En débarquant dans le marché qui s’installait dans la ville de l'Ileglace à chaque début de semaine, à l'embouchure du port et de ces pécheurs bruyants, Jalko découvrit avec stupeur l'endroit en plein chaos. Les vendeurs tentaient désespérément de marchander leurs produits en grognements sournois et jappements miséricordieux. Même si cette place avait pour coutume d'avoir toujours eu un comportement braillard, le Torkos fut fort surpris de l'ambiance qui enflait  à mesure qu'on y pénétrer. Comme enfermé dans un dôme de bonne humeur et de gueulards sourds, le cadet de la famille Palllek s'y était glissé avec deux sacs remplis de patates et de carottes récoltés la veille.

Après mainte et mainte bousculades inappropriés mais qui valut aux plus polis des excuses amicales, le Torkos alla chercher le petit coin du marché qui lui était destiné. Là il attrapa des vieux cageots de bois afin de les installer sur un étalage standard dont la solidité restait encore a prouver. Jalko n'avait jamais été un bon marchant. De plus, sa corpulence et ses yeux couvant une flamme animale ne laissaient pas la chance aux plus timides des paysans de s'approcher de son étal, aussi belles et appétissantes fussent ses carottes. Alors ce sont les habitués qui passèrent lui acheter ses légumes, le sourire jusqu'aux oreilles. On lui demanda des nouvelles de ses maîtres, et l'esclave, pour ne pas les inquiéter, tissa un brin de mensonge sur le quotidien des Langlois.

Ensuite, étant restait seulement une demi-heure derrière son stand a récolter et compter ses piécettes de bronze, le Torkos contempla son stand devenu vide. Le jeune homme ne s'attarda pas une seule seconde et mit patte sur ses cageots afin de les ranger, au mieux, les revendre. Piquant une dizaine de piécettes qu'il prit bien soin de loger dans une poche de son pantalon délavé, il alla lui même faire son marché.

Les longues épées d'argents et les dagues aux pommeaux de cuivres gravés lui faisaient souvent de l’œil. Mais aucun marchant n'accepterait de lui vendre ne serait-ce qu'un couteau d'argenterie sans un anneau de la liberté scintillant sur son index.
Cela faisant bien dix ans qu'aucune histoire de trahison n'avait impliqué un Torkos, et pourtant, la population Mesorianne restait méfiante. Après un soupire lourd et gênant pour le marchant, qui faisait tout de même une tête de plus que Jalko, ce dernier s'écarta du stand le pas lent. Se refusant a lâcher des yeux en avidité malsaine, il se heurta a quelqu'un.

« Regardez où vous allez la prochaine fois. » Sans avoir le temps de répondre, sans pouvoir s'excuser, sans même pouvoir grogner, la jeune femme, car il s'agit là d'une Torkos plus agée, reporta son regard sur les mirettes grises de Jalko et s'exclama aussitôt : « Hm, je veux dire... désolée, je ne regardais pas où j'allais. »

L'esclave se recula d'un pas. Il s'était attendu a un remontage de bretelle, a une sorte de mauvaise gueulante, mais la fine excuse qu'elle chuchota presque entre ses lèvres semblants dessinés a la sanguine, le surpris. Plaçant automatiquement l'une de ses larges mains derrière son crâne à la crinière noire, Jalko marmonna à son tour un pardon mâchouillé. La nourriture de la Torkos venait de tomber dans la boue... pour sûr, personne, pas même lui, ne fourrerait cette viande séchée entre ses crocs, même si la famine toqué a sa porte. Quoi que...

Le cadet chercha alors dans ses poches un quelquechose pour la dépanner. Là, il n'y trouva que ces précieuses piécettes et une moitié de carotte déjà croquée. Déglutissant doucement, faisant grincer ses dents en conflit intérieure, Jalko se gratta l’arête du nez jusqu'à sortir une par une, chacune de ces pièces de bronze.

- Laisse moi te dédommager.

Ça lui faisait mal quand même, de lui tendre sa main pleine de bronze. Il aurait très bien put partir en grognant, la laissant affamer, mains dans la boue a lécher les morceaux de viandes saines. Mais il s'agissait là d'une Torkos, et tant bien même il avait remarqué sa bague d’affranchissement sur sa main droite, il ne pouvait simplement partir comme un voleur.

Le jeune homme semblait peut à l'aise face à la situation. Khayna pour sa part ne l'était guère plus. Ce n'était jamais facile d'affronter le regard d'un confrère encore esclave, c'était comme si culpabilité l'envahissait à chaque fois. Elle était libre... libre de faire ce qu'elle voulait, quand elle le voulait où elle voulait... Et pourtant, la Torkos faisait peu de chose de son temps, ne savourait pas sa liberté comme elle l'aurait dû alors que d'autres aurait fait n'importe quoi pour être à sa place. Le tumulte de la foule lui semblait lointain alors qu'elle plongea son regard dans celui de l'inconnu qui tendit de l'argent en guise de dédommagement. La blonde fronça les sourcils, le fixant avec incompréhension puis elle tendit les mains,fermant le poing du jeune homme pour qu'il garde son argent et souffla.

« Je n'en ai pas besoin, garde le. »

Khayna aurait voulu lui sourire mais elle en fut incapable. Elle détourna le visage, inspirant longuement et observa la foule. Elle ne pouvait s'attarder ici, quelqu'un pourrait voir qu'elle était affranchie. N'étant donc pas le bienvenue, elle risquait gros.

« Mais si tu veux vraiment me dédommager, peut être... pourrais-tu m'indiquer un endroit pour le ravitailler en nourriture ? »

La Torkos pinça doucement les lèvres et pivota de nouveau le visage, plongea ses yeux argentés dans ceux gris de son confrère alors que le vent faisait voler son épaisse crinière dorée. Elle n'avait jamais été très douée dans les relations humaines, toujours solitaire. Elle ne savait pas vraiment quoi dire à ce jeune homme, elle voulait se montrer agréable mais la seule chose qu'elle fut en mesure de faire est de le fixer... le visage impassible. Khayna remua faiblement et ajouta d'une voix faible.

« Je suis Khayna... »

Pourquoi se présenter ? Il n'avait pas chercher à savoir son nom. Bon sang, la voilà qui craquait devant cet inconnu tant elle était mal à l'aise. La Torkos eu un léger sourire gêné plus semblable à une grimace qu 'autre chose et lâcha.

« Bon, euh... Où puis-je... acheter de la nourriture ? L'étalage où je me suis approvisionner a visiblement plier bagage. »

 Jalko avait l'habitude de croiser des Torkos plus âgés en ville. Des Torkos libres, indépendants, qui lui hérissait le poil de jalousie. Ceux là, en force colossale, savaient profiter de la vie sans le moindre remord. Sans être attaché aux moindres souvenirs passés auprès de leur maître. Ils buvaient, chantaient, crachaient, se battaient comme bon leur semblaient sans trop se poser de questions. C'est à quoi aspirait le jeune Palllek, mais parfois, dans son lit, quand la nuit venait le couvé de réflexions étranges, il hésitait qu'en a la conception de liberté que son père et lui désiraient plus que tout. N'y avait-il plus aucun chemin a emprunter après la délivrance ? Quel serait le but de Jalko si son frère venait a revenir en compagnie de Rheiane ? Pour sûr, il voyagerait, il découvrirait le monde en solitaire, mais encore une fois, l'acquisition d'un objectif précis avait toujours guider ses pas sur chaque levé de soleil.

Hors, toute l'idée qu'il se faisait et tous les Torkos qu'il avait croisé avec leur anneau d'affranchie semblaient s'écrouler a la vue de cette demoiselle a la prestance bien médiocre. Une Torkos qui n'avait pas le torse bombé de cette fierté qui faisait honneur a sa race était, pour l'esclave, une insulte envers tous les fils et filles de Bersok de l'Archipel. Elle s'était fait petite sur le marché, si bien qu'aucun villageois n'était venu en ragot indiscret informer Jalko, ni même ne l'avait mentionner. Pourtant les Dieux savent que les Mesoriannes étaient friandes de ce genre de commérage, surtout quand le Palllek était un Torkos aussi jeune et bien gâté par mère nature.

La plupart des vieilles dames qui faisaient leur marché en ce temps dévoilé étaient des habitués des marchandises Langloise . Il était donc normal qu'elles le connaissent depuis qu'il n'était pas plus haut que ça. Elles ne se seraient sans doute pas gêné, pour les plus vieille et folles d'entre elles, de le lui faire remarquer.

En une fine grimace ravalé, le cadet garda les yeux rivés sur le crin blond de la demoiselle jusqu'à ce qu'elle arrive a marmonner ceci : « Mais si tu veux vraiment me dédommager, peut être... pourrais-tu m'indiquer un endroit pour me ravitailler en nourriture ? »

Il aurait put simplement lui proposer le marché, mais l'heure était venue pour la plupart des vendeurs de plier bagages. Regardant sur sa droite, puis sur sa gauche, le jeune Torkos repéra dans un angle de rue, qui empiété sur un morceau du port, une auberge dont il avait eu ouïe d'être réputé pour son hospitalité, peu importe a quel race on appartenait. C'est d'ailleurs ici que Jalko avait observer le plus d'Okanakis. Il pointa donc la maison aux tuiles rouges et aux murs de pierres  scellés de terres brutes.

- Cette taverne est idéal. Peut-être que le prix y est un brin élevé, mais l'ambiance est là et la nourriture, de ce que j'ai ouïe dire, délicieuse.

Évidement, Jalko n'y avait jamais mit les pieds en tant que client. Il s'était contenté d'y travailler, une ou deux fois, quand Monsieur Langlois offrait parfois les services de ces Torkos aux plus offrants. Finalement, en reportant son regard sur la Torkos hésitante, cette dernière l'informa de son nom. Haussant un sourcil de curiosité le Palllek hesita a en faire de même. Après un instant de doute, il s'arma d'un sourire simple et se présenta :

- Tu peux m'appeler Jalko.

Et ainsi, dans un fin soupire caché, le Torkos guida la demoiselle jusqu'à l'auberge où le propriétaire ne manqua pas de surveiller les deux jeunots, tant bien même l'un d'eux était un affranchi. Il nota d'ailleurs le tout sur un morceau de parchemin déchiré. Le tavernier était fourbe de nature et n’hésiterait pas a faire part de cette information a Monsieur Langlois, quand ce dernier viendra faire un tour sous son toit. Les Mesorians étaient méfiant, surtout des esclaves des autres...La trahison était un fait que beaucoup craignait plus que le retour de Bersok lui même.

Une taverne ? Khayna déglutit en suivant le geste du jeune homme du regard. Elle préférait éviter les endroits clos et trop bondé de monde. Il y avait toujours un risque de se faire prendre. Nerveusement, la jeune femme retira l'anneau à son doigts et se glissa dans la petite bourse accroché solidement à sa ceinture et jeta un nouveau regard au Torkos et souffla en portant son doigt à sa bouche pour lui ordonner le silence.

"S'il te plait... Ne dis rien aux Mésorians."

Elle le suivit simplement. Nourriture et ambiance délicieuse ? Elle voyait le tableau d'ici. Des cris, des rires, des bagarres... des hommes en sueur qui se défoulaient à leur façon. Khayna esquissa un bref sourire qui disparut aussi vite qu'il était arrivé alors que le jeune homme se présenta enfin. Jalko... ce nom tourna en boucle dans l'esprit de la Torkos qui le fixait sans ciller et finir par répondre simplement.

"Enchantée, Jalko."

Si le nom était tourné en boucle dans sa tête pour en pas l'oublier, la blonde à l'allure sauvage continuait de l'observer, gravant aussi son visage dans sa mémoire. Ne pas oublier ce Torkos qui l'avait aider. certes elle ne lui devait pas la vie, mais un simple élan de gentillesse pouvait parfois faire des miracles. c'était toujours bon de pouvoir rencontrer quelqu'un d'agréable, même lorsque l'on est une grande solitaire comme Khayna.

"Encore merci de ton aide."

Elle détourna enfin le visage dont le tour de l'oeil gauche était décoré de glyphe nacrée et s'étendait sur sa pommette et sa tempe. Une décoration ravissante et unique mais quine fut pas faite sans douleur. La Torkos tendis la main vers la porte et se stoppa en entendant les bruits à l'intérieur. Du monde... Trop de monde. Elle ravisa son geste et nerveusement, souffla.

"Je... Finalement... Je peut attendre."

Il y avait bien trop d'homme dans cet endroit. Le nom et le visage de Jalko furent subitement remplacer par le visage de son ancien maître. Khayna pouvait presque sentir ses mains sur elle, glisser sur sa croute. Elle chassa immédiatement ce souvenir de sa mémoire et se détourna rapidement.

"Merci... Au revoir Jalko."

Rapidement, la Torkos rabattit sa capuche sur sa tête et s'éloigna d'un pas rapide et déterminée. Quoi qu'il en soit, il faudrait bien qu'elle revienne à un moment, hors de question de reprendre la route sans vivre. Il lui faudrait juste un moment pour trouver le courage d'entrer ici. Les hommes ivres étaient bien trop imprévisible.

 Hésitante, le regard fuyant, la Torkos ne voulait, ni même ne pouvait mettre ne serait ce qu'un pied dans cette taverne. Souvenir douloureux, ou même passé dangereux, Jalko compris bien vite en lisant dans son regard toute la méfiance du monde. L'esclave était évidement conscient des règles concernant les Torkos affranchies. Quitter son maître, fuir, loin, si loin que certain en venaient a oublier le nom de leurs maîtres. Prônant la gestuelle a la parole, la lionne, car elle y ressemblait tout portait de déhanché et de frimousse, déposa son index sur ses lèvres pour lui indiquer le silence. Un chuchotement, un brin de souffle, son regard planté dans celui du jeune Palllek.

"S'il te plait... Ne dis rien aux Mésorians."

Jalko déglutit, discrètement. Comme si il allait bondir sur les toits et crier de vive voix qu'une affranchie se baladait dans les villes Mesoriannes. C'est ainsi que le jeunot se contenta de sourire, sincèrement, approuvant sa garde de secret en plaçant également son index droit sur ses propres lèvres. Les présentations étaient faites et la lionne portait maintenant le nom de Khayna. Fine, élancée, un petit coté sauvage aux yeux félins, portant le pagne de façon agréablement provocatrice, Jalko avait eu bien du mal a ne pas la déshabiller du regard. Pour sûr, Bronco, son frère, la lui aurait fait remarqué si ce dernier était encore auprès de sa famille.

Un petit rire bloquer d'un revers de main s'échappa des lèvres de l'esclave avant qu'il ne reporte totalement son attention sur la voyageuse. Elle l'avait doucement remercié, de sa petite voix cristalline, et avait enclenché sur une hésitation troublante. Elle tourna la tête, permettant au jeune Torkos de voir d'avantage les détails de son visage. Tout en tatouages sablés, son œil était joliment décorait, rappelant a Jalko que lui aussi, aimerait bien se faire des tatouages rappelant le divin Bersok

Alors que le Torkos s’apprêta a prendre la parole pour lui offrir l’opportunité de rentrer en première dans la taverne, Khayna se précipita a cacher son visage sous une capuche de tissu. Agile, rapide, Jalko n'eut pas le temps de lui happer le bras qu'elle s'était déjà faufilée tels un chat entre la foule pour disparaître. De ce même mouvement quelque chose se décrocha de son pagne. L’œil a vif, l'esclave le ramassa et l'ouvrit par curiosité. Là, il y trouva une bague d'affranchie... Le rêve de toute une vie... Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de la mettre a son doigt, aussi fourbe fut cette pensée. Il l'observa attentivement, tenta d'en lire les gravures... Finalement, frapper par le bon sens, il remit la bague dans la bourse de cuir et la rangea précieusement dans l'une de ses poches avant de repartir après une tape dans le dos d'une vieille connaissance. Ils firent un bout de chemin ensemble et se séparèrent le long d'une rivière afin de rentrer respectivement chez eux.

•••

Ce soir, Jalko tenterait, illégalement, de visiter diverses auberges dans le but de trouver des informations sur son frère, de plus il croit pouvoir retomber sur Khayna qui, inquiète d'avoir perdu sa bague, longera le marché devenu froid a sa recherche.

( Tu reprends le rp sur ce même sujet, la nuit cette fois ;D comme prévue )

Oui, elle avait disparu bien vite, un peu à regret. Ce Torkos avait été gentil et Khayna aurait bien voulu faire plus ample connaissance avec lu. Malheureusement, l'angoisse avait été plus forte, et puis ce jeune homme avait sans doute des obligations envers la famille qu'il servait.En dehors de la ville, la Torkos avait installé un petit camp sous le couvert des arbres, caché loin des regards. Assise au sol et contre un arbre, elle ajusta son épaisse cape de fourrure en fixant le petit feu devant elle. Le calme, le silence... Bercé par les hululement d'une chouette, la jolie blonde resta immobile, l'esprit perdu dans quelques rêveries. Elle revoyait le visage de Jalko, ses yeux gris, sa carrure massive, ce sourire... Khayna souffla et baissa le visage, enfouissant son nez contre la fourrure et ferma les yeux. La seule chose agréable de la journée, sa rencontre avec l'esclave. Sa main se glissa doucement à sa ceinture, tâtant le cuir... La jeune femme se figea et ouvrit les yeux avant d'écarter sa cape et de fixer le crochet vide. Elle blêmit en réalisant que la bourse n'était plus à sa place... bourse dans laquelle elle avait bien évidement rangé son anneau, symbole de sa liberté. Sautant sur ses pieds, Khayna éteignit rapidement le feu de camp et fila en direction de la ville. Voilà un moment à présent qu'elle tournait en rond sur le marché... Il faisait trop noir pour y voir quelque chose et la panique commençait à devenir difficile à gérer. Cet anneau était le seul bien matériel auquel elle tenait, sans lui elle n'était plus rien, sans lui elle se livrait à une nouvelle vie d'esclave. La Torkos glissa une main dans ses cheveux doré et étouffa un gémissement... sa poitrine lui faisait un mal de chien tant elle était oppressée par l'angoisse. Khayna ferma les yeux, s'adossant au mur de la taverne où Jalko l'avait accompagné. Elle pouvait entendre à nouveau les rires et les cris des hommes qui festoyaient joyeusement. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres charnues alors que son regard argenté se perdait sur le ciel étoilé... Pendant un instant, la belle oublia la perte de son anneau si cher à son coeur, savourant la vue de la voute céleste au dessus d'îleglace. Bien vite la Torkos revint à la réalité, le visage crispé par l'inquiétude, elle porta une main tremblante à son faciès, fermant les yeux et souffla.

"Jalko... si seulement tu étais là pour m'aider à nouveau..."

A la nuit tombée, ce même jour.

Tard dans la soirée, alors que Lett et Miss Langlois s'étaient dés lors endormis sous une séance papotage, Jalko, qui n'avait en tête que la soudaine disparition de son frère, s'échappa du domaine de ses maîtres en sautant de la maison de part sa fenêtre.  Silencieux, agile, il s'était fait tout petit lors de sa chute et plus encore quand sa lourde carcasse de Trokos s'écrasa sur le sol. Ébruitant ses pas en ayant choisis délibérément de sortir pieds nus, l'esclave se glissa d'abord vers l’écurie pour en calmer les nouveaux chevaux fraîchement achetés. Une caresse sur le museau, une pomme en récompense de leur silence et le voilà partit vers l'Ileglace a la recherche d'informations.

Capuchonné pour qu'on évite de le reconnaître, portant une longue veste de tissus camouflant ses poignés et son bracelet d'esclave, Jalko s'était permit d'utiliser la bague de Khayna comme d'une « protection » Un Torkos fraîchement affranchie, aux allures de vagabond, de quoi faire naître la méfiance, mais aussi le choix de garder certaine distance. N'ayant de toute façon pas l'intention de rester plus d'une heure ou deux, le Palllek se faufila dans la foule près de la taverne pour en épier les moindres faits et dires.

Là, un ivrogne à la langue pendante, s'amusait prêt de la torche enflammé a baragouiner des choses sur le tournois d’Épieux. Oreille tendue, le Torkos avala chacun de ses mots sans manquer de grimacer. Il leva son verre vers le ciel, la gueule de travers, les yeux un brin déformés par la fatigue et l’alcool.

-J'ai tout vue ! S'exclama t-il en se retourna d'un pivot étrangement agile. Il l'a planté d'une traite ! Un coup si vif, que j'aurais crue voir ce foutu dieu Torkos lui même fendre l'air de ses griffes ! Et croyez moi messieurs, il était balèze cet escorte ! Un large d'épaule comme on en voit peu ! Il fit une courte pause, s'abreuva de sa liqueur doré avant de reprendre, laissant un filet de bave coulé sur le coin de sa lèvre fendue d'une cicatrice vieille de quelques années. Jalko lui, adossé a l'un des murs, a peine en retrait, écoutait avec attention ce récit aux allures de ragots. Je crois même qu'il était d'ici ce bougre !

Sur la défensive, les crocs grinçants, le jeune homme se redressa. La silhouette masquée par des vêtements amples, il s'approcha d'un pas, puis de deux, la lumière vive de la torche grignota son ombre. - Comment ça, «  il était d'ici » ? Certain regard se posèrent sur lui, mais Jalko n'était intéressé que par celui rougit de surmenage du conteur.


- J'suis pas sûr hein, mais me semble que ses maitres c'étaient les Longlas, ou Langlace, un truc comme ça.
- Les Langlois ?!
- Oui ! Voilà. Les Langlois. Qui aurait crut que... Br...B....Brak...
- Bronco...
- Bronco, exactement. Jamais je n'aurais penser voir ce... ce Une remontée l’interrompit l'espace d'une seconde, et après avoir consciemment ravaler ce qui s 'apprêtait a sortir, il reprit à l'intention de ses autres camarades. - … ce chic Torkos trahir les Mesorians. A croire qu'il faut se méfier du moindre fils d'ours sur cette putain d'Archipel haha !

Les rires éclatèrent autour de ce soûlard comme si il avait parlé d'un chien docile qui s'était fait mâchouiller par la rage. Irrité, tout au plus offenser, le Palllek frappa le mur mais les clameurs des hommes étaient tels que ce moment de rage passa inaperçu. Inutile de rester plus longtemps ici. Les crocs en grognement silencieux le Torkos commencé a se poser des questions... Et Rheiane... qu'est qu'elle était devenue ? Sans escorte, seule... Les lèvres de Jalko furent grignotées a excès si bien qu'il se mit a saigner. Le goût ferreux sur sa langue avait le don de l’apaiser, tant bien même son âme au même titre que sa tête étaient déchirés par la confusion. Son frère n'était pas capable de faire ça... sauf... sauf si Rhéïane avait été menacé... le cadet ne voyait aucune autre solution qu'en aux choix de Bronco.

L'esprit un tantinet brouillé par cette nouvelle, quoi qu'elle fut peut-être un ragot monté de toute pièce, le jeune Torkos alla se poser un peu plus loin, à l’abri des regards, sous le couvert d'une nuit étoilée. En relevant la tête pour en observer les dessins constellés, sa capuche tomba, laissant son visage s'éclaircir sous une lune bienfaitrice.

Il fallait qu'il parte, retrouver son frère pour lui demander explication, retrouver Rhéïane, pour s'assurer de sa securité...

•••

Un gémissement le sortit de sa contemplation. Cherchant du regard une forme autour du marché maintenant délaissé, il entre vue entre deux lampions de feu, un mouvement qui l’intrigua. Il se leva, doucement, se faisant le plus discret possible et quand il fut assez proche, il reconnu la forme élancé de la lionne de ce matin. Khayna. Elle devait sans doute chercher son anneau. Balayant ses pensées actuelles, Jalko se présenta a nouveau de son petit air orgueilleux. Bras croisés, menton légèrement retroussé, il lui lança :

- Alors, on a perdu quelque chose ?

Prière muette, pensées vagabondes.Jamais elle ne retrouverait sa bourse dans cette ville, quelqu'un l'avait déjà probablement trouvé et gardé pour l'argent qu'elle contenait. Ce fut une voix familière qui résonna aux oreilles de Khayna qui se demandait si son esprit ne lui jouait pas des tours. Ouvrant doucement les yeux, la jeune femme abaissa sa main et fixa avec étonnement l'esclave qui se tenait devant elle. Par Bersok! voilà une heureuse coïncidence! L'affranchie écarquilla les yeux de surprise et souffla.

"Jalko..? que..."

La jeune femme observa les alentours. Non, elle ne rêvait pas, le jeune Torkos était bien là face à elle à la questionner sur son bien égarer. Khayna en déduit immédiatement que l'allusion n'était pas faite pour rien et son coeur bondit d'espoir.

"Jalko... J'ai perdu ma bourse avec mon anneau... Dis moi, l'aurais-tu trouvé après mon départ...?"

Faisant un pas, Khayna s’approcha de la silhouette massive de Jalko jusqu'à pouvoir le toucher. L'attrapant par les épaules, elle le secoua brièvement. Angoisse, excitation, joie, espoir... Un mélange d'émotions qui lui donnait le vertige et la nausée. Bine qu'elle ne connaissait rien de cet homme, à cet instant la Torkos était folle de joie de le voir là, à nouveau près d'elle.

"Je dois a tout pris retrouver cette bourse, Jalko. S'il te plait, dis moi que tu l'as ! Dis le moi... je ferais n'importe quoi en échange."

Khayna plongea ses yeux argenté dans ceux de l'esclave, soutenant son regard avec insistance et souffla.

"je ferais n''importe quoi...."

Un ricanement furtif s'échappa de sa lèvre grignotée. Jalko ne l'a connaissait que depuis quelques heures seulement. Ils avaient brièvement échangés leurs nom et elle était partie comme elle était venue. Et la revoilà. Perdue, inquiète. Il l'observa un instant, amusé. C'était une inconnue, mais sa franchise dans ses actes avaient bon dos a rendre quiconque légèrement moins méfiant. Mais le jeune Palllek n'oubliait pas les longues leçons sur le monde que son père lui avait un jour donné. La confiance n'était pas, et ne sera jamais quelque chose qu'on achète. Cela se construit avec le temps, se tisse au aléa de la vie et des aventures. Hors cette Torkos aux allures sauvage n'était ni, ne semblait vouloir jouer la carte de la méfiance.

Et si Jalko n'était qu'un membre vicieux de sa race aux pensées plus qu'ignobles ? Du même sang si elle veut, du même dieu si ça lui chante, mais pour Jalko, un Torkos ou un Mesorian restaient des hommes aux pensées parfois déplacés et perverses. C'est ainsi, que le jeune homme ne savait pas comment comprendre ni même saisir les mots que lui jeta Khayna en angoisse parasitaire. Ce petit tour de passe passe aurait put être de la pure tromperie, de la mauvaise foi comme on en croise encore peu. Pour sûr, la bourse dont elle parlait, dont elle pleurait la disparition en sanglot ravalé, se trouvait bel et bien en la possession de Jalko. Mais devait-il la lui rendre ? Après tout, cet anneau était peut-être son seul moyen de parcourir ces terres en toute tranquillité. Cette liberté tant convoité, était déjà enroulé autour de son index droit.

Elle le secoua alors, d'abord doucement, mais ajouta progressivement de la force et de la poigne. Sans se rendre compte qu'il tenait déjà sa réponse dans ses mains, elle l’implora, comme si le jeune Palllek était la résurrection de Bersok lui même. N'avait-elle donc aucune fierté ? Jalko avait bien là des grimaces a vendre la concernant... Ils n'étaient pas amis, tout au plus connaissance, et elle s'accrochait déjà a lui comme pour en retirer des éloges.  Essayait-elle de lui cirer le cuir en offrant a  cet esclave tout ce qu'il voulait en échange de son aide ? Ne pouvait-elle donc pas s'occuper toute seule de retrouver sa précieuse bague, ou pire, égorger le premier Trokos venu pour lui volé sa liberté? Trop longtemps convoité, rêvé, et noblement obtenue, Jalko lui, n'aurait pas hésité.

- Ne souille pas ton honneur pour une bague. avait-il cracher en un trop plein de dégoût. Vendre ses services, offrant au premier venu tout ce qu'il souhaite pour la brillance d'un anneau, aussi important fut-il, était humiliant pour tout Torkos qui se respecte. Sur ces mots froids qui étaient sortis sans aucun remords, le cadet des Palllek plaça sa main droite devant ses yeux, lui offrant la contemplation de son anneau tant cherché.

- Comment peux-tu perdre le sceau de ta liberté ? Fais gaffe putain.

Grognon, agacé, Jalko grogna avant de délié l'anneau de son doigt pour le remettre a son abject propriétaire. Beaucoup des siens étaient mort sans avoir eu l'honneur et la chance de goutter ne serait-ce qu'un instant d’indépendance. Khayna devait avoir honte d'avoir perdu la seule chose qui lui permettait de vivre librement en faisant ce qu'elle voulait, quand elle voulait.

- Et ne me remercie pas, je ne veux pas entendre de « merci » de quelqu'un qui ne prend pas soin de sa liberté pendant que d'autre se crève à la tâche pour en avoir une

Ils ignoraient tout l'un de l'autre. Deux inconnu se faisant face, qui ne comprenaient pas le comportement de l'un et de l'autre, ni la façon de penser. Le jeune homme gentil et serviable que Khayna avait rencontré dans la journée avait laissé place à un homme froid et amer. Souiller son honneur ? En quoi ? Parce qu'elle avait dit être capable de faire n'importe quoi pour cet anneau ? Et c'est lui qui parlait d'honneur ? Alors qu'il était encore esclave, relégué à obéir aveuglément à des gens qui ne se souciait pas de lui, à devoir faire des besogne alors que même les animaux étaient mieux traiter que lui. Khayna posa son regard sur l'anneau qui trônait au doigt de Jalko. Son visage inquiet se changea en un masque de colère, son regard se fit plus dur... Dans le calme de la nuit, un éclair zébra le ciel alors qu'une pluie torrentiel se déversa sur îlglace. En quelques instant, l'épaisse crinière de Khayna se retrouva trempée, goutant. La jeune femme déglutit, serrant l'anneau dans son poing. Faire gaffe ? C'était sa bourse qui s'était décrochée, elle l'avait perdu accidentellement... Comment aurait-elle pu prévoir cela ? Ce garçon était idiot... Aveuglé par sa jalousie. Car c'était ça, non ? De la jalousie... Il lui en voulait parce qu'elle était affranchie. La Torkos était ce qu'il désirait ardemment... Comme n'importe quel autre esclave. Khayna glissa doucement l'anneau à son doigt et lâcha froidement, toisant Jalko.

"Et que crois-tu hein...? Que j'ai eu ma liberté en claquant des doigts ? Tu ne sais rien de moi Jalko, alors garde tes sermons pour toi."

Glissa une main le long de son visage, Khayna la remonta jusqu'à ses cheveux qu'elle plaqua sur son crane.

"J'ai perdu ma bourse, c'est un accident. De quel droit me juges-tu pour cela ? D'ailleurs, je ne devrais même pas avoir à me justifier devant toi."

Faisant quelques pas, la Torkos prend une allure plus sauvage dans sa démarche, semblant se ficher du froid et de la pluie qui la glace jusqu'aux os. Elle observe Jalko en faisant les cent pas, comme un animal prêt à sauter sur sa proie, même son regard est plus bestiale.

"Ta jalousie ne te donne pas le droit de me juger... J'espère que tu as bien profiter de l'anneau quand tu l'avais au doigt... je suppose qu'il t'as été utile, n'est-ce pas ? Mais ça évidement, tu ne t'en vantera pas, c'est tellement mieux de faire passer ta frustration sur moi. Et tu parle d'honneur..."

Soudain, sous le regard électrisant de Jalko, la foudre zébra le ciel. Le tonnerre gronda et la pluie tomba en fracas sur L'Ileglace. Des perles aussi grosses que des raisins dégringolèrent des cieux pour s’abattre sur ses pauvres mortel les trempant jusqu'aux os. La crinière sombre du Torkos se plaqua a même son crâne, au même titre que la tignasse blonde de son interlocutrice. Ils étaient beau là tient, a se mâchouiller le bec sous cette pluie maintenant battante. Une bourrasque eu bien vite la malice d'éteindre les quelques lampions de cire qui éclairait la place du marché, plongeant nos deux protagonistes dans le noir total. Cela ne les empêcha pourtant pas de continuer de grogner dessus, leur conversation illuminé par les flashs aléatoire de la foudre qui tombée dans les environs.

"Et que crois-tu hein...? Que j'ai eu ma liberté en claquant des doigts ? Tu ne sais rien de moi Jalko, alors garde tes sermons pour toi."

- En tout cas, ça se voit pas que tu y tiens. Faudrait que tu revois le sens du mot « chérir ». Tss.

Sur cette même phrase, il détourna le regard, agacé. Lui répondre était une chose, il n'était qu'un esclave après tout, mais lui demander de ce taire alors qu'une bague de cette valeur serait plus utile a mille autres Torkos, c'était trop. Elle clama alors avoir perdue sa bourse par accident, là encore, le simple mot « accident » fit hérisser les poils du jeune Torkos. Ses dents se serrèrent d'avantage, voulant contenir une colère qui avait tout lieu d'être.

- Je te juge du droit que tout Torkos a de cracher sur ta maladresse. Mais après, oui, ne te justifie pas devant un esclave. Faut dire qu'ils sont bien moins Torkos que toi. J'avais oublier. Excusez moi ma lady. Plus noble que nous tous réunis avec sa magnifique bague de fer.

Sur ces mots en ironies mauvaises il fit une révérence, celle normalement réservée aux Mésorians. Tout dégoulinant d'eau fraîche, il se redressa, esquissant l'un de ses plus détestables sourires d'arrogance. D'un geste vif il retira sa longue cape de tissus sombre pour dévoiler son poignet décoré de son bracelet d'esclave. Là, il écouta le reste de ses accusations en tentant de ne pas sourciller. Lui jaloux ? Sans aucun doute. Il harponnait fermement l'idée que cet individu ne savait pas profiter pleinement de son anneau. Après il était vrai que Jalko ne connaissait rien de cette Torkos aux allures de lionne apprivoisée, cela ne l’empêcha pas de garder tout cet orgueil qui le sied si bien.

- J'espère que tu as bien profiter de l'anneau quand tu l'avais au doigt... je suppose qu'il t'as été utile, n'est-ce pas ?...

- Très utile en effet, si bien qu'en y repensant j'aurais simplement dus ne jamais te le rendre. Il aurait sans doute mieux servis a mon doigt qu'au tiens. Parce qu’entre nous, moi au moins je sais ce que je vais faire de ma liberté !

Le jeune Palllek n'attendait que ça, partir, découvrir le monde, retrouver son frère et sa maîtresse... Vivre milles et une aventures, survivre dans les plus grandes batailles, mettre la main sur son dieu disparut, Bersok, redonner au peuple Torkos sa magie d'avant... Autant de plan et si peu de temps et d’opportunité... Jalko avait beau se tuer au travail, chaque jour, chaque nuit, aucun de ces maîtres n'étaient décidés a l’affranchir, ni demain, ni jamais...

Tant de haine... Il en fallait beaucoup pour choquer Khayna, mais là... On peut dire que ce jeune homme l'étonnait. La Torkos n'était pas vraiment à l'aise de le voir ainsi cracher son venin pour le fait que sa bourse ai été égaré et par chance, retrouver par Jalko. Silencieuse, calme mais tendu comme la corde d'un arc, la jeune femme fixait l'esclave, le laissant parler, se défouler... Il semblait en avoir besoin. Qu'il fasse donc, elle ne pouvait le blâmer pour sa colère, il ignorait que la femme qu'il sermonnait sévèrement profitait de sa liberté pour aider à la libération des gens comme lui... froide, distante, mais pas dénué de coeur. Bien au contraire. Khayna ne supportait pas de voir ainsi son peuple souffrir. Il est vrai que certain Torkos étaient bien traité par leur maître, mais chacun devrait avoir le droit au libre arbitre. Un droit que l'on avait retirer aux Torkos.Khayna continua de fixer durement le jeune homme en proie à la colère et probablement au désespoir. c'est vrai, cet anneau il aurait pu le garder, mais il avait été suffisamment honnête pour le lui rendre malgré ses paroles acerbes. Jalko, malgré ses mots, semblait être quelqu'un de droit et honnête, rien que pour cela, il méritait le respect. Un nouvelle éclair, un grondement puissant... le visage de la femme s'adoucit. Elle n'arrive pas à lui en vouloir, il était si jeune, il soufrait de sa condition comme elle par le passé. cette liberté qu'elle avait gagné, avait été précédé par un passé douloureux, faire comme si elle ne comprenait pas ce que ressentait Jalko aurait été hypocrite. Avec un calme olympien, la Torkos lâcha simplement.

"Accroches-toi, un jour... Tu auras ta liberté."

Cela sonnait comme une promesse. Khayna y croyait, parce qu'elle croyait en la Meute, elle croyait en Ellhrann. La foi, la confiance... La détermination. Elle voulait que son peuple retrouve sa liberté, elle ferait ce qu'il faut pour ça. La Meute le pouvait en tout cas, il suffisait de s'en donner les moyens. Bien que son visage n'exprimait plus de colère, son regard lui était toujours aussi dur, la jeune femme lâcha finalement.

"Merci de ton honnêteté... et merci tout de même pour l'anneau."

Oui, il avait refuser les remerciements, mais elle lui était redevable, cet anneau était son passeport de liberté celui qui l'empêchait de redevenir esclave, et par conséquent, de pouvoir œuvrer pour la Meute. Jalko l'ignorait, mais par se simple geste d'honnêteté, il lui permettait de continuer à faire ce en quoi elle croyait. Continuer de se battre pour son peuple. Un très faible sourire se dessina sur les lèvres de la sauvageonne qui doucement, murmura.

"En attendant je suivrais ton conseil... Je ferais... plus attention à mon anneau."

Jalko bouillait de l’intérieur. Son impardonnable façon de cracher sur les gens sans même les connaître était sans nulle doute l'un de ces plus grands défaust. Hâtif, cynique, vulgaire, il était de ceux qui ne gardaient pas bien longtemps leur langue dans leur poches. Mais il était difficile de lui en vouloir. Il était jeune, inexpérimenté. Son plus grand rêve était encore de pouvoir goutter a la liberté alors que Khayna elle, était libre depuis un temps, sans doute ses rêves étaient désormais différents des Torkos enchaînés et ça encore, le jeune Palllek n'arrivait pas a en saisir le goût ni même la couleur.

Poings fermés de rogne, l'esclave souffla un bon coup après avoir délibérément disséqué ce qui lui avait semblé juste. Peut-être que sa voix avait été trop portante, peut-être que sa gueule de fauve immature avait attiré l'attention des Mésorians alentours...  Si tel était le cas, le jeune Torkos ne pourrait pas rester ici éternellement. Mais alors que Jalko s'était montré incroyablement mauvais et sournois, a traiter Khayna en déshonneur, l'insultant sans doute plus d'une fois, la lionne, presque maternelle, sage et sereine, ne sourcilla pas devant ces accusations. Elle se contenta d'esquisser un fin sourire, si petit que Jalko crut d'abord qu'il s'agissait d'une grimace.

"Accroches-toi, un jour... Tu auras ta liberté."

Cette phrase, aussi douce que surprenante, fit reculer le jeune Torkos d'un pas. Il ne savait pas comment reagir, ni comment répondre. Il re-grignotant son pas perdu en approchant doucement, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, sans qu'aucun son de s'y échappe. Comme bloqué dans le fond de sa gorge, le Palllek grogna calmement, redressant sa tête pour ne pas, malgré tout, perdre la face.

- J'y compte bien.

"En attendant je suivrais ton conseil... Je frais... plus attention à mon anneau."  

Finalement, alors que la soirée s'était entamé près de l'auberge, un homme accompagné d'une femme se glissa dans la pénombre, s'approchant du duo de Torkos. Cet homme était connu de l'Îleglace et surtout des Langlois pour avoir été et être encore aujourd'hui un partenaire financier de qualité. Pour sûr, il avait déjà vue Jalko plus d'une fois, et il serait sans doute possible de dire sans se tromper qu'il était presque une sorte de parrain pour lui et la petite Rhéïane. Son rire, très distingué, flotta jusqu'aux oreilles du jeune homme qui était déjà sur ses gardes.

-Ne serais-ce pas le jeune Palllek ?

Sa voix est portante et Jalko se crispe. Il attrapa fermement sa cape et l'enfila d'un geste vif, plaçant sa fidèle et utile capuche sur le visage afin de se cacher. Il était aidé de la pénombre, mais il ne fallait pas sous-estimer la perspicacité d'un Mesorian. L'esclave salua vulgairement d'un « Hok » soufflé a l'intention de Khayna et disparut dans les ombres de la ville, direction le domaine Langlois.

[-fin du rp pour moi - ]

Immobile et peu gêné par la pluie, la jeune femme fixait le domestique intensément. Visiblement prit au dépourvu, il c'était sans doute attendu à ce que Khayna renchérisse, mais non, la messagère n'était pas rentré dans son jeu et restait d'un calme absolue, faisant preuve de patience et de sagesse face à lui. Elle releva doucement le menton, soutenant le regard du jeune homme qui s’approcha de nouveau d'elle. L'eau qui ruisselait le long de son visage lui fit plisser les yeux, il déjà difficile d'y voir claire dans cette nuit sombre, si la pluie venait en plus gâché le tout... Finalement ce fut la présence d'un couple qui arracha le duo à leur échange. La torkos se racla légèrement la gorge et détourna le visage, ajustant sa cape de fourrure sur ses épaules jusqu'à ce que le nom "Palllek" lui vienne aux oreilles.Ainsi, ce garçon était de la famille de Bronco. Intéressant... et surprenant. Khayna chassa l'eau de son visage d'un geste rapide de la main et observa la silhouette massive du Torkos, répondant à son tour dans un souffle.

"Hok à toi, Jalko..."

Un regard vers le couple et la femme pivote sur elle même, partant dans la direction opposée à celle de Jalko. Excité, déçue et amère, Khayna quitta Îleglace rapidement, retournant à son camp avec les mains vide. car si elle avait récupérer son anneau, en revanche sa bourse ne lui était pas revenu, ni l'argent qu'elle contenait et c'est avec un estomac grondant de faim que la jeune femme se laissa aller au soleil sous le couvert des arbres.