Reev est né Raël-Ivanek Nörin mais il ne se présente jamais sous son vrai nom, discrétion oblige. Reev est la contraction de ses deux prénoms. Quant à Deux-Sourires, eh bien ! On le surnomme bien des choses, et les termes sont plus ou moins élogieux. S’il n’avait pas un si joli minois, on l’appellerait probablement Reev La Guigne, mais au lieu de cela on ne retient que son visage d’ange et son sourire. Reev sourit constamment, depuis toujours. Et en grandissant, il y eut deux sourires : le sourire amusé et charmeur de tous les jours, et celui qui apparaissait juste avant qu’il ne fasse une bêtise. Ainsi Raël-Ivanek était-il surnommé Deux-Sourires par ses amis, qui connaissaient bien sa propension à s’attirer des ennuis. « Le premier sourire te gagnera tout l’or du monde, le second te mènera à ta perte », plaisantaient-ils. C’est sans conteste le surnom qu’il préfère.

Pas très grand pour un Torkos, direz-vous. Reev est effectivement né petit et malingre en comparaison de ses frères et sœurs, et les premières semaines de sa vie furent des plus délicates. Heureusement les maîtres furent bons avec sa mère et lui et les soins que l’on procura au nouveau-né assurèrent sa survie. Reev grandit moins vite que ceux de son âge et sans jamais peser bien lourd mais, la puberté aidant, sa nature de Torkos s’éveilla assez pour élargir ses épaules, développer ses muscles et sa force. Même si sa condition physique n’équivaudra jamais celle du Torkos moyen, elle surpasse encore celle des autres peuples.

Reev s’y est fait et ne se plaint pas de ce désavantage, d’autant plus qu’il a d’autres atouts dans la manche. Son visage en particulier. Enfant déjà, on devinait des traits harmonieux. Un nez fin, des yeux clairs surmontés de sourcils légèrement arqués sous le regard amusé de leur propriétaire et un sourire mutin, Reev avait tout pour devenir un grand séducteur. Conscient de son charme évidemment, il use et abuse de ces sourires qui, s’ils ne font pas toujours craquer les filles, ont au moins le mérite de lui donner l’air angélique. On lui donnerait Hygérie sans confession.

Moins costaud que la moyenne des Torkos, Reev n’est pas longiligne pour autant. Il garde des épaules carrées et une silhouette somme toute assez râblée – sa "petite" taille n’aidant pas – mais se déplace somme toute élégamment. Pour un Torkos, s’entend. Sa démarche est plus souple et légère que la normale. Il n’est pas bon coureur mais plutôt agile de ses mains, ce qui s’avère utile dans sa profession. Bien sûr il n’atteindra jamais l’agilité d’un Okanaki, mais la sienne est suffisante pour flouter le badaud et c’est tout ce qui compte à ses yeux.

En ce qui concerne son style vestimentaire, Reev ne fait pas le difficile et s’habille comme il le peut suivant les moyens du moment. Ses tenues resteront toujours sobres et sombres, le garçon aimant se mouvoir dans la foule sans se faire remarquer. Il dissimule son visage sous une capuche lorsqu’il le faut. De ses maîtres mésorians, il a gardé une bonne hygiène de vie et l’envie d’avoir l’air propre sur soi.

Dernier détail, Reev possède une cicatrice sur la lèvre supérieure droite, dont il vous racontera avec plaisir l’origine si vous lui posez la question, avec force contextualisations, intervenants et détails abracadabrants. Il est à noter que l’histoire change au rythme de ses interlocuteurs.

Reev a un joli minois et de bonnes manières ; dans le meilleur des cas, il aura l’air charmant. La majorité du temps, on lui trouve un air sympathique, parfois naïf, bien que son deuxième sourire démente la dernière hypothèse. Lorsqu’il prépare un mauvais coup, cela se voit aisément, et dans ce cas-là l’inconnu en question se méfiera probablement – et il aurait raison.
Dans le pire des cas, il a juste l’air d’une tête à claques.

Les proches de Reev connaissent bien l’ambivalence de son surnom et de sa personnalité. Ce n’est pas un mauvais gars mais il est clair qu’il s’attire beaucoup trop d’ennuis pour son propre bien. La plupart s’inquièteraient probablement pour lui, tandis que les autres diraient qu’il ne récolte que ce qu’il sème. Ses amis savent que malgré sa propension à s’attirer des ennuis et à les tirer vers le bas avec lui, Reev ne fait pas constamment exprès et n’aime pas les mettre en danger. C’est un compagnon loyal et son instinct de conservation peu développé cache aussi un courage insoupçonné.

L'opinion de Reev oscille constamment entre le très haut et le très bas. Autant il se voit parfois tel qu’il est dans le miroir, un beau garçon dont le charme peut le sortir des pires situations, autant il déplore souvent son physique de Torkos malingre, ses connaissances limitées et son intelligence pas toujours mise à profit. Il se trouve trop lent à la réflexion et a l’impression de s’imposer seul des limites. Il veut souvent faire des choses que sa morale ou son bon sens lui interdisent, tandis que s’il ne réfléchit pas il finit immanquablement par s’attirer des ennuis, et alors là, morale et bon sens peuvent aller se coucher. Il se trouve souvent stupide a posteriori et est persuadé d’avoir la poisse depuis sa naissance. Il n’aime pas se plaindre, fustige ceux qui le font, mais se reproche intérieurement beaucoup de choses – ce qui l’agace évidemment, n’aimant pas se comporter en geignard. En résumé et pour faire simple, Reev a comme beaucoup de gens une confiance en lui limitée, même s’il joue la comédie à la perfection. C’est d’ailleurs un des talents dont il est fier.

Ce n’est pas un garçon compliqué malgré cela et s’il écoutait réellement ses désirs, il vivrait probablement une vie tranquille loin du monde et des ennuis. Mais en l’état, il est incapable de savoir ce qu’il veut et se contente de l’excitation et de la brève satisfaction que lui confère une vie de brigandage et d’escroqueries sur plus bête que lui. Ses priorités actuellement sont l’argent et, s’il peut l’obtenir à la fois, un certain amusement.

Reev a une certaine amertume vis-à-vis des autres Torkos, uniquement par jalousie, mais en dehors de cela il aime et respecte son peuple. Vis-à-vis des Mésorians, il est moins acerbe, ayant grandi parmi eux chez son maître. Il éprouve encore pour eux une sorte d’affection mêlée de culpabilité, rapport à son statut d’esclave auto-affranchi, dirons-nous. Reev eut un « maître » Okanaki après sa fuite de chez les Mésorians, dans une relation d’élève à professeur cette fois, qui lui enseigna comment voler et rouler les badauds. Autant dire qu’il éprouvait pour lui le plus grand respect, et cela se ressent dans sa façon de considérer naturellement les autres représentants de cette espèce. Il envie presque leur agilité. Bien sûr, ce ne sont ici que des généralités, Reev étant le genre de personne qui préfère se faire une opinion des gens avant de les juger.

Reev étant un Torkos, son dieu n’a pas grande influence sur lui, mais il connaît son histoire, les légendes et les croyances qui le concernent. Il regrette sa disparition, comme tout un chacun, mais ayant été élevé en connaissance des traditions torkos, il sait que la position de faiblesse de son peuple est méritée. Il connaît les anciens préceptes torkos bien qu’il se plie – parfois de mauvaise grâce – aux lois mésoriannes. Il connaît et respecte les autres dieux mais ne les invoque en aucune manière, ne serait-ce que par respect pour Bersok – dont sa mère lui a toujours défendu de prononcer le nom. Il a vaguement entendu dire qu'il serait apparu sous sa forme d'âme errante récemment mais n'en croit pas un mot.

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