Cela faisait seulement quelques jours qu’Elkrin était partie de Belhovre, et qu’elle avait quitté la demeure de ses anciens maîtres ainsi que ses proches. Elle avait marché vers le sud, se nourrissant des provisions emportées, et dormant à l’écart des villages, dans des cabanons abandonnés, où elle s’était installée des tas de paille ou de feuilles pour dormir confortablement.
Par la suite, elle était arrivée à la lisière d’une forêt. Elle était forcée de choisir cette voie pour accéder au sud de l’île jumelle, où elle espérait trouver un moyen de franchir la mer courbée, pour atteindre l’île d’Opale. Elle en avait longée la bordure vers l’ouest trois jours durant, car elle voulait marcher en forêt le moins de temps possible, en passant par la partie la plus mince.
Elle avait dormi à l’orée de cette forêt dense, nichée contre un arbre doté d’un large tronc creux.
Le matin, elle s’était levée et s’était enfoncée dans les épais feuillages.

   Elkrin ne savait plus depuis combien de temps elle marchait. Cachée par les hauts arbres, la lumière du soleil ne lui parvenait que partiellement, il lui était donc impossible de deviner approximativement à quel moment de la journée elle se trouvait. Parfois, il lui semblait passer plusieurs fois au même endroit.
   Depuis le début de son périple, elle avait adoré marcher. Respirer l’air à pleins poumons, sentir différentes odeurs, apercevoir des animaux qui lui était inconnus. Cependant, peu de temps après s’être engouffrée dans la forêt, elle avait senti l’appréhension l’envahir. Prendre des repères dans un tel milieu lui paraissait complètement impossible, elle qui n’avait qu’à suivre les indications dans les rues de Belhovre, ou consulter la fiche de route donner par Liselle pour arriver à l’entrée de la forêt.
Or, dans cet endroit ou chaque arbre ressemble à un autre, elle se sentait peu à peu perdre ses repères. Il lui sembla marcher encore longtemps, lorsqu’épuisée, elle se laissa tomber sur une pierre. Elle se sentait perdue. Elle sanglota longuement, puis, elle pensa aux efforts de son père et de Liselle. Elle faisait tout ça pour avoir une vie meilleure, et elle devait continuer d’avancer. Elle frotta ses yeux pour en ôter les larmes, et se remit en marche.

Soudain, il lui parut entendre des bruits de pas non loin d’elle. Elle tendit l’oreille, et créa un léger bruissement lorsqu’elle écarta quelques branchages pour tenter d’apercevoir qui se trouvait ici. Elle distingua alors, parmi les feuillages, une femme tatouée, aux aguets. Elkrin, assez indécise, attendit de voir si elle avait été repérée.

Elkrin se figea lorsqu'elle aperçut la flèche pointée en sa direction. Mais quand celle-ci se baissa, elle compris qu'elle avait été confondue avec du gibier.
Elle poussa les branchages et sortit. Elle observa la jeune femme. Apparemment plus petite qu'elle, les yeux légèrement teintés de vert, Elkrin en était presque sûre, devant elle se trouvait une Okanakie. N'en ayant jamais rencontré, Elkrin ne connaissait rien de ce peuple. C'était la première Okanakie qu'elle rencontrait et cette jeune femme paraissait tout à fait bienveillante. Ne se fiant qu'à son instinct, Elkrin s'approcha, et, fidèle à son éducation, commença par se présenter :

"Excusez-moi si je vous ai effrayée, je m'appelle Elkrin Selrok."

Lorsque l'Okanakie lui demanda si tout allait bien, Elkrin ne dévoila rien. Elle ne voulait pas parler de tout ce qui lui était arrivée ces deux dernières semaines. Pas à une inconnue.

"Oui, mais tout va bien, je me suis juste un peu perdue", déclara telle avec aplomb.

Elkrin restait perplexe. Peut-être cette femme, Kenaï, comme elle disait se nommer, pourrait l'aider à reprendre la route dans la bonne direction. Elle préféra répondre à la question, et advienne que pourra.

"Enchantée Kenaï. Je cherche à atteindre Opalgöor, et pour cela, je dois parvenir au bout de cette île, pour trouver un bateau. Je n'ai pas d'autres choix que de traverser cette forêt"

Elkrin ne prononça aucunes paroles pour répondre à la seconde question. Tout simplement, elle leva doucement sa main et désigna avec ses yeux son anneau argenté joliment ancré sur son majeur. Elle ne savait pas si Kenaï savait que représentait cet anneau. En tout, cas, pour elle, il signifiait beaucoup.

Elkrin était intriguée. Rencontrer une Okanakie, après seulement une semaine de marche, la rendait très curieuse. Trop curieuse. Elle ne put s’en empêcher :

"vous êtes bien une Okanakie ?! Vous êtes la première que je rencontre !"

Elkrin savait que c'était un peu trop impulsif, mais elle ne pouvait pas s'abstenir de poser quelques questions. Elle ne connaissait pas d'Okanakis, et elle était très intriguée par cettte autre civilisation ayant un mode de vie si éloigné de celui qu'elle avait autrefois, parmi les mésorians.

Kenaï ne savait pas ce qu’était cet anneau au doigt de la jeune fille. Elle n’en avait jamais vu des bijoux comme ça sur un esclave. En même temps elle n’avait jamais pris le temps de parler a un Torko lors des échanges et des marchés elle était plus avec les siens et plutôt impatiente de rentrer.
La chasseresse était sur le point de demander à Elkrin ce que signifiait cette bague quand la jeune fille la devança, lui demandant si elle était bien Okanaki et lui annonçant qu’elle était la première qu’elle croisait. Kenaï fut étonner d’un tel enthousiasme, jusque-là là jeune torko était discrète ne répondant qu’aux questions auxquelles elle voulait bien répondre.

«  Oui, oui, je viens d’un clan qui s’est récemment installer un peu plus loin dans la plaine. »

Un bruissement se fit entendre, rien de très inquiétant, s’était fugace et lointain, surement un herbivore qui passait à une vingtaine de mètres.

«  Le soir est proche, tu n’arriveras pas à atteindre la rejoindre un village Mesorian avant la tombée de la nuit. Ils sont complètement de l’autre côté de la forêt. Tu ne devrais pas dormir toute seule ici, sans vouloir te vexer. Tu n’as pas vraiment l’air d’avoir l’habitude de séjournée en pleine nature. »

La chasseresse réfléchi un instant, qu’était-il plus sage, la ramener au camp ou rester avec elle cette nuit. Son clan n’était pas du genre querelleur et plutôt à aider les voyageur, mais on ne savait jamais. D’un autre côté elle n’avait pas vraiment de quoi passer la nuit en pleine nature… Au final le choix était vite fait.

«  Tu veux passer le nuit dans notre camp ? Tu serra plus en sécurité qu’ici.
Je te promets que demain je t’emmène au village le plus proche, ils pourront mieux t’indiquer que moi le chemin pour le port. »

Elkrin ressentit l'interrogation de Kenaï lorque celle-ci jeta un regard assez curieux sur son anneau. Mais son esprit en fit abstraction lorsqu'Elkrin entendit la proposition de l'Okanakie.

C'était vrai, Elkrin sentait effectivement, maintenant, la brise légère de la fin d'après-midi. Mais elle restait perplexe. Elle ne connaissait Kenaï que depuis quelques minutes, et celle-ci lui proposait de venir dans son clan passer la nuit en attendant le lendemain.
Elkrin n'avait bel et bien aucuns repères dans cette forêt, et même si elle y passait la nuit, elle aurait surement beaucoup de mal le lendemain à trouver la direction à suivre.
Elle avait entendue certaines choses à propos des clans Okanakis. Certains n'acceptaient pas les Torkos, même si ce ne fut que pour une nuit.
Mais après tout, l'Okanakie avait l'air d'être une personne de confiance. De plus, Elkrin était assez curieuse de découvrir les aspects qui lui étaient inconnus des okanakis.
Finalement, se disant que KenaÏ était pleine de bonté, et que les personnes de son clans devaient être de même, Elkrin accepta :

"Ça ne me vexe pas, et j''avoue ne pas avoir mes marques dans cette forêt, et ça serait très aimable, si, ton clan et toi pourriez m'abriter pour la nuit. Merci beaucoup."

Puis après un petit temps de reflexion, elle ajouta :

"Mais es-tu sûre que ton clan voudra bien m’accueillir, je suis une torkos."




{désolée pour le temps attendu avant la réponse, j'ai eu ni le temps ni l'inspiration ! ><}

Yorrick grimaça alors que la douleur de sa cheville meurtrie se réveilla. Soupira, et ravala sa rage. Ses chances d'atteindre Valgöor s'était cruellement amenuisée depuis cette vilaine blessure...  A bien y regarder, ce n'était qu'une foulure, mais n'ayant rien de concret pour se faire un attèle, il avait opter pour une béquille de fortune, et sa cheville n'avait reçu aucun soins depuis près de trois jours.

Son ventre gargouilla, lui rappela qu'il n'avait pas manger depuis deux jours... Avec lassitude il décida de s'arrêter. Pensif, il caressa son anneau de liberté... Toute cette fierté pour mourir dans un foret ... S'était dérisoire, songea-t-il avec amertume. Il ne lui restait qu'une gorgée dans sa gourde, et il ne s'en priva pas plus longtemps.


Un bruit le fit alors sursauter. Par habitude, il porta sa main à sa ceinture où devait se trouver sa hachette de guerre mais sa main se referma sur du vide. Cette arme il l'avait perdu en sautant dans la Larme, le jour même où il s'était blessé la cheville.
Son coeur s'emballa. Il tâtonna et chercha une grosse pierre. La serrer lui donnait l'illusion qu'il pourrait encore survivre si il venait à faire une nouvelle mauvaise rencontre... Mais il se prit à prier qu'il ne s'agisse que d'un cerf, ou encore d'un lapin. Car dans le cas contraire, il se pourrait que sa vie de s'attarde pas plus longtemps que le soleil couchant

Elkrin semblait méfiante, et comment lui en vouloir ?! Une jeune femme sorti de nulle part, armée lui proposait de la suivre au sein d’une communauté qu’elle ne connaissait pas. Présenter comme ça, à froid, cela semblait parfaitement saugrenu. En même temps, la perspective de passer une nuit seule dans cette forêt avec tous les animaux qui y vivent ne semblait pas vraiment être une meilleure option.
Elle s’interrogea si  le clan n’allait pas refuser de l’aider parce qu’elle n’était pas une Okanaki.

«  Tu sais, mon clan est plutôt pacifiste, nous aidons ceux qui en ont besoin si ils ne causent pas de troubles dans les camps, et qu’il mette la main à la pâte pour le temps qu’ils passeront dans le temps. Comme tu ne vas rester qu’une nuit, ça ne devrait pas poser de problème, même si tu es Torko. »

La chasseresse avait un léger sourire pour rassurer Elkrin. Incitant la jeune fille à le suivre grâce à un geste du bras elle commença à se déplacer dans la végétation.

« Tu n’es pas obliger de me répondre, mais qu’est-ce que c’est que cet anneau, je n’en ai jamais vu au doigt d’un esclave avant. »

Kenaï espérait ne pas vexer la jeune fille, mais ce bijou l’intriguait.

Depuis quelques minutes, naturellement, la Torkos et l'Okanakie s'était mise en route vers la sortie de la forêt. Elkrin suivait Kenaï, et toutes deux continuaient à parler en marchant paisiblement. Doucement, la Torkos commençait à se sentir à l'aise avec cette jeune femme légèrement plus âgée qu'elle.

Elkrin se sentit soulagée lorsqu'elle comprit que le clan de Kenaï était pacifique. Si elle devait rendre service en retour d'une nuit, elle le ferait avec grand plaisir. Grâce à son enfance passée au creux des esclaves de maisons, elle savait cuisiner et faire toutes sortes de choses. Peut-être connaissait-elle des plats inconnus des civilisations Okanakies. Elkrin espérait juste pouvoir se rendre utile, comme en avait l'air de l'attendre le clan de Kenaï.

"J'espère que je pourrait aider à quelque chose..."

Ses paroles s'étaient comme évanouies dans le vent. Elkrin les avaient chuchotées. Anciennement habituée à être au service de quelqu'un, elle serait ravie de pouvoir à nouveau servir à quelque chose, en aidant ce clan.
Kenaï continuait de marcher. Puis, ayant l'air de céder à la curiosité, l'Okanakie posa à la Torkos la question que celle-ci attendait. Comme le pensait Elkrin, Kenaï ne savait pas ce que représentait ce bijou, et n'avait aucunes connaissances sur les coutumes et actes de la relation maître-esclave entre les Mésorians et les Torkos. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune affranchie.

"Cet anneau est le signe de mon affranchissement..."

Mais elle n'eut pas le temps d'en dire plus. La Torkos, qui jusque là marchait derrière l'Okanakie, vit que KenaÏ, après s'être frayée un passage entre des broussailles, s'était arrêtée. Elkrin jeta un coup d’œil par dessus l’épaule de l'Okanakie.
Stupéfaite, Elkrin se figea. Elle ne s'attendait pas à croiser d'autres personnes dans cette forêt partie de la forêt, si dense.

Appuyée sur l'épaule de Kenaï, elle distingua tant bien que mal parmi les branches un homme, apparemment plus vieux qu'elle, appuyé sur une sorte de bâton. Celui-ci semblait quelque peu en difficultés. Affaiblit et seulement armé d'une pierre, l'Okanakie et la Torkos comprirent vite que l'individu n'était pas dangereux.
Prenant les devants, la jeune affranchie poussa doucement l'épaule de Kenaï pour se frayer un chemin entre l'Okanakie et les branchages. Elle s'approcha de l'individu et le dévisagea. Yeux sombres. Musculature apparente. Elkrin en était sûre, cet homme était l'un des siens. Un Torkos. Son regard se posa sur les mains de cet homme. Un anneau, semblable au sien, trônait sur son majeur. Surprise, Elkrin recula d'un pas. Sans doutes fondés, méfiante, elle glissa discrètement sa main dans son sac de toile pour effleurer le manche de son couteau soigneusement affuté avant son départ. Gardant la main dans sa besace, elle ne perdit pas une seconde.

"Qui êtes-vous et que faites vous ici ?"

La voix d'Elkrin tremblait quelque peu. Elle ne se serait jamais attendue à croiser un Torkos, apparement lui aussi affranchi, ici, au milieu des arbres.

le cœur de Yorrick battait la chamade. Sur le qui-vive il attendit , tendu, de décuvrire ce qui l'attendait derière ces branchages.

Des femmes.

Il s'agissait « simplement » de deux femmes.  Il comprit à leurs regards qu'elles étaient aussi surprises que lui de le trouver là. La noirceur de charbon qui colorait les prunelles de la plus jeune lui indiquèrent qu'il devait s'agir la d'un semblable, et l'anneau de liberté fut une preuve suffissante pour confirmer son hypothèse.  Une Torkos, libre en ces lieux ? Etait-il plus proche de la cité libre que ce qu'il avait imaginé ?
Il sentit presque une bouffée d'espoir dissiper sa méfiance mais celle ci fut rapidement étouffé par l’observation de la deuxièmes femme. Elle était plus agée, et sûrement pas une Torkos... Non elle était une Okanakie !

Une femme de cette mauvaise race ! N'était ce pas à cause de gens comme eux que la petite Eliana, fille de son ancien maître était mort ? N'était ce pas contre ces gens qu'il avait apprit à faire preuve d'une méfiance aiguisée ?

Que faisait donc une Torkos et une Okanankie ensemble ? Il n'était pas sûr de vouloir le savoir... Et un geste de la part de l’affranchie alarma son esprit d'avantage : elle tâtait sa besace, elle tenait sûrement une arme à porté...

Alors, éperonné par la certitude qu'il ne se laisserait pas malmener une deuxième fois, qu'il se battrait comme il l'avait toujours fait , il bondit sur la Torkos, oubliant presque la douleur qui lui vrillait la cheville et la plaqua au sol. Fort de son expérience d’escorte, il n'eut pas de mal à la maîtriser et à saisir l'arme qu'elle avait une minute plus tôt essayé de saisir. Sans hésitation il plaça la lame contre la gorge jeune de l'affranchie.

-C'est ça ce que tu cherchais petite ?
Lui demanda-t-il avec un sourire vorace.

Puis il jeta un regard à l'okanakie et lui lança :
-Crois pas une seule seconde que je vais hésiter à tuer ta petite copine la sauvage. Alors je te conseil de garder tes distances et de me dire ce que vous étiez en train de comploter ... Je compte pas me laisser liquider i facilement si c'est que vous pensez ... Des comme vous j'en ai décapité par poignée de dix ! 

Il força son ton pour paraitre le plus menaçant possible. Égorger une gosse c'était pas dans ses habitudes... Enfin quoi que ... Peut être que le goût de la liberté était le même que celui du sang ... Peut être que gagner un anneau n'était pas suffisant pour avoir main mise sur sa vie comme il l'espérait.

En route vers le camp, les deux jeunes filles tombèrent sur un nouvel individu. Un homme visiblement blessé. Il n’était pas très âgé, une musculature apparente, et un anneau en argent comme celui d’Elkrin, il était donc un trokos.
Prudente, Kenaï ne s’était pas approchée, elle se méfiait des étrangers, elle n’avait pas été aussi cérémonieuse avec Elkrin mais elle était jeune et surtout elle avait l’air désemparée. Elkrin elle par contre avait fait quelques pas en direction de l’homme la main dans sa besace surement devait-elle avoir un couteau ou autres objet pour se protéger.

Dans l’instant il l’avait désarmé et avait retourné son moyen de défense contre elle. Toujours à quelques pas la chasseresse avait assistée impuissante à la scène. Au cours de cette dernière elle avait tout de même sortie une flèche de carquois pour l’encocher sur son arc, mais elle n’avait pas eu l’opportunité de le bander.
L’homme voulait savoir ce qu’elles faisaient ici toutes les deux, ce qu’elle « complotait ». Il avait l’obscure et paranoïaque idée qu’elles lui voulaient quelque chose, qu’elles voulaient lui faire du mal.

«  C’est un hasard qu’on vous ai trouvé. Je chassais quand j’ai trouvé Elkrin complètement perdue au milieu de la forêt, après avoir parlée un peu avec elle, je lui ai proposé de passer le nuit au sein de mon clan, parce qu’elle avait l’air vulnérable là comme ça au milieu de la nature. On se dirigeait tranquillement vers le camp lorsqu’on vous a trouvé.

En plus vous êtes blessé. Vous allez empirez votre état.
Lâchez là s’il vous plaît, on peut vous aider si vous voulez. »

Lassant sa flèche encochée, pour pouvoir réagir vite en cas de danger, Kenaï n’était pas pour autant plus menaçante. Elle essayait de désamorcée la situation.

Elkrin était tétanisée. Elle n'aurait jamais imaginer que l'individu se jetterait sur elle pour la désarmer et retourner son arme contre elle. Mais le torkos avait l'air expérimenté. Il tenait la lame fermement appuyée sur la gorge de la jeune Selrok. Elkrin ne le quittait pas du regard, fixant avec hardiesse ses yeux ébènes. L'individu n'y fit pas attention. Il lança un regard noir à Kenaï avant de lui lancer quelques paroles suspicieuses, sur un ton tellement désagréable et colérique, qu'il appuya quelque peu sur sa main et que la lame, bien tranchante, fit s'écouler quelques gouttes de couleur pourpres le long de la gorge de la jeune affranchie.
Les deux compagnes avaient bien compris que le torkos s'était forgé un apriori complétement absurde sur leurs actions.

Que lui était-il arrivé pour qu'il ait l'air si furieux envers les Okanakis ? Pourquoi, sans crier gare, sans même prononcer une parole, avait-il prit la peine de se révolter contre elles ? Qu'avait-il vécu pour être à ce point méfiant à leur égard ? Pourquoi parlait-il de manière si sauvage, usant de paroles si amères ? Tout se mélangeait dans la tête d'Elkrin. Elle ne comprenait pas.

Kenaï prit la situation en main. Elle attira une nouvelle fois le regard du torkos en commençant à préparer son arc. Elle ne finit pas totalement son geste, montrant qu'elle ne comptait pas attaquer. Pour l'instant.

L'Okanakie expliqua la situation à l'inconnu. Il s'était mépris sur leurs intentions.
Le Torkos commença à comprendre qu'il n'y avait pas de danger. Elkrin avait l'impression d'être face à un animal. Apeuré au début, il se défend. Par la suite mit en confiance il se détend.
Le torkos relâcha son emprise, tout de même sur ses gardes, et écarta le couteau de la gorge de l'affranchie. Par précaution, Elkrin donna soudainement un coup dans la paume de sa main, et la lame tomba quelques mètres plus loin. Elle se redressa, essoufflée. Elle avait eu terriblement peur.

"Comme vous l'a dit mon amie, on ne vous a jamais voulu de mal. C'est une coïncidence si nous nous sommes rencontrés ici. Si on avait voulu vous attaquer ou quoi que ce soit, on s'y serait pris de manière plus discrète non ? On ne vous veut aucun mal."

Elkrin s'était un peu répétée. Mais peu importe. Elle avait parlé calmement, en essayant de rassurer le torkos. Kenaï avait en effet remarquer que le torkos était bléssé. Elkrin aperçut alors sa cheville rougit par la blessure. Décidément, la torkos et l'Okanakie devaient convaincre l'individu qu'elles ne lui voulaient aucuns mal, car il avait apparemment besoin de soins.

La vérité s'imposa rapidement aux yeux de Yorrick : Il avait peut être un petit peu mésestimer les attentions des jeunes femmes. Fierté masculine oblige, il ne formula pourtant pas d'excuses. Elles avaient peut être dû être secouées par son intervention, mais ça serait pour toutes les fois où elles n'avaient pas été secouée alors qu'elles auraient du l'être.
Avec dégagement, comme si il ne venait absolument de menacer l'une lame une pauvre adolescente, il épousseta sa tunique. Simple geste d'apparence, car il était dehors depuis trop longtemps, et la poussière avait imprégné la moindre fibre de son vêtements.

Les deux femmes le regardaient. Elles attendaient sa réaction. Il le savait, mais ne se pressa pas plus pour répondre. Quand enfin il se décida à parler il ignora royalement L'Okanakie et ne s'adressa qu'à sa congénère.
-Tu es bien jeune pour être libre ... Gamine. Cet anneau c'est le tien ? Ou un héritage de tes parents ? A moins que tu l'ai volé ...?
Demanda-t-il avec un sourire presque sournois.

-Non pas possible que tu l'ai volé... Vu comment tu es gringalette y'a qu'un cadavre pour se laisser maitriser par tes petits bras !

Il éclata de rire à sa propre boutade. Allez savoir pourquoi, les cadavres ça faisait souvent rire Yorrick.

-Qu'est ce que tu fais avec elle ? Il désigna l'Okanakie d'un mouvement de tête qui n'avait rien d'amical.

-Tu te fous le doigt dans l'oeil si tu crois les gens de cette race la t'aideront. C'est eux qui m'ont fait ça Il montra sa cheville. Tu t'imagines peut être qu'ils seront plus clément avec toi ? Les lois des Mésorians te protègent plus gamine... Les Okanakies, ça fera ce que ça veut de toi. Et après, c'est sur ton cadavre à toi qu'on pourra chiper ton anneau.
Cette fois ci, il ne riait pas. Sa voix était grave et pleine de mise en garde. Il lança un regard mauvais à la chasseuse... Quelles que soit les intentions de celle ci, il était bel et bien persuadé qu'elle n'était pas louable.

Elkrin se retenait de répondre aux provocations du torkos. Elle avala durement sa salive. Elle voulait ramasser son couteau et le mettre à son tour sur la gorge de l'inconnu. Mais elle se retenait.
De quel droit osait-il faire de ses expériences des généralités ? Pour l'instant, il lui semblait qu'elle devait plus faire confiance à Kenaï et non à ce malotru sorti de nulle part. Il la traitait de voleuse !? Mais il ne savait rien d'elle, et il la jugeait ! Elkrin était indignée. Ce qui lui fit le plus mal, c'est lorsque l'individu osa parler de ses parents.*Mais veut-il bien fermer sa gueule celui-là !?* Elkrin bouillonnait intérieurement. Elle serrait les dents pour ne pas laisser s'échapper quelques insultes. Durement, Elkrin se retenait juste de ne pas lui coller une baffe. Après tout, vu son égo surdimensionné, ça ne lui ferait pas de mal. Mais elle se ravisa. Elle tenta de se calmer et fixa le torkos dans le blanc des yeux.

Et qu’as tu faire de mon cadavre et de ma vie ? Pour l’instant, cette jeune femme a été bien plus aimable et serviable que toi il me semble. Si tu n’as pour elle et sa race que de la haine, alors passe ton chemin. Elle m’aide à poursuivre ma route et atteindre mon but.

Elle ne le quittait pas des yeux, le regardait avec dédain, tentant de lui faire croire que ses paroles ne l’avaient pas touché. Le torkos était de sa race, certes, mais son air supérieur et son caractère effroyable enlevaient à Elkrin toute envie de se rapprocher de quelqu’un de son peuple. Assurément, Kenaï venait d’une autre ethnie, et Elkrin ne la connaissait pas, mais elle restait humaine tout comme elle. Cet homme était un torkos, mais était-ce une raison valable pour qu’il ait sa confiance ? Non, décidemment, Elkrin préférait se fier à son instinct.
Elle ne lachait pas l'étranger du regard, elle ne comptait pas se laisser faire.

Nous sommes prêtes à t'accorder de l'aide, mais si tu nous trouve trop inutiles, ne nous importune pas plus longtemps.

Quel homme charmant ce Torkos, il ne savait rien de Kenaï de son clan et de ses intention mais pour lui tout était déjà couru d’avance, ils ne voulaient que la perte de la jeune Elkrin. Ce qui évidemment était faut. Mais dans un certain sens désormais qu’il avait affirmé haut et fort son mépris pour son ethnie, la chasseresse avait une certaine envie de causé la perte de ce malotru.
Les paroles de l’a jeune affranchie l’en dissuadèrent, elle avait proposé de l’aide au mufle et l’okanakie n’avait pas vraiment envie de la faire mentir et ainsi de perdre l’occasion de l’aidée. Elle ne s’était pas attachée de manière instantanée à la jeune fille, mais elle semblait être une brave fille et elle s’en serait voulu de l’avoir laisser dans sa galère sans avoir tenté quelque chose. S’était son caractère et l’influence de son clan.

« Je ne vous présenterez pas d’excuse pour ce que d’autre de mon ethnie vous ont faits. Nous ne sommes tous comme eux que vous avez croisé.»

Kenaï décocha et rangea sa flèche en signe de paix. Il ne manquait qu’il prenne de travers un geste ou un mot.

«  Par contre comme nous vous l’avons déjà dit nous sommes prête à vous aider.
Je ne vous proposerais pas de venir avec moi dans mon campement, j’ai peur que cela ne cause du tords non seulement à vous, mais a nous aussi. Par contre je peux y retourner et ramener le guérisseur et de quoi passer la nuit. »

Il n’y avait rien d’amical ou de chaleureux dans la voix et l’expression de l’Aheli, elle aidait plus l’homme pour faire plaisir à Elkrin que vraiment par bonté d’âme.

«  Mais le temps du voyage je prendrais Elkrin avec moi, vu l’accueil que vous nous avez réservé, je ne veux pas prendre le risque que vous lui fassiez quoi que ce soit. Pourtant je suis prête à vous laisser quelque chose, un objet,  en garantie de notre retour.
J’espère que vous comprenez. »

La chasseresse déposa doucement son arc devant l’homme. S’était un de ses biens les plus précieux, comme beaucoup de son peuple elle l’avait fait elle-même.
Heureusement le camp n’était pas loin, un petit quart heure de marche quand on tenait l’allure.
Elle fit signe à Elkrin de la suivre.

Quand les deux jeune filles arrivèrent dans le camp il régnait le calme des fin d’après-midi, tout le monde vaquait à ses occupations. Les membres regardaient la torkos avec curiosité, il n’en voyait qu’accompagnant des mésorians.
Elle laissa Elkrin devant une yourte.

« Rentre dans cette yourte et demande à voir Deakan le protecteur. C’est celui qui soigne, expose lui la situation et dit lui que je vous rejoindrais à l’entrée du camp par laquelle nous sommes arrivées.
Pendant ce temps je vais chercher des peaux, des couvertures et de la nourriture pour passer la nuit.
N’oublie pas de lui dire que notre ami de la forêt est quelqu’un de très aimable. »

Bien entendu la dernière phrase de Kenai était ironique. Sur-ce elle laissa la jeune fille pour vaquer à ses occupations.

[HRP: j'éditerais si besoin fauteur de trouble (: ]

Yorrick avait toujours été provocateur. Même esclave, il avait toujours jugé qu’obéir ne dispensait pas d'avoir un avis.Et lorsqu'on avait, comme lui, une langue acérée on aimait bien voir les autres réagir. Tout piqués qu'ils étaient, ils se mettaient à brandir leur fond de fierté comme un loup retrousse les babines. C'était très drôle. Et Yorrick aimait s'amuser.

La petite Torkos il la trouvait presque mignonne, voir attachante. Mais il se disait qu'elle allait devoir s'endurcir... La vie à l’extérieur des villes Mésoriannes, c'était pas la même chose... Là bas au moins les lois vous protègent. Pas ici. Ici votre corps sera dévoré par les animaux, et personne ne viendra pour le pleurer. Ici on était plus seul qu'autre chose.
Mais bon, sûrement qu'elle s'en rendrait bien vite compte. Elle était encore innocente mais elle n'était pas pour autant dénué d'intelligence.

L'autre par contre, il ne pouvait toujours pas l'encadrer. Racisme oblige, il lui trouvait même tous les défaut du monde à commencer par celui de la présomption (ironique n'est-ce pas). Qu'est ce qui lui faisait croire qu'il voulait de leur aide ? Sa cheville blessée ? Pouah ! Il préférait qu'on l'ampute plutôt que de reconnaitre qu'il avait besoin de ces chevaucheurs griffos !

Elle lui déposa son arc, et il eut une grimace de dégoût. Faisant semblant qu'il n'avait rien à faire de leur départ, il attendit qu'elles aient disparu pour savouer que l'arc l'intriguait quand même un peu, et examiner l'objet de plus près.
Il fit courir ses doigts sur le bois gravé et une nouvelle fois eut une exclamation dédaigneuse. Ce machin une arme ? La blague ! Un gadget de poltron qui vous choppe à distanc, tu parles ! Un truc qui ne vous permet pas de d’éparpiller la cervelle de votre ennemie ne mérite pas de porter la dénomination arme !

Alors que Yorrick ronchonnait de bon cœur, il ne perçu pas la présence qui arrivait dans son dos. Un bruissement de feuille seulement le fit sursauter. Il tourna la tête vivement, et ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la peur.
Un cri de terreur arracha alors les oiseaux à leur perchoir, agitant soudainement la forêt avant que le calme ne reprenne sa place.  

A l'endroit où Yorrick s'était tenu, il ne restait plus que l'arc posé à même l'humus. Une discrète trainée de sang s'engouffrait plus profondément dans les bois. Et dans la terre meuble, des empreintes profondes étaient visible. Celles d'un gros animal. Celles d'un ours.  

Elkrin sentit que Kenaï prenait quelques peu sur elle, en voulant aider le torkos. Décidément, la jeune affranchie trouvait que l'Okanakie était quelqu'un de très pur.
Ainsi, elle ne dit pas un mot lorsque Kenaï lui fit signe de la suivre.

Durant le trajet qui menait au camp, Elkrin pensait à l'inconnu qu'elles avaient laissé dans la forêt. Les dures paroles de cet hommes résonnaient dans sa tête. Mais autre chose occupa son esprit.

Elle apercevait le camp au loin, et soudain, elle fut terrifiée. Elle allait s'introduire dans un clan qui ne la connaissait pas, et qui n'était même pas de la même race qu'elle. Elle espérait ne pas être remarquée.

Arrivées au camp, Elkrin suivit les instructions de Kenaï. Elle se dirigea vers la yourte que lui avait indiqué son amie. Elle se sentait terriblement gênée. En fait, elle ne se sentait pas du tout à sa place. Il était flagrant qu'elle n'appartenait pas à ce clan, et, prenant son courage à deux main, elle souleva doucement le tissus de la yourte pour s’immiscer à l’intérieur. Un homme était au fond de la hutte, affairé à ranger quelques flacons et pierres.

Elkrin demanda timidement à voir Deakan le protecteur, comme lui avait dit de faire Kenaï. L'homme se trouva être justement le soigneur. Elkrin ne connaissait pas les signes de salutation ou de respect chez les okanakis, elle se pencha juste un peu, comme pour s'incliner. Elle commença par s'excuser de son intrusion. Elle entama ensuite la conversation en expliquant qu'elle accompagnait Kenaï coeur-de-coyote, qui l'avait menée jusque là, et que cette dernière était partie chercher d'autres affaires. Elle enchaîna ensuite sur l'épisode qui s'était déroulé dans la forêt.
Elkrin avait essayé d'être claire et de cacher son embarras mais Deakan avait eu l'air de l'écouter attentivement.

Il n'avait pas l'air totalement convaincu, mais il accompagna Elkrin devant la yourte et ils attendirent tout les deux que l'Okanakie revienne.
Une fois l'histoire d'Elkrin confirmée par Kenaï, le trio se mit en marche. Kenaï exposa une nouvelle fois la situation au Chemenn, n'émettant aucuns détails.

Encore faudrait-il qu'il se laisse soigner, pensa Elkirn en bougonnant.

Le trio s'enfonça dans la forêt et tenta de retrouver la trace du chemin parcouru à l'aller. Une fois arrivés à l'endroit où ils pensaient avoir laisser le Torkos, plus aucunes traces ne restaient de lui. Seul l'arc de Kenaï, qu'elle avait laissé là, était encore sur le sol boueux.

"Où est-il passé ?"

Même si le camp avait l’habitude de voir la jeune fille partir pour des jours, il était moins fréquent qu’elle entraîne, une et encore mieux deux personnes avec elle. Ce ne fut pas non sans argumenter et expliquer quelques fois la situation que Kenaï réussi à réunir tous ce dont elle avait besoin pour veiller un ex-esclave parfaitement désagréable.
C’est en soupirant qu’elle rejoignit son frère et Elkrin. Sur le chemin la chasseresse expliquât au soigneur ce qui s’était passé oubliant volontairement quelques détails sur le peu de considération qu’avait l’homme sur leur peuple. De toute façon l’amabilité du torkos allait vite le mettre sur la voie.

Arrivé sur les lieux, il n’y avait plus rien enfin plutôt plus personne.

« Tu t’es pas trompé d’endroit ? » Demanda Daekan d’un air presque innocent.

La réponse ne se fit pas attendre, Kenai ramassa son arc par terre sans oublier de lancer un regard noir à son frère. Mais cette disparition était étrange, l’homme  était blesser a la cheville, autant dire qu’il était difficile pour lui de se déplacer. Il était vraie qu’il s’était passé un certain temps entre le moment où les deux jeunes filles l’avaient quitté et ce moment présent, mais il y aurait eu des traces de ses pas, voir des taches de son sang, mais il n’y avait rien de tout cela.

Du sang fini par être découvert ainsi qu’un trace, comme si on avait trainé quelque chose, mais surtout une emprunte animale.

« Un ours lui ai tombé dessus. »

Par précaution, la chasseresse sorti un flèche qu’elle encocha sur la corde de son arc.

« Je me risquerais pas à aller le cherche. Affronter un ours avec juste un arc un couteau … et je sais même si tu as une quelconque arme Daekan… c’est du suicide, d’autant plus qu’il fera bientôt nuit.
Et pour quoi en plus pour aider un homme qui n’a aucun respect pour notre peuple et qui a failli blesser une des siens juste parce qu’il était complètement paranoïaque ?!
En plus il y a de grande chance pour qu’il soit déjà mort et qu’il ait servi de repas à cet ours. Je risquerais d’autant moins ma peau à la vôtre pour aller récupéré de la viande froide.»

Tout était à peu près dis, Kenaï n’avais aucune envie d’aller ç la chasse au gros gibier alors que la nuit s’apprêtait à recouvrir les pleines.
Daekan ne semblait pas tout à fait du même avis que sa sœur, pour lui une vie était une vie, mais le dernier argument de sa cadette n’était pas infondé.
Les deux Okanankis attendaient visiblement la réaction de la jeune Torkos pour se décider définitivement.

La nuit tombait en effet. Elle assombrissait l'horizon, étendait les ombres inquiétantes sur le sol qu'on ne distinguait plus qu'à peine...
Un souffle dans la pénombre. Une lamentation. Wolfgar n'était pas encore mort. Il serrait la pierre qui lui avait servi à faire lâcher l'ours. Il avait frappé de toute ses forces et l'animal avait visiblement été découragé devant cette proie qui ne s'était pas laissée faire. Il était parti. Laissant Wolfgar dans son sang, à moitié mort.

Bersok.

C'était la faute du Dieu. Il en était sûr. Bersok avait envoyé cet ours le tuer. Et Bersok avait réussi. Wolfgar savait qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre.
Des paroles. Des gens n'étaient pas loin. La petite Torkos était elle revenue ? Il fallait qu'il lui dise... Qu'il la prévienne...

-ICI ! A l'aide !

Cet effort déjà l'avait épuisé. Il respirait par saccade.

-Bersok... Bersok nous tuera tous...

Se mit-il à délirer.

Le petit groupe restait pensif, et plus Elkrin cogitait, plus elle ne se résignait finalement pas à abandonner l'inconnu à son sort. Machinalement, elle se mit à triturer son anneau et, scrutant les arbres et feuillages, elle se tourna finalement vers la direction ou semblait avoir disparu le torkos. Ses pensées s'embrouillaient. Elle ne savait pas quoi faire, essayer d'aller l'aider ou renoncer. Elle se retourna vers KenaÏ, encore pensive.

Je ne suis plus sûre, il a peut être besoin d’aide…

Elkrin avait gardé les sourcils froncés, encore incertaine de la décision qu’elle avait apparemment prise. Puis, comme pour appuyer ses paroles, un cri  perça le calme qui s’était installé dans la forêt.
Elkrin fit volte face et tendit l’oreille, se concentrant pour tenter de savoir d’où provenait cette exclamation. Elle sonda rapidement le même endroit qu’elle avait examiné quelques minutes plutôt, comme pour voir si quelque chose n’avait pas changé.
A cette heure, la seule personne pouvant se trouver, ou du moins crier dans ces bois devait être le Torkos.  Elle serra les poings, se demandant si l’inconnu n’était pas en train de se faire dévorer par la bête qui l’avait emmené.

Kenaï, je pense que ce n'est pas raisonnable mais... J'avoue que... J'aimerais tenter de savoir ce qui lui est arrivé. Je sais que c'est dangereux et qu'il ne le mérite pas, ne serait-ce que pour la façon dont il s'est adressé à toi et ton peuple, mais il s'agit tout de même d'une vie humaine... Peut être connait-il la façon de se rendre aux cités libres, peut-être qu'il est renseigné sur certaines choses... Et même si ça n'était pas le cas, je crois qu'il a besoin d'aide, et il aura tout le temps de se rattraper par la suite !... Je comprendrais que tu ne veuilles pas venir avec moi, mais je veux essayer pour ma part.  On ne peut pas le laisser mourir !

Elkrin se sentait glacée de l’intérieur. Non pas à cause du froid, l’été était à son apogée et même pour une heure tardive, le climat restait tropical.
Elle n’aimait pas l’individu mais elle se sentait tout à coup rongé par les remords. Elles n’auraient pas du le laisser là. Et maintenant, il était surement en train de mourir par leur faute.

Je ne sais pas ce que tu décides Kenaï, mais il a besoin d’aide !

Le regard insistant, Elkrin ne savait pas quelle serait la décision de l’Okanakie. Celle-ci était peut être encore quelque peu blessée par le comportement qu’avait eu le Torkos quelques heures plus tôt, et l’affranchie commençait par se dire qu’elle comprendrait que KenaÏ ne veuille pas la suivre. Même si l'Okanakie venait, il serait de toutes manières trop tard, Elkrin commençait à se rendre compte que pendant qu'elles parlaient, le Torkos se vidait surement de son sang quelque part. Si elle le retrouvait, même seule, Elkrin pourrait lui prodiguer quelques soins, et si le problème était trop gros, elle pourrait aller chercher Kenaï, maintenant qu'elle connaissait l'emplacement de son clan. Ne voulant interférer dans la réflexion de KenaÏ, elle ne lui suggéra pas cette idée, qui était d'ailleurs peut être un peu trop inconvenante.

Spoiler:

Elkrin lâcha un soupir de soulagement. A vrai dire, au fond, elle avait espéré que Kenaï l’accompagne, ne souhaitant pas s’aventurer seule dans ces bois sombres, la nuit étant maintenant tombée. Elle esquissa un léger sourire, acquiesça les dernières paroles de Kenaï par un mouvement de tête, et suivit l’Okanakie, visiblement pressée, à travers les branchages.

« Merci… »

Alors qu’ils scrutaient les parcelles d’ombres de la forêt, Deakan, en retrait, appela les deux jeunes filles. Il semblait avoir retrouvé le Torkos.
Elkrin s’immisça entre les feuillages et découvrit l’homme, dont elle se rendait compte qu’elle ne connaissait toujours pas son nom, allongé à terre dans une mare de sang.
Elle se précipita vers ce corps qui semblait presque inanimé. Elle posa son sac à terre et, doucement, souleva l’homme pour appuyer sa tête et le haut de son buste contre la besace. Elle leva les yeux et attendit que Deakan face quelque chose, lui qui, apparemment, semblait affairer à préparer quelque chose.
Elkrin s’agenouilla près du torkos et s’assit. Elle fixa la poitrine de l’homme et remarqua qu’elle se soulevait encore faiblement, de manière irrégulière.
Elle entreprit donc de commencer par nettoyer les nombreuses plaies. Elle saisit sa gourde et mouilla légèrement les entailles, et épongea quelque peu avec un mouchoir.
Avec un autre tissus, elle nettoya le visage salit de l’inconnu.
Finalement, maintenant, elle se rendait bien compte qu’elle n’éprouvait aucune sympathie pour cet homme qui avait été si impoli. Mais c’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un dans un si sale état. Il était sur le point de mourir, elle le voyait. Elle sentit sa gorge se nouer, et ses yeux s’embuèrent.
Alors c’est ça aussi, voyager dans l’Archipel. C’est être sans cesse exposée au danger.
Si seulement… Si seulement elles avaient procédé autrement, cet homme ne serait pas en train de mourir. Il avait bien beau avoir été exécrable, personne ne mérite la mort, et Elkrin ne put s’empêcher d’espérer qu’il guérisse.
Finalement, elle ne s'en voulait qu'à elle même. C'est elle qui, depuis le début, n'avait finit que par créer des problèmes. Kenaï ne cessait de prendre des risques pour elle, et c'est Elkrin qui l'avait préssée pour aller chercher le Torkos. Elle ne s'était pas rendue compte de l'état dans lequel elle allait le trouver, et cette vue du sang, étalé sur ses doigts et sa tunique, et recouvrant l'homme, ne fit que lui donner encore plus envie de pleurer.

De l'eau. De l'eau sur sa peau... S'était-il mis à pleuvoir ? Ses paumières papillonnèrent, et sa vu d'abord brouillée se stabilisa. La gamine. La gamine était là au dessus de lui à lui nettoyer les plaies.  

-Garde ton eau petite. J'vais mourir. 

Lui dit-il avec la lucidité de ceux qui sentent au bord du royaume des morts.

-Mais tu chiales ?!

Remarqua-t-il.

-Ravales tes larmes. Les larmes ça changes rien à la mort. T'es une Torkos nom d'un chien ! Ça chiale pas les Torkos. Y'a que les méso et oka qui chiales... Ces fillettes... Toi tu dois pas chialer. Encore moins pour moi.  

La réprima-t-il avec le peu de force qui lui restait.

-Nom d'un catin je t'aurais appris moi à pas chialer ... Mais ...

L'ours. Le souvenir venait de lui arracher un regard apeuré.

-Bersok ! Méfie toi de Bersok gamine... Il veut nous tuer... Il veut tous nous tuer...

Brusquement son corps s’arque-bouta. Il toussa à gorge déployée du sang mêlé à de la salive.

-Je crève ... Je crève pour de bon...

Murmura-t-il que pour lui. Puis sa main tâtonna sa poche. Il en tira un objet :

-Tiens gamine, prend ça... Ça te sera plus utile qu'à moi ... Mon maitre qui me l'avait donné...  

Il lui fourra dans la main un petit objet sphérique qui tenait sans mal dans la paume de la main.

-C'est un sorte de loupiote *...

Expliqua-t-il avant de tousser une nouvelle fois. Il ferma alors les yeux...

-Laisse moi crever maintenant... Fais gaffe à toi. Fais gaffe aux ours ... Aux ours...

Il poussa un soupir, long et profond... Le dernier de sa vie. Le premier de sa mort.


*C'est une sphère de lumière, Kenaï pourra apprend à Elkrin à s'en servir et à quoi ça sert

HRP:Je termine sur ce post. Elkrin, tu peux si tu le désir l'enterrer selon la coutume Torkos