donnaient envie de la jeter sur celui qu'il avait identifié comme le meneur de la petite bande. Mais il avait conscience qu'un tel geste serait accompagné d'une force suffisante pour blesser le gamin et même si une punition était tentante, Lorki tenait à sa vie et à sa liberté. Il était un affranchit et sa présence était à peine tolérée, il devait quitter les lieux sans traîner. Il ne serait pas jeté à la porte pour autant mais ce n'était pas une raison pour lambiner et tenter Zhäa.

- Virez l'plancher avant que j'décide de vous botter l'cul, gronda-t-il.

Et cette fois-ci, il laissa transparaître une once de menace et observa avec satisfaction la petite bande détaler comme des lapins. L'un d'eux trébucha même ce qui lui arracha un sourire satisfait comme il le regardait lutter pour retrouver son équilibre et reprendre sa course sans demander son reste. Lorki se tourna vers la jeune… le… Il resta une seconde interdit, incapable de savoir exactement ce qu'il avait aidé. Il détailla la haute silhouette. Une femme, à n'en pas douter, malgré ses vêtements trop larges – elle aurait enfilé un sac de jute que l'effet aurait été identique et peut-être même plus seyant. La taille en revanche ne lui permettait pas de deviner si elle était Mésorianne ou Torkos, quoique l'attitude des sales morveux lui donnaient une indication.
Déméter lui donna un nouveau coup de nez, le tirant de son observation, et il émit un grognement de protestation. Le son fut bas, seulement destiné à sa compagne et il obtint un renâclement en réponse qui lui arracha un sourire. Il s'approcha de la femme – impossible de dire si elle était jeune, vieille ou à mi-chemin entre les deux compte tenu de la couche scandaleuse de vêtement qu'elle portait par un temps pareil. Tout en approchant, il continua de détailler, incapable de se débarrasser de son besoin maladif de voir, de tout voir, de tout absorber. Jusqu'aux plis particulier des vêtements, l'écharpe, la capuche, l'intégralité du vêtement qui sortait totalement de l'ordinaire. Ce n'est qu'à proximité, devant lever le nez pour regarder son interlocutrice dans les yeux, qu'il comprit la raison de cet accoutrement hors du commun. Il écarquilla les yeux, penchant légèrement la tête comme pour mieux voir sous le rebord de la capuche. La chose était… inattendue. Au mieux. Il haussa un sourcil, réprimant les questions qui lui venaient naturellement à l'esprit pour s'intéresser à l'autre détail qu'avait dissimulé l'ombre du capuchon.

Lorki fouilla dans ses poches, ses doigts trouvant une seconde la Pierre de Lien qu'il caressa du bout des doigts, une vague de tristesse le submergeant quelques secondes, avant qu'il n'attrape ce qu'il cherchait. Il en sortit un mouchoir qui avait vu des jours meilleurs mais, à défaut d'être impeccable, il était au moins propre.

- Tenez, vous saignez, lâcha-t-il tout en tendant le morceau de tissu. Vous savez, vous avez le pied assez large pour leur fourrer au cul et leur passer l'envie d'continuer…

Derrière lui, Déméter souffla par les naseaux et il plissa le nez, tournant à peine la tête pour s'adresser à elle.

- Oh, allez, elle vient de se faire caillasser, on peut attendre pour les présentations, tu crois pas ?

La jument changea d'appuis et son sabot arrière claqua sur le pavé, elle releva la tête et sembla jeter un regard à son compagnon. Lequel grimaça et leva les mains en signe de reddition.

- Ok, ok, t'as raison, j'suis un rustre. Le Torkos revint à la jeune femme, amusé, l'échange n'avait duré qu'un bref instant. Ma dame insiste pour que je me présente en bonne et due forme. Je suis Lorki Hrimkhan fils de Krirkhan Hrimkhan. La jument renifla et il ajouta en la désignant. Et voici Déméter. Hok à toi, ma sœur.
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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime4/12/2014, 12:20

Une lame dans un vol de vautour, Été 1648  


Emportée par son élan et la lassitude de l'habitude de ce genre de situation, Telmir savait très bien que personne ne viendrait l'aider, pour la bonne et raison que cela ne lui avait jamais traversé l'esprit. Tout aussi couarde qu'elle était, elle ne pouvait néanmoins pas renier cette colère qui commençait à gronder en elle, et son envie plus que certaine de se retourner et répondre aux enfants de la manière la plus expéditrice possible, mais comme d'habitude, elle n'en fit rien. Cette situation la lassait bien plus qu'elle ne l'avouait, mais trop blasée pour en faire fi ou pour se sentir blessée, les insultes lui glissa dessus comme de l'eau, bien que l'on ne pouvait pas en dire autant pour les pierres. C'est pourtant quand elle sentit une voix derrière elle, à ne pas en douter, point un enfant. La surprise la força à se retourner rapidement, regardant d'un air béa la scène, quoique son accoutrement ne trahissait pas vraiment l'incompréhension complète dont elle était victime. Elle songea à partir tout de suite, se disant qu'il avait du se recevoir une pierre de la part d'un des petits garnements, et qu'il ne comptait nullement prendre sa défense. Mais elle ne bougea pas. Les pieds rivés sur le sol, ne pouvant détacher son regard de la scène, comme si tout cette pagaille l'absorbait de façon beaucoup trop prenante. L'intervention d'un parfait inconnu avait pourtant grandement de quoi la rebuter. Mais le fait de le voir menacer si ouvertement ces méchants enfants, conduisit Telmir vers un sentiment qu'elle ne connaissait absolument pas. Une pointe de satisfaction qui soulageait des années de mauvais traitement. Elle aurait normalement du partir et laisser le nouveau venu gérer la fin de la situation tout seul. Mais de toute façon, il n'eut pas besoin d'elle, vu que les enfants coururent comme des lapins dés qu'il eut fini de parler. Elle remarqua son sourire narquois, et déjà qu'elle ne savait pas sur quel pied danser, Telmir ne savait pas trop quoi conclure de cette situation. Avait-il fait ça par pur plaisir coupable d'exercer son naturel effrayant sur des gosses trop faibles pour répliquer ? La jeune torkos avait connu ça, bien que le fait d'être esclave de naissance l'avait entouré d'un cercle pseudo familial très fort, et l'avait empêché d'être une tête de turc.

C'est pourtant autre chose qui la tétanisa au sol après. Cette façon, parfaitement sans gêne, de la dévisager avec insistance. Outre le fait que c'était fort impoli, si elle mettait une aussi grosse couche de vêtement, c'était bien parce qu'il y avait une raison, la simple idée qu'on la voit malgré tout ses efforts, et pire, qu'on l'observe comme un animal de foire, ne lui déplut pas seulment, mais l'effraya au plus haut point. Si il finalement pu voir ses yeux, il avait dût il voir son regard effrayé, fixé sur lui comme si il était l'incarnation de Zhaa en personne. Elle finit cependant par avoir le courage de détourner les yeux, mais elle l'avait bien vu dans le regard de l'inconnu, c'était déjà trop tard. Il avait tout vu.

Gênée, humiliée, et au bord des larmes, elle remonta sa manche vers ses yeux, prête à faire volte face, mais elle fut interpellée une nouvelle fois. Elle mit quelques secondes, tremblante dans son vêtements informes, pour finir par regarder ce qu'il lui tendait, un mouchoir. Elle en profita pour le regarder un peu mieux, le temps de comprendre qu'il ne portait plus de bracelet le clouant à une position d'esclave. Elle observa le mouchoir tendu, presque hagard et finalement, le refusa. Elle passa sa longue manche sur la plaie de son front, qu'elle avait presque oublié dans la scène, sans se saisir du mouchoir. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça si ce n'est que c'était beaucoup plus simple pour elle de réagir ainsi que de lui devoir encore quelque chose. La remarque sur sa taille la fit tiqué, quoiqu'il avait bien raison, il était bien plus petit qu'elle, comme la plupart des torkos qu'elle croisait.

« Je ne peux pas les frapper. » Fit elle d'une petite voix. « Tout pied large que je peux avoir, je ne peux pas. »

Elle espérait que cela signe le glas de leur conversation. Mais bien malheureusement, il n'en fut rien, il sembla plus s'intéresser à quelque chose, et à parler tout seul. Littéralement tout seul. Il avait bien la tête tournée vers son cheval, ou plutôt sa jument, mais il parlait tout seul. Telmir était bien placée pour savoir qu'un cheval ne communiquait pas, elle s'occupait de ceux du maître tout les jours. Si une brève alchimie peut avoir lieu, il y avait un monde avant de prétendre que les équidés pouvaient lui communiquer des paroles sensées et pouvoir avoir un dialogue sensé. Non, cet homme parlait probablement tout seul. Elle n'osa rien dire, comme d'habitude. De toute façon, c'était impoli, et elle restait une esclave et lui un homme libre. Quoique sa réaction n'aurait pas été différente envers un homme ou une femme de même stature qu'elle.

« Sa dame » insistait pour qu'il se présente. Telmir ne répondit toujours pas à cela. D'ailleurs elle ne répondit pas non plus à sa salutation. Elle remit en place son foulard sur le nez, et fixa le sol avec insistance en réfléchissant. Jamais elle ne s'était retrouvée dans une telle situation, car de toute façon, personne n'avait jamais prit sa défense, ou même essayer de lui parler après avoir remarqué sa pathologie. Ou même sans l'avoir remarqué, car discuter avec une femme aussi grande et aussi peu intéressante, fagotée comme un sac, n'inspirait pas vraiment l'envie de discuter d'une quelconque manière. C'est pour cette raison qu'elle ignorait quoi répondre. La stricte politesse lui indiquait qu'elle devrait bien faire de même. Mais on lui avait toujours apprit, ou elle avait apprit tout seule, à ne jamais chercher la conversation avec un inconnu. Elle tenta donc un compromis. Avec 20 bonnes secondes de retard néanmoins.

« Je suis Telmir Malepeau. Fille de personne. Et je ne mérite pas d'être votre sœur. » Elle regarda tour à tour le torkos et sa jument. Elle n'avait que très rarement utilisé cette façon de parler à une autre personne de sa race. C'est donc avec hésitation qu'elle continua : « Tok à vous deux. Merci de votre aide. Mais j'ai des courses à faire pour mon maître. »

Elle tourna les talons avec une rapidité ne lui ressemblait guère. Elle sentait ses plaques noires sur ses joues brûler furieusement, sa lèvre inférieur avait quasi fusionné avec ses dents, elle n'aspirait qu'à une seule chose, partir et oublier tout ça. Elle avait souvent fantasmé, sans vraiment se l'avouer,  d'une fois où quelqu'un viendrait l'aider dans ce genre de situation. Mais elle le regrettait amèrement. En fait ce n'était pas si idyllique qu'elle n'avait imaginé.

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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime22/12/2014, 22:46

Son mouchoir tendu ne remporta pas le succès escompté. Une partie nouvelle de lui s'apprêta à mentionner combien elle faisait de la peine à ce pauvre mouchoir mais il se retint, c'était pousser la bêtise un peu trop loin à son goût. Depuis qu'il n'était plus au service de Théodore, Lorki s'était découvert un talent inné pour les stupidités en tout genre. Il n'avait pas rencontré beaucoup de monde mais le peu qui avait croisé sa route lui avait offert l'opportunité de se découvrir un peu lui-même, en dehors de son rôle d'escorte. Il avait toujours eut une certaine aisance à parler et plaisanter mais uniquement avec Erorna et Théodore, deux exceptions. Et il avait cru que ce n'était que ça : des exceptions. Force était de constater que c'était une erreur. Mais une erreur joyeuse et amusante.
Voir les tâches qui ornaient le visage de la jeune femme, lui dévorant la peau, ne l'avait pas tant surprit que cela. Oh, il l'était bien, mais ça ne le dérangeait pas. Il s'arrangerait simplement pour ne peut-être pas la toucher directement au cas où ce serait contagieux. Il conservait d'ailleurs une distance respectueuse mais pas trop remarquable afin de ne pas la blesser inutilement. Elle semblait bien assez effarouchée comme cela, inutile de reprendre le rôle de ces sales gosses. Seulement, plutôt que de sortir un tissu, elle s'essuya le visage à l'aide de sa manche et il ouvrit les lèvres, une protestation sur le point de lui échapper. Mais il ne dit rien. Au moins avait-il la confirmation que ces choses qui lui dévoraient le visage ne lui faisaient pas mal. Qu'était-ce ? Des tâches ? Des parasites ? Des tatou… non. Ça n'avait rien à voir avec des tatouages. Il pencha la tête sur le côté, la dévisageant sans honte ni se cacher.

À sa réponse concernant le coup de pied, il cilla et se redressa, abandonnant son analyse – soldée par un échec d'ailleurs, il ne savait pas ce que c'était. Lorki la détailla du regard, un sourcil haussé d'un air dubitatif.

- Tu marches bien et t'as pas l'air d'avoir de mal à bouger, pourquoi tu peux pas ? J'veux dire, c'est pas bien compliqué.

Il leva la jambe et ponctua son geste d'une remarque :

- C'est facile. Et ça fait du bien de temps en temps, tabasser du mioche est un antidépresseur naturel.

L'affranchi reposa sa jambe par terre et haussa une épaule, ignorant le reniflement de Déméter. Elle n'allait pas l'empêcher de s'amuser un peu ! Il n'avait pas parlé à quelqu'un depuis des jours. À l'exception de Philippe mais on ne pouvait pas appeler ça une discussion. Et Déméter ne comptait pas.

- Enfin, c'est ce que mon père me disait.

Il acheva son explication d'un large sourire à l'intention de la jeune femme. Oh allez quoi ! Elle avait tellement l'air d'être sur le point de crever de trouille qu'il avait bien le droit d'essayer de la faire sourire un peu ? S'il échouait, il pourrait mettre ça sur le compte de la jeune femme : c'était elle qui n'était pas drôle, pas l'inverse.
Déméter intervint et Lorki discuta une seconde avec elle, protestant, mais une fois de plus, la jument obtint gain de cause. Lorsqu'il revint à son interlocutrice, celle-ci observait attentivement le sol. Interloqué, il regarda le sol mais n'y trouva rien d'assez passionnant pour captiver son attention. Cette fille était bizarre. Outre les zébrures qui lui marquaient la figure. Elle agissait avec réserve, peur et… et il ne savait trop quoi. Il n'aimait pas ça, de toutes façons. On n'avait pas peur de lui, pas sans qu'il ne donne une bonne raison de le craindre. Là, il ressemblait juste à un guignol parlant à sa jument et pourtant… oh, à moins qu'il ne l'effraie justement parce qu'il avait l'air d'un guignol. Sympa de la part d'une gonzesse croisée avec un zèbre. Il plissa le nez, vexé. Et le pire, c'est qu'elle eut le culot de le faire patienter avant de répondre à sa présentation… le tout avec une bonne dose de mauvaise volonté. Il eut franchement envie de lui faire comprendre qu'entre Torkos, il fallait se serrer les coudes – non sans rajouter une mention sur le fait que si elle avait été sa sœur, il ne l'aurait pas loupé une seconde pour la charrier sur ses marques, mais quelque chose lui disait que de telles paroles seraient mal reçues – mais elle tourna les talons et s'éloigna. Une seconde, il resta sans rien faire mais avant qu'elle ai pu s'éloigner suffisamment, il tendit vivement le bras et la rattrapa par son vêtement.

- Minutes papillon. J'dois aussi faire des courses, ça t'ennuie si on fait le chemin ensemble ? Je connais pas la ville.

C'était plus ou moins faux, évidemment. Îleval était une île où Théodore appréciait de se rendre et Lorki s'était rendu dans une ville qu'il connaissait afin de pouvoir confier Déméter à un Maréchal-Ferrant qu'il savait être de qualité. Mais… eh bien, il ne cracherait pas sur un peu de compagnie et même si Telmir Malepeau – un nom parfaitement adapté si vous voulez son avis – ne semblait pas du même avis, il ne la laisserait pas immédiatement. Pas avec les mômes qui devaient toujours traîner dans les parages.
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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime6/1/2015, 20:23

Une lame dans un vol de vautour, Été 1648  


Qui qu'il fut, cette façon presque ridicule de s'exprimer, parler, et ponctuer même ses phrases par des gestes amples, plongeait Telmir dans l'embarras. Elle n'avait pas l'habitude que l'on veuille lui parler, et encore moins pour dire des choses pareilles. Il semblait prêt à dire n'importe quoi pour avoir un semblant d'attention de sa part, et préféra couper court rapidement en retournant à ses occupations. Quiconque voyait qu'il n'était pas désiré n'insistait pas en temps normal. En tout cas, elle, elle n'avait jamais insisté. Le moindre regard vaguement surprit suffisait largement à la dissuader de rester même à proximité de quelqu'un. C'était de toute façon ce qu'on apprenait généralement aux enfants esclaves de la maison : se faire tout petit, et partir au moindre sous entendu qu'ils étaient de trop dans la pièce. L'ordre s'appliquait à tout le monde, mais particulièrement à elle. Telmir n'en avait jamais demandé beaucoup de toute manière, et avait toujours obéit. Quoi faire d'autres de toute façon ? Seulement, au moment où elle pensait avoir été assez clair, elle se sentit très désagréablement retenue par la capuche, laquelle glissa légèrement en arrière. Pas assez pour faire remarquer quoique ce soit aux gens alentours, mais assez pour mettre Telmir incroyablement mal à l'aise.

Elle se retourna vivement, ayant attrapé sa capuche avec une rapidité étonnante, et fixa son interlocuteur non plus avec gêne et interrogation, mais avec effroi. Il l'avait touché, il avait levé la main vers elle. Il y aurait probablement eu des moments où Telmir aurait répliqué, probablement méchamment, mais pas ici. Surtout que le ton du jeune homme indiquait plutôt qu'il ne lui laissait aucun choix à la question. Et Telmir trembla. Elle avait troqué des gamins énervants contre un homme en pleine possession de tout ses moyens, et armé qui plus est. Et cet homme, exigeait qu'elle l'accompagne. Mais pour quoi faire ? Pour quelle autre but que parfaitement hostile, pouvait-il vouloir de la compagnie d'une esclave qui avait été si froide et sèche avec lui ? Il l'avait sûrement mal prit. Affranchi, il comptait peut être sur la faiblesse de la jeune femme, elle lui avait dit qu'elle avait des courses à faire, cela avait bien sur sous entendu qu'elle avait de l'argent sur elle. L'argent de son maître, et si elle lui donnait pour avoir la vie sauve, elle n'oserait jamais retourner chez elle. Il fallait bien lui répondre, par l'affirmatif bien sûr, pour commencer à calmer le jeu.

« Je pourrais faire ça... » Fit-elle d'une voix chevrotante avant de se mettre en route sans demander son reste.

Recroquevillée sur elle même comme une huître, elle ne pipa guère un mot pendant deux minutes, avant de finalement « oser » murmurer à mi-voix envers celui qu'elle considérait désormais comme son plus grand danger actuel.

« Ayez pitié, Lorki... » Sa voix était tremblotante, pitoyable, une voix parfaitement ridicule et qui faisait un sévère contraste avec son physique imposant et sa grande taille. « Je suis navrée de vous savez offensée, je ne voulais vraiment pas... »

Elle regarda autour d'eux, personne n'avait l'air de faire spécialement attention au duo torkos, il semblerait même qu'on fasse moins attention à elle que quand elle se baladait seule. N'ayant guère le temps et l'envie d'y réfléchir, elle constata juste qu'ils étaient presque seuls et qu'on ne l'entendrait probablement pas.

« Ne ne gagneriez rien à tout ça, je n'ai que de quoi faire quelques courses pour mon maître. Vous allez juste perdre votre temps, il y a tellement plus riche que moi ici. Je ne sais vraiment quoi vous dire et quoi faire, mais s'il vous plait, s'il vous plait... »

Elle baissa la tête, terrorisée. Se mordant furieusement la lèvres alors que ses yeux regardaient furtivement autour d'eux, espérant voir un semblant de solution se dessiner. Mais il n'en fut rien.

« Je vous accompagnerais où vous voudrez, mais ayez pitié, épargnez moi... »

C'était ridicule, et pourtant c'était la seule raison qui lui était venu à l'esprit pour qu'il insiste autant. Et dire qu'il voulait juste qu'on lui indique son chemin.

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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime11/1/2015, 14:24

Le fait d'avoir attrapé la capuche de Malepeau – putain ce nom était génial – suscita une réaction plus vive que ce à quoi il s'attendait. Lorki recula d'un pas en levant les mains en signe d'apaisement pour montrer qu'il n'avait aucune intention belliqueuse ou désagréable. L'expression dans les yeux gris de la Sang-Perdu était… étrange et inattendue. La frayeur n'était pas une chose qu'il rencontrait couramment dans le regard de ceux qui le regardaient. Seulement lorsqu'il leur donnait une bonne raison de le craindre mais la plupart du temps il devait s'en donner la peine et ce n'était pas le cas ici. Il était même plutôt agréable, de son point de vue. Non pas qu'il voulait qu'elle se jette à ses pieds de reconnaissance parce qu'il l'avait aidée, il l'avait fait parce qu'il ne supportait pas l'attitude de ces sales mômes. Mais il ne lui avait donné aucune raison de le redouter comme elle avait l'air de le faire. Même sa face peinte en noir n'expliquait pas pourquoi elle agissait avec autant de nervosité. Enfin… pour lui ça ne semblait pas être une explication valable. Sans compter qu'elle était grande et loin d'être maigrelette même si les sacs qu'elle portait sur le dos en guise de vêtement rendaient l'analyse difficile. Ça n'avait aucun sens et il ne comprenait pas.
Elle accepta néanmoins sa proposition et il sourit pour essayer d'apaiser la tension qui semblait l'habiter depuis qu'il était intervenu et qui n'avait cessé de croître. Mais elle s'était déjà détournée, reprenant sa route sans attendre. Il haussa les épaules et, tenant Déméter par la bride, la suivit tranquillement, accélérant brièvement l'allure pour se porter à sa hauteur. La jument sur son flanc gauche et la Sang-Perdu sur sa droite, il évoluait au milieu des rues sans être trop dérangé et l'esclave pouvait également éviter d'être en contact permanent avec les autres. Ce qui semblait l'angoisser d'une manière ou d'une autre. Pas une seule seconde il ne songea que sa présence pouvait ne pas être souhaitée ou que son attention terrorisait la jeune femme. Ni même que l'apparence de ses taches pouvait être un fardeau lourd à porter, oubliant que tout le monde n'était pas égal face à une même situation.

Dans un premier temps, le trajet se fit en silence et Lorki regarda autour de lui, curieux et attentif. Sa présence n'était pas exactement souhaitée sur les terres Mésoriannes et il ne voulait pas s'attarder. Mais il se gorgeait de cette activité, de ces bruits et de ces tailles. Dès l'instant où il quitterait le domaine, il ne pourrait pas y revenir avant un long moment et cette conscience le blessait d'une manière insupportable.
Il était plongé dans l'observation de l'agitation alentours, tâchant d'ignorer combien ces scènes allaient le hanter pour le reste de son existence s'il ne s'en détournait pas très vite, lorsqu'une voix minuscule l'en tira. Il fronça les sourcils et orienta son regard vers Telmir. L'esclave était recroquevillée sur elle-même, toujours plus grande que lui mais bien moins qu'elle ne devait l'être en réalité. Ses mots n'étaient réduits qu'à un minuscule filet de voix mais ce qui le troubla le plus fut les mots qu'elle prononça en tremblant. La chose avait quelque chose de totalement surréaliste et le laissa sans voix. Elle regarda autour d'eux comme pour s'assurer qu'il n'y avait personne d'autre et si l'attitude de la jeune femme n'avait pas été aussi soumise, il aurait craint une attaque.

Totalement stupéfait, il la regarda se comporter comme une proie prise au milieu des loups. Elle exsudait presque la terreur et l'angoisse et il ne comprenait pas. Il ne comprenait juste pas ce qui l'avait poussée à croire qu'il avait l'intention de lui faire du mal ou de la voler. Qu'il avait même seulement besoin de quoique ce soit venant d'elle. Il n'avait pas besoin d'argent, il en avait plus qu'assez, et il n'avait sûrement pas besoin de brutaliser quelqu'un, homme ou femme, pour obtenir ce qu'il voulait. Que ce soit du sexe ou peu importait quoi.
Il resta une courte seconde silencieux avant qu'un gloussement nerveux ne lui échappe, suivit d'un bref éclat de rire. Il masqua sa réaction en riant dans son poing, inclinant la tête pour se servir de ses cheveux pour voiler son visage et peut-être atténuer un peu l'attention qu'il pourrait attirer. Surtout qu'il s'agissait d'avantage d'une réaction nerveuse qu'un réel amusement. Encore que la situation avait de quoi être foutrement hilarante. L'affranchi se reprit rapidement et se retint d'esquisser un geste pour tapoter l'épaule de la jeune femme. Du peu qu'il savait, elle le prendrait probablement mal. Et il ne voulait pas qu'elle soit plus effrayée qu'elle ne l'était déjà. Seulement il n'avait jamais eut à gérer ce genre de situation et il ignorait totalement ce qu'il devait faire ou quelle attitude adopter. Alors il inspira doucement et prit la parole à voix basse pour qu'elle seule puisse capter ses mots.

- Ton argent ou celui de ton maître ne m'intéresse pas, Déméter vient de Belhovre et d'un élevage prestigieux. L'épée dans mon dos s'appelle Amarok et j'ai toutes les raisons de croire qu'elle est une Lame Éternelle. Si tu regardes bien, il y a une épée large accrochée à la selle et elle vient de la réserve personnelle du Doyen d'Épieux.

Ce n'était probablement pas la façon la plus adéquate de s'adresser à une esclave en lui fourrant sous le nez tout ce qu'il avait en sa possession et qu'elle n'aurait probablement jamais. Mais répondre à sa crainte en lui montrant qu'il n'avait strictement rien à gagner en la volant était une façon comme une autre de la rassurer.
L'attitude générale du Torkos était différente. Ses épaules redressées, son pas leste et léger, il n'avait pas l'intention de se jouer d'elle ni même de se moquer. Pas plus longtemps. Si elle le craignait tant que ça, il allait juste lui montrer qu'elle n'avait aucune raison de le faire. Et cela passait probablement par une attitude plus calme et détendue, plus proche de celle qu'il adoptait en présence de Théodore. Ses mots, même, étaient différents. La construction de ses phrases. Jouer le bouseux plus longtemps ne l'aiderait pas, il ne maîtrisait pas encore son rôle dans le contexte illimité de la liberté.
Lorsqu'il reprit, son ton était un peu plus haut, celui de la conversation. Ce qu'il avait énuméré plus haut représentait suffisamment de bonnes raisons pour que quelques inconscients tentent de les lui voler. Maintenant qu'il avait finit d'étaler ses possessions – ses possessions… l'idée avait encore quelque chose d'irréaliste – il pouvait reprendre à un volume plus normal.

- Tu ne possèdes rien que je puisse vouloir. Et j'estime avoir assez de charme pour trouver moi-même mes partenaires, lâcha-t-il avec un coup d’œil malicieux. Te battre ne m'apporterait aucune satisfaction et… je le jure, poursuivit-il en se tournant vers elle, sa main libre sur le cœur, je n'ai aucune intention belliqueuse d'aucune sorte à ton encontre.

Il esquissa un sourire discret à l'encontre de la jeune femme et poursuivit lentement.

- Je suis affranchi depuis peu et la solitude me pèse, je voudrais juste profiter d'une simple balade au marché en bonne compagnie – c'est de toi que je parle, précisa-t-il avec un sourire suivit d'un clin d’œil complices – avant de regagner les landes. Maintenant, si ma présence t'indispose, je ne vais pas m'imposer plus longtemps. Dis le moi simplement et je m'en irai. Mais pense qu'avec moi à tes côtés, au moins le temps de tes courses, tu seras tranquille et personne ne t'embêtera.
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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime24/1/2015, 14:56

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Et il rit. Pas plus différent que les autres, pensa-t-elle de façon résignée. Ceux qui ne la battaient pas ou détournaient pas les yeux étaient généralement ceux qui en riaient. Même l'esclave le moins bien loti devait avouer sa chance de ne pas ressembler à Telmir. Alors que pourrait penser un affranchi, armé jusqu'aux dents, et possédant même un cheval. Un cheval ! Telmir avait passé sa vie à s'occuper des animaux mais jamais elle n'aurait imaginé un instant pouvoir en posséder d'ailleurs. Elle savait bien que c'était de la pure fantaisie. Mais ce Lorki en avait un, une superbe jument qui ferrait pâlir d'envie bien plus d'un seigneur mésorian. Pourtant Telmir ne l'enviait pas. Enfin si, d'un point de vu générale, tout le monde dans sa condition jalouserait la bonne santé, l'opulence et l'apparence de Lorki. Mais Telmir ne souhaitait pas être libre. Rien que l'idée d'être seule en pleine nature la terrorisait de tout son être. Sa seule protection contre le monde extérieur était les murs de son maître, qu'est ce qu'elle pouvait faire si le destin la lâchait au milieu d'un monde qui voyait son existence comme une tare ? Non, elle préférait le confort d'une vie de travail, d'une vie sans argent, sans enfants, à mourir de vieillesse en faisant son labeur. Quel autre destinée pouvait attendre Telmir Malepeau, dont même le nom était une vaste plaisanterie ?

Lorki calma donc son rire, qui avait eu pourtant le pouvoir de calmer Telmir. Elle n'avait plus peur, elle le regardait juste avec une expression neutre et lassée, comme si il venait de lâcher la blague la plus ridicule de l'histoire d'archipel. Et il s'empressa d’énoncer ses possessions terrestres. N'importe quel esclave serait devenu vert de jalousie, surtout une escorte vu l'attirail prestigieux qu'il étalait devant elle. Ses yeux gris changèrent un peu d'expression, chose bien remarquable car c'était la seule chose de visible chez elle. Son regard scruta l'épée sur la jument avec un grand intérêt. Beaucoup plus grand qu'on aurait cru chez une simple cuisinière. Elle se rendit compte de se qu'elle faisait, et avec gêne, redirigea son regard vers le sol. Elle ignora si elle était rassurée, mais Lorki changea d'attitude. Même pour quelqu'un comme elle, se fut très visible.

Ses yeux augmentèrent largement de volume quand il eut la plaisanterie en trop cependant. Alors qu'il venait de terminer son clin d'oeil, elle répliqua un peu trop séchement.

« Vous devriez vous sentir offensé d'avoir juste émis cette possibilité vous savez ? »

Elle claqua avec violence sa main sur sa bouche, ou du moins le foulard couvrant sa bouche. Personne n'avait jamais fait la moindre grivoiserie à son sujet, et elle avait parlé trop vite. Elle aurait mieux fait de se taire. Personne n'aimait être remit à sa place par une esclave, elle le savait pourtant. Les autres esclaves, les rares écarts de langages qu'elle avait avec eux, ils pouvaient le supporter, mais  un affranchi ? Non, non. Tout de suite Telmir détourna les yeux, mais voilà qu'il continuait à essayer de la rassurer. Peine perdue.

Elle lui aurait bien dit qu'il fallait qu'il parte. Qu'il y avait tellement plus intéressant à voir, à faire ici que de rester avec une simple domestique trop laide pour marcher à visage découvert. Mais il eut le dernier argument. Tant qu'il était là, un torkos sans son bracelet, personne lui ferrait quoique ce soit. Elle redirigea lentement son regard vers lui, non sans appréhension. Elle dégluti silencieusement et finit par dire avec lenteur :

« Je ne suis pas de très bonne compagnie, vous avez pût le remarquer. Mais si vous cherchez du silence et une présence, je suppose que je peux convenir pour le trajet... »

Elle repositionna sa capuche, et son foulard, pour s'assurer une énième fois que rien ne glissera pendant qu'elle marcherait, et aussi pour se donner un semblant de contenance, même si cela ne servait à rien. Même avec toute la bonne foi du monde, jamais Telmir n'aura l'air assurée. Elle restera une grande dame tellement pataude qu'on aurait dit qu'elle allait se prendre les pieds dans ses propres jambes. Elle scruta le reste de l'assemblée autour d'eux. Elle espérait juste que personne ne la reconnaisse et raconte à son maître qu'elle trainait avec des inconnus affranchi. Dans l'idée, il ne lui ferrait rien, rien n'interdisait à un esclave de parler à quelqu'un. Mais Telmir ne pouvait pas s'empêcher de trembler à l'idée de renvoyer une mauvaise image d'elle.

« Vous souhaitez aller où donc ? »
Murmura-t-elle, en agrippant plus que de raison son panier en osier. « Je devrais pouvoir vous aider à vous repérer ici... »

Fit elle en se remettant en route. Elle espérait juste qu'il attende pas d'elle de trouver un sujet de conversation. Qu'est ce qu'elle pouvait bien lui raconter de toute manière ? Rien de bien intéressant ne sortait jamais des cuisines ou des écuries.

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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime21/2/2015, 14:33

L'Affranchi s'immobilisa à la remarque sèche de l'Esclave et il cilla avant de froncer les sourcils, perplexe. Offensé par… quoi au juste ? Il considéra la jeune femme avec attention et son regard s'éclaira lorsqu'il réalisa ce qu'elle entendait par là. Lorki sourit doucement et plutôt que de tenter un contact qui se voulait apaisant, mis sa main libre dans sa poche.

- Il n'y a rien d'offensant là-dedans. Tu ne devrais pas te dévaloriser à ce point-là.

Il ne se sentait pas le moins du monde à sa place dans ce qu'il avait envie de dire ou faire là. Théodore était une personne bonne et gentille, réconfortante et rassurante. Le Mésorian avait toujours été compréhensif avec lui et chaque fois que quelque chose commençait à déranger son Escorte, il le questionnait et arrangeait les choses. Juste comme ça. À la manière d'un magicien, comme si le simple fait de lui parler suffisait à rendre les choses plus faciles et moins problématique. Ici, il aurait voulu dire à Telmir que son visage était moins ce qui dérangeait les autres que son attitude soumise et recluse. Mais il était possible que tout le monde ne soit pas d'accord avec lui. Voir les stigmates sombres et dérangeants de la jeune femme ne le dérangeait pas outre mesure mais peut-être qu'il était juste quelqu'un de particulièrement tolérant. Ou qu'il en avait majoritairement rien à foutre. Ce qui l'ennuyait, ici, était l'attitude ou plus exactement ce qu'il y avait en-dessous.
La réaction de Telmir lui arracha un sourire amusé et il remarqua lentement :

- J'aime les femmes qui ont du répondant.

Oh, il était persuadé que ses mots ne susciteraient pas un gloussement quelconque et encore moins une réaction à laquelle on pouvait être habitué. Mais probablement que l'esclave avait aussi besoin qu'on lui rappelle qu'elle n'était pas réduite à ces marques en travers de son visage. Ça, il s'en foutait. Pour l'heure, il ne les voyait même pas, cachées par la capuche de son large vêtement. Il était donc parfaitement facile d'oublier tout ça et de seulement entendre ce qu'elle disait, y réagir comme il réagirait avec n'importe qui. La simplicité était parfois une clé qui ouvrait plus de portes qu'on pouvait l'imaginer.
Il jeta un coup d’œil à sa compagne de route et ajouta :

- Et tutoiement, s'il te plaît.

Théodore était celui qu'on vouvoyait. Lui n'était que l'ombre menaçante de son maître… mais maintenant il n'y avait plus d'ombre à projeter puisque l'homme avait disparu. Il se retrouvait en pleine lumière, livré à lui-même… et il n'appréciait pas plus l'expérience que ça. Les remarques douces de Théodore lui manquaient, son humour douteux et son excentricité légère aussi. L'homme tout entier lui manquait.
Il s'obligea à sortir de ce chemin de pensée, sentant la tristesse poindre son insupportable museau. Une infime partie d'une créature bien trop grande qu'il ne se sentait pas en mesure d'affronter. Du coin de l’œil, il la vit tourner le regard vers lui et hésita sur la réaction appropriée. Il opta pour la chose la plus simple à faire. Puisqu'elle n'était pas le moins du monde à l'aise dans la situation présente, il continua de juste regarder devant lui, tranquille et calme. Déméter marchait à côté de lui, le changement de comportement de son cavalier lui important peu apparemment. L'affranchi sourit et risqua un bref coup d’œil vers Telmir :

- Le silence ne me pose pas de problèmes. Mais n'hésite pas à me le faire savoir si je parle trop, ajouta-t-il avec un clin d’œil malicieux.

Théodore aussi pouvait avoir ses silences. Souvent méditatifs. Lorki l'avait souvent été, silencieux. Peu bavard, plus taciturne et concentré à sa tâche qu'autre chose. Bien sûr, ça avait changé lorsque Théodore s'était rendu compte du potentiel caché de son escorte mais du temps avait été nécessaire avant que Lorki ne desserre les lèvres de sa propre initiative. Les échanges avaient alors été plus fréquents et plus aisés à mesure que le Torkos s'habituait à son maître et leurs discussions.
Seulement maintenant que Théodore n'était plus là, les silences autrefois agréables et légers étaient devenus lourds et pesants. Insupportables. Semblables à une chape de plomb pressée sur sa tête et ses épaules. Et il se découvrait bien plus loquace qu'il ne l'avait imaginé auparavant. Maintenant libre, il se redécouvrait lui-même. La domestique reprit la parole et il leva les yeux vers elle, toujours surpris de devoir le faire pour s'adresser à une femme de son peuple. Il n'était pas le plus grand Torkos qui soit mais jamais il n'avait rencontré une Torkos de cette taille… et cela avait de quoi le déconcerter. Un sourire calme étira le coin de ses lèvres et il désigna la direction approximative du marché :

- Les étals à ciel ouvert me conviendront. Je n'ai besoin que de quelques provisions avant de prendre la route. Cela se trouve-t-il sur ta route ?
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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime17/3/2015, 11:39

Une lame dans un vol de vautour, Été 1648  


Ne pas se dévaloriser à ce point. Elle ne releva pas, préférant croire à une mauvaise blague plutôt que d'y donner un semblant de reflexion. Ou alors imaginer qu'il était porbablement aveugle, mais là encore ce n'était que donner de l'importance à quelque chose qui n'a pourtant aucune valeur. Même ceux qui avaient aimés et élevés Telmir n'avait jamais contredit la vérité la plus simple et la plus cruelle, celle de  sa laideur qui la condamnait à la solitude perpétuelle. Personne n'avait séché ses pleurs, personne n'avait tenté d'en parler avec elle, on l'avait laissé pleuré de tout son saoul jusqu'à ce qu'elle accepte la réalité et comprenne qu'elle ne pourrait rien y changer. Et elle leur en était reconnaissant. Avoir été avec quelqu'un comme Lorki l'aurait probablement bercé d'illusion stupides, jusqu' à ce qu'elle se prenne une claque par la réalité. Elle n'avait pas été triste quand l'escorte qu'elle trouvait particulierement charmant  ne lui adressa pas un regard. Elle n'avait pas été surprise quand un des invités de son maître hurla à la mort en l'appercevant dans les couloirs, croyant avoir affaire à une créature inconnue et hostile. Ainsi, elle pouvait affronter n'importe quoi, y comprit des enfants qui lui jettent des pierres. Cela ne lui faisait plus rien. Du moins c'était ce qu'elle aimait penser.

Un bref roulement d'yeux vers le ciel, de façon très discrète sous son foulard, répondit à sa dernière affirmation. Diantre, mais que cherchait-il ? Autant ne rien répondre pour ne pas lui donner raison. D'ailleurs il n'y avait rien à répondre. Si il pensait que les marques qu'elle portait n'avait aucune incidence, il était bien sot. Bien sûr que c'était important. Bien sûr que c'était grave, bien sûr que c'était tout ce qu'elle était. Ne l'avait-on pas appelé Malepeau ? N'était-ce pas une belle preuve de la situation ? Jamais elle ne dépassera sa condition. Il était inutile de souhaiter avec ardeur que les marques disparaissent, cela n'apporterait que d'être déçu le lendemain. Dans son malheur, elle avait la chance de n'avoir rien à souhaiter. Combien de torkos ont vu leur espoir de liberté mis à néant, après l'avoir souhaité beaucoup trop fort ? Telmir n’espérait rien, c'était tellement plus simple ainsi.

Pourtant Lorki était affranchi, lui avait-il dit. Probablement après des années de bon et loyaux services. Il avait même l'air de s'en accommodait, mais quand on était jeune, bien loti, avec des possessions plus que correct, un cheval -bon sang un cheval!- et avec un physique avantageux, comment avoir peur de l'avenir ? Il avait même l'air de savoir parfaitement se défendre, Lorki n'avait rien ni personne à craindre. Juste du temps à perdre avec une domestique qui ferrait peur à des chiens. Elle hocha la tête, peu assurée, et le tutoiement eu du mal à passer. Mais il était libre, et si Telmir savait faire quelque chose, c'était obéir.

« Oui. » il était facile de deviner la grimace de gêne sous son foulard alors qu'elle continua sa phrase « C'est même précisément où je dois aller. »

Plutôt logique quand il se trouvaient qu'ils étaient tout les deux à la recherche de provisions. Telmir n'aimait pas vraiment les étales à ciel ouvert. C'était précisément là où on la dévisageait le plus souvent. Les petites boutiques étaient plus simples pour quelqu'un comme elle, avec juste le vendeur qui essayait désespérément de ne pas montrer sa curiosité maladive alors qu'il tentait de voir ce qu'il y avait sous le foulard. Certes, les plus méfiants lui demandaient de retirer ses protections sur le visage, sous prétexte qu'elle pouvait s'enfuir avec un fruit ou deux, quoiqu'une esclave qui volait était probablement la chose la plus stupide qui pourrait se produire. Mais dés qu'elle obéissait, ils regrettaient activement leur requête.

Elle jeta un nouveau regard en biais à son acolyte actuel. Elle n'avait jamais parlé à un affranchi, Armand n'avait jamais délivré un de ses esclaves de son labeur, ou si cela c'était produit, elle devaient ne pas être née, et personne ne lui en avait parlé. C'était le genre de sujet tabou à la demeure. Si Telmir ne voulait pas être libérée, elle était très certainement la seule dans ce cas. Armand n'était pas le pire des maîtres, loin de là, mais personne n'avait d'affinité particulière avec lui.

« Cela fait longtemps que vous êtes affranchi ? » Murmura-t-elle, alors qu'ils arrivaient devant les échoppes, en refusant encore une fois de le tutoyer. Elle avait osé lui adresser la parole, c'était déjà énorme. S'avança vers un étal de légumes, elle ignora encore une fois le regard du marchant, lequel connaissait déjà la torkos, mais il se posait encore la question de tant de couches de tissu.

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MessageSujet: Re: Une lame dans un vol de vautour. [Lorki]   Une lame dans un vol de vautour. [Lorki] Icon_minitime26/3/2015, 19:14

Lorki ne put retenir un nouveau sourire à la réponse de Telmir. C'était donc lier l'utile à… l'utile. Même si une grande part d'agréable s'ajoutait à la chose. Il pouvait entretenir une discussion normale et sans conséquences avec une de ses semblables… même si elle lui rendait plusieurs centimètres et qu'elle ressemblait à la fille bâtarde d'un Torkos et d'un zèbre. Mais il s'en accommodait sans difficulté, évitant simplement d'entrer en contact direct avec elle au cas où son affliction serait transmissible.

- À la bonne heure.

Il n'aurait qu'à la raccompagner sur le retour pour lui éviter le désagrément de retomber sur les morveux qui lui jetaient des pierres un peu plus tôt. Ou tout autre chose. Il n'était pas exactement naïf sur ce qui pouvait l'attendre mais il n'avait pas non plus l'imagination nécessaire pour penser à tout. L'idée même de jeter des pierres ou des cailloux sur quelqu'un ne lui serait jamais venu à l'esprit. Il avait toujours eut de la chance. Une famille qui l'avait bien entouré malgré sa faiblesse et la seule personne à s'être montré dure avec lui n'était autre que lui-même. Ses parents s'étaient contentés d'être exigeants et de lui apprendre la valeur d'un travail acharné, de l'effort. Il se savait moins fort qu'un autre mais il savait aussi qu'il trouverait toujours un moyen de contourner cette faiblesse et de parvenir à ses fins. Il n'avait pas eut à attendre longtemps avant de trouver un maître et celui-ci avait été d'une bonté à toutes épreuves. Jusqu'à son fils mais même ainsi… il n'était pas parti sans rien. Avec des choses à revendre et une compagne à qui confier sa peine ou imaginer une personnalité.
Il ne reprit pas la parole jusqu'à ce qu'ils arrivent au marché à proprement parler. Il ignorait encore ce qu'il allait prendre et surtout s'il allait réellement prendre quelque chose. Il devrait, très certainement. On ne lui avait pas apprit à chasser et il n'avait ni arc ni aucun moyen de s'en servir. Mais au moins connaissait-il quelques pièges simples à fabriquer avec de la corde, c'était mieux que rien, assurément.

Il s'approchait d'un étal à proximité de la jeune femme lorsqu'elle reprit la parole. Et pour le coup, il regrettait sincèrement qu'elle l'ait fait. Le geste qu'il amorça vers quelques fruits fut avorté et il risqua un regard en coin dans sa direction. Elle ne pensait pas à mal, du moins l'espérait-il. Distraitement, sa main libre caressa la forme familière d'une pierre noire au fond de sa poche. Il finit par commander quelques légumes faciles à préparer et qu'il pourrait conserver le plus longtemps possible. Il n'en prit pas beaucoup, préférant se concentrer sur des choses plus consistantes comme le pain et le fromage. Et de la viande séchée. Même s'il remarqua le regard insistant du marchand, Lorki ne fit aucun commentaire ni ne jeta un seul coup d’œil à l'homme pour le dissuader de sa curiosité. Il n'était qu'un Torkos après tout, le Mésorian avait tous les droits de reluquer Telmir comme il le faisait. En revanche, lui n'avait aucun droit de le remettre à sa place… et Théodore n'était pas là pour le faire à sa place.
Il attendit qu'elle ait fait ses achats avant de répondre à sa question, préférant ne pas révéler qu'il était un affranchit alors qu'il se tenait aussi près d'un Mésorian. Affranchi depuis peu, il ignorait jusqu'où allait la tolérance des Mésorians et préférait ne pas tenter Zhäa.

- Non. En début de saison, répondit-il laconiquement.

Au final, il aurait tout aussi bien pu le dire devant le marchand. Ce n'était pas comme si cela révélait quoique ce soit. Il passa totalement sur le vouvoiement, décidant de ne pas insister… et la question lui avait ôté toute envie de discuter, finalement. Ou même de faire quoique ce soit. Peut-être la solitude n'était-elle pas si mal lorsqu'il était question de remâcher sa perte, elle lui manquait en tout cas à cet instant.
Il profita qu'elle s'intéressait à un autre étal pour se diriger vers un autre dont l'odeur alléchante lui flattait à la fois les sens et l'estomac. Tout en écoutant distraitement la partie raisonnable de sa conscience qui lui soufflait que c'était du gâchis, il passa commande et revint vers Telmir une fois que celle-ci fut libre.

Il lui tendit un petit sachet en papier, un sourire aux lèvres tandis qu'il mordait dans une belle part de gâteau au miel. Les rênes de Déméter étaient enroulées autour de son poignet pour ne pas la lâcher.

- J'ai pensé qu'une part de gâteau pourrait te faire plaisir.

Il lui fourra le paquet d'autorité le paquet dans les mains avant qu'elle ne puisse protester. Et il sentait, d'une manière ou d'une autre, qu'elle allait lui sortir une connerie sur sa prétendue infériorité.

- Si tu n'en veux pas, tu peux le garder pour quelqu'un d'autre.
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