Il est le premier pour qui elle a risqué sa vie, celui qui a su voir son potentiel et a fait d'elle une Escorte. Elle a passé cinq ans auprès de lui, le suivant dans tous ses voyages, et a beaucoup appris auprès de lui. Au-delà du respect, c'est une affection certaine qui s'est créée entre le Mésorian et la Torkos, et bien qu'elle ne soit désormais plus à son service, il pourra toujours compter sur elle s'il se trouve dans les ennuis.

Dès leur première rencontre, Val a vu en lui quelqu'un à protéger. C'est cette fragilité qu'il dégageait qui lui a donné envie de se mettre à son service. Leur relation n'est pas toujours facile, chacun a parfois du mal à s'adapter à l'autre, et il lui arrive parfois d'avoir envie de le secouer pour le pousser à cesser de se laisser traiter en victime et qu'il apprenne à se défendre par lui-même. Malgré tout, il est parvenu sans s'en rendre compte à s'attacher la loyauté de la jeune femme bien plus que son précédent maître ne l'a jamais pu. Elle apprécie sa douceur et sa gentillesse, admire son dévouement. Et, bien qu'elle ait du mal à le montrer, elle lui est extrêmement reconnaissante de lui avoir permis d'apprendre à lire.

D'un combat à l'autre, leurs deux premières rencontres ont été pour le moins agitées, même si elles se sont déroulées à presque trois ans d'écart. La première, ils étaient ennemis, ou du moins adversaire ; la deuxième ils se battaient du même côté. Ils se sont tout de suite bien entendu, d'une façon naturelle et presque évidente. Depuis, elle retourne le voir à l'occasion, quand elle le peut, qu'elle ait ou non une raison. Avec lui, elle se sent à l'aise, sans trop bien comprendre pourquoi mais peu importe, ils ont une relation simple et sincère qu'elle apprécie. Et, même s'il peut se passer parfois une saison entière, voire plus, sans qu'ils se voient, elle sait qu'elle pourra toujours compter sur lui en cas de besoin. Il est probablement ce qui se rapproche le plus d'un ami à ses yeux, même si elle s'avalerait la langue plutôt que de l'admettre devant lui.

Il a des rêves et des ambitions qu'elle admire et respecte, qu'elle aimerait partager sans y parvenir. Il lui a parlé d'un avenir dans lequel elle aimerait croire, mais qu'elle ne peut s'empêcher de considérer impossible. Peut-être aurait-elle rejoint sa cause malgré tout, si elle n'était pas aussi dévouée à son maître, qu'elle se refuse à quitter, surtout pour des chimères. Pourtant elle porte le talisman qu'il lui a laissée à leur première rencontre, et n'hésite pas à l'aider quand il se trouve en danger. Outre ses rêves, elle se prend à l'apprécier, lui, il la trouble bien plus qu'elle ne daigne l'admettre, fut-ce à elle-même.

Leurs anciens maîtres respectifs étaient amis, et les deux Escortes se rencontraient lorsque l'un rendait visite à l'autre. Une fois passée leur méfiance naturelle et mutuelle, ils se sont rapidement trouvés des points communs, entre autres un goût pour les répliques acérés, et les techniques de combat ne misant pas tout sur la force. N'ayant chacun guère à faire au service de leurs maîtres durant leurs rencontres, ils ont vite trouvé de quoi meubler leur désœuvrement en partageant du bon temps, toujours sans promesse et sans conséquence. Elle ne l'a pas revu depuis plusieurs années, lorsqu'il a été affranchi, mais il lui arrive de repenser à lui et de se demander ce qu'il devient.

Si elle doit bien lui reconnaître certaines qualités de meneur, Val n'apprécie pas le Doyen et ne prend pas la peine de donner l'illusion du contraire. Elle l'a vu maltraiter Adriel, sait que ce n'était pas la première fois, et elle ne le lui pardonne pas. Malgré sa position, elle n'hésite pas une seconde à lui tenir tête, et lui a fait clairement comprendre que, maintenant qu'elle était là, elle ne laisserait plus personne lever la main sur son protégé, pas même lui.

Elle ne le connaît que peu, mais n'a aucune envie d'en savoir plus. Elle ne sait de lui que ce qu'Adriel en a laissé entendre – souvent involontairement – et la façon dont il traite ses esclaves, ce qui lui paraît amplement suffisant pour l'opinion qu'elle en a. Si elle ne lui manque jamais ouvertement de respect, elle ne lui en montre guère non plus. S'il semble ne pas apprécier son attitude, ça n'en amuse l'Escorte que d'autant plus.