Après la fuite de Bronco du Tournoi des Escortes, Rhéïane était restée sur Épieux avec quelques prêtresses. Elle n'avait pas le cœur à reprendre le cours de son voyage. Elle perfectionna ses techniques pendant plusieurs jours sous l’œil attentif de ses collègues et sous les ragots incessants des habitants d'Épieux. Chaque fois qu'elle mettait son nez hors du temple des prêtresses, elle pouvait sentir les regards insistants des gens sur elle. Après tout, elle était l'ancienne maîtresse d'un meurtrier. Un meurtrier qu'elle avait défendu corps et âme même lorsque tout l'incriminait. Elle avait essayé de faire valoir son titre de prêtresse pour obtenir le pardon de Bronco mais rien n'avait fonctionné. À chaque chose qu'elle essayait, on la retournait. Lasse de rester toujours au même endroit, un beau matin, Rhéïane emballa ses effets personnels et quitta le temple. Elle se promena un moment en ville puis trouva un marin assez gentil pour lui offrir le voyage jusqu'à Opale. Rhéïane reprenait du service. Et elle commençait sa chasse au Bronco. La prêtresse se fit petite sur le navire qui l'amenait dans la chaleur de sa nouvelle destination. Elle ne souhaitait pas déranger les marins qui s'affairait sur le navire. Sûrement habitués à la présence de voyageurs à bord, personne ne daigna venir lui parler mais ce n'était pas grave. Après tout, le voyage était relativement court. Arrivée
à destination, Rhéïane descendit du bateau en chancelant un tout petit peu. Elle regarda autour d'elle en souriant devant la ville qu'elle avait déjà visité quelques fois par le passé. Elle se rendit directement à l'auberge la plus près, demandant une chambre à l'aubergiste. Combien de temps elle resterait? Aussi longtemps qu'il lui faudrait pour trouver une nouvelle piste vers son ami. Elle monta à sa chambre en soupirant doucement. Une fois la porte fermée et sa solitude retrouvée, elle desserra les lacets de son corset pour respirer un peu et enleva ses souliers pour soulager ses pieds. Elle détacha ses cheveux, les laissant retomber sur ses épaules. Elle s'allongeait tout juste sur le lit que la porte de sa chambre s'ouvrit en panique. Face à elle, une jeune femme qui ne semblait pas vivre aisément. Rhéïane se releva aussitôt. Voyant la jeune femme plus inquiète qu'autre chose, la prêtresse ne resta pas sur la défensive bien longtemps.

- «  À peine arrivée en ville qu'on me demande déjà! Pas moyen de se reposer… »

- « P-pardon Madame… C'est Cathy! Ma collègue! Elle est malade … Venez vite sinon la maîtresse va me jeter à la rue… »

Rhéïane regarda la femme face à elle et eut un petit sourire désolé. Elle comprenait la panique de la femme face à elle. Perdre son boulot, se retrouver sans rien dans la vie devait être horrible. Plus horrible que vendre son corps? Elle n'en était pas encore certaine. Résignée, Elle enfila ses souliers et attacha ses cheveux sans trop de manières pour suivre la fille. Elles marchèrent un moment d'un pas rapide pour enfin arriver devant le bâtiment servant de bordel. Elles entrèrent et tout de suite, l'odeur particulière d'un bordel arriva au nez de Rhéïane. Elle grimaça en suivant la fille de joie. Elles entrèrent dans une pièce où se trouvait la malade et une dame avec plus de prestance. La prêtresse jugea cette dame comme étant la maîtresse en question et l'expression énervée sur son visage confirmait sans doute  cette hypothèse. S'avançant vers elle, Rhéïane lui adressa un sourire.

- « Enchantée, je suis Rhéïane. Vous permettez? »

Sans attendre la réponse de la Maîtresse du bordel, Rhéïane se pencha au chevet de la dénommée Cathy. Elle posa sa main doucement sur le front de la jeune femme, remarquant une fièvre anormalement élevée. La prêtresse sortit un morceau de tissu de son sac pour essuyer la transpiration de Cathy mais plus elle essuyait, plus elle transpirait. Elle leva à peine les yeux sur la dame lorsqu'elle s'adressa à elle.

- « Allez me chercher un sceau d'eau. »

Son ton était froid et direct mais la vie de l'employée était en danger et il n'y avait pas une seconde à perdre. Elle doutait du fait que la femme accepterait de sa faire parler ainsi mais elle s'en souciait peu. Rhéïane commencerait par faire baisser la température de la jeune femme avant de s'attaquer à la rare infection qui l'avait affligée. Les mésorians tombaient rarement malades mais une fille de joie voyait passer beaucoup d'hommes dans une journée et il était probable que l'infection viennent d'un d'entre eux.