Rappel du premier message :Aujourd’hui, c’était le grand jour, nous partions enfin tous ensemble hors des limites d’Opale, pour rendre visite à de la famille éloignée, dont je ne connaissais même pas l’existence, il y a encore quelques jours. Aussi loin que je me souvienne, j’avais toujours pensé qu’il n’y avait personne d’autre que mon père, mes frères et moi. Père ne parlait de personne en dehors de ses parents, qui sont morts depuis bien longtemps. Je croyais donc que nous étions les derniers survivants de la famille Berthelot. C’était une grosse erreur de ma part.
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Nous avions reçu une lettre, il y a quelques temps de cela, qui nous invitait à nous rendre chez le frère de ma mère. Il semblerait que mon grand-père maternel, que je croyais mort, veuille me rencontrer. Pour ma part, je n’en voyais pas vraiment l’utilité, si mon père ne m’avait pas forcé à y aller, j’aurais décliné l’invitation. Pourtant, au fond de moi, je voulais m’y rendre, car ça me permettrait peut-être d’en apprendre plus sur ma mère.
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Ileval, c'était la première fois que j'y allais depuis ma naissance, c'est-à-dire il y a 16 ans. Je ne savais encore rien de cet endroit, simplement que de la famille de ma défunte mère, y résidait. Pourtant, aucun d'eux n'avait jamais voulu nous voir depuis sa mort. Je savais qu'au fond c'était à cause de moi, car ils me rendent responsable de sa disparition. En même temps, ils n'ont pas tort si je n'étais pas venue au monde, elle serait encore vivante. Mon père ne serait donc pas aussi malheureux, et mes frères aussi. Aucun d'eux ne m’avait porté pour responsable ce qui était arrivé, pour eux j'étais leur petit ange, le dernier cadeau que leur avait fait ma mère avant de partir. Néanmoins, je me sentais horriblement coupable, je n'ai parlé à personne de ce sentiment, sauf à Elkï. Alors, je faisais en sorte d'être toujours heureuse et souriante, pour que jamais mon père s'inquiète pour moi, ou bien qu'il regrette de m'avoir pour fille.
Cependant, ce voyage me rendait plus que nerveuse, je savais que j’allais être jugé de la tête aux pieds et aussi être comparée à ma mère, qui était une vraie merveille. Il était donc normal que je sois pareille, ce qui n’était pas du tout le cas en réalité. Puis je ne supportais vraiment pas d’être en robe. J’avais l’impression d’être quelqu’un d’autre, mais j’avais promis à mon père de bien me tenir, après tout je savais me comporter comme une jeune fille de bonne famille. Mais vraiment, comment les filles font pour supporter d’être coincées toute la journée dans une robe, qui leur coupe la respiration ? Heureusement pour moi j’avais pu choisir la robe que je voulais porter, sinon connaissant mon père je me serais retrouvée à porter une robe pleine d’excentricité. J’avais donc opté, pour une longue robe simple de couleur parme, avec un col en « V », et quelques broderies dorées. C’était une vieille robe appartenant à ma mère. Et par-dessus je portais une cape blanche, j’avais même fait l’effort de relever mes cheveux en y insérant un peigne dorée. Tous ces préparatifs pour des gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, ce qui n’a vraiment aucun sens. Je ne cherchais même pas à leur plaire. Peut-être que si au fond, mais je ne voulais pas me l’avouer.
En fait, je n’avais pas accepté toute cette mascarade juste pour mon père, en échange de ma coopération, il m’avait permis d’emmener Esperando, mon fabuleux mustang. Il avait demandé à un de nos domestiques Torkos, de s’en occuper. J’étais donc impatiente, d’arriver pour pouvoir monter sur son dos, et galoper dans les forêts adjacentes.
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Je ne pensais pas que le voyage en bateau, jusqu’à Ilêval, serait si épuisant, ni que j’allais avoir le mal de mer. J’ai donc passé le plus clair de mon temps allongé dans ma cabine, pour essayer que la douleur s’estompe, mais je ne pus éviter les vomissements qui m’assaillaient à chacun des mouvements de la mer. J’étais vraiment mal en point, et assez livide. Je passais mon temps à courir en me couvrant la bouche de mes deux mains, pour éviter de vomir. J’avais hâte de retourner sur la terre ferme, pour reprendre mes esprits. Mon père était mort d’inquiétude, mais je faisais en sorte de le rassurer, pour qu’il puisse profiter de son voyage en bateau, car ce n’était pas tous les jours que ça arrivait.
Le voyage dura plus d’une journée, je fus donc la plus heureuse, quand le bateau s’amarra enfin au port d’Ileval, j’avais besoin de sentir le terre ferme sous mes pieds. Je me précipitais donc pour descendre, une fois le pont abaissé, je bousculais certaines personnes, tout en m’excusant. Je ne pus retenir un soupir de soulagement quand je pose enfin un pied sur le port. J’inspirais grandement l’air, me permettant de me sentir revigorer. Je n’eus pourtant pas le temps de me rafraîchir, car rapidement, nous dûmes remonter à bord d’une calèche qui devait nous conduire à la demeure de mon oncle.
Je dois dire que je ne fus pas très bavarde pendant le trajet, j’avais l’impression d’avoir la gorge nouée à cause du tract. Cette rencontre ne présageait rien de bon, mon mauvais pressentiment persistait, et généralement je ne me trompais pas. Mais pour une fois j’aurais voulu que ce soit le cas, je décidais de regarder par la fenêtre pour me changer les idées. Je finis même par m’endormir, surement en raison du manque de sommeil, ayant eu énormément de mal à dormir sur le navire.
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Je fus réveillée, par mon père qui secouait mon épaule, me réveillant en sursaut, je remis de l’autre dans mes jupons, essuyant aussi un peu de bave sur le coin de mes lèvres, très glamour tout cela. Puis je sortis de la calèche, en essayant de faire bonne image. Mais rien qu’en voyant le visage de mon oncle, je déglutis bruyamment et mon sourire se fana. Il n’avait pas l’air commode du tout, il me regardait avec dédain, mais comme je suis bien élevée, je ne dis rien et me contenta de suivre tout le monde à l’intérieur de la demeure. Je fus tout de même soulagé de savoir que mes frères étaient là avec moi. Ils étaient mon bouclier, je savais qu’ils me protégeraient quoiqu’il arrive, mais je vais tout de même éviter que cela se produise.
Une fois que nous fûmes installés dans nos appartements, je me précipitais vers les écuries pour voir, Esperando, je n’avais pas pu le voir ni même le monter depuis deux jours. Mais en arrivant aux écuries je ne le vis nulle part, dans aucun des boxes. Je demandais donc aux domestiques Torkos, s’ils l’avaient vu, mais ils ne semblaient pas voir de quel cheval je parlais. Je ne comprenais rien, je partie donc voir mon père, pour avoir une réponse. Il était dans le grand salon, avec mon oncle et ma tante, les cousins étaient de sortis. Je rentrais de façon brusque dans la pièce, sous les regards surpris, je me précipitais en courant vers mon père. J’étais plutôt folle de rage.
«-Père, où est Esperando ? Vous m’aviez promis que je pouvais l’emmener avec nous.- Méli chérie, je suis désolé, mais cela n’était pas possible … Tu sais bien que c’est un animal dangereux.- Dangereux ?! Il ne l’est plus, tu sais très bien que je l’ai dompté !-Peut-être, mais tu oublis qu’il t’a quasiment brisé tous les os un à un. Tu as même failli mourir par sa faute. Je ne pouvais pas pendre le risque qu’il blesse d’autre personne.- Nous avions un accord ?! J’acceptais de venir ici et de parader comme une bonne fifille devant nos parents, mais en échange, Esperando devait être là.-Mélisende !, ne me parle pas sur ce ton, n’oublie pas que je suis ton père !-Tu es peut être mon père, mais tu es un menteur ! »Je n’eus même pas le temps de réagir que mon père abattit sa main sur mon visage, me faisant ainsi perdre l’équilibre. J’avais la joue rouge, je me relevais maladroitement, jetant un regard noir à mon père, avant de m’enfuir en courant hors de la demeure. Je n’entendis même pas mon père m’appeler. Je courais à en perdre l’haleine, le plus rapidement possible, sous la pluie battante qui s’était déclenchée.
Dans la précipitation j’en avais oublié ma cape, j’étais donc trempée jusqu’à l’os quand j’arrivais en ville. Je frissonnais de froid et claquais des dents, ma robe me collait au corps, moulant par la même occasion mes formes. Les gens ne semblaient même pas me remarquer puisqu’ils couraient tous pour se mettre à l’abri. L’un d’eux me bouscula violement, me faisant atterrir dans une flaque d’eau mélangeait à de la boue. J’en pouvais plus, j’étais frigorifiée et sale. Je serrais les dents pour retenir mes larmes de colère.
« - Non ne pleure pas, tu ne dois pas pleurer …. »