| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 13/5/2015, 04:22 | |
| Mon coeur se serrait déjà depuis trop longtemps et de toutes les façons improbables. Cette journée n'était pas encore terminée mais je souhaitais déjà me rouler dans une couverture et m'endormir près d'un feu consumé pour fuir tous mes questionnements.
- Déjà quatre ans... Et déjà aussi vif que son père.
L'information pris quelques secondes à faire son bout de chemin dans ma tête. Un poids s'envola aussitôt que j'eu compris que l'enfant n'était pas de lui et je trouvai à nouveau l'audace de planter mon regard dans le sien. Il souriait doucement, le genre d'expression pour laquelle je me serais damnée. C'était peut-être même déjà le cas.
- Si tu l'acceptes, j'aurais une dernière chose à te confier.
Je n'aurais simplement pas pu refuser et je crois qu'il le savait. Kobren n'était manifestement pas d'accord, pour changer depuis le début de cette aventure, mais je lui fourrai tout de même les rênes des animaux dans la main en m'efforçant de dégager l'autorité qui me faisait faux bond en sa présence. Il me foudroya du regard comme s'il me lançait un tout dernier avertissement. C'était le moment d'arrêter tout ça, maintenant ou jamais. Trop tard, je tournais déjà les talons en le voyant se tendre comme un arc, suivant le Marchesable à travers le campement.
Mes premiers contacts avec les okanakis, je les avaient eu à mes quatorze ans. À cette époque déjà j'étais plus grande qu'eux, mais la différence de taille s'était accentuée avec les années. Plus simplement, je détonnais dans le décor et j'en étais parfaitement consciente, les paires d'yeux intrigués se posant sur moi me le confirmant alors que je m'approchais de la hutte du marchand. Ça ne me gênait pas. Peut-être justement parce que je prenais tout cela de haut. Être un petit parmi les grands devait être beaucoup plus intimidant et dérangeant que d'être un grand parmi les petits. Je du me baisser pour passer l'entrée.
J'observai Tanaki s'afférer du coin de l'oeil, m'obligeant à porter ailleurs mon attention alors qu'elle n'avait qu'une envie, se poser sur le Marchesable. L’endroit exiguë, pour moi du moins, me rappelait comment je me sentais bien en présence de l'okanaki et à quel point je n'avais pas envie de la quitter. Je le laissai saisir ma main avec la désagréable impression que ce serait la dernière fois qu'il le ferait avant longtemps. Le présent n'avait peut-être rien de très spécial pour un regard extérieur, mais je ne me souvenais pas qu'on m'est offert dans ma vie un cadeau qui m'est plus réjouit. Je serrai l'objet dans ma paume comme s'il s'était agit de la pierre la plus précieuse de tout l'Archipel. L'émotion venait brusquement de me prendre à la gorge, si bien que je me sentais incapable de lui répondre.
Peu importe que j'ai l'envie ou pas de me souvenir, je me souviendrais. Ça ne pouvait pas être autrement, je l'avais dans la peau. En avait-il seulement conscience ? Je m'accrochais à l'espoir d'une prochaine rencontre, et maintenant à cette petite pierre qui resterait avec moi, quoi qu'il arrive. J’entrouvris les lèvres pour tenter de dire quelque chose mais il me sembla que les mots étaient futiles et surtout inutiles. Dans un élan de tendresse qui m'avait rarement animé, je posai doucement ma main sur la joue du marchand et me penchai pour l'embrasser dans le silence intime de la yourte. Ce baiser avait un goût d'adieu mais aussi un petit quelque chose d'indescriptible qui attisait une espérance nébuleuse. Je me détachai avec regret, la gorge tremblante de ce que je n'avais pas su dire, les paupières frémissantes à l'idée de verser des larmes que j'aurais voulu cacher.
- À dans une lune... soufflais-je comme promesse contre sa bouche
Je le quittai comme un fantasme qui s'évanouit à la lueur du jour. Je ne sentis plus la chaleur de sa peau sous mes doigts, plus la tiédeur de son souffle contre mon visage, j'avais passé l'entrée de la hutte en ce qui me semblait un clignement de cils. Le vent s'engouffra sous mes cheveux pour lécher ma nuque et je serrai la pierre de feu aussi fort que permis comme une naufragée qui sert sa bouée. Sans un regard pour Kobren qui s'était approché avec les bêtes, j'enfourchai ma monture et laissai derrière moi le campement, la tête lourde et le coeur meurtrit. Je ne me retournai que lorsque je fus certaine d'être assez loin pour qu'aucun Marchesable ne puisse voir la tristesse ravager mon visage.
Une lune. |
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