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 Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel

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Adriel Alemel
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MessageSujet: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime8/2/2015, 15:14


Lettre d'Adriel Gaudar, Secrétaire du Doyen d’Épieux, à l'attention d'Iliahys Delenol, respectée fille de la Doyenne d'Îleval

1er jour d'Automne 1650




Très chère Damoiselle Delenol,

Comme convenu lors de notre précédent entretien, je me permets d'entamer avec vous une correspondance qui sera, je l'espère, des plus productives. Vous n'êtes certainement pas sans savoir qu'à l'heure actuelle, je vous écris bel et bien du Fort d’Épieux, où j'ai été reconduit par votre Mère avant même que l'encre du dernier contrat commercial soit sèche. Bien entendu, je ne lui en tiens pas rigueur, bien que la façon dont cela fut fait n'eût guère plu au Doyen Alemel.

Ce billet semble court, et n'a pour vertu que de confirmer auprès de vous la sincérité de ma proposition. Si cela vous sied toujours, je vous propose d'échanger en toute simplicité avec moi. Nul n'est besoin de vous brusquer ou de précipiter la chose. Il me semble qu'en l'occurrence, il s'agirait d'un bien mauvais calcul. Ni nous-même, ni nos familles, ne sont prêtes à franchir ce pas, et nos devoirs respectifs envers celles-ci ne nous permet pas, j'en ai peur, de leur forcer la main.

Ne doutez cependant pas que je serai prêt à faire le déplacement à nouveau si la nécessité s'en faisait ressentir, pour l'amour d'une amitié naissante.

Les mots sont plus faciles à coucher sur le papier, Damoiselle Delenol, Iliahys, et je m'en sens comme effronté de vous proposer d'ouvrir votre cœur, non plus par la musique, comme nous le fîmes à Îleval, mais par le simple et splendide truchement de l'écriture. N'ayez crainte que le courrier soit intercepté, il est des gens de confiance encore en ce bas monde qui veilleront à ce que cela n'arrive point.

Avec toute mon affection,




Adriel Gaudar

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime14/2/2015, 18:45


Lettre d’Iliahys Delenol  à l’attention d’Adriel Gaudar, honorable Secrétaire du Doyen d’Épieux.

Cinquième jour d’automne 1650





Très cher Sieur Gaudar,

J’ai en effet eu connaissance de la manière abrupte dont vous avez eu à quitter notre demeure, et croyez bien que j’en aie été sincèrement navrée, tout comme de n’avoir pas eu l’occasion de vous saluer lors de votre départ. Je n’en suis toutefois que plus heureuse d’avoir reçu cette lettre de votre part, ainsi que de constater n’a en rien entaché vos dispositions à mon égard ; et vous sais gré de tant d’indulgence. J’espère que votre retour se sera malgré tout effectué aussi agréablement que possible étant donné les circonstances.

Je suis bien entendu de votre avis, inutile de brusquer les choses. Comme le dit l’adage, “laissons le temps au temps”. Je n’ai, de toute façon, guère de pouvoir en ces matières, comme vous ne l’ignorez sans doute pas… Je ne suis cependant guère coutumière de l’exercice épistolaire, et vous prie donc par avance d’excuser mes éventuelles maladresses ainsi que mon probable manque d’aise à me livrer ainsi sur le papier ; soyez sûr que vous n’en êtes en rien la cause, bien au contraire.

Je me réjouis par avance de ces échanges et de la perspective de vous mieux connaître. J’ai l’audace d’espérer que vous aussi en viendrez à vous ouvrir à moi à travers ces lettres, et que, peut-être, le fait de les partager avec moi saura alléger, ne fût-ce qu’un peu, les préoccupations qui sont les vôtres.

Bien à vous,

Iliahys.


Post-scriptum : Je sais que vous n’inclinez guère à suivre les partitions, mais j’ai néanmoins pris la liberté de vous joindre à ce courrier celle du morceau que j’avais joué en votre compagnie, et qui avait semblé tant vous plaire.  Je ne sais si elle se prêtera aussi bien au pianoforte, mais je ne doute pas que vous saurez l’y adapter si le cœur vous en dit. J’ai tenté de retranscrire celui que vous aviez eu la bonté de jouer pour moi, sans encore y parvenir tout à fait, mais je ne doute pas que suffisamment de persévérance en viendra à bout.

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime15/2/2015, 18:55


Lettre d'Adriel Gaudar, Secrétaire du Doyen d’Épieux, à l'attention d'Iliahys Delenol, respectée fille de la Doyenne d'Îleval

8ème jour d'Automne 1650




Très chère Iliahys,

Quelques ajustements ont effectivement été nécessaires, mais la partition que vous m'avez fait parvenir est une merveille aux oreilles, et me rappelle avec une émotion toute particulière cette matinée que nous passâmes ensemble. Douce-amère émotion, peut-être, qui n'a rien à voir avec les propos que nous avons pu échanger, et tout à voir avec la suite des événements. Je ne vous apprends certainement rien en vous disant que votre frère et moi-même [s]sommes[/s] étions bons amis, malheureusement, les circonstances ont... Il serait dommage, je crois, de gâcher cette lettre et le présent que vous m'avez fait, par le récit desdites circonstances et de ces malheurs qui furent les miens au moment de mon départ. Ou la raison de ceux-ci. Ou même... Peu importe.

Rappelez-moi donc qui est l'imbécile qui a osé proférer qu'il était plus facile d'écrire que de parler? Vous lui transmettrez qu'il se trompe sur toute la ligne, et que cela n'a de simple que l'apparence! Je ne suis pas plus expert que vous en la matière, vous en prenez, je n'en doute guère, conscience, pardonnez donc également mes maladresses.

J'ai ouï-dire que vous possédiez un compagnon à plumes qui vous était très attaché. Me parleriez-vous de lui? J'avoue ne pas véritablement comprendre la pulsion qu'ont les gens de s'attacher à un animal qui leur apporte, peut-être, un réconfort momentané, mais qui dépend d'eux et à qui ils donnent sans espoir de retour. Le milieu qui est le nôtre ne permet que rarement ce genre de luxe, et la surprise m'avait étreint lorsque j'avais eu vent de cela. Je regrette presque, désormais, de n'avoir pu le rencontrer pendant mon bref séjour. Je n'ai, pour ma part, qu'un chat blanc qui mange mes plateaux de nourriture et investit nonchalamment mon fauteuil quand le cœur lui en dit. Je crois que Valokra l'apprécie, malgré tout, car sa présence égaie les nombreuses heures où je suis contraint à l'oublier pour me concentrer sur tel ou tel dossier...


Avec toute mon affection,




Adriel

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime20/2/2015, 19:02


Lettre d’Iliahys Delenol à l’attention d’Adriel Gaudar, honorable Secrétaire du Doyen d’Épieux.
 
Treizième jour d’automne 1650

 


Très cher Adriel,
 
Je suis tout à fait navrée d’apprendre que mon frère et vous vous êtes quittés sur de mauvaises dispositions. Si je n’ai pas précisément connaissance de la relation qui a pu exister entre vous (il ne s’agit pas là d’un sujet qu’il aborde volontiers), j’avais en effet pu constater à quel point il était attaché à vous, et la bonne influence que votre présence semblait avoir sur lui.
 
Cependant, et si vous voulez bien me pardonner cette audace, je vous conjure de ne point refréner vos récits si vous ne le faites que par crainte de gâcher un courrier, ou que sais-je encore. J’aime à croire que je pourrais devenir pour vous, si bien sûr vous m’en jugez digne, une confidente autant qu’une amie, une oreille attentive et une épaule sur laquelle vous reposer, avec qui partager vos soucis pour éviter qu’ils ne deviennent un fardeau trop lourd à porter seul. Je me rends compte en me relisant que c’est fort présomptueux de ma part, et je vous prie de m’en excuser…
 
Pour revenir sur une note plus positive, et éviter d’assombrir par trop la lecture de ce courrier, il est amusant que vous m’interrogiez au sujet de mon oiseau, car c’est l’un des sujets sur lequel j’ai été questionnée par une jeune femme que j’ai rencontrée par hasard tout juste quelques jours avant de recevoir votre première lettre, et avec qui nous nous prîmes à discuter. Je n’aurais pas cru que mon cher compagnon fût si intéressant !
 
Que vous dire à son propos ? Il s’agit d’un Gris Couronné prénommé Mitts, que Père m’offrit il y a quelques années au retour de l’un de ses voyages. Je vous avouerais ne sans doute pas comprendre plus que vous ce qui m’a poussée à m’attacher à lui comme je l’ai fait, mais il vrai qu’il est pour moi bien plus qu’un simple animal. C’est une présence, presque un ami, qui me tient compagnie, m’écoute jouer du piano ou lui raconter mes petits malheurs, et sait même me faire rire. Peut-être est-ce simplement parce que j’ai toujours eu des difficultés à me lier à mes semblables, à quelques exceptions près ? Je ne saurais le dire.
 
J’espère pouvoir vous le présenter en bonne et due forme, et vous laisser vous faire votre propre idée à son sujet. Peut-être serez-vous vous-même surpris ? J’avouerais que je ne sais trop si un tel lien est susceptible de se créer avec un chat. Il se peut que ce ne soit que préjugé de ma part, les seuls que j’aie connus ici ne sont là que pour chasser les nuisibles, et ne semblent guère intéressés par la compagnie humaine, si ce n’est pour réclamer à manger…
 
Cette lettre me paraît déjà bien longue, et je crains de finir par vous ennuyer et de me perdre en digression futiles, aussi vaut-il sans doute mieux que je la termine ici, en espérant qu’elle vous trouvera bien portant, autant physiquement que moralement.
 
Bien à vous,
 

Iliahys.


Post-scriptum : Je suis heureuse que ma partition vous ait plu, et espère que la musique a su vous apporter un tant soit peu de réconfort. Je ne suis pas encore satisfaite de ma transcription de votre mélodie, mais il me semble que je progresse. Je vous l’enverrai lorsque je l’aurai terminée, si vous voulez bien me dire ce que vous en pensez.



HRP:
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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime21/2/2015, 15:00


Lettre d'Adriel Gaudar, à l'attention d'Iliahys Delenol, honorée fille de la Doyenne d'Îleval

Dix-septième jour d'Automne 1650




Iliahys,

N'ayez donc point d'inquiétude à mon sujet, je ne doute pas que la situation tendra à s'arranger, en temps et en heure, selon la volonté d'Hygérie, aussi obscure nous apparaisse-t-elle en cet instant. Je suis marri de voir que ma lettre a créé une quelconque inquiétude en votre cœur. J'en suis pourtant également étrangement satisfait. Il n'est pas peu dire que je n'ai que peu d'amis et l'expérience est à la fois nouvelle, excitante et effrayante, aussi. Je crains sans cesse que vous ne finissiez par apprendre quelque chose qui vous détourne totalement de moi, comme je le ferais moi-même si l'occasion m'en était donnée. Je me donne l'impression d'écrire un mélodrame en couchant ces lignes sur le papier, pourtant, je ne les barrerai pas. L'honnêteté est toute aussi nouvelle que l'amitié, mais je vous le dois, il me semble, si notre projet finit par aboutir.

J'espère de toute mon âme que vous pourrez vous ouvrir à moi sans arrière-pensée, comme je tente de le faire avec vous, non parce que cela semble un juste retour des choses, mais parce que vous me ferez, peut-être, et bien que je ne le mérite sans doute pas, suffisamment confiance pour cela.

Pour revenir à mon tour à un sujet plus léger, j'ai eu l'occasion d'étudier quelques ouvrages sur les Gris Couronnés, mais n'en ai jamais vu en chair en os et en plumes. Si l'occasion m'est donnée de vous visiter à nouveau, ce serait avec plaisir que je le rencontrerais. Je comprends qu'il faille parfois partager sa solitude lorsque celle-ci devient trop pesante et que la compagnie de nos semblables se fait... par trop moralisatrice. Le Doyen peut être ainsi parfois, et je ne doute pas que vous ayez vécu une expérience similaire.

J'aimerais parfois pouvoir retrouver ce sentiment. Malheureusement, je n'ai pas eu mon mot à dire lorsqu'il fut décidé qu'une Escorte me soit attribuée. Par chance, je l'ai choisie avant qu'une ne me soit imposée. Pour ne rien vous cacher, ce fut une catastrophe! J'ignorais de quelle façon la traiter, que lui dire, que lui faire faire pendant les longues heures où je suis en réunion ou en train d'éplucher un dossier. Je crains qu'elle ne m'ait pris pour un homme de peu d'intelligence plus souvent qu'à mon tour! Nous avons atteint une forme d'équilibre, pourtant, je crois, et j'espère véritablement que vous saurez apprécier sa franchise déroutante autant que moi. Possédez-vous une Escorte vous-même? J'imagine que la Doyenne trouvera cela approprié si elle décide de vous offrir en épousailles...

J'ai bien peur que ma lettre soit bien longue également. Cependant, n'ayez crainte, la lecture ne me gêne pas, et votre écriture est des plus agréables à l’œil.

Dans l'attente de votre réponse.

Avec toute mon affection,




Adriel

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime2/3/2015, 18:30


Lettre d’Iliahys Delenol à l’attention d’Adriel Gaudar, honoré Secrétaire du Doyen d’Épieux.

Vingt-deuxième jour d’automne 1650




Adriel,

Votre dernière lettre m’a plongée dans des abîmes de réflexion, je dois le reconnaître. J’en suis ressortie avec la conviction que, à moins que de découvrir subitement que je me trompe entièrement vous concernant ainsi que votre caractère (ce qui m’étonnerait fort), je ne vois guère ce qui pourrait me détourner ainsi de vous. Je ne saurais retranscrire en ces lignes l’opinion que j'ai de vous, non par pudeur mais par crainte que mes mots hésitants et maladroits n’en ternissent l’idée, mais je vous prie de croire que j’ai pour vous la plus haute estime et une affection toujours grandissante. J’ai certes bien conscience qu’il est encore bien des choses que j’ignore à votre propos, comme vous au mien, mais je crois, sincèrement, que de les apprendre ne me fera que vous en apprécier davantage encore.
Cette réflexion, toutefois, a fait naître en moi une interrogation, et j’ose croire que vous me pardonnerez de vous la poser de façon aussi directe : qu’en est-il de vous ? Est-il, de votre côté, des choses qui vous détourneraient de moi comme vous craignez que je ne le fasse de vous ? Il est des plus impertinent de ma part de vous poser cette question, je m’en rends compte, et ne saurais vous en tenir la moindre rigueur si vous refusiez d’y répondre, mais il me semblait juste de l’évoquer plutôt que de vous la cacher, ne serait-ce que par honnêteté envers vous.

Pour ce qui est de votre question, vous imaginez fort bien ; à la vérité, il y a maintenant des années que Mère insiste pour que je prenne Escorte, ce qui serait convenable à une “jeune fille de mon rang”… Elle n’est jusqu’ici pas parvenue à obtenir gain de cause, mais je crains que cela ne dure pas, au vue des événements récents… Et je dois le dire, cette idée m’effraie au-delà du rationnel ! À vous je puis l’avouer sans craindre que vous vous moquiez, mais je serais, j’en suis certaine, une bien pire catastrophe que vous ne le fûtes dans cette situation ! Enfin, en cela comme en tant d’autres choses, mon pouvoir de décision est relativement limité, et je n’ose croire que ma résistance portera ses fruits pour toujours. Serait-il présomptueux de ma part que de compter sur vos conseils, si toutefois le cas devait se présenter ? Ayant été dans ma situation, je ne vois pas meilleure personne vers qui me tourner. Mes frères ont toujours été très à l'aise avec tous les Torkos, autant nos domestiques que leurs Escortes, et ne comprendraient pas.

N’ayez, vous non plus, aucune crainte quant à l'éventuelle longueur de vos lettres, c’est pour moi un plaisir que de les lire, et j’attends toujours vos réponses avec une impatience de petite fille.

Affectueusement,


Iliahys.


Post-scriptum : Je suis finalement parvenue à retranscrire de façon satisfaisante, ce me semble, le morceau que vous m’aviez joué. Je ne sais si cela vous intéressera, mais je vous joins néanmoins une copie de la partition, dans le doute. N’hésitez pas à me faire part de votre opinion quant à la fidélité de la retranscription, si le cœur vous en dit.

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime4/3/2015, 14:48


Lettre d'Adriel Gaudar à Iliahys Delenol, respectée fille de la Doyenne d'Îleval

Vingt-septième jour d'Automne 1650




Iliahys,

A la lecture de votre lettre, une multitude de sentiments que je ne saurais tous décrire m'a traversée. Je vais malgré tout essayer, pour vous, parce que vous me l'avez demandé, et parce que vous méritez, à votre tour, mon honnêteté. La surprise, bien évidemment, fut le premier d'entre eux. Malgré la franchise pour laquelle je priais, je n'aurais imaginé que vous mettriez véritablement vos pensées à nu de telle façon. J'en fus touché, également. Cette marque de confiance est un cadeau bien plus précieux que tout ce que l'on a pu m'offrir. Je doute que vous ayez conscience du point auquel la façon dont vous me traitez est... rafraîchissante. Je ne trouve d'autre mot, malgré les nombreuses minutes que j'ai passé devant ce parchemin, la plume en l'air, à en chercher un plus approprié.

Très rarement, trop rarement, peut-être m'a-t-on offert d'être considéré comme une personne de valeur, suffisamment au moins pour croire que je mériterais d'être dépositaire de leurs états-d'âme. Vos mots, en définitive, m'ont, pour la première fois en bien trop de temps, rendu fier d'être moi. Et véritablement heureux d'avoir osé vous parler comme je l'ai fait lors de ma visite, bien que j'ai dû vous paraître bien cavalier.

Vous dites que rien ne saurait vous détourner de moi, quelles que soient les vérités que vous pourriez apprendre. J'aimerais vous croire, mais je doute, non par manque de confiance en vous, mais parce que je connais les abîmes de ma conscience, leur noirceur et leur profondeur. La seule chose dont je sois certain, à ce jour, est que je ne puis concevoir ce qui pourrait m'amener à renier notre amitié. Quand bien même fussiez-vous reniée par Hygérie que je ne vous l'enlèverais. Et si je dois rester votre dernier pilier en ce monde, ce serait avec honneur.

Peut-être ma grandiloquence vous arrachera-t-elle un sourire, mais j'espère sincèrement que le fond de mon propos le rendra tendre. Ou à tout le moins ne vous effraiera pas. Cependant, revenons-en à un sujet plus léger, si vous le voulez bien... Non que, par écrit, vous ayez le choix, à part celui, peut-être, de refermer ce courrier et de n'y plus revenir.

Concernant l'Escorte, je pense que vous me surestimez. La première quinzaine ne fut sauvée que par le Tournoi d’Été, et la suivante... Autant vous dire que ce fut un véritable parcours du combattant pour comprendre ce que j'étais censé faire. Je doute encore, mais j'ai au moins trouvé un domaine où je ne me sens pas par trop inférieur et peux lui apporter mon expertise. Peut-être la vôtre (car je ne doute pas que votre Mère rechignera à vous imposer la compagnie d'un homme, fut-il Torkos et Esclave) formera-t-elle un souhait similaire. Toujours est-il que Valokra cachait en elle un désir d'apprendre ce que la littérature pouvait lui apporter, chance qu'elle n'a pu avoir auparavant. Peut-être aucun Maître ne s'en était-il soucié jusque-là, je ne sais.

Je serais plus qu'heureux de vous faire part de ma maigre expérience, devriez-vous en ressentir le besoin. Je doute cependant que cela s'avère nécessaire, vous êtes une jeune femme pleine de ressources devant l'inconnu et l'inattendu, comme j'ai pu moi-même le constater. Et si vous deviez ressentir le besoin de vous isoler, je joins à ma lettre quelques partitions que j'ai moi-même rédigées, nées de mes dernières divagations musicales. Je forme le vœu qu'elles vous plaisent autant que m'a ravi celle que vous m'avez fait parvenir.

Avec toute mon affection,





Adriel Gaudar

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime7/3/2015, 18:15


Lettre d’Iliahys Delenol  à l’attention d’Adriel Gaudar, honoré Secrétaire du Doyen d’Épieux.

Trente-deuxième jour d’automne 1650




Adriel,

Si ce n’était certes pas mon intention en les écrivant, me contentant de les jeter sur le parchemin avec autant de sincérité qu’il m’était possible, je suis heureuse d’apprendre que mes mots ont pu vous toucher, et avoir sur vous un effet bénéfique, vous faire plaisir et même vous rendre fier. Je pense, du fond du cœur, que vous le méritez, et bien plus encore, et c’est pour moi un honneur que d’avoir pu vous apporter quelque joie.

Vous me parlez de la manière dont je vous traite, et j’avoue n’être pas bien sûre de ce que vous entendez par là. Je n’agis avec vous que de la façon qui me semble naturelle ; plus naturellement, peut-être, qu’avec quiconque, s’il me faut être honnête, et n’y vois rien de si extraordinaire. Mais puisque cela vous sied tant, je ne puis que m’en réjouir.

Si je dois reconnaître que vos lignes m’ont en effet tiré un sourire, je vous rassure, il n’avait rien que de tendre. Je suis touchée par vos mots, comme, semble-t-il, vous fûtes touché par les miens, mais je dois avouer avoir à leur encontre les mêmes doutes que vous-mêmes avez exprimés. Il semble que nous soyons en ceci semblables. Peut-être, avec le temps, la confiance et l’affection mutuelles que nous partageons sauront avoir raison de ces ombres qui nous rongent ? J’aimerais le croire…

Mais cette lettre me semble prendre un tour bien sombre, et je vous prie de m’en excuser, aussi permettez-moi de changer de sujet. Le croirez-vous ? Singulière coïncidence ou fait d’un destin joueur, j’accueillis cette Escorte dont nous discutions tout juste hier, veille de recevoir votre missive. Comme vous l’aviez supposé, il s’agit en effet d’une femme, mais je ne sais si cela me met plus ou moins mal à l’aise que s’il se fût agit d’un homme.

J’ai dû, sans doute, lui paraître bien sotte et maladroite, mais ce premier contact ne fut pas aussi catastrophique que ce que j’avais pu craindre, principalement car elle se trouve être des plus gentilles et prévenantes à mon égard. Nous saurons nous entendre, je crois, à défaut peut-être de nous comprendre. Elle me semble d’ores et déjà tout à fait dévouée envers moi, mais je soupçonne que ce soit davantage en raison de mon statut que de la personne que je suis, et qu’elle ignore encore, et je crains fort de la décevoir. Je n’ai jamais brillé en matière d’autorité, ni même de prestige, et je serais navrée qu’elle découvre que je ne suis, en fin de compte, pas la hauteur de ses attentes…

Je ferai de mon mieux cependant ! Et je crois que sa bonté saura me pardonner quelques faux-pas.  Je lui ai proposé de s’occuper, sur le vaste temps libre qu’elle aura sans aucun doute, des chevaux que nous possédons, ce qu’elle a semblé apprécier, mais j’ai pour la part la désagréable impression de l’exploiter au-delà du rôle qui lui est attribué… C’est elle-même qui a exprimé le désir de se rendre utile, toutefois, et j’ai fort conscience qu’assurer ma sécurité, entre ces murs où je passe mon temps, soit une tâche des plus ennuyeuses… Croyez-vous que ce fût un abus de ma part que de lui assigner cette tâche supplémentaire ?
Elle a également mentionné ne pas savoir lire, sans que je sache trop si elle souhaite apprendre ou s’il s’agissait purement de m’en informer… Dans le doute, et bien que je n’en aie pas encore eu l’occasion, j’envisageais de lui proposer de prendre des leçons, et ce que vous m’écrivez me conforte dans cette idée. Je lui en parlerai dès que possible.

Je ne saurais vous remercier assez du soutien que vous m’apportez dans ce domaine. Cela pourra vous sembler peu, sans doute, mais c’est pour moi d’une grande aide que de pouvoir simplement vous en parler, et de recevoir les quelques conseils que vous pourrez, et avez déjà su, m’apporter. Si je ne me sens, finalement, pas entièrement désemparée dans cette situation, c’est à vous que je le dois.

Comme vous le devinez certainement, cette agitation ne m’a pas permis de profiter des partitions que vous m’avez envoyées, mes premières minutes de calme étant dédiées à la rédaction de ce courrier, mais j’ai grand hâte de pouvoir les découvrir.

Vous remerciant encore, pour tout, et avec toute mon affection,


Iliahys.




Lettre d’Iliahys Delenol  à l’attention d’Adriel Gaudar, honoré Secrétaire du Doyen d’Épieux.

Trente-troisième jour d’automne 1650




Adriel,

Ce billet croisera peut-être votre réponse à ma dernière lettre, à moins que vous ne les receviez en même temps, je ne sais. J’espère que vous saurez pardonner cette impatience, mais je ne pouvais attendre de recevoir votre réponse pour vous entretenir de ce qui va suivre.

J’ai eu ce jour d’hui une conversation avec Mère (ou plutôt devrais-je dire qu’elle l’a eue avec moi, tant je n’ai guère parlé et n’ai fait qu’écouter…) durant laquelle elle m’a annoncé avoir “décidé”  (je ne sais ce qui l'a poussée à ce revirement, mais je ne doute pas qu’il ait une raison…) de, finalement, me laisser choisir par moi-même celui qui sera mon époux.

Je m’en viens donc vers vous, pour vous demander humblement si vous accepteriez de me faire l’honneur d’être celui-ci.  Les circonstances, j’en ai bien conscience, sont différentes de celles qui furent évoquées lorsque vous me fîtes votre proposition, mais, puisque le choix m’est donné, je ne saurais imaginer meilleur prétendant.

Je n’attends, bien sûr, pas de réponse immédiate de votre part. Je vous prie de prendre le temps qu’il faudra pour réfléchir autant que nécessaire à cette décision d’importance. Je n’espère de votre part, pour l’heure, que confirmation que vous avez bien reçu ce billet. Je dois toutefois à l’honnêteté de vous faire savoir que l’offre qui me fut faite est assortie d’une condition : je me dois d’annoncer ma décision d’ici l’hiver, sans quoi cette liberté me sera, je le suppose, retirée.

Je me rends soudain compte à quel point cette lettre peut sembler froide, et j’espère que vous saurez m’en pardonner. Je vous prie de croire que je vous fais cette demande, non par défaut ou désespoir, mais au nom de l’affection, réelle et sincère, que je vous porte.

Sachez également que je ne saurais vous tenir rigueur d’un refus de votre part, quelles qu’en soient les raisons. Ce que nous partageons m’est cher et ne saurait être entaché par ces considérations, et mon amitié vous est accordée quoi qu’il en soit. Si je me permets de vous demander cette faveur, je tiens à ce que vous ne vous sentiez contraint en rien, et que votre réponse, quelle qu’elle soit, soit donnée librement et avec toute la sincérité possible.

Vous pardonnerez de cette lettre, je l’espère, tant l’audace que la confusion. Je vous écris sitôt après le départ de Mère, et, encore sous le coup de l’émotion, les mots me sont difficiles à trouver.

Dans l’attente de vos nouvelles,


Iliahys.

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime13/3/2015, 21:19


Lettre d'Adriel Gaudar à Iliahys Delenol, respectée fille de la Doyenne d'Îleval

Trente-septième jour d'Automne 1650




Iliahys,

D'avance pardonnez mon écriture, moins précise et lisible qu'à l'ordinaire, mais un incident me force ce jour à utiliser ma main faible pour rédiger cette missive. Rien de grave, ne vous inquiétez donc pas. De la même façon, même si l'attente interminable de ma réponse est inexcusable, je vous prie malgré tout de le faire, car il est, sinon justifié, au moins parti d'une bonne raison.

Les derniers jours ont effectivement été passés, de mon côté, à tenter de convaincre le Doyen Alemel de la pertinence d'une alliance avec la famille Delenol malgré le scandale qui touche votre île. Je suis navré d'être aussi cru dans mes propos, mais je ne vous cacherai pas, je crains que le Doyen ne soit pas homme à mâcher ses mots et qu'il vaille donc mieux vous transmettre ici la teneur de son propos. Les discussions furent des plus pointues, et son opinion de Samaël n'est pas des meilleures. Les répercussions que cela pourrait avoir vis-à-vis du Mâss l'ont, je dirais, un peu effrayé. Il considère après tout qu'en tant que membre de la famille, je ne devrais pas véritablement avoir le choix de mes propres alliances. Sur ce point, je n'étais certainement pas plus libre que vous.

Bien évidemment, vous avez certainement compris ce que je souhaitais vous dire, mais il me semble en cet instant plus pertinent de l'écrire noir sur blanc. Je ne saurais même concevoir de vous refuser ce jour ce que je vous ai moi-même proposé dans l'intimité de votre salle de musique. Ce en serait pas correct, d'une part, et d'autre part, les échanges que nous avons eus n'ont fait que confirmer que je ne saurai trouver une partenaire qui me conviendrait mieux. Car si le nom de mariage ou d'épousailles convient à la société ce n'est pas ce que j'imagine pour nous. Peut-être est-ce présomptueux de ma part, ou vexant pour vous, et je ne saurais trop me flageller si je devais vous blesser par mes mots.

J'embrasse l'espoir que nous puissions rester amis, en apprenant à nous connaître plus encore, et que nous devenions, effectivement, partenaires. Je ne vous offre nul romantisme et nul amour au sens classique du terme, simplement le respect que j'espère mutuel. Il s'avère qu'en définitive, je réponds à votre proposition par une autre, plutôt que par un mot franc et final, mais j'espère une fois encore que vous ne m'en voudrez pas. Cela fait beaucoup à pardonner, j'en suis conscient, mais je n'en espère pas moins vous toucher, malgré ma maladresse que vous connaissez déjà et qui n'est pas moins que légendaire ici.

En un mot comme en cent, puisqu'il me faut être clair et concis, je serai plus qu'honoré si vous acceptiez de m'épouser, Iliahys. Les détails sordides du contrat, quant à eux, seront très certainement négociés entre les Doyens, et par mon propre truchement, en ma qualité de Secrétaire particulier. Je ne manquerai pas de vous en tenir informée lorsque ceux-ci nous concerneront directement, comme pour la production d'un héritier. Tout est possible, j'en ai peur.

Si vous veniez à avoir connaissance de dates qui vous conviendriez, informez-m'en, je vous prie. L'organisation dans la rude et triste ville d’Épieux n'est jamais aisée. De la même façon, si vous deviez avoir des préférences quant à vos futurs appartements, faites-m'en part. Tout ceci semble si concret que c'en est terrifiant, et j'espère que vous ne trouvez pas trop prétentieux de ma part d'imaginer que vous viendriez me rejoindre ici, plutôt que l'inverse.

Dans l'attente de votre réponse à ma confuse lettre.

Affectueusement,


P.S: Vous ne dépassez absolument pas vos prérogatives en lui proposant de passer le temps en s'occupant de vos écuries, d'autant plus si elle avait l'air enthousiaste à cette idée. Peut-être apprécie-t-elle particulièrement les chevaux? Et très sincèrement, elle sera mieux occupée qu'à devoir traîner telle une âme en peine dans les couloirs de votre demeure.




Adriel

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel   Correspondance entre Iliahys Delenol et Adriel Alemel Icon_minitime10/4/2015, 17:27


Lettre d’Iliahys Delenol à l’attention d’Adriel Gaudar, honoré Secrétaire du Doyen d’Épieux.

Quarantième jour d’automne 1650




Adriel,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour la promptitude de votre réponse, que je n’espérais pas si tôt. Si j’ai été agréablement surprise de recevoir si tôt des nouvelles de vous, je ne saurais vous décrire mes sentiments en lisant le contenu de votre missive, et votre réponse positive. Les mots me semblent bien légers pour vous exprimer ma joie et ma gratitude, quoi que je regrette du fond du cœur que ma requête vous ait mis en si délicate situation auprès du Doyen Alemel. Je ne puis que souhaiter que cette situation ne vous nuise pas, ni dans votre position, ni dans votre relation avec le Sieur Doyen.

Je comprends, bien sûr, ses réticences à mon propos, et ne vous en suis que d’autant plus reconnaissante d’avoir eu le cœur de plaider ma cause avec suffisamment de ferveur pour le convaincre. Une fois encore, les mots me manquent. J’espère de tout cœur me montrer digne de la faveur et de la bienveillance que vous ne cessez de montrer à mon égard.

Vous craignez présomptueux ou vexant dans votre manière de qualifier notre union, mais je puis vous assurer que vous ne l’êtes aucunement. Nous avons, me semble-t-il, été chacun franc et sincère l’un envers l’autre concernant cette relation, sans chercher à nous tromper ni à nous bercer d’illusion, et je ne crois pas me fourvoyer en affirmant que nos attentes, autant que nos sentiments, se rejoignent. Il est des tendresses qui se passent de romantisme, et s’il est peut-être présomptueux de ma part de penser que c’est en partie ce qui nous unit, je ne doute pas que cette amitié sincère que nous partageons soit une base infiniment plus solide pour l’union d’une vie que les chimères d’une passion éphémère.

Mais je m’égare quelque peu, je crois, et je vous prie de m’en excuser. Peut-être ferais-je mieux de m’en tenir à des considérations plus prosaïques.

Parlons de dates, donc. À ce sujet, je n’aurais qu’une sollicitation, qui concerne les démarches de négociations que vous évoquiez justement. Comme vous ne l’ignorez sans doute pas, le procès de mon frère arrive à grand pas, et s’ouvrira ce soixantième, aussi me semblerait-il bon, si cela est évidemment possible, qu’elles attendent qu’il soit terminé. D’une part, par respect et bienséance, mais aussi, plus égoïstement, car je me permets de ne pas douter que Samaël sera réinstauré dans ses fonctions. Or, si j’ai bien sûr toute confiance en Mère, je me dois d’avouer que c’est à lui que je préfèrerais m’en remettre pour parler en mon nom.

En ce qui concerne le reste de l’organisation, je me tiens entièrement à votre disposition, ce qui vous conviendra sera parfait pour moi. Je ne doute pas du surplus de travail qu’une telle organisation ne manquera pas de vous apporter, aussi je vous prie de me faire savoir si je puis vous y aider en quoi que ce soit, et de ne surtout rien précipiter. Ne voyez pas dans ces mots une tentative de repousser l’échéance, mais simplement le souci de vous ménager autant que faire se peut, ce que je vous crois prompt à négliger.

Il n’est bien sûr en rien prétentieux de votre part de considérer que je viendrai vous rejoindre ; je n’avais moi-même pas imaginé qu’il en fût autrement, et ne saurais prétendre vous faire quitter votre fonction quand rien de tel ne me retient ici. Puisque vous avez la bonté de me demander mes préférences, je me permets de vous soumettre humblement trois requêtes, dont je vous laisserai juger de la faisabilité. Premièrement, et sans doute la plus raisonnable, j’aimerais bien sûr amener avec moi mon Escorte. Elle a précisé préférer être logée à proximité de mes appartements lors de son installation ici, mais ce ne sera bien sûr pas un problème si elle doit être installée dans le quartier des domestiques. Ensuite, je dois avouer qu’il m’attristerait fort de devoir abandonner Mitts ici. Il a pour habitude d’avoir une pièce à lui, mais s’accommodera, j’en suis sûre, de demeurer avec moi s’il m’est permis de l’amener. Enfin, et indéniablement la plus exubérante, il me ferait fort plaisir de disposer de suffisamment d’espace pour pouvoir déménager avec moi la bibliothèque que je me suis confectionnée ici, et qui occupe la majeure partie de mon temps.

J’ai conscience, bien sûr, de vous demander beaucoup, aussi n’appuierai-je jamais assez que je ne pose ces lignes qu’à titre purement informatif, dans le cas où il serait en votre pouvoir de m’accorder ces faveurs. J’ai, en réalité, besoin de bien peu, et me satisferait fort bien de ne même que partager vos appartements, aussi je vous prie de ne vous point mettre martel en tête si toutefois vous ne pouviez accéder à l’une, l’autre, ou même chacune de ces requêtes, ni de vous causer de tracas supplémentaire pour elles, alors que vous avez déjà tant fait pour moi.

Je suis navrée de vous savoir blessé, et s’il est dans ma nature de m’inquiéter de ces chose, je ne puis, en l’occurrence, que vous faire confiance quand vous m’affirmez qu’il ne s’agit de rien de grave, et vous souhaiter le plus prompt des rétablissements.

Cette lettre, je le crains, est plus confuse encore que la précédente, mais je n’avais pas la patience d’attendre d’avoir l’esprit plus serein après toutes ces nouvelles avant que de vous répondre. Je ne doute pas que, dans l’incessante mansuétude que vous montrez à mon égard, vous saurez encore m’en pardonner.

Avec toute mon affection et ma reconnaissance,


Iliahys.

Post-scriptum : Azakahra semble en effet fort apprécier travailler aux écuries, et s’épanouir auprès des chevaux, dont elle s’occupe à merveille. Votre dernière lettre m’a également rassurée à ce propos, et je vous en remercie. Je lui ai également proposé de lui trouver un précepteur pour lui enseigner la lecture et l’écriture. Elle a accepté, mais je ne sais trop si c’est par inclination personnelle, ou parce qu’elle craignait de me déplaire en refusant… Notre relation me semble s’améliorer, toutefois, et je crois commettre quelque peu moins de maladresses. Merci encore pour tous vous conseils.


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