Son bel oiseau en cage, son cœur, sa muse, sa sœur.  La seule qu'il regrette d'avoir quitté, la seule à l'avoir toujours supporté, la seule à qui il accepte de s'attacher, la seule à qui il pourrait sacrifier sa chère liberté. La seule aussi, sans doute, à connaître le vrai visage qu'il cache si bien sous son sourire charmeur et insolent. Ce n'est que grâce à elle, au soutien infaillible qu'elle lui a toujours montré, qu'il est libre d'être celui qu'il est aujourd'hui. Il en a conscience et ne l'oublie pas, bien qu'il ignore la dette réelle qu'il porte envers elle.

La fortune a fait que leurs chemins se sont croisés par deux fois déjà, mais leur prochaine rencontre ne sera pas un hasard, ils le savent déjà tous deux. Ils se ressemblent par bien des aspects, et c'est sans doute ce qui fait qu'ils s'entendent si bien. Partenaires en affaires – si l'on peut dire – puisqu'elle s'est proposée de lui offrir des informations "sensibles" à mettre en chansons, il leur arrive également d'être compagnons de jeux, voire occasionnellement de débauche, batifoleries plaisantes, sans promesses ni conséquences.

Auditoire plaisant, compagnon de discussion intéressant, le trouvère a décelé une histoire en lui, a vu la douceur de son regard d'enfant derrière la dureté de ses cicatrices. Il l'intrigue, et lui plaît assez. Suffisamment pour vouloir le mettre en chanson, si bien qu'ils se recroiseront sans l'ombre d'un doute.

Rencontré au gré d'une mésaventure habituelle du trouvère, le jeune homme lui a bien vite paru sympathique, et pas seulement parce qu'il avait eu le bon goût de le tirer d'un mauvais pas ! Il apprécie sa conversation et son esprit, mais aussi son éthique professionnelle, certes peu orthodoxe, mais indéniablement présente. Sans compter que sa fréquentation lui a permis de se découvrir un goût certain – et même quelque talent – dans un domaine auquel il ne s'était jusqu'alors pas essayé. Rien n'a été promis entre les deux hommes, mais le ménestrel a laissé entendre qu'il ne serait pas contre l'idée de l'aider à nouveau dans ses entreprises, tant qu'elle ne vont pas à l'encontre de sa morale, certes tout aussi bancale que celle de l'escroc. S'il ne lui a pas laissé d'adresse où le contacter – et pour cause – il ne doute pas une seconde que le rusé larron saura le trouver si l'envie l'en prend.

Rencontrée par hasard dans un établissement mal famé où le ménestrel s'était terré et cherchait vainement à tromper son ennui, l'okanakie s'est avérée une excellente distraction, avec sa converation mordante mais riche en repartie. Sans grande bravouer, il est néanmoins parvenu à la tirer d'un mauvais pas. Il ne sait trop s'il la recroisera, mais, puisqu'elle l'y a plus ou moins invité, il aimerait assez visiter son clan.

C'est par une bagarre de taverne que leur relation a débuté. Le mercenaire en effet, n'appréciant guère de voir ce "blanc-bec" accompagner Kellen dans un établissement à l'évidence fréquenté par divers hors-la-loi, a causé un esclandre qui n'a pas tourné comme il l'aurait espéré. Ruminant ensuite sa rancune depuis, il a par la suite de nouveau croisé le chemin du ménestrel, par un hasard malheureux, et a cette fois bien failli avoir sa peau. Mis en fuite par l'intervention salutaire d'un Torkos bienveillant, il a néanmoins juré qu'il n'en avait pas fini avec le trouvère, et ce dernier craint bien qu'il ne tienne parole...

Leur rencontre ne s'est pas présentée sous les meilleurs aupices, mais la chasseuse a néanmoins accepté de venir en aide au trouvère blessé, et même de lui offrir l'hospitalité de son clan. Les choses ont semblé s'arranger, et le ménestrel avait bon espoir de parvenir à apprivoiser la méfiance de l'okanakie, mais hélas une pique un peu trop acérée et lancée sans réfléchir eut raison de leur entente précaire. S'il n'est pas certain que sa fierté lui permettrait de le reconnaître à voix haute, il regrette aujourd'hui encore de n'avoir pas eu l'occasion de la revoir et de s'excuser durant son court séjour. Il ne peut qu'espérer qu'au moins le cadeau qu'il lui a laissé à son départ lui a plu, et qu'il est parvenu a estomper quelque peu sa rancune à son égard.