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| [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /! Sujet sensible /! 23/9/2014, 22:09 | |
| - Spoiler:
Ah j'avais oublié cette idée de la tempête de sable et de la grotte-aubaine ! On peut toujours y arriver si Hylde demande un Orik et que Tanaki la guide jusqu'à son campement ^^
Les bruits secs des sabots des Oriks sur la terre battue résonnait contre les murs des habitations mésorianes. Les habitants du petit bourg à la limite de la zone dite "civilisée" se retournaient sur le chemin du petit troupeau de trois animaux guidés par un petit homme au regard étrange. Tanaki en tête de cortège tenait fermement un Orik à la musculature imposante. Il s'agissait de l'une des femelles dominantes de son cheptel, qu'il lui suffisait de tenir en longe pour que les autres la suivent. Les Oriks étaient chargés de sacs de toile pleins à craquer, de jarres, de peaux et de cuirs que l'okanaki s'apprêtait à troquer contre ce que les mésorians auraient à proposer. N'ayant pas prévu d'aller jusqu'à la ville même d'Opale, il n'avait pris que de quoi montrer dans deux ou trois bourgs frontaliers afin de faire le plein de denrées pour lui et les siens, restés avec le gros du troupeau. C'est sur une placette à la fontaine tarie que Le-Lâche décida de s'installer, déroulant une toile à même le sol sur laquelle il agença diverses marchandises, toutes dérivées des animaux qui l'accompagnaient. Ceci étant fait, il fit rouler un lourd tonneau de l'un des Oriks, le plaça difficilement au semblant d'ombre que proposait un arbre maigrichon et l'ouvrit. Les animaux se dirigèrent alors tous vers l'eau qu'ils apprécièrent après leur court voyage. Déjà certains visages se montraient intéressés, mais aucun mésorian ne se décidait à aller jeter un œil à ce que proposait le petit homme. Rien de tout ceci ne paraissait magique, comme tous ces objets que l'on avait l'habitude de voir proposés par des okanakis. Au lieu de sacs sans fonds et de lames éternelles, celui-ci ne proposait que fromage, corne, os ou beurre n'ayant rien de bien attrayant. Ce fut finalement un vieil homme, habitué à la venue du Marchesable, qui vint le premier proposer trois gourdes d'eau en l'échange de trois gourdes de lait. Cette denrée précieuse en ces terres arides fut visiblement appréciée par Tanaki qui remercia l'homme et lui offrit un pot de beurre supplémentaire. Devant ce geste, peut-être, d'autres vinrent à la rencontre du jeune homme dès lors qu'ils s'étaient munis d'outils, de vivres ou d'objets à troquer. La journée pouvait commencer. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 24/9/2014, 01:00 | |
| Je ne jetai pas même un regard à Kobren jetant d'un geste rageur sa hache double sur le sol poussiéreux, depuis longtemps désintéressée par ses excès de colère puérile. Ils n'avaient comme unique but que d'épater, de mettre un poids de plus dans la balance pour bien faire comprendre aux gens ses réelles pensées, sa véritable ardeur. Sans manifestations de ce genre, il avait l'impression qu'on ne le prendrait pas au sérieux. De mon côté, cela produisait l'effet contraire, mais il s'obstinait à afficher ses débordements.
- Je DOIS venir avec toi, répéta-t-il avec force après avoir rejoint la distance qui nous séparait en quelques longues enjambés seulement
Ma monture, que je tenais par la longe, releva paresseusement la tête en voyant l'Escorte s'approcher d'un pas vif. Elle l'observa avec une indifférence peu flatteuse, accordant autant d'intérêt que moi-même à son petit numéro. Je fis avancer l'hongre sur la piste, m'éloignant de la demeure avec un Torkos enragé sur les talons.
- Tu ne peux pas, répliquais-je en regardant droit devant, bien décidée à garder mon point de vue sur cette affaire. J'ai besoin que tu restes ici, pour surveiller la boutique. Henri n'est ici que depuis peu, je ne peux pas le laisser gérer seul le commerce. Et puis, il ne connait rien aux plantes, il ne sait que lire des chiffres et des comptes. Toi, tu sais. Je t'ai appris, un peu, et ce sera suffisant pour me rassurer que le Sycomore ne sera pas en train de s'effondrer durant mon absence.
Kobren pressa le pas de façon à me devancer légèrement, tournant vers moi un visage buté et des bras gesticulants.
- Qui va te protéger !? me dit-il en désespoir de cause - Oh, j'allais seule à l'encontre de Draoxi bien avant que tu ne m'accompagnes, et j'étais une jeune fille. - Et tu as manqué de te faire tuer.
Je m'immobilisai brusquement, surprenant ma monture. Mon Escorte, bouillonnante, me fixait avec défi. Calmement, je replaçai une mèche échappée derrière mon oreille. Kobren était en mal de bouger, je le savais très bien, et il menaçait d'imploser s'il restait plus longtemps en ville à frapper contre un pantin de paille comme seul défouloir. Mais je ne pouvais pas me permettre de laisser le Sycomore sans gardien. Abdiquant à une trêve provisoire, je lui fis signe de me suivre et il le fit dans le plus grand des silences, redoutant de briser cette chance ténue qu'il avait de me convaincre.
J'étais prête à empoigner le désert pour une énième expédition. J'avais chargé, sur la croupe de ma monture, de quoi tenir plusieurs semaines, ainsi que tout le matériel qu'il me fallait écouler au troc. Mon Gris Couronné m'accompagnerait, comme toujours, mais il se prélassait pour l'instant à l'ombre, dissimulé sous les feuilles d'une branche d'un arbre quelconque, épiant comme il aimait le faire les alentours de ses perchoirs improvisés. Il profitait d'Opale et de ses nombreuses crèches. Une fois engagé dans l'étendu désertique de la toundra, il n'avait d'options que le vol plané et le support de mon épaule.
Le marché était large et effervescent. Nous approchions des abords de la ville et Kobren se faisait petit, silencieux, calme. Croyait-il encore à cette ruse d'enfant, celle qui consiste à se faire oublier d'une façon laborieuse comme la sienne ? Ma monture releva l'encolure en flairant des camarades, mais pas ceux de sa race. Un Orik se dressait droit devant, rectiligne et nerveux comme un ressort de fer sur ses longues échasses. Il huma l'air en direction de l'hongre, intéressé, ce à quoi répondit mon cheval par le même procédé bête et familier. Je bifurquai vers l'animal, n'ayant pas envie, d'une part, de me battre contre la curiosité de ma monture et, de l'autre, parce que j'avais besoin de nourriture fraîche avant de partir. Des fruits ou un fromage étaient des denrées prisées lors d'un si long voyage, on n'avait pas la chance d'en consommer tous les jours. Les repas se constituait normalement, après un temps, de pain sec et de viande séchée.
- Bonjour...
J'étais légèrement distraite, mes yeux hésitaient entre se poser sur l'étalage des articles sur la couverture et sur le vendeur lui-même. L'hongre fit un pas de trop vers l'Orik, menaçant de renverser les objets aux pieds de l'Okanaki, et Kobren claqua sa langue contre son palais pour l'arrêter.
- Laisse, je le prend.
Mon Escorte attrapa la longe et tira la monture un peu plus loin, jouant de force pour lui tourner la tête dans la bonne direction. Je me retournai vers le vendeur et m'accroupis pour mieux voir ce qu'il offrait.
- Pardon, les animaux, ils...-j'oubliai ce que je voulais dire- vos Oriks sont magnifiques, j'en vois rarement en ville.
Je le regardai, puis fut tout de suite attiré par l'aspect étrange de son oeil gauche, mais cette apparence ne m'était pas inconnue. J'avais déjà vu un cas semblable... néanmoins, je n'empêchai pas de le dévisager, peut-être avec un peu trop d'indiscrétion. C'était la couleur ocre enchâssant la pupille dilatée qui captait mon intérêt comme la flamme d'une chandelle le fait pour une manne. L'idée de la reproduire effleura mon esprit, et je sentis le bout de mes doigts picoter d'impatience. Je ne pourrais coucher sur toile aucun croquis avant plusieurs semaines... |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 24/9/2014, 13:11 | |
| Les mésorians s'étant approchés de ce que Tanaki avait à proposer n'étaient pas les plus riches ni les plus fiers, et n'avaient pas la prétention de commercer avec un okanaki qu'en l'échange d'objets enchantés. Celui-ci n'avait rien de tel à offrir, son exil et son choix de vie l'ayant à jamais éloigné de ces précieux Chemenns. Ainsi ne voyait-il en ce jour que les plus humbles habitants et voyageurs qui ne lui proposaient que le strict nécessaire pour survivre en terres sauvages. Eau, pain, viande, vin, derrière le Lâche s'entassaient les biens qu'il avait récupérés. Bientôt il en aurait suffisamment et pourrait rejoindre les siens.
Le soleil avait atteint le milieu de sa course lorsque les bruits sourds du piaffement d'un cheval le firent lever les yeux des quelques bols en céramique que venait de lui échanger une femme contre un crâne d'orik. Le sourire aux lèvres, il riait intérieurement en sachant qu'elle l'utiliserait pour ses vertus aphrodisiaques et que, lui, boirait au même instant dans un bol ayant contribué à épuiser son amant.
Devant lui, il découvrit un trio paraissant bien aisé par rapport à ces hommes et femmes qu'il avait rencontrés depuis le début de la journée. Une mésoriane, accompagnée d'un fringuant torkos et d'un puissant destrier s'amusa-t-il a penser. D'un signe de tête, il salua l'escorte qu'il sentit étrangement tendu avant qu'il n'éloigne leur animal. Derrière lui, un jeune orik tout juste pubère souffla en voyant s'éloigner un compagnon de jeu potentiel. C'est à cet instant que la femme porta son attention sur l'okanaki plutôt que sur ses denrées.
- Merci pour eux. S'amusa Tanaki. Posant les bols dans un grand panier destiné à être accroché au harnachement de ses oriks, il se leva et haussa le regard vers son interlocutrice. La plupart d'entre eux sont trop craintifs pour que nous les amenions avec nous. Lui répondit-il dans un haussement d'épaules avant de reprendre dans un sourire : Ceux-ci sont, disons, "sortables". Il flatta l'encolure du jeune orik qui dressait l'oreille, cherchant ce cheval qu'on lui avait enlevé, puis revint rapidement aux affaires. Les gains de la matinée lui paraissaient suffisants pour un moment, le départ s'annonçait. Vous cherchiez quelque-chose en particulier, ma dame ? Lui demanda-t-il, sans pour autant se montrer désagréable. Une petite hâte se faisait néanmoins sentir dans le débit de ses paroles. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 24/9/2014, 18:37 | |
| Je n'avais aucun mal à imaginer les Oriks comme des bêtes effarouchées ainsi que peu sujettes à toute forme de domestication trop poussée, aussi ne m'étonnais-je pas que la quasi-totalité du troupeau soit resté hors frontières. Les trois spécimens présents étaient certes tenables, mais plus nerveux qu'un simple canasson qui se serait habitué à la bruyante agitation du marché d'Opale. L'Okanaki semblait sur le pied de son départ, le soleil à son zénith entamait le dernière moitié de sa course brûlante et incitait déjà plusieurs citadins à regagner la tiédeur acceptable de leur logis. Les heures de chaleur torride s'étiraient de midi à plus tard et c'était un temps sur l'île où il valait mieux ne pas se frotter de trop près à des activités excédantes. Mais je préférais partir également à cette heure. Et chevaucher dans l'air refroidissant de l'après-midi, puis du soir, et continuer encore sous le secret d'une lune bien ronde et d'une nuit fraîche.
- Vous cherchiez quelque-chose en particulier, ma dame ?
Ma dame. Cette appellation se teintait d'étrange lorsque prononcée par un Okanaki. Ceux que je rencontrais à l'extérieure de la cité n'avait pas l'habitude de s'encombrer de manières futiles qui font l'apanage des nobles Mésorians. Mais celui-ci était dans l'enceinte d'Opale, se sentait-il donc peut-être obligé d'employer ce terme. Je lui offris une lippe amusée, car si je ne me vexais pas qu'on me donne ce drôle de titre, je n'en voyais tout du moins pas l'intérêt. Je me redressai en jetant un regard à gauche et repérai Kobren qui s'impatientait déjà contre l'isabelle, tirant sèchement sur la longe chaque fois que l'hongre osait se donner un peu trop de latitude. Lui aussi semblait flairer le départ imminent.
- C'est le désert qui m'attend pour les prochaines semaines, et j'aurais aimé pouvoir apprécier encore un peu de bonne nourriture durant les premiers jours du voyage. Je n'ai jamais goûté du fromage d'Orik... fis-je en pointant la meule soigneusement emballé dans le lin, c'est bon ?
Mon goûteur personnel décida de faire son apparition à ce moment. Le Gris voltigea quelques secondes au-dessus de notre duo, l'oeil intéressé, et vint brusquement se poser sur mon épaule. Je le chassai avec un cri étonné, juste avant qu'il ne me plante ses serres dans la peau. En effet, celui-ci n'était autorisé à se poser que lorsque j'avais ma manche de cuir, autrement ses appendices de rapace auraient tôt fait de me lacérer les chaires. Le perroquet bondit en piaillant, roula sur la couverture en vociférant des ''quoi, quoi'' qu'il avait l'habitude d'entendre de la part d'un peu tout le monde et il se redressa sur ses deux petites pattes et s'ébrouant, envoyant au visage du pauvre vendeur une nuée de plumettes grises. C'était le temps de la mue.
- Par Hygérie !
J'attrapai rapidement le volatile en enserrant son corps massif et ses ailes repliées dans mes deux mains, et le serrai contre ma poitrine pour qu'il cesse de renverser le peu de choses encore exposées sur l'étalage improvisée du nomade. Le gris couronné poussa un cri perçant de complaisance, gonfla son plumage et se détendit, béat d'être ainsi lové dans les bras de sa maîtresse. De mon côté, j'avais une furieuse envie de tordre son cou de volaille et d'en faire mon dîner.
- Pardon, je suis vraiment désolé, tentais-je de m'excuser en balbutiant une série de mots incompréhensibles - Draoxi ! poussa l'oiseau en observant le vendeur, le cou dressé - Tais-toi. - Draoxi !
Oh sale tête de piaf qui n'avait qu'un mot en bouche en voyant un Okanaki. Quelques regards curieux s'étaient déjà tourné vers le grabuge passager, en mal de savoir qui hurlait ainsi le nom d'un clan qui n'avait pas sa réputation à faire sur toute la grande île méridionale.
- Pardon, répétais-je une énième fois en replaçant un bol renversé, mais heureusement vide, au pied de l'homme. Il ne fait aucune différence entre les clans, c'est que je troc souvent avec... enfin. Le fromage, c'est combien ?
Je ne savais rien de ce vendeur nomade, hormis peut-être qu'il élevait des oriks par simple esprit de déduction logique. Les Okanakis avaient souvent entre eux et entres clans des guerres froides et des querelles politiques, si l'on veut, qui m'échappaient encore même après des années de commerce. Je préférais ne pas m'avancer sur mes relations temps que je ne savais pas à qui j'avais à faire. Les mœurs étaient radicalement différentes une fois les portes d'Opales franchit. Dans mes bras, le corps lourd et chaud du gris couronné s'était ramolli, mais l'oiseau gardait dardé son regard inquisiteur sur mon vis-à-vis. On aurait presque dit qu'il tentait de lui communiquer un message par la pensée. Un orik avait légèrement avancé la tête vers le perroquet, la circonspection laissant lentement place à la curiosité maladive dont souffrait l'ensemble du règne animal. Je surveillai d'un oeil le bec du Gris, prête à lui tenir s'il osait happer les naseaux de l'indiscret. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 26/9/2014, 21:09 | |
| Tanaki répondit au sourire de la mésorianne et porta le regard dans la même direction qu'elle. Son torkos en train d'en découdre avec le canasson lui tira un rire amusé qu'il ne tenta pas même de dissimuler, peu regardant sur les bonnes manières en vogue en ces terres. Ce fut finalement la jeune femme qui le tira de ses réflexions en revenant à leur discussion.
- Bien sûr ! lâcha-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence. Après tout, pourquoi les vendait-il ? En revanche, sous cette chaleur vous feriez mieux de le planquer dans un bon sac de paille humide. Il désigna du menton l'un de ces volumineux sacs de toile gonflés de paille qui pendaient sur les harnachements des oriks. Encombrant, certes, mais suffisant pour garder fromages et viandes au frais pendant trois jours, encore fallait-il avoir un animal porteur.
Le Lâche s'était retourné, afin de découper une part du fromage qu'il avait déjà lui-même entamé pour subsister durant la matinée, avant qu'un amas de plumes ne vienne balayer les derniers biens exposés. Fort heureusement, tout ce qui était déjà protégé des mouches l'était aussi des plumes de ce volatile, et ce fut finalement Tanaki qui subit ce tourbillon de plume qui souleva par la même occasion un aveuglant nuage de poussière. Il aurait bien lancé une taquinerie innocente en proposant à son interlocutrice de le faire rôtir, mais déjà l'animal prononçait un nom qui effaça tout amusement sur le visage de l'okanaki.
Draoxi, il le connaissait, et pas seulement de réputation. Plusieurs années auparavant, alors qu'ils n'étaient que très peu de son groupe de bannis à errer sur Opale sans un seul orik, Tanaki avait demandé asile et soutient au clan de ce Chef qui accepta tout d'abord. Mais l’Œil Écarlate eut la malchance de voir le bandage qu'il portait sur son bras se défaire, et ainsi laisser apparaître cette appellation qu'il avait héritée de son frère. Le Lâche n'en était pas un, mais cela avait suffi à Draoxi pour retourner sa veste et chasser sans scrupule ceux qu'il avait d'abord accueilli à bras ouverts.
Les sourcils du Lâche s'étaient froncés, lui donnant un air grave.
- Quelle que soit votre relation avec cet homme, je vous conseille vivement d'y mettre un terme au plus vite. Quittant le regard de la mésorianne, il entreprit de remballer ses affaires, empaquetant chaque vivre et chaque objet dans les conteneurs appropriés. Apprenez à votre piaf à faire la différence entre lui et nous, continua-t-il, lui est un monstre, nous ne le sommes pas. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 1/10/2014, 14:06 | |
| Le visage soudain rembrunit de l'okanaki ne me dit rien qui vaille. Ce n'était pas la première fois que le nom de Draoxi provoquait des réactions semblables et c'était principalement pour cette raison que j'évitais de l'évoquer. Enfin, quand j'y pensais. Les mésorians d'Opale étaient plus détachés à ce sujet mais le seul fait que je commerce avec un clan, qu'importe le quel, suffisait à m'attirer quelques représailles hautaines de citoyens ayant encore à l'esprit les termes de ''sauvages'' et de ''barbares''. Ces appellations stigmatisaient profondément le peuple okanaki et je comprenais, d'une part, que certains de ses représentants voyaient d'un mauvais œil ce grand chef de guerre, Draoxi, qui ternissait leur nom commun aux yeux de ceux se proclamant civilisés et savants.
- Quelle que soit votre relation avec cet homme, je vous conseille vivement d'y mettre un terme au plus vite. Apprenez à votre piaf à faire la différence entre lui et nous. Lui est un monstre, nous ne le sommes pas.
Le regard furieux, plus que ces paroles, me fit comme un poing dans le ventre. Il y avait dans la cœur de cette homme une hargne saisissante, et celle-ci contrastait fortement avec le sourire chaleureux qu'il affichait un peu plus tôt. Je n'en fus pas choqué, mais intriguée. Néanmoins, me faire parler sur ce ton tira la ficelle de mon orgueil féminine, et je sentis la chaleur me monter aux joues. Je me redressai complètement, éprouvant une satisfaction maligne à dépasser le jeune homme d'au moins deux têtes, comme si cela aurait une quelconque incidence sur la force de mes propos.
- Je vois que vous avez un jugement sans appel...
Je libérai sans plus de façons de le Gris qui s'en alla voltiger jusque sur la croupe de mon hongre, puis je m'approchai du marchand, agrippai la bride de l'orik qu'il était en train de charger, et parlai suffisamment fort pour qu'il m'entende clairement, mais suffisamment bas pour qu'aucune oreille indiscrète ne soit tenté de nous écouter.
- Votre impartialité me plaît, du simple fait que j'ai à mon actif une rencontre désagréable avec Draoxi.
J'insistai sur le mot désagréable, le visage aussi sévère que celui de mon vis-à-vis. Une douleur fantôme vint scinder la peau de mon bras d'une lame invisible, j'aurais juré sentir, l'espace d'une seconde, l'acier crisser dans l'amalgame de veines et de chaire de mon biceps. Souvenir marquant d'un homme dont je ne désirais plus jamais croiser la route. L'orik tenta de redresser la tête, agacé d'être ainsi retenu, mais je ne le lâchai pas pour autant. Je n'avais pas finit.
- Mes relations ne vous regarde pas, mais comme je n'aime pas qu'on médise à mon sujet, je préfère mettre les choses au clair. Je n'ai aucun contact avec ce chef, et je ne souhaite pas en avoir. Je commerce avec une minorité de son clan, et je peux vous assurez que la méchanceté de cet homme ne se cache pas dans l'âme de tous ses sujets.
Je délaissai la bride de l'animal et caressai son encolure, me radoucissant. Paraître acerbe au vendeur était la dernière chose voulue mais j'espérais que mon message fut clair. J'entretenais de bonnes relations avec les okanakis de plusieurs clans différents et c'était en partie à cause de cette franchise et de ce grand front. Il m'avait fallu des années afin d'atteindre ce résultat, et je ne laisserais pas un malentendu me glisser entre les doigts. Afin de prouver ma bonne volonté, je décochai un sourire engageant à mon interlocuteur, mince mais sincère. Du coin de l'oeil, je vis Kobren filer en douce avec mon cheval et ma volaille, se dirigeant vers la frontière de la ville. Il avait en tête de m'accompagner, et j'eu le pressentiment qu'aucune menace ou argument ne pourrait le faire changer d'avis. Si je le renvoyais par je ne sais quel miracle au Sycomore, il trouverait bien le moyen de me prendre en filature. Espèce d'enfant gâté pourri de...
Une bise soudaine agita ma tignasse et mes cheveux vinrent fouetter doucement mon visage. Je clignai des yeux, revenant au moment présent. Mon escorte avait disparu dans la foule. Je me retournai vers l'okanaki, espérant qu'il n'aille pas remarqué ce moment d'absence. Avait-il dit quelque chose ? Non, sa voix était suave, elle m'aurait aussitôt tiré des mes pensées si elle était parvenue à mes oreilles. Je me reculai d'un pas, m'empêchant de jeter un regard rieur à l'orik qui allongeait le cou pour renifler mes mains, quémandant certainement d'autres caresses. Le marchand avait dit vrai : ceux-ci étaient sortables, même sociables. J'avais vu des chevaux moins affables. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 2/10/2014, 13:15 | |
| Les gestes de Tanaki étaient rapides, parfois maladroits, tandis qu'il continuait d'empaqueter ses affaires. Si cette femme avait quoi que ce soit à voir avec ce Draoxi, il n'allait pas perdre de temps à négocier avec elle. Il ne prêta donc aucune attention à ses paroles jusqu'à ce qu'elle finisse par sous entendre qu'elle ne portait pas non plus cet homme dans son cœur. Tanaki ralentit alors doucement la cadence, jusqu'à interrompre son paquetage pour tourner de nouveau la tête vers la mésoriane, l'air clairement intrigué. Sans un mot, il observa la jeune femme, attendant qu'elle développe ses propos. Sa relation avec le chef de clan ne fut pas réellement expliquée, mais ses derniers mots lui firent un instant baisser les yeux. Elle avait raison, tous ceux de son clan n'étaient pas aussi sanguinaires que leur meneur, cela aussi il le savait. Durant quelques secondes, le visage d'une jeune okanakie, bravant les principes de son tyran de père, lui revint à l'esprit. Lëxi, il se demandait ce qu'elle avait pu devenir après les avoir suivis, lui et les siens, plusieurs jours dans le désert en leur ayant apporté nourriture et eau. Il lui avait promis sa reconnaissance éternelle, mais n'avait encore jamais eu l'occasion de la lui démontrer. Peut-être se présentait-elle en cet instant ? - Elle est suffisamment évidente chez ceux qui suivent ses principes. Ajouta-t-il tout de même, peu conciliant envers les okanakis suivant les ordres de tyrans comme ce Draoxi ou son propre frère, Janaki. Il leva de nouveau les yeux vers la grande femme et plongea son regard dans le sien. Mais certains n'ont pas le cœur aussi pourri que le sien, en effet. Il jeta un bref coup d'oeil aux sacs chargés sur le dos de l'animal qui s'intéressait aux attentions de la mésoriane. L'une d'eux vaut sans doute le détour. Un court silence s'installa avant qu'il ne revienne se planter dans les yeux de son interlocutrice. Puis-je vous demander une faveur ? Je voudrais faire parvenir un bien précieux à une jeune femme de ce clan. Son regard, toujours froid, laissait entendre qu'il n'avait aucune intention d'avoir de nouveau affaire au Sanguinaire. - Spoiler:
Pardon c'est court et pas génial ><
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 5/10/2014, 04:51 | |
| Je fus soulagé d'avoir étouffé la braise qui menaçait d'enflammer l'okanaki et qu'il ne soit pas de ce genre d'homme borné et complètement fermé au dialogue. J'observai avec amusement que, sur ce point, il était déjà plus civilisé que la plupart des citoyens de cette ville. Mes précisions eurent l'effet escompté et le marchand sembla réfléchir et même être pensif avant de me répondre que la cruauté de Draoxi était suffisamment évidente chez ceux qui suivaient ses principes. Je ne pu que lui concéder cette remarque d'un discret sourire.
- Mais certains n'ont pas le cœur aussi pourri que le sien, en effet, rajouta-t-il après un bref instant. L'une d'eux vaut sans doute le détour.
Mon sourire s'eût élargit d'avantage si je n'avais pas crispé les muscles de ma mâchoire. Ne connaissions pas tous des gens d'exceptions, les inoubliables qui remontent le courant envers et contre tous et qui laisse cette petite marque indélébile dans un souvenir ou un sentiment nouveau dans le cœur ? Il était peut-être indiscret de se demander si le jeune homme avait été touché par l'affection de cette singulière dont-il venait de faire allusion, mais son silence qui s'étirait m'en donna l'impression. Il planta son regard dans le mien et j'en fus légèrement dérangée, sûrement à cause de cet iris inondée d'une tâche d'encre. Elle donnait à toutes ses expressions un petit je-ne-sais-quoi de curieux et de différent, mais qui, au final, était loin d'être désagréable.
- Puis-je vous demander une faveur ? Je voudrais faire parvenir un bien précieux à une jeune femme de ce clan.
La demande était si franche, candide et soudaine qu'il m'aurait été difficile de refuser. J'observai le marchand avec sympathie, prenant le temps de réfléchir faussement pour la forme avant de lui répondre.
- Je n'y vois aucun problème, je pars à l'instant même pour le désert.
J'entamai le pas, consciente que l'okanaki avait finit de remballer tout son matériel et que les oriks s'impatientaient d'être ainsi immobiles parmi autant d'effervescence. Les animaux suivaient avec une docilité étonnante. Du haut de mon deux mètre dix, je balayai les dessus de têtes afin de repérer mon escorte et ma monture, mais ceux-ci devaient probablement déjà être aux portes de la ville, prêts au départ. Je me tournai vers le jeune homme.
- Par contre, je ne suis pas autorisé à pénétrer les terres du clan, seulement ses frontières. Il est donc peu probable que je puisse remettre votre présent à cette jeune femme en main propre, à moins qu'elle ne soit chasseuse ou qu'elle fasse partie de mes habitués avec qui j'ai l'habitude de troquer. Autrement, je devrai le remettre à un intermédiaire.
J'observai ses réactions du coin de l’œil, me doutant qu'un bien précieux était forcément quelque chose de valeur, monétaire ou sentimental. Dans ce dernier cas, c'était aussi bien souvent quelque chose de très personnel et il aurait été tout à fait compréhensible que le marchand ne veuille pas que ce présent se ballade de mains en mains avant d'atteindre sa destinataire. Je ne pouvais malheureusement pas faire mieux. Pour les mêmes raisons que ce jeune homme, il était hors de question que je mette ne serait-ce que le bout du pied dans le territoire de Draoxi. Je tenais encore trop à ma chère tête. Nous arrivions rapidement, porté par le courant de la foule, aux limites d'Opale.
- On ne s'est même pas présenté, réalisais-je soudain en me tournant de nouveau vers l'okanaki. Je m'appelle Hylde.
Je le saluai d'un petit signe de tête comme si nous nous rencontrions pour la première fois. Loin devant, je pouvais apercevoir Kobren qui longeait non seulement mon cheval mais sa propre monture, une belle et fringante pouliche alezan au grand yeux noirs et doux comme le miel. Ce petit malin, il avait prévu de m'accompagner depuis le début, bien avant même que je ne lui en parle. Je ruminai une réplique cinglante à lui balancer sous le nez pour qu'il se désiste une fois pour toute, mais ne trouvai rien de convaincant. C'était comme de bouger un roc à main nue; tout simplement impossible. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 14/10/2014, 23:19 | |
| Tanaki avait accompagné la jeune femme, ou peut-être avait-ce été l'inverse, à travers le bourg en direction de l'allée principale qui les mènerait aux portes de la ville. Le tableau incongru faisait se retourner quelques curieux, et pour cause : on voyait rarement une femme telle que celle-ci marcher aux côtés d'un homme dont le visage arrivait tout juste au niveau de sa poitrine. Et quand, derrière ce duo insolite, suivait un petit troupeau d'oriks au regard étonné sur chaque chose observé, cela ne leur laissait pas le loisir d'arriver à destination dans la discrétion la plus totale.
- Croyez-moi, cela vaut mieux pour vous. ajouta-t-il aux propos de la mésoriane avant de hocher la tête. De ce dont je me souviens, elle fait partie des chasseurs du clan. Il s'agit de la fille de Draoxi, Lëxi.
Le contraste entre les tons qu'il avait employés pour prononcer chacun des deux prénoms avait été flagrant. Tandis que la bonne Lëxi avait eu droit à une voix posée empreinte d'un profond respect, Draoxi avait été craché avec une rancune que les années n'avaient pas effacée. Il leva les yeux vers son interlocutrice, les sourcils légèrement froncés par la préoccupation qui l'habitait.
- Je prie la Louve pour que vous puissiez remettre mon présent en mains propres. Dans le cas contraire, ne cherchez pas à le confier à d'autres. Ils ne sont pas dignes de confiance.
Car le présent qu'il comptait léguer à la jeune femme était ce qu'il pouvait offrir de plus précieux, mais ne pouvait que faire savoir de qui il proviendrait. Les portes de la ville se dessinèrent bientôt devant eux, et la grande dame se présenta de la manière la plus convenable qu'il soit. Répondant à son hochement de tête par un sourire, il en fit de même :
- Enchanté, donc ! Hylde, Hylde... Très joli nom, peu commun sur ces terres. Et parfaitement assorti avec vos jolis traits !
Ses paroles se voulaient amusées, familières et empreintes d'une franchise un peu brusque que l'on pouvait aisément reprocher à l'okanaki. Mais si ce dernier pouvait parfois voir ses mots dépasser sa pensée, il n'en restait pas moins prudent face aux limites qui s'imposaient entre les représentants de chacun des peuples et, malgré un réel goût pour ces femmes élancées bien plus hautes que lui, il tentait de cacher cet attrait sous de la mesquinerie maladroite
- Tanaki. Continua-t-il enfin. Pour toute personne coutumière des noms okanakis, l'absence d'un surnom ne serait pas passée inaperçue, ce qui rendait toujours les présentations désagréables au jeune homme qui s'agaçait très vite des regards interrogateurs qui en suivaient. Et quand bien même son surnom d'Œil Écarlate était bien ancré chez ses connaissances Opaliennes, Le-Lâche demeurait celui que lui avaient attribué les membres d'un clan qui avait un jour été sien et avait, aux yeux de son peuple, plus de valeur que celui que lui avait attribué un vulgaire groupe de bannis.
Il avait entraperçu au loin le molosse à tête humaine qui attendait celle qui l'accompagnait. Prêt à partir, il était annonciateur d'un congé bien vite pris par la jeune femme, mais n'arrangeait pas ses affaires.
- Concernant ce bien que je voudrais vous confier... Il leva de nouveau les yeux vers la mésoriane... Il nécessiterait que vous m'accompagniez jusqu'à mon campement, à quelques lieues en terres sauvages. ...pour les rabattre sur l'escorte impatiente. À moins que vous... Qu'il ne préfère que vous m'attendiez ici. Ce n'est l'affaire que de quelques heures. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 15/10/2014, 23:22 | |
| J'avais souvent servi de commissionnaire entre le Sycomore et la population éparses des chasseurs et des traqueurs de clans, mais jamais entre un marchand, éleveur d'oriks, et une personnalité aussi... décisive au sein de l'entourage de Draoxi. Sa fille... Je continuai à regarder droit devant, mijotant silencieusement l'information. Une chasseuse, certes, mais pas comme les autres. J'avais déjà entendu ce nom, Lëxi, de la part de ses frères et ses soeurs, mais c'était un nom qui passait comme une petite vaguelette et qui disparaissait aussitôt dans le tumultes de vagues de la conversation. On ne m'en avait jamais parlé d'avantage, et je n'avais jamais insisté. Ce qui touchait le chef du clan de trop près ne m'intéressait pas, et pour cause ; je tenais encore à ma tête. Si vouloir m'informer de sa famille immédiate avait une chance de paraître comme étant déplacé, je préférais de loin m'abstenir toute indiscrétion. Mais lui porter un présent nécessitait ce petit larcin...
- Je prie la Louve pour que vous puissiez remettre mon présent en mains propres. Dans le cas contraire, ne cherchez pas à le confier à d'autres. Ils ne sont pas dignes de confiance.
Un fin sourire me chatouilla la commissure des lèvres. Sa hargne était sévère envers tout le clan, mais cette Lëxi faisait visiblement exception. Pourquoi ? Je n'osai pas lui demander, pas pour le moment en tout cas. J'appréciais plutôt le fait qu'il me fasse confiance, à moi, une femme qu'il connaissait à peine. J'osai croire que j'avais la gueule de l'emploi. Au portes de la ville, je me présentai. Il fallait bien commencer par là. Pouvait-on dire que l'on connait officiellement quelqu'un en ayant vu son visage et en connaissant son nom ?
- Enchanté, donc ! Hylde, Hylde... Très joli nom, peu commun sur ces terres. Et parfaitement assorti avec vos jolis traits !
D'abord surprise, mon sourire s'élargit et je ne pu m'empêcher de rire, flattée par le compliment. Je m'entendit ricaner, me trouvai ridicule, et me cessai rapidement en relevant la tête. Mon escorte me regardait aux limites d'Opale, les sourcils braqués, l'air de vouloir me demander par la pensée ce qui pouvait bien me faire glousser de la sorte. Je regardai ailleurs, revenant de ce fait sur le marchand. Tanaki, qu'il me dit. Je continuai de le fixer, m'attendant à un surnom suivant son prénom, mais rien ne vint. Je rougis, légèrement embarrassé de l'avoir regardé de façon insistante avant de comprendre qu'il l'avait omis volontairement. Je lui trouvai encore plus de mystères.
- Concernant ce bien que je voudrais vous confier... Il nécessiterait que vous m'accompagniez jusqu'à mon campement, à quelques lieues en terres sauvages. À moins que vous... Qu'il ne préfère que vous m'attendiez ici. Ce n'est l'affaire que de quelques heures.
Ses yeux s'étaient rabattus sur Kobren qui ne pouvait encore clairement entendre notre conversation d'où il était. Je lançai un sourire narquois à l'éleveur.
- Ce n'est pas demain la veille qu'un homme me dira quoi faire. Je vais vous accompagner, ce sera déjà un bout de chemin de fait. Attendez, juste un instant.
Je m'éloignai du petit groupe d'oriks pour aller à l'encontre du torkos. Ce dernier dévisagea Tanaki d'un oeil suscpicieux, son visage dur lui donnant un air hostile et mauvais. Comme j'arrivais à sa hauteur, il posa son regard d'entêté sur moi, attendant un verdict qui ne se fit pas attendre.
- Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi borné, buté, têtu et obstiné que toi... grognais-je en attrapant les rênes de ma monture, m'efforçant de lui paraître un minimum mécontente bien que je n'étais plus réellement fâchée. C'est bon, tu viens avec moi, mais on accompagne cet homme-là.
Je désignai Tanaki du pouce, fermée à toute négociations, mais cela n'empêcha pas Kobren de rouspéter. S'en suivit ce genre de petites joutes auxquelles j'étais habituée.
- L'accompagner où ? - À son campement. - Pourquoi on... - Ça ne te regarde pas. - On dirait un tueur - Oh, il t'intimide ? - Je ne lui fais pas confiance. - Tu ne fais confiance à personne. - Je lui trancherai la gorge s'il te touche, gronda-t-il en m’emboîtant le pas - Je n'ai pas besoin d'être chaperonné, répliquais-je sur un ton amusé
Mon escorte rougit violemment, prenant une couleur d'aubergine bien mûre. Par toucher, il parlait de blesser, de menacer, je l'avais bien compris, mais le déstabiliser était un petit plaisir dont je ne me lassait pas. Il se racla la gorge, réévaluant l'okanaki, puis mon visage rieur, mais n'ajouta rien de plus. Qu'il se fasse de fausses idées, des idées de la sorte sur nos intentions respectives, m'amusait plus qu'il ne l'aurait fallu. Les quelques oriks reniflèrent la jument de Kobren, intéressées par la nouvelle venue, et je fis rapidement les présentations.
- Tanaki, voici Kobren, mon escorte. Kobren... Tanaki. Voilà, je crois que nous sommes fin prêts, déclarai-je en me tournant vers le marchand. Je vous laisse montrer le chemin.
Notre groupe était surprenant et insolite. Hors des frontières, cela ne me dérangeait pas outre mesure. Et même ici, j'avais une réputation assez particulière et ce n'est pas le fait d'être accompagné d'un Torkos un peu trop familier, d'un perroquet bavard, d'un okanaki à l'aspect étrange et d'une brigade d'oriks fringants qui changerait cet état de choses. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 16/10/2014, 16:40 | |
| Tanaki émit un discret ricanement lorsque la jeune femme lui assura que le torkos n'était pas prêt de dicter sa conduite. Cette assurance, tout à fait logique de la part d'une représentante du peuple ayant asservi celui aux yeux noirs, dénotait cependant de l'image de femme douce et fragile que chérissaient tant les mésorians. Et pour tout dire, cela plut à l'okanaki qui ne réprima pas un sourire en la voyant s'éloigner.
Le pasteur flatta l'encolure du seul orik qu'il tenait en bride. L'animal, docile, affichait un regard placide et renâcla bruyamment lorsque son maître réajusta quelques sacs lourds d'objets et denrées. Le trajet ne s'annonçait pas long et n'était pas censé mettre à l'épreuve l'endurance des animaux, aussi l'okanaki n'avait aucun regret devant la charge importante chargée sur ses bêtes qui les supporteraient très bien quelques heures. Ce faisant, il observait tant bien que mal l'échange de sa nouvelle connaissance et de l'escorte à travers les passages de mésorians et torkos ne lui laissant pas le loisir de voir au dessus de leurs têtes. Le second ne semblait pas emballé devant ce que lui disait sa maîtresse et lançait de furtifs regards investigateurs vers l'okanaki qui s'en amusait en lui adressant son plus beau sourire.
Ils le rejoignirent bien vite et les présentations furent faites en toute simplicité avant que le départ ne soit annoncé.
- Vous êtes une dame bien gardée ! il adressa un sourire narquois au torkos avant d'ajouter : Et vous m'avez l'air d'un homme bien trop sur la défensive. Ouvrant l'une des sacoches qui balançaient sur le flanc de son orik, il en sortit une petite jarre opaque fermée par un bouchon en bois et le lança à Kobren sans prévenir. Un peu de lait d'orik, ça devrait pas vous faire de mal.
Sans attendre de réponse il prit la route vers le campement, les invitant à le suivre à un rythme de marche okanakie qui pouvait bien vite être contraignant dès lors qu'il fallait réduire sa cadence pour marcher à ses côtés. Tanaki avait rabattu son écharpe fine sur sa tête, la nouant à l'arrière du crâne pour se protéger des rayons d'un Soleil déjà bien chaud. Il ne leur faudrait pas traîner s'il ne voulait pas perdre la moitié des denrées alimentaires qu'il convoyait sous cette chaleur accablante. Le vent lui-même était lourd, soulevant d'aveuglants nuages de poussière et faisant flotter les tissus amples que portait le banni dans un claquement sec. C'était une musique qu'il connaissait par cœur et dont il ne se lassait pas, depuis toutes ces années passées à sillonner les terres sauvages de la belle Opale.
Le Marchesable se retourna une dernière fois vers le bourg, soulagé d'en quitter enfin l'effervescence qu'il préférait laisser aux populations civilisées, et reprit la route en compagnie de la charmante mésoriane et de son chien de garde un peu trop à fleur de peau à son humble avis. S'approchant de la jeune femme, il l'interrogea.
- Il est toujours aussi boudin ou est-ce qu'il a mangé un truc qui passe pas ? |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 17/10/2014, 04:09 | |
| J'avais assez d'un torkos de mauvaise foi dans mon dos, il fallait qu'en plus l'okanaki en rajoute en l'observant d'un petit air narquois dont il avait visiblement le secret. Son sourire goguenard m'amusait, et j'en étais coupable, surtout en sachant à qui il était adressé.
- Vous êtes une dame bien gardée !
J'esquissai un petit geste de la tête, me parant d'un mince sourire, mais refusai d'entrer dans son jeu pour le moment bien que ce ne fût pas l'envie qui m'en manque. Ç'aurait été de partir cette expédition sur un mauvais pied que de bassiner un peu trop mon escorte déjà fébrile.
- Et vous m'avez l'air d'un homme bien trop sur la défensive, ajouta Tanaki en se tournant vers le grand brun avant de lui balancer une petite jarre. Un peu de lait d'orik, ça devrait pas vous faire de mal.
Kobren attrapa le récipient au vol, vif comme un serpent, sans lâcher le petit homme des yeux. Je braquai un regard inquisiteur sur mon escorte, espérant que mon attention le dissuaderait d'échapper un commentaire cinglant. Il ne dit rien, attendit que le marchand ait tourné les talons, puis déboulonna la jarre et vida son contenu en quelques gorgées entêtées comme pour provoquer je ne sais quelle autorité. Ce comportement de défi typiquement mâle me fit rouler des yeux au ciel et j'emboîtai le pas à Tanaki, mon cheval à ma droite. Si ces deux-là continuaient à se gager subrepticement sous mon nez en pensant que je ne saisissait pas la compétition puérile qu'ils se livraient, le trajet jusqu'au campement risquait d'être long et pénible.
Le soleil de début d'après-midi était brûlant et l'air pesant. J'imitai l'éleveur d'oriks et remontai sur mon crâne un foulard sable pour protéger ma tête. Pire que la chaleur, la soif et les brûlures, les insolations étaient de traîtresses maux en milieu si aride. S'il y avait eu des couloirs étroits dans lesquels se faufiler, le vent aurait mugit dans un vacarme assourdissant. Il se contentait de faire vibrer le tissu de nos vêtements et de faire renâcler les bêtes.
- Il est toujours aussi boudin ou est-ce qu'il a mangé un truc qui passe pas ?
Je jetai un bref regard par-dessus mon épaule. Kobren marchait plus loin derrière pour avoir une vue d'ensemble sur ce qui entourait notre petit groupe mais aussi parce qu'il n'avait pas envie de taper la causette avec l'okanaki. Mais ça, Tanaki ne devait pas le prendre personnel. Mon escorte ne tapait causette à aucun représentant de son peuple, je le lui interdisais lors de mes séances de commerce. Il était beaucoup trop fougueux et impulsif pour comprendre les subtilités de ces peuples et la fragilité de nos échanges, et il le savait. Par habitude, et aussi parce que le visage du marchand ne lui revenait pas, il n'était donc pas très loquasse et aimable.
- C'est peut-être votre lait, le taquinais-je en adoptant une moue grave et très peu convaincante
J'enroulai l'extrémité de mon foulard autour de mes épaules, le vent l'avait balayé avec malice. Sur la selle de ma monture, le Gris se laissait bercer par la croupe ballante du cheval, les yeux à demi fermés.
- Plus sérieusement... sans vouloir prendre sa défense, nous n'avons pas eu la chance de partir en expédition depuis, oh, depuis... très longtemps. Les murs d'Opale et le manque de mouvements rendent irritable, vous devez savoir de quoi je parle, en tant qu'habitué des grands espaces. Je connais Kobren depuis qu'il est enfant, il a son caractère bien à lui, c'est vrai. Mais il y a des gens qu'on ne peut pas s'empêcher d'aimer même s'ils ont d'innombrables défauts. Encore plus lorsqu'ils font partie de la famille.
Je venais d'en dévoiler beaucoup en peu de mots. Mais c'était la vérité, et Kobren n'était ni plus ni moins pour moi qu'un fils, un frère et un ami. Je le couvais autant qu'il me couvais, mais à ma façon. Et disons que cette façon était tout simplement plus discrète. Je glissai un regard curieux sur Tanaki, certaine qu'il avait aussi, ou qu'il avait eu, dans son entourage, ce genre de personne.
- Parlant de famille, vous ne m'avez pas dit de quel clan vous êtes...
En d'autres circonstances, cette question aurait été tout à fait légitime, mais j'étais légèrement embarrassée de la lui poser. Parce qu'il exécrait Draoxi mais qu'il était en bons termes avec sa fille, parce que je ne connaissais aucun clan sur Opale qu'il élevât des oriks plutôt que de les chasser pour s'en nourrir, et parce que cet homme avait négligé de mentionner son sobriquet. Même s'il ne m'éclairait pas maintenant, j'aurais une réponse en arrivant au campement alors autant éclairer ma lanterne.
- Clan, croassa mon Gris sur un ton endormi, les yeux toujours mi-clos
Toujours là pour ajouter son grain de sel. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 19/10/2014, 23:34 | |
| Le souffle chaud d'un vent du sud vint dégager le visage de Tanaki alors qu'il le levait vers la mésoriane. Cette bourrasque, annonciatrice de la chaleur qui les attendait dans les terres, fit renâcler quelques oriks et s'insinuer quelques grains de poussière dans les yeux ouverts. C'est en essuyant une larme perlant au coin de son œil que l'okanaki sourit à la première réponse de Hylde. Elle se montrait directe et ne faisait pas de manière, comme d'autres grandes dames. Pourtant, il se dégageait d'elle la même dignité, la même élégance que chez ses congénères et qui avait toujours eu le don d'intriguer l'Œil Écarlate. Et c'est avec cette même élégance qu'elle balaya le tissu sur son épaule. - Je ne peux que comprendre son irritabilité. Bien que mes séjours en terres mésorianes m'amènent à rencontrer des gens appréciables, j'aime retrouver un horizon qu'aucun édifice n'interrompt. Et il ne pouvait que connaître ce lien privilégié qui pouvaient lier deux êtres, jusqu'à les rendre parfois trop protecteurs. À cette idée, il eut une pensée pour Hiti et son enfant restés au campement. S'il pouvait souvent dire tout ce qui traversait son esprit quitte à en vexer certains, Tanaki n'aimait pourtant pas s'étendre sur ses sentiments dès que cela s'apparentait à de l'affection. S'il aimait les siens, il le prouvait par des actes plutôt que des paroles, embrassant ou protégeant ceux auxquels il tenait, sans jamais le leur dire en face ni même l'évoquer. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ne pas suivre l'exemple de cette mésoriane, tout juste rencontrée, en continuant d'aller dans son sens. Quel meneur serait-il, s'il donnait à tout un chacun l'opportunité de connaître ses proches, et donc ses faiblesses ? Il se cantonna donc au silence, jusqu'à ce qu'une nouvelle question lui soit posée. Curieusement, il n'avait pas vu celle-ci venir. Peut-être parce-que la compagnie de la jeune femme avait abaissé sa garde. Il se tendit alors, détournant son regard de l'intéressée et le dirigeant droit vers la direction qu'ils suivaient. S'il n'avait aucune honte à ne plus dépendre d'aucun clan, l'idée même qu'on le pense membre de l'un d'eux faisait renaître en lui des souvenirs bien peu agréables. - Parce-que je n'ai pas besoin d'un clan pour exister. Répondit-il d'un ton qu'il n'avait pas voulu aussi sec. Nous sommes les Marchesable. N'évoquez pas ce mot, "clan", en présence des miens, nous ne voulons plus rien avoir à faire avec pareille notion.- Spoiler:
J'espère que ma réponse te va, je l'ai faite plutôt rapidement ><
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 23/10/2014, 00:27 | |
| Encore une fois, j'avais franchis le seuil de l'indiscrétion et le marchand se fermait comme une huître. Je m'en mordis l'intérieure de la joue. Les okanakis étaient en général fier de leurs origines et de leur appartenance, le clan était une unité forte, mais il y avait bien sur quelques exceptions. Tanaki en faisait parti. Je n'insistai pas davantage, légèrement déçue d'avoir fait rechuter la conversation à son point mort. Quel homme étrange... passer d'une humeur taquine et enjouée à un tempérament froid et distant.
L'heure suivante passa rapidement, bercée par le pas rythmé des bêtes, les rafales de vents et un silence soutenue. Kobren nous avait dépassé en trombe, lâchant finalement son fou et sa garde du fait même. Sous prétexte de devoir délier les pattes de sa jument, il s'était aventuré loin sur la ligne d'horizon dans un galop effréné. Une petite culpabilité me serrait les tripes. J'appréciais de voir mon escorte profiter du grand air, d'aucune limite, d'une liberté quasi-totale. D'un autre côté, j'étais soulagé qu'il ne m'ait pas encore demander son affranchissement, qu'il reste près de moi. C'était égoïste de ma part, contraire à l'idée que je me faisais de l'esclavage et du droit de tout homme. Mais Kobren n'était pas réellement mon obligé... que sur papier. C'est le Gris qui me tira de mes supputations en poussant un cri perçant qui me déchira les tympans. Je me retournai machinalement pour lui donner une chiquenaude mais il se recula sur le dossier de la selle, continuant de piailler aussi fort que possible.
- C'est pas finit sale piaf !
Il s'envola juste quand j'allais lui mettre la main dessus et, le suivant du regard, mes yeux s'accrochèrent au spectacle saisissant dans la distance. Oh, merde. Sur la ligne d'horizon, une masse de nuages sombres roulait dans le ciel comme une houle immense et silencieuse. Mais les lézardes brillantes qui illuminaient le nimbostratus de rouge et de violet témoignaient de la violence de l'orage éloigné. Le vent s'intensifia brusquement, comme si une main invisible l'avait vivement poussé du sud. De petites roches me cinglèrent le visage et je relevai ma manche devant mes yeux, sentant une timide vague d'adrénaline se libérer dans mes muscles.
- Si tu connais un abri dans les environs, ce serait le moment... on ne va pas tarder à prendre une douche ! criai-je par dessus le hurlement des bourrasques
L'okanaki devait savoir d'expérience que ce genre de tempête ne mettait que quelques minutes à traverser une région, pressée par les forts courants de basse pression. L'intimidant mur de nuages semblait déjà avoir franchit le quart de la distance, c'était difficile à croire, mais plus aucun changement de température ne m'impressionnait sur Opale. À commencer par les hausses et les chutes de température démesurées dans le désert... Le grondement de l'orage me parvint, sourd et menaçant, puis un éclair claqua dans l'air sec et ma monture fit une embardée. Les 500 kg au bout de la longe tirèrent brusquement vers la droite et donna l'impression à mon biceps de se déchirer. Je poussai un juron, heureusement couvert par les rafales.
- TANAKI !
Mon cri était pressant, mais traduisait également une certaine colère. Un orik, je crois, me bouscula, m'envoyant contre le poitrail de mon hongre qui refit un nouvel écart en renâclant. Cette fois, je cassai la longe d'un geste autoritaire avant qu'il ne m'écartèle de nouveau le bras. Je croisai le regard de Tanaki en faisant volte face, mais je ne pu garder le contact visuel bien longtemps. De nouveaux débris me fouettèrent la figure, m'obligeant à baisser la tête. Puis une goutte solitaire, égarée de la masse de nuages et porté par le vent, vint s'écraser sur mon front. Par Hygérie, être vulnérables aux caprices de la nature par un temps pareil était tout sauf recommandable. Où était Kobren ? Loin devant, sûrement déjà dans le cœur de la tempête. Pourvu qu'il est pu se mettre à l'abri. Un deuxième orik affolé me bouscula, puis la frustration, plutôt que la panique, pris le dessus. Par tous les dieux, Tanaki, trouve une solution maintenant. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 23/10/2014, 12:22 | |
| Le banni ne resta pas renfermé trop longtemps après sa mise en garde. Il avait réagi instinctivement, le mot "clan" et tout ce qui pouvait s'y rapporter ayant le don de le faire soudainement passer de n'importe-quel état d'esprit à une haine intense qu'il peinait à dissimuler. Il savait pourtant certains okanakis bons de nature, malgré leur appartenance à ces groupes, et avait à plusieurs reprises pu constater la bonté et l'hospitalité de certains chasseurs, chemenns et chefs, mais ils représentaient à ses yeux une infime minorité.
Une heure passa pendant laquelle ils en apprirent un peu l'un sur l'autre, Tanaki ayant retrouvé une humeur plus agréable. Il lui avait rapidement présenté les membres des Marchesable qu'elle serait susceptible de rencontrer ainsi que leur mode de vie très proche des okanakis vivant encore en clans. La réelle différence était qu'ils rejetaient cette appellation en bloc et affichaient leur bannissement avec fierté. Cette petite communauté avait bien entendu sa hiérarchie, mais elle était bien moins intransigeante et la petitesse du groupe permettait de mieux se faire entendre. L'escorte les avait dépassés depuis un moment déjà, laissant l'okanaki dans un certain embarras. S'il l'avait taquiné pendant leur trajet, ça n'avait pas été dans le but de l'énerver au point qu'il parte au grand galop ! Et où allait-il comme ça ? Savait-il seulement quelle direction prendre ? La désagréable sensation d'être le responsable de cette fugue surprit le banni qui, levant les yeux vers la mésoriane, crut comprendre qu'il reviendrait.
Un cri strident l'avait tiré de la torpeur d'un voyage sans accrocs, le gris couronné se faisait de nouveau entendre, sans aucune parole cette fois. C'est alors qu'il les sentit, l'atmosphère pesante, le vent plus frais, le grondement lointain. Ses sens d'okanaki n'étaient pas aussi bons que ceux de leurs animaux devenus nerveux, mais ils suffirent à lui faire comprendre qu'un danger les menaçait. De concert avec Hylde, il se retourna et découvrit ce qui les attendait. Pourquoi ne l'avait-il pas ressenti plus tôt ? Répondant à la requête de la mésoriane, il se remémora les alentours et fit signe à la jeune femme de le suivre. À quelques centaines de mètres au nord se creusait un semblant de canyon, ancien lit d'une rivière au nom oublié. Il leur fallait faire vite, la masse nuageuse avançait à une vitesse folle et les oriks s'affolaient. À plusieurs reprises, celui qu'il tenait en longe avait manqué de le soulever du sol mais il était parvenu à le maintenir par plusieurs accoups sur la longe. S'il perdait celui-ci, il les perdait tous.
Un éclair illumina la savane, finissant de paniquer le troupeau. Les oriks en liberté s'emballèrent et Tanaki tenait bon au bout de sa longe. L'animal piétinait nerveusement la terre aride, mourant d'envie de rejoindre les siens dans leur débandade et manquant de le piétiner à chaque écart. Par Eliwha, c'était bien le moment.
L'Œil Écarlate plissa les yeux et se couvrit le bas du visage à l'aide de son foulard fermement noué autour de son cou. Il avait entendu l'appel de Hylde, mais sa lutte avec l'orik ne lui permettait pas de la rejoindre. Une seconde d'hésitation et il finit par lâcher la longe de la créature pour courir vers la mésoriane. Tant pis, après tout cet animal avait un instinct de survie suffisamment développé pour trouver où attendre la fin de la tempête. Il faudrait juste espérer qu'aucun prédateur ni aucun bandit ne se serait servi avant qu'il ne les retrouve.
Arrivé près de la mésoriane, il en éloigna les oriks en faisant claquer sa main sur leur croupe. Qu'ils fuient et leur facilitent la tâche ! Tanaki se retourna vers Hylde et agrippa la bride du hongre, davantage pour ne pas s'en éloigner que pour maintenir l'animal. Il pointa la direction à suivre et entama une marche freinée par le vent et les débris, s'assurant régulièrement que la mésoriane était toujours derrière lui. Ces fichues bourrasques leur donnait un avant goût de ce qui les attendait, écrasant sur leurs peaux et vêtements des gouttes rapidement rejointes par les trombes d'eau qu'ils reçurent finalement de plein fouet.
La pente douce s'enfonçait en un canyon peu profond, mais dont les parois regorgeaient de fissures susceptibles de les accueillir le temps que l'orage ne passe. Aussi courte et douce qu'était la descente, l'eau qui y ruisselait la rendait dangereusement glissante, amenant Tanaki à se rattraper plusieurs fois à la crinière de l'équidé. Autour d'eux, les failles étaient multiples et auraient pu aisément accueillir la mésoriane et l'okanakie, seulement il était difficile de se défaire de la monture. S'efforçant de garder les yeux ouverts malgré les rafales qui lui fouettaient le visage, le Marchesable guettait une ouverture plus grande.
- LÀ !
Sans attendre, il guida la cavalière et le hongre jusque dans une faille plus large que les autres. L'intérieur semblait avoir été creusé par une créature bien des années auparavant, mais elle avait déserté les lieux, laissant l'opportunité aux voyageurs d'y trouver un abri. Les parois basses étaient assez larges pour accueillir une yourte okanakie, et montaient à une dizaine de mètres en se resserrant, donnant un rendu digne des plus grandes cathédrales.
- J'espère que nos compagnons auront trouvé où se réfugier.
Isolés du vent et du rideau de pluie, humains comme animal purent reprendre leur souffle. Tanaki dénoua son foulard, aussi trempé que le reste de sa tenue, pour le laisser tomber au sol. Un instant, il regretta la magie Chemenn qui aurait pu leur apporter de ces pierres qui s'embrasent, même en de pareilles conditions, et qui auraient contribué à les réchauffer ainsi qu'à sécher leurs guenilles.
Celles de Tanaki gouttaient tant elles étaient imbibées d'eau, et il ne se fit pas prier pour retirer sa chemise qu'il commença à essorer en jetant un coup d’œil à la mésoriane à qui il adressa un sourire en la voyant dans un aussi piteux état que le sien. Enfin, il laissa place à un air inquiet, car après tout il y avait matière à l'être, pour le jeune torkos autant que pour ses oriks.
- Kobren saura se débrouiller ? |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 24/10/2014, 16:33 | |
| Une deuxième main agrippa la bride de ma monture, celle de Tanaki. Je ne vis pas la direction qu'il me pointait alors je m'efforçai de suivre mon hongre, désormais guidé par le marchand. Un vide se créa dans l'air, puis un rideau opaque de pluie s'abattit brusquement sur notre groupe réduit. L'eau, propulsée par les vents violents, en était douloureuse lorsqu'elle fouettait mes joues et mon cou. Je me recroquevillai le plus près possible de la croupe de mon cheval, utilisant son corps massif comme bouclier.
Le sol se dérobait doucement en une pente certes peu abrupt mais rendue traîtreusement glissante. Mes talons tantôt s'enlisaient dans la terre argileuse, puis glissaient sans pouvoir freiner leur course. Je calai mon épaule dans le flanc de ma monture et, un bras passé sur l'arrière de son dos, je tentai de freiner la descente. L'hongre, plus lourd, réussissait à enfoncer ses sabots assez profondément dans la boue pour s'éviter de couler dans le lit de l'ancienne rivière. Plusieurs fentes sombres s'ouvraient dans les versants du défilé. Tanaki sembla repérer avant moi une candidate idéale pour nous héberger. J'espérai seulement qu'il avait pris en compte la hauteur de l'équidé qu'il avait en longe. À la seconde où je franchis le pan de la petite grotte, la pluie cessa abruptement de s'abattre sur mes épaules. Ce fut une libération.
- J'espère que nos compagnons auront trouvé où se réfugier.
Je l'espérais aussi. Les animaux sauvages étaient plus résistants et mieux équipés pour faire face à ce genre de sursaut de la température bien que rien ne les plaça à l'abris d'une électrocution. Comme pour confirmer mes pensées, un éclair fit vibrer l'air d'électricité, et le tonner éclata en un grondement puissant. Mon imagination un peu trop fertile me donna l'impression que les parois de la cavité vibraient.
- Kobren saura se débrouiller ?
Je me retournai vers l'okanaki avec l'intention de lui répondre mais il avait retiré sa chemise pour l'essorer. Je regardai ailleurs, perdant les mots qui m'avaient flottés sur les lèvres la seconde d'avant, et me concentrai plutôt sur l'orage qui sévissait dehors. La niche du petit canyon donnait un faux sentiment de sécurité, mais je m'y laissai aller, transis et fatiguée.
- C'est un grand garçon...
Ce n'est pas un petit orage qui allait abattre un torkos, j'en étais plus que convaincue. J'attrapai la longe de ma monture et la guida vers le fond de la grotte, lui retirai sa bride, sa selle et les bagages paquetés sur sa croupe ruisselante. Elle se laissa faire, la tête basse, renâclant de temps à autre en entendant les colères du ciel. Dans d'autres situations, j'aurais craint de laisser sa robe ainsi imbibée d'eau mais l'air était chaud. Pour une raison que je ne pouvais m'expliquer, je me sentais responsable de ce qui nous arrivait, ce qui était complètement stupide.
- Je suis désolé, pour tes oriks.
Il y aurait surement façon de les retrouver une fois que la tempête serait passée, mais jusqu'où pouvaient-ils s'enfuir. J'espérais seulement que leur instinct grégaire soit assez fort pour ne pas qu'ils se soient éparpillés aux quatre coins de la savane. Des gouttelettes s'échappèrent de ma tignasse rendue lourde et emmêlée, et vinrent me brûler les yeux. Je fis comme l'okanaki et me départi de mon foulard détrempé. Mes vêtements dégoûtaient littéralement et je regrettai qu'on ne puisse faire un feu pour les sécher un minimum... Un second regard vers la sortie me persuada de me laisser choir sur le sol et, adossée à la parois de la grotte, je levai les yeux vers Tanaki, découragée.
- Et maintenant, on attend...
J'esquissai un mince sourire. Nous voilà bien avancé. Dans le noir, la mydriase de Tanaki semblait s'accentuer, mais ce n'est pas tant ce détail qui attira mon attention. La multitude de cicatrices couvrant la peau de son torse n'avait rien d'étonnant, son style de vie le voulait, mais son bras était bandé. J'haussai un sourcil. Il ne m'avait pas semblé avoir mal.
- Tu es blessé ? |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 24/10/2014, 23:39 | |
| La lourdeur de l'atmosphère apportée par l'orage pesait sur les épaules de l'okanaki qui se félicita d'avoir retiré ce tissu, même très fin, qui lui avait collé à la peau jusque là. Les gouttes qui s'en échappaient alors qu'il l'essorait s'écrasaient au sol dans un tintement que couvrait le brouhaha extérieur. Attendant que la mésoriane ne le rassure quant à son escorte, Tanaki l'observait, profitant qu'elle ne regarde pas dans sa direction. Sa silhouette se découpait dans l'ouverture irrégulière de leur refuge, illuminée de temps à autres par des éclairs qu'il aurait aimé voir durer plus longtemps. Soulagé par sa réponse, il en détacha le regard pour s'appliquer à étaler son vêtement au sol, espérant vainement qu'il sèche malgré l'humidité ambiante. Quel fol espoir avait-il là, il aurait eu plus vite fait d'attendre que l'averse ne cesse pour que le tissu ne sèche à même ses épaules. L'okanaki s'empara d'un lacet de cuir pendant à sa ceinture et le noua dans ses cheveux en une queue de cheval ruisselante le long de son dos puis se retourna vers Hylde qui s'inquiétait à son tour, pour les oriks en revanche. - Ne t'en fais pas pour eux va. Ils sont assez froussards pour trouver un meilleur abri que le nôtre. Je partirai à leur recherche quand nous pourrons sortir d'ici.Et ce ne serait pas une partie de plaisir. La savane était vaste et la peur pouvait les avoir menés n'importe où, jusque dans la tanière d'un prédateur. En revanche, ils seraient certainement restés groupés. Trouver l'orik expérimenté, c'était trouver les autres, en vie ou non. Le Marchesable s'avança jusqu'à la limite du monde extérieur, qui séparait chaos et havre de paix. Levant les yeux qu'il plissa sous les quelques embruns qu'il reçut, il ne vit aucune trouée dans ce ciel à présent aussi noir que les yeux de Kobren. La jeune femme disait vrai, il ne leur restait qu'à attendre. Il se retourna et revint se mettre à l'abri pour s'asseoir lui aussi contre une paroi, face à Hylde. Son sarouel ocre ne tarda pas à tremper son emplacement, mais il ne semblait pas décidé à le retirer. C'est qu'il avait cru comprendre que le grand peuple n'avait pas la même pudeur que le petit, et ce n'était pas le moment de créer un incident diplomatique. Le regard de nouveau posé sur la mésoriane, il profita de cet instant de calme pour mieux en observer les traits sans se soucier du regard de cette dernière qui avait l'air d'en faire de même. Les jambes ramenées contre son torse, il l'étudiait le visage à moitié dissimulé derrière ses avant bras croisés sur ses genoux. Par Eliwha, cette mésoriane avait réellement de quoi plaire à l'okanaki, à commencer par son assurance et son regard. Devant ces pensées qu'il espérait simplement fantasques, de peur de froisser les dieux, Tanaki ferma les yeux dans un soupir avant que Hylde ne reprenne la parole. - Blessé ?Il lui fallut un instant avant de comprendre ce à quoi elle pouvait bien faire référence. Son regard glissa alors jusqu'à ce fameux bandage dont il ne se séparait jamais. C'est qu'elle avait un don pour mettre les pieds dans le plat. Mais, cette fois, le Marchesable ne s'indigna pas comme il l'avait fait les fois précédentes. Son inquiétude était justifiée après tout. Ah, oui. Ce n'est rien, juste une vilaine cicatrice.Ça, pour être vilaine, elle ne se contentait pas de le priver d'un nombre considérable d'avantages qu'un okanaki ne pouvait négliger, mais elle allait aussi jusqu'à l'humilier par un qualificatif qu'il ne méritait pas. Machinalement, il porta sa main sur cette ancienne douleur comme pour s'assurer que le tissu qui la recouvrait était bien en place. - Rien de bien insurmontable, je t'assure. Finit-il dans un sourire qu'il voulait rassurant. - Spoiler:
Bouh c'est pas terrible ce post ><
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 29/10/2014, 22:30 | |
| L'orage avait assombrit la savane et les couleurs jouaient d'étranges tons fades et gris, comme lorsqu'on souffle la dernière bougie de sa chambre au crépuscule. La pluie était fraîche et l'intérieure de la grotte chaude et humide. Nous aurions pu nous trouver dans le ventre d'un énorme bête et la sensation aurait été la même. Tanaki se détachait contre la parois sombre de la crevasse, mais les pourtours de son corps se fondaient dans l'arrière-fond. D'où j'étais, il aurait été facile de le prendre pour une créature étrange et immobile, à moitié encastrée dans la pierre de son antre.
- Blessé ?
Sa voix me mit la puce à l'oreille. Je sourcillai dans l'ombre.
- Ah, oui. Ce n'est rien, juste une vilaine cicatrice. Rien de bien insurmontable, je t'assure.
Je l'observai porter sa main à son bras, un geste que je reproduisais aussi machinalement pour chasser une douleur fantôme. Alors l'ironie me frappa comme un fouet et je sentis ma propre cicatrice picoter, sur le même bras que le sien. J'y portai ma main également, reproduisant inconsciemment le geste de l'okanaki, comme son reflet dans un miroir. '' Arrêtes de geindre, ou je te découpes jusqu’au nombril ! ''. Je déglutis, changeai de position, décroisant et croisant mes longues jambes, en laissant retomber ma main sur le sol. Une poudre granuleuse s'accrocha à mes doigts moites et laissa une traînée noire sur mon pantalon lorsque je m'essuyai. De la cendre.
- C'est la cicatrice sur ton corps que tu essaies de cacher, ou celle dans ton coeur ?
Le positionnement des parois devait y être pour quelque chose, car ma voix sembla soudain plus résonnante qu'à l'accoutumée. Je levai les yeux vers le marchand pour le toiser avec connivence. Je ne m'attendais pas à une réponse. Je détaillai ses traits, ou plutôt les jeux d'ombres qui les dessinaient, alors je replongeai mon index dans la suie et traçai son portrait sur la pierre à la droite de mon pied. À force de modelé, un visage ombrageux et énigmatique apparut sur le sol. J'en oubliai mes vêtements détrempés et mon angoisse.
- Nous ne sommes pas les premiers à avoir créché ici, murmurais-je après avoir finit mon esquisse, plus reposée
Je glissai ma main contre la cloison et le sol, croisai quelques brindilles à moitié calcinées, quelque chose de dur et de friable, certainement un petit résidu de bûche brûlée, puis deux petites pierre froides et pointues comme des silex. Mon corps détrempée frissonna d'anticipation. Je lançai l'une des pierres à Tanaki.
- Attrapes. C'est toi le professionnel, ce sont des pierres de feu ?
Si oui, je remerciais l'ancien propriétaire. J'essuyai mes mains noires sur mes cuisses, attendant un verdict. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 29/10/2014, 23:43 | |
| À l'autre bout de la grotte, le banni observait la silhouette claire de la mésoriane qui se découpait, elle, nettement sur la paroi, ses cheveux et son teint de peau aidant. Il haussa un sourcil en la voyant poser elle aussi sa main sur son bras, ayant l'impression d'observer son reflet dans un bien curieux miroir. Ses doigts se crispèrent sur son bandage alors qu'elle lui demandait la réelle nature de sa cicatrice. Quelques heures plus tôt, il aurait sifflé entre ses dents que ce détail ne la regardait pas et s'en serait éloigné sans en demander davantage. Mais au lieu de ça il soutint son regard d'un air calme avant d'abaisser le sien vers les stigmates d'une rupture avec une vie passée. Il connaissait parfaitement la réponse à la question de la jeune femme, mais était bien trop fier pour la lui donner. Evidemment qu'il était davantage affecté par tout ce que signifiaient cette croix et, plus encore, cette appellation qu'il refusait. La douleur physique s'était envolée depuis bien longtemps mais celle de l'esprit demeurait encore dans un recoin sans qu'il ne parvienne à l'en déloger.
Silencieux, il n'apporta aucune lumière à l'interrogation de la mésoriane mais releva vers elle un regard laissant entendre qu'elle avait abordé un sujet délicat. Peut-être penserait-elle qu'il ne dissimulait que cette fameuse croix qui le rendait indigne de la vie au sein d'un clan, lui s'en contenterait très bien. Son attention se promena sur les parois de leur abri aux stries groupées par quatre, comme autant de griffe qu'en possédaient chacune des pattes qui avaient creusé la pierre. Le plafond lui paraissait bien haut, bien plus que ceux des habitations mésorianes qu'il trouvait déjà démesurées. Combien d'oriks pouvait-on faire rentrer dans cette hauteur ? Mais pourquoi est-ce qu'il se posait une question pareille ?
- Attrapes. C'est toi le professionnel, ce sont des pierres de feu ?
Ces mots eurent tôt fait d'accaparer l'attention de l'okanaki qui se leva et s'élança vers Hylde pour s'accroupir à ses côtés sans encore constater les talents d'artiste de cette dernière. S'emparant doucement des pierres qu'elle tenait, il les leva à hauteur d'yeux. Difficile de les différencier dans cette pénombre, le mieux était encore de tenter le coup. Jetant un coup d’œil autour d'eux, il partit à la recherche de brindilles et herbes sèches qu'il revint entreposer non loin de la mésoriane vers qui il leva un regard complice.
- Voyons si tu as du nez.
Il isola une poignée d'herbes jaunies contre lesquelles il frotta l'une des petites pierres d'où commença à émaner une douce chaleur, arrachant un sourire au Marchesable. Quelques secondes suffirent pour donner naissance à de jeune flammèches qui vinrent éclairer les traits des deux jeunes gens. L'air clairement satisfait, il releva la tête vers Hylde à qui il lança la seconde pierre qui n'avait pas servi.
- Par les Flux... Sans même avoir à te lever !
Sans attendre, Tanaki alla chercher sa chemise et son chèche détrempés qu'il étala au sol à côté du brasier qui prenait forme et faisait danser les ombres contre la roche. Manquant de déposer le foulard dans la cendre, il y remarqua à peine ce qu'y avait dessiné la mésoriane sans même s'y reconnaître. C'est qu'une vie d'okanaki vous laisse peu d'occasions de vous admirer dans un miroir...
Son petit manège terminé, il vint s'asseoir à côté de la veinarde du jour, étendant ses jambes vers le feu en espérant que son sarouel en sécherait plus rapidement. À présent qu'ils étaient arrêtés et qu'il l'observait d'un peu plus près, le Marchesable pouvait mieux en apprécier la vue et la proximité. La fierté se mêlait à une certaine douceur dans le regard de la mésoriane qui avait un quelque-chose de captivant que Tanaki n'aurait su s'expliqué. Peut-être le Soleil lui avait-il tapé un peu fort sur la tête, ou bien était-ce l'averse qui l'avait percuté de plein fouet ? Ses joues s'échauffèrent et rougirent légèrement, chose qu'il préféra mettre sur le compte de la chaleur dispensée par le feu qui avait atteint une taille respectable. Pris d'une légère quinte de toux, il libéra ses cheveux qui retombèrent en de lourdes mèches s'égouttant sur ses épaules.
- T'as une sacrée veine tu sais. En plus de nous trouver des pierres de feu, t'es coincée avec moi ! Lança-t-il finalement. L'irrécupérable n'avait donc rien trouvé de mieux pour se donner contenance... |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 31/10/2014, 04:45 | |
| - HRP:
Bwah, désolé pour les fautes, j'ai tenue promesse et je suis crrrrrevée *déjà dans son lit* alors sur cette rep (fabuleuuuuuse *humble ? non du tout*) je vais me pieuter et rêver à des fromages d'oriks !
Je trouvai au regard du marchand un éclat spécial. J'y voyais défiler des émotions fortes et crues, mais j'étais incapable de mettre le doigt dessus ou de savoir à quoi il pensait réellement. Ce phénomène me choquait et me fascinait à la fois... peut-être étais-ce sa mydriase qui en était en partie responsable. Tanaki vint me rejoindre pour inspecter les petites pierres et dégoter quelques branchages. Il releva la tête et la complicité dans son regard m'arracha un sourire.
- Voyons si tu as du nez.
J'avais habituellement assez de flaire, oui. Aussi continuais-je à sourire, un peu trop certaine de mon coup. De timides flammèches s'embrasèrent bientôt, confirmant mes attentes. L'exclamation joyeuse de Tanaki m'extirpa un rire. Lorsqu'il se leva pour aller chercher ses vêtements, je me penchai pour souffler doucement sur le bois sec. Il crépita agréablement, réconfortant et prometteur de sécurité. La lumière vive des flammes naissantes ébloui mes rétines et obscurcit tout le reste aux alentours. Je discernai le corps de l'okanaki qui revint se poser tout près, puis me tournai vers lui en clignant des paupières, légèrement aveuglée. Le visage du Marchesable se révéla d'une façon beaucoup plus nette et découpée au-dessus du feu.
- T'as une sacrée veine tu sais. En plus de nous trouver des pierres de feu, t'es coincée avec moi !
L'écoutant d'une oreille, je suivi la trajectoire d'une goutte de pluie échappée de sa tignasse. Elle glissa jusqu'à son nez, puis plongea au creux de son philtrum, avant de finir paresseusement sa course sur sa lèvre supérieure... et elle disparut dans l'interstice de sa commissure. Je fixai sa bouche, hypnotisée. Quoi ? Je sentis mes yeux s'écarquiller d'eux-même, puis ma mâchoire se tendre. Ma prestance revint au grand galop, indignée d'avoir été ainsi balayée par un beau visage, si envoûtant soit-il.
- Je dirais que c'est plutôt toi qui es coincé avec moi.
Bonne répartie, Hylde. Ma conscience, approbatrice, se mit à danser un gigue infernale de la victoire. Étonnée d'avoir si bien trouvé de quoi répondre à sa petite pique, je m'efforçai néanmoins d'afficher un air désinvolte et moqueur. Je crois que j'y parvins, à moitié. Mes yeux devaient pétiller à l'instant même de malice enfantin, de bonne guerre, et je les détournai en refoulant un sourire. Par Hygérie, cet homme me faisait du gringue, et je trouvais cela amusant. Un éclair vif irradia l'entrée de la grotte et cette milliseconde d'illumination somma ma conscience de cesser de se trémousser joyeusement. Je me raclai la gorge et fixai les flammes...
- Vous êtes un homme bien mystérieux, lâchais-je finalement après que le silence ce soit étiré
Le vouvoiement n'étais pas présent pour faire bonne figure, mais simplement pour donner un ton badin à mes propos, sérieux toutefois. Je le pensais vraiment. Cette journée, ce moment, et pas seulement Tanaki, tout était curieux. Je me sentis à des années lumières de mon logis, d'Henri et de Kobren, de mon atelier et de son odeur de térébenthine, de mes herbes... isolée, prise dans ce drôle d'endroit, par ce drôle de temps, je me sentais le pied dans une autre dimension. Et, pire que tout, cela me plaisait étrangement.
Mais ces sentiments d'incongruence sont éphémères et un battement de cil plus tard, j'étais de nouveau une mésorianne d'une trentaine d'années, sans mari et sans enfants, qui se ballade dans le désert et la savane parce qu'elle n'arrive pas à faire sa place auprès des siens. Ostracisme volontaire ? Il y avait certainement un peu de cela. Je me frottai le visage, puis courbai l'échine pour me masser doucement les cervicales, chassant ce genre de réflexions que je repoussais sans cesse au lendemain.
- Parlant de mystère, tu ne m'as toujours pas dit le présent que je devais remettre à ...
C'est quoi son nom, déjà ? Les pertes de mémoire, ce n'était pas mon genre. Je redressai la tête, sourcils froncés, et rencontrai de nouveau les yeux du Marchesable, sombres et luisants, qui reflétaient la lueur du feu comme un lac noir la lumière d'un soleil grenat.
- ... Lëxi, soufflais-je en me rappelant subitement
Une douce chaleur me conforta de l'intérieure, et elle ne venait pas du foyer. Je me sentais calme, et reposée, malgré la longue marche, le vent, le soleil, la tempête. Pas lasse, simplement tranquille. Je sondai une fois de plus le regard de l'okanaki, curieuse d'y trouver des réponses avant qu'il ne parle. L'envie de connaître la relation qu'il avait avec cette femme me tenailla comme une petite griffe. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 31/10/2014, 16:53 | |
| L'instant qui avait suivi ses mots, le Marchesable les avait regrettés. Mais quel besoin avait-il eu d'être aussi familier avec une mésoriane ? À avoir côtoyé ce peuple principalement lors de trocs, il avait pourtant pu constater qu'ils avaient des mœurs bien différentes des siennes, à commencer par la considération des femmes. Et en froisser une en étant coincé avec elle dans un espace exigu et pour une durée indéterminée, ce n'était certainement pas l'idée du siècle.
Mais à son grand étonnement, Hylde ne fit aucune manière et sa réponse le décontenança. Muet un instant, la bouche légèrement bée, il fit progressivement apparaître un sourire amusé sur ses lèvres que passa un rire discret.
- Avec une geôlière pareille, je ne risque pas de vouloir aller bien loin.
L'okanaki se dissimulait derrière un air narquois et une voix teintée d'ironie qu'il pensait suffisants pour ne pas être pris au sérieux. Cette proximité entre les peuples étant tellement honnie chez chacun d'eux, il se croyait donc à l'abri. Après tout, quel okanaki serait assez fou pour s'enticher d'une sédentaire ? Lui, il le savait. Mais certainement pas les autres.
La lumière des flammes montantes venait lécher le visage de la jeune femme dont il ne décrochait pas les yeux. Malgré ses cheveux désordonnés aux mèches dorées plaquées contre sa peau, ses vêtements en piteux état, il la dévorait du regard. S'il avait déjà pu se satisfaire de la vision d'autres de ces grandes dames, celle-ci l'intriguait et l'envoûtait plus que les autres. Peut-être était-ce cette proximité forcée et prolongée ? Non, ça ne pouvait tout de même pas suffire. C'était toujours cette élégance qu'il avait toujours apprécié chez ces femmes, mais celle-ci n'avait besoin d'aucun bijou, d'aucun cosmétique ni d'aucune parure pour être gracieuse, même avec ces boucles s'entêtant à briser la régularité de son visage. Et pour ça il désirait la connaître plus, mais ce fut elle qui, au final, le trouva mystérieux... Haussant un sourcil, Tanaki pris au dépourvu ne sut quoi lui répondre. Mystérieux ? Que voulait-elle donc savoir de plus ?
- J'ai jamais su faire des nœuds correctement, et encore moins les défaire. Mais chut, c'est un secret. Répondit-il, un brin de malice dans le ton de sa voix.
La voyant se ressaisir, l'okanaki décida d'en faire de même. Peut-être était-ce mieux ainsi. Sûrement, même. L'intérêt du Marchesable pour une mésoriane, aussi respectable soit-elle, n'avait rien de convenable, autant pour les siens que pour ceux avec qui il commerçait. Et puis, au final, peut-être s'était-il fait à l'idée que tout ceci ne relèverait toujours que de l'ordre du fantasme. Qu'est-ce qu'un sauvage okanaki pouvait donc bien avoir à offrir à une femme civilisée ?
- Parlant de mystère, tu ne m'as toujours pas dit le présent que je devais remettre à... Lëxi ?
Ah ! Oui ! La réalité ! C'était par là ! Son regard redevint présent et se fixa de nouveau dans celui, émeraude, de la jeune femme.
- J'ai oublié de te le préciser ? Sa paume vint s'échouer sur son front dans un claquement qui passa inaperçu au milieu des crépitements du feu. C'est jeune orik, tout juste débourré.
Son sourire franc ne laissait pas penser une seconde qu'il ait pu trouver ce cadeau encombrant. Il s'agissait pour lui de ce qu'il avait de plus précieux à offrir, puisque c'était ce dont il vivait.
- Il est sociable et te suivra facilement. Continua-t-il naturellement. Et il pourra te permettre de garder ton hongre frais pour le retour. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 1/11/2014, 04:00 | |
| Tanaki me surprenait, mais je semblait également lui faire ce même effet. Enorgueillis par ma petite emprise comme toute femme qui se respecte, l'ombre d'un sourire réjoui se refusait à quitter les commissures de ma bouche. Le Marchesable avait une bonne répartie, ce que j'appréciais plus que je ne l'aurais pensé. Au Sycomore, je n'avais pas tant l'occasion de parler, et encore moins de plaisanter. Henri était un homme taciturne et renfermé et Kobren, bien que narquois, se vexait contre quelconque remarque qu'il jugeait mal placée. Avec mes clients, j'entretenais des relations professionnels. Vraiment, il n'y avait pas de qui se divertir à Opale. Les heures passées enfermée dans la boutique ou dans mon atelier n'aidant pas, les rencontres plaisantes étaient plutôt rares et de courtes durées. Tanaki était-il une bonne rencontre ? Je l'observai de biais en y réfléchissant silencieusement. Un lambda de mon peuple se serait vexé qu'on puisse même méditer sur cette question, mais compte tenu de mon parcours... j'avais plus d'intimes chez les okanakis que chez les mésorians. Cette réalité me passa sur le visage comme une petite vague arrogante et je l'entendis ricaner derrière mon épaule.
- J'ai jamais su faire des nœuds correctement, et encore moins les défaire. Mais chut, c'est un secret.
Je m'esclaffai franchement, ragaillardit par la chaleur et l'éclat de notre feu précaire.
- Tu peux compter sur ma discrétion, je garderai ton secret... répliquais-je sur le même ton
Blague à part, je n'étais en effet pas du genre à glisser des ragots dans toutes les oreilles intéressées que je croisais. J'avais malheureusement remarqué que plusieurs membres de la Haute avaient cette étrange maladie qui se caractérisait par des symptômes tels qu'une langue bien pendue, un besoin viscéral de répandre toutes sortes de rumeurs et, surtout, de savoir à tous prix tous les caquets de la ville.
Mais revenons à nos moutons. Le cadeau était donc un orik ? J'observai Tanaki avec des yeux ronds, stupéfaite et aussi légèrement... contrariée. Mais son large sourire eut raison de mon agacement, et je m'attendris presque immédiatement.
- Il est sociable et te suivra facilement. Et il pourra te permettre de garder ton hongre frais pour le retour.
J'échappai un gloussement de surprise, puis sentit mes joues s'échauffer. Je lissai mes mèches blondes derrières mes oreilles en toussotant, fixant les flammes d'un air dubitatif. Je ne savais pas qu'on pouvait monter ses bêtes. Je ne voulais pas vexer Tanaki mais je doutais fortement chevaucher son jeune orik plutôt que mon hongre.
- Hm, dans ce cas, j'espère qu'on le retrouvera...
Pas que j'ai particulièrement envie de trimbaler un fringant petit orik jusqu'à la lisière du clan de Draöxi. Mais si le marchand tenait à cet animal, alors j'aurais été peinée qu'il le perde, surtout s'il était l'heureux élu destiné à la fille du chef. Cette pensée me fit sourire légèrement. J'avais du mal à m'imaginer cette jeune femme mais si Tanaki lui vouait ces sentiments, c'est qu'elle était certainement différente de son cruel de père. Je fermai les yeux un instant, profitant de la chaleur du feu sur mon visage et de la relative tranquillité de notre refuge. Le devant de ma chemise commençait lentement à se départir de son humidité, mais mon dos était toujours aussi trempé. Cette sensation m'arracha un petit frisson.
- Avec un peu de chance, je serai sèche dans six heures, ironisais-je en tirant la moue, les yeux toujours clos
L'odeur de fumée et de résine emplissait la grotte. J'ouvris les yeux et me levai lentement pour me diriger vers ma monture restée tranquille au fond de la niche. Je fouillai les sacoches et en extirpai des vêtements secs, puis lançai un coup d'oeil par-dessus mon épaule, légèrement embarrassée.
- Te retournes pas, soufflais-je en déboutonnant ma chemise
Pas que j'eu l'impression qu'il le fasse. Je connaissais les moeurs et coutumes des okanakis, mais aussi suffisamment Tanaki pour me douter qu'il respecterait les usages de mon peuple. Je me changeai sous le regard indifférent de mon cheval qui tenta tout de même de mâchouiller mon haut détrempée entre ses babines. - HRP:
Je sais, ça finit abruptement D: Si tu veux que je rajoute quelques lignes, dis le moi !
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 1/11/2014, 17:20 | |
| - L'orik en question est à notre campement. Mais j'espère retrouver les autres avant de le rejoindre. Lui avait-il répondu en secouant doucement la tête. Un doux sourire avait étiré ses lèvres lorsque Hylde avait envisagé de participer à la récupération des fuyards. Difficile de refuser une aide pareille, il ne pouvait pas le nier.
Cette entente si étonnante entre une mésoriane et un okanaki était vouée à l'échec dans l'une ou l'autre de leurs sociétés. Mais, isolés des leurs, les deux jeunes gens se permettaient des mots et des regards que personne ne pouvait leur reprocher en cet instant. C'était peut-être cette sécurité qui rendait Tanaki plus à l'aise qu'il ne l'avait jamais été avec une grande dame, mais cette nouveauté ne manquait pas de le déstabiliser à la moindre occasion et il ne savait trop ce qu'il pouvait se permettre ou non en sa présence.
Son regard s'était détaché un instant de son interlocutrice pour se perdre dans les braises qui séchait tout juste leurs vêtements. Ceux qu'il avait étendus au sol étaient les plus avantagés, mais son sarouel ne se désemplissait pas de cette eau qui imprégnait aussi son emplacement. Six heures ? Elle était optimiste, dans une humidité pareille. Levant les yeux, l'attention attirée par le mouvement de la mésoriane, Tanaki la suivit du regard en appréciant sa démarche et sa tenue, pour enfin comprendre ce qu'elle comptait faire. Ses joues tournant brusquement à l'écarlate, il tourna la tête pour regarder droit devant lui, regrettant que les mœurs mésorianes soient aussi strictes.
- Ça n'a pas l'air de se vouloir se calmer dehors, je risque d'être coincé avec toi encore un moment...
La pointe de regret qui se fit entendre dans ses propos pouvait très bien être associée à ce satané temps qui les avait poussés à se retrancher dans cette faille, et le Marchesable s'en félicitait. Mais ce qu'il regrettait réellement, c'était la rapidité avec laquelle la pluie pouvait s'arrêter et leur permettre de reprendre leur route pour que leurs chemins se séparent finalement. C'était curieux, comme en si peu de temps il avait apprécié la compagnie de cette femme qu'il ne put s'empêcher d'observer discrètement du coin de l’œil alors qu'elle l'avait prié de ne pas le faire. Ce qu'il voyait n'avait rien de bien net, la lumière des flammes ne laissant entrevoir que des formes orangées parsemées d'ombres dansantes, mais un ou deux éclairs lui offrirent, l'espace d'une fraction de seconde, l'image d'un corps élancé et sculpté qu'il n'avait pas même imaginé sous ses vêtements trempés.
Dans un soupir discret, il détourna les yeux d'une vision pourtant fort agréable, préférant éviter de se faire remarquer par l'herboriste. *Complètement taré mon pauvre Tanaki, il ne manquerait plus qu'elle te pince et t'es grillé sur tout Opale...*
S'emparant d'une petite branche, le Marchesable remua les braises pour tenter d'oublier une frustration bien déplacée, et parvint à lever un regard calme vers Hylde lorsque celle-ci fut revenue.
- T'as faim ? Il fouilla dans sa besace dont il sortit un bout de pain humide et quelques lamelles de viande séchée pour en tendre une à la jeune femme. Orik grillé. C'est gras, c'est dur sous la dent, mais c'est consistant.
Il croqua dans un morceau de viande pour illustrer ses propos, en arrachant un bout à la force de la mâchoire qu'il mâchonna énergiquement alors qu'une tache orangée s'était installée au coin de sa bouche. Le regard fixé sur la pièce qui luisait à la lumière du feu, il n'attendit pas d'avoir englouti sa bouchée pour donner ses impressions.
- Ch'est pas le meilleur morcheau, mais ch'est pas mauvais non plus. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 1/11/2014, 20:34 | |
| J'enfilai une chemise de lin blanche avec soulagement, puis un pantalon couleur de grès. Les jupes amples qu'on portaient à Opale étaient tout sauf commodes pour un long voyage de ce genre.
- Ça n'a pas l'air de vouloir se calmer dehors, je risque d'être coincé avec toi encore un moment...
Ma bouche devint sèche et je réalisai que j'avais boutonnée mon haut en jalouse. Bravo. Je recommençai l'opération, les doigts légèrement malhabiles, ce qui était complètement ridicule vu les travaux minutieux qu'ils effectuaient chaque jour. C'est toi qui va devoir se calmer.
- On ne sait jamais, avec ce genre d'orages... ils peuvent durer quelques minutes comme plusieurs heures. Ce n'est pourtant pas la saison de la mousson... répondis-je avec une indifférence contrôlée, sentant que je devais ajouter quelque chose d'inutile pour meubler le silence
Avec peu de grâce, j'avais finalement réussi à me vêtir de façon convenable. Agacée par ma propre maladresse, je revins près feu et imitai Tanaki en étendant mes vêtements trempés en espérant qu'il sèche un tant soit peu. C'était toujours mieux que de les laisser en boule dans le fond d'un sac jusqu'à ce qu'il sente le rance. S'il y avait bien une odeur que je détestais, c'était celle-ci. Puis je remontai ma chevelure en un chignon serré derrière ma nuque car il n'y avait également rien de plus irritant au monde que des mèches humides qui collent aux joues. Je poussai un soupire de contentement au moment où le Marchesable relevait les yeux vers mon visage.
- T'as faim ? Orik grillé. C'est gras, c'est dur sous la dent, mais c'est consistant.
Un feu, une tenue sèche, de la nourriture, un abri... si j'évitais de penser à mon escorte, il y avait là de quoi se sentir rassurée. J'acceptai le morceau de viande avec circonspection et observai Tanaki en mâchouiller un bout. Il parla la bouche pleine, m'arrachant un haussement de sourcils et une moue amusée. Je croquai à mon tour dans la viande séchée, grasse et coriace, qui me tapissa la bouche comme un beurre aromatisé. Je tirai de drôles de faces en mastiquant, juste pour l'emmerder. Le fait de manger me rappela que j'avais l'estomac vide, et je ne me fis pas prier pour engloutir le reste de ma portion. Puis je me lèchai les doigts après hésitation. Henri aurait été mortifié de mes manières. En me l'imaginant faire de gros yeux, ce fut plus fort que moi, et je pouffai de rire.
- Pardon, c'est juste... à Opale, ce n'est pas le genre de met que l'on mange.
Je me tournai vers l'okanaki et lui sourit gentiment. Je ne voulais pas qu'il pense que c'était une critique, ou une moquerie.
- Mais c'est très bon, vraiment.
Mon front se plissa soucieusement et je tournai de nouveau mon visage vers le feu, pensive. Tanaki n'avait peut-être jamais eût la chance de goûter le genre de repas que je mangeais, et cela m'asticota bizarrement. Je réalisai à quel point nous étions différents l'un de l'autre, à cause d'un bout d'orik, quelle ironie. À quoi tu pensais, au juste ? Je ne sais pas, que cet okanaki avait de belles lèvres et un regard intimidant, un sens de l'humour particulier et un petit quelque chose qui m'empêchait de boutonner ma chemise correctement? Je sentis la chaleur me monter aux joues et me crispai. C'était ridicule.
- Herboriste n'est pas mon premier métier, finis-je par marmonner pour casser le fil de mes pensées
Je ramenai mes jambes contre ma poitrine et posai mon menton sur mes genoux en tournant la tête vers Tanaki. Je lui souris doucement, me rappelant qu'il n'avait pas réellement porté attention au dessin rapide que j'avais fait de lui.
- Je suis peintre.
Je savais que cela ne lui parlerait pas spécialement, et pour cause. On ne peignait pas chez les okanakis. L'art se manifestait sous des formes différentes, et la plus belle à mes yeux était la transmission orale de leurs histoires. Après plusieurs nuits blanches passées autour d'un feu avec de petits groupes de chasseurs, je l'avais compris. Je l'observai, curieuse.
- Tu as déjà vu des tableaux, en ville ?
Pliée au-dessus des mes genoux, je constatai que nous étions sensiblement à la même hauteur de cette façon. |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ 1/11/2014, 23:57 | |
| Tanaki avait éclaté d'un rire sonore devant les mimiques de la mésoriane, qui couvrit un instant le fracas de l'averse extérieure. Elle tranchait définitivement avec l'image prude et propre des filles d'Hygérie, pour son plus grand plaisir. Balayant l'air de la main, il la rassura.
- J'ai pu le constater. Vous avez tellement peur de vous salir les doigts que vous utilisez des "couverts". Avait-il répondu, moqueur. Mais Hylde ne semblait pas rechigner à l'idée de saisir sa nourriture avec les doigts, comme en témoignait sa main aussi luisante que son morceau de viande. Et même pas besoin d'un morceau de tissu pour l'essuyer !
Son en-cas terminé, il eut recours au même procédé pour retirer cette graisse de ses doigts en riant doucement de la situation.
- Ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de pervertir une fille de la Déesse Propreté.
Un éclair balaya le ciel en cet instant, comme si l'intéressée s'était sentie insultée par de tels propos, faisant légèrement sursauter le Marchesable à cette idée pour finalement ne plus s'en soucier. *Comment voudrais-tu qu'elle te fasse payer tes paroles ? En te donnant un bon bain ?* Imaginant en quoi pouvait consister une punition divine de cette Hygérie, Tanaki ne put retenir un rire discret mais pas si serein que ça. Si la déesse se rendait compte qu'il se laissait aller à des pensées déplacées à l'encontre de l'une de ses filles, il était prêt à parier qu'il risquait d'y laisser ses plumes, dans ce bain.
- Peintre ?
La curiosité piqua l'okanaki qui parvint à recentrer son attention, sur Hylde évidemment. Pas que son hongre ait été d'un physique ingrat, mais disons qu'il avait déjà moins de charme. La peinture n'avait jamais fait réellement partie de son quotidien nomade, même lorsqu'il vivait encore dans son ancien clan. Il avait bien arboré des peintures de guerre, mais elles n'avaient pas la même portée ni le même public que pouvait viser un artiste plutôt qu'un guerrier. Il avait bien entendu parler de clans okanakis qui dessinaient sur les parois des grottes qu'ils avaient occupé, mais le côté statique et durable de la chose ne lui semblait pas réellement en accord avec un mode de vie nomade. Il avait vu les siens conter, sculpter de petites figurines ou jouer de la musique, mais tout ceci s'emportait partout, comme cette flûte en os qui pendait à sa ceinture.
- Parfois, oui. Il haussa les épaules. C'est encombrant. Et puis, tous ces visages figés qui te fixent sans battre des cils. Son visage se crispa pour transmettre un sentiment d'inconfort. Ça me fout les jetons.
Il se souvint un instant d'un collier qu'un vieil homme avait voulu lui troquer contre un peu de nourriture. Curieux objet qu'il était, le médaillon s'ouvrait sur le petit portrait d'une jeune femme qu'il apprit être la défunte femme du pauvre vieillard, réduit à en céder le dernier souvenir qu'il avait d'elle pour un repas. N'ayant pas saisi l'importance de cette relique, Tanaki l'avait accepté, pensant pouvoir la troquer de nouveau contre quelque-chose d'intéressant, mais il en comprit plus tard la valeur sentimentale et le geste désespéré d'un homme dans le besoin. N'ayant aucune piste pour retrouver le démuni, l'okanaki avait laissé l'objet au tenancier de l'auberge à côté de laquelle ils avaient échangé, espérant qu'il puisse le restituer.
Le souvenir de cette anecdote lui fit réaliser alors l'impact émotionnel, autant qu'artistique, qui pouvait découler de cette discipline qu'était la peinture, à condition qu'elle illustre une chose à laquelle on tient, sur un petit format facilement transportable. S'imaginant divers portraits, il se souvint celui que Hylde avait tracé dans les cendres et se pencha en avant pour le revoir, de l'autre côté de son auteure.
- Donc, tu peins des gars dans ce genre ? |
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| Sujet: Re: [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ | |
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| | | | [Hylde&Tanaki] Bonjour ma p'tite dame, qu'est-ce que je vous sers ? /!\ Sujet sensible /!\ | |
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