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| La brute et le truand à la recherche du bon... [PV Rhaas & Rosemary] | |
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InvitéInvité
| Sujet: La brute et le truand à la recherche du bon... [PV Rhaas & Rosemary] 22/3/2015, 19:10 | |
| Comme Belhovre avait changé depuis son départ ! La cité, autrefois si pleine de vie et vêtue de couleurs chatoyantes, semblait désormais bien terne. Ses parures d'or et d'argent s'étaient envolées, de sorte que la ville n'avait plus que la brume pour cacher sa nudité. De revenir ici, Rhaas s'en trouvait triste, mais cette tristesse, elle s'y était habituée de sorte qu'elle pouvait l'ignorer sans trop de difficulté. La peine lui tenait compagnie depuis de nombreux jours déjà. Parfois, l'Escorte avait le sentiment que sa confiance et son moral n'étaient que plus bas depuis qu'elle avait quitté l'autre ville jumelle mais ce devait être une illusion. Après tout, la chance lui avait sourit : au port d'Îleval, des marins avaient pu la renseigner sur ceux qu'elle cherchait à rattraper. La piste menue qu'elle redoutait de voir disparaître avait alors été éclairée par un regain d'espoir. On lui avait conseillé – après qu'elle ait « poliment » insisté pour récupérer cette information – les services d'un informateur à Belhovre, et Rhaas s'était remise en route sans tarder.
Depuis combien de temps courrait-elle après un fantôme ? Difficile à dire. A la fureur avait succédé la détermination, puis le désespoir, et la solitude en avait profité pour s'installer au creux de ses côtes comme une vieille ennemie. Mais les choses étaient différentes aujourd'hui : la piste était plus vivace que jamais, et Rhaas sentait qu'elle touchait au but. Chaque jour, la distance entre elle ceux qui lui avaient arrachée son amie s'amenuisait. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que la Torkos ne mette la main sur ces criminels, qui avaient décidément mal choisi leur cible. Les nuits dernières, Rhaas s'était surprise à imaginer le sort qu'elle réserverait à ces hommes. Et dire qu'elle pensait avoir peu d'imagination...
Il était tôt, et l'océan charriait une chape de brume épaisse dans les rues de la ville. On n'y voyait guère plus loin qu'à trois mètres devant soi, mais l'heure était suffisamment peu avancée pour que Rhaas puisse se mouvoir sans percuter qui que ce soit : les rues étaient presque désertes. Hormis quelques messagers et domestiques, elle ne croisa personne. De toute manière, la jeune femme n'aurait pas toléré être retardée. Après que les marins d'Îleval lui aient suggéré de prendre contact avec l'informateur de Belhovre, Rhaas s'était hâtée de suivre leurs conseils. Apparemment, la renommée de cet homme transcendait les mers : la Torkos n'avait pas eu trop de mal à trouver le moyen d'entrer en contact avec lui. Ou plutôt : à obtenir une entrevue avec lui grâce à l'ami d'un ami d'une connaissance qui le connaîtrait... ces choses là étaient rarement simples, d'autant plus qu'on n'avait pu lui offrir le moindre nom. Les marins avaient seulement pu affirmer qu'il s'agissait d'un informateur très capable, efficace et discret. Et visiblement, aucun savoir ne lui échappait. Cela lui avait suffi. Une piste était une piste, et l'on ne pouvait raisonnablement en juger tant qu'on ne l'avait pas essayée, non ? De cette manière son contact avait pu soumettre sa requête à l'homme en question, ainsi que les quelques informations dont elle disposait. Il ne lui avait fallu que quelques jours pour recevoir une réponse : l'informateur était prêt à la rencontrer pour lui livrer tout ce qu'il savait, moyennant finance. Par chance, Rhaas n'avait pas eu la tête à faire les boutiques, et sa bourse était encore joliment pleine. Il restait à espérer que cela suffirait à cet homme si mystérieux...
Ils s'étaient donné rendez-vous dans un bar que la jeune femme connaissait pour y avoir déjà mis les pieds une fois : le jour où sa maîtresse, Eden, l'avait achetée sur le marché. Première rencontre, premiers coups de poings, première dispute. Rhaas se souvenait bien des lieux, ainsi que du barman, un certain Néo. Elle se rappelait comment il l'avait observée démolir ses clients. Mais elle n'autorisait pas ses souvenirs à revenir la troubler, l'affaiblir. Hors de question de tout faire rater. Elle était si proche de la fin ! Rhaas devait se faire violence pour garder un pas mesuré et ne pas courir. Comme toujours, elle refusait de laisser ses émotions la trahir – il était bien facile de jouer avec ceux qui se laissaient conduire par leurs passions.
La porte de l'établissement grinça désagréablement quand elle entra. Tapant des talons sur le pas de la porte, moins par habitude que pour se donner le temps d'observer les lieux, Rhaas laissa son regard survoler l'unique pièce. Le barman – ce n'était pas Néo – essuyait un verre à la propreté douteuse, à l'aide d'un chiffon qui n'avait guère l'air plus propre. Un homme ronflait à demi affalé sur le comptoir. L'unique autre occupant des lieux était une silhouette à moitié dans l'ombre, dans un coin mal éclairé. Comme Rhaas savait avoir un peu de retard, elle marcha jusqu'à cet homme, persuadée qu'il s'agissait de l'informateur en question. Mais alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour se présenter, elle fut interrompue par la vue de longs cheveux blonds qui tombaient sur les épaules de l'individu. Intriguée, elle prit le temps de dévisager l'informateur, qui se révéla finalement être une informatrice – ou alors il cachait bien son jeu. Rhaas aurait pu penser s'être trompée : après tout, son homme n'était peut-être pas encore arrivé. Mais il y avait un petit quelque chose chez cette Mésorianne qui l'intriguait, et lui fit comprendre qu'il s'agissait bien de la personne avec qui elle avait à faire. Une intuition...
Détendue, Rhaas tira une chaise et s'installa face à la jeune femme sans la quitter du regard. Elle prit le temps d'ôter sa cape de voyage et de l'accrocher au dossier de son siège, avant de la saluer :
« Hok à toi. » Ce n'était pas le salut Mésorian, mais Rhaas avait l'habitude de saluer tout le monde de la sorte, qu'il s'agisse de l'un de ses semblables, d'un Okanaki ou de l'une de ces grandes personnes au visage pâle. « Mon nom est Rhaas Ankarüg, c'est moi qui t'ai contactée. »
Sans mentir, la jeune femme ajouta :
« Je m'attendais à quelqu'un d'autre. Mais ce n'est pas plus mal. »
Puis, ne pouvant dissimuler son empressement, l'Escorte ajouta, croisant les bras sur sa poitrine pour éviter d'avoir l'air trop tendue :
« As-tu trouvé quelque chose ? » |
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| Sujet: Re: La brute et le truand à la recherche du bon... [PV Rhaas & Rosemary] 29/3/2015, 09:33 | |
| Le matin était un instant privilégié dont la magie solitaire cueillait toujours Rosemary. Elle s'était accordé quelques flâneries avant d'atteindre son but, seule au milieu du port d'habitude si bruyant : dans ces instants précieux, on aurait dit qu'une tornade avait balayé toute vie et qu'elle seule restait encore debout. Dans ces moments, le petit monde des quais de Belhovre lui appartenait totalement : quelques rats effrayés avaient filé à son approche, mais c'était bien là la seule vie qui osait encore se manifester.
L'air frais l'avait revigoré et lui avait permis de se réveiller tout à fait : les nuits étaient toujours longues pour elle, puisqu'elle les passait en compagnie des marins et autres matelots avinés que le vin semblait préserver plus que de raison. Elle les accompagnait souvent mais savait pertinemment à qeul verre elle devait s'arrêter, ce qui n'était jamais le cas de ses compagnons. La soirée de la veille avait été une de celle où l'on se lance un défi, et où les verres aidant, on finit par en oublier le but pour se contenter de boire jusqu'à plus soif. Un sourire lui échappa alors qu'elle se remémorait la chute prodigieuse d'un de ses amis, qui avait entrepris l'escalade de l'escalier du bar, non pas sur ses pieds mais sur ses mains. Il y avait eu un de ces instants de flottement paradisiaque où tout peut arriver.... mais où seul le pire est permis.
Installé à cette table, devant un verre aussi sale que ses propres souliers maculés des immondices du port, elle attendait sagement. Contrairement à ses sources d'informations habituelles, elle avait cet avantage de ne pas avoir besoin d'énormément d'heures de sommeil : aussi était-elle toujours la première debout, et la plus alerte pour répondre aux demandes de ce genre. D'ailleurs, la personne qui avait demandé à la voir l'intriguait : on lui avait évoqué une beauté étrange mais froide et arrogante. Les termes choisis avaient été singuliers : l'homme qui lui en avait parlé avait semblé.... subjugué. Voire ensorcelé. Or seule les sirènes constituaient un danger pour les marins.
Quel genre de sirène allait-elle rencontrer ce matin ?
Ses doigts tapotèrent le verre et elle ne releva la tête qu'en entendant le bruit de la porte d'entrée. Ce qui s'avança alors vers elle était encore plus ensorcelant que tout ce qu'on avait pu lui dire. Elle occulta la démarche chaloupée – après tout, la meilleure des prostitués était capable d'envoûter un homme rien qu'en marchant vers lui – et la tenue rigide pour ne se concentrer que sur ce visage d'ébène qui reflétait une rigidité comme elle en avait peu vu dans sa vie. Cela fit instinctivement naître un petit sourire narquois sur son visage : elle admirait secrètement ces personnes capable d'offrir un tel masque au monde, elle-même en étant parfaitement incapable. Elle avait toujours pensé que son propre sourire était une forme de lâcheté timide, qui lui permettait d'esquiver les face à face trop robustes.
Elle hocha la tête au salut de la jeune femme avant de sourire de plus belle à sa remarque. Cette Torkos aurait largement pu mener la conversation comme elle l'entendait, ne serait-ce qu'avec cette phrase qui donnait l'impression à Rosemary d'être un imposteur, mais elle gâchait toutes ses chances avec sa question empressée. En vivant sur les quais, aux côtés de tous ces marins, on finissait par adopter leur philosophie : seul le vent était maître de la vitesse et de l'avancée. Autrement dit, en essayant de forcer les choses, on s'essouflait en vain. Cette femme n'attendait pas, elle fonçait : cela faisait trop d'année que la jeune Mésorianne cherchait sa propre famille pour savoir que peu importe la vitesse à laquelle on posait les questions, la réponse ne venait qu'en temps voulu.
Elle reprit son verre, aussi dégoûtant soit-il, et le porta à ses lèvres pour en boire une gorgée. Etrangement, les boissons de ce bouge étaient encore pires le matin qu'en soirée, comme s'il leur fallait la journée toute entière pour calmer leur aigreur. Réprimant une grimace, elle secoua la tête et reposa le verre, faisant délibérément attendre la Torkos.
« Je vous commande un verre ? » lâcha-t-elle d'une voix rendue légèrement rauque à cause de l'acidité de la boisson. « Ils sont fameux ici. »
Cela dit, leur célébrité ne venait que du fait qu'étant atroces à boire, il vous permettaient de rester éveillé un peu plus longtemps que les autres boissons. Et donc de prolonger les grandes soirées de retour au port.
Machinalement, elle leva la main vers le tavernier, ignorant à demi la réponse de la Torkos : si cette dernière n'en voulait pas, Rosemary en aurait quant à elle besoin pour la suite des évènements.
« Pourquoi cherchez-vous ces hommes ? » demanda-t-elle brutalement, sans même la regarder, ses yeux toujours dirigés vers le tavernier qui remuait lentement. « Et répondez-moi franchement s'il vous plaît : pas besoin de jouer aux prudes avec moi. » |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: La brute et le truand à la recherche du bon... [PV Rhaas & Rosemary] 13/4/2015, 11:01 | |
| Rhaas ne pouvait s'empêcher d'être un peu décontenancée par l'attitude nonchalante de son interlocutrice. En venant à sa rencontre, la Torkos s'était attendue à rencontrer un homme rusé et fouineur, comme la plupart des informateurs qu'elle avait déjà eu l'occasion de croiser. Pas très honnêtes, un peu espions sur les bords, et surtout trop doués pour écouter aux portes pour qu'on puisse leur faire confiance. Ainsi Rhaas était-elle surprise de se trouver face à une jeune femme d'à peu près son âge, aux cheveux bien peignés et au regard où brillait l'intelligence.
Le temps de reprendre contenance, l'Escorte ne put que rendre son regard à la Mésorianne. Celle-ci lui souriait, vaguement amusée de son empressement. Rhaas comprit le reproche dissimulé lorsque l'inconnue prit la liberté de lui commander un verre. Elle ne put que serrer les dents, s'efforçant de retenir son agacement. S'il y avait bien une chose que Rhaas détestait, c'était qu'on lui demande d'attendre. Surtout quand la situation était aussi pressante. Néanmoins, comme cette femme était son seul espoir, elle ne put que ronger son frein. Quand son interlocutrice vanta les mérites de l'alcool de l'établissement, Rhaas se força à sourire froidement en répondant tout de même :
« Volontiers ! J'ai toujours eu un faible pour la pisse de... Merci. »
Elle abandonna la fin de sa remarque acerbe, espérant que ce simple remerciement suffirait à faire oublier ce début de phrase catastrophique. Cela lui demanda un effort surhumain. Sous la table, sa botte tapotait le parquet à un rythme régulier, sans qu'elle ne s'en rende compte. Poc. Poc. Poc.
Puis vint la question qu'elle redoutait : pourquoi ? Pourquoi rechercher ces hommes ? Ce n'était pas la première fois qu'on lui manifestait une telle curiosité, mais Rhaas espérait bien que ce serait la dernière. Tous ceux qu'elle avait sollicité lui avaient reproché sa hargne et sa détermination, qui passait ici pour un entêtement irrationnel. Rhaas avait appris à ignorer ces remarques : son but lui apparaissait clair et distinct, et c'était tout ce qui comptait. Peu importaient les médisances de rustres corniauds qui ne comprenaient pas tout ce qu'elle avait perdu. Tout ce qu'elle cherchait à récupérer coûte que coûte. La plupart des informateurs que Rhaas avait pu rencontrer se contentaient d'échanger leurs indices contre une bourse bien pleine. Mais de toute évidence, celle-ci n'était pas du même acabit que les autres. L'Escorte songea un instant à l'envoyer bouler, répliquant que cela ne la concernait pas et qu'elle ne la payait pas pour poser de telles questions. Mais le risque était trop grand : cette femme pouvait tout aussi bien prendre la mouche et ne pas lui donner les informations qu'elle attendait. Mieux valait se plier à quelques-uns de ses caprices. Par chance, le retour du tavernier lui offrit quelques secondes de répit : l'homme déposa le verre sur la table, et Rhaas s'obligea à tendre la main vers lui.
L'idée de boire cet alcool à l'allure douteuse ne l'enthousiasmait pas particulièrement, mais Rhaas savait que les échanges se passaient plus facilement quand les deux interlocuteurs étaient sur la même longueur d'ondes. Afin de montrer sa bonne foi, elle trempa ses lèvres dans le breuvage trouble, réprimant une grimace. La jeune femme avait été trop longtemps habituée à consommer les meilleurs vins de Belhovre aux côtés de sa maîtresse, de sorte que le retour à la dure réalité des choses était un peu brutal.
Comprenant qu'elle n'échapperait pas à la question de son interlocutrice, Rhaas grommela quelque chose d'indistinct. La boule qui lui nouait le ventre grossit douloureusement, et elle croisa inconsciemment les bras devant elle, comme pour s'en protéger.
« Ils ont volé quelque chose qui m'appartenait. »
C'était peut-être présenté de manière cavalière, mais après tout, était-ce si loin de la vérité ? Rhaas ne souhaitait pas s'étendre sur la nature de la chose que ces types lui avaient prise. Elle était trop près du but pour se permettre d'être perturbée par le souvenir d'Eden. Or, mentionner son nom, c'était accepter d'être vulnérable.
« Ça fait déjà plusieurs dizaines de jours que je suis à leur recherche, j'ai suivi plusieurs pistes, la plupart n'ont mené à rien. Mais je suis décidée à retrouver ces salauds. Et à leur faire payer. »
Osant relever la tête, Rhaas croisa le regard intrigué de la Mésorianne. Comprenant qu'elle y était peut-être allée un peu fort, l'Escorte détourna les yeux en humectant ses lèves sèches. Peut-être avait-elle besoin de ce verre, finalement. Après en avoir avalé une gorgée, la jeune femme haussa une épaule, comme si ça suffisait à tout expliquer :
« Je n'aime pas qu'on touche à mes affaires. Ces types sont fous s'ils pensent pouvoir m'ôter quelque chose d'aussi précieux sans que je réagisse. J'essaie simplement de le récupérer, c'est tout. »
Par Bersok, pour quoi passait-elle à nouveau ? Une guerrière assoiffée de vengeance, probablement. Rhaas réalisé tout à coup qu'elle s'en fichait pas mal. On pouvait bien dire d'elle tout ce qu'on voulait, l'Escorte sentait qu'elle touchait au but de son périple. Qu'on la traite de brute sanguinaire, de meurtrière sans morale, de bête sauvage, peu importe. Tout ce qu'elle voulait, c'était mettre la main sur ces bandits, leur trancher la gorge, et serrer Eden dans ses bras. Tout le reste n'était que de peu d'importance. Et la concrétisation de ses espoirs reposait désormais sur ce que cette Mésorianne accepterait de lui révéler.
« Je suis prête à tout pour ça. »
Rhaas réalisa après coup que ses paroles pouvaient représenter une certaine menace pour son informatrice. Mais il était trop tard, le mal était fait. La jeune femme ne put que rendre son regard à son interlocutrice, attendant une réponse de sa part. |
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