Je méprise ma sœur Alanaxi Poussière-de-Nuit plus que tout au monde, je ne peux pas la voir, la seule vue de cette personne peut me faire sortir de mes gonds et me mettre en colère, heureusement, je ne la voie jamais, Il y a mon père aussi, Dirxi Regard-Perçant, qui porte plus d'intérêt à l'éducation de ma sœur qu'à moi, par le simple fait que j'ai préféré suivre la voie de la chasse, je ne m'entend pas vraiment avec lui. Heureusement, il y a Lëxi Croc-de-Ligor, la seule personne qui me connait par cœur, mon amie d'enfance, ma sœur, non liée par le sang, mais cela n'est qu'une impression, nous avons toujours été extrêmement proches et seul un regard suffit pour qu'on se comprenne. J'éprouve aussi une réelle admiration pour le chef du clan, Dräoxi le Sanguinaire, jusqu'à envier sa force. Il sait qu'il peut compter sur moi, il connait ma loyauté envers lui.

 

Je suis né le vingt-sixième jour de l'été de l'année mille six-cents vingt-sept, le soleil était au rendez-vous et j'étais le second fils d'une famille au père Chemenn, avant moi il y avait une jeune fille prénommée Alanaxi, ma vie n'avait aucun sens avant que je ne puisse marcher et parler, c'est-à-dire vers l'âge de deux ans.
C'est justement à partir de mes deux ans que tout commença, mon papounet Chemenn n'arrêtait pas de me parler de ce qu'il appelait magie à moi et ma sœur, cette dernière avait l'air contente mais moi je ne comprenais pas tout et donc n'y portais aucun intérêt, je n'avais que deux ans après tout. Mais un beau matin, mon père m'amena chez Dräoxi, me disant qu'il m'avait trouvé une compagne avec qui jouer, car ce dernier avait une fille qui venait de naître, à deux ans, le seul mot compris était « jouer » et cela suffisait. Malheureusement, je ne pus que voir cette petite, car elle était trop jeune, je dus donc attendre à mon tour l'âge où elle pourrait marcher et parler, comme on a du le faire avec moi.
C'est alors que douze années passaient ou je passais le plus clair de mon temps à jouer avec cette fille, nous nous étions liés d'une grande amitié, cette dernière étant fille unique, et de mon côté, les rapports avec ma sœur étaient, de plus en plus violents, nous nous voyons comme de vrais frères et sœurs, même si cela n'était pas le cas. Nous étions tellement amis qu'un beau jour, au pied d'un arbre, j'avais piqué un couteau à mon père pour que nous fassions un pacte : « Quoi qu'il arrive, nous serons toujours ensemble, toujours amis, toujours frère et sœur » avant que je ne m'entaille la main avant de lui tendre le couteau pour faire de même, et mêler nos sangs par une poignée, qui scellait à jamais notre pacte, et les jours passèrent comme celui-là, ou nous refaisions le monde à notre manière, comme si la terre elle-même nous devait quelque chose.
Il était là, le fameux jour, le jour de mes seize années, ça faisait un moment que je ne pouvais absolument plus supporter ma sœur, et je ne m'entendais plus avec mon père, ce dernier ayant pris cette dernière comme disciple et m'ayant laissé sur le bas coté, je voulais faire quelque chose qui m'éloignerai d'eux, je me lançais donc dans la chasse, et pour cela, Dräoxi lançait ne quête à tous les nouveaux chasseurs : pour le devenir, je devais rapporter un bébé tigre mort, du coup, je partis aussitôt en chasse, muni d'un arc et d'une paire de Tolohoks, c'est-on jamais, vaut mieux prévoir du corps-à-corps. Le tigre est une espèce qui se trouve généralement vers le Mont Englouti, il me fallut donc bien quelques jours de marche avant d'arriver dans leurs zones de prédilections, une fois la bas, trouver une de ses bêtes ne serait pas un exploit remarquable, mais trouver un petit ... Il me fallut cependant une semaine, durant lesquels j'ai trouvé ce silence et cette harmonie avec la nature inégalable et, que j'ai transformer un arbre en gruyère sous le nombre de flèches que j'ai tiré sur une cible que j'ai fabriqué avec un de mes Tolohoks pour m'entrainer que je réussis à trouver une femelle, nourrissant un petit. Brandissant mon arc caché dans les feuillages, c'est cependant sur les fesses de la tigresse que ma flèche se logea amoureusement, laissant le petit derrière elle, elle huma l'odeur avant de doucement se diriger à moi, comme si elle était intriguée, trainant cependant un peu de la patte, je brandis aussi vite que la peur venait à moi mon arc avant de tirer sans trop savoir ou sous l'adrénaline et, bien heureusement, c'est à son crâne que la flèche se trouvait le mieux, mais je n'en avais pas fini, je devais reprendre mes esprits au plus vite pendant que le bébé reniflait et tentait de réveiller le corps inerte de la mère, avant qu'il fasse nuit noire à jamais.
De retour au camp, c'est la dépouille du gamin ainsi que le cœur de la mère en supplément que je ramenais à Dräoxi, qui fut surpris de cette réussite, tous me félicitaient, mais la seule ovation qui me toucha réellement était celle de ma plus grande ami Lëxi, car je savais qu'elle le pensait réellement, quant à mon père et à ma sœur, ne pas les entendre était un véritable soulagement. Plus les temps passaient, plus les chasses s'accumulaient, et j'étais connu pour abattre mes proies sans qu'elle s'en aperçoive, ce qui ne donna le surnom de « Hirathxi le Silencieux » et mes chasses splendides résonnaient de plus en plus aux oreilles du chef.
Ce jour était aussi arrivé, le jour ou Lëxi revenait de son épreuve de chasse, son père fut dur avec elle car il réclama la tête d'un Ligor, bête rare dû à sa domestication, et quelle ne fut pas ma peine quand je l'ai vu revenu avec la bête et non la tête, je savais comment Dräoxi allait réagir, et c'était bien triste.
Cela fait maintenant trois ans que sa fille était rentrée de sa chasse contre le Ligot qu'on célébrait déjà la venue d'un nouveau-né, le chef avait réussi à mettre enceinte une femme, et tout le monde devait être la pour la fête, bien entendu, j'étais la aussi, mais je me suis éloigné contre un arbre, je ne prêtais aucune attentions aux autres, il faut dire que les rassemblements ce n'était pas mon truc, puis je devais tenir en compte mon surnom de « silencieux ». Soudain, je vis une ombre s'approcher de moi, levant la tête, je savais déjà de qui il s'agissait, ma plus vieille ami voulu surement exprimer ses ressentis, même si elle savait qu'un simple regard suffisait pour que je comprenne, nous échangions quelques mots à ce sujet, la chasse, le chef, le nouveau-né, nous parlions comme ça pendant quelques minutes, mais quand je suis avec, c'est comme si le temps se figeait, je n'entendais même plus les brouhahas des autres, avant de la prendre dans une légère étreinte, faut dire qu'elles étaient plus comme à l'époque, dame nature n'avait pas fait son travail à moitié, elle en avait fait une belle créature, elle se montrait dure, mais je savais qu'elle était faite avec un cœur en chocolat, elle me fit une petite embrassade à la joue avant de partir et moi, je restais là, continuant ma semi-sieste contre mon arbre, avant de rejoindre mon lit pour finir ma nuit.
Le lendemain, je passais toute ma journée à chercher ma précieuse amie pour refaire le monde, mais, à la place, c'est une convocation chez Dräoxi qui m'appelait, le chef me fit savoir que sa fille avait pris la fuite, ce qui ne m'étonna pas, mais elle aurait au moins pu dire au revoir, c'est la moindre des politesses. Ce dernier me proposa de devenir un de ses hommes, ce que j'acceptai, et me donnai comme première mission de retrouver Lëxi, il savait que j'étais le plus proche d'elle, j'acceptai la mission, prépara mes affaires et partis à sa recherche, mais d'un côté, voulais-je vraiment la retrouver ? Que ferai-je si je la trouve ? Elle est mon ami la plus précieuse, mais suis-je vraiment seulement ami ? J'ai une impression, un ressenti, je ne sais pas comment l'exprimer, mais quelque chose me dit que je préfèrerai ne jamais la retrouver...