Printemps 1622
Mini-Enguerrand

C’était une soirée plutôt agitée chez la famille mésoriane.  Le père d’Enguerrand était seulement rentré depuis quelques minutes, qu’une dispute avait déjà éclaté avec sa femme. Le bruit avait attiré le jeune garçon de sept ans, qui attendait à présent devant la chambre de ses parents. Il s’était collé contre la porte pour essayer d’entendre ce qu’il se disait ou voir par le trou de la serrure. Enguerrand avait du mal à comprendre ce dont ses parents parlaient mais vu le ton employé il sentait que ce n’était pas la joie à l’intérieur. Au bout de quelques minutes la porte s’ouvrit brutalement et l’enfant recula précipitamment.

- ENGUERRAND ! On ne t’a pas appris à ne pas écouter aux portes ! Cria Edouard furieux, alors qu’il sortait de la chambre.

En entendant les réprimandes de son père, l’enfant ne put s’empêcher de laisser couler quelques larmes. Il n’eut rien le temps de dire car le mésorian était déjà parti en lançant à peine un regard vers son fils. Après avoir essuyé ses larmes, Enguerrand entra dans la chambre de ses parents. Alors qu’il entendit la porte d’entrée claquer, il s’approcha de sa mère qui se tenait debout près de la fenêtre. Judith s’efforça de contenir ses émotions et de sourire à son fils lorsque ce dernier se jeta dans ses bras.

- Ne t’inquiète pas mon chéri ce n’est rien. Ton père est simplement retourné travailler. Mentit-elle pour le rassurer.

Le garçon quitta les bras de sa mère et la regarda dans les yeux.  Malgré son âge et même s’il ne comprenait pas les histoires de ses parents, il sentait le malaise de sa mère. Voulant la rassurer il lui fit un sourire avant de se coller à nouveau contre elle et lança avec sincérité :

- Tu sais maman, moi je resterai toujours avec toi et je te crierai jamais dessus.

Sur ces paroles tellement insouciantes, Judith ne put s’empêcher de sourire.  Heureusement qu’elle avait son fils, c’était vraiment ce qui la faisait tenir dans les moments comme ceux-là.  Elle serra Enguerrand contre elle pendant un moment puis elle prit sa main pour le ramener dans sa chambre. Bien qu'elle aurait aimé passé toute la soirée avec son fils pour ne pas se retrouver seule, il se faisait tard pour un garçon de sept ans.

Enguerrand suivi sa mère et fut rapidement allongé sous ses couvertures, dans un lit bien trop grand pour lui. Il n’avait pas envie de dormir et s’empressa de demander à sa mère de lui raconter une histoire. Judith se doutait de cette question qui était habituelle et accepta avec plaisir. Elle avait envie de penser à autre chose et se demanda ce qu’elle allait pouvoir imaginer comme aventures ce soir. Elle s’assit près de son fils et débuta son histoire.

- Est-ce que tu connais barbe-noire ? C’était un redoutable Okanaki qui parcourait les mers de l’Archipel avec son équipage de pirates. Un jour…

Le jeune garçon écoutait attentivement sa mère. Les histoires de pirates étaient vraiment ses préférées et elle était vraiment douée pour les raconter.  Evidemment il était sûr que tout ce qu’elle racontait était vrai et il se voyait déjà naviguer sur la mer avec son propre bateau.

- Maman, est-ce que je pourrai être un pirate moi aussi quand je serais grand ?

Judith lui répondit par l’affirmative en souriant, avant de poursuivre son récit. Au fur et à mesure qu’elle parlait, les yeux d’Enguerrand se fermaient et l’enfant finit enfin par atteindre les bras de Morphée. La mésorianne se leva puis embrassa le front de son fils.

- Endors-toi bien ma petite anguille…