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| Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] | |
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InvitéInvité
| Sujet: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 5/10/2014, 16:57 | |
| Rappel du premier message : Demeure Delenol – Soixante-septième jour d'été 1650 Les rêves, encore et toujours… Malgré mes prières, malgré ma volonté, je ne parvenais pas à m’en débarrasser. J’avais finalement rattrapé mon retard de sommeil accumulé après la visite du Nôrin, et cette part obscure et malsaine de mon esprit en avait profité pour revenir me harceler de ces images contre-nature, qui avaient le don de tout à la fois me répugner de par leur essence, tout en embrasant bien malgré moi mon imagination autant que mon corps. Je m’étais éveillée au petit matin, haletante et en sueur, pourtant incapable de trouver la force de me lever et de faire face à la journée qui s’annonçait. Avec tout ce que devait endurer ma famille, je trouvais encore le moyen de me lamenter sur ma petite personne… Je me sentais ingrate et égoïste, en plus du reste, ce qui n’améliorait en rien mon humeur. Je finis néanmoins par rassembler la force de me lever, après plusieurs heures à renâcler au fond de mon lit. Avant toute chose, je me fis préparer un bain, espérant sans trop y croire que j’y trouverais de quoi laver les souillures de mon esprit autant que celles de mon corps, dans lequel je restais plus que de raisons, jusqu’à ce que je sentisse mes membres s’engourdir la froideur de l’eau. Après une hésitation, je décidai de me faire également monter mon petit-déjeuner afin de rester seule avec mes pensées. Ce ne serait pas la première fois, et je savais que personne ne s’en tourmenterait ni ne s’en offusquerait. Je n’avais tout simplement de faire face à ma famille ce matin-là et d’afficher mes sourires d’usage, de crainte que Lochlan ou Samaël ne remarquent que quelque chose n’allait pas et ne s’inquiétassent pour moi. Je ne voulais pas avoir à esquiver leurs questions, auxquelles je ne pourrais bien entendu par répondre, et je ne voulais surtout pas leur causer de souci supplémentaire alors qu’ils avaient déjà tant à penser. Une fois vêtue, d’une robe d’un bleu pastel des plus quelconque qu’il me fallut pourtant un temps considérable à choisir, je ne sus pas quoi faire de moi-même. Je n’avais toujours aucune envie de descendre faire la conversation, et je n’étais aucunement dans un état d’esprit propice à la lecture ou à l’étude, par lesquelles je me changeais pourtant les idées si souvent. Je passai voir Mitts, mais il semblait être parti se promener, puisque la pièce qui lui était attitrée était vide. Une promenade à cheval aurait sans nul doute permis de me vider l’esprit, mais il m’aurait alors fallu me changer, et surtout traverser la grande salle et me confronter à ceux que je voulais justement éviter, ce qui était donc proscrit. Finalement, je me décidai à aller jouer du piano. La musique avait toujours eu sur moi un effet apaisant, et une petite heure d’exercice suffirait probablement à me rendre enfin apte à affronter la journée qui m’attendait. Perdue dans les méandres de mon propre esprit, je me dirigeai donc vers la salle de musique sans remarquer le moins du monde le son pourtant de plus en plus net qui en émanait. Ce n’est qu’une fois entrée dans la pièce, et la porte refermée derrière moi, que je constatais la présence d’une silhouette précisément à la place que je comptais occuper.
« Oh, je vous prie de m’excuser. Je ne voulais pas vous interrompre, je n’avais pas réalisé qu’il y avait quelqu’un… »
Je me rendis compte en la proférant à quel point mon excuse pouvait sembler tout à fait idiote, puisque l’on entendait parfaitement depuis l’extérieur la musique provenant du piano. J’étais pourtant sincèrement contrite, et j’espérais que l’invité de mon frère, puisque c’était de lui qu’il s’agissait, ne penserait pas que j’étais en train de me moquer de lui. Je m’apprêtais à le laisser, ne voulant pas m’imposer, mais me retins à la dernière minute. Je n’avais toujours aucune envie de descendre, et la simple idée de retourner tourner en rond dans ma chambre me donnait une furieuse envie de m’arracher les cheveux. La compagnie d’un étranger, toutefois, à qui je n’aurais pas à m’inquiéter de dissimuler mon trouble ou de lui causer quelque souci superflu, me semblait plus supportable que celle de ma famille. D’autant que, comme je l’avais déjà remarqué, je sentais une certaine douceur émaner de lui, qui dans mon état pourrait peut-être m’être bénéfique. Lui adressant un sourire un peu timide, je rassemblai donc mon courage pour lui demander d’une voix hésitante, la main toujours posée sur la poignée de porte :
« J’espère que vous ne me trouverez pas trop cavalière mais… accepteriez-vous que je tienne compagnie un moment ? » COMMENTAIRE(S) HORS RP : |
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InvitéInvité
| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 27/10/2014, 18:25 | |
| Demeure Delenol – Soixante-septième jour d'été 1650 Je ne saurais dire à quel genre de réaction je m’attendais après cet aveu à mots couverts, mais certainement pas à ce qu’il se mît à rire, me prenant parfaitement au dépourvu. Il n’avait rien de joyeux pourtant, tout au contraire, c’était un son amer, désespéré, presque hystérique, et mon cœur se serra face à cette peine que je devinais sans en connaître rien. Le geste qu’il eut ensuite me surprit, sans toutefois me faire sursauter comme j’en avais pourtant la pénible habitude. Déconcertant sans nul doute, et pourtant je m’étonnais à ne rien trouver de désagréable à ce contact, qui au contraire me semblait apaisant, rassurant. Les paroles qu’il prononça ensuite l’étaient également, bien que je ne pusse les accepter comme vraies. Sincères, je n’en doutais pas une seule seconde, et pourtant bien plus mensongères qu’il n’aurait pu l’imaginer. Il parlait de mon frère c’était manifeste, je le reconnaissais dans ses mots, et ne pouvais que sourire doucement devant cette tendresse inattendue, et pourtant bienvenue, qu’il manifestait à son égard, et rougir doucement à cette comparaison ô combien flatteuse, mais dont je me savais n’être pas digne. Il voyait en Samaël des choses si vraies, et que pourtant le reste du monde ignorait, et j’en étais heureuse, mais il se trompait en pensant que je lui ressemblais. Je n’avais ni sa force ni son courage, ni même cette noblesse d’âme qu’il évoquait. Je n’étais qu’une pauvre petite chose terrifiée, blessée uniquement par ses propres fautes et faiblesses, qui se contentait de faire de son mieux pour dissimuler au monde ses failles… Mais comment le lui faire comprendre ? Je ne sus si ce fut mon silence qui l’induisit en erreur ou même le blessa, ou simplement la réalisation du geste qu’il avait eu à mon égard qui le choqua, toujours est-il qu’il retira vivement sa main, comme s’il avait été soudainement mordu par un serpent. J’aurais voulu le retenir, mais le courage me manqua une seconde, comme il le faisait toujours, et l’instant d’après il était trop tard. Je ne pouvais plus que le regarder se fustiger moralement, essayant de lui faire comprendre d’un regard et d’un maigre sourire qu’il n’y avait pas lieu, qu’aucune offense n’avait été commise, que je ne valais pas la peine de se mettre dans de tels états… Ses paroles suivantes, en revanche, trouvèrent un écho en moi. L’impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas mériter d’attention… Était-ce de là que venait cette sensation de compréhension, de ressemblance et de proximité que je croyais sentir entre nous ? Je savais ce que j’avais fait, moi, pour me sentir de la sorte. Mais lui ? Quelle pouvait être cette si grande faute qui semblait lui faire croire que le reste du monde valait mieux que lui ? Je ne pouvais le lui demander bien sûr, et pourtant j’aurais aimé savoir. Pour le rassurer, trouver les mots pour lui dire qu’il méritait mieux que ce qu’il pensait. Peut-être aussi, plus égoïstement, pour me sentir moins seule dans mon imperfection, aussi cruel que cela pût être… La suite de ses propos, toutefois, me tira un haussement de sourcils dubitatif. Aimante et harmonieuse ? Quels étranges qualificatifs pour désigner ma famille, et je me surpris à penser que Samaël ne s’était peut-être pas confié à lui autant que je l’avais cru. Il y avait de l’amour et de l’harmonie bien sûr… Parfois. En partie. Mais n’avait-il donc pas entendu parler de cette guerre larvée entre Samaël et Lestat, de la virulence des désaccords constants entre Mère et son aîné, de ce Père qui ne fut pour ses trois plus jeunes enfants guère plus qu’une figure distante et lointaine, et pour son Héritier…Je préférais ne pas même y penser. Je laissai échapper quelques notes d’un rire triste tout en plantant mon regard dans le sien, et répondis d’une voix désabusée, et pourtant étrangement sincère. « Je pense pouvoir surmonter cela… »
Après tout, même si sa famille était effectivement aussi terrible qu’il semblait le sous-entendre, je doutais fort qu’elle me serait plus pénible en tant que son épouse que si j’étais celle de son cousin, d’autant que j’avais pour habitude de m’isoler dans mes livres et ma musique. Et, pour une femme qui n’en souhaitait de toute façon pas, un mari souvent absent ou occupé n’était-il pas le meilleur qu’elle pût souhaiter ? Quoi que dans son cas particulier, unique sans doute, sa compagnie ne faisait pas partie des choses que je redoutais. Il me surprit d’ailleurs à nouveau en évoquant l’objet même de mes craintes, ce qui me fit rougir furieusement. Je n’étais pas choquée pourtant, à mon propre étonnement, simplement… gênée par ce sujet que je n’avais à peu près jamais abordé. Lui-même paraissait d’ailleurs tout aussi incommodé, à en croire les nombreux bégaiements qui ponctuèrent sa tirade. À nouveau, il se mettait dans l’embarras par prévenance à mon égard. Et encore une fois d’une façon qui s’avérait honteusement rassurante et tout à fait effrayante. Avais-je été, une fois de plus, à ce point transparente ? Avait-il su deviner dans mes propos sibyllins le trouble qui m’agitait ? Non impossible. Si tel avait été, il n’aurait pas eu ce geste à mon égard un peu plus tôt, cette douceur dans son regard, cette tendresse dans sa voix. Au mieux aurait-il purement et simplement fui la pièce aussi rapidement que possible, au pire… Mieux valait ne pas y penser. Peut-être avait-il compris mes craintes, mais à tout le moins pas leur raison. Je laissai échapper, bien malgré moi, un soupir de soulagement et murmurai à mi-voix, avant de m’en rendre compte :
« Je n’en espérais pas tant… »
Je fus presque horrifiée de réaliser que ces mots avaient quitté mes lèvres, au lieu de rester sagement enfermés à leur place au fond de mon esprit insane. Ils en disaient bien plus que je ne l’aurais voulu à mon propos, mais je craignais également qu’Adriel n’en fût blessé, qu’il ne les prît pour lui, croyant que c’était sa personne qui me répugnait. Il n’en était rien bien sûr, mais il m’était tout autant impossible de le lui expliquer sans dévoiler mes perversions… Ce qui était tout à fait au-dessus de mes forces. Je ne pouvais donc rien faire de mieux que laisser filer, espérant qu’il n’ait tout simplement pas entendu de là où il se tenait. Encore que… Une impulsion me prit, bien étrange et fort contraire à mon tempérament timide et effacé, mais qui me parut susceptible d’effacer l’impression que mes dernières paroles lui avaient peut-être laissée, et la distance gênée qui s’était installée entre nous depuis son éloignement horrifié. En tous les cas c’était, me semblait-il, quelque chose que je devais faire. Aussi évitais-je pour une fois d’y réfléchir et me contentai-je de me lever et m’approcher doucement pour venir effleurer de mes lèvres la joue que son masque de cuir laissait libre, en un baiser chaste mais tendre dont j’espérais qu’il ne s’offusquerait pas, ni ne se méprendrait à son propos, avant de lui glisser dans un souffle un simple mot :
« Merci. »
C’était bien peu, en regard de tout ce qu’il venait de m’offrir et de faire pour moi, peut-être sans tout à fait s’en rendre compte, mais je n’étais guère en état d’exprimer toute la gratitude que je ressentais pour lui de façon plus appropriée. Je n’étais d’ailleurs pas certaine qu’il existât des mots aptes à en rendre compte… Je m’étais reculée de deux pas, afin de ne pas donner l’impression d’envahir son espace, et de lui laisser l’occasion de s’écarter si mon geste l’avait dérangé. Cette conversation nous avait de toute évidence mis tous deux les nerfs à fleur de peau, et il me semblait prudent de, peut-être, la laisser de côté pour l’instant, afin de nous permettre de nous remettre de nos émotions. Ce fut la musique qui me vint tout naturellement à l’esprit pour offrir une diversion. J’affichai un petit sourire timide et lançait d’une voix douce mais qui manquait d’assurance, quelque peu embarrassée par ma propre audace, à la fois celle dont je venais de faire preuve, et celle de la requête que je formulai :
« Je n’ai toujours pas eu l’heur d’entendre ce talent que vous décriez si volontiers. Accepteriez-vous de me laisser en juger par moi-même ? Si toutefois vous vous sentez… d’humeur, bien entendu. Je ne voudrais pas que vous vous sentiez contraint à quoi que ce soit. »
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| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 29/10/2014, 11:49 | |
| Il n'avait pas flanché à son petit rire. Triste il était, comme le sien, peut-être, un peu moins hystérique, peut-être, un peu moins... détruit. Il était conscient d'avoir légèrement exagéré en parlant de famille harmonieuse, non dans un souci de la flatter, car il avait, semblait-il, dépassé ce stade depuis longtemps. Non, plutôt pour lui faire prendre conscience, avec une licence poétique qu'il ne se connaissait pas, qu'à ses yeux, leur famille était tout cela. Les secrets sournoisement exposés, les pressions psychologiques, l'abandon total, la violence à peine rentrée, la guerre larvée née d'une jalousie qui n'aurait jamais dû exister entre deux êtres si semblables et si différents... Nulle trace d'amour, nulle trace d'intérêt. Peut-être de fierté, entre Anton et Anselme, quoique ce fut difficile d'en être certain. Et plus qu'un peu de débauche également. Quoiqu'à son grand regret, il y en ait eu plus que sa part dans la vie de Samaël également.
Il comprenait, cependant, qu'elle ne vit pas le point qu'il souhaitait révéler. Obscur et incompréhensible. Mystérieux, lui avait-on dit une fois. Cela l'aurait fait rire, pour un peu qu'il l'ait pu à l'époque. Mais il était des gens qu'il n'osait pas vexer. La question étant plutôt de savoir s'il y avait des gens à qui il aurait osé répondre... Alors qu'il avait parfois le plus grand mal à regarder dans les yeux sa propre Escorte... Pathétique petit homme qu'il était. Il ne répondit donc pas à sa remarque, car elle ignorait évidemment qu'elle aurait eu une vie bien plus aisée aux côtés d'Anselme qu'aux siens. Raison pour laquelle il avait ri. Le sacrifice ne serait pas pour lui. Oh, bien entendu, il paierait d'avoir fait ce coup à son Doyen de père, sans doute aucun. Mais il avait l'habitude. Alors que la violence et la perfidie inhérente à certains membres de sa famille, et notamment à elle était sans fin, et sans commune mesure. Et elle ne manquerait pas d'en entendre pour s'être unie à lui. Pourtant, par malhonnêteté ou par découragement, il n'avait pas à cœur de le lui expliquer. Si elle en parlait à Samaël, peut-être le lui dirait-il... Il eut un pincement à cette seule idée, sentant sa gorge se comprimer à l'étouffer. Non, il faudrait que cela aille, qu'il retienne un peu de lui dans cette personne qu'il aimait, quand bien même il ne pourrait plus être sien par la force des choses.
Puis s'en était suivie cette infructueuse tentative pour expliquer que cette alliance n'en était une que pour l'esprit, et qu'il portait bien peu d'intérêt au corps. Il s'était ridiculisé et attendait, honteux, mais n'aurait jamais anticipé sa réponse, non pas outrée, mais soulagée. Profondément soulagée... Il baissa les mains, les croisant devant lui comme à son habitude, partagé entre sa propre part de soulagement et une certaine déception. Non, bien entendu, il n'aurait pas voulu qu'elle se vexe, se drapant dans sa dignité bafouée et le chassant de la pièce d'un orgueilleux geste de la main, non qu'il la vît agir de la sorte, mais il avait déjà suscité ce genre de réaction. Il n'en voulait certes pas à son corps, bien loin de là, n'en déplaise à sa propre morale. Pourtant, il aurait voulu... il ne savait pas. Autre chose que ce rejet pur et simple. Il savait qu'il était réputé pour être horriblement défiguré ce qui, en un sens, n'était pas véritablement faux, puisqu'il portait un visage qui n'était pas le sien, mais il l'avait crue au-dessus de cela. Un sourire lui échappa. Il n'avait pas cherché à se montrer chevaleresque par sa proposition, rien moins qu'honnête et sincère, mais il prenait malgré tout note du manque de reconnaissance que cela entraînait. Il saurait s'en souvenir, certainement...
Lui tournant toujours le dos, il l'entendit approcher, se figeant un peu plus à chaque bruissement de sa simple robe, à chaque effleurement de ses chaussons sur le sol. Il la sentait toute proche, et un souvenir en chassant un autre, il se demanda si, comme tous les autres, elle chercherait avec une curiosité malsaine à savoir ce qu'il y avait sous le masque. Cela, pourtant devrait attendre. Le voile ne se levait que le jour de la cérémonie, après tout. Elle s'approchait encore, et il ne savait plus vraiment à quoi s'attendre, paralysé par son absence d'attente et, en définitive, la frayeur qui ne le gagnait pas. Cela le surprenait finalement plus que l'inverse. Il y avait bien peu de gens dont il n'avait pas peur, non pas à cause de leur présence physique mais de leur pouvoir, de leur charisme, ou de la simple inégalité entre eux. La caresse de ses lèvres sur sa joue nue le surprit plus encore, et il réprima à grand-peine son sursaut, mais pas la crispation certaine qui le saisit. Et qui disparut aussi soudainement que neige au soleil à ce simple mot de remerciement. Il n'estimait pas avoir fait quoi que ce fut qui le méritât, et pourtant, elle était allée au-delà de la réserve polie qui lui avait été inculquée pour faire simplement cela. Il n'en était pas choqué, il était le premier à l'avoir touchée sans son accord. Il ne comprenait juste pas quel désir elle avait pu avoir de faire cela après son exclamation initiale. Pour se faire pardonner? Elle n'avait à s'excuser de rien en ce qui le concernait, mais il n'en était pas moins touché par l'attention...
Pareillement lorsqu'elle s'éloigna, certainement consciente d'envahir son espace intime. Il lui adressa un demi-sourire reconnaissant, sans qu'il sût véritablement s'il était en remerciement de ce mot, de ce geste, ou de cet espace dont elle le laissait jouir. Ou même des paroles suivantes. Il lui semblait qu'ils avaient tous deux forcé leur nature lors de cette discussion, et le seul sujet qu'ils avaient eu en commun avant cela avait été la musique. Elle était intelligente, il n'en avait jamais douté, mais elle avait également beaucoup plus de tact et de diplomatie que lui-même, et cela, il n'en aurait pas mis sa main à couper. Quel besoin avait-elle, en effet, de prendre des pincettes, quand elle avait un nom, une famille, et une île pour l'appuyer? Il ne l'en appréciait que plus, cependant, et il se tourna vers elle avec un sourire quelque peu timide, répondant d'une voix timide et basse, mais enthousiaste:"Je ne joue que rarement devant public, et plus rarement encore sur un piano, donc veuillez excuser mon manque de tact parfois... Cependant, ce serait avec plaisir que je le ferais pour vous, bien que je doute que cela en soit un de m'écouter. D'autant plus que j'ai l'habitude de n'en faire qu'à ma tête et de ne pas suivre les partitions..."Un plissement des yeux appuya un instant son sourire, faisant étinceler leur étrangeté, avant qu'il ne se tourne respectueusement vers l'instrument, l'effleurant amoureusement du bout des doigts, exposant ses mains calleuses, couvertes d'encre et de cicatrices, alors qu'il se dirigeait vers le tabouret dans un froissement de tissus. Ses pieds, pourtant, ne faisaient aucun bruit sur le sol, dans leurs chaussons de brocard. Il s'installa, le regard dans le vague, sans prêter attention à son audience, concentré sur sa posture, droite et fière, et sur le placement délicat sur les touches d'ivoire. La mélodie s'éleva dans l'air immobile, lente, d'abord, évoquant en lui des images délicates de compréhension, d'amitié, d'un homme admirable rencontré dans une clairière, la lutte ensuite, le déchirement, tenter de sortir la tête de l'eau, d'exister malgré les difficultés, les tourments, la beauté à trouver dans chaque instant, dans un bourgeon, dans un lever de soleil, dans une rencontre, parfois. Surmonter la peur, la douleur, l'incertitude, le doute envers soi-même, envers autrui, et vivre, simplement, comme l'attend la Déesse et dans l'attente, surtout, de jours meilleurs peut-être à venir.
Il expira un souffle qu'il n'avait pas conscience d'avoir retenu, perdu qu'il avait été dans les sentiments qui l'avaient transpercé, et c'est la tête basse, comme un cheval épuisé après une course trop intense, qu'il resta, dans l'expectative d'un verdict à venir... |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 31/10/2014, 19:56 | |
| Demeure Delenol – Soixante-septième jour d'été 1650 Je le sentis se crisper à mon contact, aussi bref fut-il, et je craignis d’avoir commis un nouvel impair. Venais-je de l’offenser par mon geste ? Ou l’avais-je fait plus tôt ? Avait-il entendu les paroles que mon inconséquence avait laissées échapper et m’en voulait-il désormais ? Cela aurait été bien sûr fort compréhensible… Que ce fût par mon geste ou par mes mots, je m’en voulus à cet instant de l’avoir pu heurter, d’autant que je ne pouvais aucunement jauger de ses émotions dans son expression ou son regard, puisqu’il me tournait toujours le dos. Cela ne dura qu’un instant toutefois, car il se détendit dès que ma voix eut à nouveau franchi mes lèvres dans un nouveau souffle, cette fois entièrement volontaire, et il me sembla que quelque chose, dans l’air ou entre nous, venait de s’apaiser. Je décelai, alors que je m’écartais à nouveau de lui, l’ébauche d’un sourire se dessiner sur ses lèvres qui me fit l’effet d’une acceptation, d’un pardon peut-être de mes maladresses, d’une trêve en quelque sorte. Lorsqu’il se retourna enfin tout à fait vers moi, il semblait aussi soulagé que moi de quitter cette épineuse discussion pour revenir en un terrain plus familier, et moins inquiétant. Le malaise et la tension paraissaient avoir disparu, ne laissant place qu’à cette étrange compréhension qui m’avait réchauffée un peu plus tôt. Je ne saurais dire si je fus davantage surprise par son acceptation de ma requête, ou par l’enthousiasme que je sentis dans sa voix alors qu’il répondait, mais je fus heureuse de l’une comme de l’autre. Je n’avais pas oublié ce qu’il avait dit sur la musique, et le fait qu’il voulût bien jouer pour moi, se dévoiler de cette façon, me parut une concession certaine. Peut-être ne s’agissait-il que d’un retour de politesse, puisque j’avais moi-même accédé à sa requête un peu plus tôt, mais je n’avais pas l’impression qu’il s’y contraignît. Et quand bien même eut-ce été le cas, rien ne l’y obligeait après le comportement dont je venais de faire preuve. Je laissai échapper un petit rire sur ses derniers mots, retrouvant ce sourire qui m’était habituel, que l’on disait doux et bienveillant, mais qui à mes yeux n’était que sincère et naturel. Je lui répliquai avec franchise, en même temps que je m’effaçai pour le laisser accéder au piano : « Il arrive que les doigts sachent mieux que les partitions quelle note a sa place après celle qui vient d’être jouée… »
Je ne cherchai bien évidemment pas à rabaisser la valeur des partitions, ni le talent de leurs auteurs, dont beaucoup étaient des artistes que jamais je n’aurais même rêvé d’égaler. Mais si l’art, désormais figé, de ces compositeurs était sans nul doute inégalable, tout comme la qualité de leurs œuvres, il y avait dans l’improvisation un cœur, une âme, qui manquait parfois à ceux qui se contentaient de suivre des lignes inscrites sur le parchemin. Je m’étais adossée contre le mur, retrouvant plus ou moins la position que j’avais arborée à mon arrivée, entremêlant les doigts de mes mains rassemblées dans mon dos. J’observais un silence respectueux, lui laissant le loisir de se mettre en condition et veillant à ne pas troubler sa concentration. Je fermai les yeux lorsque les premières notes résonnèrent, afin de mieux savourer la musique. Je la trouvais belle, emplie de douceur, et pendant quelques minutes, je ne pensai plus à rien d’autre qu’à ce qu’elle me suggérait. J’y sentais comme un combat. Dénué de violence pourtant, plutôt une sorte de détermination, une volonté d’avancer malgré les obstacles, un espoir, peut-être… Il m’était difficile d’y apposer des mots, en fin de compte, comme si tous n’auraient été que trop réducteurs, incapables de définir précisément ce que les notes évoquaient. J’avais l’impression de la comprendre, toutefois, ou peut-être que c’était elle qui me comprenait… Lorsque le piano se fut, je laissai à mon tour flotter quelques instants de silence, comme Adriel l’avait fait lorsque j’avais joué pour lui, avant de me décider à rouvrir les yeux, humides d’une émotion qui n’avait plus rien de triste ou de sombre, malgré la manière dont la matinée avait commencé, mon sourire toujours ancré sur mes lèvres. Maintenant que mon esprit quittait la musique pour revenir à la réalité, je m’étonnais quelque peu qu’il eût choisi de jouer quelque chose de si doux et de si joli, après le chaos de notre conversation. Cela me semblait approprié pourtant, comme la requête qu’il avait formulée lorsque c’était moi qui avais joué, un moyen de chasser les ombres. Indubitablement, il était plus judicieux que moi dans son choix de mélodies. Lorsque je brisai le silence, je sentis ma voix distante, comme sortie d’un rêve.
« Vous parliez de magie tout à l’heure. Au risque de vous contredire, sur cela au moins, nous voilà sur un pied d’égalité. Encore que je me permette de trouver cette affirmation prétentieuse de ma part. »
Il avait certes, et encore je ne m’en rendais compte qu’après coup, quelques imperfections d’un point de vue technique, un doigté parfois un peu trop lourd, que j’imputais pourtant davantage à un manque de pratique de l’instrument qu’à une réelle faiblesse de son jeu. Mais même celles-ci contribuaient en fin de compte à renforcer l’émotion qu’il transmettait par sa musique. Je n’avais pas reconnu le morceau, ignorant s’il était de son invention ou s’il s’agissait d’une de ces partitions qu’il ne suivait pas, mais cela n’avait guère d’importance. Je m’étais avancée de quelques pas, les mains toujours dans le dos, et attendis de pouvoir plonger mon regard dans le sien avant d’ajouter, avec dans la voix une douceur qui démentait la prétendue autorité de mes mots :
« Si je me prétendais le moindre ascendant sur vous, sans doute vous interdirais-je de dénigrer à nouveau vos talents comme vous l’avez fait tout à l’heure. »
Ce que, bien entendu, il ne me viendrait aucunement à l’idée de me permettre. Mon ton, d’ailleurs, montrait assez bien qu’il ne s’agissait que d’une plaisanterie innocente. Elle contenait un fond de vérité pourtant, en ce qu’il m’attristait de constater la triste image qu’il avait de lui-même, qu’il s’agît de musique aussi bien que du reste, quand les quelques minutes que j’avais passées en sa compagnie me laissaient déjà entrevoir quelle personne admirable et digne d’égards il était. Peut-être est-ce à cause de cela que je me permis d’ajouter, d’un ton légèrement plus sérieux mais toujours quelque peu badin, sans pour autant dissimuler la sincérité de mes propos :
« Et vous le demander comme une faveur me semblerait déloyal. Si bien que je ne puis plus qu’espérer que mon appréciation suffira à vous convaincre de votre erreur de jugement. »
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| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 2/11/2014, 20:34 | |
| Il s'était attendu à quelque réprimande, éventuellement à un éclat de rire moqueur qui lui aurait confirmé que son talent était, sinon nul, au moins ridicule. Bien entendu, c'était sans prendre en compte la personnalité de la jeune femme, qui n'avait eu de cesse de le surprendre depuis qu'ils avaient commencé à échanger, dans cette rencontre hautement improbable et clairement surréaliste. Le silence qu'elle laissa s'étendre pour lui fut une reconnaissance plus grande encore que si elle avait applaudi des deux mains, comme quelque péronnelle à l'esprit si vide qu'une troupe de saltimbanques y danserait à sa guise. Ses doigts ne quittèrent pas la sécurité réconfortante du clavier bicolore, symphonie d'ivoire et de noir qui se mariaient en une alliance inédite et inattendue, têtes blonde et brunes mélangées… Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il se demandait comment donc son esprit avait bien pu s'engager sur ce chemin alors même qu'il songeait à autre chose entièrement. L'amour était une chose bien complexe, à faire parcourir à l'esprit des chemins fort tortueux dont il n'aurait pas soupçonné l'existence. Il dissimula un soupir et un froncement de sourcil et leva la tête vers la sœur de quelques-uns de ses péchés, fort enclin à passer à autre chose. Ce qu'il fit sans autre forme de procès, bénissant pour une fois son esprit mono-tâche. Il se méprit un instant sur ses yeux brillants, se demandant s'il l'avait fait pleurer par sa piètre performance, jusqu'à ce qu'elle exprime son… admiration ? Il lui offrit un mélange surprenant d'air à la fois sceptique, incrédule, gêné et reconnaissant. Il bafouilla un instant avant de souffler, embarrassé:
« Vos oreilles indulgentes voient en cet écho à vos attentes une magie que je n'oserais y trouver… Cependant, je pense que l'on ne peut être décemment jugé que par autrui, et ce en toute subjectivité, car tel est le caractère de la musique, répondant à nos sentiments du moment et à nos attentes. Tant que vous êtes transportée et qu'elle vous parle, même si elle est imparfaite, vous y sentez le doigté de la Déesse, si mon maigre orgueil peut présenter cela ainsi. Et Elle est en chacun de nous à travers les Arts… En moi, si vous l'y sentez, et en vous, à n'en pas douter. »
Il lui adressa un sourire doux mais timide, comme s'il redoutait de s'être trop engagé sur ses paroles. Puis elle recommença à parler, d'un ton certes badin, mais avec plus de sévérité et de dureté qu'il ne s' était attendu. Un ascendant sur lui ? Elle en avait un, bien entendu, mais elle semblait parfois si certaine de son infériorité alors même qu'elle ne le connaissait pas… A cette seule pensée il serra les dents, sans pour autant parvenir entièrement à refouler la douleur qui naissait en lui. Ces mots n'auraient jamais dû avoir à sortir de s bouche, et il aurait dû les entendre bien avant, d'autres personnes qui avaient effectivement, par les droits du sang notamment, un véritable pouvoir sur lui. Ils l'avaient, bien sûr, et Adriel ne le niait pas, ne l'avait jamais nié, d'ailleurs, malgré la volonté qu'il aurait eu à les laisser loin derrière, tout en étant prêt à se sacrifier pour leur bien-être et celui de sa chère île. Là était tout le paradoxe, parfois. Il ne pouvait décemment pas les abandonner. Samaël le comprenait sans le comprendre, car cela lui apparaissait naturel, en tant que Doyen, et il ne lui était probablement jamais venu à l'esprit qu'un « simple » Secrétaire, Intendant, put avoir le même niveau de responsabilité. Bien entendu, il ne savait pas non plus qu'il n'était pas que cela, mais aussi une sorte d'éminence grise du Réseau d'espionnage probablement le plus complet et étendu de l'Archipel. Probablement à l'exception de celui du Mâss, et encore… chacun avait très certainement vérolé et noyauté l'autre, à bien y songer.
Il ignorait si elle le comprendrait si, et il insistait bien sur ce si, leur discussion en venait à se concrétiser. Si elle comprendrait que son devoir allait bien au-delà de ce qu'il pouvait montrer, tant intellectuellement que physiquement. Ce qu'Anton exigeait de lui en tant que doublure d'Anselme, ce qui lui était véritablement possible de révéler. Elle ignorait dans quel nid de guêpes elle mettait les pieds, et lui l'y entraînait presque avec enthousiasme, en considérant qu'il pourrait ainsi la prévenir d'un sort pire encore. Son frère aurait probablement sa peau pour cela. Et un instant, il ne sut pas s'il parlait d'Anselme ou de Samaël, et ce qu'il aurait probablement préféré. Il avait, en quelque sorte, les moyens de la protéger de beaucoup de choses, mais pas de lui-même et ce qu'elle subirait à cause de ce qu'il était et représentait aux yeux de nombreuses personnes. Pourtant, la perspective ne parvenait pas tout à fait à le faire renâcler. Quel égoïste il faisait, prêt à la sacrifier pour ce qu'il croyait être un bien. Mais qui était-il pour en juger. Et surtout, quel droit avait-il, finalement de lui proposer cela, alors qu'elle avait été mieux encore que correcte avec lui ? S'il y réfléchissait, difficile de croire qu'elle lui avait véritablement parlé avec tant de gentillesse, qu'elle avait joué pour lui, qu'elle lui avait ouvert son cœur, qu'elle avait même accepté de le toucher alors qu'il était lui-même… En plus de cela, il y avait eu cette compréhension entre eux. Cette douloureuse prise de conscience qu'elle ne se considérait pas comme un être de valeur. C'était cela qui le dérangeait le plus. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Et malgré tous ses défauts, toutes les erreurs qu'il pouvait commettre, tous ses manquements, il était une chose qui ne pouvait lui être opposée. Il était d'une obstination sans borne. Il avait décidé, probablement fort stupidement, que si cette femme devait devenir un membre à part entière de sa vie et de celle de sa très chère île, il se devait de découvrir la raison de son tourment. Non pas par simple curiosité morbide, malsaine, même s'il éprouvait la satisfaction coupable de rencontrer enfin quelqu'un qui n'était pas juste un parangon de confiance en soi et un modèle admiré par ses pairs, pour les bonnes raisons ou non.
Malheureusement pour Iliahys Delenol, également, il avait tout un Réseau derrière lui, sur lequel il n'hésiterait pas à s'appuyer, pour que cet effrayant sentiment la quitte et qu'elle se sente en sécurité. Et appréciée à sa juste valeur, bien plus grande qu'elle ne pouvait l'imaginer. Elle était non seulement une jeune femme d'une culture indéniable, mais aussi versée dans la musique, et d'une bonté qu'il n'avait que rarement constatée. En plus d'être d'une intelligence plus grande que les précédents rapports reçus avaient pu laisser soupçonner. Plus fine politicienne, peut-être pas, mais quelque chose dans sa sincérité, dans sa sincérité, poussaient les gens à ne pas lui en vouloir pour ses propos. Adriel n'était jamais parvenu à atteindre ce genre de compromis. Raison pour laquelle il parlait peu et exprimait moins encore son opinion, de crainte de froisser une personne qui n'aurait pas dû l'être et qui aurait pu exercer de sombres représailles contre lui. Ou tout simplement qu'on pût se rire de son opinion et le traiter à nouveau comme le sombre imbécile qu'il était indubitablement. Il retint un soupir et affermit sa résolution. Il ignorait encore quel destin la famille Delenol accorderait à sa proposition non officielle à ce jour, mais il espérait, car là était bien le mot, qu'il pourrait être, peut-être, un allié pour la jeune femme. Il rougit de se montrer si présomptueux, même en pensées, mais n'en manqua pas moins de relever la tête et de la fixer, plus sûr de n'être pas moqué pour son regard si étrange et décrié, bien qu'il doutât qu'elle en ait vraiment pris conscience jusque-là, avant de répondre de son habituelle voix douce, pourtant plus ferme qu'à l'ordinaire, et dépourvue de tout le tendre humour qu'elle-même y avait mis:
« Je n'ai pas l'orgueil de me donner une valeur que je n'ai pas, et je n'ai pas non plus la présomption de m'octroyer des droits qui ne m'appartiennent pas, et pourtant, je suis prêt à accéder à cette requête, quelle que soit l'indulgente appréciation que vous ayez à mon égard, si vous consentez vous-même à ne vous plus déprécier… Vous êtes bien plus précieuse aux yeux de vos frères, notamment, que vous ne semblez vous créditer, ce que je déplore. Mais peut-être pourrions-nous essayer, en semble, de faire cet effort ? »
Comme à l'ordinaire, son discours était confus et loin d'être compréhensible pour qui n'était pas dans sa tête, ce qu'il n'aurait souhaité à personne. Cependant, il n'en était pas moins sincère et c'était, au départ, ce qu'il avait voulu lui transmettre dans ce morceau qu'il avait improvisé. Que la lutte serait peut-être dure, qu'ils perdraient certainement des batailles, mais qu'ensemble, ils arriveraient, à la grâce d'Hygérie, à gagner la guerre et, si elle le voulait bien, à devenir amis... |
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| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 5/11/2014, 18:34 | |
| Demeure Delenol – Soixante-septième jour d'été 1650 Malgré le masque de cuir qui le dissimulait, je pouvais voir assez de son visage pour y discerner en partie son expression, et y déchiffrer les diverses émotions qui s’enchaînaient et s’entremêlaient suite à mon compliment. Je ne pourrais dire que c’était inattendu, à vrai dire sa réaction était en tout point semblable à ce que j’avais présumé. Je trouvais quelque chose d’attendrissant dans cette douceur et cette modestie, cette timidité aussi peut-être, dont il faisait preuve. Ses paroles en revanche me furent bien plus surprenantes. Je me sentis froncer très légèrement les sourcils, méditant ses propos sans être certaine de les saisir tout à fait, bien que j’en comprisse l’essentiel de la substance. Il m’était assez étonnant, et admirable d’une certaine façon, qu’il pût tirer de telles réflexions des phrases si simples que j’avais prononcées. Sa conclusion, pour sa part, me prit tout à fait au dépourvu, et je rougis de nouveau, répondant toutefois chaleureusement au sourire qu’il m’adressait. J’aurais dû sans doute m’attendre à ce qu’il me retournât le compliment, cela semblait après tout parfaitement dans son tempérament, mais je n’en étais pas moins touchée, quand bien même je ne pouvais me persuader qu’il eût raison. La Déesse n’était pas en moi, ne le pouvait être, j’avais trop cruellement conscience de n’en être pas digne. Mais là encore, ce n’était pas un sujet sur lequel il eût été bon de s’attarder, aussi changeais-je plutôt le cours de la conversation. Peut-être était-ce là une nouvelle erreur de ma part. Il m’était cette fois plus difficile de décrypter son expression, mais elle ne me sembla tout d’abord pas de très bon augure. J’ignorais bien quelle maladresse j’avais pu encore commettre, mais j’espérais ne pas l’avoir à nouveau blessé ou offensé par inadvertance. En tous les cas, il était de toute évidence perdu dans des pensées que je n’osais interrompre, intriguée sans doute par le genre de réflexions que ma remarque avait pu lui apporter, mais patiente. Lorsqu’il finit par reprendre la parole, sa voix me semblait plus assurée, plus décidée peut-être, et je me demandais ce qui avait pu lui causer cette détermination nouvelle. Sa réponse me tira un sourire mitigé. Encore une fois, il semblait vouloir s’inquiéter de moi avant lui-même. Il était bien le premier à me faire une remarque de cet ordre, mais bien sûr, il était également certainement le premier à qui je me laissais aller à montrer cette facette de ma personne… Mais, encore une fois, il était en partie dans l’erreur, ce que je ne pus m’empêcher de souligner, quoi que davantage en manière de plaisanterie que dans le but de réellement le contredire.
« Je ne remets aucunement en question l’opinion de mes frères à mon égard, ni même l’affection qu’ils peuvent me porter, simplement leur objectivité. »
Réplique qui, sans doute, pouvait sembler en directe opposition avec ce qu’il venait de me demander, mais ce n’était nullement mon but, et j’espérais que mon ton suffirait à le lui faire comprendre. Au demeurant, il n’avait pas tort, d’une certaine manière. Il n’aurait été guère juste que je me refusasse à cet effort alors que je venais tout juste de le demander de lui. Même si, quoi que j’ignorasse tout des fautes qu’il semblait se reprocher si durement, je peinais à les imaginer sur un pied d’égalité avec mes propres errements. Mais cela même ne me semblait plus si important à cet instant. Car, contrairement à moi quelques instants plus tôt, il ne se contentait pas de me demander, ou de chercher à me convaincre, de cesser de me dénigrer, mais il proposait que nous fissions cet effort ensemble, il avait décidé de s’associer à moi, d’une façon si naturelle et spontanée que je ne pouvais que hocher docilement la tête en lui adressant un sourire reconnaissant.
« Mais vous avez sans doute raison. Et ce marché me semble plus qu’équitable. »
Une fois encore, mes paroles me semblaient bien légères pour exprimer ce que je ressentais, mais les mots me manquaient simplement pour me montrer plus explicite. Je ne pouvais qu’espérer que mon regard parlerait pour moi, alors que je soutenais celui de mon interlocuteur. Je fus frappée à cet instant par le point auquel il me semblait rassurant, alors pourtant que ce n’était pas la première fois que j’avais l’occasion de le contempler. Il y avait sa douceur et sa bienveillance naturelle, qui ne m’avaient pas échappées, mais pour la première fois je réalisai que ces yeux si singuliers m’évoquaient également autre chose. Le vert, quoi que d’une teinte plus douce, ressemblait d’une certain façon à ceux de mon frère, lorsque nous étions seuls tous les deux et qu’il me couvait du regard, se permettant de laisser pour un temps tomber les barrières qu’il érigeait entre lui et le reste du monde. Quant à l’autre, il faisait remonter le souvenir presque oublié d’un regard d’azur qui avait fait naître des frissons sur ma peau malgré la douceur d’un soleil d’été à Épieux… Je fus tirée de ma contemplation aussi bien que de mes souvenirs, un peu brusquement, lorsque des coups discrets furent frappés à la porte en même temps qu’une voix timide lançait un « Mademoiselle ? » un peu embarrassé. Reconnaissant la voix d’une domestique, je m’excusai brièvement auprès de mon interlocuteur puis me dirigeai vers la porte, que j’entrouvris pour voir ce que l’on pouvait bien me vouloir.
« Je m’excuse de vous déranger Mademoiselle, c’est Monsieur Lochlan qui m’envoie vous chercher en urgence… Un incident a éclaté au salon, et Messieurs… »
Je l’interrompis d’un geste doux, n’ayant pas besoin d’en entendre davantage pour deviner de quoi il pouvait bien s’agir. Samaël et Lestat avaient trouvé un nouveau prétexte pour se disputer, et il fallait que quelqu’un les empêchât de se sauter proprement à la gorge… La jeune Torkos, apparemment soulagée de ne pas avoir eu à prolonger ses explications, jeta par l’entrebâillement un regard à Adriel, mi-gênée mi-curieuse. Je me raclai légèrement la gorge afin de retrouver son intervention, puis la renvoyai.
« Merci Reirna, allez le prévenir que j’arrive immédiatement. »
Elle hocha la tête et s’éclipsa en même temps que je refermai doucement la porte pour me retourner vers Adriel, lui adressant un petit sourire contrit.
« Je suis navrée de devoir interrompre cet entretien, mais il semble que je doive vous abandonner… »
COMMENTAIRE(S) HORS-RP : Le moment me semblait venu de les interrompre, j’espère que cela te conviendra. J’avais dans l’idée de te laisser répondre, puis de conclure par le départ d’Iliahys (et peut-être un dernier post de ta part si tu le souhaites, selon ce qu’il restera ou pas à dire à ce moment). Si tu préfères couper plus court, je peux éditer pour la faire quitter la pièce dès maintenant. |
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| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 9/11/2014, 22:39 | |
| Il ne faisait aucun doute dans l'esprit d'Adriel qu'à l'issue de cet échange, fructueux ou non, porteur ou non de projets futurs concernant leur avenir à chacun et notamment de possibles épousailles, un lien aurait été tissé entre eux deux. Quelle était sa nature exacte, il n'aurait su l'affirmer, n'aurait osé le faire en réalité. Il ne se sentait pas le droit de s'imposer et craignait d'extrapoler ces moments passés ensemble. Pourtant, il la sentait comme une âme-sœur. Certes pas dans le sens romantique, non, il n'en avait ni l'audace ni l'envie, comme énoncé précédemment. Il ne lui trouvait guère d'attrait que celui que Samaël lui avait décrit. Elle était belle femme, évidemment, comme le reste de la famille, et l'aîné en tête. Cependant, son intérêt était tout autre. Il appréciait son esprit, sa sensibilité, sa modestie, et aussi, bien qu'il en ait profondément honte s'il songeait à y regarder d'un peu plus près, il appréciait le fait qu'elle l'appréciât. Il ne pouvait même véritablement considérer que cela constituât un critère et pourtant, il ne pouvait nier que cela avait également eu son importance dans sa prise de décision. Depuis si longtemps, terriblement longtemps, même, il arrivait à voir une représentante d'Hygérie comme autre chose qu'une source de terreur et d'indifférence glacée.
Les femmes n'avaient jamais été que cela pour lui. Des parangons non pas de vertus, mais d'ignorance et de mépris, d'un désir intéressé, plus souvent qu'à leur tour et dont il avait été la victime. Mais Iliahys Delenol lui avait offert une vision autre, grâce à ce qu'elle était et à travers la musique, qu'ils appréciaient tous deux et avaient en commun. Son cœur souffrait encore, parfois, malgré la chaleur qui avait chassé son cauchemar nocturne. Il ne se croyait ni ne se savait prophète, et pourtant, il ne doutait pas de la véracité de cette solitude, de cette noirceur, de cet abandon qui se profilait.
C'était, en vérité, la seule solution qu'il envisageait à la situation. C'était encore une question d'obligations. Samaël avait toujours souffert de devoir porter un masque, celui de Doyen sans concession, celui de fils modèle, malgré ses errements, celui d'homme dur et inaccessible, qui ne saurait souffrir quels que puissent être les coups durs. Il avait su faire tomber une partie de ce masque, et la réciproque était, paradoxalement, vraie. C'était à la faveur d'un hasard tragique que le sien propre avait été enlevé, et qu'il avait pu entrapercevoir ce qui était derrière celui du Doyen. Et à nouveau, un hasard tragique voulait qu'il assiste à la fin de tout cela. Car il n'avait non seulement plus le droit à l'erreur, mais il devrait également mener de front une enquête, plaire au Mâss, mais aussi et surtout, faire avec l'idée qu'il lui faudrait laisser le bien-être de sa famille entre les mains indélicates de sa mère. Et notamment la protection incertaine d'une jeune femme à marier alors que se devait d'être gérée la position inconfortable d'une île en sursis.
Il ne pouvait évidemment pas déconsidérer ce genre d'obligations, et il les comprenait. Pourtant rien de tout cela ne lui avait même effleuré l'esprit au moment de lui faire son indécente proposition. Qu'il ne regrettait aucunement. Pourtant, tant et tant d'idées et d'émotions contradictoires tournoyaient dans son cœur, dans son esprit. Il devait y réfléchir, songer déjà à la façon dont il pourrait aborder l'idée avec Anton. Non, la façon dont il lui fallait aborder l'idée avec Anton. Car si elle se concrétisait, si la jeune femme venait le voir, il ne pouvait se permettre de se voir opposer un refus de la part du Doyen Alemel.
Plus il la regardait, plus il avait conscience qu'il y avait autre chose entre eux. Une connexion, peut-être, difficile à dire, dans cette façon dont ils refusaient chacun d'accepter les compliments des autres, de se convaincre de leur propre valeur. A tous les moins la sienne, car Adriel n'en avait aucune. Il n'avait jamais eu que celle que son père lui donnait, même s'il en avait, à un moment donné, douté. Grâce ou à cause de personnes qu'il avait rencontrées, et qui l'avaient aimé, compris, envers et contre tout ou presque. Mais jamais jusqu'au bout, car il ne valait pas le sacrifice, ne l'avait jamais valu et ne le vaudrait jamais. Là était toute la tristesse de son existence, en un sens. Espérer et ne se jamais voir récompensé pour cela. Il ne put donc que retenir un soupir défait d'avance et acquiescer. Ce serait un défi intéressant de voir si, ensemble, ils pouvaient arriver à atteindre un point où l'appréciation de l'autre comblerait en un sens le manque qu'ils ressentaient au fond d'eux.
Il sursauta violemment au coup frappé à la porte et se leva précipitamment, bien qu'avec moins de conséquences que la première fois. Il ne renversa rien, fort heureusement, et s'efforça de ne pas écouter les demandes et explications et la jeune Torkos. Il baissa la tête en entendant qu'une escarmouche avait éclaté au salon, probablement entre plusieurs membres de la famille, bien qu'il n'en fût pas certain. Il releva les yeux pour voir son sourire contrit, et lui répondit par un autre compatissant. Il ne comprenait pas ce qui la poussait à y aller, ce qui la poussait à vouloir faire régner une harmonie qu'il ne connaissait pas au sein de sa famille, et pourtant, il n'en était pas moins admiratif de son courage et de sa force de caractère. Elle était finalement l'équilibre indispensable au chaos dans lequel ils auraient sombré en son absence.
Il s'approcha et la salua d'une gracieuse révérence, effleurant délicatement ses mains des deux siennes, respectueux de ces instruments dont il avait approché la beauté:
"Ne vous en excusez pas, il me semble bien au contraire que nous ayons de toutes les façons atteint la fin de cet entretien qui fut pour moi autant une découverte qu'un enchantement. J'ignore encore combien de temps je resterai à Îleval, et moins encore au Manoir, mais sachez que je ne peux que vous remercier de ces instants que nous avons partagés, et de la lumière que vous avez apporté sur les ombres qui peuplaient mon esprit avant que vous ne jouiez pour moi. Mille mercis et surtout, n'hésitez pas, si vous deviez avoir un quelconque besoin, une quelconque demande, ma tour à Épieux vous est grande ouverte..."
Il rougit légèrement, puis sourit, avant d'ajouter, un peu plus timidement:
"Ou, plus modestement, je me ferais une joie de recevoir des lettres dont vous seriez l'auteure. Ou des partitions que vous souhaiteriez me transmettre. Et si vous deviez d'aventures venir chez moi, rappelez-moi de vous montrer notre pianoforte."
Il relâcha ses mains et la fixa une nouvelle fois, plus incertain que jamais, et pourtant ressentant une dernière nécessité de s'exprimer bien contraire à ses habitudes:
"J'ignore... J'ignore véritablement ce qu'il adviendra de ma position d'ici à quelques jours, ou même quelques heures, et plus encore ce que vous pourriez apprendre sur moi mais, je vous en conjure, gardez toujours l'amour de votre frère..."
*...comme je n'ai su le faire* Il n'avait pas osé le dire, mais l'avait pensé, et toute sa tristesse avait teinté de mélancolie son ton pourtant si doux, avant qu'il ne pose ses fins doigts tachés d'encre sur la poignée de la porte. Il devait désormais partir, n'avait plus le choix, de peur qu'elle comprenne ce qu'il voulait dire. Et d'un pas de deux, pourtant, il retira sa main et recula jusqu'au piano, s'asseyant à nouveau au tabouret. Finalement, la musique l'aiderait peut-être à faire le tri dans ses pensées confuses. Peut-être, peut-être, à défaut de tout résoudre... |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Mélodie en sourdine de deux coeurs harmonieux [Adriel] 13/11/2014, 19:57 | |
| Demeure Delenol – Soixante-septième jour d'été 1650 Comme depuis le début de cette rencontre, il se montra positivement charmant à mon endroit. Le contact de ses mains venant effleurer les mienne fut inattendu, mais je ne cherchai pas à m’y dérober. C’était sans nul doute le premier homme à pouvoir me toucher de la sorte sans que je m’en sentisse le moins du monde gênée, à l’exception bien sûr de mes frères. Je hochai légèrement la tête de gauche à droite alors qu’il me remerciait, cherchant à lui signifier qu’il n’avait aucunement à le faire, sans toutefois vouloir l’interrompre. J’étais heureuse d’avoir pu lui être de quelque réconfort, mais n’estimai pas mériter le moindre remerciement pour cela, considérant qu’il en avait fait autant, et bien plus, pour moi. Désormais, l’évocation d’une éventuelle visite à Épieux me paraissait bien moins inquiétante, et lorsqu’il mentionna de nouveau le fameux pianoforte, je répondis joyeusement, avec un sourire sincère. « Soyez sûr que je n’y manquerai pas ! »
Ses paroles suivantes, en revanche, me furent parfaitement cryptiques et mystérieuses, et je ne pus que rester plantée où j’étais à le fixer silencieusement tandis qu’il s’écartait, me demandant ce qu’il pouvait bien vouloir dire par là. Je ne voyais ni pourquoi sa position aurait risqué d’être compromise, ni ce que j’aurais éventuellement pu apprendre à son propos, et moins encore ce que l’amour de mon frère venait faire au milieu de tout cela. Je retrouvai mes esprits alors que je le vis la main sur la poignée de porte, semblant prêt à quitter la pièce, et je m’apprêtais à l’inviter à rester s’il le souhaitait, mais je n’eus pas à le faire, puisqu’il s’écarta de lui-même pour revenir au piano. Je décidai de laisser pour l’instant de côté ses propos nébuleux, gageant que s’il m’appartenait de les comprendre, cela finirait par arriver en temps et en heure. Sans doute aurais-je dû me presser de sortir pour me rendre où j’étais attendue, mais je ne voulais pas le laisser si abruptement, et il me semblait important d’au moins commencer à lui exprimer la gratitude que je ressentais pour tout ce qu’il avait fait pour moi au cours de cet entretien pourtant si bref, si bien que je repris d’une voix douce :
« C’est à moi de vous remercier pour…Je marquai une hésitation, cherchant mes mots, puis finis par renoncer et simplement énoncer, avec un semblant de rire : tout, vraiment. Vous avez su éclairer une journée qui s’annonçait pourtant bien sombre, et les mots me manquent pour vous exprimer à quel point je vous suis reconnaissante. »
Ce n’était certes pas ce pour quoi je lui étais le plus reconnaissante, mais je ne doutais pas qu’il en fût conscient, et le temps commençait à me manquer. Plus tard, espérais-je, je trouverais la façon de le remercier comme il le méritait. À l’occasion d’une lettre, peut-être, puisqu’il m’avait si galamment invitée à lui écrire, et que poser les mots sur le papier était toujours plus facile que de les exprimer à voix haute, à tout le moins pour moi. Pour l’heure, je préférai en rester là, et me décidai à me diriger vers la porte, devant laquelle je m’arrêtai, me tournant une dernière fois vers mon interlocuteur pour lui adresser une révérence moins guindée qu’à mon habitude.
« Je vous souhaite une bonne journée. N’hésitez pas à user de cette salle autant qu’il vous plaira, vous y serez toujours le bienvenu, que je m’y trouve ou non. J’apprécierais grandement d’avoir à nouveau le plaisir de m’entretenir avec vous. »
Sur ces mots, je sortis enfin, refermant doucement la porte derrière moi. La matinée avait décidément été riche en émotion, et sans doute aurais-je à y revenir plus tard, afin de réfléchir plus posément à tout ce qui avait été dit, mais je me sentais paradoxalement désormais prête à affronter la journée qui m’attendait, et un sourire flottait sur mes lèvres tandis que je me dirigeai d’un pas décidé vers le salon pour empêcher mes aînés de s’entretuer.
COMMENTAIRE(S) HORS-RP : Mille mercis à toi pour ce RP qui fut très agréable *.* J’espère qu’il t’a plu autant qu’à moi, et j’ai hâte de voir comment leur relation va évoluer ^.^ |
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