Fin d'été, An 1650 – Forêt d'Îleval

La vie était d'une étrangeté rare tout de même. Je venais de quitter Belhovre depuis quelques heures seulement et je me posais des tas de question. Comment pouvait-on e pas se connaître soi-même, comment pouvait-on en apprendre plus sur soi en écoutant les autres. Je venais de faire une découverte que ne ne pensais pas possible. Cette jeune femme, Tiki m'avait fait prendre conscience de tellement de chose que je me demandais comment cela était possible. Je savais pertinemment qu'on pouvait apprendre des autres ce n'était pas là le problème, mais je savais aussi que généralement ce qui nous concernait on l'apprenait par nous-même sans avoir besoin des autres. Et pourtant j'avais eu besoin d'aide pour comprendre certaines choses. Je savais que j'étais différente, mais je ne me pensais pas aussi idiote. Repenser à cette rencontre me fit sourire. Je l'enviais un peu en vérité, tout simplement parce qu'elle savait exactement qui elle était elle. Elle savait chasser, elle savait des tas de choses sur la nature et moi qu'est ce que je savais exactement ? Que je n'étais pas une vraie Okanakie et surtout que je n'étais pas plus une Mésoriane. Alors qu'est-ce que j'étais exactement ? Ce genre de question me torturait l'esprit et le cœur. Pourquoi était-il si compliqué de répondre à ce genre d'interrogation ? Un profond soupir m'échappa et je finis par regarder autour de moi.

Le décor était magnifique. Mon regard se posait sur des endroits que je n'arriverais jamais à d'écrire. Peu importait le nombre de fois que je voyageais, peu importait ce que je regardais, en vérité j'avais l'impression que chaque jour m'apporterait son lot de beauté et surtout de nouveauté. Car peut importe ou l'on regardait, chaque fois qu'on posait de nouveau un regard on se rendait compte que les détails différaient et finalement tout nous semblait nouveau à chaque fois. Je laissais échapper un nouveau sourire. C'était aussi pour cela que j'aimais voyager, découvrir les beautés d'Archipel, pouvoir se rendre compte de la magnificence des lieux que je visitais. Il y avait tellement de belles choses que j'arrivais parfois à me perdre dans leur contemplation et c'est ainsi que je me rendis compte que j'étais désormais à la lisière de la forêt. Je finis par arrêter mes pensées et finalement regarder la forêt qui s'étendait devant moi. J'avais la très nette impression que j'étais constamment entouré par de la forêt ces derniers temps. D'un autre côté je ne pouvais trouver que certaines herbes dans la forêt et celle d'Îleval devait regorger de plantes. J'avançais donc tranquillement, regardant prudemment autour de moi. Ma dernière sortie en forêt m'avait valu la rencontre avec un ours.

D'un autre côté cela avait eu pour bonus de me faire rencontrer un ours de près. Par contre la jeune femme qui était avec moi n'avait que peu apprécier ma façon d'être. Moi qui ne voulait pas la blesser, j'avais finis par lâcher une remarque sur ma nature ainsi que sur tout ceux qui me regardait à cause de cela. Je devais avouer que ce qui m'énervait le plus dans ma condition c'était bien le regard des autres. D'un côté on me considérait comme une curiosité Okanaki, de l'autre on me considérait comme une curiosité Mésoriane. Ni assez l'une, ni assez l'autre, ces deux races étaient en quelques sorte moi, sauf que je n'avais jamais l'impression d'être moi. Je me fustigeais mentalement, j'avais décidé de ne pas me poser ce genre de question et j'étais là pour regarder les plantes. Je finis donc par entrer dans la forêt et partir à la recherche des plantes que je suis venu chercher. Une fois trouvé le coin parfait, je sortis mes feuilles et commençait à prendre des notes, c'est dans ce genre de situation que je suis le plus vulnérable. Concentrée sur ce que je fais, je laisse ma concentration sur le reste du monde s'évanouir.

Toutes les plantes étaient réellement si différentes les unes des autres que je me demandais si j'arriverais, un jour, à en trouver une qui ressemblerait à une autre. Non pas que la diversité n'était pas génial, au contraire je trouvais cela réellement intriguant. Tant de mystère dans un si petit être c'était tout de même quelque chose de magique non ? Je regardais la plantes devant moi. De couleur mauve, de belles et longues feuilles verte clair et une tige quasi droite. Elle poussait dans un sol humide avec tellement de nutriment que je me demandais comment je pourrais la cultiver sur épieux. Plus le temps passait et plus je me disais qu'effectivement certaines plante n'était pas faite pour être retiré de leur milieu. Et était-ce une bonne idée de vouloir les transporter pour les avoir à portée ? En fait plus ça allait et plus je me disais que ce n'était pas réellement ça. Si la nature avait fait en sorte que cette plante ci pousse ici, ce n'était sûrement pas pour tenter de la faire pousser autre part non ? Après tout, il y avait une raison pour chaque chose sur cette terre. Même ma condition avait forcément une raison alors pourquoi me prenais-je la tête à vouloir déménager ces pauvres plantes ? Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de prendre des notes sur tout. De dessiner la plante pour finalement en prendre une en la déterrant précautionneusement et en la faisant sécher dans mon herbier. Je devrais probablement revenir car certaines plantes n'étaient pas en fleur à ce moment de l'année.

Comme tout à chacun, les plantes suivaient leur bout de chemin et évoluaient au fil des années et des siècles. Cette souche d'arbre sur laquelle j'étais assise avait été jadis un arbres magnifique et avant cela un arbrisseau et encore avant une toute petite pousse ayant besoin de soleil. La nature, ça me fascinait littéralement si bien que j'en oubliais parfois où je me trouvais et c'était ce qu'il venait de se passer. Je le compris à l'instant ou mon cœur manqua un battement et battit frénétiquement derrière pour se reprendre. Je m'en rendis compte en levant mon regard azur vers la personne qui venait de me tirer de mes rêveries en me faisant peur. Ses paroles mirent quelques instant à pénétrer la brume qui avait entouré mon cerveau pour ne rien laisser pénétrer d'autre que mon amour pour les plantes et la nature. Je finis cependant par reprendre mes esprits et réfléchir à ce qu'elle venait de dire. Un Groll ? Ce n'était pas possible, je ne pouvais pas être poisseuse à ce point là tout de même ? Et pourtant visiblement, la jeune femme ne semblait pas être ici pour rigoler. D'ailleurs sa façon d'être et son arme me rappelait quelqu'un. Je cherchais dans ma mémoire jusqu'à ce que je me rende compte que j'avais quitté il y avait peu de temps la personne à qui elle me faisait penser. Tiki !

« Étrange comme à chaque fois que je me promène dans une forêt pour y prendre des notes je finis inexorablement par tomber sur quelqu'un et qu'ensuite la situation s'envenime. »

Je me souvenais parfaitement de Tiki, de cet ours et de cette malencontreuse blessure qui nous avait finalement obligé à fuir et je me rappelais aussi de cette discussion qui avait fait remonter à la surface mes doutes les plus présents. J'avais parler d'une voix froide et sans aucune émotion, pourtant dans ma tête cette phrase avait une connotation comique que la jeune femme en face de moi ne parviendrait pas à comprendre. Elle n'avait pas vécu la situation qui m'avait obligé à sauter d'arbre en arbre pour parvenir à nous sauver et à faire des révélations qui ne m'était pas coutumière. J'avais la très nette impression d'avoir un peu trop changer depuis la rencontre avec Flavien le troubadour. À croire que ces révélations m'avaient fait prendre conscience de quelque chose sans pouvoir pour autant mettre le doigt dessus. Je finis par laisser tomber mes réflexions. Finis ma phrase et finalement prit un échantillon que je rangeais précautionneusement dans mon sac pour consigner le tout dans un de mes livres resté à la maison. J'avais entrepris ce tour d'archipel pour en apprendre plus sur les plantes, pour mettre plus de données et enfin voir ce que je pouvais concrètement faire en dehors de les utiliser comme remède ou comme poison.

« C'est aimable à vous de m'avoir prévenue. Peu s'en serait donné la peine. Merci ! »

Ma voix n'avait pas changer, mais je ne voulais pas réitérer la rencontre avec Tiki. J'avais été bien assez bavarde et cette situation ressemblait bien trop à l'autre. Cependant mon regard s'arrêta sur l'arc puis sur ce que transportait la demoiselle et je ne pus m'empêcher de poser une question, ne connaissant pas réellement les chasseurs Okanaki car visiblement elle était l'une d'entre eux.

« Un Groll ne serait pas bon pour votre collection ? »

J'avais dit cette question d'une manière un peu moins glacial et j'espérais qu'elle comprendrait que c'était vraie question, pas une phrase pour se moquer d'elle. Je la regardais tranquillement et une fois mes affaires rangés, ma besace sur correctement mise, reprit la route sans attendre de réelles réponses. Si nous devions bouger autant le faire vite, même si j'étais persuadé qu'elle ne me suivrait pas, pour qu'elle raison l'aurait-elle fait ? En tout cas, j'allais encore devoir me trouver un autre coin, à croire que chaque bon coin pour observer les plantes avait un signal d'alarme faisant venir les pires bêtes sauvages qui soit.

L'amabilité, un concept que j'avais du mal à assimiler ces derniers temps. La dernière fois ça avait été avec Tiki, lorsque j'avais finalement laissé tombé ce ton froid et glacial qui était le mien depuis un certain temps désormais. Cependant je n'arrivais pas à rester longtemps ainsi. En fait, je ne comprenais pas réellement comment je faisais pour être aussi distante sachant comment j'étais habituellement avec les gens qui me connaissait. La peur pouvait réellement vous faire faire des choses et rendre votre caractère peu aimable. Mais il n'y avait pas que cela, je ne savais parfaitement. J'avais décidé il y a longtemps que ce serait ainsi, pour éviter de blesser ceux que je rencontrais, pour éviter que toute mon existence ne soit faite que de déception j'avais décidé moi même de me construire cette barrière de glace. Est-ce que je m'en voulais aujourd'hui ? Oui, parce qu'en fait, je blessais bien plus de gens par mon attitude que si je les laissais me voir tel que j'étais. Un grand soupir s'échappa de mes lèvres et au même moment, la jeune femme vint vers moi. Sa phrase me fit sourire intérieurement et finalement plus ça allait et plus je me disais qu'elle ressemblait à Tiki. Et comme précédemment je devais remettre les choses à leur place, expliquer concrètement ma pensée.

« Tu ne me casse pas les pieds. »

J'avais réussis à laissé tombé un peu le côté froid et glacial de mes réponses. En fait il allait falloir que j'arrive à travailler là dessus, sinon je n'arrivais jamais à rien dans la vie. Car je pouvais le voir maintenant, je pouvais le comprendre, ce n'était pas avec cette attitude et cette façon de parler que les choses s'arrangeraient. Pour les personnes qui n'étaient pas très émotives, elles se ficheraient éperdument de ce que je pourrais dire ou avec quelle intonation je pouvais le dire. Pour les autres, plus émotives, elles verraient là une façon de les repousser rapidement et je les blesserais aussi certainement que je ne voulais pas le faire. La vie était compliqué, parfois trop à mon goût, mais je me devais quoi qu'il arrive de change. Pour ma vie, pour ma famille, pour mes connaissances, il serait temps pour moi de grandir et de me rendre compte que ce genre d'attitude n'était sûrement pas la bonne à adopter. Je doutais fortement de pouvoir jouer sur mon visage. Au premier abord, ces yeux bleus resteraient probablement froid, mais au moins je pourrais parler correctement sans donner constamment aux autres l'impression qu'il m'énervaient dés qu'ils ouvraient la bouche. Nous marchions donc tranquillement lorsque la deuxième question survint. Je me demandais d'ailleurs si c'était en rapport avec ma question de tout à l'heure qui étai soit dit en passant une vraie question.

« Non, je n'en ai jamais vu de ma vie. Généralement quand je vais en forêt j'arrive à éviter les gros animaux qui tente de me réduire en charpie, enfin même les petits j'arrive à les éviter. Peut-être parce que j'ai de la chance. Mais non je ne sais pas du tout ce qu'est un Groll. »

Ma voix était un peu plus chaleureuse. Pas encore à son apogée, mais j'arrivais à me détendre assez pour que je paraisse moins sauvage et brute. Parfois je me demandais ce que cela aurait donné si j'avais été trouvé et élevé par des Torkos et non un Mésorian, je laissais tomber cette idée aussi rapidement qu'elle était venue. J'avais déjà assez de mal à me faire à cette double nationalité sans pour autant rajouter d'autre idée farfelues. En revenant dans le présent, je remarquais que je n'étais pas non plus très doué pour animer des conversations. C'était compliqué et comme je restais le plus souvent en dehors de tout, j'étais entrain de me dire qu'il allait falloir que je change beaucoup de chose. Beaucoup trop de chose peut-être. Bah avec le temps j'arriverais aisément à travailler sur moi-même, il n'était probablement pas trop tard pour faire une petit introspection de celle que j'étais et de ce que je pouvais faire pour m'améliorer, cependant rien qu'en y pensant je trouvais la liste déjà longue. Une autre phrase de mon interlocutrice me fit sortir la tête de mes pensées et finalement je sortais tranquillement le livre tout de cuir relié qui me servait à conserver mes dessins ainsi que mes annotations. Je l'ouvris à la page ou je m'étais arrêtée. Merci les marqueurs de page et lui tendit tout en expliquant.

« J'étudie les plantes d'Archipel. Je suis herboriste de profession et je voyage pour voir les plantes. Celle qu'on connait bien entendu pourvoir leur habitat, connaître le façon de grandir, les observer et les dessiner. »

Je lui montrais quelque dessins. Je n'étais pas aussi doué qu'un artiste, mais lorsqu'il s'agissait des plantes, je me débrouillais assez bien.

« J'étudie aussi toute nouvelles plantes que je ne connais pas et pour ces plantes là je prends deux échantillons et prenant bien soin de laisser les racines pour d'une d'entre elle, histoire qu'elle repousse par la suite. L'autre je prends la plante et les racines pour pouvoir l'étudier plus en avant ? C'est pour cela que je prends pas mal de temps et que par moment, je suis tellement concentré que je n'entends plus rien. »

Un mince sourire s'étira sur mes lèvres. J'avais tendance à être plus joviale et a laisser mon côté froid de côté lorsque je parlais de plantes. À croire qu'il fallait qu'on me parle d'un sujet qui me passionnait pour que je soit réellement la fille que j'étais. Finalement je regardais tranquillement la jeune femme à mes côtés, on ne pouvait pas douter de sa nature d'Okanakie mais je me demandais bien quel âge elle avait et pourquoi elle paraissait encore plus solitaire que moi. Finalement je me dis que ce n'était probablement pas une bonne idée de lancer ce sujet de conversation de but en blanc, surtout que je n'avais pas envie qu'on me pose des questions sur mon passé et ma vie. Alors je m’abstins et finalement reprit la parole.

« Et toi alors que faisais-tu dans les bois ? »

Je m'arrêtais un instant et finalement repris quelque secondes plus tard.

« Enfin j'ai bien vu que tu étais une chasseuse mais je me demandais ce qu'on pouvait chasser dans ces bois. »

Je me tournais vers elle et lui sourit discrètement. J'étais réellement intéressé même si ma façon de parler pouvait penser le contraire.

La route se poursuivait tranquillement et sans prise de tête. Je me demandais comment elle allait prendre mon changement de comportement. Je devais avouer que c'était tout ou rien. Après tout, je m'étais montré froide sans réellement de méchanceté mais tout de même. Et finalement alors qu'on parlait de ma passion j'avais su montré ma façon d'être originel. Celle que mon père et mes grand-parents voyaient tout le temps, celle que j'avais avec les jeunes enfants. Je devais avouer que ça allait probablement la rendre perplexe, mais de toute façon j'étais ainsi. Je ne pouvais pas être autrement. Je savais qu'il fallait que je change de façon d'être et de faire, seulement voilà, je ne pouvais pas faire cela du jour au lendemain. Surtout que c'était Tiki qui m'avait fait comprendre cela. Et je ne l'avais quitté qu'une journée auparavant. Je secouais doucement la tête pour revenir dans le présent. Inutile de penser à cela maintenant, il n'y avait pas de bonne façon de présenter les choses. J'étais étrange et cela n'allait pas changer du jour au lendemain. Je finis donc par reporter mon attention sur la jeune fille qui venait de reprendre la parole. Lorsque je la vis mimer la taille du Groll en même temps que les explications je ne pu que sourire. Effectivement par rapport à notre taille cet animal devait réellement être immense.

« Pour les gens de notre taille, effectivement ce dois être un monstre, mais pour les Mésorians je doute qu'ils le perçoivent aussi grand tu ne pense pas ? »

Il ne s'agissait là que d'une question pas du tout d'une affirmation. Je me demandais bien comment elle percevait les Mésorians. Pas que cela me dérangeait après tout je n'en étais pas réellement une, mais surtout parce que je n'avais pas envie de m'énerver de nouveau comme je l'avais fait avec Tiki. Il était tout de même assez rare que je m'énerver sachant que d'ordinaire j'étais quelqu'un de calme, mais ces derniers temps avec tout ce qui me trottait dans la tête, avec toute les questions et les remise en questions, je n'arrivais plus à faire correctement la part des choses et je réagissais assez mal lorsqu'on me faisait remarqué les petits détails. À fleur de peau ? Peut-être mais c'était tellement plus compliqué que cela que je ne savais pas si un jour j'arriverais à le faire comprendre, à me le faire comprendre. Je soupirais intérieurement et finalement reprenais le fil de la conversation lorsque la jeune femme reparla du Groll. La description qu'elle en faisait, faisait froid dans le dos. Loin de moi l'idée d'être une trouillarde mais m'imaginer tel un rondin de bois dans les pattes de la créature et me voir casser en deux sans qu'il force me donnait une vague impression de nausée. J'avais réellement l'impression de le voir faire et l'imagine n'était que peu ragoutante.

Lorsqu'elle parla de sa couleur bleue-verte, j'essayais de m'imaginer ce que cela pouvait donner. Bien évidemment sans réellement l'avoir vu que je ne pouvais pas savoir ce que cela donnait mais j'avais une bonne image de la bête là. Hyper grande, bleue-verte, tel un troll avec une tête couverte de verrues. Bref ma vision des choses n'était peut-être pas loin, mais rien n'était aussi loin de la vérité que ce genre de chose. J'avais toujours tendance à m'imaginer des tas de choses c'était aussi pour cela que mes dessins bien que réaliste pouvaient prendre parfois des tournures assez étranges. Je laissais filer cette information et finalement me reconcentra une fois de plus dans la conversation. C'était réellement impressionnant la façon que j'avais que de partir dans mes pensées comme ça à la première occasion. Je remarquais après coup qu'elle parlait d'elle, qu'elle répondait à ma question. Plus de clan ? Pourtant d'après ce que j'avais pu comprendre de Tiki c'était quelque chose d'important pour les Okanakis. Je la laissais poursuivre tranquillement. Ah ça je pouvais aisément la comprendre se fâché avec un autre clan j'avais faillis moi aussi.

« Ahh je peux te comprendre. Récemment j'ai moi-même faillit me fâché avec des chasseurs d'un clan parce que j'allais chercher des herbes sur leur territoire à ce qu'il paraît. Je ne comprends pas trop ce genre d'appartenance mais bon. En tout cas, j'espère que tu trouveras un endroit sympa. »

Je laissais tranquillement ma phrase et finalement la suivante qu'elle me dit et le ton amusé qu'elle prit fit naître un sourire sur mes lèvres.

« Mouais, j'en doute quand même un peu. Je sais que certaines personnes ne sont pas des chasseurs et peuvent bien entendu porter des armes. J'en porte moi-même, mais je ne suis pas certaine qu'une potière ait réellement besoin de venir en forêt pour exercer son métier. Enfin après je ne sais pas trop. »

Il était vrai que je manquais cruellement d'information sur ce genre de chose et je savais que ce que je m'apprêtais à dire n'allait probablement pas aider à la conversation, mais je me posais tout de même la question.

« Dit moi, je pense que c'est indiscret mais pourquoi n'as tu pas de clan ? J'avais cru comprendre que c'était important pour les Okanakis d'appartenir à un clan. »

J'attendais réellement une réponse, parce que cela voulait probablement dire que peu importe que je sois d'une famille Mésoriane, peu importe le fait que je n'avais pas de clan, je pouvais effectivement répondre à quelqu'une de mes interrogations et je n'étais peut-être pas si différente. Peut-être arriverais-je un jour à concilier les deux parties de moi qui faisait un tout. On ne savait jamais, mais pour cela j'allais avoir besoin de comprendre la vie des Okanakis et ça, ce n'était pas quelque chose de simple surtout que visiblement, tout changeait selon le clan. Peut-être était-il temps aussi que j'aille voir sur îleglace, que je rencontre le clan de ma mère. Oui, il faudrait que j'aille voir cela, pour comprendre, pour apprendre, pour évoluer j'allais avoir besoin de beaucoup de chose.

Cette femme était étrange, comme si elle n’était pas consciente d’un quelconque danger. Sa remarque sur le fait d’un Groll devait paraître moins imposant à un mésorian la laissa doublement perplexe. Déjà elle n’avait jamais vu, au grand jamais, quelqu’un rester aussi calme et détaché quand on lui annonçait qu’il était sur le territoire d’une créature faisant deux fois sa taille et très dangereuse.
Ensuite le fait qu’elle parle des mésorians de cette manière voulait potentiellement dire qu’elle n’en faisait pas parti. Ce qui voudrait dire que c’est sa taille qui définissait ce qu’elle pouvait être. Mais dans quelles circonstances une okanakie pouvait-elle se comporter comme une mésorianne ?

Mais elle parlait également des Okanankis comme si elle n’en faisait pas parti.

« Sans clan, seul la survie est une occupation à plein temps, donc quel que soit … »

Kenaï interrompit sa phrase elle avait entendu un bruit de branche qu’on secoue. Il était peut être là. Après quelque instants de silence elle se rendit compte que s’était beaucoup trop près si il avait été à cette distance elles auraient très bien vu le Groll et lui aussi les auraient bien vues.

« On doit être loin de lui maintenant, mais il vaut mieux rester prudent. »

La jeune chasseresse se demanda si elle devait vraiment lui répondre à la question de son interlocutrice concertant le clan qu’elle avait quitté. Elle commençait seulement à se faire au fait que ce n’était plus son clan.
Elle laissa planer un bref moment de silence avant de finalement rouvrit le bouche.

« J’ai eu une divergence d’opinion très importante avec le reste du clan. J’ai préféré partir pour éviter de mettre en danger l’équilibre du clan. »

Mais également pour éviter un bannissement dans les règles de l’art avec le tatouage et tout le reste qui aurait pu la stigmatisé si un jour lui prenait l’envie de s’intégré à un nouveau clan.
Pour le moment elle ne se sentait pas encore prête à revivre au sein d’une communauté.
Elle ne voulait pas encire plus, il fallait donc changer de sujet. La remarque de son interlocutrice et la perplexité qui en découlait lui revint alors à l’esprit.

« Tu n’as pas peur d’une bête qui fait deux fois ta taille et qui pourrait te briser les os avec un simple gifle ?! ».

Le temps est parfois un allié précieux et d'autre fois un ennemi paresseux. Je regardais un peu partout autour de moi, cherchant des plantes que je n'aurais pas encore remarqué, cherchant de nouvelle chose à reconnaître. La connaissance était pour moi un nectar de chaque jour et je devais avouer que j'aimais réellement en apprendre surtout et tout et rien en même temps. J'attendais donc patiemment qu'elle me réponde. Certes, ma façon de parler et d'être détaché pouvait être prise pour de la condescendance, mais ce n'était pas cela. Je me demandais réellement comment un Mésorian percevait les créature que nous trouvions immense. Quand je voyais mon père dépasser les deux mètres, j'imaginais qu'une créature un tout petit peu plus grande que lui ne pouvait pas lui paraître aussi grande qu'à moi. Seulement mes questions n'était peut-être pas légitime et la jeune femme devait se poser des questions, comme avec Tiki, au départ on me voyait comme une Mésoriane, mais là, je venais clairement de démontrer en une seule phrase que je n'en étais pas une. Comment voyait-elle la situation. Je n'eus pas réellement le temps de me poser la question qu'elle reprenait la parole.

Sa voix semblait un peu lointaine et sa phrase interrompu me ramener au présent comme si j'étais déjà partit bien loin comme d'habitude. La survie, je n'avais jamais eu à me soucier de cela. Je n'avais eu qu'à vivre tranquillement, à apprendre un métier. Je venais seulement de remarquer cela, que ma vie n'avait pas été compliqué, que je ne comprenais pas réellement la vie des Okanakis au même titre que je ne comprenais pas plus la vie des Mésorians. Je m'étais enfermé dans le fait d'être une entre-deux et donc de ne jamais trop savoir qui j'étais, mais en fait c'était plus compliqué que cela et je n'avais jamais essayé de comprendre les uns et les autres. Une attitude égoïste dont je ne comprenais le sens que maintenant. Comment n'avais-je pa pu faire attention aux autres et moi qui lui demandait si ce n'était pas indiscret de savoir pourquoi elle n'avait pas de clan. J'étais une idiote pas seulement parce que je disais des choses sans pensées aux autres mais aussi parce que je disais des choses sans réellement connaître les tenants et les aboutissant. J'allais m'excuser lorsqu'elle reprit la parole.

Être loin ? Ahh oui le Groll je m'étais une fois de plus perdu dans mes pensées, heureusement qu'on avait pas besoin de mon aide immédiate. Je regardais autour de moi et je compris ce qu'elle voulait dire. Pas de trace de cette bête bleu-verte qu'elle m'avait décrite, je devais supposer que c'était une bonne chose, nous nous étions assez éloigné. J'allais donc pouvoir m'excusez, cependant elle prit une nouvelle fois la parole, me parlant vaguement de ce qui avait conduit sa décision de s'en aller. Il y avait des tas de personnes qui avait des soucis et je me plaignais du simple fait que je ne me sentais ni réellement Okanakie, ni vraiment Mésoriane. Une bête curieuse entre deux eaux. Je le regardais tranquillement et avant qu'elle ne puisse reprendre la parole, je me mis à parler à mon tour.

« Excuse moi. Parfois je dis les choses comme elle me vienne et je ne pense pas à ce qu'il pourrait se passer dans la tête des autres. Je peux parfaitement comprendre que ma question a fait naître un malaise et j'en suis profondément désolé. »

Je finit par reprendre ma recherche de plante, ne sachant pas quoi dire d'autre. Mais ce fut une nouvelle fois elle qui reprit la parole, me demandant si je n'avais pas peur d'une bête de deux fois ma taille qui pouvait me tuer d'un coup. Je devais au moins répondre à cette question, parce qu'il était vrai que mon attitude pouvait penser que je n'avais pas peur, mais en vérité c'était tout le contraire.

« En fait, pour être tout à fait honnête, si j'ai très peur de ce genre de bête sachant qu'elle pourrait me briser en un rien de temps. Mais on m'a appris à faire bonne figure ou alors je me le suis imposé. Parce que j'espérais que je serais quelqu'un, je me suis efforcé de caché ce que je ressentais. Un sourire, un regard rieur, ou alors un visage froid et un regard glacé, voilà ce que je suis capable de montrer désormais. »

Un faible sourire passa sur mes lèvres alors que je la regardais tranquillement. Mon regard n'avait pas changé, toujours glacial, mais je n'arrivais pas à me comporter autrement.

« Je suis vraiment navré si je peux paraître étrange, parfois joyeuse, d'autre fois terne et froide, mais j'ai passé toute ma vie à me cacher et à ne rien changer que je n'arrive pas à réellement changé. Je ne suis pas ce qu'on pourrait une personne normale. »

Par là j'entendais bien entendu mon statut d'entre-deux mais ça je ne pouvais pas l'expliquer de but en blanc, parce que quoi qu'il arrivait, elle avait déjà probablement remarqué qu'il y avait quelque chose d'étrange chez moi.

Kenaï s’apprêtait à répondre que finalement ce n’était pas grave, qu’elle ne pouvait pas savoir, ou encore que la curiosité était un bien vilain défaut mais qu’elle-même l’avait donc elle serait mal placer pour s’offusquer de cela.
On ne changeait pas radicalement du jour au lendemain. La chasseresse avait déjà beaucoup évolué pendant le temps qu’elle avait passé à vivre seule. Elle était devenue bien plus méfiante, mais foncièrement elle était toujours quelqu’un de pas féroce.

Cependant, elle n’en eu pas le temps, un nouveau bruissement comme un animal se sauvant se fit entendre, mais cette fois une fuit suivit d’un grondement n’annonçant rien de bon. Des bruit de pas lourds et rapide pris la suite, ils se rapprochaient, ils se rapprochaient dangereusement. Les deux jeunes filles purent apercevoir, se dessinant entre les arbres, une masse bleu verte se dirigeant vers elles.

Le groll les avait trouvées.

« Pour les excuses en verra plus tard, cours ! »

Elles ne purent faire que quelque pas avant qu’il soit sur elles, elles avaient réagi trop tard. La créature se redressa sur ses jambes les dominant de toute sa hauteur. On sentait qu’il était puissant, qu’il avait beaucoup de force, ses muscles saillaient sous sa peau colorée, un peu comme ceux d’un Torkos, mais un Torkos plus grand qu’un mésorian et surtout un Torkos qui ne leur voulait pas du bien.

Le chasseresse eu un moment de panique qui la paralysa, cela ne dura qu’un instant à peine quelques seconda mais cela suffit. Elle réagit un peu tard au geste pourtant peu adroit de la créature Il avait avancé son bras pour l’attraper mais il réussit seulement à agripper le bras de Kenaï. L’épaule de la jeune fille produisit le son caractéristique d’une articulation qu’on déboîte.
Le Groll tirait déjà la chasseresse à lui. Elle ne voulait pas savoir ce qu’il allait lui faire il fallait réagir vite !
Avec son bras libre la jeune fille aux cheveux sombre attrapa une de ses tholocoks qu’elle gardait à sa large ceinture et le planta dans la main qui la retenait. La créature poussa une sorte de grognement de douleur et lâcha sa prise pour regarder son membre meurtri avec un air bête.

Kenaï en tomba à terre.

Le temps semblait s'allonger au fur et à mesure que nous ''discutions''. Enfin je ne savais pas si on pouvait nommer cela une discussion, mais cette jeune femme méritait d'être connu. Elle avait l'air de quelqu'un de sympathique. Qui après tout ce serait donné la peine de la prévenir alors qu'elle courait un grave danger. Et puis discuter avec elle n'était pas toujours facile. Constamment à se poser des questions, à chercher des réponses, à avoir des réflexions toutes plus différentes les unes des autres mais tournant toujours autour du même sujet. Quelque chose clochait chez moi j'en avais bien conscience mais je n'arrivais pas à avancer et penser à autre chose. Trop ancré dans mon passé, dans des questions que je ne comprenais pas et dont je ne voyais pas le bout je perdais l'essentiel. Vivre pour ce que j'étais. Je le compris lorsque j'entendis un bruissement. Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Le Groll dont elle avait parlé n'était quand même pas tout proche si ? Je tentais de regarder dans la direction des bruits, avec une certaine appréhension. Si je savais me battre, je n'étais pas non plus une grande combattante et ce que je voyais arriver devant mes yeux n'avait rien de bien.

J'entendis à peine la jeune femme me dire de courir tant le bruts des pas lourds de la bête résonnaient encore dans ma tête. Je le voyait se rapprocher inexorablement et finalement mon cerveau se remit à fonctionner et je parvins à prendre la fuite, cependant nous n'avions pas été assez rapide. Réellement pas. La suite des événements me laissa un instant pantoise. La bête puissante venait d'avancer son bras vers la jeune chasseresse. Son temps de réaction devait être aussi bon que le mien car elle ne réussit pas totalement à l'esquiver et voilà que désormais l'horrible craquement que j'entendais signifiait qu'elle avait soit quelque chose de cassé, soit quelque chose de déboîté. Et moi qu'est-ce que je faisais là ? J'attendais comme une gourde, regardant la situation comme si tout cela ne me concernait pas. Sauf que ça me concernait tout autant qu'elle. Après tout, si je ne l'avais pas déconcentrée, elle n'en serait pas là et ne serait probablement pas blessé. J'eus à peine le temps de me ressaisir que l'animal emmenait déjà la jeune fille. Il pouvait toujours rêver. Alors que je laissais ma peur de côté, je m'élançais vers lui enfin pas tout à fait vers lui.

Les arbres non loin de là me permettrait de sauter sur lui. J'avais l'habitude de grimper et j'avais bien échappé à un ours en montant aux arbres alors je pourrais certainement faire en sorte de pouvoir monter et sauter sur le dos d'une créature monstrueusement grande comparée à moi. Sans se soucier du reste, je grimpais aussi rapidement que je savais le faire. Une fois sur une haute branche, je me jetais sur la nuque de la créature au même moment ou la jeune femme planta visiblement quelque chose dans la main du Groll qui la laissa tombé et regarda sa main meurtrie comme un idiot. C'est ce moment là que je choisis pour tenter quelque chose. Je n'étais pas certaine que ça change grand chose mais quitte à mourir pour quelque chose autant mourir pour une bonne cause et sauver la vie de quelqu'un non ? Je sortis alors mes dagues, aussi longue que mes bras et qui me permettait de me défendre en cas de besoin. Je plantais les deux dagues en même temps au niveau du cou et tenta un mouvement de ciseau pour sectionner les vaisseaux. Je doutais que mes dagues puissent sectionner autre chose.

La bête grogna sous la douleur, mais je ne sus pas si j'avais réussis ou pas. Elle m'attrapa me faisant lâcher ma prise et me lança contre un arbre. J'étais sûre de quelque chose. Je doutais cette fois-ci de rentrer chez moi.

Le temps que la chasseresse se relève, la jeune fille qui l’accompagnait commençait déjà à grimper à un arbre. Qu’allait-elle bien pouvoir faire ?!
Cependant elle ne s’interrogea pas longtemps, le Groll essaya de l’attraper à nouveau. Dans une geste souple et vif elle esquiva la grosse main maladroite qui fondait vers elle.

De son côté la jeune fille aux cheveux claires avait sauté sur la créature et planter deux dague dans son cou. La bête avait hurlé de douleur et avait projeté la frêle demoiselle contre un arbre. A vitesse avec laquelle elle avait percuté le tronc ne laissait pas de doute sur le fait qu’elle avait dut le sentir passer, s’était peu dire.

Kenaï se précipita pour la porter et l’amener loin du danger. Si elle avait gardé son calme elle aurait pu esquiver, elle aurait pu mieux attaquer, elle ne serait pas avec un bras inutile et son acolyte ne serait pas en traine de déguster contre un arbre. S’était un peu sa faute, si elle l’avait laissé partir dans sa direction peut-être qu’elle ne l’aurait pas croisé, vu que visiblement il était sur les talons de la chasseresse depuis un petit moment. Elle l’avait précipité dans cette situation …
Le Groll lui en avait décidé autrement. Le sang qui coulait des plaies béantes de son cou indiquait qu’il n’en avait plus longtemps à vivre ce n’était qu’une question de minute, voire de secondes.

La chasseresse ne put pas finir son mouvement que la masse bleu verte s’abattit sur elle. Elle ne s’abbati pas complètement sur la jeune fille, elle avait une partie du buste et ses bras libre. Tant bien que mal elle réussit à s’extirper de son le Groll. Sa jambe droite la lançait affreusement et ses côtes étaient également douloureuses.

Elle se traîna tant quelle pu vers la jeune fille qui avait pris l’arbre.

« Hey reste avec moi ! »

Elle la secoua pour être sûr qu’elle était encore un peu consciente.

« T’as mal où ? »

La chute fut rude et je sentis mes os se briser l'un après l'autre. On m'a toujours dit qu'on ne voit pas arriver sa mort et pourtant moi je la voyais nettement arriver. J'avais de plus en plus de mal à respirer, mon corps n'étaient qu'un amas de souffrance, peu importe d'où je regardais, peut importe ce que je tentais de ressentir, la douleur ou le vide me répondait. Petit à petit ma conscience s'éteignait. J'eus tout juste le temps de voir le Groll tombé sur la jeune femme. Un vague sursaut me submergea, j'avais totalement oublié qu'elle était en dessous allait-elle bien ? Je ne savais pas et je n'étais pas certaine de le savoir. On nous disait aussi souvent que lorsqu'on meurt, on voit nos actions passer devant nos yeux. Je vous assure que ce n'est pas réellement vrai. Je ne voyais rien d'autre que ce sur quoi mes yeux se posait. Mes cheveux étaient poisseux, je sentais le sang dégouliner le long de mon visage. Je m'étais probablement ouvert le crâne. La preuve en était au moins faite, jouer avec un Groll n'était pas une bonne idée. Il y avait bien trop de casse pour ce que cela rapportait. Je tentais de sourire, mais une toux roque sortit de ma gorge. Du sang en sortit avec, visiblement mes organes internes en avaient prit un coup aux aussi. De toute façon je n'avais jamais réellement espéré m'en sortir. Du moment ou j'avais vu la bête, du moment ou j'étais monté à cet arbre, je savais que je ne m'en sortirais pas vivante. Comment ? Une intuition. Que pouvait-faire une Okanakie bien frêle face à ce genre de bête. Certes, j'avais réussis à sectionner assez de vaisseaux pour le faire mourir, mais à quel prix.

Je me perdais de plus en plus dans mes pensées, l'inconscient venait me chercher c'était certain. Le monde m'entourant s'évaporait au fur et à mesure. Je voyais une masse arriver vers moi. Ce fut sa voix qui me sortie de ma rêverie plus que le fait qu'elle me secoue. Elle était blessé, mais rien d'irréparable. Pas comme moi. Je ne sentais plus mes jambes, ma colonne était probablement sectionné et vu mes poumon, je devais avoir quelques côtes fracturés qui avait probablement percé un poumon, voir les deux. Sous mon ventre gonflait quelque chose qui ne prévoyait rien de bon. L'herboriste en moi le savait, pour moi tout était perdu, mais pour elle tout restait encore à faire. Je compris alors sa phrase après coup. Mal où ? Pouvait-on dire partout. Elle devait bien voir que tout était quasiment terminé. Les dernières minutes étaient les pires finalement, quand on se voyait mourir, quand on se disait qu'on aurait pu faire autre chose de sa vie, je m'étais ennuyé avec toute ses questions alors que j'aurais pu voir tant de chose. J'aurais eu envie de le faire. C'est étrange qu'on ne s'en rende compte que lorsque tout est finis en vérité. Je laissais tomber mes regrets, je laissais tout tomber pour me concentrer sur ce que j'allais dire. Il fallait que je lui demande, j'aimerais réellement qu'elle le fasse. Je touchais avec du mal ma sacoche et finalement je réussis à émettre un son.

« ...Père... »

Une quinte de toux mêlé de sang me fit arrêter, mais je devais continuer, j'avais envie que quelqu'un le prévienne, qu'il ne cherche pas ma trace, qu'il ne pense pas que j'ai décidé de l’abandonner.

« … Elesiel... Epieux... Prévenir... »

Une nouvelle quinte de toux.

« S'il te plaît. »

Je ne pouvais rien dire de plus, mon souffle s'amenuisait, je sentais que tout ralentissait. Ma vision perdait de sa clarté, le noir assombrissait mon univers. Que pouvais-je faire de plus ? Il était temps de tout laisser tomber, il était temps de passer à autre chose. Et pourtant mes pensées se tournèrent vers une seule personne.

**Pardon papa, pardon de ne pas avoir agi comme je l'aurais dû. Pardon de te laisser seul, je suis désolé, j'aurais tant aimé que tout soit différent. S'il te plaît pardonne moi. J'espère que tu pourras reconstruire une vie que tu aurais dû avoir. J'espère que tout te sourira. Je t'ai tant aimé, tous et je vous remercie pour cette vie que vous m'avez donné et qui était hors du commun. Je t'aime Papa, ne l'oublie jamais. Même si tu ne peux pas m'entendre, même si je ne peux pas te le dire j'espère que ses pensées t'atteindront. Qu'Hygérie te protège.**

Le noir se faisait de plus en plus présent. Un sourire émergea sur mon visage en direction de la jeune fille. Ma main s'approcha de la sienne et la toucha doucement.

« … Merci... »

Ce fut le dernier mot que je prononçais. Je la remerciais pour être resté près de moi, je la remerciais pour tout ceux que je n'avais pas remercier. Je repensais rapidement à Tiki en espérant qu'elle s'en sortirais mieux que moi et puis, une louve se matérialisa devant moi, elle me toucha de son museau et la douleur disparut. Je me levais tranquillement, les entraves corporelles effacées. Je venais enfin de comprendre où étais ma place, dommage que j'avais dû donner ma vie pour avoir une réponse à mes questions. Je laissais derrière moi tout ce que je connaissais, alors que mon souffle s'était éteint, alors que ma conscience ne réfléchissait plus, je voyageais déjà vers un autre monde.