Deux chasseurs dans la brousse -  65ème jour d'Automne 1650 - La Savane d'Opale

Le clan avait quitté les îles jumelles. Opale les avait accueilli et cette migration avait bien servie à Tiki. Depuis son retour de chez les Ereshaï, elle avait été très distante avec tout le monde. Pendant les préparatifs et le voyage, au moins elle avait une bonne raison de se tenir loin des autres. Elle pouvait librement prétexter avoir telle ou telle chose à faire. Depuis qu'ils étaient sur place, Tiki prétextait des chasses. Elle n'était pas stupide, elle sentait bien qu'on soupçonnait quelque chose. Mais jusque là la politesse avait empêché les gens de lui poser trop de questions, ce qui l'arrangeait bien. Même si elle savait qu'elle allait devoir parler sous peu avec le chef. Tout le mâtins elle se disait "demain" et quand demain arrivait, elle se disait : "non demain". Voilà comment elle en était arrivée à "aujourd'hui". L'un des avantages de son isolement était qu'elle passait bien plus de temps avec Itako et avait développé avec le griffo une réelle relation d'amitié. A lui seul elle avait révélé son "secret" ce qui faisait de lui son confident le plus informé.
C'était sur son dos qu'elle était parti chassé aujourd'hui : avec lui elle pouvait transporter les carcasse plus facilement. C'était d'ailleurs le cas en ce moment même : Tenu en "longe" le griffo portait sur son dos le cadavre d'un gazette que Tiki avait atteint en pleine poitrine. Elle rentrait vers le clan quand des bruissements d'ailleurs lui avait fait relevé les yeux. Elle avait alors vu un couple de Kaldrogs voler en cercle au dessus d'elle et du griffo qui s'agitait avec angoisse. Elle jura et tira une flèche de son carquois. Les prédateurs en avaient soit contre son griffo soit contre sa prise, mais pour l'un comme pour l'autre elle était pas prête de lui en laissait une miette. La corde d'Ozoko vibra alors qu'elle décocha une première flèche, mais l'animal qu'elle venait de viser dévia habilement le projectile alors que le deuxième plongea avec témérité vers eux. Itako se cabra et fit claquer ses ailes pour impressionner son agresseur alors que l'Okanaki banda son arc et tira une flèche.Mais le projectile ricocha contre la crête osseuse de la bestiole qui n'en poussa pas moins un cri strident, visiblement agacé par la résistance de ses proies...  

Deux chasseurs dans la brousse - Point de vue d'Ükal Sombre-Lune - Fin d'Automne 1650  

La nuit de la terre d'Opale avait l'air bien plus accueillante. La douce chaleur qui baignait le soir permettait aux chasseurs d'être plus à l'aise, c'est exactement ce à quoi pensait Ükal en sortant de sa tente au coucher du soleil. Il se demandait bien comment les autres Maustes pouvaient supporter la chaleur étouffante de la journée, cette île était bien plus chaude mais aussi plus aride. Bien que la saison était l'Automne, il pouvait sortir habillé comme il l'aurait été par une journée d'été sur les îles jumelles. Cette île était décidément faite pour lui.

Nouvelle île était aussi synonyme de nouveaux animaux. Ükal avait une fois rencontré une Ligor, peut-être en verrait-il d'autre. En dehors des animaux semblables a Khanxi, la Ligor de Lëxi, il ne savait vraiment pas à quoi s'attendre, c'est pourquoi il avait prit soin de se munir de son petit carnet avant de sortir, un carnet dans lequel il consignait les informations qu'il récoltait sur les animaux. Il contenait déjà de nombreuses informations sur les animaux de la région de Belhovre mais presque rien sur ceux d'Opale.

Et qui dit nouveaux animaux dit aussi nouveaux prédateurs, évidemment. Il avait prit soin de remplir son carquois et d'affûter son Tolohok avant de partir. Cinq minutes de marche lui suffirent pour se rendre compte qu'il avait bien fait.

En avançant à travers la savane il repéra divers petits animaux, sans doutes des herbivores qui ne seraient pas une menace, il les étudierait plus tard. Ce sont deux bêtes géantes qui volaient en cercles qui retinrent son attention. On aurait dit des lions ailés, rien à voir avec des oiseaux. L'absence de plumes, la première chose qu'il remarqua, lui permit de s'approcher plus des bêtes. Venant de derrière une dune, il aperçut une flèche fuser vers ces animaux, quelqu'un était donc au sol.

Soudain une des deux bêtes plongea vers le sol, elle attaquait. C'est alors qu'Ükal se rendit compte qu'il devait aller donner un coup de main, mais avant de s'attaquer aux animaux il allait devoir les observer un court instant. Pour cela il monta en haut de la dune pour apercevoir l'autre versant. Les animaux ailés plongeaient sur un gibier déjà mort accompagné d'une chasseresse qu'Ükal reconnaissait, c'était une Mauste. La bête semblait pouvoir attaquer avec sa queue, ses griffes, ou avec l'imposante corne qui trônait sur son front. Le point faible, les ailes et la tête. Le corps même de la bête était trop épais pour être blessé par une flèche.

Alors Ükal qui se préparait à aider sa congénère se retrouva bloqué à cause d'un autre animal, le griffo qui portait le gibier. D'un côté Ükal ne pouvait pas laisser une Mauste se faire attaquer, les bêtes pouvaient être encore plus dangereuses que ce qu'il pensait même si elles semblaient ne vouloir que la viande déjà chassée. Mais d'un autre côté, la phobie d'Ükal de toutes les bêtes à plume le paralysa presque instantanément. Ses mains tremblaient alors qu'il bandait son arc, il eut des sueurs froides au moment de décocher, mais il était nécessaire d'aider la Mauste.

"Besoin d'aide ?" cria t-il à l'intention de l'Okanakie d'une voix qui se voulait assurée.

Il décocha sa flèche en direction de la bête qui était sur le point d'attaquer. La flèche se planta avec un bruit sourd dans son aile, et l'animal se détourna de sa première cible pour aller atterrir violemment dans le sable. Ükal devait agir vite, avant que la bête puisse se relever. Alors en prenant son courage à deux mains et en tentant de sortir le griffo de ses pensées, il sortit son Tolohok pour courir en bas de la dune, en direction de l'animal tombé.

"Rendez vous chez Morro !" dit-il à l'intention de l'Okanakie alors qu'il la dépassait en courant. Suite à ses mots, il planta violemment sa lame dans l'aile de la bête et tira un coup sec, sans doute ne pourrait-elle plus voler.

Deux chasseurs dans la brousse -  65ème jour d'Automne 1650 - La Savane d'Opale

Les Kaldrogs n'avaient de cessent de venir asticoter leur proie. Qu'importe que Tiki tire des flèches, les bêtes esquivaient où attaquaient ensemble pour maximiser leur chance de prise. Tiki comprit qu'elle devait abandonner sa proie et d'un geste vif sorti l'un des tolohoks que Kakku lui avait confié. Elle entreprit de trancher les liens qui retenait la proie au griffo quand soudain une voix lui arriva : "Besoin d'aide ?" suivi du bruit caractéristique d'une flèche qui prend son envole. Jetant un coup d'oeil par dessus son épaule Tiki entre-aperçu l'homme qui était venu l'aider. Elle d'identifia comme membre du clan, bien qu'à sa grande honte elle n'était pas sûre de pouvoir redonner exactement son nom... Il était "le fils du banni", ça au moins elle en était sûre. Et pas fini de la crinière apparemment, car il venait de se jeter sur la créature au sol !  Le fou ! Elle le regarda, aussi choquée qu’impressionnée, finir son geste en blessant l'animal à l'ail. Un cri strident lui indiqua qu'il avait parfaitement visé. Tiki voulu lui hurler de faire attention, mais son esprit était toujours fixé sur l'acte courageusement suicidaire du Mauste et elle en avait perdu son commun ! C'est un mouvement à l’horizon qui lui fit reprendre ses esprits : D'autres Kaldrogs volaient droit sur eux ! Sans perdre une minute, elle trancha les liens qui retenait le cadavre aux griffos et sauta en selle. Itako, dont les ailes n'étaient plus entravés par la carcasse poussa un sifflement de contentement, mais elle lui imposa de ne pas encore prendre son envol. Elle siffla pour attirer l'attention de l'autre Mauste et lui hurla :
-On décolle ! Y'en a toute une nuée qui s'approche !
Et elle lui tendit la main pour l'inviter à monter en croupe.
-Qu'est-ce que tu attends ?! Vite !      
Le pressa-t-elle. Evidemment, elle ignorait tout de sa phobies des volatiles...

Deux chasseurs dans la brousse - Point de vue d'Ükal Sombre-Lune - Fin d'Automne 1650  

La bête avec l'aile déchirée se mit à ramper loin du chasseur, sans doute avait-elle eut son compte. L'autre animal cependant restait un problème, il tournait toujours autour des deux Maustes et les flèches de la chasseresse ne semblait pas être un problème. Ils allaient devoir trouver un moyen de s'en débarrasser ou de fuir rapidement.

Alors la Mauste délia son gibier de sa monture pour l'offrir aux prédateurs. La bête qui était restée dans le ciel fondit dessus en un éclair et l'empoigna avec ses griffes. Alors elle se redressa pour prendre son envol, le moment était idéal pour lui décocher une flèche à travers le cou, mais Ükal était soudainement paralysé.

L'autre Mauste dont il ne connaissait toujours pas le nom, en relâchant sa prise avait aussi libéré sa monture, et le griffo déploya soudainement ses gigantesques ailes. Devant tant de plumes, l'Okanaki se retrouvait paralysé. L'adrénaline qui était montée brusquement lorsqu'il avait chargé le Kaldrog retombait brusquement, et de plus la vue des ailes le tétanisa encore plus.

Alors la chasseresse lui signala que d'autres bêtes arrivaient.

-Qu'est-ce que tu attends ?! Vite !

Elle l'invitait à monter sur le griffo mais il était impossible pour lui de monter sur cette bête. Il préférait se battre jusqu'à la mort plutôt que d'approcher cette bête à plumes.

"Euh... Non merci, je... Euh... Je vais essayer de m'en débarasser. Aide moi si tu veux, mais j'ai pas envie de monter là dessus." Il perdait ses mots à cause de la vue du griffo.

Il savait qu'avec ces mots il passerait pour une tête d'Orik, mais sa phobie l’empêchait catégoriquement de monter sur un griffo. Il rentrerait à pied ou se débarrasserait des Kaldrogs. Alors il réajusta sa capuche pour ne plus avoir la monture dans son champ de vision. Le Kaldrog qui s'était saisi du gibier était reparti, et visiblement les autres s'intéressaient bien plus à lui qu'aux deux Maustes.

Mais l'autre bête, celle qu'il avait blessé n'était pas hors d'état de nuire, et alors qu'il regardait les autres bêtes au loin, Ükal reçut un violent coup venant de la queue de la bête dans les jambes.

Deux chasseurs dans la brousse -  65ème jour d'Automne 1650 - La Savane d'Opale

Elle le vit tout de suite à son visage que quelque chose n'allait pas. Il avait foncé sur un Kaldrog sans réfléchir et là, voilà qu'il perdait ses couleurs alors qu'elle lui offrait la chance de fuir ? Mais qu'est ce qui clochait chez lui ? Elle fronça les sourcils devant sa résistance avant de comprendre ce qu'il en était. Il avait peur d'Itako .Il... Avait... peur... des... griffos ?! C'était bien sa veine !! Mais qu'avait-elle fait à au dieu de la chance pour mériter un tel tour ?! Elle s’appétait à l'attraper pour le faire monter de force, mais sa main se referma sur du vide : le Kaldrog venait de le faire chuter.
*Mais c'est qu'il va réussir à se faire tuer en plus ce groll !*
Enragea-t-elle alors qu'elle encocher une flèche. La bête blessée en face d'elle puait la peur. Tiki le sentait et elle le voyait à son agressivité exacerbée.Cette créature se battait à présent pour sa vie : ce qui qui l'avait passé du statut de "Dangereuse" à "très dangereuse".
Visant avec soin, elle remercia la fidélité d'Itako qui résistait à son instinct pour rester en place. Elle décocha et la flèche frappa sa cible au bon endroit : elle s'enfonça jusqu'à moitié dans l'oeil de la bête, la tuant sur le coup.
Les autres créatures un peu plus loin, leur lançait des regards incertains. Comptaient-ils attaquer en groupe ? Ou préféreraient-elles se contenter de leur proie du moment ? Tiki n'avait pas vraiment envie de le découvrir... Elle se laissa glisser du dos d'Itako et releva le Mauste sans ménagement.

--J'espère pour toi que ce truc ne t'a pas cassé une jambe en te frappant, car si tu veux pas monter sur Itako, il va falloir courir... et Vite.

En laissant derrière elle sa prise, songea-t-elle amèrement mais là n'était pas la priorité... Elle jetait des regards angoissé aux autres Kaldrogs qui tendaient leur mufle vers eux.

*Je devrais l'assomer ... cela serait tellement plus rapide...*
     
 

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Le choc l'avait renversé et quelque peu sonné, jusqu'à ce que la Mauste vienne le relever. Il avait perdu ses esprits quelques instants et il lui fallut un court moment pour reprendre totalement conscience de la situation. D'un côté se trouvait toujours le griffo, Itako selon les dires de la chasseresse. De l'autre une meute de Kaldrogs qui ne semblaient pas approcher, même s'ils restaient un danger. En face, une bête morte que la Mauste avait dût abattre alors qu'il était a terre. Ükal repéra une flèche plantée dans l’œil, un tir magnifique.

-J'espère pour toi que ce truc ne t'a pas cassé une jambe en te frappant, car si tu veux pas monter sur Itako, il va falloir courir... et Vite.
"Attend, on peut pas partir après une si belle prise !"

En se relevant, le chasseur sentit une douleur dans sa jambe gauche, il comprenait maintenant ce que cela faisait d'être chef des Mauste. En tentant d'avancer il chancela et faillit tomber, sa jambe n'était pas cassée mais l'endroit qui avait été frappé lui provoquait des élancements douloureux dans tout son membre lorsqu'il se tenait debout. Tout en surveillant du coin de l’œil les Kaldrogs qui se repaissaient du gibier, il se rapprocha de celui qui était mort.

"T'as abandonné un gibier, on peut bien repartir avec un autre."

Alors il s'accroupit près du cadavre et sortit de sa poche son carnet. Avec un morceau de charbon il esquissa rapidement la forme du crâne. Ensuite il sortit son Tolohok et sépara la bête de ses griffes et de la corne qui trônait sur son crâne.

"Tu vois il n'y a rien à craindre, une fois qu'ils sont morts ils sont doux comme des Yelkos."

Il mit alors les griffes dans ses poches, mais il devait garder la corne dans ses mains, décidément il allait devoir investir dans une besace. En se relevant il sentit une nouvelle fois la douleur dans sa jambe, mais elle commençait déjà à s'estomper.

Les Kaldrogs qui mangeaient au loin semblaient sur le point de terminer leur repas. Ne pouvant savoir s'ils avaient assez mangé, il était temps de partir. La viande d'un de leurs congénères ne les satisferait sûrement pas.

"Tiens aide moi à soulever cette bestiole, je lui laisse volontiers ma place sur Itako, ça ne me dérange pas de marcher."

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Se jouait-il d'elle ? Elle peinait à y croire, mais non. Il avait réellement l'intention de dépecer la créature, là, tout de suite, maintenant. Pour sa part, elle n'aurait pas refusé une belle fuite dans les règles de l'art comme celle qui vous faisait courir comme poursuivi par Morro. Car oui, même si elle essayait de ne pas le montrer, Tiki avait peur. Elle avait rarement eu une expérience aussi désagréable que celle qu'elle venait de vivre. Entre elle, Itako, ou ce mauste, les trois avaient au minimum frôlé la blessure grave et il s'en était fallu de peut pour que l'un d'eux y passe, tout simplement. Le fils du banni ne s'en rendait-il pas compte ? Pourtant, lui était le plus blessé des trois.    
--Mais ... A quoi tu joues bon sang ?! Tu veux tous nous faire tuer ?
Lui demanda-t-elle excédée alors qu'il découpait des larges portions de l'animal. Pourtant, il fallait bien avouer qu'il semblait "contrôler" la situation. Le groupe de prédateurs, si il leur jetait des coups d'oeil réguliers semblaient préférer la sécurité d'un repas déjà assuré au danger que représentait les chasseurs.
-Je ne sais même pas si la viande de ce truc est bonne à mangé... Bougonna-t-elle. Pourtant elle donna son coup de main à ükal pour hisser le cadavre sur le griffo. Celui-ci montra des gestes d'agacements certains et de nervosité... Pas étonnant songea Tiki : la bestiole avait le parfum d'un prédateur. Rien de rassurant pour un griffo qui se retrouvé coincé avec cette chose sur le dos. Caressant l'encolure de la bête, Tiki lui murmura :
-Il est mort ... Il est mort. Maintenant on s'en va.
Le griffo s'ébroua et commença sa marche. Tiki pour sa part n'avait pas pris place sur son dos, elle venait de se placer à côté de Ükal.
-Passa ton bras autour de mes épaules et appuis toi sur moi... Cela soulagera ta jambe. On va s'éloigner d'eux et on va faire une pause. Je regarderais ta blessure une fois qu'on sera en sécurité. Ma mère est la soigneuse du clan, elle m'a montré deux trois trucs. Lui expliqua-t-elle sur un ton radoucis.

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-Je ne sais même pas si la viande de ce truc est bonne à manger...

"Bah on peut toujours essayer, regarde moi ça c'est que du muscle !" constata t-il en commençant à soulever la bête.

Alors qu'il tentait de la porter, la douleur dans sa jambe le relança. Elle n'était pas cassée mais quelque chose n'allait pas. Heureusement l'autre Mauste était là pour l'aider. Alors qu'il voulait lui demander de faire attention lorsqu'elle posait la dépouille, il se rendit compte qu'il ne connaissait pas son nom.

"Comment tu t'appelles au fait ? Moi c'est Ükal Sombre-Lune."

La dépouille sur le griffo, il ne restait plus qu'à rentrer au camp, cependant cela pourrait prendre du temps à pied, surtout blessé. Mais Ükal préférait donner sa foi a Zhäa plutôt que de monter sur cette bête. Itako semblait s'ébrouer lorsqu'on lui chargea le Kaldrog mais la chasseresse le calma bien vite. Les autres Kaldrogs ne semblaient plus s'intéresser à eux, ils pouvaient se remettre en route.

-Passa ton bras autour de mes épaules et appuis toi sur moi... Cela soulagera ta jambe. On va s'éloigner d'eux et on va faire une pause. Je regarderais ta blessure une fois qu'on sera en sécurité. Ma mère est la soigneuse du clan, elle m'a montré deux trois trucs.
"Ah merci bien, on va gagner un peu de temps. Tu penses qu'on est loin du camp ?"

Ükal se rappelait également de Wakanda. Elle avait déjà eu à le recoudre une fois, et son intuition lui soufflait qu'il la reverrait souvent dans les lunes à venir.

"On peut s'asseoir cinq minutes ?" demanda t-il d'une voix presque suppliante. Même en étant supporté par la Mauste, sa jambe commençait à céder. Il n'arrivait presque plus à se tenir dessus. Alors il se laissa lourdement tomber par terre, sa griffe à la main, sans attendre de réponse.

"Ça me fait un peu mal quand même."

Sans se soucier de la pudeur, il retira son pantalon de toile pour voir sa jambe meurtrie, la cuisse largement éraflée. Du sang perlait par endroits, et presque l'ensemble de la cuisse était bleuie. Tout ce qu'il pouvait espérer c'était que la queue de Kaldrog ne soit pas venimeuse.

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La dépouille chargée, il ne restait plus qu'à lever le camps pour le grand soulagement de Tiki.
"Comment tu t'appelles au fait ? Moi c'est Ükal Sombre-Lune."

La tension accumulée et le soulagement de voir qu'elle n'était pas la seule à ne pas avoir vraiment reconnu son interlocuteur la fit légèrement rire. Elle était soulagée qu'il pose le problème des identités le premier. Ükal ! Au moins cette fois elle s'en souviendrait !
-Moi c'est Neytiki la furtive. Tu peux m'appeler Tiki... ajouta-t-elle d'un ton bien plus agréable que tout ce qu'elle avait pu utiliser jusqu'à present.  Car à mesure qu'ils s'éloignaient, elle sentait sa peur décroître et son rythme cardiaque revenir à la normale. Elle se sentait plus sereine même si deux fois elle se prit à regarder par dessus son épaule mais les bêtes ne les avaient pas suivi.Bientôt elle sentit Ükal devenir de plus en plus lourd si bien que lorsqu'il lui demanda de s'arrêter, elle ne fut pas surprise de voir qu'il était en fait à bout de force. Mais si il y avait bien une chose qu'on pouvait lui reconnaître c'était qu'il était résistant. Tiki n'était pas dupe, elle voyait bien derrière ses expression légère qu'il devait souffrir bien plus que le "petit peu" qu'il annonçait. Au moins ce n'était pas un pleurnichard. La prenant de court il commença à se dévêtir pour étudier la blessure. Au moins il avait le sens de l'initiative.      
-Laisse moi voir ... Murmura-t-elle en se pencha sur la blessure. Sans le toucher elle fit voler ses doigts au dessus de l’hématome.
-Je dirais pas cassé... Mais il t'a pas loupé. Commenta-t-elle. Si il avait été sur îlglace, elle aurait pris une grosse poignée de neige pour la mettre sur la blessure. Mais ils étaient sur Opale... Se leva, elle alla chercher quelque chose dans la besace accroché au harnachement d'Itako. Elle en sorti sa gourde. Puis elle farfouilla et en sortie un petit étui et un petit tissu.
-Avec ma mère j'ai toujours de quoi faire pour les premiers soins...
Commenta-t-elle. Elle entreprit alors de laver le sang et la terre avec son tissu qu'elle avait imbiber d'eau. La fraîcheur, elle l'espérait, calmerait peut être la douleur.
-Les écorchures ne sont pas profondes même si elles sont longues... Constata-t-elle avec soulagement. Elle attrapa le petit étui et en sorti un flacon plein de plante séchée. Elle en prit une poignée.
-Ça devrait empêcher une infection. Expliqua-t-elle. Après quoi elle commença à les mâcher, puis méticuleusement, elle appliqua ce cataplasme improvisé le long des éraflures.  
-Ça reste une blessure sérieuse... Ajouta-t-elle. Puis elle releva les yeux et les planta dans ceux de Ükal.
-Tu aurais pu éviter ça si tu avais accepté de monter sur Itako.  Ce truc aurait pu te tuer! Itako lui, pouvait te sauver. Ükal... Tu réalises que tu as agis stupidement et pire encore ? Le sermonna-t-elle, en continuant les soins mais sans oublier de lui donner un deux coup d'oeil sévère.

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-Je dirais pas cassé... Mais il t'a pas loupé.

Soulagement. Il avait bien senti que sa jambe n'était pas cassée, il avait pu marcher jusqu'ici c'est donc que sa jambe tenait le coup. Cependant elle lui faisait horriblement mal, chaque pas qu'il avait fait lui avait arraché des douleurs de plus en plus fortes plus ils avançaient dans la brousse. Il ne savait pas si le campement était encore loin, et la chaleur de cette fin de journée n'arrangeait rien.

Tiki se leva et alla près de son griffo pour prendre de quoi le soigner. C'était une chance qu'elle soit la fille de Wakanda, sinon il aurait sûrement eu plus de problèmes. Elle commença par lui verser de l'eau sur ses éraflures, ce qui lui faisait un bien fou. La fraîcheur de l'eau sur sa blessure le soulagea presque immédiatement, il était même presque prêt à repartir.

-Ça devrait empêcher une infection. lui dit-elle en sortant une plante séchée.
"Au pire si ça s'infecte j'irai voir Wakanda, et en moins de deux je serai propre comme un Mésorian." répondit-il en voulant plaisanter. Cependant il espérait vraiment qu'elle avait de quoi le soigner.

Elle appliqua ce qu'elle venait de mâcher sur sa jambe et constata que c'était une blessure grave.

-Tu aurais pu éviter ça si tu avais accepté de monter sur Itako. Ce truc aurait pu te tuer! Itako lui, pouvait te sauver. Ükal... Tu réalises que tu as agis stupidement et pire encore ? le sermonna t-elle d'un ton presque sévère.
"Non les griffos franchement c'est pas fait pour moi. Et pour la bestiole je pouvais pas résister, j'en ai jamais vu des comme ça. D'ailleurs tu sais comment ça s'appelle ? C'était sans doute un peu dangereux mais regarde ça valait le coup, une blessure ça guérit."

Elle avait fini de le soigner et il se sentait un peu soulagé, en grande partie grâce à l'eau fraîche qu'elle avait versé sur sa cuisse.

"On peut repartir Tiki non, qu'est ce que t'en penses ?" dit-il en se relevant d'un coup, juste avant de s'évanouir dans le sable.

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A l'entendre parler on aurait cru que Wakanda était une prêtresse Hyranne. Et si Tiki n'avait pas distingué la cicatrice qui lui balafrait le visage, là, juste sous l'oeil, elle l'aurait pris pour un inconscient qui ignorait tout d'un danger d'infection... Mais son optimisme était sûrement là pour masquer ses réels sentiments. Et après tout, il avait raison : une blessure ça guérit. Il fallait juste espérer que pour celle là l'amputation ne serait pas nécessaire pensa-t-elle sombrement. Elle lui répondit d'un sourire bancal, qui trahissait son inquiétude malgré elle et la bonne humeur apparente du jeune homme.
-Ne je sais pas comment ça s'appelle... Mais j'en avait déjà vu. Jamais d'aussi près cela dit... Lui répondit-elle en haussant les épaules. Elle s'appêtait à lui demander c'était quoi son problème avec les griffos, mais il sautait déjà à une autre idée : celle de rentrer au camps. Elle fronça les sourcils, incertaine.
-On devrait peut-être ... ÜKAL ! Trop tard, il tournait déjà de l'oeil et elle ne pu que le rattraper de justesse avant qu'il ne se cogne la tête dans sa tête. Elle jura de toute ses forces, avant de l'étendre de façon à ce qu'il ne se fasse pas mal. Derrière elle, émit un cri de surprise, mais elle n'avait pas le temps de le rassurer. Elle était en train de se demander comment elle allait pouvoir s'y prendre quand un bruit lui fit relever la tête : il y avait quelqu'un pas loin. Elle plissa les yeux et reconnue Täko le Rêveur. Le faiseur de vêtement, et un ami de longue date. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de le voir. Elle l'interpella :    
-Täko ! Viens ! J'ai besoin d'aide !Elle vit avec soulagement qu'il l'avait entendu car il venait vers elle. Avant qu'il ne puise poser une question elle lui expliqua en montrant Ükal :
-Il est évanoui... Faut qu'on le ramène au camps. Aide moi à la porter. au ton qu'elle avait employé, le jeu homme compris qu'il n'était pas le moment de traîner, et il s’exécuta sans poser plus de question. Chacun pris un bras de Ükal pour le passer sur ses épaules de telle sorte à le soulever et pouvoir le transporter à deux.
-En route, faut pas traîner. Ordonna la chasseuse en sifflant le griffo pour qui les suive. Un long silence accompagna leur marche le clan qui heureusement n'était pas loin du moins jusqu'à ce que Täko se racle la gorge et demande :
-Tiki ... Il semblait essayer de prendre son courage à deux mains... A moins qu'il ne reprenne son souffle ?
-Pourquoi... Pourquoi il a plus de pantalon... Demanda-t-il d'une voix que Tiki trouva étrange. Elle lui répondit en économisant ses mots, réalisant d'ailleurs qu'ils avaient laisse le dit pantalon sur place :
-Blessé à la jambe... J'ai regardé la blessure.
-Ah ! D'accord ! Répondit Täko presque avec enthousiasme. Tiki lui jeta un regard interrogateur, ne comprenant pas ce changement de ton.
-Pourquoi cette question ? Tu pensais que c'était pourquoi ? Lui demanda, cherchant à trouver pour quelle autre raison il avait pu imaginer que Ükal aurait pu retirer son pantalon. Mais Täko éluda la question en répondant simplement :
-Quoi ? Heu... pour rien. je demandais juste...  
Tiki sentait bien qu'il ne lui disait pas tout, mais elle ne chercha pas plus loin... Ils étaient arrivé au camps, et bientôt la tente de sa mère fut en vue. Elle vint les accueillir, et Tiki lui raconta toute l'histoire. Wakanda se mit rapidement au travail en demandant de l'aide à sa fille. Tiki demanda alors à Täko de trouver un chasseur qui pourrait s'occuper de dépecer la prise de chasse et de s'occuper d'Itako. Son ami s'empressa de se mettre au travail : il n'avait jamais aimé voir Wakanda travailler. La soigneuse fit respirer à Ükal des herbes brûlée dont les vapeurs devaient le maintenir endormit le temps qu'elle s'occupe de sa blessure. Ce fut plus rapide que Tiki ne l'aurait cru. Et bientôt sa mère lui annonça que c'était fini, et qu'elle pouvait attendre qu'il se réveil.
-S'il essaye de se lever, empêche le de la faire. Lui précisa-t-elle en quittant la tente et Tiki hocha pour accuser réception du message.    

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Sa douleur à la jambe s'accompagnait maintenant d'un mal de crâne. Ükal émergea lentement et mit quelques minutes avant de se rendre compte qu'il était dans une tente. En voyant le matériel de soin, il se douta qu'il devait être chez Wakanda et qu'elle s'était occupée de lui alors qu'il était inconscient. Tiki était encore à ses côtés. Bien que ses maux de crâne et sa jambe le préoccupaient, il avait autre chose en tête.

"Tu m'as attendu pour goûter à la viande j'espère ?"

Il avait fin et soif, alors il entreprit de se lever de la surface sur laquelle il était allongé. Un bon morceau de viande ne lui aurait pas fait de mal. Mais à peine était-il redressé qu'il se sentit retomber. Un étourdissement soudain le surprit, et il fût de nouveau allongé avant de comprendre ce qui lui arrivait.

"Comment tu m'as ramené ici ?" demanda t-il à Tiki curieusement après avoir repris ses esprits. Tu m'as pas fait monter sur ta bête j'espère ?"

Malaise ou pas, il refusait de monter sur un griffo. Mais alors il se demandait bien comment Tiki avait pu le transporter sur plusieurs centaines de mètres.

Combien de temps devait-il encore rester allongé ? Sans doute jusqu'à ce que Wakanda revienne. Sa jambe semblait s'être arrangée, et il n'aurait sans aucun doute aucun mal à marcher, au moins jusqu'à une table où il trouverait à manger.

"Je suis resté combien de temps dans les pommes ?"

Alors seulement il se rendit compte de quelque chose, où étaient ses affaires ?

"Tiki, où est mon arc ? Et la corne et les griffes de cette bestiole ? Me dit pas que j'ai été la chasser pour perdre cette corne... Elle était drôlement jolie."

Il attendit encore un moment, et quand son ventre recommença à faire du bruit il demanda "Tu penses que je peux me lever ? J'ai peut-être attendu assez longtemps. Et manger ça pourrait me faire du bien."

Deux chasseurs dans la brousse -  65ème jour d'Automne 1650 - La Savane d'Opale

Tiki somnolait à moitié quand Ükal reprit connaissance. Le nuit était bien avancée, il avait perdu connaissance que quelques heures. A peine ouvrit-il un oeil que déjà il l’assomma de questions. La chose était plutôt bon signe, et elle rassura un peu Tiki,mais elle perdit tout sourire quand elle l'entendit proposer l'eventualité qu'il puise se lever.
-Ükal, bon sang tu n'arrêtes jamais ! Tu te nourris aux pierres d'Eliwha où quoi ?! S'exclama-t-elle en posant vivement une main sur son épaule pour l'empêcher de bouger.
-Tu DOIS rester coucher. Tu DOIS te reposer. Et si tu essayes de te lever je te casses les chevilles pour apprendre à te tenir en place. C'est compris ?! Le prévint-elle en prenant un air sévère.
-Ma mère dit que tu dois te ménager et qu'on dois voir comment ça évolue. Si tu force trop tu pourrais finir comme notre chef : boiteux à jamais.
Lui expliqua-t-elle gravement. Il y avait un tel décalage entre elle et lui ! Il avait de prendre tout avec une telle légèreté ! Ils avaient failli se faire tuer, et lui ne s’inquiéter que pour sa corne. Elle soupira :
-Tes affaires sont là... La corne aussi. Tu ne l'a pas lâché ... Juste son pantalon est resté sur place. j'irais le récupérer demain matin. On était proche du clan quand tu as tourné de l'oeil. Et si tu veux le savoir, on je t'ai pas chargé sur ma "bête" comme tu dis. Täko passait par là et il m'a aidé à te porter. Mais si il n'avait pas été là, je t'aurais charger sur mon griffo. Lui répondit-elle avec honnêteté. Puis lui jetant un regard interrogateur elle voulu savoir :
-C'est quoi ton problème avec les griffos ? A t'entendre tu préfères mourir qu'en monter un....

Deux chasseurs dans la brousse - Point de vue d'Ükal Sombre-Lune - Fin d'Automne 1650  

-Ükal, bon sang tu n'arrêtes jamais ! Tu te nourris aux pierres d'Eliwha où quoi ?! lui dit-elle alors qu'il tentait de se relever.
"Si j'en avalais une tu me laisserais me lever ?" lui répondit-il sur le ton de la plaisanterie.

Il ne se sentait pas fatigué mais affamé. A vrai dire il avait tellement faim qu'il aurait pu manger un Orik à lui tout seul. Mais si elle ne le laissait pas se lever, peut-être pouvait-il lui demander de lui apporter à manger ? Après tout il avait chassé ce Kaldrog lui-même, il avait bien le droit d'y goûter.

Mais il demanderait cela plus tard à Tiki, pour l'instant elle avait l'air énervée. Pourquoi est ce que l'énergie d'Ükal l'agaçait autant ? En lui expliquant pourquoi il ne devait pas se lever, elle compara sa situation à celle de leur chef condamné à boiter. Cette comparaison fit bien rire Ükal, mais sans doute aurait-il dû se retenir. Vu comme Tiki était énervée, sans doute n'apprécierait-elle pas un éclat de bonne humeur.

En répondant à sa question, elle lui montra du doigt ses affaires. Tout était bien là sauf son pantalon. Mais son arc et la corne de l'animal était bien dans la tente.

"A ton avis, on peut faire quelque chose avec cette corne ? Elle à l'air bien solide ! Mais bon au pire je m'en servirais pour décorer."

Ensuite Tiki lui expliqua comment elle l'avait ramené au camp. Heureusement elle ne l'avait pas monté sur son griffo, mais elle lui demanda quel était son problème avec les griffos.

"Je préfère juste ne pas monter dessus. A vrai dire je n'ai jamais essayé, mais je ne préfère pas. Ça à l'air beaucoup trop dangereux. Mais ce n'est pas seulement les griffos. J'évite en général tout ce qui a des plumes." lui répondit-il sur le ton le plus froid que le pouvait un okanaki allongé en sous vêtements.

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Devant la plaisanterie du jeune homme, Tiki leva les yeux au ciel mais ne pu empêcher un vague sourire de lui venir. Elle commençait à comprendre que c'était comme cela que le jeune homme marchait et cette bonne humeur permanente lui faisait étrangement du bien. Elle qui ruminait ses pensées noires depuis des jours, elle avait l'impression de se sentir plus légère malgré le fait que la situation ne s'y prêtait pas forcement. En vérité, garder son masque de sévérité lui demandait beaucoup d’énergie devant la décontraction de son ami. Une partie d'elle se demandait pourquoi prendre ses grands airs alors que la situation n'était finalement pas si catastrophique, du moins à en croire l'état de Ükal. Alors qu'il l’interrogeait sur l'utilisation qu'il pouvait faire de la corne, elle haussa les épaules.
-On peut toujours trouver quelque chose à faire avec une corne ...
Mais l’artisanat n'était pas vraiment le fort de Tiki, alors elle fut bien incapable de donner un exemple. Ce qu'elle voulait, c'était que Ükal n'est pas fait tout cela pour rien, avec pour seule récompense un objet voué à prendre la poussière. Alors u'elle essayait de trouver quelque chose de plus intelligent à dire, le ton froid de Ükal la fit vivement pivoter vers lui. Son visage se froissa dans une expression incompréhension. Elle n'avait pourtant pas eu l'impression de poser une question "tabou"...
-Tu aimes pas les oiseaux ?!
Demanda-t-elle entre l'éclairement et la surprise. Maintenant elle comprenait mieux son attitude... Même si elle ne comprenait pas beaucoup plus le pourquoi .... A moins que ... !
-Tu as eu un accident c'est ça...? Questionna-t-elle d'un ton qu'elle fit le plus adoucit possible. Elle eut un vague mouvement de la tête vers la cicatrice du jeune homme.
-C'est un oiseau qui t'as fait ça..? Voulu-t-elle savoir alors qu'elle désignait la balafre. Elle avait conscience de poser là une question très personnelle, mais la curiosité la taraudait : ce n'était pas tout les jours qu'on pouvait discuter avec un Okanakie phobique des griffos !  

Deux chasseurs dans la brousse - Point de vue d'Ükal Sombre-Lune - Fin d'Automne 1650  

-On peut toujours trouver quelque chose à faire avec un corne ... dit Tiki. Le ton de sa voix montrait bien qu'elle n'en avait rien à faire en vérité.

Ükal continuait d'observer l'objet, comme un trésor de guerre, comme un véritable trophée. Il était rarement parti à la chasse de si gros prédateurs et dans une autre situation il n'aurait peut-être pas attaqué le Kaldrog. Il se souciait peu d'avoir frôlé la mort, à vrai dire il ne s'en rendait même pas vraiment compte. La rencontre avec la bête lui laissait un sentiment étrange, et la certitude d'avoir encore des tas de choses a découvrir dans ce vaste monde. Sans doute cette corne était-elle le premier d'une longue liste de trophée, il allait la garder précieusement.

Pendant qu'il l'observait, Tiki le sortit de sa rêverie en relançant la discussion sur les oiseaux.

-Tu as eu un accident c'est ça...? demanda t-elle en tentant de se faire douce. Néanmoins Ükal sentait comme un regard insistant sur sa cicatrice, cette discussion n'allait sans doute pas le mettre à l'aise mais bon, elle lui avait sauvé la vie il pouvait bien se montrer sympathique avec elle.

-Un accident c'est un bien grand mot. répondit le jeune Okanaki en tournant la tête pour cacher sa cicatrice. Disons simplement qu'une maman oiseau n'a pas apprécié que je dérange sa progéniture. Je la vois encore plonger sur moi, les ailes déployées. Tu sais quand on parle de défendre quelque chose bec et ongles, c'est pas toujours une expression. Bon là c'était des serres mais enfin tu me comprends. dit-il en tentant d'ajouter une pointe de légèreté.

Tiki était en droit de se poser cette question, et il ne voulait ni l'attrister, ni l'apitoyer. A vrai dire ce qu'il voulait pour l'instant, c'était manger.

-Bon c'est pas tout ça mais j'ai vraiment faim. Ils ont fait cuire la bestiole ? demanda Ükal en se levant et en oubliant qu'il n'avait plus de pantalon.

Deux chasseurs dans la brousse -  65ème jour d'Automne 1650 - La Savane d'Opale

La légèreté que le chasseur mettait dans sont récit tendait à diminuer sa gravité. Pourtant, il suffisait de voir la cicatrice pour deviner la réelle violence de la scène. Habituée à fréquenter les chasseurs, Tiki leur connaissait cette façon nonchalante de conter leur mésaventures comme si elles n'étaient rien. Elle même, souvent, se surprenait à prendre ce ton... Mais elle était capable de voir au delà de cette façade : elle avait vu sa peur des volatiles. Difficile après une telle démonstration phobique de croire qu'il ne payait pas encore aujourd'hui les retours de sa mésaventure. Elle se sentait presque un peu morveuse d'avoir insisté autant pour qu'il monte itako. Elle formula la promesse silencieuse de prendre garde à ce détail pour une prochaine fois, et pendant ce temps ükal venait de se lever. Rhaaa ! Ne lui avait-elle pas promis de lui casser les genoux si il se levait ? Evidemment, elle était incapable mais aurait préféré que Ükal y croit.
-Ükal. Allonges toi !
Ordonna-t-elle avec toute l'autorité dont elle était capable.
-De toute façon, tu as pas de pantalon, alors je pense pas que tu iras très loin.
Ajouta-t-elle non sans malice.
-Je vais te chercher à manger... Mais tu ne bouges pas. C'est compris ? Insista-t-elle en essayant de donner à sa phrase une teinte menaçante. Elle quitta l'endroit rapidement. Elle été persuadée que le chasseur ne serait pas raisonnable en son absence ainsi se pressa-t-elle pour aller à l'air de dépeçage. Elle y trouva son frère mais pas le cadavre de la créature. C'est lui qui lui expliqua que la viande de la chose n'avait rien de très agréable en bouche et qu'ils l'avait laissé sur place. Heureusement, d'autres prises avaient été faite, et il donna une assiette richement fournit autant en viande qu'en fruit. Avant qu'elle ne le quitte, il lui lança aussi un tissu : le bas de Ükal, non sans préciser avec un sourire "qu'ils avaient aussi trouva ça sur place". Les mains pleines, elle retourna à la tente de sa mère.
-J'ai de quoi de rhabiller, et te nourrir ! Annonça-t-elle victorieuse.

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En se levant il ne sentit d'abord qu'un léger vertige qui passa assez vite. Mais il sentit ensuite qu'il avait un peu plus froid aux jambes que d'habitude. Effectivement il n'avait toujours pas remis son pantalon, et il ne savait même pas où il était.

Tiki lui ordonna quasiment instantanément de se recoucher.

-Mais je t'assure que ça va, je tiens debout et je peux même marcher.

-De toute façon, tu as pas de pantalon, alors je pense pas que tu iras très loin.

-Ne pas avoir de pantalon ne m'as jamais empêché de marcher tu sais... Mais bon puisque c'est demandé si gentiment... dit il avant de se rasseoir là où on l'avait soigné. Mais j'ai vraiment faim, ajouta t'il en essayant d'avoir l'air le plus triste possible. Peut être qu'une moue convaincrait Tiki d'aller lui chercher à manger puisqu'il ne pouvait pas y aller lui même.

-Je vais te chercher à manger... Mais tu ne bouges pas. C'est compris ? répondit elle. Elle se donnait un air presque autoritaire, comme si elle avait peur qu'Ükal se blesse de nouveau.

-Pas de problème cheffe, lui répondit Ükal. Ainsi il devait rester au repos et on allait lui apporter à manger. Se blesser avait parfois du bon.

En attendant que Tiki revienne, il patienta en observant tout ce qui pouvait se trouver dans la tente de la guérisseuse. Même en cherchant tant qu'il pouvait, il ne comprenait pas à quoi pouvaient bien servir la plupart des objets qu'il voyait. La médecine était encore un des domaines où il ne connaissait pas grand chose.

Tiki revint bien vite avec une assiette remplie et un chiffon.

-J'ai de quoi de rhabiller, et te nourrir !

-Ah c'est mon pantalon ça ? dit il en attrapant le bout de tissu. Il le retournait pour chercher où était l'entrée, il était tellement déchiré qu'on ne savait plus dans quel sens le tenir. Il ne protège plus grand chose mais bon, on voit qu'il a du vécu, dit-il en retirant la poussière qui restait sur la toile entre les déchirures.

-Merci pour l'assiette ! Il était passé où ce pantalon ? demanda Ükal à Tiki en commençant à manger sans plus attendre. C'est étrange la viande de ses bestioles a presque le même goût que la viande de lapin.

Pendant qu'il mangeait il tendit des fruits à Tiki qui n'avait rien à manger pour elle.

-Et dis moi, demanda t-il après avoir terminé son assiette, je vais pouvoir dormir dans ma propre tente cette nuit ou je vais devoir rester ici ? C'est que la journée à quand même été fatigante...

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Elle retint un rire quand le jeune homme compara le goût à celui de la chaire de lapin.
-c'est normal... C'est du lapin.
Elle lui adressa un sourire désolé :
-Noatäk m'a dit que la viande de ce truc était très mauvaise ! Mais bonne nouvelle : les griffes et les cornes, ce sont de très bonne prises ! Les chasseurs sont retournés voir les reste du cadavre pour récupérer ce que l'on avait pas pu prendre. Ils ont tous été très impressionné par cette chasse. Apparemment, sauf la viande, il y a pas mal de choses dont on peut se servir. Si tu veux, je peux demander à Noa, il avait l'air de dire que les cornes pouvaient donner de très bonnes lames. Il pourrait te montrer comment faire des Tolohok avec ?  
Elle était au moins heureuse de constater que sa mésaventure avait servit au clan. La peau, avait même été récupéré, car été en assez bon état pour qu'on envisage d'en taner le cuir pour en faire des sacs.
-Apparemment, on a eu de la chance, on est pas passé loin de finir dans le même état que ton pantalon... C'est de ma faute, j'aurais dû leur laisser ma prise.
Commenta-t-elle avec regret. Quand elle voyait l'état du jeune homme, elle se sentait stupide : un bout de viande valait-il la vie d'un homme ?
-Je ne sais pas dans quel état j'aurais fini sans toi... Confessa-t-elle en détournant les yeux.
-Tu m'as sauvé... Je t'en dois bien une.
Et Tiki était bien déterminée à la lui rendre, ainsi proposa-t-elle.
-J'ai tué un Orik il y a deux jours. J'avais commandé à Täko une tunique avec le cuir de sa peau, mais je lui demanderais de t'en tailler un pantalon, ça remplacera celui que je t'ai fait perdre. Proposa-t-elle en croquant dans un des fruits qu'il lui avait donné. Quand à sa question sur là où il dormirait ce soir, elle haussa les épaules sans pouvoir affirmer.
-Généralement ma mère aime bien garder ses blessée pendant une nuit, pour vérifier que tout va bien.
D'ailleurs quand on parlait du loup, on y voyait le bout de la queue. La mère de Tiki venait de revenir, revit de voir que son patient été réveillé. Elle remercia Tiki pour la garde mais celle-ci comprit qu'elle devait pas rester dans les pattes de la soigneuse. D'un geste timide de la main, elle dit au revoir à ükal et le laissa aux bons soins de Wakanda.
FIN DU RP