L'entourage d'Habeth est étonnamment diversifié en raison de son statut de diplomate, seulement cela peut porter à confusion et il est important de le séparer en deux catégories : les proches et les contacts professionnels. On pourrait également rajouter une caste pour les "prétendants éplorés" mais la jeune femme se contente de ne pas y penser.

La famille d'Habeth se compose essentiellement de garçons et d'hommes. Il y a tout d'abord son père, Bravelin Hurlevent, qui a eu une fille (Habeth) issue de son premier mariage avec Haerësis. De son second mariage (l'épouse s'appelle Istovie), après la mort de sa première femme, Bravelin a eu deux fils. Les garçons se nomment Narion et Narath.

Les petits frères d'Habeth ne sont âgés que d'une petite dizaine d'années, et elle se fiche royalement d'eux et de ce qu'ils peuvent bien faire. Leur naissance l'empêche juste d'hériter du domaine et des richesses paternelles, ce qui fait qu'elle ne les tient pas en grande estime. Entretenant une très mauvaise relation avec sa belle-mère (pour être honnête, les deux femmes se détestent cordialement, l'une jugeant l'autre trop prétentieuse et l'autre jugeant l'une manipulatrice), Habeth a grandi entourée de garçons. En l'empêchant de sortir de la maison, croyant la santé de sa fille fragile, Bravelin l'a empêchée de se faire des amies à l'extérieur. Les rares fillettes qui appréciaient autrefois sa compagnie ont fini par se lasser et ont cessé de lui rendre visite. Il ne restait plus alors que les domestiques, mais se retrouver écartée de toute vie sociale a rendu Habeth hostile. Elle considère les domestiques comme ses inférieures et leur aboie des ordres sans même leur dire bonjour ou s'enquérir de leur santé comme son père lui a pourtant appris à le faire.

Hormis cela, la seule personne avec qui elle parle régulièrement est peut-être son esclave personnel, Häagen Arker. Tous deux entretiennent une relation bizarre, elle lui donnant toujours plus de tâches ingrates à effectuer, lui se pliant à ses exigences tout en marmonnant suffisamment fort pour qu'elle puisse entendre. Au fond, Habeth aime beaucoup Häagen, le considérant presque comme le seul véritable ami qu'il lui reste, mais elle est bien trop fière pour le lui avouer. Le secret de leur relation réside peut-être dans le fait que ni l'un ni l'autre ne tente de se cacher leur véritable nature. En compagnie du jeune homme, Habeth peut être elle-même, ronchonner autant qu'elle le veut, se plaindre, médire sur le dos des gens, cela lui est égal. C'est la seule personne avec qui elle peut être elle-même. [A compléter]

 

Alors qu'elle n'avait que sept ans, une violente épidémie secoua la région d'Opale. De nombreux voisins attrapèrent le mal, qui se propageait à une vitesse inquiétante, n'épargnant pas le domaine des Hurlevent. Ainsi, Habeth et sa mère Haerësis tombèrent-elles gravement malades. La toux leur brûlait la gorge, et leur peau d'albâtre frémissait sous la violente fièvre qui les tenaillait. Une Prêtresse Hyranne se rendit à la villa, répondant ainsi à l'appel éploré du chef de famille. Si la fillette se remit rapidement de ce mal, sa mère eut plus de difficultés. La Prêtresse expliqua que la jeune mère était trop atteinte pour se remettre totalement de son mal. Les soins prodigués par la Prêtresse ne firent que repousser l'échéance inéluctable car ses organes internes étaient trop touchés par la maladie. Elle mourut quelques mois plus tard.

Après cela, le père d'Habeth redouta que le mal n'atteigne à nouveau sa famille. Il cantonna sa fille dans la ville, veillant sur elle, la protégeant d'un danger qui ne revint jamais. Une Prêtresse venait régulièrement au domaine pour vérifier la santé de la fillette. Celle-ci n'avait plus le droit de sortir de l'habitation. Le père, fou de tristesse, craignait de perdre sa fille mais plus il veillait sur elle, plus elle s'éloignait de lui. Les oiseaux libres n'apprécient jamais d'être enfermés dans une cage.

En toute logique, en tant qu'unique héritière de l'entreprise familiale (la famille Hurlevent exporte épices et vins de qualité), Habeth aurait du hériter des richesses paternelles. Elle fut donc élevée dans ce but, apprit à lire, à écrire, à compter, à gérer une entreprise et des domestiques et se révéla plutôt douée pour cela. Seulement, Bravelin Hurlevent se remaria quelques années après le décès de sa première femme.
Sa nouvelle épouse lui donna un fils, puis deux, et Habeth vit avec effroi que sa belle-mère influençait peu à peu son mari pour qu'il fasse hériter ses fils et non la jeune fille, qui était pourtant l'aînée. Bravelin céda, fit de Narion son héritier, et entreprit alors de trouver un autre statut pour Habeth.
Très jolie, elle pourrait sans grande difficulté se trouver un mari convenable, c'était un fait. Mais Bravelin aimait trop sa fille pour la confier à n'importe qui, et les divers prétendants ne lui paraissaient jamais assez braves, ou assez riches, ou assez prévenants à l'égard de la jeune fille, qui repoussait elle-même toutes les demandes en mariage éhontées. Sa belle-mère supportait mal de voir l'adolescente errer dans la villa, car cela lui rappelait la fourberie dont elle avait fait preuve. Ainsi, elle conseilla à Bravelin de charger sa fille des communications extérieures. C'est ainsi qu'Habeth devint en quelque sorte la "diplomate" de l'entreprise familiale. Fort heureusement, la famille Hurlevent n'avait pas pour habitude de créer quelques esclandres, ce qui fait que personne ne sut vraiment l'injustice dont Habeth avait été la victime. Elle accepta son nouveau rôle sans rechigner, désirant subitement s'éloigner déraisonnablement de son père et de sa nouvelle famille.

Seulement, son père craignait toujours pour la santé de sa fille. Son métier de diplomate allait certainement l'obliger à voyager de part et d'autre, entre les diverses îles, et il n'appréciait pas cette idée. Quand il émit l'idée qu'elle pourrait engager un groupe de soldats armés pour la protéger, elle lui jeta un regard si sombre qu'il changea aussitôt d'opinion. Habeth ne supporterait sans doute pas d'être suivie par dix gardes du corps, il lui faudrait quelque-chose de plus discret. C'est de cette manière que Bravelin Hurlevent décida d'acheter un esclave débrouillard, intelligent, cultivé et doué aux armes pour veiller sur sa chère fille.
Un jour qu'il se rendait déjeuner chez un contact professionnel, l'homme assista à une scène qui, par la suite, devrait résoudre une partie de ses soucis. En effet, il persiste un certain nombre de viles crapules dans les rues parées d'or de la vaste cité d'Opale. Et ce jour là ne faisait pas exception à la règle : un bandit tenta de s'emparer d'une valise que portait le domestique d'une noble dame. Il aurait certainement réussi son coup si une volée de flèches ne l'avait pas cloué à un mur. Les pointes des projectiles ayant traversé le tissu de sa tunique au niveau des manches et de l'entrejambe, ce que Bravelin trouva fort exotique et un peu trop théâtral. Mais efficace. Exactement ce qu'il fallait pour protéger sa fille chérie, non ?

Le jeune homme si talentueux fut "engagé" par la famille Hurlevent et placé au service de l'aînée. Si Habeth supporta mal la présence de cet étranger sur ses talons les premiers jours, elle s'habitua rapidement à lui. Elle lui découvrit un certain intellect (même si elle ne lui avouerait jamais ouvertement bien entendu) et apprécia finalement sa répartie dévastatrice. Elle mit pourtant des semaines à se souvenir du nom entier de son protecteur, déformant volontairement son identité en faisant croire à une étourderie maladive. Une manière comme une autre de lui faire comprendre que sa présence n'était absolument pas désirée. Mais les choses finirent par se tasser. Et lorsque le dénommé Häagen se révéla utile en lui évitant quelques ennuis dans une cité du Nord en étourdissant deux ou trois voleurs impudents, elle décida officiellement qu'il était son serviteur attitré. Une espèce d'ange gardien enchaîné, mi-bête de bat mi-chevalier. Elle aime le rappeler à son statut de servitude même si elle le sait libre. Mais Habeth a toujours apprécié posséder les choses, et Häagen ne fait pas exception à la règle. Un bien joli jeune-homme pour une bien détestable jeune-fille. Son père lui reproche souvent son sale caractère et s'excuse parfois directement auprès du protecteur, mais Habeth n'en a cure : un haussement d'épaule dédaigneux, et vas-y que je m'éloigne d'une démarche gracieuse et hautaine. Pourtant un jour, il faudra bien que tout ceci finisse par lui péter à la figure...