Le 9ième jour de l'été, An 1645.

La lumière traversait la fenêtre de ma chambre pour atterrir sur ma jolie tête éméchée. Contrairement à ce que l’on peut croire de moi, je suis loin de dormir emmitouflé dans une couverture pour ensuite me réveillé la tête  sur mon oreiller. En faite, si vous osiez ouvrir la porte pour me regarder à mon réveille, vous  retiendrez surement votre hilarité. Bouche grande ouverte, la tête au pied du lit, mes cheveux rebelles s’étalant à gauche puis à droite, ma couverture couvrant uniquement mon ventre terminant sa course vers le sol tandis que mon oreiller se retrouve généralement sous mon genou gauche. Pourquoi suis-je couché ainsi? Je ne serais vous dire...sauf que mes rêves sont loin d’être calme. Une simple rêve de randonné dans les bois à courir après un lapin qui semble presser de se rendre je ne sais où...et me voilà dans cette état.


« Saika! C’est l’heure de se lever! » Cria ma mère en ouvrant la porte tout en me scrutant de son regard protecteur. C’est, du moins, ce que j’ai pu remarquer en me réveillant dans un sursaut, manquant presque d’atterrir sur le sol.


« Maman ... » dis-je d’un ton plaintif.


« Cesse de te plaindre, jeune fille. Allez, lève-toi! » Termina-t-elle en refermant la porte. Coupant court à toute protestation.


Je me levai lentement, aveuglé par la lumière qui traversait ma fenêtre. C’est à ce moment là que je réalisais quelle journée nous étions aujourd’hui. Sans plus attendre, je me levai rapidement, manqua de trébucher dans ma couverture, sautillant sur place afin de me déprendre les pieds et je m’habillai prestement pour ensuite quitté ma chambre afin d’aller rejoindre ma mère au cuisine. Celle-ci était occupé à laver la vaisselle et ne sursauta pas à mon arriver. Je pris place à la table et j’entamai le savoureux bol d’une substance au couleur douteuse. Je m’amusais même à faire tomber cette mixture mi-brune, mi-blanche avec ma cuillère. Ma mère me ramena à l’ordre :


« Saika! Tu as 12 ans aujourd’hui. Il me semble que tu es assez grande pour te tenir à table. » Ajouta-t-elle prestement en déposant une assiette sur le bord du levier sans même me regarder.


Ma mère en voyait de toutes les couleurs avec moi. Même le matin, au petit déjeuner, elle savait que je faisais la moue devant des plats aux apparences douteuses. Qui ne le feraient pas, quand on ne sait pas ce qu’il y a de ce bouilli?


Ma mère lâcha le morceau de linge qu’elle utilisait pour essuyer la vaisselle et vint me rejoindre pour replacer quelques mèches de ma chevelure d’ébène. Ensuite, elle embrassa mon front avant d’ajouter tout en flattant le dessus de ma tête :


« Ma petite fille à 12 ans aujourd’hui... Bonne fête ma chérie. » Acheva-t-elle avec une sourire rempli de fierté.


Ma mère est une femme souriante et bienveillante. J’aspirais un jour à être son portrait tout craché. Douce, aimante et prenant à cœur tout ce qu’elle entreprend. J’avais peut-être que seulement douze ans mais l’idée qu’un jour j’aurais plusieurs de ses qualités, me fit sourire innocemment. Pour la plupart des enfants que je connaissais ou que je côtoyais, leur père était leur héro. Pour moi, c’est ma mère sans hésiter. Le nombre de sacrifice qu’elle avait fait pour moi ou pour nous deux, jamais je ne serais assez reconnaissante.


«  Ne me regarde pas avec ce regard. Ne t’inquiète pas, je n’ai rien dissimulé dans ton petit déjeuner. Maintenant, dépêche-toi. Tu iras réveiller maître Kaeltiir aussitôt que tu auras fini. »


Sans plus attendre, je me dépêchai a terminé mon petit déjeuner. Malgré que Kaeltiir fût le fils de notre maîtresse, je l’appréciais énormément.  Un lien profond d’amitié nous liait l’un à l’autre et nous faisions, au grand déplaisir de ma mère, les quatre-cents coups ensemble.


Dès que j’eusse terminé mon déjeuner, je quittai la cuisine pour me rendre à la chambre de mon ami Kael. Hier, je l’avais réveillé avec un verre d’eau au visage, car il m’avait ignoré, prétextant vouloir dormir encore un peu. Aujourd’hui, j’avais un autre plan en ouvrant la porte. Je m’assoyais sur le bord du lit et j’entrepris de passé ma main dans sa chevelure en disant :


« Kael ... lève-toi, c’est l’heure! » lui dis-je doucement.  


Oui, cela m’arrivait de le réveillé calmement sauf que cela ne marchait pas toujours. Pour toute réponse, j’eu droit à un seul œil ouvert et un petit grognement. Comme j’acceptais rarement ce genre de réponse, j’entamai une chanson que j’allais fredonner jusqu’à ce qu’il se lève :


« Promenons-nous, dans les bois, pendant que le Kaldrog n’y est pas. S’il y serait, il nous mangerait... »


Répétai-je pendant quelques minutes. Je savais bien que les Kaldrogs résidaient dans les îles du Nord à ce temps-ci de l’année. Mais je ne pouvais m’empêcher d’embêter Kael à son réveil, c’était plus fort que moi.

Hier, un verre d'eau avait précipité le jeune Kaeltiir hors de son lit. Saika n'était pas du genre à le réveiller calmement; impatiente comme elle était, il suffisait de quelques grognements pour savoir qu'elle passerait éventuellement au plan B: celui où absolument tout comptais; le réveil le plus brutal de votre vie.

Non pas que Kaeltiir n'en ait pas l'habitude. Quand ce n'étais pas Danzah qui venait le réveiller particulièrement tôt, c'était souvent la petite fille qui le tirait du lit à l'heure du petit déjeuner. Malgré tout, chaque fois que c'était elle qui venait le réveiller, c'était signe qu'ils pourraient passer la journée ensemble, à vagabonder au marché, se faufiler vers les quartiers riches, ou encore dans les différantes auberges près des ports. Inutile de dire que c'était souvent ces jours-lá qui apportaient cette petite joie de vivre au coeurs des deux enfants.

Ce matin n'était pas diffèrent du précedent. Saika venait de rentrer dans sa chambre, d'une énergie déjà débordante, les yeux pétillants, "C'est l'heure!". Mais une certaine paresse l'avait saisi, et le jeune garçon se roula sous ses draps, lâchant un petit grognement de protestation. L'heure... l'heure de dormir, oui. Il ne voulait pas se lever, ses yeux ne voulaient pas s'ouvrir et ce n'était pas lui qui allait les forcer à faire autrement... Or, son amie s'était maintenant mise à chanter.
Malheureusement, Kaeltiir n'avait rien contre ça, à part de boucher ses oreilles entre l'oreiller et sa main.

"... pendant que le Kaldrog n’y est pas."

Elle était plus obstinée que lui, et après quelques minutes, il se redressa sur son lit d'un air accablé; maudite chanson répétitive et monotone. La fillette le connaissait mieux qu'il l'aurait voulu, à présent.  Kaeltiir la dévisagea d'un oeil consterné, et lâcha un autre grognement plutôt comique. Les cheveux du jeune garçon se présentaient tout aussi maladroits, noirs comme la nuit. Ils rirent en unisson et Kaeltiir fit une petite place à son amie, sur son lit.

"Un jour, j'aurai un Kaldrog moi-même et tu n'oseras plus jamais rentrer en chantonnant comme ça. Et je pourrai dormir jusqu'à l'heure qu'il me plaît..."

L'odeur de la cuisine avait suivi Saika, qui avait laissé la porte ouverte; il se rendit compte de la faim de loup qui assaillait son estomac gargouillant.

"Tu as déjà mangé?"

Après avoir chanté quelques minutes la même chanson pour l’embêter, le regard que mon meilleur ami me lançait ainsi qu’un petit grognement qui était tout sauf imposant, je riais de tout cœur avec lui. Je pris place à près de lui, sur son lit. Sans hésiter, je tentais de replacer sa chevelure rebelle du matin tandis qu’il parlait qu’un jour, il allait avoir un Kaldrog à lui et que je n’allais plus oser rentrer dans sa chambre pour le réveiller. Toujours d’humeur taquine, je lui dis :


« Si tu as encore une tête pour dormir... surement. En espérant que ton Kaldrog n’a pas eu une petite faim de mouton. C’est à s’y méprendre avec ta chevelure non?  On dirait presque un... » M’arrêtai-je car je réalisais que sa chevelure n’allait pas m’obéir aujourd’hui et puis je ne voulais pas non plus le vexer.


Alors je changeais de tactique et me releva aussitôt de son lit. Je défroissai ma robe, me promena dans sa chambre de long en large et je répondis à sa dernière question :


« Oui... j’ai mangé. Ma mère insiste pour que je me lève encore plus tôt à partir d’aujourd’hui. Je crois qu’elle essai de me préparer à mes futurs occupations de domestique... même si je commence juste dans deux ans... » Avais-je dis d’un ton sérieux tout en soupirant.


* Un jour peut-être je serais libre... mais je suis contente d’avoir une bonne famille comme celle des Norvos à servir. * Pensai-je ce qui effaça mon air sérieux et fut lentement remplacer par un air espiègle. L’air remplis d’une bonne odeur nous parvenait des cuisines, le déjeuner était enfin prêt pour lui. Alors, je le pressai à se lever en lui disant :


« Lève-toi! Lève-toi! Lève-toi! Plus vite tu seras debout, plus vite tu auras mangé, plus vite on sera dehors pour aller s’amuser! Allez petit loup! Lève-toi! » Lui dis-je cette fois-ci en prenant sa main pour essayer de le sortir du lit.


Certes, une dame ne doit pas se comporter ainsi. Je suis une Torkos pas une Mésorienne. J’avais hâte qu’il sorte de son lit pour qu’on puisse partir à l’aventure... quelque part entre le port ou bien la savane sans que nos mères nous disent quoi que se soit.


« Saikaaa! » Entendis-je en ouvrant la porte afin de voir si ma mère n’y était pas justement.


« Oh! Zut! Kael, dépêche-toi! Je crois que ma mère s’impatiente. J’y vais en premier!» Dis-je à Kael tout en quittant sa chambre pour retourner voir ma mère au cuisine.


Divers bols étaient disposés sur la table. Des fruits, du fromage et surtout des crêpes. De belles grosses crêpes. Mmm je salivais juste à sentir l’odeur des crêpes. Je pris une fraise que je mangeai aussitôt malgré le regard désapprobateur de ma mère qui fini par levé les épaules et retourner au travail. Elle m’amena un verre de lait et elle en déposa un autre devant l’assiette de Kael quand celui-ci fit son entré. J’étais en train de boire mon verre de lait que je déposai ensuite devant moi tout en offrant un joli sourire invitant. *Parfait! Maintenant qu’il est debout, on va pouvoir parler des plans pour la journée. Mais je vais devoir attendre que maman ne soit plus dans la pièce. Pas un mot Saika... Pas un mot.* Pensai-je en regardant ma mère qui racontait quelque chose à Kael. Quelque chose que j’avais loupé vu que j’étais encore prise dans mes rêveries.